♥ Monroerama ♥
Ce weekend, on se délecte en picorant des anecdotes dans un merveilleux ouvrage...
“Imperfection is beauty, madness is genius and it's better to be absolutely ridiculous than absolutely boring.”
par Françoise-Marie Santucci ♦ Stock, mai 2012 ♦ Hors collection littérature française
Crèmes & Châtiments
Amateurs de recettes délicieuses et criminelles, voici pour vous les crèmes et châtiments d'Agatha Christie :
Agatha Christie était une gourmande, qui savait apprécier les bonnes choses autant que la vie. Elle avait un bon coup de fourchette, appréciait les plats lourds et copieux, et avait pour péché mignon la double crème du Devon (un mélange de crème épaisse et de lait cru) qu'elle affectionnait tellement qu'elle en mettait à toutes les sauces ! Ce qui ne sera pas sans conséquences sur la silhouette de la Duchesse de la mort...
Agatha Christie avait un point commun avec Alfred Hitchcock : elle truffait son oeuvre délectable d'une foule de références culinaires. Les recettes proposées ici ne sont donc pas forcément originales, plutôt traditionnelles, ancrées dans la culture britannique (le célèbre breakfast ou le tea time qui semble souffrir d'une désaffection de plus en plus prononcée chez la jeune génération, les auteurs reconnaissent donc à Agatha Christie le soin de la tradition : sandwiches, canapés et pâtisseries accompagnent religieusement le thé de cinq heures).
Voici donc un assortiment culinaire composé du christmas pudding (la légende veut que l'on doive le conserver six semaines dans un endroit frais), de la Mort exquise (chocolat noir, beurre, sucre, raisins secs et Cointreau), du Yorkshire pudding (qui accompagne le boeuf rôti) et des scones (servis tièdes, accompagnés de crème Chantilly, de gelée de groseilles ou de crème du Devon). Le tout, forcément, est mis en scène de façon délicieusement kitsch ...
Ce n'est pas tant le livre de recettes qui m'intéresse, mais plutôt l'objet en lui-même, la joyeuse combinaison entre la gastronomie et la littérature (des extraits des romans d'Agatha Christie parsèment cet ouvrage, de quoi donner envie de replonger dans un ou plusieurs titres !), les petites informations sur la vie de l'auteur, l'importance de la cuisine dans sa vie et donc dans son oeuvre. Dans les livres d'Agatha Christie, on succombait souvent par la faute d'un empoisonnement, ce qui rendait le meurtre plus propre et réfléchi, selon elle. Il fallait flairer pour trouver le coupable, et donc prendre son temps. C'est ce que j'aime le plus dans ce type de romans à suspense, en plus de l'ambiance et du charme britannique. Celles (ou ceux) qui savent et comprennent auront ainsi la même curiosité envers cet ouvrage de François Rivière et Anne Martinetti (également les auteurs de La sauce était presque parfaite, 80 recettes d'après Alfred Hitchcock).
Crèmes & Châtiments - Recettes délicieuses et criminelles d'Agatha Christie
par Anne Martinetti et François Rivière
Photographies de Philippe Asset
Editions JC Lattès / Le Masque (2010 pour la présente édition) - 168 pages - 19,90€
La sauce était presque parfaite (80 recettes d'après Alfred Hitchcock)
par Anne Martinetti & François Rivière
Photographies : Philippe Asset
Editions Cahiers du Cinéma, 2008
(présentation de l'éditeur)
Alfred Hitchcock était le fils d'un épicier en gros de l'Est londonien, et lui-même un bon vivant amateur de bonne chère, ce dont témoignent autant les photographies de ce légendaire metteur en scène que le contenu de ses films. De ses premières œuvres anglaises aux grands chefs-d'œuvre de la période américaine : Marnie, Les Oiseaux, Complot de famille, Hitchcock n'a cessé de faire référence à la gastronomie. Le rituel même des repas est souvent associé à l'action du récit : ainsi le fameux dîner chez la romancière Sedbusk dans Soupçons, le repas de famille dans Jeune et innocent, le pique-nique face à la Principauté de Monaco dans La Main au collet, l'acharnement du policier de Frenzy sur une volaille trop cuite.
Les biographes du très gourmand Alfred ont relaté avec abondance son appétit pour la cuisine bourgeoise française comme pour les rituels anglais (les soles de Douvres, les " pies ", etc.) puis son assiduité aux bonnes tables de Hollywood : Chasen's et Romanoff notamment. Cet ouvrage mêle le récit, par François Rivière, de la vie et de l'œuvre d'Alfred Hitchcock du point de vue des nourritures terrestres, et les recettes retrouvées par Anne Martinetti au fil de scènes mémorables des films, recomposées pour réaliser soi-même les bons petits plats du maître du suspense. Il est organisé géographiquement de Londres à la Côte Ouest des Etats-Unis, en passant par New York, avec quelques voyages dans le monde. De gourmandes soirées Hitchcock entre amis en perspective !
C'est Lily qui m'avait donné envie de lire ce livre. J'ai donc profité de l'offre ^partenariat Livres Alapage^ pour me faire plaisir !
Parce que ce livre est un pur régal, LA bible pour tous les amateurs du grand Hitch. Ce sont des anecdotes, en plus de 80 recettes recopiées d'après la cinématographie du Maître, qu'on découvre, j'ai peine à trouver les mots tant cet ouvrage est excellent, il a su combler ma curiosité et ma gourmandise, j'avais les yeux qui roulaient partout, à chaque page, j'étais friande des détails, admirative des suggestions culinaires (parfois basiques !) et je ne perdais pas une miette des scènes reprises pour illustrer chaque recette, replaçant ainsi dans le contexte les spaghettis au Chutney (Le crime était presque parfait), la truite Chicago Express (La mort aux trousses), l'Hamburger à la cubaine (L'étau) ou la célèbre Pecan Pie (Pas de printemps pour Marnie).
La Sauce Etait Presque Parfaite signe le mariage réussi entre le cinéma et la gastronomie, grâce à Anne Martinetti et François Rivière.
Sur le site de l'éditeur, il est possible de consulter quelques pages.
Une enfance qui porte un nom : Enid Blyton
Quand on m'évoque le nom de François Rivière, je pense aussitôt au spécialiste de la littérature anglaise (auteur de biographies d'Agatha Christie ou Patricia Highsmith) et au lecteur passionné, désormais ému de reconnaissance, pour la grande prêtresse de la littérature jeunesse qui a marqué notre enfance. J'ai nommé Enid Blyton. Enfant, ne vous est-il jamais arrivé de décortiquer ce nom ? Je me rappelle également que l'auteur signait tout d'abord E. Blyton, ce qui exacerbait les plus folles spéculations. Et pendant longtemps, je pesais le prénom d'Enid, une nouveauté pour moi (je n'étais pas bien vieille !), à tel point que je me faisais des films insensés sur la personne qui se cachait derrière !
Un vrai délice de remémorer de tels instants... François Rivière m'offre dans son livre "enid blyton & le club des cinq" le reflet d'un miroir. En chemin pour le domaine de Green Hedges, il nous fait remonter le temps, nous ramène à des étés énervés par l'iode et l'éclat du soleil. La première rencontre avec Enid Blyton a bien souvent le goût des vacances, des jeux de plage ou des flâneries à la campagne. Ce sont les témoins d'un temps révolu, d'une douce nostalgie qu'on peut aujourd'hui considérer mièvre et cucul la praline. Qu'importe.
Présentation de l'éditeur
L'œuvre d'Enid Blyton, dont la partie la plus connue est la série du Club des cinq, passionne et enthousiasme les enfants, alors que le plus souvent elle indiffère les adultes. Il faut croire que François Rivière échappe à la règle puisque les livres, mais aussi le personnage d'Enid Blyton ont irradié son enfance et n'ont jamais quitté sa mémoire. Ses "affinités électives" avec cette littérature enfantine, François Rivière les raconte ici avec tendresse et humour tout en enquêtant sur la romancière. Peu à peu l'auteur découvre l'univers mystérieux et fascinant d'Enid Blyton, son écriture médiumnique, et les aléas de sa vie privée. Brillant, rapide, passionnel, ce livre n'est pas destiné aux jeunes lecteurs de la Bibliothèque Rose, mais à leurs aînés partis à la recherche de leur enfance perdue.
Pour moi, Enid Blyton restera à jamais la maîtresse absolue de l'imaginaire et l'instigatrice de toutes les activités ludiques de notre esprit d'enfant. Les goûts de nos têtes brunes et blondes ont aujourd'hui changé et sont tournés vers d'autres démiurges (dans le genre, JK Rowling n'est pas mal du tout !) mais le jeune lecteur en nous se laissera facilement conquérir par cette madeleine de Proust ! ;o)
Enid Blyton & le Club des cinq, par François Rivière - Les Quatre chemins, 2004.
Ce livre est l'édition revue et augmentée d'un texte paru en 1982 aux éditions Ramsay sous le titre de : Souvenir d'Enid Blyton.
Naturellement, je me tourne ensuite vers le superbe album intelligemment pensé par le même François Rivière : Les héros de notre enfance.
Car avant de savoir lire, de nous plonger vers les petits romans signés E. Blyton, nous avons généralement pris goût à feuilleter des histoires où nous rencontrions (ou retrouvions, car ensuite c'est facile de s'accrocher à une série ! damned) des personnages comme Babar, Tintin, Mickey, Caroline, les Schtroumpfs, Sylvain et Sylvette... Impossible d'en louper un !
Quatrième de couverture
Babar, Winnie l'Ourson, Mowgli, Mickey, Oui-Oui... Avant même de savoir lire, chaque enfant connaît le nom et les aventures de plusieurs héros. La plupart ont traversé les générations : Peter Pan, Tintin, Astérix, l'Alice de Lewis Caroll ou la Sophie de la Comtesse de Ségur. D'autres ont bercé l'enfance ou la jeunesse de nos grands-parents ou de nos parents comme Bibi Fricotin, Bécassine, Zig et Puce... Ils nous ont fait découvrir le plaisir de lire, de s'identifier à un personnage, de rire des mésaventures d'un cow-boy nommé Lucky Luke, de frissonner sur les traces d'une détective-lycéenne ou d'une bande de cinq adolescents intrépides... Tous ont imprimé dans nos imaginations des souvenirs indélébiles. Ce livre magnifiquement illustré propose de retrouver une trentaine de ces héros et surtout, de découvrir leur véritable histoire. Scénariste de bande dessinée, critique, essayiste et biographe, François Rivière est aussi l'auteur de plusieurs romans.
C'est un livre magnifique, enrichi d'illustrations qui proviennent parfois de la collection personnelle de F. Rivière ! Il est de plus truffé d'un texte fort pertinent, simple et aéré, qui ne nous accable pas. Généralement ce genre de lecture penche souvent vers la démonstration érudite et pompeuse, mais ici François Rivière fait tomber le costume. Il préfère la passion, la dévotion à l'étalage d'une culture sans bornes.
Chaque page accueillera un de vos soupirs d'exclamation, un mot ou une pensée. Les souvenirs reviennent au galop, Winnie l'Ourson par exemple. Il est au coeur d'un livre bourré d'humour de l'anglais AA Milne avant d'être éclipsé par la formule des productions Disney... Mais pour moi, il me rappelle les samedis soirs avec Jean Rochefort, trente minutes avant l'arrivée de Zorro, un autre héros !
Notre amie Enid Blyton n'est bien sûr pas absente de cet ouvrage, avec des personnages comme Oui-Oui. Je reconnais maintenant que c'est une lecture atrocement niaise, mais j'ai tout de même passé de sacrées heures au Pays des Jouets avec la famille Bouboule, Mademoiselle Ouistiti, Mirou, Zoum ou les lutins voleurs... Il est bon aussi de rappeler que les illustrations de la française Jeanne Hives ont très vite conquis l'illustre écrivain, dépassant même la renommée des originales signées par Harmsen Van der Beek !
Longtemps l'illustration des livres pour enfants a constitué un sacerdoce réservé aux artistes anglo-saxons, mais Pierre Probst a su chambouler ce monde bien ordonné. De son coup de pinceau, a surgi la silhouette d'une blondinette baptisée Caroline. Deuxième révolution en la matière, car les auteurs français ne mettaient en scène que des garçons ! Bref, Caroline, accompagnée de ses inséparables amis - l'ourson Bloum, la panthère Pitou et le lionceau Kid - va entraîner le jeune lecteur dans des aventures incroyables (on part en Inde ou à la mer, on retape une maison ou fait de l'auto-stop). Oui, j'étais plutôt fan...
Quelques pages plus loin, vous tombez sur des planches des Schtroumpfs ! et là paf ! le sourire vous revient. J'en ai lu des albums de Peyo, appris à orthographier le nom des petits bonhommes bleus à mon instituteur de CE1 et me suis inventée un autre langage très schtroumpfissime ! J'avais même acheté le disque chanté par Dorothée. Gargamel, son chat Azraël, la salsepareille et les schtroumpfs noirs qui croquaient le bout de queue tout rond et transformaient le village entier en une communauté de petits monstres qui faisaient des bonds en bougonnant gnak gnak...
Je vous mets au défi de lire ce livre et de voir défiler le flot de vos souvenirs avec toutes les anecdotes s'y rapportant !
Les héros de notre enfance, par François Rivière - Editions du Chêne / Hachette, 2007.