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Chez Clarabel
28 janvier 2009

A vos risques et périls - Pascale Maret

51dhocQ5DWL__SS500_Six jeunes gens ont répondu à l'annonce d'un nouveau jeu de télé-réalité, « à vos risques et périls ». Ils partent sur une île déserte, avec leur baluchon, et doivent subir des épreuves pour remporter le pactole. Mais le programme tv connaît un gros bouleversement lorsque des rebelles prennent en otage les candidats. Ce qui passait, au démarrage, pour un roman sauce Koh-Lanta a finalement pris une autre tournure, plus politique (mais pas rébarbative). C'est comme une coupure dans le roman. Avant cela, l'auteur offre une critique réussie des nouveaux programmes à succès que sont les émissions de télé-réalité. Cela n'a rien à voir avec le coup de bâton, c'est plus subtil car l'auteur pigmente son texte de beaucoup d'humour pour décrire l'appât du gain, l'hypocrisie et les calculs. Les traits des personnages sont grossis exprès, on trouve la fille trop grosse, la cruche blonde et jolie, la black sans peur ni reproche, l'aristo coincé, le beur de cité et le pote sportif. L'histoire est racontée par différents narrateurs, ce qui casse un peu la vision globale. Du coup, on lit ce roman d'une traite, on l'apprécie à sa juste valeur même s'il reste trop souvent en surface. J'aurais préféré une fin moins lisse par exemple, mais pour le reste je trouve que le roman offre de bonnes pistes de lecture aux jeunes lecteurs qui auront tout loisir de déduire ce qu'ils veulent après avoir tourné la dernière page. J'ai bien aimé, c'est sûr. J'avais vraiment l'impression de lire du Koh Lanta ! Tout y est, les sourires en façade, la crispation à venir et les gueulantes au tournant. L'humanité dans toute sa splendeur !
La couverture est déjà un indice.

Thierry Magnier (achevé d'imprimer en prime time), 2007 - 174 pages - 8,50€

les avis de Gaëlle et de Stephie

Danièle Grolier, de la librairie La Courte Échelle n'a pas du tout aimé

Cf. de la plume à l'oreille, qui reprend l'avis d'une classe de 4ème

 

 

 

 

 

 

 

A vos risques et périls, de Pascale Maret

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21 janvier 2009

« moi, je dis que j'aime me toucher pour le plaisir, c'est tout »

Jeu de mains - Adeline Yzac

51ZkmX_2Bp1UL__SS500_Valantin, quinze ans, est un adolescent encombré d'un corps qui a brusquement changé du jour au lendemain. Lui si maigre est devenu grand et costaud, et sous la ceinture aussi c'est le feu d'artifice. Mais tout cela gêne un peu notre garçon, malgré tout timide et maladroit. Il est couvé par ses parents, impossible donc de leur en toucher deux mots, c'est gênant. Parce que Valantin se sent un véritable obsédé. Il aime les filles, il aime les regarder, il aime alimenter ses fantasmes, et patatras... son Pepsi, comme il l'appelle, se met au garde à vous. C'est systématique, mais source de malaise et de pudeur aussi. L'histoire commence avec l'achat d'une paire de ciseaux, mais pourquoi ? Tout au long du roman on attend du garçon qu'il nous explique, assis dans sa chambre, avec ses ciseaux à côté de lui.

C'est un livre très intelligent, qui traite d'un sujet peu commun et de façon assez explicite, sans toutefois être vulgaire. On peut y percevoir une façon de déculpabiliser l'adolescent et son rapport avec le sexe, ce n'est pas une maladie ou une perversion, c'est juste la vie. La nature. Et également l'histoire montre que ce n'est pas facile non plus d'être un garçon, « On croit toujours que c'est les filles qui sont fragiles. T'es un mec, t'as pas droit au doute. Pas droit de décevoir. Pas droit de te regarder le nombril. Et je parle même pas de te montrer délicat, tu deviens carrément suspect. » Et encore moins évident de faire comprendre aux parents qu'il faut « couper le cordon », laisser grandir, lâcher la grappe.
Un texte qui sonne très juste.

Rouergue, coll. doAdo - 2009 - 110 pages / 7€

l'avis de Vanessa (Eliabar)

 

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Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser - Jo Witek

9782020984898Bon, on voit bien que ce n'est pas facile de grandir. Physiquement, ou même dans sa tête. Xavier a 13 ans 1/2 et il vient de tomber amoureux de Mina, une jolie brune à la voix cassée. C'est la fille d'une amie de sa mère, il est fou d'elle, il en rêve la nuit et le jour il plane à dix mètres. Ses résultats à l'école commencent un peu à faiblir, il se rebelle contre sa maman parce qu'elle a commis un crime de lèse-majesté (en lavant le tshirt qui portait l'odeur de Mina). Enfin bref, on assiste à un vrai tourbillon d'émotions, de sentiments et de déclarations enflammées.

Xavier a récupéré un vieux Notebook de couleur jaune qui va lui servir de journal intime. Il y confie son récit intégral (ou presque) de son premier baiser, mais pas seulement. C'est un livre qui montre aussi le souci pour un garçon d'être à la hauteur avec l'objet de son affection. Comment embrasser, faut-il toucher les seins, dit-on je t'aime la première fois... ce n'est pas facile à 13 ans. Heureusement Xavier a un meilleur ami qui le soutient et une grand-mère passionnée de poésie qui lui parle d'amour en termes d'élégance et de sagesse. 

C'est le portrait d'un jeune adolescent impétueux et limite capricieux, fou amoureux surtout et donc excessif en tout. Heureusement c'est drôle, léger, sans prétention. Cela devrait plaire aux garçons et aux filles à partir de 12-13 ans.

Seuil, coll. karactères, 2009 - 116 pages / 8€

Le site de l'auteur : http://www.jolengagne.com/

Jeu de mains, un roman d'Adeline Yzac

Disponible dès le 22 janvier : Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser

19 décembre 2008

L'adolescence, parlons-en... encore !

51KEwGJY36L__SS500_J'ai mis du temps avant de comprendre ce que représentait la couverture du roman Zarbi d'Hélène Vignal ! L'indice est révélé en bout de course, de façon impromptue, car j'ai regardé à deux fois ce truc que j'associais à de la nourriture asiatique. Mais peut-être suis-je la seule à qui la vue me joue des tours...

Passons, cela n'est pas important. Zarbi, lui, est un roman passionnant. C'est l'histoire d'une famille, le couple et ses deux enfants. Les parents se chamaillent souvent, n'ont pas trop de temps et sont dépassés par la crise d'adolescence de leur fils aîné, Landry. La situation est présentée et vécue par Dina, la cadette qui a dix ans. Elle pense comprendre, mais ne cerne pas toutes les subtilités, toutefois elle n'est pas idiote et n'est plus un bébé. Comme elle dit. Souvent son analyse vaut tous les discours des adultes réunis, car elle a l'oeil vif, un humour en béton et un tempérament de feu.

« Mon manteau sur le dos, debout devant eux, je mange mon pain aux raisins en les regardant. C'est étonnant comme on est tous devenus laids dans cette famille. Avant on était plutôt beaux et on rigolait bien, on faisait du pain perdu aux goûters et des câlins ou des séances de chatouilles assez souvent. Certains jours, on se piquait des fous rires tous les quatre en jouant au Uno ou à La bonne paye.
Maintenant si l'un d'entre nous rigole, les trois autres font bien attention de ne pas rire en même temps pour ne surtout pas avoir l'air complice. Il faut sans arrêt faire attention avec qui on est d'accord parce que ça peut dégénérer très vite. Landry peut m'accuser de collaborer avec les parents ; comme je peux perdre la confiance de mes parents si j'ai des secrets avec Landry : et si je dis à ma mère que mon père a attrapé Landry par les cheveux, mon père peut m'en vouloir et ma mère en vouloir à mon père ; ou si Landry rigole avec moi, les parents peuvent croire qu'il est d'accord avec la vie de famille, ce qui serait une catastrophe pour lui ; ou si je suis trop copine avec ma mère, elle va croire que je suis toujours d'accord avec elle, ce qui est faux, parce que je la trouve parfois assez nulle. Tout est donc très compliqué ; du coup, pour être sûr de ne pas faire d'erreurs, à la maison personne ne rigole avec personne et on évite de trop se regarder pour ne pas créer des malentendus.
»

Pas facile d'avoir un ado à la maison, c'est ce que je pense après lecture. Mais il faut bien gérer la situation, malgré les prises de tête, les disputes, les conflits et le mur d'incompréhension qui monte toujours plus haut et de toutes parts. L'histoire a l'intelligence de ne pas s'embourber, d'adopter le ton juste et de ne pas oublier l'humour pour aborder ce cap difficile, et surtout le point de vue est délivré de la part d'une petite fille, qui elle-même se cherche, se pose des questions et grandit. Ce n'est pas facile non plus, mais Hélène Vignal sait trouver un équilibre. Elle montre la complexité, elle ne donne pas de solution miracle (ou disons que c'est facile car fictif). Son roman se termine bien, et c'est même un très bon moment à passer car cela frise plus souvent l'ironie que la déprime !

Zarbi, d'Hélène Vignal
Ed. du Rouergue, 2008 - 155 pages - 8,50€

 

 

 

Dans le même registe, je vous rappelle le roman d'Estelle Lépine, Demain l'année prochaine (Seuil jeunesse), qui raconte aussi la crise d'adolescence vue par la petite soeur dans une famille qui ressemble de plus en plus à un navire qui prend l'eau. A conseiller dès 10-11 ans.

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51oCz0M5GEL__SS500_Petite bouffée de fraîcheur avec Une saison Rimbaud, d'Emmanuel Arnaud (l'auteur du très hilarant Les trilingues). Je me tourne les pouces en reprenant la présentation de l'éditeur, parce qu'elle le vaut bien :

Vous êtes en vacances dans une tour de béton pourrie en Espagne. C'est la Toussaint. Vos parents hésitent entre une soirée paëlla et le match de foot à la télé. Vous vous ennuyez, comme vous vous ennuyez le reste de l'année au lycée avec votre copine, avec vos potes. Vous vivez une vie moyennement intéressante, une vie grise. Alors vous ouvrez un livre un peu par hasard. Ce livre, c'est Les Illuminations de Rimbaud. Soudain quelque chose vous arrive. Comme l'explosion d'une météorite, mais à l'intérieur. Un truc d'enfer. Une révélation. Vous regardez autour de vous. Rien n'a changé. Vous avez toujours le livre entre les mains. Brusquement, vous comprenez : la vraie vie est ailleurs.

Ne vous est-il jamais arrivé de tomber en extase par la faute d'un livre ou d'une lecture ? Moi, oui. Je connais cet air de zombie, ce sourire niais, le regard de quasi-fluorescence, cette petite bulle qui enfle, vous enveloppe et vous coupe du reste du monde. Alexandre a eu le choc avec Rimbaud, il en perd pied, sa petite amie, son ami Atonk qui le pousse à s'ouvrir, à faire du moderne (du slam, du rap...) car, selon lui, cet état extatique est mauvais. Pas sain. Invivable. Personne ne peut comprendre, sauf Alexandre. C'est une affaire personnelle, « c'est la seule chose qui vaille la peine qu'on vive pour ». Un tel cri d'amour littéraire, ça ne peut m'échapper. Et j'ai aimé, j'ai souri, j'ai pensé que c'était un vrai moteur pour dynamiser un moral en berne, pour motiver les mauvaises troupes, pour guider et pour tendre la main. C'est montrer aussi l'adolescence sous un autre jour, plus rêveur, plus passionné et la touche d'humour de la part d'Emmanuel Arnaud finit de boucler la boucle.

Une saison Rimbaud, d'Emmanuel Arnaud
Ed. du rouergue, 2008 - 109 pages - 7€

17 décembre 2008

quand le sentiment... (s'en mêle ou s'emmêle)

Je pense que lorsqu'on n'a pas trop le temps de lire, ou pas trop l'envie non plus de se plonger dans une histoire qui s'éternise sur une centaine de pages, je conseille de piquer du nez dans un recueil de nouvelles, parce que c'est court, c'est bien écrit, c'est le vertige de la chute et c'est aussi indiqué à des jeunes lecteurs, dans un créneau collège et plus.

51l1JThlBeL__SS500_Les 6 nouvelles de ce recueil de Hubert Ben Kemoun sont centrées sur le sentiment... sujet très large ! On y aborde forcément l'amour, un thème central et porteur, et surtout on trouve qu'on n'est jamais trop sérieux lorsqu'on a dix-sept ans (et avant aussi, et après n'en parlons pas !). C'est la petite moralité à en tirer après lecture de ce livre. Du moins, en ce qui me concerne. J'ai lu avec recul ces histoires mettant généralement en scène des adolescents qui vivent leur première histoire amoureuse et qui mettent un point d'honneur à ne rien bâcler, comme si leur vie en dépendait. A lire comme ça, c'est fichtrement drôle et cocasse. Il faut le prendre ainsi, surtout dans "Mélodie mélodrame", qui raconte la passion naissante et tourbillonnante d'un jeune couple, prêt à tous les sacrifices (piercing ou tatouage, pour ne rien nommer), et la passion s'éteint aussi vite qu'elle a pris feu. Ce n'est heureusement pas la fin du monde, mais je reconnais qu'à treize ou quatorze ans la démesure est souvent chevillée au corps adolescent !

"Sotte en auteur" est l'histoire d'une amitié et d'un secret vieux de quinze ans, quand le destin vient soudain refrapper à la porte, en un constat mi-navrant et mi-burlesque. C'est léger, c'est facile et c'est limpide. On passe à l'histoire suivante, "Cadeau de nuit", qui est plus glaçante. Une animatrice radio reçoit l'appel d'un individu qui lui raconte le départ de sa compagne, et le monologue plonge lentement dans le glauque. Un soupçon de frisson se glisse dans la mécanique ! Et on retrouve nos chers ados, en proie aux feux de leur passion, dans "Malo coeur", un élève aux résultats passables change du tout au tout et passe de longues heures au cdi pour réviser sa grammaire et ses classiques, dans le but d'éblouir la première de la classe, Bettina, qui fait battre son coeur.

Ici, l'amour est associé à la tristesse, à la trahison, à la perte. Les histoires d'amour finissent mal en général, mais d'après Hubert Ben Kemoun il n'est pas utile d'en pleurer, mais juste d'en rire ! Oui, tout à fait. Le ton abordé dans les nouvelles est purement humoristique, il dédramatise les situations tordues (seule exception, peut-être, avec "Cadeau de nuit"). L'ambiance générale est bien d'apaiser et de recoller les coeurs brisés en mille morceaux, la solution proposée serait de sourire, car comme dit Scarlett, demain est un autre jour !

Quand le sentiment - Hubert Ben Kemoun
Ed. thierry magnier, 2008 - 170 pages - 9,50€
(achevé d'imprimer sans guimauve !)

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Mais qui est Hubert Ben Kemoun ? Cet auteur prolixe publie plus d'un livre par an, il s'adresse à tous les âges, brasse tous les genres littéraires, des romans aux pièces de théâtre. Il rédige des scénarios pour la TV, des dramatiques et des feuilletons pour Radio France. Il mélange  l'humour au frisson. Le roman policier est le domaine qu'il préfère. Il conçoit ses livres comme des parcours d'apprentissage. Il aime jouer avec les mots et invente des grilles de mots croisés pour la presse. Bref c'est un caméléon ! (Et c'est tant mieux!)

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Voici enfin une très bonne idée cadeau pour vos enfants, Ton livre à écrire par le même Hubert Ben Kemoun. Vos chérubins sont de grands curieux ? Ils posent des questions sur la façon dont naît une histoire, sur comment on écrit un livre, ou sur pourquoi on pense ceci et on écrit cela, et pourquoi on écrit d'abord, comment tous ces ingrédients mélangés donnent une histoire qu'on aime, et pourquoi le livre devient l'élément indispensable dans sa vie de jeune lecteur... 

Cet ouvrage se veut donc guide et conseil, il prend la main de l'enfant et l'aide à se lancer dans l'aventure du livre, mais avant tout il parle d'écriture, d'imagination, d'idée et d'astuce. C'est très bien pensé, merveilleusement illustré par Robin, c'est un ensemble instructif et ludique. Ma fille de 8 ans ne jure que par lui !   

61ny5OIIKFL__SS400_Présentation de l'éditeur
Attention, ce livre n'est pas comme les autres. Il n'attend que toi, ta plume et ton imagination pour devenir ton œuvre, pour devenir unique... Pour toi, Hubert Ben Kemoun a planté un décor, créé des personnages et imaginé des situations. La suite t'appartient : à toi de faire vivre ces personnages pendant toute une journée. Bienvenue sur la place des Plumes, désormais c'est toi l'auteur !

Par Hubert Ben Kemoun
Illustrations de Robin
Nathan jeunesse, 15,90€

29 novembre 2008

L'invention de Hugo Cabret - Brian Selznick

Admirez ce regard envoûtant, qui vous hypnotise en un clin d'oeil (imaginez, imaginez)... Cette couverture illustrée en noir et blanc du visage d'un garçon aux grands yeux perdus est celle qui vous ouvre la porte d'un univers tout bonnement extraordinaire.

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Il ne s'agit pas d'un roman, pas d'un livre d'images, pas d'un conte et pas d'un film, mais c'est tout à la fois ! Ce garçon mystérieux s'appelle Hugo Cabret. Il vit seul dans les combles de la gare où il s'occupe des horloges, et il se rend régulièrement près de la boutique de jouets pour voler quelques objets. Un jour, pris la main dans le sac, le garçon égare un carnet de croquis que le marchand refuse de rendre. Il veut comprendre pourquoi Hugo tient à ce carnet, pourquoi il refuse de raconter ce que signifient ces croquis d'automate. En colère, l'homme menace de brûler le carnet et rentre chez lui. Hugo n'abandonne pas et le poursuit, mais va rencontrer en chemin une jeune fille - Isabelle. Elle se présente comme étant la petite-fille du marchand de jouets et accepte de l'aider à récupérer son bien. Vont suivre des rendez-vous secrets dans une librairie ou au cinéma, les deux enfants deviennent amis et s'aperçoivent que les secrets de l'un et de l'autre peuvent s'entremêler pour obtenir une clef qui ouvrira la boîte aux merveilles.

Je n'en dis pas plus ! Ce livre est juste étonnant. C'est un clin d'oeil au cinéma, au pouvoir des images, à l'imagination et à l'amitié. On y trouve aussi de la magie, un voyage sur la lune, des illustrations par centaines, une foi inébranlable et un don légué par un papa disparu. On s'attache à tous les personnages qui forment une palette panachée : la demoiselle coiffée à la Louise Brooks, amoureuse des livres, privée de cinéma par son grand-père, sans savoir pourquoi, lequel est un vieux grigou austère et grognon, et le jeune garçon orphelin, qui cherche à décrypter un message caché.

L'ambiance est atypique, unique et originale. Les illustrations se fondent à merveille dans cette histoire incroyable, on y scrute le moindre détail pour bien saisir toute l'essence. C'est particulièrement troublant, car l'histoire en elle-même est simple, un tantinet énigmatique. La force du livre repose indiscutablement dans son atmosphère et l'aura dégagée est celle d'un charme décalé, délicieusement rétro et qui rend hommage à Georges Méliès.

Le livre a l'aspect d'une brique, les pages sont en noir et blanc, l'histoire prend une direction précise et intelligente, et c'est classé en jeunesse. Que ceci ne vous arrête pas, car il peut être lu par tout public. Je vous le conseille notamment, chipez-le à vos enfants !

Roman en mots et en images de Brian Selznick

Traduit de l'anglais (USA) par Danièle Laruelle

Sur le site de l'éditeur :

Un roman graphique d'aventure et de mystère, un voyage dans l'univers merveilleux du cinéma en hommage à Georges Méliès.

 
Hugo Cabret est orphelin. Son oncle l'héberge dans les combles de la gare dont il est chargé de régler les horloges. Or le garçon a une obsession : achever de réparer l'automate sur lequel son père travaillait avant de mourir dans l'incendie du musée où il était employé. Hugo est persuadé que cet automate a un important message à lui délivrer...
Brian Selznick, à la fois conteur, dessinateur et concepteur de livres, crée une forme de récit original où textes et images s'alternent et se complètent pour former la trame d'une aventure graphique inédite.
Il a reçu pour ce livre le prix le plus prestigieux des Etats-Unis : le prix Caldecott.
Retrouvez sur le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (26 Novembre au 1er Décembre 2008) un petit spectacle autour du roman le Samedi 29 Novembre de 15h30 à 16h30 dans la salle de la librairie du salon.
www.salon-livre-presse-jeunesse.net

Cliquez ici pour feuilleter les illustrations de ce livre en ligne.


Auteur et illustrateur : Brian Selznick
A partir de 9 ans.
Prix : 17,90 €
533 pages
Bayard jeunesse

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8 novembre 2008

Mon Plan de Destruction des Pouvoirs de mon Petit Frère - Mélanie Lafrenière

51d57intWFL__SS400_La sorcellerie, c'est une affaire de femmes.
C'est ce que pense Anségisèle von Wienenberg, dite Gigi. Elle a treize ans, beaucoup de tempérament et manque tomber à la renverse quand elle apprend que son petit frère d'à peine 7 ans a lui aussi des pouvoirs de sorcier. C'est une première, mais Gigi digère mal l'information tandis que toute la famille et le cercle de la sorcellerie s'extasient.
Jalouse, la demoiselle met en place le PDPPF. Ce qui veut dire : le Plan de Destruction des Pouvoirs de mon Petit Frère.
Compulsant les grimoires de sa mère et de sa grand-mère, Gigi concocte des potions, invoque un GénIX ou dorlotte une mandragore. Or, elle ne joue que de malchance. Alaric, son petit frère, devient un sorcier de plus en plus doué. Et plus il progresse, plus Gigi s'impatiente et double de maladresse.
Elle va miser sur le Sabbat des sorcières où elle pourra s'entretenir avec Monsieur le Diable en personne et obtenir une faveur de sa part pour faire disparaître les pouvoirs de son frère. Mais encore une fois, elle ne sera pas au bout de ses surprises !

Cette histoire de sorcière moderne est drôle, vraiment racontée pour tirer des éclats de rire auprès du jeune lecteur (dès 10-12 ans). Ce livre est destiné aux filles qui en ont marre de leur petit frère, c'est ce que nous indique la quatrième de couverture. Et aux autres filles aussi, solidarité féminine oblige !
En effet, la suprématie féminine dans le monde des sorciers est menacée. Un gamin de sept ans s'introduit dans le sérail, cela agace la narratrice - Gigi, 13 ans. Mais au lieu de trouver du soutien auprès de ses pairs, elle découvre que toutes les portes s'ouvrent et qu'un tapis rouge est déployé pour parfaire l'éducation de ce jeune prodige.
Trop, c'est trop.
Et le jeune Alaric est particulièrement épouvantable. Hystérique, capricieux, insolent et effronté, il pousse sa soeur à bout. Et le lecteur aussi. Quand bien même on vient à bout de cette chasse aux sorciers, on découvre avec étonnement que ... tel est pris qui croyait prendre !
La fin, assez risible, est un joli pied-de-nez à notre sorcière bien-aimée.
Légèrement éreintant pour un lecteur qui a dépassé les 30 ans, ce livre va beaucoup plaire aux plus jeunes, aux amateurs de sorcellerie et aux comédies burlesques.
Mélanie Lafrenière écrit avec un certain panache et se glisse dans la peau d'une adolescente pleine d'imagination et qui ne manque pas de culot et ce, avec une aisance remarquable. Recommandez ce premier roman à vos filles, petites soeurs, copines ou cousines !

Plon jeunesse / Novembre 2008 - 200 pages - 13€

Mélanie Lafrenière est née en 1979 près de Vancouver et a la double nationalité franco-canadienne. Aujourd'hui elle habite Bordeaux. Elle aime beaucoup les chats noirs, les crêpes salées au sirop d'érable et les jeux de rôle grandeur nature car elle adore se déguiser en magicienne, en elfe ou en barbare !
Elle déteste la routine, les gens qui se plaignent tout le temps et les maths.
Ce livre est son premier roman pour la jeunesse.

7 novembre 2008

A la poursuite de l'enfantôme - Jean Baptiste Evette

La mère de Char ne croit pas aux fantômes ni aux maisons hantées, elle refuse donc de donner du crédit aux élucubrations de sa fille, Jazz, qui dit avoir une amie morte dans sa chambre. C'est un enfantôme, selon ses termes, qui se sent perdu et seul. Cela pourrait être attendrissant, or cet esprit donne des cauchemars à la fillette, ce qui réveille fréquemment toute la famille en pleine nuit. Ce mystère devient oppressant, Laura emprunte la voie médicale pour trouver une solution tandis que Char, 15 ans, tourne un film, "à la poursuite de l'enfantôme", avec la caméra de son père.

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Le roman se construit sur ce mélange : recherche des indices, retour vers le passé, anecdotes fantastiques. Le climat de l'histoire est d'ailleurs frileux, assez angoissant. On s'interroge sur cet enfantôme et progressivement on dépasse les frissons pour atteindre l'émotion. Le parcours est joliment travaillé, par l'acharnement d'un adolescent qui a besoin de trouver des repères dans sa propre vie. Ses parents viennent de se séparer, sa mère parfois ne sait pas imposer les bonnes limites et le père agit maladroitement, par faute d'être trop absent.

C'est un roman singulièrement captivant, hanté vraisemblablement par des figures hors du commun. Il y a la jolie bibliothécaire, celle qui lui vaut les premiers balbutiements émotionnels, il y a Vladimir, le poète qui vit dans un univers étrange et qui semble malsain, et il y a Serge, le projectionniste, qui prend sous son aile Char, passionné de cinéma (et principalement des films fantastiques, en noir et blanc). Par bien des aspects, on a l'impression d'être au coeur d'une ville coincée dans l'espace-temps, entre le passé et le présent. Le rendu participe au charme pittoresque du récit !
L'action se passe dans une petite ville en Normandie, qui a été reconstruite après la libération. Et ce détail aura son importance dans la trame romanesque.

D'un style simple et efficace, parfois piqué d'humour, Jean-Baptiste Evette nous propose une histoire captivante, riche en suspense et empreinte d'échos fantastiques fort appréciables !
A découvrir !
12 ans et plus

Illustrations de Sylvie Serprix
Gallimard jeunesse, coll. Scripto - Octobre 2008, 156 pages - 8,50€

L'avis de Francesca

16 octobre 2008

Le premier qui pleure a perdu - Sherman Alexie

Junior, un indien Spokane de 14 ans et résidant dans la réserve de Wellpinit avec sa famille, est souvent la cible des balèzes et des crétins qui l'entourent. Il collectionne les tares physiques, mais surtout a un potentiel intellectuel qui le démarque de ses congénères. Son prof le remarque et le pousse à quitter la réserve pour entrer au lycée de Reardan. Cela signifie se rendre dans le bourg voisin, celui des Blancs !

Cela implique beaucoup de choses : faire honte aux siens, à sa communauté. Devenir le traître. Aussitôt son meilleur pote, Rowdy, lui crache au visage. Il n'est pas le seul à le renier, l'insulter et le tabasser au coin d'une rue. Junior en bave mais il veut s'accrocher, ses parents le soutiennent, la réalité de leur misérable vie ne peut que les inciter à souhaiter le meilleur pour leur fils. Et puis il y a la grand-mère Spirit, la plus sage et la plus philosophe de Wellpinit, qui sait donner les bons conseils.

Alors Junior suit son bonhomme de chemin : à Reardan, rien n'est simple non plus. Il est amoureux de la jolie Penelope, il met k-o un élève de terminale qui cherche à l'humilier, il réussit à intégrer l'équipe de basket, vomit avant toutes les compétitions et récolte un trauma crânien lors de sa première rencontre face à son ancienne équipe.

A Wellpinit aussi, il y a du malheur, on ne s'en lasse pas, mais mieux vaut en rire (on enterre mieux ceux qu'on aime dans un grand éclat de rire, paraît-il). Les catastrophes s'enchaînent, surtout vers la fin, mais le temps n'est plus à l'apitoiement. En fait, on regarde vers l'horizon, on pousse un grand soupir et on cogite.

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Un roman qui porte bien plus loin qu'on le pense, et c'est un vrai régal ! Dès les premières pages, j'ai été séduite et touchée par Junior, son histoire est sordide, pas toujours gaie non plus, et pourtant on n'a pas du tout le moral dans les chaussettes. Il faut dire que l'histoire est racontée avec humour et comporte pas mal d'autodérision, ce qui décomplexe nos tendances à faire la grise mine. Et puis c'est un roman juste, qui ne fait pas dans la dentelle alors que Junior porte un jugement sur les indiens de la réserve, sur leur tendance à se réfugier dans l'alcool et la fainéantise, et sur la condamnation, presque jalouse, contre celui qui veut s'en sortir et qui semble commettre un acte de traîtrise (de quitter la réserve, quelle honte !). 

Enfin bref, l'auteur a réussi un exploit à mettre dans la balance toutes ces considérations de valeurs et de place dans la société sans vilipender l'un plus que l'aure, l'histoire montre que tout le monde porte la responsabilité de ses erreurs. Et Junior apparaît comme un petit bonhomme courageux et trèèès attachant. J'ai aimé sa manie de gribouiller son journal, ses dessins sont cocasses et révèlent tant de vérités cachées... J'ai vraiment, vraiment apprécié ce qu'il y avait dans ce roman, c'est comme lire le journal d'un adolescent mal dans sa peau, avec une dose de tendresse et de cynisme, et surtout une volonté de ne pas accepter la fatalité. Junior est un gamin qui ne se plaint jamais, qui veut aller toujours plus loin, en se posant les bonnes questions, en reconnaissant que ce n'est pas rose tous les jours, après tout c'est la force d'y croire qui le fera sortir des situations les plus pathétiques. Toujours. En refermant ce livre, j'en étais plus que convaincue ! 

Albin Michel jeunesse, coll. Wiz / Septembre 2008, 280 pages - 13€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec
Illustrations de Ellen Forney

Gawou a bien aimé, Cuné pas du tout
Claire a adoré

2 octobre 2008

Ghostgirl - Tonya Hurley

 

 

C'est la rentrée des classes et Charlotte Usher est déterminée à marquer cette année d'une pierre blanche. Elle ne veut plus être cette élève transparente, qui n'a pas d'amis et qu'on humilie pour le plaisir. Tout l'été elle a travaillé pour imiter Petula et les deux Wendy, les filles les plus populaires du lycée, et veut réussir à séduire l'objet de son affection - Damen. Elle croit en sa bonne étoile, mais ce premier jour signe aussi sa fin : elle meurt étouffée en mangeant un ourson en gélatine.

Devenue fantôme, Charlotte rejoint la classe des morts et apprend qu'elle doit accomplir un acte resté inachevé avant de basculer dans l'au-delà. Aucun doute possible pour l'adolescente, elle doit conquérir Damen et décrocher une invitation pour le bal. Devenir populaire. Obtenir tout ce qu'elle n'a jamais pu avoir de son vivant. Mais comment faire, surtout quand la seule personne capable de vous voir est Scarlet, la soeur de Pétula, accessoirement la petite amie de Damen !?

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Le roman en lui-même est très réussi (couverture, graphisme, pas mal de couleurs, de la fantaisie entre les chapitres, citations des plus grands auteurs anglo-saxons), pour cela le soin apporté au plaisir de la lecture est appréciable. Quant à l'histoire, c'est un autre dilemme. J'ai trouvé que c'était drôle, Charlotte est un sacré personnage, totalement obsédé par Damen, mais cela reste léger et plutôt indiqué à un jeune public, dès 12 ans par exemple. Le propos de vouloir exister aux yeux des autres est traité de façon pathétique pour commencer, puis avec énormément de dérision. On échappe à la farce grotesque, car Tonya Hurley (qui travaille dans le cinéma) (et oui, c'est la soeur de Liz) parvient brillamment à distiller de la fantaisie à ce qui ressemble fort à du flegme britannique !

Plon jeunesse, octobre 2008 - 326 pages - 17,90€
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Myriam Borel

Le site : www.ghostgirl.fr

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(extrait)

15 août 2008

(lectures de vacances - 4)

Venise, Shakespeare, une grand-mère et sa petite-fille, la même passion du théâtre, le goût de l'exubérance. Ce sont des arguments imparables pour m'intéresser à ce petit roman, qui bénéficie d'une réédition (ce livre a préalablement paru en 2003).
Elisa et sa grand-mère Eia se voient tous les jours, pour parler de peinture ou réciter du Shakespeare. Cela casse la solitude de la grand-mère, qui est fâchée avec sa fille, laquelle s'inquiète car elle juge sa mère un peu folle. Elisa ne veut pas que sa grand-mère retourne en hôpital psychiatrique, alors elle édulcore la réalité et tente de dresser un portrait d'une mamie gâteau pour la paix des ménages.
Un jour, au hasard d'une promenade, grand-mère Eia trouve un peigne de cheveux en écaille de tortue. Elle ne le sait pas encore, mais dans les jours qui vont suivre, d'étranges signes de métamorphose vont apparaître. Et c'est en tortue qu'elle se transforme, sous les yeux incrédules de sa petite-fille.
Elisa garde le secret, fait quelques recherches sur internet, découvre quelle race de tortue il s'agit (un spécimen très rare, qui vit à Aldabra, au large du Pacifique) et rencontre un collectionneur passionné, Max, qui va crever d'envie de rencontrer la fillette et sa tortue.

Ce roman est un puits d'imagination, un voyage entre le réel et l'imaginaire. J'ai eu un peu de mal à m'embarquer, me mettre dans l'idée qu'une grand-mère puisse se transformer en tortue... Après tout, pourquoi pas ? Marie Darrieussecq avait bien fait sensation avec son héroïne qui devenait une truie ! Bref, dans ce livre destiné pour la jeunesse, je crois que l'auteur s'est servie de cette parabole pour parler d'une fuite qui tromperait la mort. Comme le dit la grand-mère, "L'astuce, c'est de se transformer."
Ce voyage dans l'imaginaire reste une exploration tour à tour déconcertante, charmante, drôle et sympathique, mais les esprits frileux pourront reprocher cet excès d'invraisemblances et/ou d'inepties. La lecture invite à voyager, ne l'oublions pas... 

Aldabra : La tortue qui aimait Shakespeare - Silvana Gandolfi

Seuil, coll. Chapitre - 158 pages - 9,50€

A partir de 10 ans.

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Demain l'année prochaine :

Ce livre me rappelle la cruelle difficulté de plonger dans une histoire qui ne s'adresse pas à vous, mais il faut faire comme si, et pourtant là non, je ne peux pas.
Je n'ai plus l'âge, je ne supporte plus les crises des adolescentes hystériques, qui se réveillent en petites femmes parce qu'elles viennent de passer leurs premières vacances en colo avec les copines et les copains.
On assiste aux scènes du genre "je bois du café comme une grande", "je dors des heures pour tromper l'ennui", "ma vie n'est qu'une somme d'injustices", et patati et patata.
C'est par le regard de sa jeune soeur, Mélanie, que se dessine le portrait de cette adolescente insupportable. Léna se rebelle, en fait baver à ses parents, lesquels ont aussi de gros soucis (plus de boulot pour le père, et trop de travail pour la mère). Il faut gérer toutes les situations, mais Mélanie ne nous donne pas l'impression que c'est chose faite.
Se sentant un peu transparente, coincée entre son aînée trop bruyante et le petit dernier qu'il faut occuper, surveiller, câliner, Mélanie cherche à exister. Elle n'est plus une petite fille - son corps lui donne les premiers signes - et la vie à la maison ne lui accorde pas le droit de lever le doigt, de montrer qu'elle existe. Son rôle, c'est d'être la plus discrète possible. Ecoute, vois, tais-toi.
A conseiller à toutes les adolescentes concernées par ce problème, à savoir : où se trouve ma place !?
On évoque les problèmes familiaux, les soucis d'argent, le sentiment de ne pas exister, les émois amoureux, les angoisses face à la puberté, la rentrée scolaire qui s'annonce... Un panel de sujets assez large est donc abordé, qui concerne aisément le lectorat visé (dès 11 ans).

(Je ne suis pas mécontente d'avoir franchi ce cap, par contre je crains de devoir remettre le couvert, pour ma fille, tôt ou tard... Malheur !)

Demain l'année prochaine - Estelle Lépine

Seuil jeunesse, coll. Chapitre - 122 pages - 7,50€

A partir de 11 ans.

Moi qui ne vais pas au bout
Des choses,
Un jour j'irai au bout
Du monde
Pour voir si là-bas
Toutes les causes valent qu'on s'y penche
Et qu'on y tombe

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