Farallon Islands, par Abby Geni
Une jeune photographe s'installe pour un an sur les îles Farallon, au large de la Californie. Elle rejoint une équipe de biologistes passionnés mais peu expansifs. Après tout, chacun sa place, chacun son passé, chacun ses non-dits. Elle aussi vient de débarquer avec son désespoir en bandoulière et son chagrin trop lourd. Elle cherche à faire la paix avec son fantôme et s'accommode de cette distance émotionnelle.
Dans cette nature belle et sauvage, une ambiance austère prend place avec une violence omniprésente : les vents soufflent en rafale, l'océan lèche les parois rocheuses pour surprendre les promeneurs étourdis, les oiseaux lancent leur cri de guerre et la brume enveloppe l'archipel pour brouiller les pistes. Ça vibre d'une telle intensité... mine de rien, le suspense gronde !
Finalement, le voile se déchire quand la mort s'engouffre et fait peser le soupçon sur toute la communauté. Les événements survenant brutalement sont très perturbants. D'où cette sensation étrange de maudire ce qu'on aime lire : climat hostile et drames qui s'enchaînent, personnages en plein déni et autres zones d'ombre... Ouch !
Malgré tout, la lecture ne vous lâche pas. L'histoire est hypnotique et intriguante, le décor grandiose mais dangereux. Le ballet est un perpétuel va-et-vient de bon et moins bon. Par contre les goélands... c'est pas possible. Appelez Hitchcock !
Babel, 2019 - Traduit par Céline Leroy pour Actes Sud (2017)
⭐⭐⭐