VENT MAUVAIS CATI BAURScénariste d'une comédie à succès (qui commence à dater), Béranger n'a plus rien écrit depuis quinze ans et sombre peu à peu dans la morosité. Il décide alors de quitter Paris pour la campagne et achète une petite maison située au pied d'un champ d'éoliennes.
Malgré les remarques sarcastiques de ses amis, l'homme est follement enthousiaste et s'extasie du cadre de vie qu'il va offrir à ses deux filles - deux adolescentes en pleine crise. La magie des lieux a d'ailleurs un effet stimulant sur son inspiration car l'homme replonge miraculeusement dans l'écriture.
Autour de lui, pourtant, le monde campagnard ne se contente pas de ronronner. Ses voisins sont accusés d'avoir vendu leur âme et l'étonnante Marjolaine s'impose doucement chez lui, avec son Scrabble sous le bras. Soir après soir, un petit verre en appelant un autre, une relation se tisse et vient lui mettre la tête à l'envers.
Sauf que ce n'est pas tout ça ! Les piliers de comptoir rouspètent, réclament des preuves. Les filles veulent une piscine ou un minimum d'attention. Les semaines passent et la sérénité (fatalement) trépasse.

Je ne vais pas tout vous raconter. Juste vous signaler que cette BD est vraiment géniale même si c'est loin d'être le Festival du rire. Mais quelle ambiance ! Tantôt bucolique, tantôt sinistre. L'histoire est grouillante d'espoir et d'illusion, de vie et de chaos, de doute et de désespoir.
En gros, c'est la trajectoire bouleversante d'hommes et de femmes dans un monde en pleine dérive. Là, des éoliennes sont pointées du doigt, accusées de provoquer des maladies ou de rendre dingue. Toutefois, de belles histoires aussi se dessinent et réservent des instants doux, touchants, émouvants. Et pour orchestrer tout ça, nous avons les dessins de Cati Baur qui dépeignent la vie comme j'aime l'imaginer - entre cocon rassurant et joyeux bordel.
Bref. C'était vraiment bien !

Rue de Sèvres / 2020

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