Ma vie en listes, de Kristin Mahoney
Anna est accro aux listes. Elle en rédige tout le temps pour évoquer sa vie, ses envies, ses drames ou ses déboires. Comme de quitter Brooklyn pour vivre dans une petite ville paumée. Clover Gap, 8432 habitants. Capitale du trèfle. Carte postale idéale de la vie en communauté où apprendre à se faire de nouveaux amis ne devrait poser aucun problème. À condition de ne plus commettre d'impairs. Pour Anna, cela implique de ne pas raconter qu'elle possède une mémoire phénoménale. Pour chasser le souvenir d'avoir trahi ses parents en avouant au directeur de son école qu'ils ont menti pour la carte scolaire. Et vogue la galère.
C'est donc l'histoire d'un nouveau départ auquel se confronte une fillette de 11 ans avec des questions de son âge. Il ne faut pas s'attendre à un grain de folie car le contenu est assez sage et sans surprise. Le seul point original, c'est que le roman est entièrement façonné de listes. Ce que papa préfère dans la nouvelle maison, ce que maman préfère, six choses qu'ils aimeraient changer, dix choses que peut faire un enfant qui vient d'emménager... Vous voyez le topo.
Au départ c'est sympa mais sur 300 pages ça devient enquiquinant. En plus, ça n'aide pas à se fondre dans le décor, ni à suivre le fil ou à apprécier les personnages. C'est assez plat et simpliste. En bref, ce n'est pas un style auquel j'ai accroché. Ni un roman qui me laissera un souvenir impérissable. Je n'ai pas été embarquée dans cette aventure - tristesse - mais les plus jeunes n'y verront que du feu. Dès 10-11 ans.
Casterman (2019) - Traduit par Alice Marchand
Titre VO : Annie's Life in Lists
Ma vie sens dessus dessous, d'Anne Fine
À l'annonce de la séparation de ses parents, Erica est en colère. Contre sa mère, qui ment. Contre son père, qui renonce à se battre. Contre ses camarades du collège, qui sont au courant de tout. Contre la vie aussi, qui est compliquée.
On lit ainsi des pages et des pages de frustration et de rancœur d'une jeune ado qui déverse ses humeurs en testant notre patience - au bout de 260 pages, ça use ! Certes Erica n'a rien demandé et doit supporter les choix de ses parents, bon gré mal gré. Toutefois, elle montre vite son désaccord en étant odieuse et en menant la vie dure à sa mère et son nouveau compagnon. Elle va aussi chercher à la rendre jalouse avec son père, en jouant le mystère sur leurs weekends à deux ou au sujet d'une vendeuse rencontrée dans un magasin de bricolage.
Puis elle va se rendre compte que c'est vache. Ses parents aussi ont leurs états d'âme et leurs passages à vide. Il faut du temps pour accepter les changements, mais le brouillard finit par s'éclaircir. Ce big bang familial aura finalement du bon et va lui permettre de gagner en maturité, doucement mais sûrement.
Bon point donc pour la transparence dans les émotions - on soupire, on râle, on peste contre cette héroïne vindicative. Par contre elle morfle aussi. Son petit monde éclate et elle n'a rien vu venir. C'est là où je me dis que le roman a réussi le juste équilibre et nous inspire ce maelstrom avec des hauts et des bas. Cela reste très positif et drôle aussi. On en sort avec beaucoup d'indulgence.
L'école des loisirs, 2019 - Traduit par Dominique Kugler
Titre VO : The Silver Book
Summer kids, de Mathieu Pierloot
Comment survivre à une rupture amoureuse ? Antoine a 18 ans et le bac en poche, un été caniculaire pour horizon et aucune perspective pour la prochaine rentrée. Sa mère grogne, le môme soupire. Au lieu de rassurer son entourage, il sort, il boit, il fume trop. Ses meilleurs potes refusent d'aborder LE sujet qui fâche. Hannah. Le grand Amour. L'amour déçu, brisé, envolé.
Il est très agaçant, Antoine. Il a besoin qu'on lui secoue les puces. Il est lourd avec son désespoir. Mais il est le reflet de sa génération. Au cœur de cet été, il va finalement trouver un job et rencontrer une nana mal fagotée. Il va écouter de la musique et passer des coups de fil rageurs. Il va demander pardon. Il va pleurer. Pas forcément dans cet ordre. Et durant 150 pages.
On oublie vite qu'on n'a plus 18 ans et les émotions à fleur de peau. Pourtant cette lecture nous en rappelle les codes - avec dérision parfois. Elle nous replonge dans nos souvenirs - sans aucune nostalgie. C'est vrai que j'ai souri car cela m'a fait plaisir de retrouver la bande d'En grève ! qui poursuit son bonhomme de chemin en se frottant à la vie.
Ça se cherche énormément et ça confirme combien grandir est compliqué. Même les parents en prennent pour leur grade. Comme ça, tout le monde est rhabillé pour l'hiver. Cela reste un bon petit bouquin sympa, très lucide et plein de sincérité. En plus il donne du bonheur aux oreilles avec des playlists canons s'il vous plaît ! ♪♫ And in the end the love you take is equal to the love you make ♪♫
L'école des loisirs, 2018