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Chez Clarabel
10 février 2016

Le Charme discret de l'intestin, de Giulia Enders

LE CHARME DISCRET DE L'INTESTIN

Giulia Enders, jeune doctorante en médecine et passionnée de gastroentérologie, rend ici compte de la stupéfiante mécanique de notre système digestif de manière simple, claire et précise. Selon elle, des problèmes tels que le surpoids, la dépression, le diabète, les allergies s'expliqueraient par notre façon de considérer, voire parfois maltraiter, notre intestin, reconnu comme étant notre “deuxième cerveau”. Blablabla. Je ne vais pas entrer dans les détails, car Giulia Enders est plus douée pour étayer ses théories en une démonstration roborative, et néanmoins facétieuse, qui vulgarise la science et le médical. Même un élève de lycée, accro de SVT, se sent comme un poisson dans l'eau avec cette lecture ! Quid des autres, plus réfractaires au sujet ? Ils seront également surpris par la lisibilité du propos et auront le sentiment de tout capter, sans trop se creuser les méninges. Les allergies alimentaires, le lactose et le fructose, les nausées, les salmonelles, le cholestérol, les toilettes turques, les antibiotiques et les probiotiques, l'hystérie hygiéniste... bref, ils n'auront plus de secrets pour vous. ;-) La lecture peut ainsi se résumer à une histoire de rot, de prout et de caca, du manger bien et intelligent, des habitudes à adopter, à apprendre, à modifier, pour concrètement se dire « je défèque ce que je suis, je suis ce que j'avale, j'avale en bonne intelligence et fais du bien à mon corps, mon corps me le rend bien ». Ha, ha. C'est à picorer par petites bouchées, pour éviter la surchauffe et pour soulager toute tendance hypocondriaque. Un livre qui serait presque d'utilité publique. ;-)

Jessica Monceau, la lectrice, fournit une interprétation éclairante, agréable à l'écoute et qui participe également beaucoup à l'appréciation enthousiaste de cette découverte. Il n'est, certes, pas aussi évident de choisir un ouvrage documentaire en livre audio, contrairement à une œuvre de fiction, il faut ici se concentrer davantage, sans compter que les illustrations du bouquin, faites par Jill Enders, la sœur de l'auteur, manquent cruellement pour compléter les descriptions. Cela reste, cependant, une expérience instructive et enrichissante.

Audiolib / Janvier 2016 ♦ Texte lu par Jessica Monceau (durée : 8h 22)

Téléchargez l'extrait (mp3, 2 Mo)

Traduit de l'allemand (Darm mit Charme) par Isabelle Liber pour Actes Sud

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18 juin 2015

Les Années, par Annie Ernaux

Les années

Le récit s'ouvre sur un album-photos que consulte l'auteur, comme pour se souvenir ou se raconter une histoire. Celle d'une fillette qui grandit au lendemain de la guerre, dans la petite ville d'Yvetot, adolescente engoncée, élève brillante, jeune femme impatiente, entre la Normandie et Paris...

Mais le tableau ne s'attache à aucun point, le regard survole et s'échappe de toute ébauche autobiographique pour se focaliser sur l'époque et livrer une rétrospective globale.

C'est alors un drôle de récit qu'on écoute, au son de la belle voix de Marina Moncade, un récit sur les années écoulées, au rythme du chamboulement politique, économique et social des quatre dernières décennies, un récit qui nous rappelle notre enfance, celle de nos parents ou grands-parents, et qui mêle aussi le parcours de l'auteur. Touchant, sans être attachant. Sensible, mais pas nostalgique.

On retient de ce diaporama des bribes d'anecdotes plus ou moins intéressantes, débitées sur un ton volontairement neutre et impersonnel. Et hélas trop distant. On attend simplement du lecteur d'être attentif mais peu impliqué, inutile d'envisager de se fondre ou d'écouter d'une traite ce récit au déroulement assez glaçant.

Je ne sais pas si cette absence d'émotion est liée à l'écoute, ou si la lecture impose tout simplement des barrières. Toujours est-il qu'une découverte par petites bouchées serait mieux indiquée.

Gallimard / Écoutez Lire ♦ avril 2015 ♦ texte lu par Marina Moncade (durée : env. 7 h)  

L'écoute en classe du CD est autorisée par l'éditeur.

♦♦♦

« Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais. »

14 mars 2015

Une femme à Berlin: Journal 20 avril-22 juin 1945

Une femme à Berlin Journal

En avril 45, la guerre tourne en défaveur des allemands. Les berlinois vivent dans la terreur de l'arrivée imminentes des « Igor ». L'auteur de ce journal est une jeune femme d'une trentaine d'années, qui squatte les logements de fortune, au gré des bombardements, avant de s'abriter dans une cave, avec d'autres désespérés. Plus que la peur, la faim aussi les tenaille et les pousse à piller tout et n'importe quoi, comme des bouteilles de vin français planquées dans les placards !

Puis arrivent en ville les premiers convois soviétiques, fouillant les décombres où se terrent les rescapés affolés, la tension devient vite insoutenable. Les femmes aux courbes appétissantes suscitent la convoitise, la narratrice, qui possède quelques notions de la langue, tente de s'interposer, avant de subir elle-même agression sur agression. Dès lors, les scènes ne vont cesser de se répéter : défilé de soldats, soirées arrosées, pitances, viols, honte incommensurable.

Cette banalisation de l'horreur fait froid dans le dos. Les berlinoises courbent l'échine, deviennent le défouloir des soviets enragés par des années de conflit. Elles paient pour les atrocités dont leur peuple est accusé. Leur corps devient aussi leur monnaie d'échange, pour manger et survivre. Cette vérité crue, déversée sans la moindre émotion, va heurter l'opinion publique lorsque le livre sera édité dans les années 50. Personne ne voulait plaindre les allemands, ni entendre la litanie de leurs souffrances.

Le temps va apaiser les esprits et c'est seulement dans les années 2000 qu'on accordera enfin à ce journal une valeur humaine à juste titre. (Les chiffres estiment entre 100,000 et 2 millions de femmes violées durant la période d'occupation par l'Armée Rouge.) Le témoignage est certes bouleversant, dur et oppressant. L'auteur ne fait pas dans la dentelle, se montre tantôt sarcastique, dépitée, malheureuse ou désespérée. Son récit rend compte d'un autre versant de l'horreur de la guerre et n'est pas prêt de s'effacer de votre mémoire après l'avoir lu.

Première parution en 2006 ♦ Trad. de l'allemand par Françoise Wuilmart (Ein Frau In Berlin) ♦ Présentation de Hans Magnus Enzensberger

En 2003, deux ans après la mort de l'auteur, son identité a été dévoilée - il s'agissait de Marta Hillers, elle était journaliste.

20 février 2015

Un tout petit rien, de Camille Anseaume

«... ma bosse, ma tumeur, mon erreur, mon accident, mon avorton, mon rien, mon tout, mon embryon, mon clandestin, mon sans-papier, mon tout-petit, mon envie, ma folie, mon amour. »

Un tout petit rien

Camille, 25 ans, découvre qu'elle est enceinte et voit son amant claquer la porte en l'apprenant. Choquée et effondrée, pleine de questions et de doutes, elle se retrouve face à une montagne de responsabilités, comme annoncer la nouvelle à des parents déçus et désemparés ou prendre une décision radicale : le garder ou pas. Bref, Camille surprend, Camille affole mais Camille est « seul juge de la situation de détresse ».

Ce récit, bref et intense, raconte avec des mots simples et une grande sincérité l'envie de bien faire, de ne pas se tromper et d'assumer les conséquences d'une grossesse non désirée. Toutes les femmes pourront facilement se mettre à sa place et seront touchées par la force de son récit, à l'humour caustique et féroce.

Il y a, certes, un côté exhibitionniste assumé, où l'on se raconte sur 284 pages (tout ça pour ça), avec des effets de style qui font mouche. Mais le ton vif et passionnel de Camille Anseaume remue les tripes et résonne en écho à des interrogations légitimes et existentielles. Cela peut agacer, comme cela peut émouvoir le lecteur. Personnellement, j'ai aimé la sensibilité que reflète ce témoignage.

Pocket, février 2015 ♦ À découvrir par curiosité ! 

« Je suis pour que les gens aient le choix de donner naissance à un enfant ou pas, je suis contre ceux qui célèbrent le miracle de la vie en prônant que chaque grossesse en est un, je suis contre ceux qui érigent leurs valeurs personnelles en principes universels. »

♦♦♦

« Je te regarde à nouveau et en observant ton ventre qui s'emplit et se vide doucement, je pense à ma mère et à son bébé dont le pyjama ne s'est jamais soulevé. Je comprends qu'elle a vécu l'innommable et que je perdrais pied dans la seconde si ton pyjama arrêtait de se soulever. Alors je ne lui en veux plus, puisqu'elle a fait ce qu'elle a pu. On dirait que c'est ça, couper le cordon. En quelques minutes, j'ai coupé celui qui me reliait à ma mère et celui qui me reliait à ma fille, je me sens tout d'un coup libre, et en déséquilibre... »

 

7 janvier 2014

Journal d'Hélène Berr : 1942-1944 (Suivi de Hélène Berr, une vie confisquée par Mariette Job)

“Si j'écris tous ces petits détails, c'est parce que maintenant la vie s'est resserrée, que nous sommes devenus plus unis, et tous ces détails prennent un intérêt énorme. Nous vivons heure par heure, non plus semaine par semaine.”

 

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J'avais déjà lu des extraits du journal d'Hélène Berr lors de l'édition 2008 par Audiolib, interprétée par Elsa Zylberstein. Je n'ai pas hésité une seconde pour connaître la version intégrale, lue cette fois par Guila Clara Kessous.

Au-delà du témoignage bouleversant, c'est aussi une personnalité stupéfiante que l'on découvre, Hélène Berr, 21 ans, brillante étudiante à la Sorbonne, amoureuse, bavarde, spontanée, érudite, sensible, sincère, révoltée, agacée, impuissante, rageuse et désespérée. Elle confesse dans son journal de nombreux détails concernant sa vie de tous les jours, d'abord dans le but de se délester d'un poids, puis dans le souci de laisser une empreinte et de permettre aux générations suivantes de comprendre et de savoir dans quelles tourmentes les familles juives ont été plongées.

C'est comme ça qu'on entame la lecture sur une impression de légèreté, au départ les préoccupations d'Hélène relèvent de la superficialité (ses relations amoureuses ou amicales, ses rapports avec sa famille). Au loin, commencent pourtant les rafles et les déportations, mais c'est seulement suite à l'arrestation de son père qu'Hélène se souciera moins de sa petite personne pour s'intéresser à une sphère plus large, plus politique.

J'ai beaucoup aimé l'élégance de la jeune femme, dans son écriture, dans son style, dans sa vie. C'était une jeune fille si dynamique, pleine de vie, rayonnante. Mais plus on avance dans son témoignage, et plus on constate que le ton change, que la gravité et l'amertume s'installent, que le désespoir point, que la mélancolie n'est plus lyrique, mais signe d'une profonde meurtrissure.

Et pourtant, c'est loin d'être un texte triste, mais davantage un texte vrai, qui puise sa force et sa richesse dans la personnalité pétillante d'Hélène Berr. Ce témoignage est aussi une formidable leçon de vie, sa lecture est indispensable pour se rappeler ce douloureux chapitre des heures les plus noires de notre pays.

Audiolib, novembre 2013 / éditions Tallandier, 2008. Texte intégral lu par Guila Clara Kessous (durée d'écoute : 8 h 38)
Préface de Patrick Modiano lue par Benoit Peeters.
Avec la participation de Mariette Job (postface), nièce d’Hélène Berr, qui explique l'histoire de la publication du Journal.

L'écoute en classe de ce CD est autorisée par l'éditeur.

“Il faudrait donc que j'écrive pour pouvoir plus tard montrer aux hommes ce qu'a été cette époque. Je sais que beaucoup auront des leçons plus grandes à donner, et des faits plus terribles à dévoiler. Je pense à tous les déportés, à tous ceux qui gisent en prison, à tous ceux qui auront tenté la grande expérience du départ. Mais cela ne doit pas me faire commettre une lâcheté, chacun dans sa petite sphère peut faire quelque chose. Et s'il le peut, il le doit.
Seulement, je n'ai pas le temps d'écrire un livre. Je n'ai pas le temps, je n'ai pas le calme d'esprit nécessaire. Et je n'ai sans doute pas le recul qu'il faut. Tout ce que je peux faire, c'est de noter les faits ici, qui aideront plus tard ma mémoire si je veux raconter, ou si je veux écrire.”

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7 janvier 2014

La servante du Seigneur, de Jean-Louis Fournier

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Je n'ai pas du tout été convaincue par la motivation de ce texte !
L'auteur étale sur la place publique une affaire personnelle (sa fille a pris le voile, et lui ne l'accepte pas). Il l'accuse d'être différente, d'avoir changé, d'avoir ruiné son don artistique, d'être endoctrinée. Non mais, franchement, c'est pathétique.
Pas une seule fois, l'homme ne montre un aspect de sa personne qui prouverait qu'il est tolérant, qu'il se met à la place de sa fille et qu'il veut comprendre son choix de vie. Au lieu de ça, il tacle, il ressasse de vieux souvenirs, il fait preuve d'humour sordide, il critique, il est bête, il est méchant, il est mesquin.
Loin d'être intimiste, c'est un texte qui se révèle voyeuriste, déplacé et dérangeant. À aucun moment on ne ressent de l'empathie pour cet homme grincheux et égoïste, tout fripé d'être aigri et engoncé dans son acharnement.
C'est désolant.
Le texte, heureusement, est très bref. Seulement 1 h 30 d'écoute (texte lu par l'auteur lui-même). Il se termine de façon salutaire, avec un droit de réponse de la concernée, Marie, à travers la voix de Colette Sodoyez, qui s'exprime brièvement mais fermement. C'est la seule partie du livre que j'ai appréciée.

Audiolib, décembre 2013 - durée d'écoute : 1 h 27 - Texte intégral lu par l'auteur. Avec la participation de Colette Sodoyez.

25 octobre 2013

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit (Audiolib) lu par Daniel Nicodème

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Daniel Nicodème se glisse dans la peau de l'écrivain Jean d'Ormesson pour nous livrer une lecture tout à fait étonnante, à la fois classieuse, nostalgique, enjouée et compatissante. Il nous rend compte du perpétuel ébahissement de l'homme face à son époque, au temps qui passe, à son enfance heureuse et aux doux souvenirs s'y rapportant.
J'ai infiniment aimé toutes ses savoureuses anecdotes concernant sa famille, son existence douillette, protégée et insouciante à Plessis-lez-Vaudreuil, le domaine de son grand-père, lui-même un homme à la personnalité truculente. D'autres figures fantasques, grotesques et aimables, comme le fermier bouddhiste communiste ou la ravissante Marie, passent dans le décor, s'installent, taillent la causette.
C'est absolument charmant, évadé d'un autre temps, poudré et délicieusement guindé, oui, vraiment c'est charmant !
Par contre, l'esprit de l'auteur s'égare aussi dans des considérations existentielles, sur la science, la création du monde, la religion ou les étoiles, mais également sur son œuvre littéraire, sur l'importance d'écrire, de se réaliser dans l'écriture, de parfaire son éternel roman en espérant laisser une trace dans ce vaste monde...
J'avoue, ma curiosité aura toutefois accusé quelques soubresauts d'intérêt, oscillant du haut vers le bas. C'est clair, je préfère de loin les souvenirs personnels, plus concrets, aux foisonnantes idées sur l'univers qui nous entoure. Serait-ce ainsi un roman testamentaire que nous propose Jean d'Ormesson, un récit empreint de souvenirs frétillants et de réflexions toutes personnelles sur la vie en général ?
Chacun y saisira ce qu'il veut. Pour ma part, j'ai été follement séduite par l'homme qui se livre sans retenue, qui évoque ses souvenirs d'enfance et de famille avec générosité, un soupçon de facétie et une grande admiration bien entendu.
Par contre, je suis persuadée que l'auteur lui-même aurait pu s'adonner à l'exercice de la lecture à haute voix, notamment sur ce petit ton badin qui lui est propre. Le résultat aurait été tout aussi entraînant et agréable !

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit, par Jean d'Ormesson (Audiolib, octobre 2013 - lu par Daniel Nicodème, durée : 5h)

12 juin 2013

“Je m'ennuie au milieu de ces cotes toujours à la même place. Ça finit par me taper sur le système.”

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Ce récit m'est apparu comme la logorrhée inépuisable d'une bibliothécaire aigrie par son travail. Un matin, au moment de prendre son poste, elle tombe sur un lecteur qui a passé la nuit dans la bibliothèque. Elle est surprise et rouspète, puis se met à lui parler, parler, parler. C'est long ! D'autant plus, qu'à aucun moment, son interlocuteur ne va intervenir, aussi se demande-t-on si cet individu existe vraiment !

Aussitôt la femme embraie sur son métier, son fonctionnement, expliquant ainsi la fameuse classification décimale de Dewey (cf. le titre du livre). Puis elle s'échappe dans de nombreuses digressions, ses réflexions deviennent acerbes, elle ne supporte pas ses collègues, elle vilipende la direction, trouve qu'ils ont mauvais goût, elle est frustrée d'être au sous-sol, rayon géographie, elle aurait préféré l'histoire.

Et puis, elle se sent transparente, inexistante, elle fait partie des murs, même les rares lecteurs qui descendent jusqu'à elle ne lui prêtent aucune attention, elle soupire, elle grince des dents, parfois elle se venge, elle fait aussi une fixation sur un certain Martin. Sauf que tout ceci ne la console pas de sa détresse. En gros, elle ne trouve aucun épanouissement dans son travail, elle le sait, et nous aussi. A peine les premières pages lues, on le ressent tout de suite.

Ce petit livre m'a donc semblé déconcertant, très amer et un peu lassant. Son flot de paroles, qui apparaît comme un gros bloc interminable et sans chapitre, a été pour moi un enfermement, c'est étouffant, tour à tour usant et agaçant. Je me suis sentie totalement étrangère au désarroi de la bibliothécaire, sa hargne contre le monde extérieur a fini par me gonfler, je n'ai jamais trouvé ça piquant, ou acide, ou drôle. Tant pis.

La cote 400, par Sophie Divry
10/18 (2013)  ou aux éditions Les Allusifs, 2010

11 juin 2013

“Notre mariage était à l'image de notre couple et de notre ferme, à la fois exquis et désordonné, sublime et tumultueux.”

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“Si nous voulons être heureux, nous ne devons pas l'oublier.” Ce sont surtout les valeurs véhiculées dans le livre qui m'ont plu. Après, c'est un témoignage d'une ancienne citadine qui découvre la vie à la ferme et se lance dans l'aventure avec son futur époux. Ici, pas d'ambiance croquignolette façon L'amour est dans le pré, Kristin rencontre Mark autour d'une éviscération de porc, puis tombe amoureuse de lui en avalant un foie de cerf. Sûr que, pour le glamour, on repassera.

Et pourtant, quelque chose m'a plu dans ce livre. Son côté rustique et rudimentaire, peut-être. Les petites anecdotes y sont un peu drôles, surtout surprenantes et parfois dégoûtantes (la violente attaque contre la vache Delia, il faut avoir le cœur bien accroché, et puis on zigouille les bêtes sans état d'âme, ça fait partie du cycle de la vie, chose que j'ai souvent du mal à cadrer...). C'est donc tout un parcours de vie qu'on découvre, Kristin était une jeune femme dynamique, qui aimait voyager, sortir, se rendre au pub, aller au restaurant ou au cinéma, avec Mark c'est une autre vie qu'il lui propose, et elle dit banco.

J'ai donc aimé l'authenticité de son témoignage, jamais elle ne triche, son métier est difficile mais gratifiant, son mari est entier mais généreux et entrepreneur, sa famille pense qu'elle va tout plaquer, mais elle est admirative et toujours la soutiendra. C'est ainsi, un ensemble de détails, de longues descriptions (fastidieuses) sur une aventure humaine, exigeante et hasardeuse, un portrait de femme forte, amoureuse et imparfaite (qui ne vacillerait pas, un matin, le dos fourbu, les mains bardées de cloques, les cheveux en pétard, le portefeuille vide ?). C'est un livre qui se lit avec curiosité, qui comporte des passages longuets et glauques, mais il dégage une très belle philosophie qui fait du bien, surtout ces temps-ci.

Une vie pleine, par Kristin Kimball
10-18 (2012) - traduit par Joëlle Touati

21 novembre 2012

Laissez-les lire !

Amateurs de lecture, petits et grands curieux, sempiternels demandeurs de conseils, égarés dans la forêt des livres, vous ne manquerez pas d'arrêter votre chemin sur les ouvrages suivants.

  • L'as-tu lu mon p'tit loup ?  (les indispensables)

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«L'as-tu lu mon p'tit loup ?» est une émission diffusée sur les ondes de France Inter depuis 25 ans (tous les dimanches à 19 h 55). Un beau succès pour ce programme, rare dans le paysage actuel, qui cherche à mettre à l'honneur la littérature pour la jeunesse. Pour célébrer cet anniversaire, vient de paraître un ouvrage réunissant 90 coups de coeur - choisis parmi les 2500 albums, romans et documentaires que Denis Cheissoux, Patrice Wolf et Véronique Corgibet ont fait connaitre aux auditeurs.

Le choix des 90 livres est totalement subjectif, mais ce sont des valeurs sûres, et même des classiques (on notera par exemple la présence de Charles à l'école des dragons, De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête, Des nouvelles de mon chat, Max et les Maximonstres, Pomelo grandit, Princesses oubliées ou inconnues, Rita et Machin à Paris, L'oeil du loup, La vengeance du chat assassin,  Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi, Magnus Million, Vango... et des tas d'autres encore !). Tous ces titres sont aussi un bagage de vie pour les enfants d'aujourd'hui qui sont les lecteurs de demain. 

A la question, pourquoi faites-vous cela depuis tout ce temps ? Voici un échantillon de mes réponses préférées : 

Parce qu'on passe à travers le miroir des livres et que cela empêche de vieillir trop vite.
Parce que ne pas savoir qu'on apprend est un bonheur.
Parce que la créativité est florissante dans les albums.
Parce que j'aime l'adulte qui n'oublie pas l'enfant qu'il a été.

Gallimard jeunesse, coll. Hors-série prescription, 2012
Préface d'Erik Orsenna - illustration de couverture : Olivier Tallec

Ce guide est dédié à tous les âges de votre vie.

 

  • Je cherche un livre pour un enfant (de la naissance à 7 ans, ou pour les 8/16 ans)

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Utiles et perspicaces, ces deux ouvrages sont des mines d'informations pour vous tuyauter, notamment lorsque vous avez des attentes précises : chercher un livre pour un enfant qui commence à lire seul ou qui est passionné de lecture, que lire après Harry Potter, Twilight ou comme roman policier, trouver un livre qui parle d'aventure, de récits de vie, d'humour, etc.

Mais aussi trouver un album pour aborder les grandes questions (sur la mort, la naissance, le sens de la vie), susciter l'envie d'apprendre, stimuler le développement de l'imaginaire, lire une histoire le soir, parler de sentiments, rire ensemble, découvrir le monde ou attendre Noël.

Cela s'adresse à tout le monde, il y en a pour tous les âges, tous les goûts, tous les styles, on y trouve de très nombreuses références, agencées de façon claire et précise. Ces deux ouvrages se révèlent plus que nécessaires ! 

par Sophie Van Der Linden (de la naissance à 7 ans) &  Tony Di Mascio (pour les 8/16 ans)
Gallimard jeunesse, coll. Hors série prescription, 2011

  • Laissez-les lire ! : Mission lecture

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Pour finir, le livre de Geneviève Patte se révèle plus pointu et spécifique, il rend compte du travail admirable de cette bibliothécaire qui a créé et dirigé, de 1965 à 2001, La Joie par les livres, qui regroupe la bibliothèque pour enfants de Clamart, le Centre national du livre pour enfants et la revue du même nom. Respect total pour cette dame dont la passion de communiquer / partager le goût de lire et l'amour des livres a été un vrai sacerdoce. 

Cet ouvrage est la version remaniée et augmentée du même titre paru aux éditions de l'Atelier en 1987. En gros, on découvre la mission divine de la bibliothécaire, son investissement sans borne pour éveiller et accompagner le goût de lire chez l'enfant, l'aider à suivre son parcours de lecteur, du premier album à la littérature sous toutes ses formes. Pour ponctuer son discours, Mme Patte fait appel aux classiques (comme Tobie Lolness et Harry Potter pour les plus récents !) - elle appelle cela : préserver le patrimoine du livre pour enfants.

Les bibliothécaires jouent un rôle important dans les découvertes puisque, par profession, ils ont la connaissance et l'expérience du patrimoine vivant du livre pour enfants. Malheureusement dans trop de bibliothèques et d'écoles, les acquisitions se réfèrent essentiellement à la présentation, dans la presse générale et spécialisée, des nouveautés éditoriales. En ignorant le patrimoine de l'édition pour enfants, on se prive de vrais chefs-d'oeuvre ; on risque de rester à la surface éphémère de l'immédiat.

Il est aussi question du rôle de l'adulte, et de l'école, en tant que passeurs d'histoires, de l'importance de la lecture orale, de la volonté d'intégrer la famille au sein de la bibliothèque afin de créer une maison vivante et chaleureuse, du rôle social qui consiste à être à l'écoute, à cerner les envies et faire des choix, de la culture enfantine en général, des lectures d'enfance, des relectures parfois nécessaires, puisqu'il faut savoir se renouveler ou prendre des risques. C'est une lecture foncièrement intéressante, qui propose de nombreuses pistes de réflexion et qui parle avec passion du métier de bibliothécaire. Il y a certainement un peu de snobisme (je défends le droit et la liberté de pouvoir lire tout ce qu'on veut, sans juger) et un manque de modernité (l'évolution numérique est survolée, l'approche est timide et approximative). Mais cet ouvrage demeure une référence absolue dans ce domaine, et Geneviève Patte a été une pionnière à promouvoir le développement de services de lecture ouverts aux enfants, donc respect total et applaudissement. 

Gallimard jeunesse, coll. Hors-série prescription, 2012 - illustration de couverture : Quentin Blake

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