Été 1993. Noé vit dans une petite ville face à l'océan. Passionné de surf jusqu'à son accident, le garçon souffre de choc traumatique et se renferme sur lui-même. Face à sa souffrance, sa famille est impuissante et son psy l'incite à se remettre en selle. Les vacances arrivent, avec son flot de saisonniers. Noé l'ignore encore, mais sa routine va en être bousculée : d'abord, il rencontre Lorraine, qui adore les haïkus, la photographie et les étoiles, puis M. Hereira, un vieux monsieur qui vit cloîtré dans une maison pleine de livres. Chaque samedi, Noé lui rend visite en lui apportant les derniers ouvrages commandés à la bibliothèque. Assez hostile et grincheux, l'homme va tomber sur son carnet et critiquer l'histoire qu'il est en train d'écrire. Le garçon va néanmoins encaisser les remarques en comprenant qu'il s'agit d'un célèbre auteur de science-fiction et qu'il pourrait bien l'aider à terminer son texte pour un concours de nouvelles. De cet été 1993, découleront d'autres rencontres et d'autres vérités qui allégeront considérablement le poids que porte notre jeune héros de 15 ans. « Peut-on savoir qui sont les autres ? Qui ils sont vraiment. Soudain, je n'en étais plus si sûr. Peut-être qu'on se contente de passer notre vie à côté d'eux, à les côtoyer, à les croiser, sans jamais les connaitre. »
J'ai refermé ce livre en ressentant une immense quiétude. C'est en effet une lecture pleine de douceur et de sensibilité, une lecture infiniment charmante et délicieuse. On se laisse bercer par la jolie plume de l'auteur et par l'histoire de Noé. On retient aussi de belles paroles sur l'écriture et le processus de création. C'est très inspirant mais aussi apaisant. Un premier roman convaincant et profondément attachant !
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2018 - couv. illustrée par Emmanuel Polanco
« Selon Hemingway, la force d'une histoire réside dans ce qui est sous-jacent. Tout ce qui n'est pas exprimé mais que le lecteur ressent. Imagine un iceberg. Les sept huitièmes sont sous l'eau. On ne les voit pas. Mais ce sont eux qui portent la masse. En littérature, c'est pareil. C'est toute cette partie immergée, cet ensemble de non-dits, qui fait la force d'un texte. »