L'Héritier de Moriarty, par Annelie Wendeberg
Quelle angoisse, ce roman...
J'avais été fascinée et horrifiée par La dernière expérience - roman dans lequel Anna Kronberg était kidnappée par Moriarty, pour être séduite et abusée avant de reprendre le contrôle de la situation.
Anna a donc réussi à fuir avec Sherlock mais un tueur est toujours à ses trousses. Il s'agit du bras droit de Moriarty - Sebastian Moran - qui a juré de lui faire la peau après son accouchement. Eh oui, Anna est enceinte mais n'éprouve aucun attachement pour l'enfant à naître.
En fait, Anna est toujours meurtrie par son enlèvement et sa relation avec son tortionnaire. On se souvient de ce chapitre très sulfureux et du trouble encore présent dans son esprit. Pour l'heure, elle doit d'abord penser à sa survie et passe en mode médecin imperturbable. Elle a aussi pour mission de récupérer l'argent de « son mari », avec la complicité de Sherlock et son frère Mycroft, et ainsi freiner les agissements de la bande de Moriarty.
Il sera étonnamment question d'espionnage avec l'Allemagne, de vaccins détournés et de contaminations en masse. Les projets délirants de Moriarty s'étendent comme une toile d'araignée sur la planisphère et défient notre grand détective tiraillé entre son dévouement pour LA femme et son orgueil notoire.
Ne nous leurrons pas non plus.
... Ça se lit avant tout comme une course-poursuite effrénée, moins comme un roman à suspense avec une enquête à mener. Ce n'est pas inintéressant, seulement trop réducteur. On s'attache à grand-peine aux personnages - toute idylle possible entre Anna et Sherlock est franchement risible. J'étais d'ailleurs heureuse de retrouver Garrett (l'amant des quartiers populaires) et j'ai regretté fort, fort, fort Moriarty... Sans doute une autre fin aurait été meilleure. Au lieu de ça, la série en VO poursuit son chemin mais je pense que l'éditeur français n'ira pas plus loin.
Presses de la Cité (2018) - Traduit par Florence Hertz