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Chez Clarabel
15 décembre 2017

Power Club #1 : L'apprentissage, de Alain Gagnol

Power ClubImaginons qu'en 2038, devenir un super-héros ne serait plus une utopie mais une réalité. Anna n'est pas née sur Krypton, elle vit à Paris avec sa famille et vient de décrocher le précieux sésame pour rencontrer la directrice du Power club à New York. En fait, ses parents très riches ont joué de leurs relations et payé une somme colossale pour surprendre leur enfant le jour de son dix-septième anniversaire.
Le Power Club fait rêver la jeune génération, car leurs membres incarnent le glamour, la notoriété et le spectaculaire. Très vite, Anna est étourdie par cette nouvelle existence faite de soirées arrosées, de fêtes endiablées, de strass et de paillettes. Les caméras sont braquées sur elle - sa fraîcheur fait des ravages. Et n'oublions pas qu'elle incarne aussi la super-héroïne farouche et intrépide, qui fait se pâmer des foules entières. Anna vit un rêve éveillé... Pourtant, elle s'interroge peu à peu sur son libre-arbitre, les dommages collatéraux, les contrats verrouillés, la frénésie médiatique, le paraître etc. Elle remet en doute les principes fondamentaux du club. Et lorsqu'un individu l'approche pour lui ouvrir les yeux, tout bascule. 

Que de rythme, d'énergie, de passion et de candeur dans cette lecture qui se dévore en un rien de temps ! Je n'ai pas boudé mon plaisir - l'histoire est captivante, avec des scènes d'action pêchue, de l'humour, du suspense et une vraie héroïne attachante. On a, de plus, la sensation grisante d'être dans sa peau. On ressent comme elle l'ivresse du succès, la plénitude d'être en communion avec ses boosters, on survole les toits de Manhattan, on sauve des vies, on arrête des malfrats, on attire l'attention et on jubile intérieurement. Mais inversement, on comprend également que tout n'est pas rose, tout n'est pas lisse, tout n'est pas abnégation et amour. Et on se lance avec la même ferveur dans une enquête délicate pour mettre à jour un complot implacable. C'est très, très bon ! Foncez. Moi je lis déjà la suite #2 : Ondes de choc.  

Syros, 2017

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11 décembre 2017

La Quête d'Ewilan #3 : L'Île du destin, par Pierre Bottero

Ewilan l'île du destin 3Troisième tome de la série - désormais l'univers est planté, les enjeux sont déterminés, le rythme s'intensifie et les personnages embrassent leur destinée sans frémir.
Ewilan a compris qu'elle ne pourra jamais mener sa mission sans l'aide de son frère et doit donc retourner dans l'autre monde pour l'enrôler bon gré mal gré. Ce nouveau pas de côté a du bon, puisqu'il va notamment permettre à la jeune fille d'éclairer les circonstances de son adoption et relancer l'enquête de la police avec une arrestation impromptue ! Salim et Bjorn se mettent dans de beaux draps, et le lecteur savoure ce moment. ☺
À Gwendalavir, l'aventure se poursuit également. Entre les Ts'liches, les Sentinelles ou les Frontaliers, les conflits grondent mais les affrontements s'émoussent. Finalement, l'histoire tire sa révérence en traçant des points de suspension ; une partie du problème a sans doute trouvé sa solution, mais la lutte contre le mal est loin d'être terminée. 
Clap clap clap de joie. Je suis évidemment séduite par la perspective de me lancer dans un nouveau cycle de lecture. Près de quinze ans après sa publication, la série conforte son souffle, sa force, sa richesse. J'envie les jeunes lecteurs de découvrir cet univers fantastique et captivant - avec son héroïne courageuse et attachante. L'histoire est pleine de tours et détours cachés, aux inspirations nombreuses et à l'imagination florissante.
Pour moi, je n'envisage plus de la suivre autrement qu'en livre audio. Kelly Marot, qui est aussi la voix française de Katniss dans Hunger Games, est une interprète talentueuse et agréable à écouter. Elle joue habilement avec les émotions, l'humour et le suspense. C'est tout bon ! Je suis définitivement conquise.

©2003 / 2006 Rageot Éditeur, Paris (P)2017 Audiolib, texte lu par Kelly Marot (durée : 6h 32)

1 décembre 2017

Vingt-quatre heures dans l'incroyable bibliothèque de M. Lemoncello, de Chris Grabenstein

Vingt quatre heures dans l'incroyable bibliothèque de M LemoncelloKevin vient de remporter le concours pour découvrir en avant-première la fantastique bibliothèque de Luigi Lemoncello et ainsi passer une nuit complète pour tout explorer avec onze autres camarades du même âge. Peu avant la délivrance, l'excentrique mécène leur propose de participer à une nouvelle partie, avec pour immense plateau de jeu la bibliothèque elle-même. Le but ? Réussir à en sortir dans les vingt-quatre heures. Comment ? En résolvant une multitude d'énigmes et en dénichant les indices savamment planqués par-ci, par-là. Deux équipes s'affrontent, les petites cellules grises sont en action... un, deux, trois, lisez !
Les amoureux des livres ne peuvent que succomber au charme de cette lecture, qui nous transporte dans l'univers fabuleux des rayonnages à perte de vue, où des milliers de bouquins sont alignés comme de bons petits soldats, avec des références à foison et des invitations à picorer à satiété. Miam, miam. Mais la bibliothèque de M. Lemoncello réserve aussi son lot de surprises, avec son aspect avant-gardiste incluant des hologrammes ou des échelles électromagnétiques pour parcourir les étagères et piocher le livre choisi. On reste comme des mômes, les yeux écarquillés et éblouis par de telles merveilles techniques qui côtoient en parfaite osmose les belles reliures et les archives plus traditionnelles.
L'histoire, ensuite, est un clin d'œil au roman de Roald Dahl - Charlie et la chocolaterie - et son incroyable Willy Wonka qui ouvre les portes de son usine à cinq enfants et leur famille pour partager sa grande passion. Les jeunes convives de M. Lemoncello pénètrent aussi l'antre secret, mais doivent montrer patte blanche, respecter les consignes et déployer des trésors d'ingéniosité pour décoder les rébus et autres devinettes de ce jeu grandeur nature.
Il règne une véritable effervescence dans l'histoire, un excès d'enthousiasme débordant, qui peut tourner la tête ou créer une sensation de vertige. Je craignais, au départ, ne pas être à ma place, pour finalement y adhérer à fond et avoir envie de participer à cette chasse au trésor. J'ai trouvé l'enquête passionnante. Bien ficelée, truffée de détails littéraires, mais aussi joyeuse et inattendue.
En bref, c'est une lecture qui s'adresse à tous les grands amateurs de jeux - plateau, mots, vidéo - et qui rayonne de bienveillance. La traduction d'Anath Riveline propose également de savoureuses alternatives aux œuvres originales... pour des choix très judicieux !
Un parfait petit bouquin qui fera plus d'un heureux. Je recommande.
♥ 

Milan, 2017 - Trad. d'Anath Riveline

Illustration de couverture : Golden Cosmos

 

28 novembre 2017

La Reine scarabée, de M.G. Leonard

Après Scaraboy, les aventures de Darkus et son scarabée Baxter continuent ! 

La Reine scarabée

Son père tiré des griffes de Lucretia Cutter, Darkus imaginait que leur vie reprendrait son cours normal. Erreur. Outre la soudaine disparition de leur ennemie - et la probabilité d'un nouveau plan machiavélique en gestation - l'attitude du professeur Bartholomée Cuttle s'avère aussi préoccupante. L'homme semble s'impliquer plus que de raison dans l'éducation de son fils mais veut serrer la vis. Il lui interdit notamment de partir en vadrouille avec ses amis, Bertold et Virginia, et ne cesse de le mettre en garde contre les scarabées. Darkus est scandalisé. Son père a déjà oublié qu'une armée de coléoptères est venue à sa rescousse et que seule Lucretia est indigne de confiance. Désemparé, le garçon se confie auprès de ses proches, mais tous lui conseillent la prudence. Et c'est là que le professeur Cutter disparaît à nouveau... 
De son côté, Lucretia Cutter a effectivement élaboré un autre plan d'attaque - lequel devrait connaître son apothéose en pleine cérémonie des Oscar ! Sa rouerie est démoniaque, son ambition dévorante, ses expériences n'ont plus aucune limite, ses alliances donnent des sueurs froides, et ses agissements ne paraissent nullement inquiétés. C'est donc en toute quiétude qu'elle s'envole pour Los Angeles avec sa précieuse garde du corps, Ling Ling, et sa fille Novak. 

Surprenant et plein d'entrain, ce deuxième tome assure un bon moment de lecture avec une histoire qui tient la distance et des personnages qui ne reculent devant rien. Notre trio de choc - Darkus, Bertold et Virginia - encaisse les coups durs, fait front face aux trahisons et secrets en tous genres, se heurte aux contraintes familiales, tergiverse mais se lance avec fougue dans l'aventure - leurs scarabées télépathes toujours bien nichés dans leur poche ou leur chevelure. La tension est plus palpable, heureusement les deux nigauds, Humphrey et Pickering, apportent un peu d'air frais à cette atmosphère cryptique. La série prend de l'ampleur et ne prend surtout pas ses lecteurs pour des patates - une bonne découverte !

seuil jeunesse, 2017 - trad. Amélie Sarn

 

27 novembre 2017

Everything, everything, de Nicola Yoon & lu par Nastassja Girard

everything everything

Maddie est atteinte d'une maladie rare - système immunitaire défaillant, syndrome de l'enfant bulle - ce qui la contraint à vivre cloîtrée chez elle, entourée de mille précautions. Âgée de dix-huit ans, la jeune fille n'a connu que les murs blancs de sa chambre et la vie dans les romans. Ses seules amies sont sa mère médecin et son infirmière, Carla. Puis débarque Olly, dans la maison voisine. Avec ses vêtements noirs, ses cheveux fous, son allure de saltimbanque qui gigote partout, il attire l'attention de Maddie qui le fixe derrière sa fenêtre. Lui aussi finit par la remarquer et toque chez elle armé d'un kouglof. Commence peu à peu une étonnante relation, entre pudeur et curiosité, méfiance et compassion, attirance et émotion. 
Pour avoir déjà été lu au printemps dernier, le roman n'offrait plus le même effet de surprise mais a su me toucher envers et contre tout, car l'histoire est clairement adorable, douce et attachante. Dès lors qu'on se familiarise avec l'univers de Maddie, on pénètre son intimité et on partage ses échanges avec son voisin. Toute cette période d'apprivoisement est délicieuse et on suit avec bonheur les petits messages échangés en cachette sur internet, et avec eux, les premiers émois et les papillons qui explosent dans le ventre. On retrouve auprès de Maddie toute la joliesse d'une idylle naissante, sa fraîcheur et sa candeur, et c'est exquis.
Mais tout n'est pas simple non plus, car Maddie souffre d'une maladie grave et prend conscience de mener une existence plate, privée de liberté et couvée par une maman omniprésente. Là, j'étais tiraillée entre le désir de l'adolescente qui rêve de crever sa bulle, tout en veillant à ne pas décevoir sa maman, et justement le dilemme de celle-ci, angoissée de perdre son enfant, quitte à l'étouffer. L'histoire laisse ainsi apparaître des failles dans cette belle relation mère-fille, entre le dévouement de l'une et la tentation de nouvelles expériences de l'autre, le sas de sécurité est prêt à exploser ! 
J'ai donc apprécié différemment cette relecture, en y retrouvant toutes les sensations grisantes de la première fois, mais en savourant autrement la perspective d'une histoire racontée en toute simplicité et avec une touche de magie. Comme souvent, chez Audiolib, c'est la comédienne qui double en français l'actrice du film (Amandla Stenberg) qui est également choisie pour enregistrer le roman. Nastassja Girard, en l'occurrence, propose une interprétation subtile et sensible du récit, ce qui rend l'écoute très agréable. 
Une bonne pioche / découverte / relecture / révélation... au choix !  

(P)2017 Audiolib. Texte lu par Nastassja Girard (durée d'écoute : 5h 37)

©2016 Bayard Éditions. Trad. française : Eric Chevreau 

 

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9 novembre 2017

Cinq centièmes de seconde, de Lois Lowry

Cinq centièmes de secondeL'université où travaille le père de Molly lui offre un an pour achever son roman. Profitant de l'occasion, la famille part s'installer à la campagne et loue une maison appartenant à un certain Will Banks. Le vieil homme, attaché à sa terre, livre à l'adolescente son histoire personnelle avec des trémolos dans la voix, mais va surtout lui inspirer ses premiers clichés photographiques et conduire à une passion qui ne faiblira pas. À la maison, l'ambiance aurait pu être meilleure si seulement Molly et sa sœur Meg ne partageaient pas la même chambre. Meg est l'aînée de quinze ans, c'est une jeune fille solaire, toujours entourée d'amis et très à l'aise dans le monde. Contrairement à Molly, sa cadette de deux ans, qui se juge quelconque et transparente. Malgré leur attachement, leur relation n'est pas de tout repos car les deux sœurs ont du mal à se comprendre et se chamaillent pour des broutilles. Toutefois, lorsque les sautes d'humeur de Meg viennent révéler un mal plus profond, c'est toute la vie de Molly qui prend un nouveau tournant. La jeune fille se voile la face et court se réfugier chez Will, avec qui elle parfait sa technique photo, et rencontre ses nouveaux voisins, Ben et Maria, qui attendent un heureux événement.

Cinq centièmes de seconde, c'est le temps qu'il faut pour “figer à jamais une émotion, une image, une révélation”. Et croyez-moi, la lecture de ce roman m'a broyé le cœur. J'ai fondu en larmes alors que l'histoire pressentait le drame et les sanglots, mais voilà, un soir de blues, plus à fleur de peau que jamais, j'ai lâché les écluses. L'histoire est attendrissante, et forcément émouvante. Elle parle de la famille et des relations parfois tendues entre sœurs, surtout à l'adolescence où les passions sont exacerbées et les malentendus nombreux viennent creuser inutilement le fossé. Ce roman, qui date en fait de 1977, dégage aussi une ambiance vintage délectable et dépaysante. J'ai aimé flâner dans cette campagne silencieuse et isolée, regarder à travers l'objectif de l'appareil photo, bêcher le jardin et planter des légumes, admirer la couture du patchwork... C'est une ambiance hors du temps, qui cadre à merveille avec ce portrait de famille tout en délicatesse. Très beau, très touchant.

Et je fais mienne cette citation : « Le temps passe et la vie continue ; il faut bien la vivre. Au bout d'un certain temps, on se souvient davantage des bonnes choses que des mauvaises. Puis, petit à petit, tout ce que le silence a vidé se remplit à nouveau de rires et de mots et les bords ébréchés de la tristesse sont lissés par les souvenirs. »

Casterman, 2017 pour la présente édition (préalablement paru sous le titre “Un été pour mourir” en 1993)

Traduction de Laurence Kiefé [A Summer to Die]

8 novembre 2017

La Belle et la Bête : Histoire éternelle, de Jennifer Donnelly

LA BELLE ET LA BETEPrisonnière du château de la Bête, Belle a su rapidement toucher le cœur de ses résidents. Les domestiques sont fous d'elle et, malgré ses dehors bougons, la Bête aussi s'adoucit en sa présence. Pourtant, la jeune fille est préoccupée par la santé de son père, sachant hélas qu'elle n'obtiendra jamais gain de cause pour le voir. Prisonnière elle est, prisonnière elle restera. Désireux de lui plaire, la Bête offre à Belle l'accès exclusif de la bibliothèque du château, espérant que son amour de la lecture chasse son humeur chagrine. Belle est charmée et explore les moindres recoins de ce cocon douillet. C'est ainsi qu'elle tombe sur un livre enchanté, qui la fait basculer dans un décor tout aussi féerique. À Nevermore, elle rencontre une comtesse qui la chouchoute et lui fait la promesse de retrouver son père dans ce monde, si elle accepte de rester. Belle pense vivre un rêve éveillé et succombe à la tentation.

Jennifer Donnelly propose ce charmant interlude pour accompagner l'histoire originale de La Belle et la Bête et ne lésine pas sur les douceurs sucrées pour engourdir le lecteur. Tout est onctueux, romantique et magique. On voit venir toutes les ficelles de l'intrigue, on soupire d'agacement devant la naïveté de l'héroïne et on ne tremble pas d'impatience dans l'attente du dénouement. Mais le rythme est vif et piquant, de quoi proprement emballer un jeune public. Pour ma part, peu sensible à la magie de Disney et n'aspirant aucun goût pour le film de Bill Condon, avec Emma Watson, cette Histoire éternelle n'a pas eu l'effet escompté - pas d'envoûtement, ni de fascination avec étoiles dans les yeux, ça m'a semblé plutôt godiche et sentimental. Mais je ne doute pas que la magie opère pour les incurables romantiques, qui jugeront la lecture adorable et merveilleuse.

Techniquement, la version audio est lue par Manon Azem, la voix française de l'actrice Emma Watson. Tout, ou presque, est impeccable - j'ai juste trouvé la prononciation des termes anglais trop exagérée. Et l'absence de toute bande sonore est assez déconcertante. C'est la première fois que cela arrive chez Audiolib ! 

©2017 Disney Enterprises, Inc.  / Hachette Livre. Traduit par Christophe Rosson

(P)2017 Audiolib. Lu par Manon Azem, la doubleuse officielle d’Emma Watson, notamment dans Harry Potter. 

25 octobre 2017

GRUPP, de Yves Grevet

GRUPPStan et ses parents tombent des nues en apprenant l'arrestation de Scott, l'aîné de dix-sept ans, soupçonné d'être à la tête du GRUPP. Ce mouvement, constitué de protestataires pacifiques, cherche à s'émanciper de la société LongLife qui a la mainmise sur leur vie grâce à des implants qui gouvernent non seulement leurs pensées et leurs actes, mais qui traquent aussi les moindres faux pas. C'en est trop pour ces jeunes gens épris de liberté et d'indépendance. Ils ont donc choisi de mener leur rébellion en sortant en douce et en organisant des fêtes clandestines, tout en dessinant des graffitis sur les murs. Rien de méchant, jusqu'au jour où un des garçons de la bande décède accidentellement. Scott est envoyé en prison, sa famille est effondrée. En premier lieu, son frère Stan cherche à comprendre et à obtenir des réponses. Il fouille, il piste, il enquête sans relâche. Par contre, il sent également le danger poindre. Des individus lui collent au train, s'introduisent dans la maison et envoient des messages de mise en garde. De son côté, Scott se ferme comme une huître et refuse de parler à ses proches. Sa vie en prison est un enfer. Et malgré une libération anticipée, le garçon est marqué à vif et n'est plus que l'ombre de lui-même.

C'est toujours grisant de plonger dans un roman de Yves Grevet, car on ne sait jamais d'avance ce qui nous attend. Cette fois encore, le rendez-vous a été à la hauteur des espérances - ce sont 520 pages d'une densité époustouflante. On se glisse dans un monde d'espionnage et de suspense en tâtonnant à l'aveugle. C'est lent, c'est bon, c'est excitant. On ne pressent rien des pistes à venir, on explore et on goûte à toutes les éventualités d'une intrigue rondement menée. Car, de fil en aiguille, le lecteur se remet en cause et étudie la perspective d'un avenir qui prône la sécurité au-dessus de la liberté. Du Yves Grevet pur jus. Avec sa construction minutieuse, ne laissant rien au hasard, le roman nous absorbe donc avec avidité et nous entraîne dans un dédale de décryptages autour d'une organisation secrète et d'une société ultra sécuritaire. Les clans s'opposent, les enjeux aussi. Très bon point pour cette lecture riche et pénétrante !

Syros, 2017

Pour rappel, Yves Grevet est notamment l’auteur de Méto et l'un des auteurs de la série U4 (Koridwen). Les thèmes qui traversent ses ouvrages sont les liens familiaux, la solidarité, la résistance à l’oppression, l’apprentissage de la liberté et de l’autonomie. La trilogie Méto, qui l’a fait connaître, a été récompensée par 14 prix littéraires.

24 octobre 2017

Les valises, de Sève Laurent-Fajal

Les valises

Sarah, quinze ans, se rend en voyage scolaire en Pologne où elle visite avec sa classe le camp d'Auschwitz. Pudique et solitaire, l'adolescente ressent un grand froid l'envahir en découvrant l'amoncellement des valises abandonnées ayant appartenu aux millions de déportés juifs. Prise de vertiges, elle a des visions de scènes sur un quai de gare où des enfants sont arrachés à leurs parents. Muette, angoissée d'horreur, Sarah se ferme comme une huître. Car tout ceci l'amène à réfléchir à ses propres origines.

Sarah vit seule avec sa maman, elle ignore qui est son père, ne sait rien de sa famille. Toutes deux sont cloîtrées dans leur bulle de silence et d'isolement, mais la jeune fille n'en peut plus et a envie que ça change. Seulement, le soir où elle s'arme de courage pour discuter avec sa mère, Sarah apprend que celle-ci a eu un accident et se trouve dans le coma sur un lit d'hôpital. Abrutie de chagrin et de désespoir, Sarah n'abandonne pas l'idée de fouiller le passé de sa mère et comprendre le mystère autour de sa naissance.

Quel doux roman ! Charmant, émouvant, totalement bouleversant. J'ai été littéralement captivée, complètement absorbée par la quête identitaire, par le cataclysme émotionnel et par les montagnes russes sur lesquelles surfent l'héroïne. C'est intuitif, l'histoire vous touche en plein cœur tant elle est éloquente, sensible et compatissante. Et au milieu de ce chaos sans nom, Sarah découvre aussi les fulgurances du premier amour. Une relation tendre, farouche et explosive se dessine, elle se noue ainsi au besoin de savoir qui elle est, quelles sont ses racines. C'est tout emmêlé, emberlificoté dans un parcours teinté de rencontres et révélations parfois rapides et improbables, mais qu'importe. La lecture est entraînante, animée d'une belle sincérité. On en ressort avec le cœur pulvérisé, un sourire heureux et des larmes au coin des yeux. C'est tout bon ! ♥

Gallimard Jeunesse, coll. Scripto, 2016

 

20 octobre 2017

ReMade, d'Alex Scarrow

ReMadeDe retour à Londres, après le divorce houleux de ses parents, Leo regrette sa vie à New York et envie sa petite sœur Grace, dont l'aisance naturelle lui a permis de tourner la page et se fondre très vite dans cette nouvelle existence. Leur mère est souvent absente, débordée par un boulot éreintant, et rentre à la maison les nerfs en pelote. Le frère et la sœur se disputent constamment pour des broutilles, ils ne se comprennent plus. Bref, l'ambiance n'est donc pas folichonne. Pour oublier ses tracas, le garçon parcourt la presse et tombe sur des entrefilets évoquant des foyers épidémiques d'une grande virulence en Afrique. Or, nul ne semble s'en préoccuper. C'est alors que son père leur téléphone en catastrophe pour les obliger à quitter Londres de toute urgence en sautant dans le premier train pour le Norfolk où vivent leurs grands-parents. Le virus foudroyant a quitté l'Afrique et est en train de se propager à travers le globe. Un chaos monstrueux est en marche.

Oh.My.God. Que de palpitations à la lecture de ce roman ! Plus je tournais les pages avec fébrilité, plus j'avais des yeux hallucinés en lisant ce scénario-catastrophe. Au départ, les personnages vivent un peu dans une bulle d'insouciance, ils ne prennent pas conscience de l'ampleur du désastre et ignorent que l'ennemi prépare dans l'ombre son armée, prête à s'abattre sur l'humanité. Oui, oui, on assiste avec effroi et impuissance à la mise en place du virus, on a des chapitres sur son évolution, car le virus est intelligent et s'adapte avec diligence au terrain, ne perdant jamais de vue sa mission - anéantir toutes espèces vivantes. Nul ne lui résiste, même les animaux, les insectes, les plantes. Tout est contaminé. Autant vous dire que c'est effrayant - certaines scènes décrites sont immondes - mais ça vous scotche les doigts au bouquin. Sûr et certain. Plongés dans ce bourbier, Leo et sa sœur Grace vont vivre des émotions fortes et nous les font partager pour le même prix. On court à leurs côtés pour survivre, lutter et comprendre. Pfiou, que de stress. Au final, c'est rondement bien fait, hyper efficace et addictif. On a une montée d'adrénaline au cours de ces 445 pages de lecture, tenez-vous bien, c'est redoutable. 

Casterman, 2017 - Trad. de Corinne Daniellot

Bémol sur la COUVERTURE française, car je préfère de loin l'édition VO qui annonce clairement la couleur ! ►►► CLIC ◄◄◄

 

 

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