La Coupure, de Fiona Barton
Après la découverte d'un squelette de bébé, sur un chantier de Londres, trois femmes voient leur passé resurgir et réveiller les souvenirs enfouis.
Entre Angela, brisée depuis la disparition de son nouveau-né, Emma, marquée par une adolescence difficile et sa relation conflictuelle avec Jude, sa mère, convaincue d'avoir perdu son amant par sa faute, le lien semble donc invisible mais réel. Kate Waters, une journaliste en manque de scoop, pressent une histoire bien poignante à raconter dans ses colonnes. Elle a du flair et de l'empathie, assez pour avancer ses billes et détricoter les mailles des vieilles rancœurs tenaces.
Face à ces nombreuses pistes, j'ai ressenti beaucoup de confusion et de perplexité au cours de ma lecture. Le début est assez lent et étrange, car l'histoire met peu à peu en place des éléments, a priori ordinaires, qui se révéleront décisifs une fois qu'ils seront assemblés tous ensemble. En attendant, on prend notre dose de révélations sordides et d'ambiance sinistre. À vrai dire, le suspense n'est pas si haletant, le roman baigne dans le drame et l'émotion, pourtant rien n'est laissé au hasard et on attend avec une certaine fébrilité l'enchaînement des indices. Résultat, même si le roman de Fiona Barton n'est pas très original, il accroche bien son lecteur et distille une sensation oscillant entre le malaise et l'addiction.
J'ai apprécié aussi la réalisation du livre audio, avec plusieurs comédiens pour incarner tous les personnages du roman. C'est un choix judicieux de Lizzie, qui suit une ligne éditoriale convaincante (avec de bons acteurs et des titres d'actualité ou parmi les meilleures ventes).
©2017 Fiona Barton. Traduit par Séverine Quelet (P)2018 Fleuve Noir / Lizzie (un département d'Univers Poche)
- Lu par : Anne Tilloy, Anne Kreis, Anne O'Dolan, Daniel Kenigsberg, Clémentine Yelnick
- Durée : 11 h env.
Disparue, de Darcey Bell
« Il se peut que les disparitions provoquent chez moi un déséquilibre.
Que les chagrins libèrent un démon profondément enfoui. »
Après l'accident qui a coûté la vie de son mari, Stephanie a choisi de vivre seule avec son petit garçon jusqu'à sa rencontre avec Emily, la mère du meilleur ami de son fils. Active et débordée par son boulot, elle fait souvent appel à Stephanie pour la dépanner.
Un jour, pourtant, Emily ne rentre pas à la maison et laisse sans nouvelles sa famille. Inquiète, Stephanie lance un appel sur son blog. Le temps passe. Et malgré tous ses efforts, l'enquête de police va faire chou blanc.
Convaincu de la mort de son épouse, le mari éploré va succomber au charme de sa voisine, la très dévouée Stephanie. Celle-ci a en effet pris place dans la vie d'Emily et substitué son rôle sans le moindre remords.
Car Stephanie a peu à peu découvert que sa meilleure amie avait aussi ses petits secrets. Depuis, elle n'est plus totalement sûre du lien sincère qui les unissait.
On perd vite pied dans cette intrigue sulfureuse, dérangeante et très troublante. Même les personnages sont des experts dans l'art de la manipulation. Et on n'est pas au bout de nos surprises.
Malgré le malaise qu'elle inspire, la lecture n'en demeure pas moins bluffante car on mord à l'hameçon et on se demande jusqu'où ce jeu de dupes va nous entraîner. On aime, on n'aime pas. En tout cas, le roman se lit d'une traite.
Pocket (2018) / Hugo Thriller (2017) - Traduit par Claire Desserrey
Adapté sous le titre "L'ombre d'Emily" AU CINÉMA LE 26 SEPTEMBRE.
Divine vengeance, de Francesco Muzzopappa
Fou amoureux de la belle André, Leo plane sur son petit nuage depuis deux mois. Pour elle, il a tout accepté : ses convictions religieuses (ne pas coucher avant le mariage) et sa famille snobinarde (en encaissant son lot de flèches empoisonnées à chaque repas).
Leo n'est qu'un petit gardien de musée, au physique quelconque, passionné par les voitures de collection. Sans doute pas le profil du gendre idéal. Mais sûr de lui, il décide de faire une surprise à sa douce, avec en poche une bague de fiançailles.
Et là, cruelle désillusion : il découvre sa promise dans les bras d'un autre ! La rage, la frustration, la honte le submergent. Leo claque la porte et part en vrille.
Après sept jours d'une profonde dépression, il met au point un Plan Viril et Vengeur avec la complicité de son meilleur pote Ivan (un communiste borné). Sans le moindre scrupule, il va piocher dans les précieux dix commandements pour assouvir sa soif de vengeance.
Sa stratégie est simple - improbable - mais racontée avec beaucoup de dérision. Les personnages aussi sont de vraies caricatures ambulantes. Cela croque sous la dent, c'est léger et rigolo. Tout simplement.
Autrement (2018) - traduit par Marianne Faurobert
On n'est jeune que deux fois, de Adena Halpern
Le jour de son 75ème anniversaire, Ellie porte un regard amer sur le chemin parcouru et émet le souhait de retrouver sa jeunesse, rien qu'une journée, au moment de souffler ses bougies.
Le lendemain matin, le miracle a eu lieu. Ellie se retrouve dans la peau d'une belle jeune femme de vingt-neuf ans - une version d'elle plus pimpante, déterminée à saisir cette seconde chance et s'affranchir des limites de son âge.
Quelle joie de gambader à nouveau, de sentir sa peau lisse et ferme, d'être admirée et courtisée... Trop superficielle, notre Ellie ? Pas du tout. Très vite, sa journée va se transformer en un marathon existentiel, avec sa petite-fille Lucy, seule complice du subterfuge.
Toutes deux vont en effet échanger, partager, évoquer leurs expériences et leurs désirs. Car sous ses aspects volages, le roman est également sensible et poignant à évoquer le temps qui passe, la vie, l'amour, l'amitié, la famille.
C'est touchant... sans oublier d'être drôle. Car pendant que Ellie plonge dans la fontaine de Jouvence, sa quinquagénaire de fille et sa meilleure amie Frida s'inquiètent de n'avoir aucune nouvelle de notre héroïne et se font des films insensés en apprenant qu'une pseudo cousine de Chicago utilise sa carte bancaire en courant les boutiques et les bars branchés.
La morale de l'histoire est gentillette. Elle nous enseigne le poids des regrets et des actes manqués... et pas seulement. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'auteur se sert des artifices de la comédie pour aborder des sujets pas si anodins (cf. Les dix plus beaux jours de ma vie).
J'aime beaucoup ce ton désinvolte et la tendresse qu'on trouve dans les personnages et l'histoire qui se dessine cahin-caha. Une jolie lecture, adorable et attachante.
HarperCollins, coll. Mosaïc (2016) - traduit par Karine Xaragai
disponible en poche : 7.20€