24/04/18

Pêle-mêle BD en séries : Jack le téméraire - Pile ou face - Le journal d'Aurore

Jack le temeraire face au roi des gobelinsSuite et fin des aventures de Jack, après une première découverte Dans les griffes du jardin maléfique !
Nous retrouvons notre jeune héros et son amie Lilly à la poursuite d'un monstre kidnappeur d'enfant. La petite Maddy a été enlevée sous leurs yeux. Choqué, son frère est parti bille en tête et a escaladé un haricot géant avant de débarquer dans un monde inconnu, peuplé d'ogres et de gobelins.
Mais le temps est compté, et les ennuis ne font que se succéder. Les enfants doivent affronter des hordes de rats dégoûtants, encaisser des coups et des blessures, être séparés dans leurs périples. Une chose est sûre : action, émotion, suspense. Ce trio gagnant déborde de chaque page.
Voilà un deuxième volume bouillonnant d'énergie ! Il est également beaucoup plus visuel - on peut parfois tourner des pages sans texte, juste avec une mise en page époustouflante de couleurs et d'action.
Il y a clairement une grande volonté d'intensifier le rythme et de laisser le lecteur à bout de souffle. Cela fait d'ailleurs son petit effet, car on se laisse embarquer par le dynamisme ambiant.
En s'inspirant librement du conte, Jack et le Haricot magique, l'auteur a réussi une petite prouesse et a combiné sa passion pour la bande dessinée et celle des super héros. Lisez jusqu'au bout, vous comprendrez, clin d'œil aux amateurs de Zita, La Fille de l'espace... ;-)
En bref, c'est vif et intrépide. Une série en 2 tomes épatante pour jeunes lecteurs avides de scènes sensationnelles. 

Jack le téméraire 2. Face au roi des gobelins, de Ben Hatke

rue de sèvres, 2018 

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Pile ou face cap sur l'ile aux tresorsEncore une suite & fin d'une découverte dénichée avec talent par les éditions Rue de Sèvres. Retour donc sur les aventures Pile ou Face dans lesquelles les jumeaux Alex et Cléo tiennent le premier rôle.
Les enfants sont enfin réunis mais n'ont pas dit leur dernier mot pour retrouver le pactole familial. Ils voguent donc sur les océans et comprennent que leur escale finale est auréolée de mystère et de danger.
Toujours à leurs trousses, le pirate Worley multiplie les coups bas et les ruses pour damer le pion. Il va vicieusement profiter du léger conflit fraternel pour distiller son venin et profiter du désœuvrement de l'un pour flouer l'autre.
Une fois encore, le récit nous embarque à la façon d'un roman d'aventures ambiance 19e siècle (pirates, voyages en mer & chasse au trésor). Le scénario est captivant. Il étoffe les personnages, rend plus floue la frontière entre le bien et le mal et souffle un peu de sentimentalisme pour justifier leurs motivations.
C'est bien fait, et les illustrations sont superbes. Seuls manquent à l'appel les frangins Edwin et Silas. Snif, snif.
Encore un beau succès pour cette série en seulement 2 tomes qui invite les lecteurs à l'évasion et l'aventure !

Pile ou Face 2. Cap sur l'île aux trésors, de Hope Larson & Rebecca Mock 

rue de Sèvres, 2017

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le journal d'aurore rien ne va plus

Clap de fin également pour la série adaptée des romans de Marie Desplechin. Pour rappel, le premier tome du Journal d'Aurore avait été une lecture jubilatoire ! ☺ 

Au menu de ce deuxième album : des bouderies, des bouderies et encore des bouderies. Aurore - qu'on ne présente plus - est une adolescente revêche, toujours d'humeur maussade et au regard sans complaisance. Sa famille, ses amis, les garçons, ses cours de français, ses lectures, son groupe de rock... tous passent sous son scan implacable. La demoiselle est impitoyable et n'y va pas avec le dos de la cuillère.
Pour exprimer ses émotions, Aurore a souvent recours à la chanson. Elle écrit, elle dégaine, elle chante haut et fort ce qui lui trotte dans la tête. Cela va de ses sentiments contradictoires pour le batteur du groupe au licenciement abusif de sa mère qu'elle dénonce avec véhémence. Bref, la vie d'Aurore défile, saison après saison, sous le même air faussement rebelle et délicieusement attachant.
Le régime global peut sembler usant, mais l'humour est dérisoire. Et la lecture salvatrice. On papillonne gracieusement dans l'univers d'Aurore - vu par Agnès Maupré - et c'est un tel bonheur pour les yeux. La rencontre avec la tendresse malicieuse de Marie Desplechin se solde évidemment sur un joli succès.
La journal d'Aurore se veut le portrait piquant et authentique d'une ado bien dans son époque. On accuse le choc des générations ou on se fond une place dans le décor avec aisance. On passe, en vrai, un super moment et on regrette la dernière page qui se tourne. La roue tourne, et quand « mes journées sont bourrées d'événements, plus ou moins minuscules, je ne peux plus à la fois vivre des choses à longueur de journée et les écrire. »
Et donc, au revoir, cher petit journal. Certificat d'authenticité. “A été jeune un jour. Incroyable mais vrai.” À plus tard, dans le temps...

Le Journal d'Aurore 2. Rien ne va plus ! de Marie Desplechin & Agnès Maupré

rue de Sèvres, 2017

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19/04/18

Brigade Verhoeven : Rosie, de Pascal Bertho & Yannick Corboz

D'après le roman de Pierre Lemaitre, ROSY AND JOHN, paru aux éditions Le Livre de Poche.

rosie_ brigade_verhoeven

Arrêté pour avoir posé une bombe dans Paris, Jean (John) Garnier avoue rapidement qu'il en a planqué d'autres mais qu'il ne révélera leur emplacement qu'après avoir obtenu gain de cause - des millions, des billets d'avion et la libération de sa mère, Rosie. Celle-ci est incarcérée pour homicide (elle a roulé sur le scooter de la fiancée de son fils). Depuis, elle affiche mépris et indifférence du fond de sa cellule. Camille Verhoeven comprend qu'il détient un épineux dossier. Commandant de la brigade criminelle, il est réputé pour ses méthodes impartiales et ne lâche jamais une affaire avant sa résolution. Le cas du mutique Jean Garnier lui pose un cas de conscience - cet individu mène la brigade par le bout du nez. Verhoeven le sait mais a les poings liés. Il a besoin de temps pour cerner le personnage. Or, le temps lui est compté... Alors il griffonne dans son carnet à dessins pour chasser ses démons et soulager son immense frustration.

Cette adaptation de la série en 4 tomes (à venir) est une première approche pour pénétrer un univers dont on absorbera largement la noirceur et la douleur qui vont en découler. Pour l'heure, ce sont les personnalités d'une brigade hors normes qui s'effeuillent. La lecture révèle en effet une équipe hétéroclite, composée de l'élégant Louis, du parcimonieux Armand et de la nouvelle recrue, Jean-Claude. Mais tous les projecteurs sont braqués sur le commandant, Camille Verhoeven, 1m45 de perspicacité et de défiance. L'histoire dévoile son enfance auprès d'une mère peintre dévorée par sa passion et qui ne se nourrissait que de tabac, d'où le retard de croissance de son garçon. Solitaire et secret, Camille croit de nouveau au bonheur depuis sa rencontre avec Irène... Cette immersion dans l'univers de Pierre Lemaitre est une réussite - rythme, suspense et émotion se bousculent et happent l'intérêt du lecteur jusqu'au bout ! La suite s'annonce prometteuse. ☺

Rue de Sèvres, 2018

 

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17/04/18

Claudine à l'école, par Lucie Durbiano

D'après le roman de Colette
Couleurs de Jeanne Balas et Lucie Durbiano

Claudine à l'école

Dès l'annonce de la parution du projet, je savais que cela allait être un coup de cœur ! Quand l'univers de Colette, avec son héroïne Claudine, rencontre la tendresse malicieuse de Lucie Durbiano, forcément le résultat fait boum.

La lecture nous fait voyager dans le temps - campagne bourguignonne, en 1900 - Claudine a quinze ans et fréquente la petite école de Montigny. L'ambiance est frivole, joyeuse, coquine et insouciante... même si les filles doivent passer le brevet en fin d'année et s'appliquer à ne pas décevoir leur responsable, la rousse Mlle Sergent, qui ne rigole pas avec la discipline. Les adolescentes chahutent et se taquinent, font des yeux de biche à l'approche des garçons, se trémoussent et gloussent. C'est charmant et follement désuet. On craque pour la personnalité polissonne de Claudine, pour son esprit libre et sans concession. Ainsi, elle s'éprend de la nouvelle institutrice, prend la mouche dès que celle-ci devient trop cruche, ne supporte plus les manières obséquieuses du médecin trop pressant et ricane de vanité en apprenant que le professeur de musique en pince pour elle !

Cette bande dessinée m'a donné envie de replonger dans l'œuvre de Colette. Outre l'élégance et l'humour dans son histoire simple, on y respire le parfum de l'enfance, la nostalgie d'une époque surannée et le tabou des amours chuchotées. J'ai beaucoup aimé la subtilité de l'intrigue, où les indices et non-dits sont glissés avec délicatesse. Suggérer sans jamais dévoiler, en gros. C'est beau, c'est intelligent, c'est frais. Difficile de quitter cette école de jeunes filles devenue le théâtre d'une comédie légère et pétillante ! J'ai adoré. ♥

Gallimard Bande Dessinée coll. Fétiche / 2018

 

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13/02/18

Pêle-Mêle : Culottées - Taïpi, Un paradis cannibale - Une saison en Egypte - L'odeur des garçons affamés - Le premier homme

CULOTTÉESLes héroïnes mises à l'honneur par Pénélope Bagieu sont toutes remarquables, culottées et intrépides, elles ont brisé les carcans de leur époque et ont pris leur destin en mains sans peur de brusquer la bienséance ou la morale.
Ce sont des guerrières, des sirènes, des gardiennes de phare ou des créatrices, des médecins ou des exploratrices. Leur fabuleuse destinée nous est donc racontée en quinze portraits, faits de drôlerie et d'impertinence.
Ainsi Margaret Hamilton, l'actrice terrifiante, connue pour incarner l'horrible sorcière de l'Ouest dans Le Magicien d'Oz. Au cours du tournage, celle-ci a été brûlée aux mains et au visage, suite à un incident technique et a longtemps conservé un teint verdâtre, conséquence de la peinture verte qui a imprégné sa peau. Ironie du sort, beaucoup de ses scènes ont été coupées au montage car son interprétation était trop terrifiante ! Ah ah !
Autre personnalité mémorable : l'impératrice Wu Zetian, réputée pour sa grande beauté, destinée à être concubine puis envoyée dans un monastère après la mort de son protecteur. Elle revient en force pour épouser son héritier et va occuper une place importante dans les décisions politiques, favorisant une société récompensée au mérite, revalorisant la place de la femme et renforçant l'influence du bouddhisme. Les historiens officiels sont encore désarçonnés à considérer sa dynastie comme un modèle de réussite et de prospérité !
Et je ne vous parle pas de Joséphine Baker ni de Tove Janson (la maman des Moomins), et encore moins de Josephina van Gorkum (l'amoureuse têtue), car Pénélope Bagieu réussit à le faire avec beaucoup de charme et d'humour !
Très chouette lecture.

Culottées Tome 1, de Pénélope Bagieu

Gallimard BD (2016)

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taïpi paradis cannibaleTom et Toby sont deux matelots qui rêvent d'une autre vie. Lorsque leur baleinier accoste aux larges des îles Marquises, les deux camarades résistent aux chants des sirènes pour se tailler en doute. Ils s'enfoncent dans la jungle luxuriante, avant de croiser l'étrange tribu Taïpi.

Désarçonnés par leur dialecte qu'ils ne comprennent pas, les deux hommes se contentent de hocher bêtement la tête. Puis font rapidement profil bas, ne sachant pas ce qui les attend, mais se fondent dans le décor, participant à la vie de village, à la pêche, à la chasse... avant de comprendre qu'ils viennent de débarquer en plein paradis cannibale.

Cette adaptation du roman de Melville par le duo Melchior et Bachelier est une franche réussite. On a des décors exotiques, de la sensualité, une invitation au voyage, une explosion des sens, l'indolence et la douceur, la séduction, l'imagination, l'aliénation et l'ensorcellement...

On plonge littéralement dans un récit poétique, nourri de fantasmes, de couleurs et de mystères. Cela se découvre, entre émerveillement et appréhension. Et c'est assez spectaculaire.

Taïpi, un paradis cannibale de Stéphane Melchior & Benjamin Bachelier

Gallimard BD (2016)

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Une saison en EgypteSacha, poète désargenté, quitte Saint-Pétersbourg pour visiter l'Egypte et soigner ses poumons fragilisés par un climat trop rude et humide. Au cours de son voyage, il rencontre un couple atypique, artiste et bohème, Alexandre et Catherine Payan.

Le trio devient inséparable et arpente les rues du Caire avec éblouissement. Mais le peintre va tomber sous le charme d'une danseuse orientale, la sublime Asma, pour laquelle Alexandre est prêt à tout abandonner. Éplorée, Catherine demande à Sacha de le raisonner avant de partir pour une aventure faite de drames et de rebondissements.

Une histoire romantique, tour à tour légère, drôle et émouvante, sert prodigieusement cette lecture au charme impénétrable. J'ai beaucoup aimé.

Une saison en Egypte, de Claire Fauvel

Casterman BD (2015)

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L'odeur des garçons affamésDeux hommes et un gamin forment un drôle d'équipage et parcourent les plaines sauvages du Texas : Oscar Forrest, photographe, Stingley, géologue, et Milton, un fils de fermier qui s'est sauvé de chez lui.

Forrest doit répertorier les paysages de l'Ouest mais ne cherche pas à cerner les intentions - troubles - de son employeur. Il a tout à gagner de filer droit car lui aussi est en fuite. 

Ces trois-là ne sont pourtant pas au bout de leurs surprises : poursuivis par un affreux type en noir, un Indien mutique et des mustangs déchaînés. Ils vont également être au cœur d'étranges phénomènes, fouler des territoires interdits. Même le climat au sein du groupe devient plus lourd et déconcertant.

La lecture, qui débute comme un western, revêt très vite des allures de thriller avant de glisser vers une dimension onirique et fantastique. Le résultat vaut franchement le détour ! C'est bluffant.

L'odeur des garçons affamés, par Frederik Peeters & Loo Hui Phang

Casterman BD (2016)

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le premier hommeEt pour finir...

J'ai également beaucoup aimé cette adaptation par Jacques Ferrandez du roman (inachevé) d'Albert Camus.

Jacques Cormery est écrivain et vit à Paris, quand il décide d'écrire sur ses souvenirs d'enfance, en particulier sur son père Henri, mort à la bataille de la Marne en 1914, à seulement 29 ans. Il repart en Algérie où vit toujours sa mère, petite bonne femme craintive, refusant de quitter son quartier. Il se rappelle sa grand-mère, intraitable et tyrannique, dégainant les coups de fouet pour brider les pulsions cabotines du garçons. En grandissant, celui-ci a eu honte de son foyer, sans argent, sans éducation... Lui a cherché à se grandir dans les leçons et à l'école, reniant davantage ses origines.

« En somme, je vais parler de ceux que j'aimais », écrit Albert Camus au sujet de son nouveau livre... lequel ne sera jamais achevé. Les 144 pages du manuscrits seront d'ailleurs sauvées in extremis dans la Facel Vega fracturée contre un platane pour finalement être publiées quarante ans plus tard, sans être retouchées. Camus y convoquait les parfums et couleurs de son enfance, en tournant autour de deux absents : son père et l'Algérie. Il est même dit que Camus rêvait de « concilier passé enfoui, présent tumultueux et avenir espéré ».

Jacques Ferrandez a réussi à en saisir l'essence pour produire un ouvrage remarquable. On se passionne alors à suivre le gamin aux jambes frêles cavaler dans les rues de Belcourt, jouer au foot avec les copains, apprendre à nager, partir à la chasse, régler ses comptes à la récré par des coups des poing rageurs, faire le piquet, voler deux françs à sa famille, aller au cinéma... Tout n'est pas qu'insouciance et billevisées, au loin le climat politique est lourd, menaçant, féroce.

De la tendresse, de la sensibilité, de la justesse. Une BD remarquable !

Le premier homme, de Jacques Ferrandez

Gallimard BD (2017)

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La révolte des Valtis, de Molly Knox Ostertag & Sharon Shinn

La révolte des ValtisCela fait huit ans que les Drix ont envahi la planète pour y piller le kallium, un précieux minérai servant de carburant pour leurs engins volants. La vie n'est désormais qu'oppression et asservissement pour Coline Cavanah et ses semblables, tous contraints au travail en usine sous la coupe du terrible Korso. Hélas, la résistance est encore trop discrète pour inquiéter l'occupant ou source de spéculations fantasmées. De toute façonColine se tient à distance des conflits et vit seule dans la grande demeure familiale, depuis la disparition des siens, jusqu'au jour où elle retrouve sa nièce Lucy et rencontre Jann, qui appartient au gang des Kromats. Ces derniers sont connus pour être instables et violents, même s'ils sont également opposés aux envahisseurs. Contre toute attente, Jann se montre prévenant et impose sa présence comme une évidence... bousculant au passage Coline dans son intention de fermer son cœur à jamais à l'amour. Mais les ennuis s'enchaînent - l'ambiance au boulot devient insoutenable, les agressions se multiplient et les guerres de clans viennent éclabousser sa paisible routine. Bref, tout part en cacahuète. Cette brusque réalité va ainsi précipiter ses choix à s'engager auprès des Valtis et prendre une part active dans la résistance.

Non seulement l'histoire est très bonne, plantée dans un univers de science-fiction (post-apo) solide, avec une intrigue captivante et des personnages attachants, mais c'est aussi un one-shot (histoire complète, sans suite) ce qui semble, aujourd'hui, devenu rare et inespéré ! Je plaisante, bien sûr, d'autant plus que les séries ont également toute mon affection. Simplement, la perspective de se plonger dans une lecture qui nous embarque de A à Z dans son labyrinthe est, de temps en temps, une invitation qui ne se refuse pas. On y fait ainsi la rencontre d'une jeune fille qui pensait se protéger en demeurant solitaire et neutre, mais qui finalement va réaliser qu'elle peut s'épanouir au contact des autres. Il y a donc de l'amour, de l'action, du suspense et de l'émotion dans cette bande dessinée... racontée avec simplicité et efficacité. Une découverte assez inattendue et - forcément - réjouissante. ☺

Rue de Sèvres, 2018

 

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Des chauves-souris, des singes et des hommes, de Paule Constant & Barroux

Des chauves souris des singes et des hommes barrouxCette adaptation en bande dessinée du roman de Paule Constant est étonnante ! Étonnante par ses couleurs, son graphisme, sa mise en page, son histoire aussi... qui est toujours étrange et fascinante, poétique et tragique. J'avais lu et écouté le roman en format audio (lu par Marie-Christine Barrault). J'avais été séduite, scotchée, envoûtée. Cette nouvelle déclinaison n'a fait que confirmer tout le bien que je pensais de cette œuvre !

Pour rappel, l'histoire commence dans un village africain, où une petite fille désœuvrée se console avec une chauve-souris qu'elle a trouvée en se promenant. Pendant ce temps, les garçons de son âge ramènent crânement le cadavre d'un gorille silverback. La dépouille est immédiatement dépecée, mijotée en ragoût et servie à tour de bras pour célébrer l'abondance et la rareté d'un mets aussi raffiné. À côté de ça, on croise aussi une jeune française, dans une mission humanitaire, un sociologue-ethnologue fraîchement débarqué, et un Docteur Désir qui vogue sur le fleuve pour vendre sa camelote. Tous ignorent encore qu'un mal pernicieux est en train de se propager silencieusement, qu'il trace sa route funèbre jusqu'au point final, où alors « le nom d'ebola se répand en lettres rouges dans la presse du monde entier » !

L'histoire est terriblement glaçante, mais elle est racontée avec beaucoup de lyrisme, d'où le décalage et la sensation d'une sentence implacable et abrutissante. Ajoutez la touche de Barroux, avec son univers brut et faussement naïf qui nous transporte au cœur de cette Afrique folklorique, avec ses couleurs, ses exubérances, ses légendes, ses cris et ses larmes. La plongée est stupéfiante. On en prend plein les yeux et on ressent un vrai choc au fil des pages. C'est une belle réussite. Je recommande ! ☺

Gallimard Bande Dessinée, 2018    Feuilleter

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09/02/18

Essence, de Fred Bernard & Benjamin Flao

Essence fred bernard benjamin flao

Autant le dire de suite, j'ai adoré cette histoire et cette BD !

Un type est au volant d'une voiture et traverse un paysage désertique, en compagnie d'une brune sexy qui se fait appeler “mademoiselle”. Assez évasive, elle prétend tout connaître de lui - Achille Antioche - mais veille à ce qu'il fouille dans ses souvenirs pour comprendre où ils sont et ce qu'ils font ensemble. On devine rapidement que le gars est mort et qu'il erre dans un semblant de purgatoire revisité. Au volant de sa bagnole, toujours en quête d'essence, il traverse des décors fluctuants, censés booster sa mémoire en vrac. Et là, apparaît le spectre d'un crime crapuleux. Une sombre histoire d'espionnage et de meurtre. 

Faisons court, faisons bien. Cela se lit d'abord comme un polar. C'est prenant, tragique et mélancolique. En même temps, on baigne dans une ambiance fantasmagorique, étrange et fascinante, avec une histoire qui emprunte des tours et des détours parfois confus et pourtant pertinemment pensés. Tout est cohérent. Bien ficelé. Et surprenant. Les couleurs sont superbes, les illustrations remarquables. Une BD qui envoie du lourd !

Futuropolis, 2018

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Seule, de Denis Lapière & Ricard Efa

seule denis lapiere efa ricardDepuis trois ans, la petite Lola vit chez ses grands-parents dans un village au cœur de la campagne catalone. Trois ans qu'elle n'a pas revu ses parents ni sa petite sœur nouvellement née. Elle est d'ailleurs assez triste de réaliser qu'elle ne se souvient plus de leurs visages ni de leurs voix. Et cela l'angoisse. Toutefois, la vie au village est soudainement bouleversée par la guerre. Les bombardements, les troupes fusil au poing, les exécutions arbitraires. Les villageois ont tous fui en attendant le retour au calme, mais pour Lola le temps s'écoule lentement. Et les questions se bousculent à la pelle. Sa grand-mère blessée, son grand-père part en catastrophe jusqu'à l'hôpital le plus proche, confiant l'enfant aux bons soins des voisins. Mais la fillette décide de s'en aller pour rejoindre ses parents. Un long voyage qu'elle entreprend seule, dans un pays à feu et à sang. 

Inspirée d'après les souvenirs de Lola, 83 ans, la grand-mère de l'épouse de Ricard Efa, l'histoire de Seule raconte un incroyable périple, tantôt palpitant, tantôt invraisemblable et ahurissant. La vision de la guerre est assez crue et réaliste, mais rapportée d'après un regard d'enfant. Du coup, la lecture est riche en émotions et attachante de bout en bout. On reste des yeux ronds comme des billes à suivre cette petite poupée, courageuse et déterminée, sur les routes d'une Espagne livrée aux franquistes.

Futuropolis, 2018


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30/01/18

Quatre sœurs, Tome 4 : Geneviève, de Cati Baur & d'après Malika Ferdjoukh

Genevieve Quatre soeursDernier tome de la série Quatre sœurs, et croyez-moi, le rendez-vous était attendu avec un certain pincement au cœur ! J'ai tout lu trop vite, tout aimé et j'ai profondément soupiré. 
Neuf ans. 584 pages.
Forcément, comme Cati Baur, l'instant est solennel. Et on se sent un peu perdues. Orphelines d'une famille. Avec un vide si grand au moment de tourner la dernière page.
À ce propos, je vous mets au défi de ne pas avoir envie de tout relire et de replonger depuis le début dans cet univers tant aimé des Quatre Sœurs. On en reparle ?
Moi, c'est fait. ☺

Dans cet émoustillant, et néanmoins émouvant, épisode, on focalise notre attention sur la benjamine de seize ans, Geneviève, qui aime l'ordre, la boxe et ses sœurs. L'été venant, toute la tribu Verdelaine a la bougeotte - Bettina part faire du camping avec ses meilleures amies, Enid et Hortense vont rendre visite à leurs cousins vivant à Paris, Geneviève vend des glaces à la plage et Charlie fait le vide dans sa tête en retapant sauvagement la Vill'Hervé. Toutes les cinq nous font partager leurs folles aventures estivales, parfois saupoudrées de mystère, de sensualité et de danger. La jolie Geneviève tombe sous le charme du ténébreux Vigo, Bettina se découvre une passion pour la campagne, les jeunes parisiennes font l'expérience du bruit, du monde, de l'inconstance et de la précarité. Une nuit cauchemardesque plus tard, tout ce petit monde rentre au bercail... dans une Vill'Hervé qui déborde d'âmes esseulées et de petites mains utiles. Ne manque plus que la tante Lutèce pour compléter le tableau ! Mais chut...

On sent venir le dernier tour de piste, trop tôt, trop vite. Mais il est temps pour les sœurs Verdelaine de faire leurs adieux à leurs parents, chacun tire sa révérence, se fait la bise, merci pour les souvenirs et au revoir. Je vous recommande également la lecture en page finale des remerciements de Cati Baur qui expriment avec tendresse cette inexplicable relation qui se noue entre une lecture et un public. 
Tout est parfait. ♥

RUE DE SÈVRES, 2018

 

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29/11/17

Cléopâtre Princesse de l'espace #2: Le voleur et l'épée, de Mike Maihack

Cleopatre princesse de l'espace 2Après l'excellente introduction du tome 1, on retrouve l'héroïque Cléopâtre dans de fabuleuses aventures qui mêlent amitié, action, humour et science-fiction. C'est franchement génial ! La future souveraine a été téléportée dans un monde bardé de technologies nouvelles, pour apprendre qu'une prophétie avait annoncé son arrivée, car elle est destinée à sauver la galaxie. Au lieu de tomber à la renverse, l'intrépide Cléo ne cache pas sa joie à l'idée de s'entraîner au tir et de brandir un pistolaser. Toutefois, elle ignore encore ce qu'on attend d'elle - récupérer un sabre sacré au milieu d'une horde de robots-zombies ? check. Mais d'autres enjeux restent à venir. 
Le soir du grand bal des flocons, auquel Cléo se rend pour ne pas décevoir son amie Akila, notre casse-cou trompe son ennui en rencontrant Zaïd, le bad boy de la classe, puis comprend qu'un intrus s'est faufilé sur la base pour dérober la précieuse épée de Kebechet. Sans hésiter, elle se lance à sa poursuite avant d'être contrainte à renoncer. La jeune fille va également apprendre l'origine de sa venue dans le futur et ainsi comprendre que son sort n'est plus entre ses mains, car elle peut à tout moment être renvoyée chez elle, avec ou sans son consentement, si les deux tablettes temporelles sont réunies. 
Pour empêcher cette catastrophe, Khensu, le mentor de Cléo, organise une grande expédition vers Hykosis et espère intervenir à temps pour contrer les plans d'Octavien - un semblant de Dark Vador qui rêve lui aussi de conquérir la galaxie et a engagé le voleur pour dérober l'épée de la fille d'Anubis. Dans quelles intentions ? Le conseil ne se doute de rien mais redoute le pire.
Ce deuxième épisode de la série confirme largement son potentiel en assurant une lecture débordante de couleurs, de pep's, de scènes d'action et de mystères saupoudrés à haute dose. Le graphisme aussi est éclatant et fait étalage de pleines pages de courses ou d'acrobaties tout à fait impressionnantes. Une très chouette bande-dessinée, originale et enthousiasmante.

Milan, coll. Grafiteen, 2017 - Trad. Marion Roman

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