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Chez Clarabel

4 octobre 2016

La Blonde aux yeux noirs, de Benjamin Black

La Blonde aux yeux noirsLe mythe Marlowe reprend vie sous la plume de Benjamin Black (alias John Banville, Booker Prize 2005 pour La Mer) qui goupille une enquête inédite dans laquelle ce cher Philip M. déploie son talent et sa gouaille pour conquérir son public orphelin. Le pari était osé, mais le défi pleinement assumé. Et j'ai personnellement apprécié ce revival du roman noir hardboiled.
Tout commence un mardi, “un de ces après-midi d'été où on se demande si la terre n'a pas cessé de tourner”. Notre détective désabusé reçoit la visite d'une blonde fatale qui l'engage pour retrouver, en toute discrétion, un certain Nico Peterson, son amant officiellement disparu dans un accident de voiture deux mois plus tôt. Or, elle est certaine de l'avoir croisé bien vivant en train de marcher dans la rue et entend refiler la patate chaude à Marlowe. Celui-ci accepte parce que la cliente est belle et distinguée - Clare Cavendish appartient à une riche famille de Californie, l'argent n'étant pas une finalité pour notre ami, celui-ci est davantage captivé par les “atouts” de la blonde aux yeux noirs. 
Car Marlowe ronchonne dans sa barbe. L'affaire paraît déjà fumeuse et ne va pas manquer de le plonger dans des arcanes improbables mêlant club privé, mauvaises combines à deux balles, trafics de drogue, usurpation d'identité, mensonges et autres félonies. Cela sent la duperie à plein nez, et Marlowe va mordre la poussière.
Cette enquête éreintante applique cependant toutes les lignes du cahier des charges - la clope, la gnôle et les torgnoles - dans une ambiance clairement saturée d'amertume et de macchabées. Mais les répliques sont mordantes à souhait, l'humour est dégainé à tire-larigot et la stylistique ciselée à la mode des années 50. Un bouquin qui nous sort un “oh pétard” en guise de protestation, moi je dis banco.

Traduit par Michèle Albaret-Maatsch (The Black-Eyed Blonde) pour les éditions Robert Laffont

Repris chez 10/18 - Février 2016

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4 octobre 2016

Un tueur sous la pluie, de Raymond Chandler

Un tueur sous la pluieDans ce recueil de trois nouvelles, dans lesquelles la figure du détective privé joue un rôle prépondérant, ce sont aussi trois enquêtes rigoureuses et brutes de décoffrage que l'on parcourt avec un certain effarement.
Ce sont globalement des œuvres mineures de Chandler, écrites au cours d'une “période d'apprentissage” et publiées dans le magazine Black Mask dans les années 30. Leurs valeurs littéraires sonnent passablement correctes, mais affichent néanmoins la marque de fabrique de l'auteur : situations dramatiques, rebondissements et habiles ficelles, dialogues percutants, sarcasmes et propos orduriers, rythme rapide, fusillades à la pelle, accumulation de cadavres et des coups qui pleuvent en abondance. Bienvenue dans le véritable esprit du roman noir hardboiled.
Un tueur sous la pluie (Killer In The Rain - 1935) raconte une enquête peu glamour dans un milieu dépravé. Un père recrute un détective privé pour sauver sa fille de la débauche. Sa récente relation avec un libraire, qui pratique un commerce parallèle salace, met l'homme dans tous ses états. Le soir même, sous une pluie battante, le type se rend près du petit nid d'amour des deux amants, en pleine séance de photos olélé, lorsque celle-ci est soudainement interrompue par une fusillade. Hystérie collective. Le détective déboule dans la chambre, expédie la nana pompette chez elle, puis retourne sur les lieux du crime et constate l'absence de corps. 
La suite des festivités n'est guère réjouissante. Dealer de morphine, chantage, flic pourri, meurtre à crédit, macchabées, Colt et whisky, en plus de détails saugrenus, comme deux paires de mules en velours émeraude, des pastilles à la violette, un grand balaise qui sort de taule et cherche “la p'tite Beulah”, avec son pantalon aubergine, son veston grisâtre, ses souliers de daim, sa cravate jaune et un énorme œillet rouge à la boutonnière...  (Bay City Blues - 1938) et Déniche la fille (Try The Girl - 1937)
Cette édition présentée par Gunnar Staalesen est un condensé de l'univers de Chandler dans une version sans filtre et sans réserve, mais avec beaucoup de cynisme et d'humour acerbe. On ne nous apprend rien. Le seul détail pertinent serait que ces nouvelles ont plus tard constitué la matière première de romans plus élaborés comme Le Grand Sommeil, La Dame du lac et Adieu, ma jolie. 

Trad. de l'anglais (États-Unis) par Henri Robillot et révisé par Cyril Laumonier

Nouvelle édition présentée par Gunnar Staalesen en 2016

Collection Folio policier (n° 537)

3 octobre 2016

Phobos : Il est trop tard pour regretter, de Victor Dixen

Phobos1

J'ai profité de l'édition audio proposée en exclusivité sur Audible pour découvrir cette nouvelle série de Victor Dixen, dont j'avais déjà beaucoup apprécié Animale, la malédiction de Boucle d'Or. Cette fois, on plonge dans un univers aux émotions fortes garanties avec un voyage cosmique qui vend de l'amour et du danger à bord, ce qui promet une immersion brûlante dans les étoiles ! 
Six filles et six garçons ont été sélectionnés pour partir sur Mars, dans le cadre du Programme Genesis, un jeu de télé-réalité qui consiste à former des couples pour implanter une colonie sur la planète rouge. Les douze prétendants ont donc cinq mois pour se séduire “et choisir le partenaire avec qui enfanter” au cours de séances de speed-dating, derrière une paroi vitrée, car garçons et filles vivent dans des compartiments séparés, mais sous l'œil de caméras embarquées.
Zoom instantané sur Léonor, la sculpturale rousse, au caractère volcanique et farouche, qui cache aussi de nombreux complexes. Orpheline de dix-huit ans, elle porte de lourdes cicatrices traumatisantes, liées à son enfance malheureuse et rejetée. Depuis, Léonor a développé une attitude de défiance et a opté pour une stratégie psychorigide pour aborder son aventure, même si deux garçons ne vont pas tarder à percer sa carapace et la toucher plus que de raison. 
L'héroïne n'est pas l'unique cas d'école dans ce casting taillé sur-mesure, où défilent des personnalités qui semblent toutes sortir du même moule (famille dysfonctionnelle, stigmates, plaie béante, besoin d'une seconde chance). Bref. On ne tombe pas de haut à la lecture des révélations prodiguées, mais ce choix de retenir des candidats aux abois est proprement délibéré de la part de la productrice de l'émission. Serena McBee, la figure médiatique qui cristallise tous leurs espoirs, est en effet animée d'une ambition dévorante, comme il apparaîtra vite dans le déroulement de l'histoire, en dévoilant l'envers du décor avec ses plus féroces abjections.  
Voilà qui fait miroiter une lecture palpitante et jouissive, qui se réserve aussi le droit de nous servir des clichés sur plateau doré, avec des personnages gnangnan et des intrigues qui ne risquent pas de nous défriser, mais c'est le pari à prendre en YA. Malgré tout, j'ai été agréablement surprise par ma lecture. Une lecture qui a su littéralement me “happer” et m'entortiller dans ses grosses ficelles. C'était résolument excitant. J'avais beau souffler, rouspéter, froncer les sourcils, je refusais néanmoins de lâcher l'affaire. J'étais comme le poisson dans l'eau, complètement ferrée.
Et diantre que c'est bien fichu ! Douze jeunes gens qui partent la fleur au fusil, avec des rêves d'amour plein la tête, puis qui comprennent dans quel traquenard ils sont tombés, hélas tardivement. On devient alors ce téléspectateur derrière son écran, avide de sensations nouvelles, se demandant qui décrochera la première étoile dans chaque classement, s'attendant à des interactions impétueuses, se demandant jusqu'où notre vilaine de service va tisser sa toile pour piéger davantage de nigauds, spéculant sur l'issue du voyage avant de pester contre ce point final qui survient au moment crucial. Bah voyons.
Je suis donc en train d'écouter le deuxième épisode, 
Phobos : Il est trop tard pour oublier (Phobos 2). ^-^

Texte lu par l'adorable Maud Rudigoz pour Audible FR / Juillet 2016  (durée : 11h 36)

©2015 Robert Laffont (P)2016 Audible FR

Phobos : Il est trop tard pour regretter (Phobos 1) | Livre audio

>> Ce livre audio en version intégrale est proposé en exclusivité par Audible (uniquement disponible en téléchargement).

Le premier tome de la nouvelle série de Victor Dixen, double lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire.

30 septembre 2016

Bilan du mois : Septembre 2016 ♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪

Whigfield

Bien dans ses bottes pour attaquer l'Automne !

Coup de projecteur sur les livres lus en septembre, et la moisson des vacances d'été :

 

3 Coups de Cœur pour :

🍃 Je suis Adele Wolfe, de Ryan Graudin  ♥♥♥♥♥

🍃 Wild Girl, d'Audren  ♥♥♥♥

🍃 En attendant Bojangles, d'Olivier Bourdeaut  ♥♥♥♥♥

 

Beaucoup, beaucoup aimé : ♥♥♥♥  

🍃 Le jour où Anita envoya tout balader, de Katarina Bivald 

 🍃 Agatha, de Françoise Dargent

🍃 Agatha Christie, le chapitre disparu, de Brigitte Kernel 

 🍃 Piégés dans le Yellowstone, de C.J Box

🍃 Le Massacre des faux-bourdons, d'Elisa Vix

🍃 Piste noire, d'Antonio Manzini

🍃 Berezina, de Sylvain Tesson

🍃 Sirius, le Chien qui fit trembler le IIIe Reich, de Jonathan Crown

🍃 Juste une ombre, de Karine Giébel

🍃 Liaisons secrètes, de Patricia Wentworth

 

Lectures plaisantes & agréables :  

🍃 Le Commissaire Bordelli, de Marco Vichi

🍃 Dix minutes par jour, de Chiara Gamberale

🍃 Les Enquêtes de Mary Lester : Les Bruines de Lanester & Les Diamants de l'archiduc, de Jean Failler

🍃 Le grand marin, de Catherine Poulain

🍃 Highland Fling, de Nancy Mitford

🍃 Un vent de cendres, de Sandrine Collette

🍃 Le Camp des morts, de Craig Johnson

🍃 Mémoire cachée, de Sebastian Fitzek

🍃 Le Rituel de l'ombre, de Giacometti & Ravenne

🍃  Les Garçons (du collège) ne sont pas (tous) des crapauds, de Barbara Dee  

🍃 Un journal pour deux, de R. Mellom & L. Leavitt

🍃 Foxcraft, d'Inbali Iserles

 

Déception ou presque pour : 

🍃 Le Coma des mortels, de Maxime Chattam

🍃 Des nœuds d'acier, de Sandrine Collette

🍃 La vérité sur Anna Klein, de Thomas H. Cook

🍃 La Grande nageuse, d'Olivier Frébourg

🍃 La Résurrection de Luther Grove, de Barry Gornell

🍃  The Graces, de Laure Eve

🍃 Maestra, de L.  Hilton (bleh)

 

L'automne venant, Octobre se veut aussi le traditionnel rendez-vous du Challenge Halloween chez Lou & Hilde

Challenge Halloween 2016

Ça va être sanglant ! 

 

30 septembre 2016

Scaraboy, de M.G. Leonard

IMG_7025« Le professeur Bartholomée Cuttle n'était pas le genre d'homme à disparaître mystérieusement. Il était plutôt du genre à lire d'énormes livres pendant les repas et à se retrouver avec du jaune d'œuf dans la barbe, ou à perdre ses clés et oublier son parapluie. Il lui arrivait parfois d'avoir cinq minutes de retard à la sortie de l'école, mais il finissait toujours par arriver. En tout cas, ce n'était pas, mais pas du tout, le genre d'homme à abandonner son fils de treize ans. »
Ainsi commence ce curieux roman à l'étonnante couverture orangée où l'on distingue déjà un gros scarabée éclipser la tête du jeune garçon ! Darkus Cuttle est un gentil môme, solitaire et réservé, affligé par la perte de sa maman cinq ans plus tôt. Une épreuve que son père et lui ont traversé dans la douleur et la prostration. Depuis, tous deux semblaient avoir retrouvé un quotidien serein jusqu'à cette étrange disparition.
Bartholomée Cuttle est un éminent scientifique travaillant au Muséum d'Histoire naturelle. C'est en s'enfermant dans sa réserve, avec sa collection de coléoptères, que notre homme s'est évaporé dans la nature. Les indices sont inquiétants : la pièce était fermée à clef, sans fenêtre ou autre issue de secours. Aucune trace du professeur, mais une simple tasse de café froid abandonnée sur la table.
Ce mystère affole la presse, pourtant l'enquête piétine. Darkus est confié aux bons soins de son oncle Max, chez lequel il s'installe avec une confiance aveugle. Ses voisins, deux cousins chicaneurs, Humphrey et Pickering, passent leur temps à se chamailler et à s'insulter. Témoin d'une énième altercation, Darkus est aussi pris à partie par la bande de caïds de son école. Mais notre garçon s'en tire à bon compte grâce à l'intervention providentielle d'un scarabée ! 
Aussitôt adopté, l'insecte devient Baxter, son nouveau et inséparable compagnon. Il semble, de plus, posséder une intelligence hors norme et développe avec l'enfant un lien télépathique rarissime. Même son oncle Max n'en revient pas ! D'ailleurs, ce n'est qu'un élément de plus à une longue série d'événements extraordinaires survenant dans leur vie. Darkus va alors partir à la recherche de son père, avec l'aide d'une “armée” inattendue, et suivre la sérieuse piste de l'enlèvement fomenté par un ersatz de Cruella Denfer. 
On se croirait dans la version coléoptère des 101 Dalmatiens ! Sans rire. La lecture nous embarque dans une aventure rocambolesque et palpitante, où il ne suffit pas de sauver le professeur Bartholomée Cuttle des griffes d'une vilaine, mais il faut aussi empêcher l'extermination des scarabées ! Que de péripéties. Et c'est avec une imagination foisonnante, de l'humour et un formidable élan de bravoure que l'histoire nous livre tous ses secrets. À lire avec grand plaisir.

Traduit par Amélie Sarn pour les éditions Seuil Jeunesse - août 2016

Titre original : Beetle Boy / Illustrations de Júlia Sardà

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30 septembre 2016

Le Théâtre du Poulailler : Le Collège à la rescousse, de Helen Peters

IMG_7027Le premier tome ayant déjà rencontré un gros succès (Folio Junior - N°1656), la suite ne pouvait que conforter cette sensation d'une lecture réjouissante et faisant la part belle à l'entraide et l'harmonie familiale dans un contexte pourtant difficile (une famille marquée par le deuil qui se bat pour préserver son cadre de vie à la ferme).
Hannah Roberts rêve de décrocher le premier rôle dans Roméo & Juliette, la pièce que va jouer son école, mais voit son audition saborder par l'arrivée tonitruante du cochon de son père. Eh oui. Un détail inimaginable et parfaitement incongru, qui ne fait rire que les élèves et plonge le directeur dans une colère noire. Hannah se voit donc attribuer un simple rôle de figurante et assiste au sacre de Miranda la chipie. Autre lot de consolation, la jeune fille obtient la lourde responsabilité de mettre en scène leur pièce pour une représentation exceptionnelle au sein du concours de l'école. Hannah et sa meilleure amie Lottie ne savent plus où donner de la tête et dépoussièrent leur mythique Théâtre du poulailler pour les répétitions.
Pendant que les enfants fourmillent d'activités, entre l'école et les jeux d'espionnage des plus jeunes, la vie à la ferme connaît aussi un sursaut de fréquentation féminine. Les petits Roberts s'interrogent sur leur père : s'est-il inscrit à une agence matrimoniale pour retrouver l'amour ? Point du tout. Mais l'affaire n'en est pas moins grave : une compagnie des eaux est en train d'élaborer un nouveau projet de lac-réservoir, qui consisterait à inonder la vallée entourant la ferme de Clayhill. Tous poussent des cris d'horreur à l'unisson. Et partent aussitôt en campagne.
Une fois de plus, le théâtre va devenir une arme redoutable pour alerter le public, révéler les mensonges et secouer les consciences écologiques de leur communauté. Pour sauver la ferme familiale et l'écosystème qui en dépend, Hannah va déployer des trésors d'ingéniosité, quitte à faire des choix susceptibles de mettre en péril ses propres aspirations artistiques et autres ambitions personnelles. Qu'importe. Notre jeune héroïne a déjà démontré l'étendue de sa détermination et son attachement profond à ses racines (sa famille, ses amis, etc.) et ne reculera devant rien pour défendre ses convictions. 
C'est une lecture profondément émouvante mais qui dégage un maelström de fougue, de jeunesse et d'optimisme à tout crin qu'on en ressort plus ragaillardi que jamais. Les personnages aussi sont extrêmement convaincants dans leur démonstration de générosité et de motivation. Il y a un grand souffle de fraîcheur et de dynamisme qui fait voler les pages du livre, où l'ambiance simple et enfantine finit par nous embarquer totalement. Ce microcosme fascinant nous absorbe dans sa bulle et on s'y sent merveilleusement bien !

Traduit par Vanessa Rubio-Barreau pour les éditions Gallimard Jeunesse - août 2016

Titre original : The Farm Beneath The Water (The Secret Hen House Theatre #2)

29 septembre 2016

Foxcraft, Tome 1 : Les Possédés, de Inbali Iserles

IMG_7023Attirée par la jolie couverture de Liam Peters, j'ai ouvert le roman en espérant fort, fort, fort y trouver une lecture originale et excitante, à l'égal d'autres histoires où les animaux prennent le pouvoir (cf. le mythique Watership Down, la série Outrebrume de M.I. McAllister ou La forteresse des lapins de L. Zuckerman, à découvrir tous trois absolument). 
Deux jeunes renards, Isla et Pirie, grandissent auprès de leurs parents et leur grand-mère dans la campagne paisible, en marge de la ville. Mais un jour, après avoir été distraite à pourchasser un scarabée, Isla retourne dans sa tanière qu'elle découvre saccagée par une violente attaque. Nulle trace de sa famille. La petite renarde panique, mais tombe museau contre museau avec une bande de renards belliqueux qui veulent lui faire la peau. Isla fuit le plus vite possible, prend tous les risques, quitte à braver la Rivière de la Mort et ses foudroyantes Broyeuses (comprenez, la route et ses voitures).
L'imaginaire du récit réserve de nombreuses surprises et autres trouvailles judicieuses, car l'auteur a véritablement soigné son décor et son univers avant de nous embarquer dans son histoire. Chose plus flagrante, c'est de vivre pleinement cette aventure dans la peau d'un jeune renard, de percevoir le monde qui l'entoure à travers ses sensations, son inexpérience, ses doutes, ses craintes, puis de plonger dans les prémices d'une intrigue aux accents fantastiques fignolés en douceur.
En effet, Isla croise en chemin un certain Siffrin, également un renard qui lui fait rapidement comprendre que le monde des renards est plus troublant qu'en apparence, avec des clans qui se livrent une bataille farouche et qui tendent tous au même but - Pirie, le frère d'Isla, aurait un rôle déterminant dans ce conflit en souffrance. Attendez-vous à de la magie, à des transformations, à des incantations, et aussi à des pactes et des missions secrètes. C'est assez obscur pour un premier tome, dont la mise en place demande du temps et de la patience, d'où l'impression de rythme inégal au cours de la lecture, mais cela reste tout de même une mise en bouche appétissante et qui ne demande qu'à gagner en consistance. 
Inbali Iserles est par ailleurs coutumière des séries à succès, puisqu'elle fait partie des auteurs sous le pseudonyme d'Erin Hunter à avoir captivé des milliers de jeunes lecteurs avec la saga de La Guerre des Clans.  

Traduit par Nathalie Serval pour Albin Michel Jeunesse - Septembre 2016

 

28 septembre 2016

Highland Fling, de Nancy Mitford

highland flingQue d'ironie dans cette comédie anglaise, qui nous fait croiser un tas de personnalités sottes et caricaturales à un point ! ... C'est délectable, j'avoue.
Albert Gates est un jeune artiste incompris, après deux années d'exil à Paris, il rentre à Londres auprès de ses amis Walter et Sally Monteath. Ces deux-là vivent d'amour et d'eau fraîche. Lui est poète, elle est pimpante, mais leur rente commune ne suffit pas à subvenir aux besoins de leur train de vie dispendieux. Aussi, lorsque sa tante Madge l'informe être dans l'incapacité de recevoir ses hôtes pour leur traditionnelle partie de chasse à la campagne, dans leur château écossais, Sally se fait une joie de la remplacer au pied levé. Leur amie Jane Dacre, une jeune célibataire un peu fleur bleue, fille d’aristocrates, se joint à la compagnie. Et la farce peut commencer. Albert et Jane vont rapidement scandaliser ces vieux Lords et leurs épouses aux manières compassées par leurs propos indécents ou leur absence de convenances (cf. le pique-nique gloutonné dans le dos des convives avant de prétendre l'avoir égaré en conduisant, les critiques sur les militaires et leurs excentricités à conter fleurette). Tant de désordre offusque notre assemblée conformiste et c'est tout l'art de Nancy Mitford de tailler des dialogues piquants et savoureux qui rendent les échanges fabuleusement cocasses !
Paru en Angleterre en 1931, Highland Fling est en fait le premier roman de l'auteur. Et celui-ci révèle déjà son penchant pour épingler ses contemporains en usant d'un humour mordant qui pique sournoisement cette bonne soirée bourgeoise de l'entre-deux-guerres, à la fois celle soucieuse des traditions, mais aussi celle frivole et inconséquente. On découvre là une représentation tendre, drôle et cruelle du faste et des frasques de ses pairs oisifs et capricieux dans un roman certes perfectible, et néanmoins délicieux. 

Traduit de l’anglais par Charlotte Motley pour Christian Bourgois Editeur

Repris chez 10/18 - Août 2016

27 septembre 2016

La Vérité sur Anna Klein, de Thomas H. Cook

la vérité sur anna

Pour avoir fortement apprécié Dernière conversation avec Lola Faye, je me faisais une joie de commencer cet autre titre de Thomas H. Cook brassant les thèmes d'espionnage, de duperie et de trahison sur fond de guerre. De plus, l'histoire se propose de nous entortiller à nouveau entre le présent (New York, 2001) et le passé (1939) alors que le narrateur, Thomas Danforth, se livre à une confession fleuve auprès d'un jeune homme attentif. Ce procédé avait préalablement su me régaler, tant il avait réussi à me tenir en haleine, à force de révélations et autres rebondissements étourdissants. Las, cette fois la recette n'a pas produit le miracle attendu et m'a un peu embrouillée avec une histoire longue et lassante.
En 1939, l'existence de Thomas Danforth est déjà gravée dans le marbre. Fiancé et héritier des affaires familiales, il est alors contacté par un ancien copain qui lui demande un service : prêter sa maison de campagne pour accueillir une jeune femme, afin de la préparer à une formation secrète pour servir un Projet d'envergure (assassiner Hitler). En rencontrant Anna Klein, Thomas est aussitôt troublé, charmé, prêt à tout quitter pour suivre ses camarades dans leur mission suicidaire. Sans surprise, le Projet va capoter et entraîner la mort de nombreux complices. Anna elle-même est portée disparue, après avoir été arrêtée et molestée par la Gestapo. Danforth refuse toute évidence et va se lancer dans une périlleuse enquête pour la retrouver. 
J'avoue avoir été séduite par les prémices de l'intrigue et emballée par la construction du roman. L'auteur a tissé un voile épais autour du personnage d'Anna Klein, la femme aux mille visages. Toutes les spéculations courent à son sujet, et le mythe s'installe. Mais l'émotion manque au compteur. À aucun moment, je n'ai été touchée par la pièce sentimentale jouée par le couple de Danforth et Anna K. ni fébrile quant au sort qui leur est destiné. On ne nous laisse guère dans l'expectative. Et lorsque survient le dénouement, je n'étais plus du tout surprise. En bref, la lecture a été longue et redondante. Elle a pêché par excès d'effets de style et échoué tristement à m'embarquer sur la distance. J'attends néanmoins le prochain titre avec impatience - Sur les hauteurs du mont Crève-Coeur, disponible en octobre. 

Texte lu par Marc Henri Boisse pour les éditions Sixtrid - Juin 2016 (durée : 11h 04)

Traduction de Philippe Loubat-Delranc pour les éditions Points Roman Noir 

La vérité sur Anna Klein

26 septembre 2016

Le Ciel nous appartient, de Katherine Rundell

Bénéficiant d'une reprise en format poche, ce roman est une petite pépite littéraire à découvrir sans hésiter !

Le ciel nous appartient

Sophie a survécu au naufrage d'un paquebot, après avoir été découverte dans un étui à violoncelle flottant au beau milieu de la Manche. Charles Maxim, un doux rêveur, a pris l'enfant sous son aile, lui promettant une existence harmonieuse et libre de toute contrainte. Ce ne sera pas du goût des services sociaux, qui vont établir que la demoiselle, à l'âge de 12 ans, ne peut plus partager le même toit qu'un célibataire du sexe opposé.

Charles et Sophie plient bagage pour la France où ils espèrent retrouver la trace de la mère de la jeune fille. Depuis toujours, elle est convaincue que celle-ci existe et l'attend quelque part. Charles n'a jamais prétendu le contraire, sans totalement l'encourager dans ses fantasmes. Après tout, « you should never ignore a possible » ! La suite de l'aventure est tout aussi stupéfiante, fantasque et exubérante.

Car cette lecture fait du pied à votre âme d'enfant, elle lui redonne du souffle et un formidable élan qui vous fait gravir des sommets (ceux des toits de Paris !). L'ambiance est magique, pleine de tendresse, de poésie, de fougue et d'espoir. Sophie et Charles sont deux personnages enchanteurs, elle amoureuse des livres et maladroite, lui “parlant anglais aux personnes, français aux chats et latin aux oiseaux”. Quel beau duo !

Leur cavale, menée sous le signe de l'espoir, ponctuée de jolies rencontres (Matteo et sa bande de danseurs du ciel), offre un plaisir rare d'évasion et de fraîcheur. À déguster avec un sourire béat aux lèvres. 

Traduit par Emmanuelle Ghez - Illus. de couverture : Antigone Konstantinidou

Folio Junior N°1767  - Septembre 2016

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