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Chez Clarabel
10 janvier 2017

Une histoire de sable, de Benjamin Desmares

Une histoire de sableJeanne accompagne ses parents dans une maison en bord de mer pour y passer les vacances d'hiver dans le froid et la solitude, pendant que son père et sa mère ont le nez collé sur leurs ordinateurs. Jeanne est particulièrement hargneuse, elle déteste tout, du lieu de villégiature à l'ambiance sinistre de cette ville fantôme qui n'a aucun charme. Il n'y a pas âme qui vive aux alentours, à part deux frangins qui traînent devant chez eux et s'amusent à compter les grains de sable. Quel ennui. Et pourtant, Jeanne retourne chaque jour auprès d'eux, Bruno et Alain, qui semblent s'être échappés des années 80. Ils lui ont d'abord tapé dans l'œil en raison de leur look ringard, leur prénom a fini d'interpeller la jeune fille. Mais Jeanne tombe également sous le charme de l'aîné, elle aime être en sa compagnie, parler, rire et oublier ce qui les entoure.  
La promesse d'une histoire pleine de surprises tient évidemment le lecteur en alerte, et l'incite à veiller aux moindres détails. Le dénouement n'est donc plus source de stupéfaction, mais la pirouette n'en est pas moins habile. Rien que l'idée de proposer une intrigue aussi troublante est déjà une réussite. Benjamin Desmares est un auteur doué qui nous emmène, livre après livre, dans des univers inattendus et captivants (cf. Cornichon Jim ou 
Des poings dans le ventre). Chaque histoire se renouvelle avec intelligence. Pour “Une histoire de sable” il est question d'une histoire d'amour insolite, avec une adolescente bougonne, un poil trop grossière à mon goût, perdue au milieu d'une station balnéaire désertifiée, et deux garçons mystérieux, complètement décalés avec notre époque. Cette drôle d'ambiance, à la fois évanescente et hors du temps, n'est pas sans rappeler celle du film Les Autres avec Nicole Kidman - moins pour l'intrigue que pour le décor, les personnages et leurs secrets. C'est à la fois étrange et fascinant, mais la lecture sort franchement de l'ordinaire ! 

Editions du Rouergue - coll. doAdo - Février 2016

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10 janvier 2017

Journal d'une ado vraiment déjantée, de Candy Harper

Journal d'une ado dejanteeÀ l'approche du deuxième trimestre, Victoire rayonne de bonheur : son béguin de toujours, Finn, le beau surfeur, la considère enfin comme une petite copine potentielle. Mais la réalité semble dépasser ses illusions d'une idylle parfaite. Car l'adonis se révèle assez creux, banal et rasoir. Au lieu de reconnaître son échec, Victoire s'accroche à ses folles espérances et se préoccupe des amours de ses copines - Meg, Angharad et Lily. Car la vie de ces jeunes anglaises dépend entièrement de leurs élans du cœur ! Seulement, quand on fréquente une école pour filles, les opportunités pour trouver l'âme sœur ne sont pas courantes. En début d'année, les filles avaient tiré profit de la chorale pour rencontrer Ethan et ses potes. Cette fois, à force de se creuser la cervelle, elles ont décidé de lancer un club de débats.
Il règne ainsi une impression de fourmillement perpétuel dans ce livre. Victoire est le point de concentration de cette effervescence et nous emmène dans sa ronde pour tout ce qui implique ses amies, sa famille et ses copains. Il y a notamment sa relation avec Ethan, pas seulement amicale, mais la demoiselle est obsédée par Finn et refuse de voir les signaux d'alerte. Elle choisit délibérément d'être aveugle et se montre parfois insupportable avec ce garçon adorable. Quelle plaie. Sa famille est toujours aussi folle, sa grand-mère est devenue une accro au portable, son frère lui fait honte constamment et ses parents manquent sérieusement de compassion envers ses drames de collégienne.  
Bref. Il y a de la dérision, de l'humour et du superflu dans cette lecture, riche en crises et autres délires du même bord. C'est léger et distrayant, certes un cran en-dessous du premier volume, cf. Journal d'une ado déjantée. Le ton s'essouffle et manque de mordant, avec une intrigue qui ne casse pas trois pattes à un canard. Je reste toutefois friande des romans de cet acabit et vais de ce pas lire la suite du Grand roman de ma petite vie de l'excellente Susie Morgenstern. 

Albin Michel Jeunesse - Traduction d'Alice Marchand (Septembre 2016)
illustration de couv. : Astrid M

Comparatif des couvertures VO plus déjantées : 

Keep the Faith (Faith, #2)  Leap of Faith

 

9 janvier 2017

Espionnage intime, de Susie Morgenstern

Espionnage intimeCe nouveau roman de la grande Susie Morgenstern est un enchantement de 140 pages, dans lequel on prend part à une vie de famille idéale. Angélique, la narratrice, a quinze ans, un physique de sirène et un béguin aveugle pour Arthur. Elle nous livre sans ambages le menu de son quotidien, auprès de parents ordinaires, de frangins envahissants mais attachants, d'une tante conquérante et d'une grand-mère extravagante. Tout ce petit monde gravite joyeusement autour du même noyau, on aime, on partage, on râle, on s'oppose et on revendique... le droit de ne pas fumer, de soigner son orthographe, de trouver l'amour là où on ne s'y attend pas, de tricher, de conspirer et d'entretenir son jardin secret.
Dans son cahier rose fuchsia, qui lui sert de journal intime, Angélique laisse libre court à son imagination et à sa fureur. Elle a découvert les preuves d'une trahison au cœur du foyer vénéré. Elle sera sans pitié, sans filtre. Ses pensées noir sur blanc ont été profanées, ses secrets divulgés, son intimité mise à nu. Devenue mi-ange mi-démon, Angélique passe maître dans l'art du contre-espionnage avant d'arracher la confession ultime. Face à la tromperie, il y a l'amour. “On fait du mieux qu'on peut.”
La lecture est ainsi un festival de mots, de sons, de sensations. Et j'ai adoré cet exercice. Le portrait trop beau d'une famille quasi parfaite est certes forcé mais cela apporte aussi de la douceur, de la tendresse et de l'exubérance à l'ensemble. Cela fait un bien fou, car j'ai souri tout du long. ☺

L'Ecole des Loisirs - Octobre 2016

7 janvier 2017

En grève ! de Mathieu Pierloot

en greve

Ils ont seize ans, traînent au lycée en enchaînant les cours sans entrain, sans ambition, avec sans doute la peur du lendemain. Quand, soudain, l'action politique va les sortir de leur torpeur...
Après l'annonce d'un plan de restrictions de postes, les professeurs mécontents se mettent en grève. Les élèves suivent la mobilisation générale et se réunissent tous les matins au café Potemkine pour élaborer leurs plans d'attaque. Alice, la plus acharnée, avale les discours enflammés de Fred. Elle a réussi à entraîner ses camarades, Antoine, Medhi, Hannah, Guillaume et Charlotte. Tous ne partagent pas les mêmes convictions, mais sont animés de la même ferveur, la même candeur, et vivent dans la même attente que leur destin bouge enfin.
Antoine, lui, est mélancolique de son amour perdu, au grand dam de son pote Medhi, qui le pousse à s'oublier dans les bras d'une autre. Adolescent rêveur, un peu rebelle, cultivant des goûts élitistes, pour compenser avec son physique ingrat, le garçon est représentatif de son époque. Éternel insatisfait, allant le nez au vent et les désirs à foison. Leur petite bande est d'ailleurs assez typique des amitiés fusionnelles et exaltées de cette tranche d'âge. J'y ai d'ailleurs énormément retrouvé de souvenirs liés à mes propres années de lycée.
Et rien que pour ça, ce roman est vraiment fort. Emblématique, vibrant, poignant et enivrant. Il évoque parfaitement ce passage délicat entre la sortie de l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte, cette transition riche en rêves impossibles, en passions démesurées et en besoin de changer le monde. Ah, cette fascination pour la révolution... On s'imagine participer à un mouvement en marche et on crâne parce qu'on existe hors du cercle de la famille. 
Que celui qui n'a jamais aspiré aux mêmes délires et aux mêmes tourments sur l'amour, les copains et la politique lève le doigt ! Qu'il se dénonce. Personne ? ... Je souris. Sous le parrainage de Martin Page et Marie Chartres, Mathieu Pierloot nous régale d'un roman simple, attachant, juste et touchant. C'est tout plein d'émotion, d'authenticité et de folie là-dedans. On se sent en terrain conquis. Et c'est tellement bon.  

L'Ecole des Loisirs - août 2016

6 janvier 2017

Ne retournez jamais chez une fille du passé, de Nathalie Stragier

Ne retournez jamais chez une fille du passéAprès un premier tome réjouissant, cf. Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous, je n'ai pas attendu pour me plonger dans la suite des aventures de Pénélope, cette jolie nana débarquée de 2187 pour un voyage d'études de trois minutes qui a viré à la catastrophe. Résultat, elle a sacrément chambouler le quotidien d'Andrea, laquelle vit en 2019, ce qui équivaut au Moyen Âge aux yeux de Pénélope, d'où une immersion cocasse et vaudevillesque. 
Cette fois, notre fille du futur est de retour après un an d'absence. Pénélope se languissait de son passage chez Andrea et se faisait du souci pour ses proches. On le sait, l'humanité est menacée par une pandémie grippale qui viserait à éliminer l'espèce masculine. Pénélope et Andrea ont pensé y remédier... et pourtant l'avenir ne paraît pas métamorphosé pour autant. Les deux amies vont néanmoins savourer leurs retrouvailles et inévitablement basculer dans de nouvelles péripéties.
Ce roman n'est finalement pas une redite et se révèle étonnament punchy, drôle et innovant. C'est désormais Pénélope la narratrice de l'histoire, ce qui augure des séquences loufoques comme la scène où elle est censée charmer le comptable de l'école (et le force à danser une valse) ou quand elle se rend en cours de SVT sur la reproduction et s'imagine des travaux pratiques grandeur nature... Il y a plus d'un passage très drôle dans ce livre, car Pénélope a beau faire des efforts pour s'adapter à la vie moyenâgeuse, elle n'en commet pas moins de nombreux impairs ou se trompe sur les interprétations. Autre bouleversement pour notre héroïne, c'est la découverte de l'amour. Eh oui. Pénélope est amoureuse, mais son éducation sentimentale est inexistante, à part la lecture de Flaubert, elle ignore les codes, les modes, les genres. C'est une terre en friche.  
Bref. On se régale toujours autant à lire les heurts et bonheurs de notre tandem insolite. Action, humour, tendresse et émotion sont en nombre. C'est une lecture distrayante et très agréable à suivre. Le troisième tome annoncé est attendu courant avril 2017. Et IL ME TARDE de l'avoir entre les mains car il promet d'être détonant et riche en révélations ! Montez à bord de cette série, elle est à la hauteur des promesses vendues. ☺

Syros - Juin 2016

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5 janvier 2017

Harry Potter et la Coupe de Feu, de J. K. Rowling & Lu par Bernard Giraudeau

Harry Potter CD Coupe de feu

Ce quatrième tome est, d'après l'auteur, le pivot de la série. “Celui où la mort apparaît.” Et effectivement sa lecture nous réserve son lot d'émotions fortes. Les rires font place aux larmes, la tendresse s'incline pour la colère. On en voit de toutes les couleurs et on vit des sensations bigarrées qui nous paraissent si réelles que le retour à la réalité est très troublant. La magie de Poudlard est en place, direction la voie 9¾ pour embarquer à bord de nouvelles aventures !

Celles-ci rivalisent toutes de fascination, de danger, de mystère et d'humour : la Coupe du Monde de Quidditch, le Tournoi des Trois Sorciers, Viktor Krum, Fleur Delacour, Cedric Diggory, le bal de Noël, lSociété d'Aide à la Libération des Elfes, les friandises et les farces des frères Weasley... Harry, Ron et Hermione vont également partager une quatrième année d'études de la sorcellerie en faisant l'apprentissage de l'adolescence. Eh oui. Les enfants grandissent, leurs hormones se réveillent, les garçons et les filles se chamaillent pour des broutilles sans comprendre qu'au fond il est question de jalousie et de premier amour. Cette parenthèse enfantine permet d'adoucir les événements solennels qui s'installent - la compétition féroce du Tournoi, les intrigues à décoder et les pièges à relever au cours d'épreuves exceptionnelles. L'imaginaire enfin s'enflamme et nous transporte dans ce monde magique élaboré avec minutie. Pour la première fois, le film de Mike Newell ne suffit pas à reproduire toute la richesse de l'œuvre, ce n'est guère étonnant au vu des 700 pages du livre, d'où les coupures et les rafistolages pour aller droit au but. Seulement toutes ces petites digressions constituent à leur manière des indices supplémentaires qui rendent les personnages et leurs parcours encore plus bouleversants. La lecture est donc non négligeable puisqu'elle est complémentaire au film. On y ressent, le cœur battant, toute la tension dramatique de l'intrigue, les joies et les pertes, les duperies et les fourberies, les révélations et les actes manqués. On peste contre cette maudite Rita Skeeter qui se répand dans la presse à scandale pour ridiculiser Harry, Hagrid ou même Dumbledore. Mais on sourit aussi, lorsque Ron et Harry se désespèrent de trouver une partenaire pour aller au bal de l'école. Ce quatrième tome est décidément un caméléon - féerique, envoûtant, cocasse et déchirant. Quelle belle aventure ! 

C'est également la dernière participation de Bernard Giraudeau dans le registre de Harry Potter. Décédé en 2010, l'acteur a été remplacé par Dominique Collignon-Maurin mais il aura fallu attendre presque dix ans pour relancer la production audio de la série. Damned.

Traduit par Jean-François Ménard pour Gallimard Jeunesse - Collection: Écoutez lire 
Texte intégral lu par Bernard Giraudeau pour une durée d'écoute d'environ 16 heures
Octobre 2016 pour la présente édition

 

Harry Potter et la Coupe de Feu

Cover Illustrations by Olly Moss © Copyright Pottermore Limited 2015

30 décembre 2016

Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, de J. K. Rowling & Lu par Bernard Giraudeau

Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban CD

Harry Potter a hâte de retourner à Poudlard pour sa troisième année. Seulement, il règne à l'école de magie un climat étrange depuis l'annonce de l'évasion de Sirius Black. Ce dangereux criminel s'est échappé d'Azkaban et est suspecté d'avoir trahi les Potter en les condamnant à une mort certaine. Il n'y a aucun doute possible qu'il cherche désormais à terminer sa mission en éliminant Harry ! Le garçon prend de plus en plus conscience de son héritage familial et du gouffre béant laissé par la disparition de ses parents. Malgré tout, ses meilleurs amis, Ron et Hermione, comblent sa solitude et n'hésitent pas à courir tous les risques pour le protéger. C'est donc sous bonne garde que l'apprenti sorcier fait sa troisième rentrée. Au programme : les cours de divination de l'exubérante Mrs Trelawney, le dressage des hippogriffes façon Hagrid ou les leçons de défense contre les Détraqueurs par leur nouveau professeur, Remus Lupin. Sans oublier la compétition de Quidditch et les commentaires de match qui valent le détour !

C'est incontestablement une lecture drôle, palpitante et poignante. Ce troisième tome de la série marque le début d'un nouveau tournant et annonce des émotions encore plus fortes et incompressibles. Des révélations voient le jour et l'ombre de Voldemort se fait menaçante. Au cœur de l'action, Harry et ses amis évoluent comme des adolescents brouillons, patauds et néanmoins fougueux. Ils commettent des erreurs, ont des jugements à l'emporte-pièce, se laissent déborder par leurs pulsions. Bref, ils se comportent comme des adolescents de leur âge alors qu'ils sont confrontés à des événements d'une ampleur qui les dépasse. Pour l'heure, l'Histoire est en cours. Des détails fâcheux passent entre les mailles du filet, trop tard pour les gommer - après tout, l'impact romanesque n'aurait plus le même sens sans eux ! En attendant, rangeons nos frustrations dans notre poche et  poursuivons la Magie... 

Format audio : Avec talent et humour, Bernard Giraudeau prête à chaque personnage une voix propre. Seules les interprétations de Malfoy ou de Hagrid me laissent perplexe... Sans quoi, l'acteur réserve un magnifique jeu de trublion au reste de l'histoire et nous sert une lecture enlevée, vivante et chaleureuse qui fait bougrement plaisir à écouter ! 

Traduit par Jean-François Ménard pour Gallimard Jeunesse / Collection: Écoutez lire  (Durée d'écoute: 8 h)
Octobre 2016 pour la présente édition
 

Octobre 2016. La saga de J.K. Rowling s'offre de nouvelles couvertures, en grand format, signées Olly Moss

Harry Potter Azkaban

Cover Illustrations by Olly Moss © Copyright Pottermore Limited 2015

 

Ces sept nouvelles couvertures dissimulent un élément secret pour un voyage magique vers la huitième histoire de Harry Potter.

 

  

13 décembre 2016

French Ski, par Tom Ellen & Lucy Ivison

Pour avoir adoré Celui qui sera mon homard l'an dernier, j'ai sautillé de joie en découvrant le nouveau roman de Tom Ellen & Lucy Ivison (ou comment un amour de lycée a laissé place à une véritable complicité perceptible dans leur écriture). French Ski nous invite à vivre les émotions folles d'un voyage scolaire au cours duquel de jeunes anglais vont délirer sur les rencontres et les premiers baisers. Imaginez ce magma d'hormones en folie et vous obtenez une idée de votre lecture un poil bêtifiante mais idéale pour émoustiller les très jeunes lecteurs ! ☺

French ski

Mouse et Jack partent avec leurs collèges respectifs en classe de neige dans les Alpes. La jeune fille vient d'être virée de son école de danse et ne connaît quasiment personne, à part deux copines rigolotes, Connie et Keira, et son ancienne meilleure amie Lauren, devenue hypocrite et peste. Elle tente de faire bonne figure, mais se sent à côté de ses pompes. Jack aussi manque totalement de confiance en lui, pour jouer sur scène avec son groupe ou auprès des filles, tandis que ses deux potes, Max et Toddy, tirent des plans sur la comète à propos des nanas qu'ils vont rencontrer en faisant des paris débiles. Tout ce joli monde affiche crânement 14 ans, ce qui explique l'aspect immature et puéril du roman. On y parle “galoches” et conquêtes faciles, on fanfaronne, on fait des mystères, on crève de jalousie, rien de bien méchant. On s'amuse d'un rien (Monsieur Jambon le hamster) et l'histoire vole au ras des pâquerettes. Pour notre plus grand plaisir. Car la lecture est légère et touchante dans sa façon d'aborder la maladresse des adolescents, leur empressement et leur esprit bêta, leur obsession puérile pour le sexe opposé. Tom Ellen & Lucy Ivison ont saisi l'essence de l'âge ingrat qu'ils traitent avec humour et sans complexe. La narration alternée apporte aussi de la dérision aux situations rocambolesques - les filles et les garçons peuvent partager les mêmes aventures et ne pas les ressentir de la même façon. Par contre, ils ne trichent pas sur leurs angoisses, leurs doutes et leurs attentes. Ce savant mélange entre la comédie et l'apprentissage de vie donne finalement à la lecture de jolies couleurs de fraîcheur et de liberté. Le roman se lit avec quelques crispations, quand on a passé l'âge, mais inspire aussi une sensation de joie et d'insouciance qui reste très appréciable pour se changer les idées !  

Traduit par Julie Lopez pour Gallimard Jeunesse [Never Evers]

Coll. Scripto - Octobre 2016

30 novembre 2016

Cette Obscure Clarté, par Estelle Laure

Cette Obscure ClartéL'été touche à sa fin, mais n'annonce pas pour Lucille un retour à la normalité. Sa mère est partie de la maison, en prétextant reprendre contact avec leur père, interné de force pour un état dépressif sévère, sauf que cela fait maintenant quinze jours qu'elle ne donne plus de nouvelles. Lucille doit gérer seule le quotidien et veiller sur Wren, sa sœur de neuf ans. Pour ne pas alerter les services sociaux, elle masque la vérité et raconte des mensonges à ses voisins, se met à chercher un petit boulot et convient avec son amie Eden, au courant de sa situation, de garder sa sœur pendant son service le soir. 
Mais Lucille perd les pédales en découvrant son frigo rempli par des anges gardiens anonymes et visiblement soucieux du bien-être des frangines. Qui, quoi, comment ? Eden et son frère Digby sont témoins de la scène et assistent avec impuissance à sa détresse. Après quoi, le navire prend l'eau. Les deux amies se fâchent, le garçon devient sa nouvelle bouée de secours, même si elle a conscience de rêver éveillée car il a déjà une petite amie, mais c'est plus fort qu'elle, elle se sent chamallow tout mou, les neurones court-circuités en sa présence. 
Pour sa défense, avec sa vie qui part dans tous les sens, Lucille a aussi le droit de s'éparpiller dans ses sentiments et ses émotions. Que le ciel lui vienne en aide !
Allergique aux drames populaires, j'ai légitimement craint de basculer dans une lecture trop larmoyante, mais l'histoire évite le piège du pathos en usant d'une écriture pleine de finesse et empreinte d'humour. J'ai été à la fois émue et séduite par tant de poésie pour évoquer l'amour, l'amitié, la famille et la résilience, en admirant d'autant plus la personnalité de Lucille qui refuse de s'apesantir sur son sort mais cherche à dégainer ses armes selon ses petits moyens.  
Dans le fond, l'histoire est attachante mais absolument improbable. Entre les problèmes survolés, la fin idyllique et l'avenir incertain, l'auteur ne s'embarrasse pas avec les détails. J'ai comme l'impression d'avoir lu un bouquin bourré de charme, de tendresse, de fulgurances sentimentales (pas mièvres). C'est adorable, ça ne fait pas de mal mais ça ne va pas bouleverser la face du monde non plus. Et c'est tant mieux aussi. Il est bon de lire des romans sans prétention et qui vous touchent par leur naïveté. 

Traduit par Alice Delarbre [This Raging Light] pour les éditions Hachette

Septembre 2016 - 322 pages

25 novembre 2016

Dis-moi si tu souris, par Eric Lindstrom

Dis-moi si tu souris

Aveugle suite à un accident de voiture, Parker a rapidement adapté son mode de vie en se comportant comme une adolescente ordinaire. Elle se rend au lycée, suit le cursus classique et arbore des bandeaux qu'elle plaque sur ses yeux, avec des messages équivoques pour brusquer les curieux. Parker refuse toute commisération et met volontairement mal à l'aise ceux qui l'approchent en débitant des répliques sarcastiques et caustiques. Sa défiance cache pourtant une grande vulnérabilité. Trois mois plus tôt, Parker a retrouvé son père mort dans des circonstances douteuses (suicide ou overdose médicamenteuse). Cette tragédie a chamboulé sa vie, désormais Parker partage son quotidien avec sa tante et ses deux enfants venus s'installer dans sa maison. L'entente est en dents de scie, essentiellement parce que la jeune fille se barricade derrière un principe de précaution éculé. Au lycée, tout va de travers également : changement de binôme pour faciliter sa prise de notes en classe, nouveaux élèves débarqués d'un établissement qui vient de fermer ses portes, retrouvailles avec son ex... Pour se préserver de toute hyperventilation, Parker dégaine plus vite que son ombre. Piquante, mordante, cassante, la jeune fille n'épargne rien ni personne. Mais les parois de sa tour d'ivoire ne sont pas indestructibles, et déjà apparaissent les premières fissures. L'existence routinière de Parker tombe en quenouille ! Et toute l'ingéniosité du roman vient dans la réussite du portrait de Parker, une adolescente à fleur de peau mais qui s'en défend, car elle refuse d'être résumée à son handicap et a choisi d'en faire une force, même si les apparences sont souvent trompeuses. Parker n'est pas à l'abri d'un contre-coup émotionnel ni de perdre le contrôle mais c'est un passage nécessaire pour décrisper son corps tendu à l'extrême. Autre chose appréciable dans cette lecture, c'est la belle symbiose qui se dégage entre les filles, Parker et ses amies. On sent une connivence sincère et chaleureuse qui prend d'ailleurs beaucoup de place dans l'histoire, au détriment des intrigues amoureuses, franchement secondaires, mais c'est tant mieux et cela démontre aussi que tout n'est pas à l'eau de rose dans la littérature adolescente de nos jours ! Une lecture agréablement surprenante, sans chichis, sans affect, juste une bonne histoire avec des personnages très attachants. 

Traduit par Anne Delcourt (Not If I See You First) pour les éditions Nathan - Juin 2016

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