Lune de Sang (Nightshade #1), par Andrea Cremer
Trilogie lue en une bouchée : c'était sympa de retrouver une lecture qui me ramène à l'ère Twilight ! Grosse bouffée de nostalgie en feuilletant les pages. Non, aucun vampire dans cette histoire. Place aux loups avec leurs traditions et leurs légendes améliorées.
Calla appartient à la meute des Nightshade. Comme tous les siens, elle a le pouvoir de se transformer en louve. C'est aussi une Alpha forte et rebelle qui remet en question son héritage après avoir rencontré (Shay) un garçon banal auprès duquel elle ressent des émotions nouvelles. Par contre, son destin est lié à (Ren) un autre Alpha qui ne cache pas son attirance, ses intentions, ses désirs etc. Oui, mon cœur a fait boum pour ce vilain garçon... alors que le choix de l'héroïne penchait pour l'autre prétendant. Bonjour les actes irréfléchis et les dérèglements hormonaux de notre girouette en puissance. Ça aussi, j'avais oublié !
Le dénouement de la série (dans Le duel des Alphas) m'a laissée dubitative. Je ne dis pas le contraire, c'est excitant, intense et parfois sexy. Sauf que, non...
Cette série a finalement le goût d'une madeleine de Proust. Ô douce nostalgie.
Gallimard Jeunesse / Collection : Pôle Fiction (2013)
Traduit par Julie Lopez
Une héroïne complexe, un univers captivant et du suspense...
Andrea Cremer tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page de sa trilogie.
C'est sombre, sensuel et vénéneux : terriblement envoûtant.
#guiltypleasure
Prédestinée, par Teri Terry
Encore une lecture qui m'a replongée dans des souvenirs ! ... Flashback 2013 avec la série « Effacée » : Kyra vient d'acquérir une mémoire toute neuve, suite à son opération ayant éradiqué les émotions superficielles. La pratique est courante et désormais il n'est pas rare de croiser des jeunes gens apaisés et au sourire niais. Dans le cas de Kyra, pourtant, l'effacement n'a pas été concret car l'adolescente conserve des réminiscences qui deviennent inquiétantes. Kyra prend en effet conscience d'être manipulée et se force à raviver des souvenirs enfouis pour reprendre le contrôle.
Le temps passe, les souvenirs s'estompent, les sentiments changent, les gens nous quittent, mais le cœur n'oublie jamais. Bref.
Le roman « Prédestinée » est donc le préquel de ladite série et nous explique les événements ayant entraîné cette politique autoritaire pour maîtriser la jeunesse britannique. Nous faisons ainsi connaissance avec Samantha, qui est la fille du Vice-Premier Ministre. Elle connaît depuis toujours la surprotection, le danger extérieur et les coups de force pour déstabiliser le gouvernement. Sa vision va évoluer au fil de ses discussions avec sa nouvelle tutrice, Ava. Et aussi parce qu'elle tombe amoureuse d'un garçon, Lucas, rencontré dans une galerie d'art.
L'atmosphère du roman est électrique... et surprenante : le Brexit est acté, le Royaume-Uni est en plein chaos, frontières fermées, manifestations interdites, crise sociale et grogne populaire. Les Angliches sont sur les nerfs ! En réponse, les mesures annoncées sont radicales et visent essentiellement la jeunesse en opérant une mainmise sur leurs outils de communication.
Au milieu, Sam se prend pour une Pasionaria : elle a seize ans, elle est exaltée, elle refuse les inégalités et rêve d'une société plus juste. Mais le roman est sans concession (et fait froid dans le dos). Sinistrement visionnaire ? Brrr. On n'ose y croire. En tout cas, il débarque en pleine actualité brûlante et fait beaucoup réfléchir. D'ailleurs, si ce roman met le feu aux poudres, la suite vaut vraiment le coup d'œil. Et je vous invite à plonger sans attendre dans Effacée !
La Martinière J. (2019) - Traduit par Maica Sanconie
⭐⭐⭐
Faites attention à moi, par Alyssa Sheinmel
Hannah est internée « pour son bien et celui d'autrui ».
Seule dans sa chambre, elle ressasse les dernières semaines au cours desquelles elle a suivi un stage de renforcement pour sa rentrée universitaire. Hannah s'était liée d'amitié avec sa colocataire Agnès et était tombée amoureuse d'un certain Jonah. La suite est assez floue, ou disons qu'elle est rapportée de manière décousue.
On apprend partiellement que son amie est hospitalisée, mais ne tendez pas l'oreille pour obtenir une explication, c'est encore trop tôt.
On pourrait penser qu'elle n'est pas étrangère au drame sauf qu'on ne peut pas la bousculer car la jeune fille est en plein déni. Son cerveau est en bouillie - un magma de délires et de sursauts lucides. On y plonge les deux mains jointes et on patauge sans savoir où on va. C'est très perturbant. Hannah ne comprend pas non plus ce qu'on attend d'elle ni pourquoi son entourage ne lui permet pas de sortir. Elle n'a pas l'air de raconter des mensonges, simplement elle ne mesure pas la gravité de son cas.
Du moins... espérons, car Hannah est une fille très intelligente, avec une vivacité d'esprit et parfois une cruauté qui rendent sa personnalité encore plus impénétrable !
Après lecture, on réalise qu'il ne suffit pas de diagnostiquer les troubles psychologiques chez une personne, il faut surtout accompagner le patient pour qu'il accepte sa maladie et demeurer attentif à chaque petit pas accompli. Seulement, voilà : Hannah étant une narratrice à double tranchant, elle inspire beaucoup de distance et de détachement... pas facile de s'émouvoir. En comparaison de Flora Banks, ça manque de poésie par exemple.
Autre frustration, ce n'est pas du tout un thriller (promesse vendue à tort) ! Machiavélisme, tension et suspense... que nenni. Je me suis sentie flouée !
Casterman, 2019 - Traduit par Corinne Daniellot
⭐⭐⭐
Dernier été pour Lisa, de Valentin Musso
Des années plus tard, Nick est devenu un écrivain à succès et retourne dans sa ville natale pour les obsèques de son père. Il apprend également la libération de Ethan et rencontre un détective privé convaincu de son innocence. Il voudrait inciter Nick à revoir les faits et étudier plus longuement la potentielle rédemption de son ami d'enfance.
Cette position va rapidement le mettre mal à l'aise. Au fil de ses retrouvailles avec le passé, Nick est chamboulé par ses découvertes. L'intrigue prend d'ailleurs des tours et des détours assez déconcertants - sans trop surenchérir dans les rebondissements à outrance - et se boucle sur une note pleine d'amertume.
En fait, ce roman se lit facilement car il est habilement ficelé. Par contre il distille une note de tristesse, de regret et de remords qui laisse un sensation de peine indélébile. Plus j'y songe et plus je me demande si j'ai réellement apprécié ce dénouement... Et le style pompeux (« dans l'ébène de la nuit » ... par exemple) m'a de temps en temps fait lever les yeux au ciel.
Somme toute, la lecture a honoré correctement son contrat : intriguer et divertir. Bon point, donc.
©2018 Éditions du Seuil (P)2018 Sixtrid
- Lu par : Marc-Henri Boisse
- Durée : 11 h 50 env.
Avec ce nouveau thriller d'une redoutable efficacité, Valentin Musso nous entraîne au cœur d'une petite ville américaine en apparence sans histoires, et qui cache bien ses secrets.
Texte lu par Marc-Henri avec toujours autant de dextérité et de confort à l'écoute ! Un très bon moment.
Et le désert disparaîtra, de Marie Pavlenko
Samaa a toujours connu le désert mais désire ardemment suivre les chasseurs de sa tribu (une mission exclusivement réservée aux hommes). Elle décide donc de s'éclipser en douce pour suivre la partie de chasse. Malheureusement son escapade tourne court : Samaa se perd, tombe dans une crevasse et se blesse.
Terrorisée, elle n'en est pas moins surprise de découvrir un filet d'eau et surtout un arbre immense. Le Graal des chasseurs qui cherchent justement du bois pour le vendre.
Les jours passent dans une morosité ambiante. Samaa rumine ses idées noires, revient sur son éducation, sur la place des femmes dans leur société, sur la nature en souffrance, sur les solutions à trouver pour guérir un monde exsangue.
Avec ses barres chocolatées pour seules provisions, elle calcule très scrupuleusement ses rations pour survivre le plus longtemps possible. Forcément, elle s'affaiblit et commence à confondre la réalité et les rêves...
Alors, c'est tout sauf une lecture renversante, une lecture menée à un train d'enfer ou une lecture enflammée dressant son héroïne contre l'ordre établi... disons plutôt que c'est simplement un appel à se poser un instant pour prendre le temps de réfléchir sur la vie, la nature, la planète, tout ça. Huis clos oblige, le roman s'enferme dans une atmosphère accablante et pleine d'amertume. Vision contemplative ou conte écologique... ce roman peut déjà rejoindre Céleste, ma planète sur vos étagères !
©2019 Éditions Flammarion (P)2019 Éditions Gallimard
- Lu par : Delphine Cogniard
- Durée : 3 h 54
Très, très jolie lecture faite par Delphine Cogniard : sa voix claire et limpide nous enveloppe et fait oublier la réalisation sonore inexistante (aucun fond musical). Pour d'autres, c'est apaisant car moins racoleur. Cette perspective se discute, mais dans le cas présent, cette absence de fioritures apporte sagesse, solennité, écoute et sérénité. J'ai bien aimé !
♪♫ Elle pleure, elle pleure, elle pleure ma planète !
Elle sent que sa fin est proche
Et ça la rend folle !
Dites-leur, dites-leur, dites-leur qu'ils sont fous !
La Terre en a ras le bol un point c'est tout ! ♫♪
Juste avant de mourir, de S.K. Tremayne
Victime d'un grave accident de voiture, Kath s'en sort avec quelques égratignures et une mémoire en vrac. Impossible de se souvenir des derniers événements. Par contre, elle a bien conscience de la colère froide de son mari Adam et des troubles du comportement de leur fille Lyla. Cette dernière devient également très protectrice envers sa mère et lui répète tout le temps qu'un homme les surveille sur la lande. Cet homme serait Adam.
Commencent ainsi à germer une pointe de doute et une flopée d'interrogations... sur l'attitude de son époux, sur les circonstances de son accident, sur sa famille et sur l'héritage laissé par sa mère (qui a tout donné au frère en prétendant agir pour le bien de sa fille). Kath cherche à éclaircir la situation mais se heurte à des révélations qui vont déstabiliser ses acquis.
Vivant dans une ferme isolée au beau milieu de la campagne du Devon, Kath se sent plus vulnérable que jamais... encerclée par du flou et pressentant un danger imminent !
On retrouve l'empreinte de Tremayne dans ce troisième roman sur fond de tension psychologique et de drame familial. On ne moufte pas de toute la lecture jusqu'au dénouement : un final confus et chaotique, avec un dernier lapin sorti du chapeau, youhou, pas vu venir ce truc. C'est un peu moyen, mais ça n'enlève en rien le stress éprouvé depuis les premiers chapitres ni le tricotage minutieux de l'intrigue pour en venir là.
En fait, ce que j'apprécie par-dessus tout dans les romans de Tremayne, c'est l'atmosphère si particulière qui s'en détache. C'est suffocant et néanmoins captivant. Cette fois, la région du Dartmoor est mise à l'honneur : cadre sauvage, climat rude, colonie de moutons et de poneys. En un mot, superbe ! Les décors sont une vraie valeur ajoutée à la lecture (les Cornouailles dans La menace ou Eilean Torran, petite île écossaise dans Le Doute)... on fantasme à mort. En somme, c'est mon rendez-vous incontournable au-delà de l'appréhension à n'avoir pas toujours une intrigue qui tient la route. Après tout, ça se lit vite et bien aussi.
Bon point pour moi !
©2018 / 2019 Titre original : "Just Before I Died" / Presses de la Cité pour la traduction française par Isabelle Maillet (P)2020 Lizzie
- Lu par : Laëtitia Lefebvre
- Durée : 10 h 40 env.
Prêtant sa plume à un drame familial qui interroge le poids de l'hérédité, les liens du couple et le mystère qui entoure les enfants atteints du syndrome d'Asperger, le maître du thriller atmosphérique revient avec un quartet brumeux qui laissera le lecteur hagard, ivre de secrets inavouables et de stupéfiantes révélations.
Excellente interprétation de Laëtitia Lefebvre ... avec des séquences FLIPPANTES dès qu'elle se glisse dans la peau de Lyla ! ... Mais vraiment. J'étais aux aguets dans ma maison, verrouillant scrupuleusement toutes les portes, toutes les fenêtres, et sursautant au souffle du vent et à la pluie tombante. Une expérience mémorable !!!
⭐⭐⭐
Je sais que tu sais, de Gilly Macmillan
Lecture clairement efficace en format audio !
Vingt ans après le meurtre de ses deux meilleurs amis, Cody Swift relance l'affaire avec un podcast car il est convaincu que le coupable incriminé était innocent. Son initiative n'est pourtant guère accueillie avec entrain auprès des témoins de l'époque. Entre les traumatisés à vie et les réfractaires allergiques à remuer le passé, cette enquête de la seconde chance s'annonce pénible et douloureuse.
Et pourtant, contre toute attente, Cody Swift fait bouger les lignes. Sa compagne et lui reçoivent d'ailleurs des menaces pour les obliger à cesser leurs activités. Le succès de leur émission grandit. Le dossier est finalement déterré et la police revoit sa copie.
C'est le troisième roman de Gilly Macmillan que je lis (il me semble). J'aime bien ses histoires à suspense qui nous mènent par le bout du nez et nous font gober tout et n'importe quoi. On mord facilement à l'hameçon, ne cherchant pas à botter en touche. On se laisse prendre dans ses filets, comme ça, on a le plaisir de tomber des nues en lisant son dénouement.
Cela me convient tout à fait : un bon cold-case rondement ficelé avec des acteurs pas très nets et de nouvelles révélations qui viennent les ébouriffer. C'est plutôt pas mal. Mais là où je dois reconnaître le succès de cette lecture, c'est son format audio : la réalisation est top et la performance réussie. C'est super addictif à écouter et on ne voit pas le temps passer. Je recommande fortement (10 heures d'écoute) !
©2019 Édition française publiée par Les Escales, traduit par Séverine Quelet (P)2019 Lizzie
- Lu par : Emmanuel Dekoninck, Oliver Premel
- Durée : 10 h env.
- Avec la participation de Thierry Janssen, Pierre Lognay, Fabienne Loriaux, Claire Tefnin, Maxime Van Santfoort et Patrick Descamps
- L'émission L'HEURE DE LA VÉRITÉ de Cody Swift est également disponible en 11 volumes de 15 à 20 minutes chacun : L'heure de la vérité
- En savoir + : https://urlz.fr/bArY
⭐⭐⭐⭐
Thornhill, par Pam Smy
Deux histoires et un seul mystère autour de Thornhill, une vieille bâtisse d'aspect gothique.
En 1982, Mary y séjourne en tant que pensionnaire, sans famille, attendant une éventuelle adoption. Mais la jeune fille est mutique. Solitaire, elle se cloître souvent dans sa chambre et vit entourée de ses livres et ses poupées.
Des années après, en 2017, Ella emménage dans la maison voisine de cet institut abandonné. Elle retrouve le journal de Mary et découvre son histoire bouleversante : harcelée par une camarade, incomprise et poussée à bout...
Ella est profondément chamboulée par sa lecture, qui a un écho tout particulier en elle car la jeune fille se sent délaissée depuis la mort de sa mère et les absences répétées de son père. Son seul passe-temps consiste à fouiller les ruines de Thornhill et récupérer des petits trésors, comme des poupées en miettes, auxquelles elle donne une seconde jeunesse.
J'ai été littéralement happée par ce gros roman qui offre mille possibilités d'évasion : son esthétisme austère, sa couverture cartonnée, ses nombreuses illustrations en noir et blanc, son parfum d'interdit, son intrigue entremêlant passé et présent, ses fantômes et ses secrets qui hantent le récit... C'est carrément flippant. La chute est d'ailleurs rude, abrupte mais remarquable.
Vraiment, cette lecture nous glace le sang dans les veines. Et on se surprend à la fin de relâcher la pression tant on a retenu son souffle tout du long (inconsciemment). Cette belle brique noire - telle qu'elle se présente - est un petit bijou. Un objet fascinant pour une plongée terrifiante dans un univers très énigmatique. Totale réussite !
Rouergue (2019) - Traduit par Julia Kerninon
Dans la lignée des romans de Brian Selznick, encensé par Philip Pullman, le premier roman graphique de Pam Smy est un petit bijou gothique.
En savoir + :
Teaser
Présentation de l'auteure et de son travail
Show Stopper, par Hayley Barker
Magnifique couverture mais lecture assez plate !
Dans un monde imaginé (Londres, 2045) avec une société divisée entre les Purs et les Bâtards, un Cirque déambule pour présenter ses numéros hors du commun. Afin de satisfaire le public, avide de sensations fortes, il faut pousser sans cesse les limites. Ainsi il n'est guère surprenant de mettre en scène des lions en train de dévorer des artistes ou des requins se jeter sur des filles ligotées pour le show... Ce spectacle de l'Horreur procure des Oh et des Ah d'admiration, faisant fi de toute moralité. Après tout, les acrobates ne sont que des rebuts de la société. Des pièces interchangeables, rien à tirer de cette engeance.
Pour Benedict Baines, le Cirque le fascine depuis qu'il a aperçu au loin une funambule et ne s'explique pas ce qu'il ressent. « Mon cœur hurle que c'est mal. Hoshiko, moi, tout ceci. Le Cirque, le monde - c'est mal. Mon cœur me crie de la suivre. Ma tête me dit d'arrêter de faire l'idiot. Je ne vis pas un conte de fées débile. Ce monde, c'est celui dans lequel nous vivons. Les choses sont ainsi. À quoi ça sert de souhaiter qu'elles soient différentes ? Je ne suis qu'un adolescent. Un adolescent tout seul. Point. Regardez ma famille, ma vie, ce que je suis. Je fais partie de ceux qui ont eu de la chance. Je suis du bon côté du gouffre qui divise notre monde en deux. Ce profond et infranchissable abîme. Et je ne peux rien y changer, même si j'en ai le désir. »
Hoshiko incarne le Chat sur scène depuis plusieurs années. Elle subit la tyrannie de Silvio (un Monsieur Loyal pathétique) et prend soin de ses camarades les plus vulnérables. L'arrivée dans son existence de Ben l'irrite au plus haut point : c'est le fils de la Ministre du Contrôle des Bâtards dont les discours virulents découlent sur des mesures radicales. Hoshiko déteste les Baines et leur caste en général. Savoir que ce garçon lui tient la main, lui adresse des mots doux et lui montre de la tendresse la perturbe et chamboule son univers.
Bref.
Ce que j'ai regretté dans cette lecture, c'est d'abord la promesse d'une histoire palpitante, d'un amour contrarié et d'une aventure déchirante. Car le résultat est moins transcendant : tout arrive soudainement, les événements, les émotions, les actions. Les personnages ne se connaissent pas et voudraient nous faire gober à leur romance ? Hum. On nous sert aussi une vision trop machiavélique de leur société : les méchants sont trop méchants... aucune nuance. C'est tout noir, tout blanc : un peu léger, tout ça.
Par contre, le roman se lit rapidement - le rythme est entraînant, la narration est alternée même si elle n'enrichit que très peu l'intrigue (beaucoup de répétitions, je trouve). L'auteure prétend avoir écrit Showstopper en réaction au racisme qui enfle autour d'elle. Pour ça, elle s'inspire des Jeux du Cirque (la passion des Romains) et reprend les mêmes abus et autres excès qui consistent à torturer des esclaves pour divertir une foule en liesse. Certaines scènes sont choquantes mais remarquables car (honteusement) réussies.
Verdit personnel : une lecture glaçante, qui sème parfois le trouble. Les émois amoureux sont de trop ou ont juste été mal exploités. Un deuxième tome doit paraître (Show Stealer).
Bayard (2019) - Traduit par Laurence Bouvard
Munkey Diaries (1957-1982) de Jane Birkin
Cela commence par les souvenirs futiles d'une gamine de 11-12 ans, une petite anglaise rêveuse qui se trouve gauche et quelconque, avec en toile de fond des histoires sur sa famille, sa maman comédienne, son papa engagé dans la résistance, son frère Andrew, sa sœur Linda...
Puis viennent les rencontres amoureuses, d'abord John B. puis Serge G. Une fois encore, c'est une Jane sans fard qui se dévoile. Elle nous livre ses histoires avec la plus grande transparence : ses promesses, ses espoirs, son épanouissement, sa chance, ses peurs, ses déceptions... Tout n'est que passion dans la vie de Jane : donner et recevoir, aucun compromis.
Bien sûr, son bonheur a un prix. Ce journal s'achève au moment où Jane quitte Serge. La séparation est douloureuse. Ses confidences sont d'ailleurs sans filtre et très émouvantes. De manière générale, son récit donne des frissons. D'abord il nous plonge dans le passé, avec une part de nostalgie pour le Swinging London, puis au cœur du cinéma français des années 70 avec ses légendes vivantes (Romy Schneider, Brigitte Bardot, Trintignant, Depardieu, Pierre Richard...) sans oublier un épisode étrange avec Claude François.
Jane évoque aussi son quotidien, rue de Verneuil, ses tournages, ses filles, son souci de tout concilier et de ne se sentir jamais à sa place. Cette lecture est finalement très fidèle à l'image qu'on peut se faire de Jane Birkin : une personnalité fantasque et éthérée. On la retrouve avec ses questions, ses désirs, sa poésie et sa tendresse.
En effet, j'ai trouvé une vraie part d'émotion, pure et sincère, dans ses journaux. On sent la jeune femme à fleur de peau, qui trace son bout de chemin en suivant ses propres règles, à la fois exigeantes et compatissantes, mais jamais sans tricher.
Rien que pour ça, c'est une lecture fascinante car pleine de grâce - à conseiller aussi en livre audio car texte lu par Jane elle-même ! 🤍🌺
©2018 Librairie Arthème Fayard (P)2019 Audiolib
- Lu par : Jane Birkin
- Durée : 11 h 26
Un journal à la fois intime et universel, sublimé par la lecture unique et touchante de Jane Birkin.