Dix jours avant la fin du monde, de Manon Fargetton
Deux lignes d'explosions ravagent la Terre. Nul n'en connaît l'origine mais quand elles se rejoindront au large de notre côte atlantique, le monde sera détruit.
Cette annonce produit immédiatement une onde de choc sur la population. À Paris, Lili-Ann prend peur et accepte de rejoindre sa sœur en Bretagne. Elle croise en route Valentin, beau gosse caméléon, totalement ravagé à l'intérieur, ne laissant rien filtrer aux yeux des autres, un couple d'amoureux, Gwenaël et Sara, lui est plongé dans l'écriture de son livre, elle rêve d'une dernière fête avant la mort, et Brahim, leur chauffeur de taxi qui n'a plus rien à perdre. Le chemin de l'exode sera long, semé d'embûches, parsemé de désespoir. Les magasins sont pillés, les actes de violence éclatent, alors que le monde sombre dans le chaos, sans espoir de secours. En Bretagne, la police tente aussi d'organiser l'afflux de réfugiés et de les compartimenter sur la plage : entre les fêtards, les familles et les démunis, la cohabitation est vite incontrôlable.
Ce roman vous inspirera tout ce que vous voulez, colère, incompréhension, angoisse, perplexité... Seule certitude, il est scotchant. Sitôt les premiers chapitres lancés, ils vont défiler à une vitesse folle. On est pourtant loin d'un roman à l'américaine, où l'action prime et on repassera pour le reste. Ici, c'est justement place à l'émotion, la tension dramatique, la cohésion du groupe. L'ambiance fin du monde est palpable. Elle colle à la peau, durant 450 pages, on a l'impression de vivre aussi nos dix derniers jours. Cette mise en scène et la détresse qui se joue sous nos yeux m'ont totalement imprégnée. Impossible de perdre de vue la fameuse deadline. J'étais comme Lili-Ann, résignée sur mon sort. L'histoire montre ensuite que chacun dédie ses dernières heures à vivre selon ses instincts, en craquant tout ou en demeurant fidèle à sa philosophie. C'est ce qu'on découvre en suivant tout ce petit monde... En somme, je ne peux pas expliquer pourquoi j'ai adhéré aussi intensément à cette lecture, toujours est-il qu'après le point final, j'étais étourdie au moment de relever la tête car j'avais du mal à réaliser que je sortais d'une fiction, qu'en réalité le monde n'allait pas s'écrouler dans l'heure à venir, que j'étais de retour à une vie ordinaire. C'était déconcertant, en vrai. Rien que pour ça, je salue la prouesse et j'invite quiconque à partager une telle expérience.
Gallimard jeunesse, 2018
#ambiance : Les portes vitrées du magasin ont été brisées et des dizaines de personnes en sortent, les mains vides, ce qui ne décourage pas de nombreux autres d'y pénétrer quand même.
Par accident, de Harlan Coben
Hanté par la disparition tragique de son frère Léo, survenue quinze ans plus tôt, Napoléon Dumas n'a jamais abandonné l'espoir de résoudre ce mystère. Son frère et sa petite copine ont été fauchés par un train. Maura, son amoureuse, a disparu de la circulation, emportant avec elle ses secrets. Les autres membres de leur Club des conspirateurs ne sont pas sortis indemnes de cet épisode. Nap a d'ailleurs choisi de devenir policier avec pour vocation de débroussailler le passé. Une récente affaire va finalement lui offrir l'occasion de relancer l'enquête : Maura vient de réapparaître sur le devant de la scène. Elle est de retour en ville, même si elle semble toujours fuir toute intrusion policière. Mais Nap n'a pas dit son dernier mot et est résolu à démêler tous les nœuds de ce terrible cold case. Et là je dis bingo pour ce nouveau Harlan Coben ! Franchement top. J'y ai retrouvé son humour, sa maîtrise du suspense, ses combines faussement éculées, ses pistes nombreuses pour nous embrouiller. Le boss est rusé comme un sioux, on sent qu'il se fait plaisir dans cette histoire et ça fonctionne très, très bien : lecture d'une traite, sans réel soupçon et grosse surprise au compteur. C'est redoutable, toujours efficace. On adore aussi le clin d'œil à Myron Bolitar. On sent toute la tendresse de l'auteur envers son personnage fétiche et c'est tellement bon. En bref, on ne s'ennuie pas une seconde. Il y a du rythme, des rebondissements, des meurtres, des révélations jusqu'au point final. On pourrait accuser Coben d'être productif, de ne pas se renouveler, il n'empêche, c'est aussi un auteur attentif au monde qui l'entoure, qui pique et épingle avec l'air de ne pas y toucher, et puis ses histoires restent captivantes. On dit amen à chacun de ses rendez-vous, donc on adhère complètement à son savoir-faire.
©2018 Belfond, pour la traduction française / Titre original : DON’T LET GO. Traduit de l’américain par Roxane Azimi (P)2018 Lizzie, un département d'Univers Poche
- Lu par : Benjamin Jungers
- Durée : 8 h 40 env.
Benjamin Junger est parfait ! J'ai beaucoup aimé sa voix, sa narration, son style. C'était excellent. À propos, Harlan Coben vient de signer un contrat avec Netflix pour adapter pas moins de quatorze de ses romans en séries et films. Sauf exception pour la série Bolitar... too bad.