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Chez Clarabel
18 novembre 2006

Echappée de lecture

"Miroir, vilain miroir, qui est la plus laide du pays ?

Ses yeux sont ronds comme des olives. Lorsque des hommes d'affaires en quête de paradis fiscal tombent amoureux de la princesse de Suzelande, ils ne manquent jamais de vanter l'intensité de son regard. Il faut bien trouver quelque chose. Avec son menton en galoche, son nez opéré deux fois, son acné, ses jambes comme des  bouteilles de Perrier à l'envers et la bouée de sauvetage qui lui tient lieu de taille, elle ferait débander un godemiché, la princesse Amélique. "

A conserver au frais - Isabelle Sojfer

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5 novembre 2006

Echappées de lecture

" J'ai comme tout le monde des fragilités. Quelques araignées poilues dans ma tête tricotent des envies absurdes. Des bourdonnements sourds d'insectes s'agitent entre chacune de mes pensées. Mon cerveau est lui aussi quelquefois picoré de toutes parts, comme des moineaux gourmands sur une grappe de raisins mûrs. Une impression d'âme en fuite lorsque je suis fatiguée.

(...) Je garde mon propre temps, le désir d'être souvent seule et des étoiles voletantes au-dessus de moi. La folie est un possible pour chacun. "

" Depuis notre premier baiser, j'ai une méduse à la place du coeur qui me pique, m'irrite et me réveille la nuit. Rien ne sert de soigner mes vertiges voyageant en pierres précieuses, émeraudes et turquoises, tourmalines. Etre sourde me convient très bien. Ma vie tourbillonne tellement plus depuis. "

Perspectives de paradis, Bénédicte Martin

23 octobre 2006

Echappée de lecture

" L'écrivain écrit sans cesse. Ce torrent de mots qui bouillonne constamment dans son cerveau est la particularité du romancier. J'ai rédigé beaucoup de paragraphes, d'interminables pages et un nombre incalculable d'articles tout en promenant mes chiens, par exemple : dans ma tête, je déplace les virgules, change un verbe pour un autre, peaufine un adjectif. Il m'arrive parfois de rédiger mentalement la phrase parfaite et, si je ne la note pas à temps, je ne la retrouve malheureusement plus. J'ai souvent ronchonné en essayant désespéremment de récupérer ces mots exacts qui avaient illluminé un instant l'intérieur de mon crâne avant de disparaître à jamais dans l'obscurité. Les mots sont pareils à ces poissons des grandes profondeurs, un simple scintillement d'écailles au milieu des eaux noires. S'ils se décrochent de l'hameçon, on a peu de chance de les repêcher. Les mots sont rusés, rebelle et fuyants. Ils n'aiment pas être domestiqués. Dompter un mot (en faire un cliché) c'est le tuer. "

La folle du logis - Rosa Montero

20 octobre 2006

Echappée de lecture

" En trois mois, on peut aller dix-huit fois à la mer, passer vingt-six après-midi avec ses petites-filles, quatre-vingt-douze jours avec sa femme, manger neuf gueuletons, et trente-deux fois des huîtres, regarder cinq matches de foot, faire une après-midi de bateau, passer quatre soirées avec ses anciens collègues de la marine, faire cinq fois la cuisine pour toute la famille, refaire une fois le chemin de halage le long de la rivière, se prendre une cuite au Ricard avec ses copains du service militaire, essayer de répondre aux questions de soixante-dix-neuf émissions de "Questions pour un champion", aller rire un soir au théâtre de la ville, partir dix jours à Séville et se refaire une lune de miel.

Trois mois, c'est sept millions sept cent soixante-seize mille secondes. "

Une seconde de plus, Delphine Coulin - Grasset

13 octobre 2006

Echappée de lecture

... " Ayant échangé nos adresses, nous nous dévisageons, hésitant à nous dire au revoir. "Puis-je vous poser une autre  question, une question très discrète ? " Elle hoche la tête et je demande : "S'agit-il de lettres d'amour ?"

Elle semble stupéfaite, et je crois d'abord l'avoir offensée. "Oui", dit-elle. Ses yeux brillent. "Des lettres d'amour de la vie. Voilà ce qu'elles sont. "

Après que je l'ai aidée à monter dans sa voiture, Marjorie Guernsey-Jones baisse sa vitre : "Vous auriez été mon préféré aussi."

Jours de juin - Julia Glass 

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10 octobre 2006

Echappées de lectures

(...)  Ah ! comme elle savait prendre ma sympathie à la glu de sa séduction !... Chère Diana.... Je n'éprouvais pour elle nul désir malséant, mais je l'aimais vraiment comme une soeur, une soeur au cerveau déséquilibré, à peine responsable de ses actes, incapable de discerner le bien du mal. Je l'aimais avec l'indulgence qu'il faut avoir pour une créature de luxe, pour une femme différente des autres, échappée au gabarit de la norme.

Pourquoi devrions-nous classer toutes les femmes d'après quelques modèles courants exposés au bazar de la Destinée ? La Femme Fatale, la Femme Froide, la Femme Honnête, la Femme Légère ? Quel naturaliste orgueilleux oserait affirmer les caractères spécifiques d'une femme froide qui, demain, sera légère sans transition, ou d'une femme fatale qui, un jour, brûlera ses armes sur le seuil de l'honnêteté ?

J'ai beau fouiller avec mon scalpel les fibres fugaces de son âme désaxée, je ne parviens pas à situer Diana dans l'un des plans de l'éthique moderne. Elle est le produit d'un duc libertin marié avec une Ecossaise sentimentale et romantique, nourrie de Walter Scott, élevée sur les rives élégiaques des lochs aux eaux tranquilles. Sa grand-mère maternelle fut une remarquable femme d'affaires, qui menait ses highlanders à la baguette, dans son domaine de Laurencekirk, et son grand-père paternel fut une gentilhomme-poète apprécié à Edimbourg, qui exprimait, en des ballades archaïques, la nostalgie de son coeur. Diana a hérité tout cela... La logique, quand elle le veut, ne lui est pas étrangère, à moins que ses sens ne l'asservissent quand la lune du mois synchronise la tension électrique des nuages et le pouvoir grisant d'un parfum. Affranchie des contingences morales, elle vit sa vie, égoïste jusque dans ses gestes généreux, cruelle et bonne, voluptueuse à froid, puérile, rouée, selon les heures, selon le diapason de ses désirs, selon les impulsions non prévisibles d'une fantaisie toujours en éveil.  (...)

La Madone des Sleepings, Maurice Dekobra  -  Zulma.

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