La déferlante, de Michael Buckley
Trois ans plus tôt, des créatures sorties de l'océan sont venues s'installer sur la plage de Coney Island. Les autorités ont aussitôt décrété une Zone militaire pour encadrer ces étrangers. Le temps passant, une nouvelle politique est mise en place : scolariser une poignée d'entre eux au lycée local. Pour réussir cette expérience, Lyric Walker, fille du shérif, est convoquée par le directeur pour approcher Fathom, le prince des Alphas.
La jeune fille est néanmoins horrifiée car elle aurait préféré rester dans l'ombre. Depuis qu'elle a découvert que sa mère est également une Sirène, infiltrée depuis vingt ans parmi les humains, elle n'a nulle envie d'attirer l'attention et mettre en péril son secret. Les gens sont suffisamment en rogne contre les nouveaux arrivants pour apporter du grain à moudre à leur moulin. L'atmosphère en ville, et maintenant au lycée, est devenue incendiaire. Les groupes protestataires ne se cachent plus et font entendre leur voix en multipliant les actions contre ces indésirables. Face à tant d'injustice et de bêtise, Lyric Walker bout intérieurement. Elle défoule sa frustration en veillant sur sa meilleure amie Bex, maltraitée par un beau-père hargneux, mais le danger gronde. Sa famille envisage fortement de quitter la Zone au plus vite. Et pour y parvenir, Lyric conclut un marché avec le directeur de son lycée.
Elle accepte donc de servir d'émissaire auprès du prince des Alphas, même si Fathom n'est pas facile à approcher. Son attitude est hautaine, son intérêt pour l'humaine totalement absent. Il refuse leurs entrevues quotidiennes, se montre fébrile entre quatre murs, puis comprend qu'ils ont tout à gagner s'ils se serrent les coudes. Mais s'entraider ne veut pas dire s'enticher de l'inaccessible, de l'interdit. À ce petit jeu, Lyric Walker récolte un carton rouge.
La lecture ne fait pas dans la dentelle et affiche un climat de haine, de terreur et de désespoir. La violence est très présente. On encaisse durement le rejet massif des uns contre les autres. On a vite l'impression de suffoquer, mais impossible d'en sortir. Les personnages ont réussi à nous attacher à leur univers et nous invitent à en découvrir davantage au fil des pages. Envie de découvrir qui sont les Alphas, d'où viennent-ils, que veulent-ils, quelles sont leurs coutumes et pourquoi s'acharnent-ils à se défier en affichant leurs plaies sanguinolentes. Envie de faire bloc contre la colère, tout en souhaitant se rouler en boule dans un coin tant c'est flippant. Envie de cajoler la famille Walker, si forte, si solidaire malgré les épreuves. Parfois j'avais l'impression d'en prendre plein la figure ou d'être tabassée par la concomitance des drames qui convergent vers Lyric. Toujours Lyric. Trop de Lyric. Sa relation avec Fathom reste un grand mystère... on voudrait nous faire croire que... et puis... bref c'est très confus. Je suis néanmoins très intriguée de connaître la suite (déjà lue).
PKJ (2016) - traduit par Guillaume Fournier
Titre VO : Undertow