Pêle-mêle BD : Et nos lendemains seront radieux - Les Classiques de Patrique (Chroniques décalées de la littérature)
Après la mort de leurs parents, Sylvain et Camille ont grandi auprès de leur grand-père à la campagne. Vieux réac, celui-ci a inculqué aux enfants une haine farouche envers les institutions mais a choisi de les instrumentaliser pour torpiller le système de l'intérieur. Ainsi, Sylvain a rejoint les grandes écoles et nourri une ambition dévorante en devenant le bras droit de la nouvelle locataire de l'Élysée. Mais lors d'un weekend au Fort de Brégançon, alors que l'orage menace, le frère et la sœur vont prendre la présidente en otage et lui tenir un discours enflammé sur le chaos écologique et les mesures à adopter en urgence (et en force).
Ambiance huis clos avec action politique dans cette BD : une lecture qui grattouille en cette saison de revendication sociale et de conscience verte. Hervé Bourhis imagine un scénario qui fait froid dans le dos parce qu'il fait écho à l'actualité. Par contre c'est sans concession. On assiste à un dialogue musclé entre la politicienne et le tandem réfractaire : les arguments fusent, les idéaux sont mis à mal. Il y a du vrai et du faux des deux côtés - société de consommation, lobbying et abeilles en détresse. Il y a donc péril en la demeure mais halte aux utopies. Il y a surtout une note douce-amère qui ne nous lâche pas et qui accompagne ce thriller sombre et poignant jusqu'à la dernière page... Une très bonne lecture.
Et nos lendemains seront radieux, par Hervé Bourhis
Gallimard Bande Dessinée, 2019
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Comment revoir ses classiques à travers cette lecture fabuleusement drôle et culottée ! Merci Patrique. J'ai ri, mais j'ai ri. C'était génial. Dernièrement j'avais déjà beaucoup aimé Avez-vous lu les classiques de la littérature ? avec la fantastique Soledad. Ça sent le bon filon - ou comment moderniser une littérature dite poussiéreuse et reconquérir un public qui boude.
J'ai ainsi découvert les chroniques décalées de Patrique (une petite motte de terre ou de sable) qui partage sa passion pour Orlando ou Dostoïevski avec un humour dévastateur. J'ai également gloussé face aux déboires d'Emma Bovary ou ceux d'Achille dans l'Iliade . J'ai mené mon enquête pour démasquer l'assassin de Roger Ackroyd. J'ai replongé aussi en adolescence avec Claudine à l'école ou même L'Amant. Par contre, je n'ai toujours rien compris à Rabelais. Le meilleur moyen de désacraliser des chefs d'œuvre et de les rendre accessibles, c'est bien entendu d'en parler sans complexe et avec dérision. Patrique a tout compris. Sous l'apparence délirante, le sujet est néanmoins traité avec sérieux et profondeur (présentation de l'auteur, de l'époque et réflexions autour de la lecture). En bref, cela donne encore plus envie de lire ou relire les titres concernés. Rien que pour ça, tu es mon idole, Patrique ! À savoir : les chroniques ont été prépubliées dans la revue TOPO.
Les Classiques de Patrique (Chroniques décalées des chefs d'œuvre de la littérature), par Delphine Panique
Gallimard BD, 2019
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Au petit bonheur la chance, d'Aurélie Valognes
Lorsque Jean débarque pour vivre chez sa grand-mère Lucette, à seulement six ans, c'est rude d'être séparé de sa mère. Granville, c'est le bout du monde. Il faudra une éternité avant leurs retrouvailles.
Chez sa mémé, le garçon apprend d'abord à compter les saisons puis s'adapte aux nouveaux rendez-vous : la messe, le tricot, le potager, les vacances avec les cousins, le maître d'école, les lignes à copier, le copain facteur, les cartes de Paris.
Les années passent. Entre le môme et sa mémé, se tisse également un attachement profond et sincère que les aléas du destin vont mettre à mal. Car Lucette vieillit et accuse des coups de fatigue. Il est temps pour Jean de reprendre place dans sa famille.
Coup de fil à la maman. Rencontre sur un quai de gare. Le garçon n'a toutefois plus les yeux remplis d'amour aveugle envers celle qui lui a donné naissance. La réalité s'impose à lui - sa vraie vie l'attend, en Normandie. Bref.
Au début, l'histoire m'a beaucoup plu. C'est frais, simple, adorable et innocent, un peu vintage aussi, avec ce goût de l'enfance dans les années 68-70. Très sympa, sans prétention. J'étais d'humeur guillerette à écouter cette jolie comédie... jusqu'à ce que ça vire au mélo et là, j'ai moins accroché. OK pour la tendresse et l'émotion, on en a toujours besoin, par contre ça sonne creux. C'est gentillet, lisse, complaisant. En fait, à part Mémé dans les orties, il me semble que les romans d'Aurélie Valognes se mélangent tous dans ma tête et ne me laissent aucun souvenir - oups.
La voix audio choisie est masculine - choix étonnant - on ne s'attend pas du tout à une voix grave pour raconter le parcours d'un enfant de six ans. D'un autre côté, Patrick Borg vient ainsi casser l'idée d'une lecture trop mielleuse.Tendez l'oreille, c'est aussi la voix de David Boreanaz (Seeley Booth ou Angel pour les amateurs). Résultat, j'ai bien aimé ce décalage même si le roman n'offre pas non plus une gymnatisque sensationnelle, tout juste une évasion vivifiante.
©2018 Mazarine (P)2019 Audiolib
- Lu par : Patrick Borg
- Durée : 7 h 40