Darkwind : Mécanique infernale, de Sharon Cameron
Angleterre, 1852. Katherine a pour mission de se rendre chez son oncle Tulman pour s'assurer de sa santé mentale car sa tutrice craint qu'il ne dilapide la fortune familiale. Sur place, la jeune fille est impressionnée par le manoir de Darkwind mais comprend que ça ne tourne pas rond entre ses murs.
L'apprenti de son oncle lui réclame alors 30 jours pour comprendre le bon déroulement de leur étrange communauté. Libre à elle de statuer sur leur sort selon ses observations. Pour Katherine, c'est aussi sa propre liberté qui est dans la balance d'où son scepticisme à adhérer aux excentricités de Darkwind.
Pourtant, l'ambiance est envoûtante. Mystérieuse mais fascinante. Les chambres sont sales et abandonnées, la cuisinière est revêche, des bruits étranges résonnent la nuit dans les couloirs. Katherine elle-même devient hystérique et fait des crises dont elle ne garde aucun souvenir. Elle ne cherche pas à détromper le personnel qui s'imagine qu'elle boit en cachette. La jeune femme a trop peur d'admettre qu'un mal la ronge.
Les jours passent dans cette atmosphère sinistre. Katherine poursuit son enquête et découvre des aspects charmants à son séjour : les automates de son oncle, les porcelaines de Lane, le patin à roulettes sur le parquet de la salle de danse, les recherches scientifiques de Ben, la campagne environnante... Mais l'échéance approche et Katherine doit prendre une décision pour Darkwind et pour elle-même.
Ne vous arrêtez pas à la couverture VF avec cette demoiselle en train de minauder - Katherine n'est nullement une jouvencelle timorée et influençable. Elle fait preuve de sang-froid et de courage, tout en avançant dans ce dédale avec l'esprit confus (on le serait à moins). Certes, le danger est sournois et l'atmosphère pesante. J'ai néanmoins pleinement succombé au charme de cette lecture. C'est sombre, romantique et captivant comme un roman gothique. Une très bonne surprise.
Bayard (2015) - traduit par Vanessa Rubio-Barreau
Titre VO : The Dark Unwinding
à suivre dans Darkwind : Une étincelle dans la nuit
Bordemarge, d'Emmanuelle Nuncq
Une bibliothécaire cynique est propulsée dans un royaume imaginaire : séquestrée dans la cabine d'un séduisant pirate, elle comprend qu'elle est prise pour une autre (une princesse rebelle dont la tête est mise à prix). Cette dernière se trouve actuellement dans le monde réel mais ne trouve plus le passage secret pour rentrer au bercail.
Rien ne prédestinait Violette et Roxane à se rencontrer et unir leur force contre leur ennemi. L'une était figée dans sa routine qu'elle ne supporte plus tandis que l'autre est une boule d'énergie incandescente, ainsi nos deux héroïnes vont dépasser leurs différences pour sortir de ce guêpier. Et que d'aventures à prévoir ! C'est un tourbillon de folie et d'action : humour, dialogues, clins d'œil, émotions et amour. On ne s'ennuie pas une seconde.
C'est aussi le revival du roman de cape et d'épée : Roxane voyage en tenue de mousquetaire, elle dégaine son épée comme une plume et possède un caractère farouche. Son adversaire, coriace et retors, lui réserve un affrontement sans pitié. Comptez à la distribution un vieux magicien, des enfants perdus, des pirates sanguinaires et une fée clochette malicieuse. En gros, on s'amuse des clichés qui roulent d'un chapitre à l'autre : l'ambiance est joyeuse et insouciante, même si ça zigouille pas mal. Ça reste super entraînant à lire. L'histoire est à la fois subtile et insolite. Elle dégage en plus une belle énergie et une bonne humeur qui donnent envie de prendre place sous un plaid avec une boisson chaude et du chocolat à portée de main. Ce n'est sans doute pas une actualité (titre paru en 2012) mais j'ai savouré cette pépite sortie de l'oubli. Une (re)découverte charmante.
Castelmore (2012) - couverture illustrée par Boulet