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Chez Clarabel

17 décembre 2016

La Part des flammes, de Gaëlle Nohant

La Part des flammesC'est toute honte bue que j'ai enfin plongé dans le deuxième roman de Gaëlle Nohant, dix-huit mois après sa parution aux éditions Héloïse d'Ormesson. Comme il figurait parmi les nouveautés du mois, en exclusivité sur Audible, j'ai ainsi pu rattraper mon retard à écouter Françoise Cadol pour Audible Studios. Et quelle prouesse !  
L'histoire nous installe dans le Paris de la fin du 19e siècle. Trois femmes ignorent encore que leur destinée va être liée par la tragédie du Bazar de la Charité. En attendant, elles se croisent autour du comptoir n°4 où La duchesse d'Alençon tient un stand en compagnie de Violaine de Raezal, une jolie veuve qui souffre de sa réputation, et Constance d'Estingel, une jeune fille fragile qui vient de rompre ses fiançailles sans la moindre explication. Ses parents sont fous de rage. 
Et puis, c'est le drame. Un incendie ravage les locaux du Bazar en faisant de nombreuses victimes. La duchesse est portée disparue, Violaine panse ses blessures tandis que Constance est grièvement meurtrie, tenue à l'abri des regards indiscrets. Son fiancé Lazlo de Nerac se fait alors connaître pour signer des articles assassins dans la presse. D'un esprit sans complaisance, il pointe du doigt les bassesses de l'espèce humaine et fustige la bonne société du Tout-Paris pour son égoïsme et son paraître. Ses propos font vibrer la corde sensible du peuple, fortement affligé par la tragédie, en même temps que fleurissent des portraits élogieux des anonymes ayant accompli des actes héroïques, parfois au péril de leur vie. 
La description de la catastrophe est remarquable : force, émotion, réalisme, peur, exaltation, suspense... On ressent avec une telle âpreté chaque seconde de cet événement qu'il en devient la pierre angulaire du roman. Tant de destins se jouent et vont se jouer autour qu'on peine à décrocher du rythme. La mise en scène est saisissante, elle propulse les personnages dans un chaos flamboyant et poignant. Car la vie de Violaine ou de Constance est jusqu'au bout chahutée, compressée, broyée pour en tirer des bribes éparses. 
J'ai beaucoup, beaucoup aimé la construction du roman. C'est propre, lisse, impeccable. Cela rappelle aussi les feuilletons de l'époque, qui ont consacré Dumas ou Balzac, en proposant une flopée d'aventures et autres rebondissements (amour, liaison, duel, enlèvement...). L'ensemble est foisonnant et se pose comme une lecture passionnante, en complet décalage avec notre réalité. L'illusion est parfaite, le tableau du 19e siècle est dépeint avec élégance et authenticité. Il y a un vrai travail de recherches qui ne prend pas non plus le pas sur le sens du romanesque. Ce n'est pas qu'un roman historique, inspiré d'après un fait réel, mais bel et bien une fiction enrobée de bon goût et de délicatesse, une œuvre romanesque vibrante de sensations. 
La lecture audio dure approximativement 12 heures, mais ne laisse jamais l'impression de temps qui s'écoule lentement. C'est au contraire captivant du début à la fin, savoureux et délicieusement guindé. Après être tombée amoureuse de L'Ancre des rêves, je retrouve la plume de G. Nohant avec grand plaisir. L'auteur a gagné en évocation, en puissance et en majesté dans un genre très différent. Bravo ! 

Texte lu par Françoise Cadol pour Audible Studios (version intégrale, durée : 12h 25)

>> Uniquement disponible en téléchargement.

©2016 Héloïse d'Ormesson (P)2016 Audible FR

La Part des flammes | Livre audio

 

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16 décembre 2016

Le Trône de fer Tome 5: L'Invincible forteresse, de George R.R. Martin lu par B. Métraux

Nous voici déjà dans le dernier épisode de la saison 2 du Trône de fer, après La bataille des rois & L'ombre maléfique ! L'intensité ne faiblit pas, les batailles font rage et les émotions sont multiples. Chaud devant ! 

L'invincible forteresse

Les têtes n'en finissent plus de tomber parmi les prétendants au trône des Sept Couronnes, les coups de force prolifèrent au gré de nombreuses tractations perfides ou malchanceuses. Malgré cette confusion, le jeune Joffrey, l'abominable fils de Cersei Lannister, capricieux et colérique, est toujours en position sur l'échiquier, protégé par les savants jeux de dupe de son oncle Tyrion. Le lutin a plus d'un tour dans son sac et n'œuvre certainement pas par dévouement familial, mais plutôt pour des ambitions toutes personnelles. Pendant que Joffrey prend plaisir à tyranniser son entourage, Tyrion place donc ses pions et se prépare à une opération d'envergure, alors que la flotte de Stannis Baratheon est aux portes de Port-Réal. 

Le frère de Robert poursuit activement ses objectifs, toujours sous l'emprise de Mélisandre la Rouge, la prêtresse aux pouvoirs étranges, dont l'influence est grande et inquiétante selon les proches de Stannis, à commencer par son précieux allié, le chevalier Davos, désormais à la tête de son armada. C'est d'ailleurs lui qui affrontera la terrible bataille de la Néra, autre tournant décisif dans la série ! Pendant ce temps, à Winterfell, la trahison aussi a fait son nid. Theon Greyjoy a frappé fort, les deux jeunes Stark sont perdus, lady Catelyn est effondrée mais s'offre le tête-à-tête de sa vie en extorquant les confidences de Jaime Lannister, qui croupit dans une cellule à Vivesaigues.

Robb ne réapparaît toujours pas, accaparé par ses conquêtes de pouvoir. Sansa se console dans ses rêves de chevalerie, alors que la vie à la cour lui a déjà démontré la niaiserie de telles fables, sans parler de ses fiançailles avec Joffrey, qui ne sont qu'une pure fumisterie. Cette fille n'est qu'inconsistance... Arya trace aussi son bout de chemin, enchaînant les fuites, les cachettes et les impostures, pour préserver son identité secrète, et retrouve ainsi un vieil ennemi, Tywin Lannister, qui figure sur sa liste des traîtres à éliminer pour venger son père. 

L'histoire avance lentement, mais elle reste passionnante à lire et à écouter. L'interprétation de Bernard Métraux est toujours convaincante et fascinante, elle nous entraîne dans le monde dense et compliqué du Trône de fer sans jamais perdre le fil ou égarer son auditeur. C'est une formidable prouesse. Je m'inquiète néanmoins de la suite des aventures, quant à savoir si Gallimard continue l'édition audio de la série dans sa collection Écoutez lire, étant donné que la parution du tome 5 date de juin 2016, et que rien n'a été annoncé depuis. J'éprouve une certaine amertume... et une immense frustration ! [Edit : confirmation de la parution du tome 6, Les brigands, en mai 2017, et du tome 7 en novembre 2017 !]

Mettez de la fureur et de la folie dans vos casques audio ! Succombez aux intrigues fascinantes de G.R.R. Martin par la magie d'une théâtralité époustouflante et pour la vitalité qui se dégage de la lecture du comédien. Winter is coming. ***

 

Collection Écoutez lire, Gallimard
Lu par Bernard Métraux /  Durée d'écoute : environ 14 h
[A Game of Thrones]  Trad. de l'anglais (États-Unis) par Jean Sola
Parution : 09-06-2016

 ♠♠♠♠

Actuellement sur Audible

18 titres à moitié prix parmi la collection Écoutez Lire de Gallimard, jusqu'au 15 février.

Profitez-en, & bonne écoute !

15 décembre 2016

Un aigle dans la neige, de Michael Morpurgo & illus. par Michael Foreman

Un aigle dans la neige

Fuyant Londres et ses bombardements incessants, Barney et sa mère croisent dans le train un individu qui va leur confier l'histoire étonnante de son vieil ami Billy Byron.
Soldat durant la Première Guerre Mondiale, celui-ci a fait preuve d'une bravoure remarquable, largement récompensée par les médailles et les honneurs. Tout à sa modestie, Billy se défendait d'être un héros. Il avait la guerre en horreur mais la saisissait à bras-le-corps pour y mettre un terme au plus vite. Le jeune homme n'était pas inconscient, pas plus courageux ou intrépide, simplement il était déterminé à abréger le carnage, à épargner la population et les soldats sacrifiés. 
Mais au cours d'une bataille acharnée à Marcoing, dans le Nord, Billy et son bataillon sortent vainqueurs et rassemblent leurs prisonniers, lorsque un allemand hagard surgit de nulle part, le fusil à la main. Ses camarades le mettent en joue, mais Billy réclame la clémence générale et laisse ce soldat repartir. 
Après la guerre, Billy aspire à retrouver une vie tranquille, tout en songeant longuement à une petite fille, Christine, qu'il avait sauvée et conduite à l'hôpital. Il n'aura de cesse de la retrouver... pour finalement l'épouser ! La folie des hommes étant une source intarissable, Billy en subira de nouveau le poids en découvrant un film de propagande nazie. Là, s'affichant sur l'écran de cinéma, un énergumène au regard haineux et aux discours enflammés. Billy reconnaît aussitôt le soldat épargné à Marcoing sous les traits du Führer.
Cette vision va le plonger dans un gouffre sans fond de dépression et de culpabilité. Malgré le coup de fil du Premier Ministre Chamberlain, assurant qu'il avait participé au maintien de la paix en secourant Hitler, Billy va amèrement se reprocher sa charité. N'en pouvant plus, Billy part donc en Allemagne et ne touche mot à personne de son projet d'assassiner le dictateur. 

Ce récit romancé a été inspirée par l'histoire vraie du soldat Henry Tandey, « celui qui n'a pas tiré sur Hitler ». Anecdote authentique ou fabulée, elle a donné matière à Morpurgo d'écrire une histoire romanesque et poignante. Avec un art consommé du suspense et de la mise en scène, la lecture se révèle captivante ! On y plonge le cœur battant et on absorbe aussitôt l'angoisse ambiante, à s'imaginer aux côtés de Barney et sa maman, coincés dans leur train qui se planque dans un tunnel pour échapper aux raids aériens. La rencontre avec l'ami d'enfance de Billy va ouvrir la porte aux souvenirs et faire revivre le passé et le parcours du soldat Byron. En dépit des doutes et des interrogations, on ressent une vive émotion à l'évocation des actes manqués du soldat, qui aurait pu changer la face du monde et le cours du destin. Morpurgo et Foreman ont, comme de coutume, uni leurs talents pour recomposer l'injustice de la guerre à travers une intensité dramatique palpable et émouvante. Très bon roman.

Traduit par Diane Ménard pour les éditions Gallimard Jeunesse - Octobre 2016


14 décembre 2016

Pingouins en pagaille : Noël en délire, de Jeanne Willis

Noël en délire

La neige vient de couvrir tous les enclos du zoo et provoque la panique chez nos amis manchots, coincés chez eux ou déséquilibrés par les plaques de glace. Plus incroyable encore, c'est l'apparition soudaine du chalet du père Noël. Lorsque celui-ci débarque sur son traîneau, avec un gros sac à cadeaux qu'il distribue aux enfants, le zoo frise l'hystérie !
Gloria ne tient plus et se faufile jusqu'à lui pour faire une razzia. Elle est rejointe par ses copines Bulle, Georgette et Gina, puis par Salto. L'euphorie générale leur fait perdre la tête, car ils réalisent trop tard que le traîneau s'ébranle pour partir vers de nouvelles aventures.
Direction une école maternelle ! Tous les cinq font profil bas et se mêlent à la foule des bambins. Ils apprennent ainsi à faire des dessins, à coller des paillettes pour leurs cartes de Noël, mais sont horrifiés par la cantine (servir de la dinde - quel massacre !) avant de découvrir avec émerveillement la bûche en dessert. Ouf. 
La journée passe à une vitesse folle, les manchots s'amusent des crackers et des boules de neige, ils volent même la vedette dans la crèche en se glissant dans la scène de la Nativité. Qu'à cela ne tienne ! Il est temps de prévoir le retour au zoo. 

Quelle fabuleuse lecture, pour une série qui ne dément pas son succès et sa fantaisie. Les pingouins en pagaille forment une chouette colonie délirante, prête aux quatre cent coups, mais toujours prompte à se serrer les ailes, en dépit des excentricités des uns et des autres, ou de leur propension à n'en faire qu'à leur tête ! C'est infiniment drôle, enjoué, sympathique et farfelu. Il règne une ambiance de folie dans cette série, vraiment délicieuse par sa légèreté, c'est un pur régal à parcourir ! 

Traduction de Lilas Nord pour les éditions Nathan - Octobre 2016  [Penguin Pandemonium : Christmas Crackers]

Illustrations de Nathan Reed  

 

14 décembre 2016

Trois Petits Contes, de Grégoire Solotareff & Nadja

Les trois histoires présentes dans ce recueil ont été préalablement publiées dans la collection Lutin Poche (Le Père Noël et son jumeau, Le voleur de jouets) ou la collection Mouche (Le chien qui disait non) de L'École des Loisirs. Ce nouveau format leur offre une meilleure visibilité et un confort de lecture appréciable (pages aérées et souples) pour accompagner les séances de lecture précédant les fêtes de la saison. 

Trois petits contes

Il était une fois deux frères jumeaux, semblables en apparence, mais tellement opposés par leur attitude et leurs instincts. Nicolas est doux, calme, attentionné, tandis que Stanislas est grossier, méchant et insupportable. Même leurs parents sont dépassés par l'écart existant entre les deux frères. Avec le temps, celui-ci continuera de se creuser... pour donner naissance à la légende du Père Noël et du Père Fouettard.

Odilon est un pauvre souriceau, qui vient de perdre ses parents. Pour subvenir à ses besoins, il commence à chaparder de la nourriture jusqu'au jour où un vilain rat le fait prisonnier dans sa cage et le force à voler pour lui des jouets dans les chambres des enfants. N'en pouvant plus, Odilon parviendra finalement par s'échapper et croisera en chemin un couple de vieilles souris désespérées, en quête de leur fils. Odilon reconnaît ses parents et leur jure de ne plus voler que de la nourriture car les jouets ne sont pas faits pour les souris.

Benjamin réclame un chien à ses parents, prétendant qu'il gagnera beaucoup de sagesse à ses côtés. Son chien Albert, surnommé Caca, se révèle le compagnon idéal mais le garçon se fâche quand il mange tout et n'importe quoi dans la rue. Le chien est malheureux d'avoir été frappé et se met à lui parler en disant non ! Benjamin, à son tour, raconte cette histoire à ses parents qui le grondent en l'envoyant dans sa chambre. Que d'injustice. Mais le garçon réfléchira ainsi à ses propres actes pour se réconcilier avec son meilleur ami.

Voici donc trois contes fabuleux, qui inspirent de doux sentiments et communiquent de sages paroles, avec des histoires saupoudrées de tendresse et d'humour, aux conclusions pleines de félicité. Les illustrations de Nadja enrichissent cet univers cocasse par leurs couleurs et leur force évocatrice sous une apparence épurée et sans chichis. Des lectures simples, mais savoureuses, qui ne manqueront pas de plaire aux enfants.

L'école des Loisirs - Novembre 2016 pour la présente édition

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13 décembre 2016

French Ski, par Tom Ellen & Lucy Ivison

Pour avoir adoré Celui qui sera mon homard l'an dernier, j'ai sautillé de joie en découvrant le nouveau roman de Tom Ellen & Lucy Ivison (ou comment un amour de lycée a laissé place à une véritable complicité perceptible dans leur écriture). French Ski nous invite à vivre les émotions folles d'un voyage scolaire au cours duquel de jeunes anglais vont délirer sur les rencontres et les premiers baisers. Imaginez ce magma d'hormones en folie et vous obtenez une idée de votre lecture un poil bêtifiante mais idéale pour émoustiller les très jeunes lecteurs ! ☺

French ski

Mouse et Jack partent avec leurs collèges respectifs en classe de neige dans les Alpes. La jeune fille vient d'être virée de son école de danse et ne connaît quasiment personne, à part deux copines rigolotes, Connie et Keira, et son ancienne meilleure amie Lauren, devenue hypocrite et peste. Elle tente de faire bonne figure, mais se sent à côté de ses pompes. Jack aussi manque totalement de confiance en lui, pour jouer sur scène avec son groupe ou auprès des filles, tandis que ses deux potes, Max et Toddy, tirent des plans sur la comète à propos des nanas qu'ils vont rencontrer en faisant des paris débiles. Tout ce joli monde affiche crânement 14 ans, ce qui explique l'aspect immature et puéril du roman. On y parle “galoches” et conquêtes faciles, on fanfaronne, on fait des mystères, on crève de jalousie, rien de bien méchant. On s'amuse d'un rien (Monsieur Jambon le hamster) et l'histoire vole au ras des pâquerettes. Pour notre plus grand plaisir. Car la lecture est légère et touchante dans sa façon d'aborder la maladresse des adolescents, leur empressement et leur esprit bêta, leur obsession puérile pour le sexe opposé. Tom Ellen & Lucy Ivison ont saisi l'essence de l'âge ingrat qu'ils traitent avec humour et sans complexe. La narration alternée apporte aussi de la dérision aux situations rocambolesques - les filles et les garçons peuvent partager les mêmes aventures et ne pas les ressentir de la même façon. Par contre, ils ne trichent pas sur leurs angoisses, leurs doutes et leurs attentes. Ce savant mélange entre la comédie et l'apprentissage de vie donne finalement à la lecture de jolies couleurs de fraîcheur et de liberté. Le roman se lit avec quelques crispations, quand on a passé l'âge, mais inspire aussi une sensation de joie et d'insouciance qui reste très appréciable pour se changer les idées !  

Traduit par Julie Lopez pour Gallimard Jeunesse [Never Evers]

Coll. Scripto - Octobre 2016

12 décembre 2016

Ça a commencé comme ça, par Angéla Morelli

Véritable roman cocooning, bardé d'émotions douces et tendres, alternant aussi le sourire et le cœur gros ! C'est tout bon pour commencer cette nouvelle semaine (frisquette) de décembre. ♥♥♥♥

Ça a commencé comme ça

Flore, une jeune femme dynamique, se démène pour assurer un quotidien en dents de scie. Maman divorcée, pas forcément en très bons termes avec son ex, elle a trouvé refuge dans la maison de son père, un peu brinquebalante, mais nichée sous le soleil de la Dordogne. Le foyer est également marqué par l'absence de la mère de Flore, fauchée par la maladie une dizaine d'années plus tôt, et qui constitue un deuil encore douloureux pour la jeune femme et son père, lesquels n'ont d'ailleurs jamais osé aborder le sujet, préférant se voiler dans leur chagrin muet et pesant.

Bref. Flore doit gérer seule les soucis domestiques. Du matin au soir, elle s'active aux fourneaux, prépare ses pâtes pour les croissants et les chocolatines, pâtisse éclairs, religieuses ou muffins, mitonne ses confitures, bidouille ses décoctions à base de plantes médicinales. Flore a résolument mis sa vie entre parenthèses, au grand dam de sa meilleure amie Fanny qui lui rappelle de souffler un peu pour vivre d'audaces. Aussi, l'entrée en scène du beau ténébreux Corto fait frétiller les sens de notre héroïne de la racine des cheveux jusqu'aux ongles de ses orteils. ^-^

L'histoire s'écoule paisiblement, avec une note de légèreté, une pointe de fantaisie et une pincée de sensualité. C'est le moins qu'on attend d'une comédie romantique, bourrée de charme et de bonnes vibrations ! De fait, on s'y sent drôlement bien. On se sent comme chez soi, à écouter une copine nous raconter son histoire farfelue, avec ses hauts et ses bas, ses rêves et ses doutes. Pour avoir déjà eu l'occasion de lire les nouvelles d'Angéla Morelli, j'ai retrouvé ici cette formidable capacité à camper un univers attachant avec des personnages hauts en couleur et une frénésie ambiante qui donne envie de sourire.

Et justement, la lecture nous réserve de belles émotions, parce qu'il est question d'amour, de confiance en soi, de résilience, de deuil en latence, mais aussi de gourmandises, de pop culture, de dérision, de non-dits et de lâcher prise. Il y a de la vigueur et du pep's dans cette lecture, tour à tour désinvolte, sensible et grisante, ça a l'effet pétillant du champagne, c'est étourdissant et euphorisant, sans pourtant provoquer l'ivresse. J'ai beaucoup aimé cette sensation, beaucoup aimé prendre mon temps à lire cette histoire et passer des moments agréables en compagnie de Flore. C'est un très joli roman, à déguster en toutes saisons ! ♥

Harlequin, coll. &H - Octobre 2016

 
11 décembre 2016

Délivre le Père Noël ! par Orianne Lallemand & Caroline Hüe

Délivre le Père Noël

À la fois inquiets et énervés par la disparition du Père Noël, les lutins interpellent le lecteur pour les aider à trouver des pistes, au lieu de rester comme des niais à les contempler. Vite, il n'y a pas de temps à perdre. L'atelier est dans un désordre sans nom, mais le doute n'est plus permis : le Père Noël a été kidnappé par le redoutable Gâche Noël.

Courage, il faut se rendre chez l'individu pour libérer l'idole des enfants. L'antre de Gâche Noël est horrible, on frissonne de peur, le Père Noël est ligoté comme un malheureux, il faut le sauver et s'enfuir sans traîner pour entamer la grosse tournée nocturne !

Ah, ah ! Incontournable Orianne Lallemand ! Chaque année, ses albums chez Nathan sont attendus avec impatience & excitation. La promesse d'une bonne partie de rigolade avec une lecture riche en suspense et en rebondisements.

La dynamique est réelle : flaps à soulever, pop-up final... On n'a pas le temps de s'ennuyer. Et l'histoire fait sincèrement glousser de joie par son ingéniosité et son originalité. Très, très chouette rendez-vous ! Une réussite.

Nathan - Octobre 2016

10 décembre 2016

Vive Noël ! par Enid Blyton

Après une compilation réussie invitant à nous plonger dans l'esprit des vacances, voici une nouvelle collection de petites histoires inédites par la grande prêtresse de la littérature jeunesse. 

vive noel

Cette fois, Enid Blyton nous convie à partager l'esprit de Noël en une farandole de textes courts, désuets et bien-pensants. Tout le folklore des fêtes est ainsi convoqué pour se plonger dans cet esprit joyeux et traditionnel à raconter des histoires de Père Noël trempé qui vient se réchauffer au coin du feu, de petit sapin délaissé parmi les grands conifères présomptueux, du manque d'argent pour organiser un réveillon chic et du miracle de l'Avent, de la clochette du petit renne, des promesses pour être bien sage et travailler mieux à l'école, ou d'une chaussette trop remplie... et du monde secret dans le château du père Noël ! 

Le recueil se termine par une longue histoire d'une dizaine de pages, entrecoupée en onze parties, au cours desquelles on assiste aux préparatifs d'un Noël en famille. Susan et Benny rentrent de pension pour passer quatre semaines à la maison pendant les fêtes. Avec leurs parents et leurs jeunes frère et sœur, ils vont ainsi mettre la main à la pâte pour concocter un Noël dans les règles de l'art. Au fur et à mesure qu'ils complètent les décorations, ils questionnent leur père ou leur mère sur la tradition du houx, les mystères du gui, l'histoire du père Noël, mais aussi du sapin, de la grosse bûche à brûler, des chants traditionnels, etc. Si les légendes affluent et enrichissent l'imagerie des fêtes, l'ambiance n'en demeure pas moins nunuche et compassée. J'avoue que ce cliché d'une famille parfaite, en totale symbiose, a fini par me peser sur l'estomac. ^-^

Pour qui souhaite une lecture féerique, chaleureuse et pleine de bons sentiments, ce rendez-vous saura les sustenter ! C'est onctueux à parcourir, cela se picore à la légère, on peut aussi choisir de piocher au hasard la lecture du soir ou pour patienter avant LE grand soir. C'est délicieusement old-fashioned, Noël restant une magie intemporelle. 

Traduit par Luc Rigoureau pour les éditions Hachette - [Enid Blyton's Christmas Stories]

Novembre 2016 / illustrations de Mark Beech

9 décembre 2016

Le Trône de Fer Tome 4 : L'Ombre maléfique, de George R.R. Martin lu par Bernard Métraux

Ce tome fait suite à La Bataille des Rois et se révèle globalement n'être qu'un épisode de transition, assez creux, et néanmoins essentiel à la bonne compréhension de la série. ☺

L'ombre maléfique

Le royaume des Sept Couronnes est désormais plongé dans le chaos, la mort de Robert Baratheon a logiquement installé son héritier Joffrey sur le trône, mais sa légitimité est contestée. Décrié comme étant le pantin à la solde des Lannister, sa mère Cersei et son oncle Tyrion, désormais la Main du Roi, Joffrey ne rallie aucun seigneur à sa cause. Les frères de Robert, Stannis et Renly, partent en guerre. Robb de Winterfell s'autoproclame roi du Nord et envoie ses troupes à la conquête de territoires ennemis. Disons que, dans l'ensemble, ça s'affronte dans tous les coins, le royaume est à feu et à sang. Même Theon Greyjoy se lance dans la mêlée pour affirmer crânement son autorité, frustré par une sœur à qui l'on confie des missions plus valorisantes. Il faut dire aussi que Asha Greyjoy a salué leurs retrouvailles, au bout de dix ans, par une humiliation publique, en se faisant passer pour une autre tandis qu'il la courtisait hardiment. Jalousie, ambition, pugnacité, trahison et mésalliance... Les ingrédients du bouillon croquent sous la dent, mais laissent un goût amer en bouche.

L'intrigue générale est donc assez stratégique. On survole les positions des personnages, on suit leurs motivations, on tente parfois de cerner leurs plans, sans quoi il y a peu d'action susceptible de surprendre le lecteur. Certes, un prétendant aux sept couronnes va décéder, dans des circonstances très nébuleuses et qui seront sans doute exploitées par la suite (je l'espère). Le personnage de Robb Stark est totalement zappé : l'héritier de Winterfell est parti en campagne, mais ses exploits sont relatés par ouï-dire. Sa mère Lady Catelyn erre comme une désespérée alors que sa famille se délite, Sansa est retenue prisonnière des Lannister pour épouser Joffrey (quelle cruche, celle-ci), Arya se cache sous les oripeaux d'une servante de cuisine à Harrenhal où se trouve Tywin Lannister (quelle ironie), Bran est seul à Winterfell et fait de plus en plus de rêves tristement prémonitoires... Jon Snow, toujours flanqué chez la Garde de la Nuit, vient de franchir le Mur pour parcourir des contrées étranges et dangereuses. 

Ainsi, toutes les araignées tissent leur toile avec fourberie et audace, des personnages secondaires surgissent, comme Osha la sauvageonne, Asha l'insolente et intrépide sœur de Theon Greyjoy, et aussi Ygritte la fille du Nord. De son côté, l'exotique Daenerys prépare son retour fracassant, suivie de trois jeunes dragons déchaînés. L'ambiance est assez sombre et pesante, elle n'égale sans doute pas la tension dramatique du premier volume mais se propose de nous divertir autrement. Pour le coup, je dois admettre que la lecture audio est grandement efficace pour s'absorber dans ce récit teinté de fureur et de folie. On y avance à petits pas chassés, hypnotisés par l'interprétation de Bernard Métraux. Ce dernier n'a de cesse de nous plonger au cœur des méandres, avec sa gouaille, sa force et son sens très pointu de la théâtralité. C'est assez impressionnant... (même si le choix des voix nasillardes pour les personnages, principalement féminins, me fait hérisser les poils sur les bras). Le format audio offre ainsi une sacrée immersion dans l'univers foisonnant du Trône de Fer ! Je poursuis l'aventure... 

[A Game of Thrones]

Trad. de l'anglais (États-Unis) par Jean Sola

Lu par Bernard Métraux - Durée d'écoute : environ 14 h

Collection Écoutez lire, Gallimard  /  Mars 2016

 

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