Signe particulier : Transparente, de Nathalie Stragier
Esther se sent invisible aux yeux du monde : sa famille toujours débordée remarque à peine ses absences, ses profs ou ses camarades au lycée ne la calculent jamais. Reste son amie Romane qui la pousse à sortir de sa bulle et cherche à l'entraîner dans un semblant de vie sociale. Ou même Simon, un copain du lycée, timide mais souriant. Esther a néanmoins décidé de taper du poing sur la table en préparant une fugue... avant de se raviser. Encore un constat d'échec. Esther se sent plus pathétique que jamais - elle n'a aucun courage et demeure désespérément inexistante. Pire, elle a de plus en plus l'impression de disparaître. De devenir transparente. Sauf que ce n'est pas qu'une impression : Esther est vraiment en train de se métamorphoser. Sans comprendre pourquoi, là voilà capable d'être invisible et de voyager dans une dimension parallèle. Grisée par cette perspective excitante, elle peut enfin surprendre les conversations ou se défouler en accusant les uns et les autres de l'ignorer sans raison. Quel pouvoir. Ça marche à tous les coups. Elle se sent libre comme l'air et décomplexée. Jusqu'au jour où elle croise une femme à la mine sombre et qui fonce sur elle en la menaçant de déguerpir...
Impatiente de découvrir ce nouveau roman de Nathalie Stragier, après avoir adoré sa série La fille du futur, j'avais énormément d'attentes envers cette lecture. On découvre alors une configuration assez originale, avec une héroïne ordinaire dans une vie tout aussi ordinaire, mais à qui il arrive finalement un truc improbable. Mi-fantastique, mi-roman à suspense, le mélange des genres fonctionne très bien car la lecture est pleine de surprises. Quel est ce phénomène qui frappe notre héroïne, comment se manifeste-t-il, pourquoi Esther, que veut cette vieille folle et que cache le monde des transparents... En fait, le tout est assez enthousiasmant. On tourne les pages avec frisson. On est curieux de connaître la suite. On est troublé aussi par l'équilibre subtil qui se joue sous notre nez, entre rêve et réalité, réalisme et fantastique. Oui, la frontière est mince. L'esprit parfois vacille. Manque peut-être un peu d'humour et de légèreté, à mon goût, car Esther est une demoiselle farouche et bourrée de complexes. Je n'ai pas réussi à m'y attacher. Attendez-vous donc à une lecture sensible et plus réfléchie... loin d'être aussi addictive que La fille du futur.
Syros, 2018
Avec des Si et des Peut-être, de Carène Ponte
Max enseigne le français dans un lycée et se désespère de partager sa passion pour les auteurs classiques à des élèves qui pensent Stromae, Christian Grey ou Bella Swan à la place d'Anna Karénine ou Emma Bovary. Elle est convaincue d'être passée à côté d'une grande carrière de journaliste, à cause d'une foulure à la cheville le jour de son concours. Elle s'épanche donc auprès de ses copines ou de sa sœur. Avec des si et des peut-être... on connaît la chanson. Un soir, en écoutant une émission de radio, elle surprend le discours d'un écrivain sur les vies parallèles. Le lendemain matin, bim bam boum, elle plonge dans la quatrième dimension : une toute nouvelle vie s'offre à elle, en somme sa vie rêvée. Maxine tombe des nues mais va profiter de l'occasion à fond.
Troisième roman que je lis de l'auteure, avec déception à la clef. On a d'abord une trame romanesque peu folichonne (comme Lexi Smart a la mémoire qui flanche de Sophie Kinsella, hélas peu transcendant également). À croire que j'ai un blocage sur le concept, car je n'ai pas été convaincue par cette nouvelle lecture. Histoire trop courte, qui survole son propos, beaucoup trop de clichés, de situations rebattues, héroïne immature, un tableau familial bancal (les parents ont mis les voiles sans rien expliquer à leurs enfants), dénouement hâtif et convenu. Hmmm. Côté technique, la voix n'est pas désagréable à écouter mais l'interprétation sonne trop sirupeuse et agaçante. C'est le rôle, après tout. Et puis ça aurait été sympa que la lectrice chante aussi quand Maxine se met à pousser la chansonnette (souvent, d'ailleurs). Non, vraiment. Ce n'était pas un rendez-vous pour moi, car ça m'a semblé tellement creux et superficiel. Je suis déçue.
©2018 Éditions Michel Lafon (P)2019 Lizzie
- Lu par : Sophie Vaslot
- Durée : 6 h 30 env.