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Chez Clarabel
23 novembre 2016

Mille Baisers pour un garçon, de Tillie Cole

Mille Baisers pour un garçonPoppy et Rune ont cinq ans quand ils se rencontrent la première fois. Voisins, ils scellent d'une poignée de mains leur promesse de ne jamais se séparer.
À huit ans, ils échangent leur premier baiser. Adolescents, leur amour est toujours aussi pur, sincère et absolu. Pourtant, Rune apprend qu'il doit rentrer chez lui en Norvège, pour le boulot de son père. Les amoureux ont le cœur brisé mais jurent de s'écrire, de s'appeler, de se revoir un jour ou l'autre.
Seulement Poppy va couper les ponts, sans la moindre explication. Et quand Rune revient à Blossom Grove, deux ans après, la jeune fille doit affronter plus que ses vieux démons, elle doit confier son secret le plus terrible, celui qui a fait chavirer sa vie, et sans doute celle de Rune.
Alors, alors... Cette lecture a TOUT de la jolie histoire d'amour déchirante, dont peuvent être friandes les jeunes filles en fleur. La couverture du bouquin est adorable et promet un rendez-vous de délicatesse, de poésie et de merveille. Malencontreusement, c'est un roman qui fait pleurer dans les chaumières, parce que son histoire raconte la pureté du grand amour comme il est rarement permis d'en rêver. C'est tout mielleux et parfaitement idyllique, mais clairement tragique.
Je ne suis, malheureusement, pas la cible idéale pour cette avalanche de romantisme. C'est très joli, sauf que l'absolutisme me fait peur. Aimer aussi pleinement, à un âge aussi jeune, me fait écarquiller les yeux. C'est excessif, entier et cannibale. Personnellement, je suis méfiante. 
Ceci n'enlève en rien les qualités romanesques et sentimentales du livre, sa cucuterie affichée, son lyrisme, la dévotion des amoureux, leur histoire bouleversante, leur positivisme et leur volonté à vouloir sublimer chaque instant... Je suis simplement assez réservée quant à l'authenticité d'un amour aussi précoce. Et je ne suis pas friande de mélodrame à outrance. 

Traduit par Charlotte Faraday pour Hachette / Octobre 2016

Titre VO : A Thousand Boy Kisses

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23 novembre 2016

Miss Charity, de Marie-Aude Murail

Enfin en Médium poche !  (édition Luxe 20,5 x 14,2 cm)

Miss Charity

Ah, Miss Charity ! Quel bonheur de lecture. Découvert en 2008, sous forme d'une bonne grosse brique d'au moins 500 pages, j'avais savouré ce roman au charme poudré, qui était aussi un bel hommage à la littérature enfantine et à ses héroïnes. En faisant connaissance avec Charity Tiddler, une jeune anglaise passionnée d'animaux et de botanique, c'est aussi à Beatrix Potter qu'on pense inévitablement, et plus largement, à George Sand, Charlotte Brontë, la comtesse de Ségur et même Jane Austen.

Fille unique d'un couple appartenant à la bonne société, Charity grandit dans un carcan de bonnes manières victoriennes. Solitaire et rêveuse, la jeune fille aime se réfugier dans la lecture et apprendre par cœur du Shakespeare qu'elle récite à ses petits compagnons sous les toits, car Charity possède une véritable ménagerie dans sa nursery (souris, grenouilles, lapins, canards...). Sa gouvernante française ou même sa bonne écossaise ferment les yeux sur ses excentricités - après tout, Charity n'aime ni chanter, ni jouer du piano, ni la broderie, mais se complaît dans le dessin et l'aquarelle en se révélant extrêmement douée. Elle n'aime guère non plus les sorties mondaines et préfère des amitiés moins conventionnelles, comme sa relation avec Kenneth Ashley, un fils de fermier qui se lance dans le théâtre. 

C'est incontestablement une lecture raffinée et exquise, avec les illustrations harmonieuses de Philippe Dumas. Elle dresse un beau portrait d'héroïne, attachant et décalé avec son époque, à la volonté farouche et la curiosité insatiable. Elle possède aussi une aura chaleureuse et captivante, renvoie un grand souffle romanesque, dégage un sentiment de confort et inspire un déchirement au moment de tourner la dernière page. De l'humour, de la finesse, de la tendresse et de la délicatesse. Ce roman, c'est le doudou par excellence. 

L'école des Loisirs, coll. Médium Poche - Novembre 2016

« Autant les fleurs et les champignons trouvaient facilement leur nom et leur définition au clair soleil de ma raison, autant les choses humaines se déposaient au fond de moi, toutes grises et indécises. »

 mis_charity_1

14 novembre 2016

Hugo de la Nuit, de Bertrand Santini

Hugo de la Nuit« Hugo entendit ses pas s’éloigner dans le noir. 
La porte se referma sans bruit.
Maintenant, la nuit pouvait commencer… »

Ouh-la-la-la-la. Alors que j'étais déjà follement séduite par la couverture, illustrée par Julie Rouvière & Bertrand Santini, j'appréhendais bêtement de plonger mon nez dans ce livre. C'est chose courante quand j'aime des auteurs, je repousse le moment de découvrir leurs nouveaux romans pour des raisons sottes et inexplicables. Passons. Un soir de la semaine, repliée dans mon antre à l'abri du froid et de la pluie, je me décide enfin à rencontrer Hugo de la Nuit. Mon grog de 215 pages.
Hugo, un garçon de douze ans, grandit heureux dans un immense domaine que ses parents préservent jalousement. Ces derniers sont en effet soucieux depuis la découverte de pétrole sur leurs terres, suscitant les plus viles convoitises qu'ils cherchent à repousser au nom d'une espèce de plante rare à protéger. Mais leurs ennuis ne font que commencer... Une nuit, la veille de son anniversaire, Hugo surprend un individu dans la maison. Il fuit aussitôt dans le jardin, court à perdre haleine, dérape, glisse, s'égratigne avant de basculer dans la mare. Fin de l'histoire. Le corps du jeune garçon flotte à la surface de l'eau. Et c'est une bande de fantômes loufoques qui vient le recueillir.
Hein ? quoi ? comment ? Le héros de l'histoire meurt ? Des fantômes à la rescousse ? Mais c'est quoi cette fable ? Rhaaa... Cessez vos jérémiades, et laissez-vous porter par l'incroyable et l'inattendu. Car, oui, cette histoire relève du conte fantastique par son évocation de la mort et des terreurs nocturnes, mais aussi pour son imaginaire fabuleux et sa conduite époustouflante. C'est simple, on se laisse entraîner dans le sillage d'une aventure à la fois drôle, poignante, dramatique et palpitante. Et il s'en passe de belles sous les couvertures ! Bertrand Santini exécute avec brio un formidable tour de passe-passe et n'hésite pas à recourir à l'humour noir pour mener à bien sa mission. Le pari est osé, l'effet est parfois saisissant, mais franchement que de réjouissances ! 
Cette lecture va donc vous surprendre, vous étourdir, vous émouvoir et vous troubler. Avec son style cocasse, ses séquences burlesques, son sens de l'ironie désopilant, son goût du spectacle et son esprit feu follet, elle s'échappe des codes et des genres pour mieux vous régaler. Je n'en dévoile pas davantage, mais ne passez pas votre chemin, foncez, c'est un petit bouquin qui a tout pour plaire aux petits (12 ans) et aux grands. ☺

Grasset Jeunesse - avril 2016

 

5 novembre 2016

Le Copain de la fille du tueur, de Vincent Villeminot

Le copain de la fille du tueurEn entamant ma lecture, dans l'ignorance totale de son contenu, j'avoue avoir été agréablement surprise par son entrée en matière : le narrateur, Charles Chatelard, est fils du prix Nobel de littérature et élève d'un institut suisse pour jeunes nantis. Garçon solitaire, préparé à faire son deuil d'un père qui se meurt, il tombe sur son voisin, l'extravagant Touk-Ernest, qui a mis le feu dans sa chambre en voulant griller des saucisses.
Après quoi, ces deux-là deviennent inséparables. Complices de menus faits d'armes dans leur école conformiste. Jeunes révolutionnaires aux bravades insolites. Leur duo fait des étincelles. Tout chavire avec l'arrivée de l'éblouissante Selma G., fille d'un redoutable trafiquant de drogue en Amérique du Sud. Charles tombe fou amoureux, Touk-E le bouscule pour briser sa coquille, Selma est solaire mais insaisissable. 
Entre romance et thriller, j'ai rapidement choisi mon camp. L'idylle naissante, qui se dessine entre les préparatifs ardus d'un match de foot et l'attente fiévreuse de la mort du père, les rapprochements timides et l'escapade dans les montagnes ont tout lieu d'émouvoir le lecteur, mais pas moi. Je préférais de loin les éclats excentriques des deux potes pour réveiller les foules endormies, leur amitié fanfaronne et leur fabuleuse connivence qui surpasse le tralala romantique, lequel a bien failli me lasser. 
Alors que je somnolais mollement en tournant les pages du livre, trente pages avant d'en voir le bout, branle-bas de combat, je reçois en pleine poire un rebondissement inattendu ! Le loup sort du bois. Et la séquence finale est tout simplement hallucinante. Action, suspense, émotion et tension se chahutent pour nous en mettre plein la vue. Ce brusque revirement est d'ailleurs assez déconcertant, parce que rien n'annonçait pareil tohu-bohu. Les amateurs apprécieront, les autres en sortiront la tête étourdie par ce trop-plein de sensations fortes.
Une lecture qui pulvérise vos attentes et votre petit confort. Pas mal. 

Nathan - Septembre 2016

5 novembre 2016

Détectives de père en fils Tome 2 : Le Mystère loup-garou, de Rohan Gavin

Détectives de père en fils

Séduite par ma première rencontre avec le duo Kingsley, détectives de père en fils, je me faisais une joie de retrouver leurs enquêtes dans cette deuxième aventure teintée de suspense, de surnaturel et d'émotion.
Après une collaboration couronnée de succès, Alan Kingsley a repris du service en disparaissant quinze jours sans prévenir son garçon, mais a compensé son absence en lui offrant un berger allemand, un ancien “chien de guerre” à la retraite. Wilbur a cependant du mal à s'accommoder à la vie domestique et doit débarrasser le plancher car Clive, le nouveau compagnon de sa mère, ne supporte plus le désordre dans sa maison. Wilbur et Darkus trouvent alors refuge chez Alan, qui est aux cent coups sur une mystérieuse affaire d'agressions nocturnes visant des policiers. Oncle Bill en personne a bien failli passer l'arme à gauche. Son témoignage est d'ailleurs sidérant puisqu'il révèle la présence d'une créature bestiale, de taille imposante, aux instincts sanguinaires. De plus, chaque crime se déroulant les soirs de pleine lune, les enquêteurs évoquent l'hypothèse d'un loup-garou divaguant dans les rues de Londres ! 
Dans une ambiance très holmesienne, rappelant l'incontournable Chien des Baskerville, le roman de Rohan Gavin n'en demeure pas moins une étonnante lecture qui impose aussi ses propres codes, ses personnages attachants, son histoire élaborée et son dénouement inattendu & poignant. L'auteur nous rappelle succinctement la particularité de Kingsley, qui tombe dans un coma narcoleptique à la moindre contrariété ou émotion forte, et la formidable mémoire de son fils Darkus, qui a appris par cœur tous ses dossiers compilés sous forme de Bible, de quoi faciliter la conduite des intrigues en cas de “défaillance” paternelle. Depuis la chute de la tête du réseau, la machiavélique Combinaison n'est vraisemblablement plus le danger principal, même si son ombre demeure très présente et ses objectifs toujours préoccupants. D'ailleurs, la jeune Tilly, la demi-sœur de Darkus, a juré de venger la mort de sa mère et prend parfois des risques considérables pour atteindre son but. 
La série n'en finit plus de multiplier les pistes, toutes très alléchantes, pour nous attirer dans ses filets. Et c'est une franche réussite. Qu'on soit lecteurs débutants ou plus affirmés, amateurs de suspense londonien et de détectives privés, appréciant aussi le burlesque et une pincée de stress, il y a matière à trouver son bonheur dans ce livre. Outre des décors soignés, un contexte bien en place et qui n'a plus à faire ses preuves, l'histoire nous entraîne dans son univers british avec un raffinement remarquable. Le rythme de le
cture coule facilement et nous balade avec aisance dans des aventures aux rebondissements parfois saisissants. Vraiment, bluffant.
À noter le rôle du “chien de guerre” Wilbur dont l'évocation relève du sacré, pour sa valeur historique, mais aussi son importance dans les conflits ou les enquêtes policières, on ne rappelle jamais assez le dévouement animal et son sens du sacrifice hors du commun ! Cela ne pouvait que me plaire. Gros coup de cœur pour cette série intelligente, sensible et captivante. ♥

Traduit par Anne Krief pour Gallimard Jeunesse - septembre 2015

Titre original : Knightley & Son: K-9

Couverture : Sébastien Pelon

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4 novembre 2016

Les Ombres de Kerohan, de N. M. Zimmermann

Les ombres de KerohanQuel superbe roman, absolument captivant, prompt à vous arracher de votre réalité pour vous plonger dans une ambiance gothique, où les fantômes pullulent dans les recoins d'un manoir aux mille secrets. Les décors sont somptueux, rien que la couverture est déjà une invitation à la découverte, et le contenu du livre est à la hauteur des promesses vendues ! Je vous le dis, cette lecture est aussi prodigieuse qu'époustouflante.
Deux jeunes enfants, Viola et son frère Sebastian, sont envoyés chez leur oncle en Bretagne pendant que leur père file à Londres pour des affaires urgentes. C'est avec le cœur lourd et leurs vêtements de deuil qu'ils débarquent à Kerohan dans la belle demeure d'un homme dont ils ignorent tout. Deux mois plus tôt, Viola et Sebastian ont perdu leur maman, maintenant leur père file à l'anglaise et ils n'ignorent pas que celui-ci a forcé la main de leur oncle pour les accueillir. À Kerohan, ils rencontrent la gouvernante revêche, Mme Lebrun, et l'énigmatique docteur Vesper, qui leur font jurer de ne pas faire de bruit dans les couloirs et de fermer leurs portes en restant sagement dans leurs chambres. Viola et Sebastian sont d'abord trop épuisés pour se formaliser des consignes et s'endorment aussitôt après avoir avalé leur décoction pour la nuit (un bon vin chaud). Mais les jours suivants leur renvoient une réalité assez sinistre de leur situation : un oncle débordé par son travail, une tante et une cousine à la santé fragile, un étrange docteur omniprésent, des employés de cuisine isolés au fond du jardin, des grilles closes, l'interdiction absolue de sortir du domaine... La nuit, Sebastian est obnubilé par un korrigan. Des notes de piano s'échappent d'un salon abandonné. Et une silhouette rôde aux alentours du manoir.
Hello, hello. Vous pensiez vous promener entre les pages d'un livre bien gentillet, où planeraient juste quelques frissons pour la forme, erreur ! Ce roman est justement loin d'être une simple promenade de santé et vous réserve une lente, lente plongée dans un univers fantastique désuet mais prégnant. La séduction opère immédiatement, le charme de l'ancien, le climat lourd et inquiétant, les apparitions et les personnages ténébreux font de l'ensemble un écrin précieux et raffiné. La lecture est franchement saisissante. On se prête à rêver d'une échappée en terre bretonne, avec ses légendes et son folklore fantastique (l'Ankou) qui filent les jetons à la nuit tombée. 
Superbe mise en place pour une lecture qui ravira les amateurs de phénomènes étranges et inexpliqués ! Une lecture qui fait forte impression. J'ai beaucoup aimé ! 

L'école des Loisirs, Grand Format - Février 2016

Illustration de couverture : Séverin Millet

 

3 novembre 2016

Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous, de Nathalie Stragier

Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous

Couverture rouge en alerte ! Place à une comédie qui bouge et qui pique avec une voyageuse dans le temps pour le moins exubérante et impétueuse. ^-^

Andrea, seize ans, collectionne les avertissements pour ses nombreux retards au lycée. Le dernier en date s'explique parce qu'elle ne pouvait détacher son regard d'un groupe de filles au look des années 90 planté devant les grilles de son établissement. En un battement de cils, elles ont toutes disparu sans crier gare. Andrea passe son chemin pour reprendre sa routine, seulement elle remarque que l'une d'elles est restée sur le carreau. Cherchant à lui venir en aide, Andrea découvre une Pénélope au bord de la crise de nerfs, complétement paniquée d'avoir perdu son groupe. Comble de l'horreur, la jeune inconnue se révèle extrêmement violente à l'approche d'un policier et manque lui fracasser le nez avant de s'enfuir à toutes jambes. Dans quel guêpier Andrea vient de se mettre ? Mais trop tard pour reculer. Elle conduit Pénélope chez elle et raconte que celle-ci est une réfugiée d'un pays étranger, n'osant pas avouer son véritable secret. Car Pénélope vient du futur et a voyagé dans le temps, mais l'expérience a tourné court en oubliant la jeune fille en 2019, période qu'elle considère comme le Moyen-Âge ! 

Cette rencontre du troisième type est franchement saugrenue - Pénélope porte un jugement méprisant sur le monde qui l'entoure et déplore les penchants sexistes de la société du XXIe siècle, elle ne jure que par ce qu'elle connaît, refusant de s'adapter ou de communiquer sur l'évolution de la civilisation, demeurant très évasive sur le sujet. Cette posture finalement inquiète Andrea qui va découvrir le secret de la fille du futur et l'implication de sa venue dans son époque. Branle-bas de combat pour combattre les sombres présages d'un fléau mondial et pour guider cette jeune terroriste vers son monde. En nous promettant une comédie à suspense décapante et addictive, l'éditeur ne fait pas fausse route. L'histoire est dynamique, originale et intelligente, féministe et féminine, elle permet une lecture agréable qui nous capture dans ses filets. Jolie découverte. 

Syros, janvier 2016

 

21 octobre 2016

Chaque soir à 11 heures, de Malika Ferdjoukh

Réédition du roman de Malika Ferdjoukh, cinq ans après sa parution, avec une nouvelle couverture aux teintes crépusculaires qui rappelle implicitement la très belle adaptation en BD par Camille Benyamina & Eddy Simon.

Chaque soir à 11 heuresLire un roman de Malika Ferdjoukh, c'est l'assurance d'une élégance de style, de personnages excentriques et attachants, d'un univers qui vous coupe de votre réalité et vous fait basculer dans une bulle réconfortante. C'est un rendez-vous doux, chaleureux et lénifiant. Alors, n'hésitez pas à vous glisser sous la couette en buvant, comme l'héroïne, du café au lait pour savourer comme il faut cette lecture. 
Willa est heureuse de sa vie, entre un père adolescent dans l'âme et une mère débordée qui papillonne dans l'univers des Miss, la demoiselle a trouvé un juste équilibre. Sa meilleure amie Fran, qui vit dans un palace, est une nana attachante, fantasque et épuisante à vouloir toujours tirer la couverture à elle, à multiplier les frasques pour obtenir qu'on l'aime exclusivement, etc. Mais impossible de lui en vouloir. Willa est aussi folle amoureuse de son frère, Iago, qui n'a d'yeux que pour elle alors qu'il pourrait conquérir la planète entière. Pourtant, leur belle idylle est en perte de vitesse, Willa ignore pourquoi, son galant se montre distant et invente des prétextes pour la tenir à l'écart. Le petit cœur mou de notre héroïne ne peut en supporter davantage. Un après-midi de déprime, elle accepte l'invitation d'un spécimen rare, rencontré lors de l'anniversaire de Fran. Edern Fils-Alberne lui propose très honorablement de former un duo avec sa jeune frangine Marni, également passionnée de musique, hélas privée de son art depuis la mort de leur mère. Charmée par les lieux, Willa succombe et accepte de “chabadabada” avec Marni et sa collection de matous. Lassée d'être devenue une quantité négligeable aux yeux des Hilbert, Willa se fond dans le cocon douillet de ses nouveaux amis mais ignore encore que la grande demeure familiale, Fausse-Malice, renferme de lourds et poignants secrets. En attendant, la vie autour d'elle continue de tourbillonner sans fin, de l'interpeller, de l'inquiéter, de lui donner des bleus à l'âme. Willa souvent se sent épiée, puis manque de peu d'être envoyée ad patres. 
Quelle angoisse, quelle ambiance. Quelle réussite aussi. Je trouve toujours savoureux de plonger dans une histoire au scénario solide et qui baigne aussi dans un contexte soucieux des détails et des apparences. Cela conforte mon sentiment de bulle hors du temps, quand on plonge son nez dans le bouquin, on ressent un étourdissement dès qu'on relève la tête une seconde. On se comprend, j'espère. Car les romans de Malika Ferdjoukh produisent sur moi cet effet infaillible. Et j'adore ça. De toute façon, je me sens en territoire familier dans ses livres. Leur ambiance old school et fantaisiste renvoie aussi à des univers très marqués, comme les films hollywoodiens de l'âge d'or (années 40-50), ou des romans fantastiques un peu désuets (The Ghost and Mrs. Muir ♥) qui correspondent totalement à mes goûts. À partir de là, je nage dans le bonheur ! ☺
Une pure lecture d'ambiance, énigmatique et foisonnante, au charme éthéré, à la plume enchanteresse, aux références glissées en douce et au suspense parfaitement troussé. Un rendez-vous sous la lune et sur les toits de Paris... tellement excitant ! 

Flammarion Jeunesse / Octobre 2016 pour la présente édition

image de couverture : Studio Flammarion jeunesse

21 octobre 2016

Suis-moi Sophia !, de Fleur Hitchcock

Suis moi sophiaLourde responsabilité que de porter le même patronyme qu'un certain Alfred ! ... Cela a suffi pour embrouiller mon esprit. J'avais imaginé une histoire moins contemporaine et au ton faussement compassé, mais au final c'est une lecture affolante d'humour et d'aventures dont il est ici question. Une fois ce fait établi, j'ai pris plaisir à poursuivre la découverte. 
Grande dévoreuse de livres, Lottie cherche à  échapper à une existence plate et ennuyeuse, dans une famille qui ne cesse de la désespérér. Ses parents ne font rien comme tout le monde, ils se passionnent pour les plantes, les insectes, font des collections insolites et amassent un bric-à-brac dans leur maison peu reluisante. Lottie en a tellement honte qu'elle n'a jamais osé inviter une camarade chez elle ! Aussi, le jour où leur nouveau voisin débarque avec sa fille Sophia, qui se rend au même camp de vacances, Lottie redoute que celle-ci colporte de folles rumeurs à son sujet. Que nenni. Sophia affiche rapidement une certaine complicité et va même l'entraîner dans sa fugue ! La jeune fille se plaint d'avoir un beau-père tyrannique qui l'empêche de voir sa mère, une célèbre chanteuse en tournée à travers le monde. Elle a donc décidé de la retrouver coûte que coûte. Naturellement, les fables de Sophia ont trouvé chez Lottie un public de choix car la jeune fille croit enfin vivre pour de vrai les mêmes aventures romanesques qu'elle bouquine à longueur de journée. Seulement, il n'était écrit nulle part que son destin d'héroïne passerait aussi par une série de péripéties rocambolesques et frisant le danger de mort à maintes reprises...
Du rythme, des cascades, du cran, de l'amitié, des rêves, de l'espérance, c'est tout un programme que nous vend ce petit roman, dont j'ai beaucoup aimé la dynamique du récit, son humour et son héroïne qui vit sa vie à travers ses lectures. L'histoire n'est peut-être pas follement surprenante, mais elle questionne aussi sur les faux-semblants et l'imagination débordante, en plus de dégager une énergie positive et spontanée. C'est définitivement une chouette rencontre. ☺

Traduit par Catherine Guillet pour les éditions Flammarion Jeunesse / Août 2016

Titre original : Saving Sophia

Illustration de couverture : Jim Field

 

20 octobre 2016

Un coupable presque parfait, de Robin Stevens

Un coupable presque parfait

Repéré depuis des mois, ce roman détenait la promesse d'une lecture au charme pétillant et au contenu croustillant, puisqu'il est question d'une enquête criminelle au cœur d'un pensionnat anglais dans les années 30 ! Miam, miam. J'étais impatiente de passer à table ! ^-^
Deux amies, Daisy Wells et Hazel Wong, ont créé leur club de détectives mais n'ont jamais pu démontrer l'étendue de leurs compétences. Il faut dire qu'à Deepdean l'ambiance est plutôt paisible. Les pensionnaires vivent sous la coupe d'un règlement très strict et occupent leur temps entre les leçons, les études, les repas et le coucher selon une discipline rigoureuse. Aussi, les filles doivent ruser pour échapper à toute surveillance, soit pour comploter en douce des farces ou pour convoquer des assemblées spéciales et discuter de leurs enquêtes. 
Pour la première fois, les détectives Wells & Wong ont un vrai crime à résoudre. Hazel vient en effet de découvrir, sur le parquet du gymnase, le corps démantibulé de son professeur de biologie, Miss Bell, avant de mystérieusement disparaître. La jeune fille est choquée, mais perplexe, tandis que son amie Daisy est survoltée et prend aussitôt la direction des opérations : dresser la liste des suspects, pousser des interrogatoires à la ronde et démasquer le coupable.
Seulement, il y a un monde entre dévorer des romans policiers et se confronter à la réalité, nos demoiselles vont l'apprendre à leurs dépens et commettre quelques petites erreurs (manque d'impartialité dans leurs jugements). Résultat, nos enquêtrices se fâchent car elles ne partagent plus les mêmes opinions ni les mêmes vues sur leur travail. Cela s'embrouille gentiment pour mieux nous balader dans l'enceinte de cette école austère et à l'ambiance inquiétante.
Au passage, l'auteur revient sur la première rencontre entre Daisy et Hazel, que tout sépare, puisque l'une est fille de Lord et l'autre débarque de Chine, même leurs caractères sont diamétralement opposés, car si toutes deux sont intelligentes et réfléchies, Daisy est impulsive et Hazel plus discrète, mais les deux s'accordent pour équilibrer leur tandem. 
La lecture remplit ainsi son contrat à nous fournir une aventure pleine d'esprit et de suspense, dans un contexte délicieusement guindé mais où on ressent aussi le poids des traditions et de la discipline intransigeante. Un deuxième tome est déjà annoncé en fin de roman, et espérons que la série rencontrera du succès pour ne pas succomber à la malédiction des suites jamais traduites après le deuxième tome (cf. Les incorrigibles enfants de la famille Ashton de Maryrose Wood, Avant minuit de Christopher Edge ou Les affreusement sombres histoires de Sinistreville de Christopher William Hill entre autres). 

Traduit par Faustina Fiore pour les éditions Flammarion Jeunesse / Août 2016

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