Norman n'a pas de super-pouvoir, de Kamel Benaouda
Livre gagnant de la troisième édition du Concours du Premier Roman Jeunesse
organisé par Gallimard Jeunesse, Télérama et RTL.
Norman est un adolescent tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Peut-être trop ordinaire, à son goût. Autour de lui, il est tout à fait commun d'avoir un super-pouvoir. Chaque élève de son école doit d'ailleurs passer un test pour le révéler, puis suivre une formation en espérant décrocher une place à l'académie des super-héros. Or, pour Norman, aucun don spécial ne semble lui avoir été octroyé. À l'approche de son examen, le garçon s'interroge et s'inquiète. Il n'ose rien dire à ses parents, de peur de les décevoir. Seule sa grand-mère n'est pas dupe et lui suggère de ruser. Il met donc trois de ses camarades au courant pour élaborer un plan. Tricher, lui ? Voyons... Il préfère arrondir les angles. Dès lors, son destin est scellé. Plus possible de reculer. Le garçon est lancé dans une aventure qui va dépasser ses espérances... et que de rebondissements à prévoir !
C'est aussi un vrai bonheur à lire. Au départ, j'ai trouvé l'histoire assez plate, basée sur la vie de collège, entre amitié, chatouillis amoureux, souci des apparences et harcèlement. C'est avant de réaliser qu'on nous raconte surtout les déboires d'un gamin ordinaire dans un monde extraordinaire. Autour de Norman, tous sont surdoués. C'est la norme. Lui se sent affreusement banal et ne l'accepte pas. Il a peur du regard des autres, peur d'être mis à l'écart et peur de trahir la confiance de ses proches. Mais à vouloir préserver son secret, le garçon va surtout provoquer sa chute. En fait, c'est très drôle à analyser car l'auteur en vient à dire qu'être insignifiant n'est pas une tare non plus et qu'on peut s'inspirer des petits riens pour être heureux tout simplement. On ne le rappelle jamais assez. Bon point pour ce roman. Il est non seulement addictif et réjouissant, combine l'humour, les personnages attachants et le suspense, propose une intrigue originale et décalée, et pour finir nous fait passer un très bon moment. Pour un premier roman, c'est une véritable aubaine. D'ailleurs, bravo pour le concours : c'est mérité.
Gallimard jeunesse (2018) - illustration de couverture : Gazhole
En janvier 2018, Gallimard Jeunesse, RTL et Télérama ont lancé la troisième édition du concours du Premier roman jeunesse. Parmi plus de 900 manuscrits, un jury composé d'éditeurs, d'auteurs, de journalistes, de libraires et de blogueurs a désigné le gagnant (Norman n'a pas de super-pouvoir de Kamel Benaouda)... lequel succède à La Passe-Miroir de Christelle Dabos, révélée en 2013 et aux Mystères de Larispem de Lucie Pierrat-Pajot, grande gagnante de 2016.
Pêle-mêle : Vassilia et l'ours - Seul sur mars ? - Un ours à la mer ! - Au secours des Zulus-Papous
Vassilia est amie avec l'ours de la forêt. Tous les jours, ils jouent ensemble puis se séparent le soir venant. L'ours est dépité car il aimerait accompagner la fillette jusqu'à son isba. Il rêve de partager la vie des hommes, de goûter la soupe épicée de la babouchka, de s'endormir sous un édredon en plumes d'oie... Mais Vassilia lui interdit formellement de s'approcher du village : les hommes lui réserveraient un accueil féroce. Après tout, l'ours est un animal sauvage. Sa place n'est pas de vivre parmi les hommes. Allez faire entendre raison à cette grosse boule de poils qui fantasme un idéal impossible à atteindre.
Le cœur gros, Vassilia va finalement se résoudre à exaucer son vœu et l'invite chez elle pour la nuit. Ils avancent d'un pas tremblant, retiennent leur souffle et puis... La suite est tout aussi charmante, délicieuse, coquine et surprenante. J'ai adoré l'ambiance russe de ce conte qui raconte la force de l'amitié et le choc des cultures (on ne domestique pas un animal sauvage). Le ton n'est jamais moralisateur, mais drôle. De plus, les illustrations sont ravissantes et l'histoire colle à merveille avec la saison hivernale. Voilà une très belle invitation au voyage. À tenter.
Vassilia et l'ours, de Françoise de Guibert & Laura Fanelli
seuil jeunesse, 2019
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Pour prouver à tous qu'il y a une vie sur Mars, un homme s'est envolé seul dans son vaisseau spatial pour percer le secret de la planète rouge. Il est confiant et déterminé. À peine arrivé, il parcourt des kilomètres et des kilomètres dans un paysage assez austère. Très vite, un constat s'impose : il n'y a que des roches et de la poussière à perte de vue. Nulle trace de vie. Notre homme est déçu. Il avait prévu des petits gâteaux au chocolat pour sceller un pacte d'amitié. Il décide finalement de rebrousser chemin, manque de se perdre puis gravit une montagne pour retrouver son vaisseau. Là ! il l'aperçoit. Une lueur d'espoir, un signe de vie. Notre homme n'a pas fait tout ce voyage pour rien. Fier de lui, il repart à la maison et s'octroie une petite récompense chocolatée. Mais une autre surprise l'attend. Hé hé.
Bien évidemment, tout du long, le lecteur sera complice de la supercherie. L'homme n'a peut-être jamais vu la silhouette qui le suivait durant tout son périple. Mais nous, si. C'est très, très drôle. En plus des illustrations simples mais pimpantes, on trouve dans cet album un esprit facétieux qui donne le sourire aux lèvres. J'ai BEAUCOUP aimé. C'est super drôle et très original. À conseiller.
Seul sur Mars ? de Jon Agee
seuil jeunesse, 2019
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Dans cet album, place au drame : un ourson est tombé à l'eau ! Il va se noyer. Le jeune matelot est accroché au hublot, cherchant à accrocher le regard de son compagnon pour le soutenir. Mais il se sent impuissant et désespéré. Les minutes s'écoulent, l'ourson lutte contre les vagues déchaînées. Il tient bon, sous l'œil admiratif du garçon. Accroche-toi, accroche-toi.
Nous aussi on a le cœur qui bat la chamade. On sent la détresse nous gagner. On craque complètement au moment où l'ours et le matelot font un échange de sourires crispés. Carrément déchirant mais tellement beau. D'ailleurs, n'hésitez pas à donner de l'intensité et du drame à votre lecture. Accentuez la mise en scène. Mettez-y toute votre conviction. Faites durer le suspense. L'enfant va retenir son souffle jusqu'à la fin qui ne manquera pas de le surprendre. C'est foncièrement adorable, avec des images splendides. Très, très bon.
Un ours à la mer ! de Christine Schneider & Hervé Pinel
seuil jeunesse, 2019
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Dans leur forêt, les Zulus-Papous voient un jour débarquer un énorme frelon, bruyant et puant, venu du ciel. Des individus vont sortir de son ventre, dans leurs drôles d'accoutrements. Puis un gros scarabée jaune, à la solide carapace, va débouler. Les arbres vont être arrachés. La tribu va riposter et résister, en vain. Elle va croire ses derniers jours arriver mais une petite grenouille va leur sauver la vie !
Thierry Dedieu n'a pas son pareil pour nous embarquer dans une histoire qui impressionne : son grand format, son graphisme et ses couleurs sont déjà des atouts considérables pour envoyer un message fort. L'auteur dégaine également son humour et sa légèreté pour sensibiliser son public à l'écologie : préservons notre planète, protégeons notre nature, bémol sur la déforestation à outrance. C'est raconté avec tout plein d'intelligence et de lumière. C'est grandiose, vraiment.
Au secours des Zulus-Papous, de Thierry Dedieu
seuil jeunesse, 2019
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