Mystère au manoir (Les Nouveaux Détectives #1), par Lauren Magaziner
Quand j'étais gamine, j'adorais les livres « où vous êtes le héros ». J'aimais choisir mes propres pistes et ne pas saisir la perche qu'on me tendait grossièrement. J'avais déjà un sens de la contradiction très prononcé.
Maintenant je trouve toujours sympa de lire des histoires qu'on peut inventer soi-même (mais les ficelles sont grosses, je suis une vieille aguerrie... bouh !). J'ai beau emprunter les chemins de traverse, la partie de rigolade touche trop tôt à sa fin.
Exemple avec ce roman : Mystère au manoir, par les Nouveaux Détectives.
Pour sauver l'agence de sa maman, clouée au lit à cause d'un rhume, Carlos la remplace au pied levé et rencontre une dame très riche qui souhaite retrouver le trésor caché de son défunt mari, sauf qu'elle reçoit des menaces de mort pour l'inciter à quitter son manoir.
Carlos recrute son amie Eliza et son petit frère Frank pour relever le défi. Sur place, les suspects ne manquent pas : l'avocat ambitieux, le majordome irascible, la voisine espionne, le jardinier snobinard ou la fille déshéritée. Tous sont louches et ont plus d'un tour dans leur sac pour déjouer les jeunes détectives avec leurs questions. Aucune discrétion. Les filatures sont mises à nu et selon les indications l'affaire peut se classer sans avoir le temps de dire ouf.
Même pas cinq minutes, pour moi. Carrément tombée dans le panneau. Pff !
Pour les amateurs du genre, c'est une chouette petite lecture.
bayard jeunesse, 2020 - traduit par Eric Moreau
⭐⭐⭐
La Mémoire de Babel (La Passe-Miroir 3), de Christelle Dabos
Un premier temps perplexe devant le changement d'univers et l'absence de personnages familiers, puis conquise par l'exotisme qui déferle pour enflammer notre imaginaire... j'ai donc dévoré ce troisième tome sans autre façon.
Non, il n'est pas parfait mais lui aussi fascine et nous entraîne dans son sillage avec une histoire épatante. Ophélie se fait désormais appeler Eulalie. Elle vient d'arriver à Babel pour retrouver Thorn. S'acclimatant tout doucement aux us et coutumes sur place, elle comprend qu'elle doit intégrer le Conservatoire pour devenir une Virtuose et accomplir sa quête. Or, son apprentissage ne se déroule pas sans heurt. Ses camarades lui en font baver, son aura intrigue et sa supérieure ne cache pas son ambition en voulant ternir sa crédibilité. La jeune fille est maintenant endurcie aux coups bas et les affronte avec stoïcisme car elle n'a plus de temps à perdre.
Quid de l'ancien intendant ? de l'ambassadeur ? de la filleule ? des ombres, de l'autre et de dieu ?
On avance, on avance.
Le talent de Christelle Dabos est remarquable : elle trace ses contours et ses lignes avec une méticulosité chirurgicale. C'est fin, très élégant, drôle aussi. On pourrait se lasser de l'air éberlué et des maladresses de l'héroïne, de ses sacrés coups de chance aussi, sans oublier l'emprise théologique sur l'histoire ou l'ébauche amoureuse balbutiante.
Mais j'aime tout, sans demi-mesure. Et je m'achemine sereinement vers le quatrième et dernier tome... gonflée de bonheur !
©2019 Editions Gallimard Jeunesse (P)2019 Editions Gallimard Jeunesse
- Lu par : Clotilde Seille
- Série : La Passe-Miroir, Volume 3
- Durée : 14 h 20
J'ai complètement oublié mes réserves concernant Clotilde Seille, la lectrice pour la version audio de la saga !
En véritable conteuse, elle parvient à nous envelopper dans sa bulle et nous raconte les traditions, les interdits, les enjeux et les pièges que renferment les arches. Les personnages aussi s'en remettent à sa faculté de surprendre, de charmer et de dépasser les clichés.
J'aime le temps passé à écouter la série par ce biais : c'est une plongée étourdissante pour une expérience vraiment enrichissante.
⭐⭐⭐⭐.5
L'assassin du train (Les Sœurs Mitford enquêtent #1), par Jessica Fellowes
Première déception au moment de découvrir l'histoire : le personnage de Louisa Cannon. Cette jeune femme prend beaucoup de place alors que j'avais imaginé que les sœurs Mitford seraient les pièces centrales.
Louisa est donc la nouvelle nounou de la famille. En fait, elle vient d'échapper à son oncle qui voulait l'utiliser pour régler des dettes de jeu... Entraînée de force, elle a réussi à s'enfuir du train et ainsi rencontrer Guy Sullivan, un policier des chemins de fers. Au même moment, un meurtre est signalé. Le corps de l'ancienne infirmière Florence Nightingale Shore a été retrouvé dans un wagon verrouillé et sans voyageur à bord. Un mystère façon “chambre jaune” qui n'est pas pure fiction mais hélas bien réel (et jamais élucidé).
Jessica Fellowes s'en empare et va même proposer une solution (à mettre entre guillemets) car c'est de la pure présomption. De toute manière, j'ai envie de dire que ce crime est juste accessoire dans ce paysage littéraire. Le roman n'est pas une vraie enquête, les sœurs Mitford font de la simple figuration, on partage la vie de famille avec une Nancy exubérante, passionnée et romanesque... ses parents offrant une image excentrique et guindée. Mais j'en attendais davantage d'où ma déception. Je n'avais pas cadré le personnage de Louisa dans ce rendez-vous (je la trouve sans intérêt).
Par contre j'ai été séduite par l'ambiance, les années 20 et l'aura magique des enfants de lord Redesdale (« Je suis normal, ma femme est normale, mais mes filles sont toutes plus folles les unes que les autres. ») ♥
éditions du Masque, 2018 - traduit par Valérie Rosier
⭐⭐⭐