24/07/18

À couteaux tirés, d'Olen Steinhauer

à couteaux tirésCinq ans après le fiasco du Flughafen (un long-courrier pris d'assaut par des terroristes qui ont massacré les 120 passagers à bord de l'avion), Henry et Celia se retrouvent en Californie pour évoquer leurs souvenirs.
Tous deux étaient agents secrets à l'époque des faits, basés à Vienne, et entretenaient une liaison qui n'a pas résisté au drame. Ils ont ainsi rompu sans jamais se revoir.
Depuis, Celia est mariée et mère de deux enfants. Henry travaille toujours pour la CIA et est chargé d'enquêter pour démasquer le complice des ravisseurs présent à l'ambassade américaine.
Les anciens amants se donnent rendez-vous dans un restaurant et donnent l'illusion de retrouvailles légères et insouciantes. Or, chaque parole est à double tranchant car on comprend rapidement que tout est faussement lisse et qu'une partie de poker est en cours.
Action lente mais suspense tangible sont le lot de ce roman prenant et réussi. J'ai été baladée de main de maître, en parfaite connivence avec l'auteur qui manipule son monde sans se démonter.
Le roman se lit vite et bien. Il traite d'espionnage, d'amour et de trahison dans une ambiance oppressante. C'est parfaitement conduit - tendu et nerveux à justes doses. On entendrait presque une mouche voler !
Une lecture diablement efficace.

Presses de la Cité (2016) - traduit par Sophie Dupont 

Repris en poche chez Pocket

A couteaux tirés

 

 

Posté par clarabel76 à 10:45:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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En poche ! À sa place, d'Ann Morgan

à sa place ann morgan

Helen et Ellie sont sœurs jumelles. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau, mais ont des tempéraments opposés. C'est toujours Helen qui mène la danse et qui embarque Ellie dans son imagination foisonnante. Un jour, elle décide de tromper leur mère et d'inverser leurs rôles. Helen devient Ellie, et vice versa. Seulement, à la fin de la journée, Ellie refuse de reprendre sa place et laisse sa sœur pédaler dans la semoule pour prouver le contraire. Leur mère, obnubilée par sa nouvelle relation sentimentale, n'y voit que du feu et envoie balader les fillettes dans leur chambre. Le temps passe, Ellie a embobiné tout le monde, même les copines d'Helen lui tournent le dos. Celle-ci est en train de basculer dans le terrier du lapin blanc en une lente et longue chute vertigineuse. C'est un cauchemar qui se referme sur elle, car Ellie a toujours traîné une réputation d'enfant à problèmes. C'est donc à Helen de les gérer et d'en supporter le poids. Plus elle prétend ne pas être celle qu'on s'imagine, plus son entourage doute de sa santé mentale et la repousse en ne supportant pas ses accès de colère. La spirale infernale ne s'arrête plus, chamboulant également le lecteur ébahi. Comment une mauvaise blague a pu tourner au vinaigre ? Devenues adultes, les sœurs sont toujours les victimes de leur manège. Helen a sombré dans l'alcool, la drogue et la débauche. Elle vit dans un petit appartement insalubre et a coupé les ponts avec sa famille. Elle découvre, un jour, que sa sœur se trouve à l'hôpital dans le coma. Le mari de celle-ci a remué ciel et terre pour la retrouver et toque à sa porte, désespérément. L'heure de la vengeance a enfin sonné ? 

Avec une accroche aussi efficace, j'ai parcouru les premières pages du livre à une vitesse folle ! Je me sentais absorbée par cette démonstration de duperie et de pure divagation, sans aucune limite pour résorber le flux ou remettre le train sur les rails. Au contraire, le roman nous entraîne dans le déraillement complet d'une mascarade malsaine, sous couvert d'une complicité sourde et aberrante. C'est uniquement dans les dernières pages du livre qu'on se rend compte de l'énormité du subterfuge. En attendant, la guerre des nerfs est implacable. On assiste au naufrage familial avec effarement, on s'interroge, pourquoi et comment l'une part à la dérive sans que l'autre réagisse... Le scénario est franchement redoutable, car diabolique. Certaines scènes sont assez injustes et dures à encaisser, mais elles suivent une logique glaciale, laquelle découle de l'esprit retors de l'auteur. Pour un premier roman, l'effet est dévastateur ! C'est effroyable, et néanmoins fascinant.

Pocket (2018) - Traduit par Karine Lalechère pour les éditions Presses de la Cité

 

Posté par clarabel76 à 10:30:00 - - Commentaires [3] - Permalien [#]
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