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Chez Clarabel

28 avril 2017

L'été de Summerlost, de Ally Condie

SUMMERLOSTUn an après l'accident de voiture qui a emporté son mari et leur fils Ben, la mère de Cedar fait l'acquisition d'une petite maison à Iron Creek pour y passer l'été auprès de sa famille. Pensive et nostalgique, assise sur le perron, la fillette remarque ainsi l'étrange manège d'un garçon de son âge passer chaque jour à vélo dans un drôle d'accoutrement. Elle finit par le suivre et débarque en plein Summerlost Festival, qui réunit tous les passionnés de théâtre et de Shakespeare. Au final, Cedar décroche un petit job et accompagne Leo dans ses visites guidées consacrées à l'actrice locale, Lisette Chamberlain, dont la mort survenue vingt ans plus tôt continue de hanter les mémoires et alimente la légende par son mystère. Toutefois, les enfants ne touchent pas un mot de leur projet à leur entourage et agissent en cachette pour réaliser le rêve de Leo, à savoir voyager jusqu'à Londres. Les semaines passent, l'ambiance de l'été s'installe, l'air est doucereux et mélancolique, chacun panse ses plaies et ses peines. Mais la vie coule en toute tranquillité, Cedar et son jeune frère Miles suivent avec avidité leur feuilleton tv, se lancent des défis en avalant des friandises acides, évoquent frileusement les disparus et avancent avec précaution dans leur deuil. Il n'y aura pas de miracle, juste de la douceur de vivre, de l'amitié, des sentiments purs et sincères, de la famille, des secrets, des confidences. La lecture dégage un sentiment de plénitude, de sérénité, de tendresse aussi. C'est a priori enfantin, mais touchant et attachant. Car Ally Condie nous séduit avec simplicité, ses mots font mouche, c'est sans pathos, sans chichis. Et cela se déguste comme un petit conte mélodieux, comme le songe d'une nuit d'été. Agréable, vaporeux et charmant.

Gallimard Jeunesse, 2017 - Trad. Julie Lopez -- Magnifique illustration de couverture : Jennifer Bricking

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27 avril 2017

Ma vie amoureuse en 16 garçons, de Stephanie Kate Strohm

Ma vie amoureuse en 16 garçons

Peu avant le bal de fin d'année, Avery Dennis se fait plaquer par son petit copain en public. C'est la rupture de trop. Aussitôt, la jeune fille décide de faire le point sur sa vie sentimentale en interviewant ses anciennes conquêtes pour comprendre ce qui cloche chez elle. Car Avery a tout pour plaire - elle est belle, blonde, solaire. C'est la nana la plus populaire de l'école et tous les garçons bavent sur son passage. Alors pourquoi toutes ses histoires finissent sur une rupture ? Commence ainsi une enquête pour le moins farfelue et déjantée, mais au résultat étonnamment drôle et réjouissant ! En effet, et contre toute attente, Avery se révèle une fille intelligente, loin d'être superficielle ou vaine. C'est en rembobinant son parcours amoureux qu'elle réalise ainsi ses erreurs (de jeunesse), son empressement, sa vanité ou sa légèreté. Pour elle, collectionner les petits copains tenait de l'objectif à accomplir. Oubliez tout ça, aujourd'hui elle est vaccinée. Elle dit non aux garçons, veut boycotter le bal de fin d'année et cherche à révolutionner cette fête censée incarner l'aboutissement d'une scolarité en apothéose. Au fil des chapitres, Avery apparaît plus forte, plus déterminée. Elle fait son autocritique et commente en aparté chaque intervention de ses ex (fait son mea culpa, rêve de vivre dans une grotte ou déplore ses choix). Sa meilleure amie Coco et son partenaire de sciences Hutch interviennent également dans cette rétrospective en complétant les témoignages avec humour, spontanéité ou candeur. Et c'est tout simplement drôle, frais, moderne et adorable. Cela se lit sans prétention, sans surprise, mais l'effet est charmant et irrésistible. Une pure comédie romantique qui donne le sourire. ♥♥♥ 

La Martinière J., 2017 - Trad. Rosalind Elland-Goldsmith [It's not me, it's you]

 

27 avril 2017

Un peu plus que des amis, de Michael Kun & Susan Mullen

Un peu plus que des amis

Youhou... Voilà un roman totalement surprenant, qui nous embarque pour un petit voyage dans le passé, direction les années 80, et plus précisément 1982. Cath et Scott ont dix-huit ans. Ils sont voisins, amis d'enfance et ont grandi ensemble. Pour la première fois, cependant, leurs chemins vont se séparer. Cath part à l'université, tandis que Scott a loupé ses examens et doit travailler dans le magasin de prêt-à-porter de son père. Qu'importe, ces deux-là vont s'envoyer de longues lettres. Comme au bon vieux temps. Des lettres écrites à la main, sur du papier à en-tête, pour prolonger le lien et échanger leurs espoirs et leurs désillusions. Cath découvre à la fac une vie autrement plus intense, avec de nouveaux camarades, des cours stimulants et du travail harassant. Elle partage sa chambre avec une fille qui aime les pizzas nauséabondes et qui colle sur son mur un poster clamant “tiens bon”. De son côté, Scott tourne en rond dans leur petite ville et se sent dévalorisé d'être le seul à ne pas continuer ses études. Il va alors dépenser son énergie en créant son propre groupe de rock et en écrivant des chansons. À Wake Forest, Cath l'encourage de son mieux mais tombe au fond du trou en apprenant que ses parents se séparent. Scott va la soutenir, admonester son père de tous les noms, se rendre sur place et rendre la situation encore plus compliquée... car Scott a mis la tête et le cœur de sa coloc à l'envers ! Et ça continue de chipoter, de se plaindre, de se réconcilier, de décrire tout ce qui va ou ne va pas. Leur correspondance dessine ainsi une véritable relation de confiance et d'amitié, très profonde et d'une grande sensibilité. L'histoire est attachante et ordinaire, mais contient surtout un doux parfum de nostalgie qui donne envie de sourire. Les courriers de Scott et Cath parfois se croisent, créent des malentendus, les jours passent avant d'obtenir une réponse. C'était une époque moins centrée sur l'instantané, et plus tournée vers l'autre. Même pour écouter de la musique, on s'échangeait des cassettes ou on enregistrait ses morceaux préférés avec les moyens du bord (fond sonore souvent insolite). Cath et Scott s'enthousiasment pour Thriller de M. Jackson, découvrent Kate Bush ou Prince. En somme, c'est vintage, charmant et adorable. Un roman épistolaire sensible et émouvant, qui aborde des sujets toujours d'actualité, mais dont le dénouement hâtif laisse un peu sur la faim. Une lecture très sympa, néanmoins.☺

Casterman, 2017 - Trad. Hélène Borraz [We Are Still Tornadoes]

27 avril 2017

Flora Banks, de Emily Barr

Flora BanksFlora a dix-sept ans et souffre d'une amnésie antérograde. À l'âge de dix ans, Flora a été soignée pour une tumeur au cerveau, ayant aussi entraîné une altération de sa mémoire. Depuis, Flora n'est plus capable d'enregistrer ses nouveaux acquis. Tout s'efface au bout de deux heures. Pour ne pas perdre pied, Flora note tout dans son carnet de bord, colle des pense-bêtes partout dans la maison, écrit sur sa peau ce qu'elle doit se souvenir dans l'immédiat. Sa vie défile ainsi dans un brouillard qui ne se dissipe jamais, mais ses parents cherchent au mieux à la protéger. Seulement, le jour où ils apprennent que Jacob, son frère, est gravement malade à Paris, ils plient aussitôt bagage pour le retrouver, confiant leur fille aux bons soins de sa meilleure amie Paige, mais ignorent que les filles viennent de se fâcher à cause d'un garçon, et qu'ils abandonnent Flora à son triste sort. Seule, désœuvrée, paumée. Et pourtant, Flora est regonflée à bloc. Pour la première fois de sa vie, la jeune fille a enfin un souvenir - celui de son baiser échangé avec Drake, le petit copain de Paige, d'où la dispute. Et parce qu'elle n'envisage pas d'être loin de lui, Flora décide de le rejoindre au Spitzberg, une île isolée au large de la Norvège, où le garçon suit un programme d'études et se languit d'elle par mail. C'est aussi à ce moment de l'histoire que j'ai complètement décroché. Jusqu'alors, je me sentais en très bonne disposition - curieuse, émue, intriguée par les mimiques de Flora, à la découverte de son monde, évoluant dans sa bulle, farouchement décidée à avancer, prête à briser sa coquille et parcourir le monde. Quelle prouesse, quelle volonté chez une si jeune personne, soudain propulsée hors de son univers familier. C'en serait presque impressionnant, si ce n'était aussi peu vraisemblable. Et c'est justement cette absence de probabilité qui m'a rendue sceptique, entre le départ précipité des parents, le flou autour du frère, le fait de laisser Flora sur le carreau, j'ai été sincèrement choquée. Flora Banks est toutefois une héroïne attachante, on ressent au plus près ses émotions et sa détresse, on partage ses doutes et ses espoirs, on compatit aussi en découvrant toute son histoire. Son parcours est certes bouleversant et perturbant, mais débordant de sensibilité et de tendresse... Au-delà du vaste embrouillamini incohérent, la lecture est malgré tout poétique et charmante. Plaisante à découvrir.

Casterman, 2017 -Trad. Julie Sibony {The One Memory of Flora Banks}

 

26 avril 2017

Un million d'éléphants, de Jean-Luc Cornette & Vanyda

790382J'étais curieuse de découvrir cette nouvelle BD de Vanyda qui raconte aussi l'histoire de sa famille au Laos, en remontant jusqu'aux années 30 avec son ancêtre Sauradeth, qui meurt suite à une blessure lors d'une chasse au tigre. Son fils Virasay va grandir dans la religion bouddhiste, faire son service militaire, trouver l'amour, fonder une famille et vivre de sa passion pour la musique traditionnelle qu'il joue dans l'orchestre royal. La vie s'écoule paisiblement, les bébés naissent et le couple baigne dans le bonheur. Mais avec les années 50, viennent aussi les instabilités politiques. Virasay accompagne le contingent envoyé en renfort pour soutenir l'armée française en difficulté à Diên Biên Phu, et rencontre un nouvel ami, Phou Chay, dont le rêve serait de devenir taxi. L'arrivée des Viet Minhs, farouchement opposés à la monarchie du Laos et aux occupants occidentaux, va néanmoins profondément bouleverser leur destinée. Suite aux persécutions et aux massacres, des milliers de personnes vont traverser le Mekong pour atteindre la Thaïlande et se résigner à leur triste sort en végétant dans des camps surpeuplés, certains pourront s'envoler jusqu'en France et construire une vie nouvelle, non sans difficulté là aussi. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie et d'émotion à la lecture de ces parcours de vie, qui concernent aussi bien Virasay et sa famille, mais aussi d'autres proches, des camarades rencontrés au fil du temps, même des copains de ses enfants. Cela donne un tableau assez vaste, pour ne pas dire confus, d'où la frustration. Jean-Luc Cornette et Vanyda ont certes réalisé un projet ambitieux, aux intentions nobles et admirables, mais le résultat est hélas confus et déroutant. Le déroulement de l'histoire est en effet trop rapide, on ne s'attarde jamais, on ne s'attache pas aux détails, on avance toujours plus loin dans le temps, et les portraits défilent. Seulement, il y a beaucoup de personnages et de noms à retenir, les dessins ne donnent aucun signe distinctif, c'est trop imprécis et il m'est arrivé plus d'une fois de me concentrer pour replacer qui était qui, où, quand, comment. C'est dommage, malgré des messages forts et intelligents, on passe finalement à côté de cette lecture... où tout va trop vite. Par contre, j'ai beaucoup aimé le carnet de bord à la fin de l'ouvrage, qui explique la genèse du projet, le voyage de l'auteur au Laos, ses rencontres et ses découvertes, ainsi que des photos plus personnelles.

Futuropolis, 2017

Un récit choral, qui parle des bouleversements d'un pays à travers les blessures et les espoirs de ses habitants.

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26 avril 2017

La Cité sans nom, t.1 : Menace sur l'Empire Dao, de Faith Erin Hicks

La Cité Sans NomSiècle après siècle, la Cité sans nom subit les invasions et change de nom au gré des caprices, alternant ainsi Daidu, Yanjing, Monkh, ou récemment Dandao depuis qu'elle est sous la coupe de l'Empire des Lames. Seuls ses habitants la traitent de Cité sans nom, afin de se distinguer des étrangers. Kaidu est un jeune Dao, venu faire ses classes de soldat de la Citadelle dans l'enceinte de la cité. Il y retrouve son père Andren, bras droit du général, et rencontre au-delà des murailles la jeune Rat, une fillette maigrichonne qui le met au défi de faire la course, d'où sa surprise lorsque Kaidu parvient à la coiffer au poteau. Dès lors, tous deux se retrouveront pour des séances matinales de compétition acharnée, en échange de quoi le garçon apporte des rations chipées en douce pour la jeune orpheline affamée. Finalement, une réelle amitié va naître entre eux, malgré les réticences de Rat, élevée dans la défiance des intrus qui marchent sur ses plates-bandes et n'ont que mépris pour les natifs de la cité. Mais Kaidu est un garçon différent, avec un esprit curieux et ouvert aux autres, il se montre patient, attachant et obstiné, car il comprend que le monde a beaucoup à offrir, pour lui et tous les représentants de la cité. C'est sur un ton alerte et enjoué que la lecture nous embarque dans un univers dépaysant, où l'on prend connaissance des rouages du système, de la politique en place, des divergences et des complots qui couvent contre le général. Lorsque Kaidu et Rat auront connaissance de la conspiration, il leur appartiendra alors de choisir la suite de l'aventure - confier leur sort à un nouvel essor, ou sauver l'équilibre fragile du moment en priant pour un avenir meilleur. Cette BD est donc une belle aventure humaine, autour de la timide relation entre deux jeunes gens que tout oppose mais qui peuvent faire bouger ensemble les consciences rabougries. Elle s'articule autour d'une intrigue captivante (rebondissements, suspense et action), sans négliger la tendresse, l'émotion et l'humour. Deux autres tomes devraient compléter cette découverte pour le moins convaincante ! À suivre... 

Rue de Sèvres, 2017 - Trad. Fanny Soubiran / Couleurs : Jordie Bellaire

http://faitherinhicks.tumblr.com/

25 avril 2017

Opération Napoléon, de Arnaldur Indridason

operation napoleonUn bombardier allemand s'écrase sur un glacier islandais, engloutissant son équipage et son chargement. Nous sommes en 1945. Les premiers enquêteurs font chou blanc pour retrouver la carcasse, laquelle refera surface cinquante ans plus tard - au grand dam de l'armée US. Celle-ci souhaite à tout prix effacer les traces de leur passage mais entretient les rumeurs à propos d'or volé aux juifs dans les camps. Au même moment, une équipe de sauveteurs islandais, en vadrouille dans la région, tombe nez à nez avec les militaires sur place. Parmi eux, le jeune Elias contacte par téléphone sa sœur avant d'être brutalement interpellé. Surprise par ce coup de fil, Kristin, une avocate au ministère des affaires étrangères, s'inquiète puis comprend que la situation n'est pas normale quand elle voit débarquer deux “men in black” dans son appartement. L'islandaise ne doit son salut qu'au hasard et fuit le plus vite possible jusqu'au Vatnajökull pour retrouver son frère en danger. Elle se tourne aussi vers un ami de la base américaine et s'embarque dans une aventure périlleuse et mouvementée, traquée par les forces spéciales, le gouvernement et son état major. Mais Kristin parvient à déjouer les pièges et prend tous les risques, tout en menant son enquête et en attisant la colère de ses poursuivants. Comment en est-elle arrivée là ? Tout ça pour une carcasse d'avion ! Quel lourd secret autour ? Pourquoi tant de précaution pour éloigner le public du site ? Et quel était le but réel de la mission originale ? Quid des conséquences de cet échec ? 

Changement de cap pour Arnaldur Indridason, qui nous éloigne de son commissaire Erlendur avec un roman d'espionnage, sur fond de 2nde guerre mondiale, de secret d'état et de théorie complotiste. L'auteur revient ainsi sur la présence contestée de l'armée américaine en Islande - sujet déjà esquissé dans Le lagon noir - et s'engage sur un sentier épineux en glissant des sous-entendus peu glorieux quant au rôle des américains dans le tournant de la guerre. Toutefois, l'histoire se lit sur la base d'une course-poursuite aux retournements multiples et, certes, improbables - Kristin est une héroïne qui vient à bout de tous les tueurs aguerris, seuls ses partenaires n'ont pas la même chance qu'elle. Là où elle passe, les témoins trépassent ! Qu'à cela ne tienne, la lecture se révèle prenante, avec un suspense impeccable, même si elle se noie aussi dans des détours et des faux-fuyants un peu redondants. Je n'ai pas autant accroché au personnage central de Kristin, comme c'est habituellement le cas avec notre commissaire de Reykjavik, mais j'apprécie toujours autant le décor islandais, son ambiance et ses paysages glacés, son esprit lunaire et son passé historique assez troublant.

Et puis il y a Thierry Janssen, lecteur pour Audiolib, une voix grave et dramatique qui pose le tableau et donne le ton du livre. J'ai, pour ainsi dire, apprécié mes retrouvailles avec l'auteur par son biais et ne suis qu'impatience pour découvrir son nouveau roman, Dans l'ombre, qui se réserve riche en surprises !

Audiolib, 2017 - Texte lu par Thierry Janssen (durée : 10h 08) - Trad. David Fauquemberg pour les éditions Métailié (2015)

24 avril 2017

Treize marches, de Kazuaki Takano

EN POCHE ! UNE VRAIE DÉCOUVERTE, 100% ÉTONNANTE !

treize marches

Après deux années de prison pour coups et blessures ayant entraîné la mort, Jun'ichi Mikami bénéficie d'une remise de peine et est contacté, à peine libéré, par un surveillant à la retraite, Shôji Nangô, qui lui propose de travailler en équipe sur la révision d'une affaire de double meurtre. Un bienfaiteur anonyme a en effet promis une forte récompense si le binôme réussissait à prouver l'innocence du suspect condamné à la peine capitale, alors que celui-ci n'a aucun souvenir de ses crimes. Pour Jun'ichi et Nangô, c'est aussi l'occasion de faire amende honorable auprès de la société. Leur entente est immédiate, leur motivation pressée par les impératifs des décisions judiciaires. Pas le temps de chômer. Ils relisent ensemble le dossier, se rendent sur les lieux du crime, rencontrent les familles, font des liens, fouillent et explorent des zones jamais soupçonnées. Leur enquête va rapidement prendre un nouvel élan et les conduire sur de sérieuses pistes... aux révélations parfois sidérantes.

Et c'est ce qui m'a plu, dans ce roman, outre de découvrir un autre aspect du Japon, à travers sa politique carcérale et son milieu judiciaire aux antipodes de ce que l'on connaît, c'est aussi de participer à une quête de la vérité pointilleuse, méthodique et captivante. Pas de surenchère. Une tension impeccable, qui ne faiblit jamais. Une mise en situation pertinente et juste. Des personnages très éloignés du cadre irréprochable et qui renvoie là aussi une autre image de la société japonaise, où l'on marginalise hâtivement ceux qui sont en-dehors des clous. J'avais quelques craintes avant de me lancer dans cette lecture, car j'appréhendais de me mélanger les pinceaux avec les noms japonais ou de supporter un rythme trop lent. Au final, la lecture a été passionnante du début à la fin. Je n'ai pas vu le temps passer et j'ai adoré le déroulement de l'histoire, dont les nombreuses ramifications viennent s'emboîter en toute délicatesse au fil des chapitres. J'ai été complètement emballée par cette découverte ! 

10x18 Domaine Policier, 2017 - Trad. Jean-Baptiste Flamin

24 avril 2017

La Daronne, de Hannelore Cayre

La DaronnePatience veuve Portefeux travaille pour la police en tant que traductrice-interprète judiciaire. Elle mène une petite vie très ordinaire, dans un appartement modeste dans le quartier chinois. Elle trime comme une folle pour payer l'encadrement médical de sa mère vieillissante et hargneuse, lui rend visite chaque semaine tout en retenant des bouffées d'angoisse et de haine à subir son acrimonie. Patience veuve Portefeux est aussi terne que sa vie, après avoir connu une enfance rocambolesque auprès de parents juifs, rescapés des camps, reconvertis en escrocs organisés, un mariage de princesse, une existence de rêve hélas brisée par la morte subite de son mari... Patience peine donc à joindre les deux bouts et trompe son ennui en s'attachant à une famille marocaine dont elle traduit les écoutes téléphoniques avant de débusquer leur important trafic de drogue. Un jour, comme ça, Patience décide d'y prendre part et se retrouve à la tête d'un stock de shit dans sa cave qu'elle va écouler au vu et au su de tous - dealers et flics compris. Patience veuve Portefeux est insoupçonnable, elle se fond dans le décor, elle a une longueur d'avance en magouillant les documents ou en discutant avec son petit ami, promu à la brigade des stups. Elle peut ainsi déjouer les embuscades sans frémir pour sa petite personne. Et franchement, quel pied ! C'est vachard, mordant, caustique et dérisoire. Hannelore Cayre nous sert sur un plateau sans napperon un portrait plein d'humour et de sarcasme de son personnage de Patience veuve Portefeux, figure atypique, hallucinante de détachement et de self-control, qui nous raconte sa vie plate et qui se dévoile d'une rouerie formidable. Sacrée bonne femme qui mène sa barque au gré du flux et du reflux des circonstances. On s'émerveille tout du long à la lecture de son parcours, et on se demande sincèrement comment cela va se terminer ! Emballez, c'est pesé. Voici un roman incisif, particulièrement bluffant et au suspense habilement troussé, qui rappelle aussi le bon goût des Chamonix ! ☺ 

"Un coup de foudre littéraire" pour Cuné, qui m'a donné envie de découvrir ce roman - Lire son enthousiasme contagieux ici.

Métailié, 2017 / Prix Le Point du polar européen - 2017

 

21 avril 2017

La colline aux esclaves, de Kathleen Grissom

La colline aux esclaves

Après avoir découvert Maia (Les sept sœurs #1) de Lucinda Riley, j'avais envie de prolonger la sensation de m'immerger dans une fresque romanesque passionnante, et au vu des bonnes critiques, j'ai opté pour La colline aux esclaves, un marathon de 13 heures, formidablement porté par Nathalie Spitzer. Cela a été une évasion riche, exaltante et bouleversante. Une belle découverte offerte par Audible Studios.

Virginie, 1791. Lavinia n'est qu'une fillette fluette et vient de perdre toute sa famille lorsqu'elle est recueillie par le capitaine Pyke sur sa plantation de tabac, à Tall Oaks. C'est auprès de la communauté noire qu'elle va grandir, auprès de Mama Mae, Oncle Jacob, le séduisant Ben et l'intouchable Belle... alors que dans la grande maison, Mme Martha contient sa jalousie, sa langueur et sa folie. Son fils Marshall va lui aussi entretenir une haine farouche envers la jolie métisse, Belle, dont il suppute les origines, et méditera longuement sa vengeance pour punir son père, responsable de son éducation délaissée, des méthodes radicales de son tuteur, de son penchant pour l'alcool, etc. Le temps passe, Lavinia s'attache à sa famille d'adoption, voit la vie égrener une série de petits bonheurs et de grands malheurs, comme son départ forcé pour Williamsburg, son retour chez les blancs. Une séparation déchirante pour la jeune fille idéaliste, qui n'a connu la véritable chaleur d'un foyer qu'auprès des esclaves. Son apprentissage se poursuit cependant en matière d'études, de badinages amoureux... mais sa jeunesse, son innocence et son cœur pur viendront souvent fausser ses jugements et bouleverser sa destinée.

Quel tourbillon d'émotions à la lecture de ce roman plein de souffle et de péripéties ! C'est poignant, c'est vibrant, c'est vivant. J'ai été littéralement transportée. Comment demeurer insensible aux injustices de la ségrégation raciale, aux conditions de vie des domestiques et des esclaves, aux familles brisées par des contrats qui se revendent pour éponger des dettes, aux droits de cuissage honteux qui bafouent des jeunes femmes et renient leur progéniture ? L'auteur a réussi un véritable tour de force en traduisant avec force et authenticité l'ambiance des magnifiques propriétés sudistes, mais en s'intéressant aux coulisses et aux petites mains laborieuses. Ce sont des foyers misérables et opprimés, où subsistent pourtant une tendresse, une entraide, une détermination à tenir bon en dépit des adversités. Certes, les séquences dramatiques s'enchaînent en une valse étourdissante et étalent leur lot de violence, de larmes, de mensonges, de trahisons et de non-dits. Si j'ai brièvement craint une once de mièvrerie, j'ai vite revu mon jugement en constatant l'orchestration flamboyante de l'intrigue, racontée en alternance par Lavinia et Belle. Ce ne sont pas non plus des héroïnes fascinantes, fortes et magnanimes, car elles se révèlent parfois naïves, capricieuses et égoïstes, mais cela corrobore le tableau d'une nature humaine capable de prouesses et son contraire.

>> Texte lu par Nathalie Spitzer (durée 13h 13) pour Audible Studios (2016)

en exclusivité sur le site, uniquement disponible en téléchargement.

©2015 Charleston éditions - Trad. de l'anglais (USA) par Marie-Axelle de la Rochefoucault (P)2016 Audible FR

La colline aux esclaves | Livre audio  La colline aux esclaves pocket

 

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