Broadway Limited de Malika Ferdjoukh : Beguin the biguine ♥
On célèbre en musique, et avec quelques extraits, la parution de la suite tant attendue de Broadway Limited : Un shim-sham avec Fred Astaire ♫♪♫♪
Jocelyn se mit à les considérer toutes, avec un intérêt sincère.
- Oui ? ... interrogea Page.
- Pauvre Jo, murmura Manhattan. Nous l'affligeons, je crois.
- Pas du tout, protesta-t-il. C'est juste que...
Son regard courut de l'une à l'autre.
- Eh bien... vous avez toutes un air de ressemblance. Un même air qui vous réunit. Un air...
- Affamé ?
- Dégoûté du café ?
- Lassé des rognons ?
Jocelyn sortit de sa poche son petit dictionnaire bilingue, le compulsa.
- Auréolé.
- Auréolé ? On ne me l'avait jamais dite, celle-là.
- Auréolé. Vous êtes toutes si... pleines de flamme ! De conviction !
Lyrique, il fixait l'horizon des coquelicots au pochoir qui marquait la limite entre la tapisserie et le plafond.
- Certains ont foi en Dieu, déclara Chic. Moi je crois au vison rose, aux rivières de diamants, au caviar, à mon nom gravé à l'or sur l'un des quatre centre treize portemanteaux du Stork Club.
- Mon nom à moi sera écrit en un milliard d'ampoules lumineuses sur la façade du New Amsterdam, dit Page. J'accepte cependant le caviar si c'est du caviar d'éléphant.
- Moi, dit Ursula en attaquant son troisième œuf, quand je chanterai I've Got You Under My Skin, je ferai exploser les magnums de champagne et les comptes en banque des producteurs de la White Way.
- Et moi, dit Chic, je raconterai partout que tu es la fille qui a coulé tous les clubs de New York.
Deux petites voix parvinrent de l'escalier. Hadley fit son apparition, un enfant à cheveux pâles bondissant à l'extrémité de son bras.
- Hello les filles ! (Avisant Jocelyn :) Oh, je veux dire hello tout le monde.
extrait : Un dîner avec Cary Grant, chapitre 5. Lullaby of Broadway
Elle regarda autour d'elle. Il y avait des livres à peu près partout, et posés n'importe où. Sur des étagères, ou pas, alignés, superposés, en pile au sol, derrière Mortimer, sous des blocs de papier sur un bureau, près d'une Underwood noire...
Elle trouva cela profondément décourangeant.
- Vous les avez tous lus ? questionna-t-elle avec une pointe de défi.
- Sauf quatre.
Après un rire silencieux, il fredonna :
- I'm mad about good books, how about you ?
- I like potato chips, moonlight motor trips, how about you ? embraya-t-elle du tac au tac.
C'était un succès de Judy Garland qu'elle chantait souvent à neuf ans.
Elle alla ouvrir un volume, à côté de la machine à écrire.
- Et Mortimer ? Vous lui lisez des histoires ?
Il y avait un marque-page à l'intérieur, le tampon d'une bibliothèque.
- Le Petite Dorrit. Charles Dickens. Il vend beaucoup de livres, ce type ?
- Ce type est mort. Et, oui, il en a publié un certain nombre. À mon avis pas assez.
Il le lui retira des mains, le ferma, le rouvrit au hasard :
- C'était une maison avec des fenêtres lourdes. Bien des années auparavant, elle s'était mis dans la tête de se laisser glisser à terre ; on l'avait étayée et, depuis, elle s'appuyait sur cette demi-douzaine d'énormes béquilles qui, rongées par les saisons, noircies par le charbon et la mauvaise herbe, servaient de gymnase à tous les chats du voisinage. N'est-ce pas une gracieuse façon de croquer une maison ?
Chic opina, mais avec une certaine... incertitude.
- Oliver Twist, De Grandes Espérances, David Copperfield... Vraiment, ça ne vous dit rien ?
- David Copperfield ! J'ai vu le film avec W.C. Fields. Il devait être riche, ce Dickens, si Hollywood lui achetait toutes ses histoires. En plus, c'est cher, les bouquins.
De manière inattendue, il sourit. Ce fut le plus doux des sourires. Comme s'il chérissait la terre entière tout à coup, avec elle au milieu de cette terre.
- Il existe les bibliothèques pour les prêter.
- Sans doute, fit-elle avec une moue. Sauf qu'on n'a pas le droit d'y ouvrir la bouche. Des endroits déprimants, je trouve. Sans parler des bibliothécaires.
- Qu'est-ce qu'elles ont, les bibliothécaires ?
Il paraissait beaucoup s'amuser soudain, la figure parcourue d'indéchiffrables gentillesses.
- Des lunettes en fer, dit-elle, des chignons gris semblables au toit des vieilles chaumières...
Elle fut littéralement chavirée par son rire qui éclata, clair et franc.
- Vous êtes presque aussi douée que ce bon Mr Charles ! Mrs Chandler n'est pas comme ça, reprit-il. Elle est tout sauf, hum... un vieux toit de chaumière. Elle tient sa bibliothèque comme elle tiendrait une auberge. Chaque livre est un plat à déguster, le lecteur un invité dont elle prend soin et se souvient. Elle a une allure à la Carole Lombard qui vous plairait, j'en suis sûr.
À regret, elle vit le sourire lentement gommé, et remplacé par l'habituelle mélancolie et le silence.
- J'ai faim, dit-elle.
- Il n'y a rien ici. Je comptais redescendre au drugstore.
- Descendons, alors.
Sur la 9e Avenue le printemps commençait à faire son intéressant, baignant la nuit de délicatesses fleuries. Chic glissa le bras sous celui de Whitey. Un peu avant le Walgreens, elle fut attirée par les lumières d'une marquise.
- J'ai envie de champagne. How about you ? Ma théorie est qu'un verre de champagne rend meilleur n'importe quel instant de la vie.
extrait : Un shim-sham avec Fred Astaire, chapitre 20. Love me a little little
Broadway Limited, 2. Un Shim-sham avec Fred Astaire, sort le 7 novembre
L'École des Loisirs, 2018 - couverture illustrée par Kim Roselier
#blogtourBroadwayLimited
♫♪♫♪♫♪♫♪♫♪♫♪♫♪ D'autres surprises à venir ! ♫♪♫♪♫♪♫♪♫♪♫♪♫♪
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Concours ouvert du 25 octobre au 6 novembre 2018 minuit (France & Europe). Une seule participation possible.
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