Une sieste à l'ombre

Oh, cette merveille ! Avec son aspect japonisant et ses couleurs poudrées, voilà une lecture qui invite à l'évasion et à la poésie. Approchez, en silence. Prenez place, comme cette fillette qui étale sa couverture dans l'herbe, pour une petite sieste à l'ombre du pommier. Sa couverture, c'est toute une promesse - un bivouac, un donjon, une armure, un radeau, une montgolfière, un voyage, une nuit noire, un bout du monde...

On ne peut que s'extasier devant la richesse de cet album qu'on lit aussi comme un imagier original et fabuleux. On y découvre surtout l'étendue des histoires qui se créent dans la tête de nos enfants. Combien leur imagination peut être bouillonnante et exaltante. On applaudit très fort puisque c'est beau, c'est inattendu, c'est élégant et c'est d'un charme fou. Rien que la couverture donne envie de lire cet album. C'est adorable ! Et doux au toucher.

Une sieste à l'ombre, par Françoise Legendre & Julia Spiers

seuil jeunesse, 2019

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la nuit de pinpin

Pinpin n'est pas fan de la  nuit, qui avale les couleurs et laisse la porte ouverte aux monstres, aux ombres et à l'orage. Pourtant, la luciole, le hibou ou le hérisson vont lui expliquer que ses angoisses n'ont pas lieu d'être. Après tout, l'orage, c'est les nuages qui se font des bisous. Les cauchemars sont piégés dans les toiles d'araignée. Ou il faut s'amuser des ombres en improvisant un spectacle sur les murs de la chambre. La nuit, en fait, c'est extra pour tout voir sans ses lunettes, pour respirer l'air frais, pour danser sous la lune.

Toutes les terreurs nocturnes sont ainsi habilement épinglées dans ce joli conte aux illustrations tendres et délicates qui permettent un coucher en toute quiétude. On traque chaque point d'interrogation, on décortique et on balaie de la main en montrant bien que ce n'est qu'un détail. Franchement, c'est zéro complexe. Juste la garantie d'une nuit paisible et réparatrice. On dit merci !

La nuit de Pinpin, par He Zhihong

seuil jeunesse, 2019

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La nuit parfois je reve

La nuit inspire les plus belles lectures ! Ainsi, dans cet album merveilleusement illustré par Clémence Pollet, nous aussi on se glisse sous la couette pour plonger dans le pays des rêves. La nuit, on revit sa journée, on s'imagine une autre vie, on se permet des tas de lubies, on apprend à voler, on fait des nuits blanches, on lit à n'en plus pouvoir, on fait des cauchemars, on cajole son animal et on cueille le lever du jour avec bonne humeur et dans la promesse d'un éternel recommencement !

Voilà encore une lecture enchanteresse, qui adoucit ce moment du coucher toujours synonyme d'appréhension. Avec cet album, on se réjouit de toutes les perspectives qui nous attendent - la nuit parfois je rêve mais surtout je deviens l'héroïne de mes propres aventures. Tout simplement formidable !

La nuit parfois je rêve, par Stéphanie Demasse-Pottier & Clémence Pollet

de la Martinière Jeunesse, 2019

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Tout en rimes

Bruno Gibert propose de s'amuser avec les mots et les images grâce à des comptines avec des trous à compléter ! Comme les enfants apprennent très tôt à composer en rimes, ils font montre d'une aisance à participer à cet exercice. Ainsi, libre sera leur inspiration à imaginer une écrevisse perdue en Suisse, la bouche pleine de réglisse ou de cassis... et qu'on en finisse !

Chaque histoire est particulièrement cocasse, comme celle de la momie qui veut soigner sa carie avec une infusion de patchouli avant de partir en Californie sur le dos d'un colibri ! Vous pouvez vous éclater à l'infini en inversant les mots qu'on puise dans la réserve suggérée par l'auteur. Ça devient tellement rigolo de mettre le foutoir dans l'armoire, avec un drôle de loir qui sort du tiroir avec son air de suppositoire et qui court se cacher derrière la baignoire, ni bonjour ni au revoir ! Quel culot ! Passez-moi une bouilloire que je l'assomme !

D'autres histoires farfelues sont à découvrir, comme l'accident de l'éléphant ou la soupe de carotte à la hulotte... Bref. Cette lecture est à assaisonner à votre sauce ! Pimentée, acidulée, aigre-douce. On bidouille selon sa convenance (ou pas). C'est pas mal du tout, surtout pour les amateurs d'humour décalé.

Tout en rimes, par Bruno Gibert

seuil jeunesse, 2019

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Le Mystère de la basquette bleue

Attention, enquête en cours ! Une basquette bleue est découverte sur le trottoir de la rue Hugo-Victor de la petite ville de Chiche-sur-Capon. Le mystère est entier. Cinq jeunes enfants sont penchés sur cette étude et cogitent dur. Et si c'était un bébé de géant ? ou un cas de panardite ? ou le coup d'un chouingue américain ? Prenez garde.

Toute dérision mise à part, cette lecture fait place à l'imagination débordante. Même le dénouement est stupéfiant. Je ne vous dis que ça. André Bouchard est un conteur génial et talentueux qui n'a pas dit son dernier mot. En effet, le lecteur lui aussi peut apporter sa pierre à l'édifice et - pourquoi pas - livrer son hypothèse sur le Mystère de la basquette bleue qui tient en haleine ! RDV sur la page Facebook de l'éditeur. ☺

Le mystère de la basquette bleue, par André Bouchard

seuil jeunesse, 2019

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Journal d'un copain formidable

Si vous pensiez avoir fait le tour des aventures de Greg le dégonflé, penchez vous donc sur le cas de son meilleur pote, alias Robert Jefferson, le BFF rêvé. On devrait lui décerner une médaille pour tout ce qu'il supporte... Car Robert vit dans l'ombre de son ami. Jamais il ne doit se mettre en avant. Hors de question de lui voler la vedette. Le rôle de Robert dans la série ? C'est son souffre-douleur, son alibi, son boulet, son maillon faible.

Quand le garçon brandit fièrement son propre carnet à croquis, Greg n'est pas du tout content car il lui reproche de copier son journal. Pour Robert, il s'agit simplement de raconter sa version de leur amitié, avec des petits dessins gribouillés (sans les nez) et avec une spontanéité rafraîchissante. Car ce garçon est sans filtre - par sa gentillesse et sa naïveté. Il rapporte en toute transparence des anecdotes qui rappellent combien Greg abuse de sa bonhomie pour camoufler ses bêtises.

Bien évidemment, Robert n'en a jamais conscience. Toutefois, il y a un brin de dérision dans l'intention de rédiger une biographie à la gloire de Greg car ce carnet pointe justement ses nombreux défauts. Robert est certes perçu comme le pauvre bougre constamment abusé... enfin, jusqu'à présent. Cette lecture rétablit la vérité et renverse le rapport de force. Et si notre Dégonflé n'était RIEN sans son Robert attitré ? Allez... zou, filez découvrir ça. C'est beaucoup moins surprenant mais ça reste dans le même esprit rigolard.

Journal d'un copain formidable : Carnet de bord de Robert Jefferson, par Jeff Kinney

Trad. Rosalind Elland-Goldsmith / Seuil Jeunesse, 2019

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