Pêle-mêle : L'anorak rouge - Les enfants qui volent - Émile a la grosse patate - La princesse Caméléon - Un chien formidable
Depuis que Lucien a enfilé son petit anorak rouge, il se sent investi d'une mission. Écrire une histoire de zombis ! Ses premiers essais ne rencontrent pas le succès espéré mais qu'à cela ne tienne ! Lucien détient le scénario de sa vie en racontant le périple d'une feuille sauvage devenue mutante zombie et qu'une fillette rousse à lunettes va dompter avec ses super pouvoirs. En fait, il s'agit de Francette. Elle adore la poésie ET écrire des histoires. Ça tombe bien, entre Lucien et elle, c'est une belle aventure qui commence. Certes, la demoiselle a une préférence pour les poneys magiques et n'entend rien aux zombis. Lui, Lucien, ne veut pas la blesser et fait croire que... En vrai, une bourrasque a avalé le manuscrit de mille pages (mais chut !).
C'est une lecture super drôle. Une véritable ode à l'imagination et à la fantaisie. Avis aux adeptes du ton décalé et cocasse ! J'adore aussi ce format court et percutant, construit comme une bande dessinée, avec très peu de texte mais des illustrations qui font mouche. Les anecdotes filent à toute allure et donnent franchement le sourire. Jean-Luc Englebert a réussi là un coup de maître : c'est canon ! Encore.
L'anoral rouge : Le vaste monde (tome 1) & Le petit poney magique (tome 2) par Jean-Luc Englebert
Gallimard Jeunesse Giboulées, 2019
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Dans une ville trop calme, où vivent des enfants beaucoup trop calmes, le ciel soudain est obscuri par des enfants qui volent ! Oui, qui volent. Je ne vous raconte pas la pagaille : ça crie, ça rit, ça pleure (de rire). À tel point que des flaques se forment, des flaques dans lesquelles on peut sauter et salir ses vêtements. Il y a aussi du vent qui vient décoiffer les têtes et arracher les nattes. Et il y a des parents qui poussent des Oh ! et des Ah ! d'incompréhension. Dans le ciel, les enfants continuent de voler et de rendre ce monde un peu plus fou !
C'est tellement bien écrit, merci Vincent Cuvellier, avec cette histoire c'est aussi un acte pour la désobéissance et l'extravagance. Faire un rototo, c'est bête mais c'est rigolo. Après cette volée d'oiseaux - pardon, d'enfants qui volent - les bambins de cette ville insipide auront plaisir à tirer la langue et sautiller de bon cœur dans le dos des adultes. Et toc ! Ça fait du bien de lire un album aussi farfelu. Les illustrations d'Aurore Callias sont du même tonneau : en toute liberté ! Une chouette lecture débordante de folie douce. J'aime beaucoup.
Les enfants qui volent, de Vincent Cuvellier & Aurore Callias
Gallimard Jeunesse Giboulées, 2018
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Non, Émile n'a pas mangé de lion. Il a juste la grosse patate. Enfin, ça c'est la version officielle. Car OUI Émile a bien mangé du lion ET du dentiste. Ça lui apprendra, à sa maman, de prendre rendez-vous les jours où il a la grosse patate. Voilà voilà.
Vous ne connaissez pas Émile ? Filez donc. Filez vite. Achetez tout le rayon en librairie. On en reparle après.
Émile a la grosse patate, par Vincent Cuvellier & Ronan Badel
Gallimard Jeunesse Giboulées, 2018
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Cœur sur toi, Princesse Camélia, héroïne de cet album formidable et tellement drôle ! ♥
Tout commence par une rencontre : un roi tombe fou amoureux d'une bergère. Il l'épouse. Elle grossit mais rouspète. Pour la consoler, son mari l'entraîne sur l'île de Madagascar où la faune locale lui redonne le sourire. Sans doute, trop. Car quelques mois après, la dame accouche d'un bébé à la peau verte et à la langue fine comme un caméléon. C'est tout vu. La cour est estomaquée. La reine est éplorée. Le roi condamne tout le monde à se taire. Et l'enfant est caché dans les tourelles. La princesse Camélia doit également apprendre à tenir sa langue et à se plier à ses devoirs royaux. Lors de son bal de débutante, tous les prétendants sont fascinés par sa beauté et son intelligence. On s'amuse follement à se lancer des défis, comme toucher son coude avec sa langue. Essayez pour voir... vous m'en direz des nouvelles !
Hélas, Camélia a grillé sa couverture et file de honte se planquer dans la forêt. Son amoureux transi tombe en dépression. Sa famille boude. Le temps passe. Et les tourments broient toujours les pauvres âmes en détresse. Pourtant, « l'amour est une chose qui paraît très compliquée et qui est très simple, en vérité ». Et tout le charme d'une histoire se cache dans les détails. Vrai de vrai. Je ne vous dis pas la finesse de ce conte moitié romantique, moitié comique. C'est franchement différent de ce qu'on peut lire habituellement, différent de ce qu'on attendre. Et c'est tellement bon. Marianne Renoir écrit très bien : sa plume jubile à partir dans des délires. Ne lâchez rien ! J'ai trouvé ça extra et tellement drôle. C'était génial.
La princesse Caméléon, par Marianne Renoir & Karine Bernadou
Gallimard Jeunesse Giboulées, 2019
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Un père et son fiston font le tour de la galerie ornée des tableaux de leur illustre famille. Le papa s'enorgueillit d'un tel patrimoine et s'extasie sur leur destinée époustouflante : policier, pompier, peintre, astronaute... L'enfant trépigne. Lui aussi voudrait accomplir quelque chose de grand et de fort. Qui suscite l'admiration. Le père n'en doute pas, persuadé qu'il deviendra lui aussi un chien formidable et magnifique.
Ceci dit, il ne faut pas se fier aux apparences. Les plus grandes histoires ont aussi un calque, un voile, un dessous caché. Car il y a une double lecture dans cet album. Un côté pile et face. Et certaines révélations sont surprenantes ! En tout cas, cela ne manque pas de tendresse. C'est un album adorable, à manipuler avec précaution en raison des pages qui se plient et se déplient en toute anarchie, mais l'effet kiss cool est fabuleux. Très sympa.
Un chien formidable, par Davide Cali & Miguel Tanco
Gallimard Jeunesse Giboulées, 2019
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Pêle-mêle : Jack - Un gâteau au goûter - On dit bonjour - Comment trouver un éléphant - Va-t'en Bébé Cadum - Un loup ?
Jack est un adorable petit chien qui adore faire des trous dans le jardin. Sauf que ça met en colère son papa et sa maman. Pour éviter d'être privé de caresses ou d'os à ronger, Jack préfère s'en tenir à un tout petit trou caché dans un coin. Ni vu ni connu. Mais le voilà pris en flagrant délit ! Des trous par dizaines parsèment le beau gazon et ont arraché les fleurs. Jack est puni. Renvoyé dans son coin. Mais il ne comprend pas car il est sûr de lui : ce n'est pas lui le coupable. Il décide donc de partir en quête du fautif pour que justice soit rendue !
Quelle histoire adorable... j'ai craqué pour la bouille de Jack ! C'est tellement ça, une expression pleine d'innocence et d'interrogation sur le monde qui l'entoure, les petits bonds par ci par là, les cachotteries pas bien méchantes, le flair infaillible et la détermination farouche. Bravo Gabriel Gay pour avoir rempli mon cœur d'une aussi belle émotion. J'ai adoré.
Jack, par Gabriel Gay
l'école des loisirs, 2019
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Monsieur Anatole a invité mademoiselle Blanche pour le goûter et cherche une recette de gâteau du tonnerre. Aucune inspiration. Ses camarades lui viennent alors en aide. Le cochon dit que pour faire un gâteau qui épate, il faut des patates ! La souris dit qu'avec du navet, on se va régaler. Et le lapin ajoute qu'on met des carottes pour ne pas faire de la crotte. Misère de misère. Monsieur Anatole n'est pas convaincu par sa mixture... qu'il met sur le feu, avec un peu de lait, d'eau etc. Et déjà on sonne à la porte. Mademoiselle Blanche est ravie de découvrir les talents de cuisinier de son hôte !
Christian Voltz ne nous déçoit jamais avec ses bidouilles et ses créations qui racontent des histoires pleines d'humour et d'imagination. Cette fois, on redécouvre le potentiel d'une bonne soupe de légumes... de quoi ravir les papilles des petits et des grands. Un album au top et pour le moins surprenant.
Un gâteau au goûter, par Christian Voltz
Pastel de l'école des loisirs, 2019
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Au réveil, Lapin prend plaisir à faire sa tournée en criant bonjour ! Bien entendu, le soleil, la feuille ou le vent ne peuvent pas lui répondre car ils ne parlent pas. Par contre, Ours, Coccinelle, Renard et son Petit pourraient être un peu plus polis. C'est qu'il est mécontent, notre Lapin. Car ON DIT BONJOUR le matin !
Et on dit merci pour cet album frais, primesautier et joyeux ! Ça fait un bien fou de démarrer sa journée avec une lecture aussi délicieuse et qui rappelle les règles élémentaires du bon-vivre ensemble. Très, très bien !
On dit bonjour ! par Émile Jadoul
Pastel, de l'école des loisirs, 2019
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En avant pour une aventure EXTRAORDINAIRE ! Mais vraiment. Cette histoire nous donne sans doute quelques bons conseils pour trouver un éléphant. On prépare son barda, son goûter, sa gourde... On choisit une météo clémente, un point d'ombre pour picorer, on scrute les traces de pas, on se réfugie en cas de pluie. Enfin, c'est épatant. J'ai dévoré chaque ligne, tourné les pages avec impatience. Les décors sont magiques, le suspense gentiment distillé... Et à bien y regarder, on aperçoit une silhouette familière. Fondue dans les décors. Sourire malicieux et clin d'œil complice. Alors, qui de l'enfant ou de l'éléphant trouvera l'autre en premier ? Forcément, on devine le dénouement. Sous vos applaudissements, bien évidemment.
Cet album est une pépite. À découvrir !
Comment trouver un éléphant, par Kate Banks & Boris Kulikov
Pastel de l'école des loisirs, 2019
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Entre Simon et Gaspard, l'entente est loin d'être une sinécure. Le plus grand est en train de construire un énorme garage pour ses voitures, le plus jeune s'en mêle. Et boum c'est la catastrophe ! Les deux frangins se lancent dans une bagarre titanesque. Ça hurle, ça tape et ça mord. Silence de plomb dans la salle. Une (petite) goutte de sang perle sur le doigt de Simon. Les regards sont braqués sur la blessure. On entend les cœurs battre la chamade. On retient notre souffle. Et de nouveau, les sirènes des pompiers sont en alerte.
Qu'est-ce que c'est bien raconté ! Stephanie Blake exagère à peine et reproduit avec exactitude les conflits fratricides (ha ! ha !) qui sont vécus comme des drames à échelle disproportionnée. C'est franchement tout bon. En plus, elle joue avec les caractères de police et les expressions de ses personnages, ce qui donne une autre dramaturgie à la lecture... forcément assaisonnée d'humour ! C'est excellent. Que vous dire d'autre... si ce n'est : FONCEZ !
Va-t'en, Bébé Cadum ! par Stephanie Blake
l'école des loisirs, 2019
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GROS COUP DE CŒUR pour cet album épatant ! Il est drôle, il est inattendu, il est cocasse, il est génial. Matthieu Maudet vous pose une devinette : qui suis-je avec mon long museau noir, mes oreilles pointues, mes yeux brillants et mes griffes aux pattes ? Non, non. Ce n'est pas ce qu'on croit. Ajoutez une corne magique et une queue multicolore, et là vous vous dites... C'est pas vrai ? Il l'a fait ! Eh oui, un album avec des cœurs et des bisous et du rose et des arcs-en-ciel ! C'est un rêve éveillé. Heureusement, la chute vient remettre les pendules à l'heure. MERCI ! C'est une lecture extra. On a adoré. ♥
Un Loup ? par Matthieu Maudet
Loulou & Cie chez l'École des Loisirs, 2019
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Juste avant de se coucher, un petit garçon pose LA question à laquelle sa maman ne peut éviter : d'où vient le lait, et les tartines de pain, et le miel, et les bobos aux genoux (oui, oui !) et la couverture en laine... Le petit garçon est insatiable mais la maman n'en peut plus. Et puis l'heure tourne, c'est l'heure de dormir. Hop, on coupe le robinet des questions. Trop tard. On verra pour la suite demain. Bisous !
Soledad Bravi est mon héroïne. Son humour est renversant. Dans ce petit album, elle donne des réponses pratiques à des questions naturelles auxquelles les parents doivent répondre tous les jours ! C'est imparable et hyper efficace. À adopter d'urgence. Même les plus grands passent un bon moment - oui, car je n'ai pas vu venir le coup des bobos ! Bravo.
Le livre des QUI FAIT QUOI, par Soledad Bravi & Hervé Eparvier
loulou & cie chez l'école des loisirs, 2019
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Pêle-mêle Junior : Stage de survie - Des vacances bien pourries - Les Super Méchants (7) Opération Panique au jurassique
Abel n'a pas tiré le gros lot en terme de stage d'immersion car le voilà au service comptabilité dans une moyenne entreprise. Sauf que cette semaine va lui réserver bien des surprises... à commencer par un complot déguisé en cambriolage, suivi par une mission de contre-espionnage et pour finir une enquête méthodique qui va renvoyer notre garçon loin de ses conclusions. Ses découvertes n'auront toutefois pas l'honneur d'être étalées au grand jour. Qu'importe. Cette lecture est drôle, inattendue et conduite de façon trépidante. Encore un très bon roman de Christine Avel ! Pour les 11-13 ans.
Stage de survie, par Christine Avel
Médium de l'école des loisirs (2018)
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Les plans de Nils tombent à l'eau pour cet été. À la place de la colo de surf, le garçon est expédié à la campagne chez sa tante écolo. Le bon air frais, les bols de soupe, les petits matins sous la bruine, les vaches qui paissent tranquillement dans les champs... Notre jeune ami est en souffrance. Mais vous connaissez la théorie sur les dominos ? Après tout, s'il n'avait pas été privé de colo, il n'aurait probablement jamais rencontré Marius. Oui, oui. Oubliez la jolie blonde à fossette, la fresque éphémère et le skate qui traîne... le train en retard, la vache folle ou la panne de frigo... la liste est longue. Bref. Tout ça c'est juste pour raconter une amitié unique et précieuse. Ainsi, ce petit bouquin se lit d'une traite - il est débordant de peps, de jeunesse, de rebonds et de révélations. C'est tout bon... écrit par Séverine Vidal. Donc c'est TOP.
Des vacances bien pourries (ou Ma théorie sur les dominos) par Séverine Vidal
& illustrations par Oriol Vidal - Milan, 2019
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Et n'oubliez pas le 7ème épisode des aventures de nos SUPER MÉCHANTS...
... dans une aventure qui nous propulse quelques 60 millions d'années plus tôt ! Eh oui. C'est toujours aussi poilant. Un rendez-vous à ne pas louper si vous aimez le cocasse, le décalé et l'inattendu. On se marre toujours autant, et tout du long ... dans l'attente aussi du prochain numéro (déjà annoncé).
En bonus, en fin de volume, on prend des nouvelles de Kdjfloer (machintruc). Comprenez : l'impossible Professeur Julius Marmelade. Ouiiiii, il est de retour !
À découvrir dans Opération Panique au jurassique (7) par Aaron Blabey
Casterman, 2019
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Les Voleurs de vœux, de Jacqueline West
J'aime le tourbillon fantastique auquel carburent les romans jeunesse, à l'instar de cette nouvelle série de Jacqueline West (dont j'avais déjà eu le plaisir de découvrir La Maison des secrets).
On retrouve pour héros un jeune garçon solitaire et intrépide, plus petit que son âge et atteint de surdité : Van, dont la maman est chanteuse d'opéra et voyage à travers le monde. Le garçon est donc habitué à changer d'école et se fondre dans la masse. Ce qu'il aime aussi, c'est collectionner des petits objets insolites. Il a la manie de les chiper dès que le besoin se fait ressentir. Un jour, au parc, il surprend une fille en train de ramasser des pièces dans une fontaine à vœux. Mais celle-ci s'enfuit. Il va la recroiser à plusieurs occasions et toujours dans des circonstances étranges. L'enfant est curieux et la piste... d'où son introduction dans le monde insoupçonné des Collectionneurs !
Si rien que la lecture du premier chapitre vous donne des frissons de joie - une araignée pend au-dessus de la table d'un restaurant bondé - c'est gagné pour la suite. Vous venez de décrocher votre ticket pour une aventure étonnante et débordante de peps. Où l'on côtoie des personnages mystérieux, des héros attachants, des choix cornéliens, des apparences trompeuses, des créatures adorables, des vœux par milliers, des missions périlleuses, des kidnappings nocturnes, des sourires qui vous glacent le sang et d'autres qui font froncer les sourcils. La lecture est fabuleuse avec une intrigue riche en rebondissements (j'ai failli être bernée plus d'une fois). C'est assez original et tellement enchanteur... j'ai franchement beaucoup aimé.
Milan (2019) - Traduit par Leslie Damant-Jeandel
Titre VO : The Collectors
Ma vie en listes, de Kristin Mahoney
Anna est accro aux listes. Elle en rédige tout le temps pour évoquer sa vie, ses envies, ses drames ou ses déboires. Comme de quitter Brooklyn pour vivre dans une petite ville paumée. Clover Gap, 8432 habitants. Capitale du trèfle. Carte postale idéale de la vie en communauté où apprendre à se faire de nouveaux amis ne devrait poser aucun problème. À condition de ne plus commettre d'impairs. Pour Anna, cela implique de ne pas raconter qu'elle possède une mémoire phénoménale. Pour chasser le souvenir d'avoir trahi ses parents en avouant au directeur de son école qu'ils ont menti pour la carte scolaire. Et vogue la galère.
C'est donc l'histoire d'un nouveau départ auquel se confronte une fillette de 11 ans avec des questions de son âge. Il ne faut pas s'attendre à un grain de folie car le contenu est assez sage et sans surprise. Le seul point original, c'est que le roman est entièrement façonné de listes. Ce que papa préfère dans la nouvelle maison, ce que maman préfère, six choses qu'ils aimeraient changer, dix choses que peut faire un enfant qui vient d'emménager... Vous voyez le topo.
Au départ c'est sympa mais sur 300 pages ça devient enquiquinant. En plus, ça n'aide pas à se fondre dans le décor, ni à suivre le fil ou à apprécier les personnages. C'est assez plat et simpliste. En bref, ce n'est pas un style auquel j'ai accroché. Ni un roman qui me laissera un souvenir impérissable. Je n'ai pas été embarquée dans cette aventure - tristesse - mais les plus jeunes n'y verront que du feu. Dès 10-11 ans.
Casterman (2019) - Traduit par Alice Marchand
Titre VO : Annie's Life in Lists
Ma vie sens dessus dessous, d'Anne Fine
À l'annonce de la séparation de ses parents, Erica est en colère. Contre sa mère, qui ment. Contre son père, qui renonce à se battre. Contre ses camarades du collège, qui sont au courant de tout. Contre la vie aussi, qui est compliquée.
On lit ainsi des pages et des pages de frustration et de rancœur d'une jeune ado qui déverse ses humeurs en testant notre patience - au bout de 260 pages, ça use ! Certes Erica n'a rien demandé et doit supporter les choix de ses parents, bon gré mal gré. Toutefois, elle montre vite son désaccord en étant odieuse et en menant la vie dure à sa mère et son nouveau compagnon. Elle va aussi chercher à la rendre jalouse avec son père, en jouant le mystère sur leurs weekends à deux ou au sujet d'une vendeuse rencontrée dans un magasin de bricolage.
Puis elle va se rendre compte que c'est vache. Ses parents aussi ont leurs états d'âme et leurs passages à vide. Il faut du temps pour accepter les changements, mais le brouillard finit par s'éclaircir. Ce big bang familial aura finalement du bon et va lui permettre de gagner en maturité, doucement mais sûrement.
Bon point donc pour la transparence dans les émotions - on soupire, on râle, on peste contre cette héroïne vindicative. Par contre elle morfle aussi. Son petit monde éclate et elle n'a rien vu venir. C'est là où je me dis que le roman a réussi le juste équilibre et nous inspire ce maelstrom avec des hauts et des bas. Cela reste très positif et drôle aussi. On en sort avec beaucoup d'indulgence.
L'école des loisirs, 2019 - Traduit par Dominique Kugler
Titre VO : The Silver Book
Summer kids, de Mathieu Pierloot
Comment survivre à une rupture amoureuse ? Antoine a 18 ans et le bac en poche, un été caniculaire pour horizon et aucune perspective pour la prochaine rentrée. Sa mère grogne, le môme soupire. Au lieu de rassurer son entourage, il sort, il boit, il fume trop. Ses meilleurs potes refusent d'aborder LE sujet qui fâche. Hannah. Le grand Amour. L'amour déçu, brisé, envolé.
Il est très agaçant, Antoine. Il a besoin qu'on lui secoue les puces. Il est lourd avec son désespoir. Mais il est le reflet de sa génération. Au cœur de cet été, il va finalement trouver un job et rencontrer une nana mal fagotée. Il va écouter de la musique et passer des coups de fil rageurs. Il va demander pardon. Il va pleurer. Pas forcément dans cet ordre. Et durant 150 pages.
On oublie vite qu'on n'a plus 18 ans et les émotions à fleur de peau. Pourtant cette lecture nous en rappelle les codes - avec dérision parfois. Elle nous replonge dans nos souvenirs - sans aucune nostalgie. C'est vrai que j'ai souri car cela m'a fait plaisir de retrouver la bande d'En grève ! qui poursuit son bonhomme de chemin en se frottant à la vie.
Ça se cherche énormément et ça confirme combien grandir est compliqué. Même les parents en prennent pour leur grade. Comme ça, tout le monde est rhabillé pour l'hiver. Cela reste un bon petit bouquin sympa, très lucide et plein de sincérité. En plus il donne du bonheur aux oreilles avec des playlists canons s'il vous plaît ! ♪♫ And in the end the love you take is equal to the love you make ♪♫
L'école des loisirs, 2018
Pêle-mêle BD : Et nos lendemains seront radieux - Les Classiques de Patrique (Chroniques décalées de la littérature)
Après la mort de leurs parents, Sylvain et Camille ont grandi auprès de leur grand-père à la campagne. Vieux réac, celui-ci a inculqué aux enfants une haine farouche envers les institutions mais a choisi de les instrumentaliser pour torpiller le système de l'intérieur. Ainsi, Sylvain a rejoint les grandes écoles et nourri une ambition dévorante en devenant le bras droit de la nouvelle locataire de l'Élysée. Mais lors d'un weekend au Fort de Brégançon, alors que l'orage menace, le frère et la sœur vont prendre la présidente en otage et lui tenir un discours enflammé sur le chaos écologique et les mesures à adopter en urgence (et en force).
Ambiance huis clos avec action politique dans cette BD : une lecture qui grattouille en cette saison de revendication sociale et de conscience verte. Hervé Bourhis imagine un scénario qui fait froid dans le dos parce qu'il fait écho à l'actualité. Par contre c'est sans concession. On assiste à un dialogue musclé entre la politicienne et le tandem réfractaire : les arguments fusent, les idéaux sont mis à mal. Il y a du vrai et du faux des deux côtés - société de consommation, lobbying et abeilles en détresse. Il y a donc péril en la demeure mais halte aux utopies. Il y a surtout une note douce-amère qui ne nous lâche pas et qui accompagne ce thriller sombre et poignant jusqu'à la dernière page... Une très bonne lecture.
Et nos lendemains seront radieux, par Hervé Bourhis
Gallimard Bande Dessinée, 2019
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Comment revoir ses classiques à travers cette lecture fabuleusement drôle et culottée ! Merci Patrique. J'ai ri, mais j'ai ri. C'était génial. Dernièrement j'avais déjà beaucoup aimé Avez-vous lu les classiques de la littérature ? avec la fantastique Soledad. Ça sent le bon filon - ou comment moderniser une littérature dite poussiéreuse et reconquérir un public qui boude.
J'ai ainsi découvert les chroniques décalées de Patrique (une petite motte de terre ou de sable) qui partage sa passion pour Orlando ou Dostoïevski avec un humour dévastateur. J'ai également gloussé face aux déboires d'Emma Bovary ou ceux d'Achille dans l'Iliade . J'ai mené mon enquête pour démasquer l'assassin de Roger Ackroyd. J'ai replongé aussi en adolescence avec Claudine à l'école ou même L'Amant. Par contre, je n'ai toujours rien compris à Rabelais. Le meilleur moyen de désacraliser des chefs d'œuvre et de les rendre accessibles, c'est bien entendu d'en parler sans complexe et avec dérision. Patrique a tout compris. Sous l'apparence délirante, le sujet est néanmoins traité avec sérieux et profondeur (présentation de l'auteur, de l'époque et réflexions autour de la lecture). En bref, cela donne encore plus envie de lire ou relire les titres concernés. Rien que pour ça, tu es mon idole, Patrique ! À savoir : les chroniques ont été prépubliées dans la revue TOPO.
Les Classiques de Patrique (Chroniques décalées des chefs d'œuvre de la littérature), par Delphine Panique
Gallimard BD, 2019
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Au petit bonheur la chance, d'Aurélie Valognes
Lorsque Jean débarque pour vivre chez sa grand-mère Lucette, à seulement six ans, c'est rude d'être séparé de sa mère. Granville, c'est le bout du monde. Il faudra une éternité avant leurs retrouvailles.
Chez sa mémé, le garçon apprend d'abord à compter les saisons puis s'adapte aux nouveaux rendez-vous : la messe, le tricot, le potager, les vacances avec les cousins, le maître d'école, les lignes à copier, le copain facteur, les cartes de Paris.
Les années passent. Entre le môme et sa mémé, se tisse également un attachement profond et sincère que les aléas du destin vont mettre à mal. Car Lucette vieillit et accuse des coups de fatigue. Il est temps pour Jean de reprendre place dans sa famille.
Coup de fil à la maman. Rencontre sur un quai de gare. Le garçon n'a toutefois plus les yeux remplis d'amour aveugle envers celle qui lui a donné naissance. La réalité s'impose à lui - sa vraie vie l'attend, en Normandie. Bref.
Au début, l'histoire m'a beaucoup plu. C'est frais, simple, adorable et innocent, un peu vintage aussi, avec ce goût de l'enfance dans les années 68-70. Très sympa, sans prétention. J'étais d'humeur guillerette à écouter cette jolie comédie... jusqu'à ce que ça vire au mélo et là, j'ai moins accroché. OK pour la tendresse et l'émotion, on en a toujours besoin, par contre ça sonne creux. C'est gentillet, lisse, complaisant. En fait, à part Mémé dans les orties, il me semble que les romans d'Aurélie Valognes se mélangent tous dans ma tête et ne me laissent aucun souvenir - oups.
La voix audio choisie est masculine - choix étonnant - on ne s'attend pas du tout à une voix grave pour raconter le parcours d'un enfant de six ans. D'un autre côté, Patrick Borg vient ainsi casser l'idée d'une lecture trop mielleuse.Tendez l'oreille, c'est aussi la voix de David Boreanaz (Seeley Booth ou Angel pour les amateurs). Résultat, j'ai bien aimé ce décalage même si le roman n'offre pas non plus une gymnatisque sensationnelle, tout juste une évasion vivifiante.
©2018 Mazarine (P)2019 Audiolib
- Lu par : Patrick Borg
- Durée : 7 h 40
Il est grand temps de rallumer les étoiles, de Virginie Grimaldi
Après une série noire de lectures qui me filaient le bourdon, j'ai accueilli ce roman avec un sourire béat aux lèvres. Quel bien fou il apporte ! Son histoire est pourtant simple : une mère acculée par les dettes choisit de tout plaquer au volant d'un camping-car pour filer droit jusqu'au Pôle Nord. Ses deux filles râlent mais qu'importe... c'est désormais une question de survie.
Durant deux mois, Anna, Lily et Chloé vont vivre des aventures fabuleuses et miraculeuses. En compagnie d'un groupe de globe-trotteurs, elles vont parcourir la Scandinavie mais surtout crever l'abcès qui gangrène leur relation : une maman trop absente, un papa mis au piquet, une ado en quête d'amour et une autre en manque de confiance (qu'elle donne à son rat ou à son journal Marcel).
C'est drôle de les suivre et de participer à leur road-trip qui raconte aussi les hauts et les bas de la vie de famille, les secrets, les non-dits, les mensonges, les câlins, les coups de gueule, les désirs et les envies. Ça dit aussi qu'être maman à plein temps n'est jamais facile (on a le droit de se louper). Que les enfants grandissent trop vite et qu'ils n'ont pas toujours le bon mode d'emploi pour avancer sans trébucher. En tout cas, ça inspire un bonheur immense et ça invite à lâcher prise.
Parce que ce roman est léger, joyeux et bienveillant. Parce qu'il croit au destin et aux secondes chances. Parce qu'il arrondit les angles et fait grossir les yeux d'étonnement. Tout ça vaut bien 5 étoiles dans mon champ cosmique personnel. La version audio est de loin la formule crème fouettée du roman ! J'ai adoré la performance de Nathalie Hugo : on a l'intelligence, la tendresse, l'humour et la sensibilité. C'est parfait. On s'attache aux personnages, on voyage, on rit, on sourit, on s'esclaffe, on peste, on se dit ... quoi, non, pas possible, encore. Une lecture arrivée pile poil au bon moment.
©2018 Librairie Arthème Fayard (P)2019 Audiolib
- Lu par : Nathalie Hugo
- Durée : 7 h env.