Tempête d'une nuit d'été, de Meg Rosoff
Au cœur d'une maison plantée sur le sable, une famille retrouve ses habitudes de vacances pleines d'insouciance (lectures, baignades, virées à vélo). Le cadre est planté : la bicoque sent les vieilles tentures, le sel et le renfermé. Les chambres sont petites mais douillettes. Et de toute façon, la vraie vie se passe ailleurs.
Cette année, leur tante annonce qu'elle va se marier et prépare la cérémonie qui se tiendra au cours de la saison. Ça parle théâtre, comme ça parle de fleurs et de dentelle. Rarement un bouquin n'aura su me capturer dans ses filets avec autant de facilité. J'étais conquise, dès les premiers chapitres.
Étourdie par cette atmosphère languide et ce climat lourd, chaud d'un été riche en promesses. Troublée par cette désinvolture qu'on jette dans chaque mot, chaque ligne. Meg Rosoff est unique pour inspirer autant de dévotion.
Mais surtout, elle a ce don pour décrire ses personnages. La famille n'a pas de nom, la narratrice non plus, même si leur valeur n'est pas quelconque non plus. Simplement, l'attention est fixée sur les frères Godden. Le solaire et le taciturne. Car Kit séduit à tour de bras, tandis que Hugo fuit toute compagnie. Et déjà la famille est chamboulée par leur présence.
Dans ce roman, il est donc question d'apprentissage du désir et de la trahison. Un rien qui devient dévastateur. Une relation toxique, puissante et incontrôlable. Cette lecture sait admirablement raconter tout ça, de façon poétique et fascinante.
Sensation fugace d'une lecture bouleversante.
Rageot, 2021 - Traduction de Clémentine Beauvais
⭐⭐⭐.5