26/03/19

Pêle-mêle : Dans l'œuf - Dans une toute petite pomme - Léo & Lino - Bonjour Monsieur Froid - Un petit air de printemps

dans l'oeuf

Douze œufs sont prêts à éclore. À l'intérieur, douze bestioles attendent leur heure bien au chaud. Et crac boum hue... les bébés s'éparpillent sous nos yeux ébahis. Car il y en a vraiment pour tous les goûts : toutes les tailles, toutes les plumes, tous les styles. Pour la politesse, par contre, on repassera. Ahem, ahem. On n'apprend pas à dire bonjour ? Ravi de vous rencontrer. Puis-je ? S'il vous plaît. Merci. Au revoir. L'air de rien, le python se distingue du lot. Son corps se faufile, danse et ondule entre ses camarades. Quelques leçons plus loin, l'espace devient plus net. Notre ami python ne serait-il pas un peu gourmand ? Penchez-vous donc sur votre page : comptez les troupes. Froncez les sourcils. Vous avez tout compris ? Ce n'est pas bien de se servir sans demander la permission !

Cet album est FOU. Délicieusement cocasse et ingénieux : il évoque la transgression et la moralité avec beaucoup de complicité. Le lecteur est ravi du résultat : un peu filou et coquin. On apprend aussi à compter, au-delà de toute perspective. C'est inattendu et très réussi. Bravo. 

Dans l'œuf, par Emma Lidia Squillari

seuil jeunesse, 2019

 

dans une toute petite pomme

Beaucoup plus poétique, voici un album qui suit l'aventure d'un ver dans une toute petite pomme. Il se niche bien tranquillement entre deux pépins et attend que le temps passe. Les saisons aussi filent. Le ver grossit, se nourrit, voyage, devient chenille. Puis chrysalide. Et enfin... papillon ! La mésange qui guettait son retour s'en trouvera fort dépourvue.

Une vision sensible et très fine de l'art de grandir et du cycle naturel de la vie. Très contemplatif. Dans un écrin de couleurs et d'illustrations ravissantes : un album merveilleux. 

Dans une toute petite pomme, de Corinne Dreyfuss

seuil jeunesse, 2019

 

Leo et lino

Léo et Lino sont deux frères jumeaux : ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau et font vraiment TOUT ensemble. Même à l'école, impossible de distinguer l'un de l'autre. C'est l'union sacrée. Du moins, c'est ce que pensait Lino jusqu'à l'arrivée d'Astrid dont son frère tombe amoureux. C'est bête, l'amour. Ça vous vole un frère et ça vous laisse tout seul dans votre coin. La belle osmose n'est plus. Et les deux frères sont finalement malheureux de cette distance entre eux. Une distance pourtant logique et naturelle... qu'ils vont combler à leur façon. Car Lino va également apprendre à développer ses propres activités et se lier avec d'autres copains. Autant de nouvelles aventures à raconter le soir à son frère. Et ainsi renouer avec leur connivence unique en son genre.

Cette histoire sur les jumeaux est pleine de tendresse et très touchante car elle relativise les hauts et les bas d'une relation parfois trop fusionnelle. Où l'on rappelle qu'il faut penser à soi, grandir pour soi, être fidèle à soi-même, se séparer pour mieux se retrouver, et ainsi de suite. Une lecture captivante et très instructive dans son cheminement.

Léo & Lino, de Bérengère Mariller-Gobber

de la Martinière jeunesse, 2019

 

bonjour monsieur froid

Retour sur les Contes de la Vallée ! Où l'on croise un étrange musicien - un trompettiste - incompris dans sa ville et forcé à s'exiler le plus loin possible. Oui, le monde est cruel. Maximilien trouve finalement refuge dans la forêt de la vallée secrète. Mais par ce temps glacial, il se couvre d'une tonne de vêtements - on croirait un monstre. Qu'importe. Il s'abrite dans le tronc d'un arbre creux. Puis tombe sur Yula qui s'évanouit de peur en le voyant. Ha, ha. Quelle histoire. La suite aussi est surprenante et très drôle. On assiste à une avalanche de quiproquos et de situations ubuesques, impliquant un corbeau, des lapins, un renne et même un petit oignon magique, dans une opération de sauvetage qui est excellente !

Cette série est un enchantement, album après album. Je suis amoureuse des dessins et des personnages. C'est très beau. Une lecture qui invite à rêver. On adore. ♥

Contes de la Vallée : Bonjour Monsieur Froid, de Carles Porta

 

Un petit air de printemps

Avec le retour du printemps, l'oiseau Ticky revient aussi dans sa maison située au cœur de la vallée secrète. Or, rien ne va plus chez ses amis : ils sont tous affairés chez son voisin, car Max vient de lancer une fête du tonnerre à laquelle il n'a pas été convié. Un vent de folie souffle sur la vallée. Max s'envole avec sa trompette, il joue à s'en époumoner et bondit jusque dans la forêt de l'Ogre redoutable. Oh-oh. Le danger est proche. Ticky aussi a été pris au piège : en train d'espionner, seul dans son coin. L'ogre a dit niet. Et voilà Ticky saucissonné à un arbre, plus désespéré que jamais.

Encore une bonne partie de rigolade en perspective : amitié, humour et fantaisie sont du lot. Ça virevolte à chaque coin de page, la lecture est entraînante, joyeuse et insouciante. Cette couverture printanière est, de plus, merveilleuse. Vraiment, c'est un plaisir à lire et relire !

Un petit air de printemps, par Carles Porta

seuil jeunesse, 2019

 

Disponible aussi : Les feuilles volantes

 


Un été d'enfer ! de Vera Brosgol

Un été d'enfer Vera BrosgolVoilà une BD assez caustique dans son genre.
L'histoire raconte l'expérience traumatisante d'une gamine de neuf ans qui s'imaginait vivre des vacances inoubliables en partant camper quinze jours en pleine forêt. C'était son modèle de l'American Way of Life (Vera est originaire de Russie).
La désillusion sera énorme car la vie en pleine nature n'est pas une image de carte postale : hygiène douteuse et petites bestioles porteuses de la rage. Sans oublier les WC sauvages, baptisés Hollywood pour vendre du rêve. C'est la descente en Enfer pour Vera. 
Elle qui avait fait des pieds et des mains auprès de sa mère pour s'inscrire en camp scout comprend vite son erreur. Ses camarades non plus ne lui rendent pas la vie facile : c'est la plus jeune et la petite nouvelle du groupe. Elle n'a pas de seins, pas de soutif, pas de règles. Les filles sont sans pitié et se moquent d'elle en la tenant à l'écart. Les épreuves qui opposent garçons contre filles sont humiliantes (le jeu consiste à voler le drapeau de l'autre puis d'infliger des gages au perdant). Aucun esprit d'équipe. Plaisir sadique à écraser les plus faibles. Bisbilles entre nanas aux hormones bouillonnantes. On n'est pas loin du goulag avec une fabuleuse ambiance délétère.
Du moins, tout est rapporté d'après la vision de Vera. Elle condense ainsi le meilleur et le pire dans cette histoire tirée de souvenirs personnels - à quelques exagérations près. Mais elle produit une bonne histoire, non sans dérision et envie de partager l'envers du décor pour tous les pleurnicheurs de la planète. On a le droit de détester les colos et le camping ! On se sent aussi moins seul de vivre un été difficile et solitaire à la lecture de cette BD trop rigolote.

Rue de Sèvres, 2019 - traduit par Alice Delarbre

Posté par clarabel76 à 12:30:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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Jackaby, de William Ritter

jackabyPour sa première mission auprès de R.F. Jackaby, Abigail Rook est prévenue : son nouveau travail n'est pas sans risque ni pour les âmes sensibles. Heureusement, la jeune fille a du cran. Tout juste débarquée d'Europe, où elle a plaqué ses études et sa famille, elle cherche un vrai sens à sa vie. En apparence, New Fiddleham offre peu de perspectives émoustillantes. Et pourtant...
Sa rencontre avec le détective de l'étrange va provoquer tout sens commun. Aux yeux de la ville, Jackaby est un excentrique un peu fou, spécialisé dans les affaires paranormales. Il vit dans une grande demeure bourgeoise, hantée par le fantôme de son ancienne propriétaire. La police n'apprécie pas beaucoup lorsqu'il marche sur leurs plates-bandes - et le place souvent en garde à vue - mais n'est pas sourde à l'énumération de ses improbables élucubrations lorsque des crimes sanguinaires brouillent la raison. 
Il faut lire ce roman pour son ambiance singulière - qui fiche un peu les jetons aussi - et parce que l'histoire est glauque, bizarre et fascinante. On y croise d'étonnantes créatures, parfois folkloriques, d'autres fois diaboliques, et surtout on mène une enquête insolite (pas très originale mais assez prenante pour tenir la distance). Tandem gagnant pour Jackaby et Abigail : respect mutuel et spontanéité dans leurs échanges donnent une relation sans ambiguïté, qui ne manquera pas non plus de s'étoffer au fil des prochaines affaires, cf. Sur les traces de la Bête.
En bref, une lecture qui s'inspire des romans de Sherlock Holmes mais en apportant sa touche personnelle. Une très bonne surprise.

Bayard (2018) - traduit par Patrice Lalande

« Il est souvent difficile pour les autres de saisir la nature de ce don que je suis le seul à avoir. Il me permet de déceler la vérité là où les autres ne voient qu'illusion... Car le monde est une scène et il semblerait que je sois le seul spectateur capable de voir derrière le rideau. »

Posté par clarabel76 à 11:45:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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