Le jour du chien (Chris Kovac 1), de Patrick Bauwen
Un soir, après son service, le docteur Chris Kovac est victime d'une agression dans le train. Il découvre après coup les images sur internet et là c'est le choc car il surprend dans la foule le visage de son épouse décédée trois ans plus tôt.
Comment est-ce possible ? Avec son beau-frère Sam, il a identifié le corps de Djeen. Pleuré sa mort. Maudit le coupable. Jamais effacé ce souvenir. Et aujourd'hui, son fantôme resurgit brutalement et fait vaciller ses remparts.
Kovac décide de relancer l'enquête, au grand dam de la police. Et ce faisant, il va remuer les cendres et s'attirer des antipathies. À commencer par le Chien, un psychopathe en cavale, farouchement obsédé par la femme qu'il a poussée sous les roues du métro.
Tout ça m'a fait penser, au départ, à un roman de Harlan Coben : les fausses certitudes, les réapparitions du passé, les vieux démons qui bondissent hors des placards, le pauvre type qui se débat comme un diable pour débusquer la vérité...
Je pensais avoir toutes les cartes en main, et puis pas du tout. Patrick Bauwen nous en bouche un coin. Il va clairement nous balader et tracer son histoire en empruntant des pistes inattendues. Suspense, surprise et révélations s'en donnent à cœur joie. Résultat, c'est pas mal du tout.
On a une lecture audio entraînante - Sylvain Agaësse est formidable - au cœur d'une mécanique redoutable et efficace. Elle donne parfois l'illusion d'un cauchemar éveillé et nous abandonne sur une perspective glaçante que La nuit de l'ogre devrait dissiper sans tarder. Affaire à suivre, donc...
©2017 Albin Michel (P)2017 Audible Studios
- Lu par : Sylvain Agaësse
- Série : Chris Kovac, livre audio 1
- Durée : 11 h env.
Pëppo, de Séverine Vidal
Un matin, Pëppo découvre un petit mot de sa sœur Frida lui annonçant qu'elle vient de mettre les voiles et lui confie ses deux dodus le temps de se retourner. Le môme de 17 ans tombe des nues.
Déjà, il faut savoir que Pëppo vit dans une caravane et dans un camping délabré. Ses parents sont actuellement en tournée sur une croisière et ne rentrent qu'à la fin de l'été. Le reste du temps, le frère et la sœur doivent se débrouiller avec le quotidien. En plus, Frida est maman de deux bambinos et trime comme une malade pour faire bouillir la marmite.
Résultat des courses, Frida a capitulé et filé sans demander son reste. Pëppo en reste comme deux ronds de flan mais ne va pas se débiner. Les marmots, il en fait son affaire. Les biberons, les couches, il gère. Puis cap sur la plage à bord d'une vieille charrette de marchand de glaces qu'il a bidouillée exprès pour trimballer les jumeaux.
Car la vie de Pëppo, c'est le surf. Il passe des journées entières à attendre la vague et glisser sur sa planche. Parfois il envisage de se rendre au lycée, même si côtoyer ses congénères lui donne souvent de l'urticaire. Et il y a cette Marie-Lola, au prénom ridicule, avec ses bagues sur les dents et ses étoiles sur les ongles, qui parle tout le temps mais qui commence aussi à lui faire du bien... C'est nouveau, ça. Pëppo ne comprend pas.
Enfin, la vie est une pochette-surprise avec ses rencontres, ses routes, ses lumières, ses chansons et son café-chaussette. Ça rigole pas mal dans cette histoire, ça tire aussi la langue. Mais au bout du compte, ça chante et ça danse sous les étoiles. Au final, ça propulse une formidable énergie et une envie de croire en son prochain. Amitié, solidarité, entraide et roublardise se bousculent et composent cette lecture aux accents franchouillards.
C'est très sympa comme lecture estivale. En tout cas, ce que j'apprécie par-dessus tout, c'est la plume de l'auteur. Un style inimitable, des mots qui semblent glousser sur la ligne... C'est une démonstration sans fausse note d'une parfaite virtuose. N'hésitez pas à jeter un petit coup d'œil en passant : ça se savoure en faisant claquer sa langue contre le palais. Tutto finisce a tarallucci e vino !
Bayard jeunesse (2018) - illustrations : Chez Gertrud