Victime 55, de James Delargy
Le roman démarre sur les chapeaux de roue avec un individu aux abois que la police pense avoir secouru des griffes d'un serial killer. Gabriel est terrorisé par un certain Heath qui aurait déjà sévi à plusieurs reprises. Victime 55... disait-il.
Peu de temps après, le même scénario se reproduit : le sergent Chandler tombe sur un type qui raconte avoir été séquestré et cherche à fuir le malade à ses trousses. Devinez quoi ? Il s'agit du dénommé Heath, sauf qu'il accuse Gabriel d'être son bourreau.
Sans plus réfléchir, le chef les colle tous deux au trou. Le temps de déterminer qui dit la vérité et qui est le dangereux psychopathe. Pour l'heure, son jugement varie. C'est alors que débarque le FBI avec une vieille connaissance de notre ami - en l'occurrence Mitch Andrews de retour pour afficher sa supériorité. Le novice d'hier a en effet pris du galon et surtout choisi des méthodes peu conventionnelles pour briller devant les caméras !
Entre Chandler et lui, l'entente est donc électrique. Mais leurs chamailleries viennent polluer l'enquête en cours et ne font pas avancer le schmilblick. Résultat, le puzzle est insoluble et l'ambiance carrément paranoïaque.
Pendant longtemps, j'ai eu envie de démêler les nœuds de l'intrigue et de trancher définitivement pour désigner le coupable. J'avais certes deviné deux, trois trucs mais j'ai été aussi surprise par d'autres points. Malheureusement le roman perd de son originalité, le rythme s'essouffle et l'histoire devient trop longue, avec des personnages grossiers et caricaturaux, un dénouement très moyen. C'est contrariant. Sinon j'ai bien aimé les décors rudimentaires de la petite ville de Willbrook (campagne australienne complètement paumée). Temps sec et chaud, poussiéreux et étouffant. On ressent très vite le piège tendu et le contexte difficile. Pour ça, l'immersion est aisée et l'imagination très fertile...
HarperCollins Noir / 2020 / Traduit par Maxime Shelledy & Souad Degachi
⭐⭐⭐
Un assassin parmi nous, de Shari Lapena
J'ai vraisemblablement eu trop d'attentes envers ce nouveau roman de Shari Lapena puisqu'au final la lecture m'est apparue assez convenue.
On retrouve pourtant les ingrédients croustillants à la Agatha Christie avec une ambiance en huis clos dans un hôtel isolé au beau milieu d'une forêt et par une météo hivernale proche de la fin du monde (tempête de neige, coupure d'électricité, routes barrées...). Une brochette de personnages est bloquée dans ce cadre enchanteur qui devient hélas le théâtre de crimes en série.
Une partie de poker menteur s'engage alors entre le couple usé par vingt années de mariage, les deux amies de longue date, les fiancés comblés de bonheur, l'avocat saturé par le boulot ou l'écrivain en panne d'inspiration... L'hôtelier et son fils sont chargés de subvenir à leurs besoins et de tuer le temps avant de reprendre contact avec la civilisation.
Tout ce temps durant, l'assassin va également passer à l'acte et sévir en beauté !
Le plus cruel, pour moi, c'est d'avoir choisi de laisser le premier corps en vrac au pied de l'escalier jusqu'à l'arrivée des secours quarante-huit heures plus tard. Eh oui... c'est assez immonde. De quoi rendre les convives zinzins et vulnérables.
Sinon, grosso modo, le roman n'est pas foncièrement haletant à parcourir. Je suis arrivée au dénouement sans hausser un sourcil. Il me semble surtout que le roman dresse un autre plan, comme une volonté de fignoler les portraits des uns et des autres, de créer une tension psychologique et de planter un décor de rêve qui vire au cauchemar.
Point fort sur l'emballage mais le contenu est somme toute plus classique. L'intrigue se dénoue au terme de turpitudes gentillettes. La lecture est bien distrayante mais n'a pas été pour moi implacable ou bluffante.
©2020 Presses de la Cité, traduit par Céline Cruickshanks. Titre original : "An Unwanted Guest". Cet ouvrage a paru en 2019 aux éditions France Loisirs (P)2020 Lizzie
- Lu par : Marie-Eve Dufresne
- Durée : 8 h env.
Excellente lecture de Marie-Eve Dufresne - une habituée des livres audio - dont j'apprécie le travail et la justesse de ton en applaudissant des deux mains ! Quel véritable plaisir de plonger dans un univers en suivant son tempo... c'était parfait à écouter.
⭐⭐⭐
Champ de tir, de Linwood Barclay
De retour à Promise Falls mais sans l'ambiance croquignolesque des derniers Fausses Promesses - Faux amis & Vraie folie ! Et j'avoue que cela m'a terriblement manqué.
On retrouve cependant les personnages de l'inspecteur Barry Duckworth et du détective Cal Weaver mais disons que les compteurs ont été remis à zéro. Cette fois l'histoire s'intéresse au cas d'un jeune homme détesté par toute une population (accusé d'avoir tué une jeune fille, il a bénéficié d'une remise de peine mais sa sortie déchaîne toutes les passions).
Sa mère a embauché Cal Weaver pour veiller sur lui car elle craint pour sa peau. Véridique. Un site lui consacre d'ailleurs une ferveur pétrifiante à décortiquer ses moindres faits et gestes ou à le pister avec acharnement pour le zigouiller en récoltant l'aval du public. C'est vraiment flippant.
Bon. C'est vrai qu'au départ le Jérémy Pilford fait lever les yeux au ciel et qu'on ne l'apprécie pas beaucoup. Ce n'est pas une raison pour le jeter en pâture. Aussi, on fait l'effort de s'attacher un peu et on s'attendrit devant sa complicité avec Cal. Le privé a bien cerné un truc chez lui et va creuser dans ce sens. Good job !
Si ce n'était ma lubie récente pour Linwood B. (dont l'humour avait fait chavirer mon cœur dans sa précédente trilogie) j'aurais trouvé cette nouvelle lecture frustrante (parce que trop de blabla et une impression de perdre le fil). Mais ce cher Linwood a plus d'un tour dans son sac ! Car malgré ces défauts anecdotiques, je ressors encore une fois conquise et pleinement divertie donc je suis heureuse ! Vivement le prochain.
©2020 Belfond (P)2020 Audible Studios
- Lu par : Benoît Allemane
- Durée : 13 h 45
La voix du comédien est également différente de la précédente trilogie, car plus mature et plus rauque... impression déstabilisante au début, surtout par effet de comparaison. Sinon, très bonne interprétation même si pas celle espérée.
⭐⭐⭐⭐