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Chez Clarabel

2 juillet 2016

L'Inversion de la courbe des sentiments, de Jean-Philippe Peyraud

L'inversion de la courbe des sentiments

Plongeons dans une histoire contemporaine, à Paris, en plein été...

Robinson, la quarantaine, traîne ses désillusions et son attentisme en collectionnant les rencontres sur internet et les liaisons sans lendemain, pendant ce temps, sa petite copine vide son appartement et le plaque pour vivre à la campagne avec un nouveau mec. Robinson est un paumé, qui vivote dans son existence, sans grande ambition. Il n'a même plus le goût de rester une journée dans son vidéoclub et délègue toutes les responsabilités à son associé et meilleur ami Emmanuel, sans se douter que celui-ci va prochainement lâcher l'affaire pour satisfaire aux caprices de sa dulcinée. Robinson a aussi d'autres chats à fouetter - son père est arrivé en ville avec ses valises sous le bras, sa sœur s'inquiète de n'avoir plus de nouvelles de son rejeton Gaspard, dix-sept ans, avant de découvrir qu'il serait en pleine escapade amoureuse avec la femme du voisin ! Ce dernier menace de tout péter si on ne le renseigne pas de suite sur la cachette des amants... Robinson s'épanche auprès d'Alice, qui tient le café d'en face, et pour laquelle ses sentiments semblent bien confus. Pas très loin de ce micmac, deux jeunes parisiennes courent dans les rues de la ville à la recherche du père de Charlène, en pleine rupture amoureuse, de retour d'un voyage au Pérou, décidée d'en découdre sur ses origines. Et là, Amandine lui confie aussi ses petits soucis et son besoin d'engranger des marques de tendresse avant le saut dans le vide.  

Cette lecture m'a très agréablement surprise, tour à tour intense, bouleversante, ironique et cocasse, elle réserve un panel d'émotions assez large et plutôt convaincant. JP Peyraud a le dessin nerveux et intraitable, il expose les corps, les regards et les sentiments sans complexe, il se joue des gens et renouvelle pour eux une valse en trois temps. Un temps pour aimer, un temps pour quitter, un temps pour recommencer. Et ainsi de suite. Cette proposition des dérives sentimentales, définie par l'auteur comme une bedenovela, reprend les grandes lignes des feuilletons romanesques, sans jamais tomber dans le sirupeux. L'histoire entre-croise habilement les destinées des uns et des autres, chatouille les personnages avec malice, embrouille les cœurs, distille un zeste de folie et d'humour, injecte aussi du suspense, de la tension, de l'émotion... Ce sont autant de variations possibles, qui brossent une idée de la vie de couple ou de famille en une intimité souvent douce-amère, et dont on ressort pourtant pleinement enchantés. La mise en scène est ciselée et nous entraîne en toute légèreté dans un tourbillon passionnel, dont il faut néanmoins se méfier des couleurs acidulées ! Piquant, savoureux, original. Très bon ! 

Futuropolis, juin 2016

 

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2 juillet 2016

Une aventure des Spectaculaires, Tome 1 : Le Cabaret des ombres, par Régis Hautière & Arnaud Poitevin

Une aventure des Spectaculaires

Lorsqu'une troupe d'acrobates est embauchée par un savant fou pour combiner leurs talents de prestidigitation à une affaire criminelle, le résultat dépasse de loin les attentes les plus folles dans cette bande dessinée aussi fraîche, drôle et exaltante à lire. J'ai beaucoup aimé.

Dans le Paris du début du XXe siècle, les Spectaculaires peinent à mobiliser les foules pour applaudir leurs exploits - Félix le féroce lycanthrope, Eustache l'homme le plus fort du monde, Évariste l'homme volant et Pétronille la chef d'orchestre déguisée en M. Loyal font pourtant preuve d'imagination et de rouerie pour épater la galerie. Las, à l'heure du cinématographe, les parisiens boudent leurs numéros de trucage et d'illusion, ce qui plonge la trésorerie du théâtre dans la plus grande misère. Nos artistes n'ont plus lieu de faire la fine bouche en accueillant le Professeur Pipolet et ses discours fantaisistes pour sauver le monde. On vient de lui voler les plans de sa machine infernale, censée instaurer la paix universelle, mais désormais entre les mains d'un individu cynique et sans scrupule, son invention risque d'être utilisée pour de mauvaises intentions. 

Nos joyeux drilles se lancent donc avec enthousiasme, et beaucoup de maladresse, dans une aventure complètement folle, mais ô combien hilarante. Ils ont pour eux leur courage, leur intelligence, leur humour et les gadgets improbables de Pipolet pour sauver le monde ! Au secours... ^-^ Face à eux, l'ennemi est redoutable, possède une longueur d'avance et des amis bien placés pour assurer ses arrières. La tâche est rude, mais jubilatoire. À lire, c'est franchement extra. La lecture offre une distraction appréciable, sans prise de tête, avec des plages d'humour et des séquences illustrées souvent magnifiques. L'histoire est simple, efficace et burlesque, à l'instar des personnages, caricaturaux et impayables. 

Vivement leurs prochaines aventures ! Ce 1er tome a su me régaler par sa bonne humeur et son rythme virevoltant. 

Rue de Sèvres, Janvier 2016

 

 

1 juillet 2016

Treize marches, de Kazuaki Takano

TREIZE MARCHES

J'avais quelques craintes avant de me lancer dans cette lecture, j'appréhendais de me mélanger les pinceaux avec les noms japonais ou de tomber sur une intrigue un peu lente, comme c'est souvent le cas dans les romans nippons. Foin de tout ça. La lecture a été passionnante du début à la fin. Je n'ai pas vu le temps passer (10 heures d'écoute) et j'ai adoré le déroulement de l'histoire, dont les nombreuses ramifications viennent s'emboîter en toute délicatesse au fil des chapitres. J'ai été complètement emballée par la découverte.

Jun'ichi Mikami bénéficie d'une remise de peine, après deux années de prison pour coups et blessures ayant entraîné la mort. Il est rapidement contacté par un ancien gardien de prison, Shôji Nangô, qui lui propose de travailler en équipe sur la révision d'une affaire de double meurtre. Le suspect est condamné à la peine capitale, toutefois un bienfaiteur anonyme a promis une forte récompense si le binôme réussissait à prouver l'innocence de l'individu, qui n'a aucun souvenir de ses crimes. Pour Jun'ichi et Nangô, c'est l'occasion pour faire amende honorable auprès de la société - tous deux se sentent marqués à vie de leurs actes accomplis. Leur entente est immédiate, leur motivation pressée par les impératifs des décisions judiciaires. Pas le temps de chômer. Ils relisent ensemble le dossier, se rendent sur place, rencontrent la famille, font des liens, fouillent et explorent des zones jamais soupçonnées. Leur enquête va rapidement prendre un nouvel élan et les conduire sur de sérieuses pistes... aux révélations parfois sidérantes.

Et c'est ce qui m'a plu, dans ce roman, outre de découvrir un autre aspect du Japon, à travers sa politique carcérale et son milieu judiciaire aux antipodes de ce que l'on connaît, c'est aussi de participer à une quête de la vérité pointilleuse, méthodique et captivante. Pas de surenchère. Une tension impeccable, qui ne faiblit jamais. Une mise en situation pertinente et juste. Des personnages très éloignés du cadre irréprochable et qui renvoie là aussi une autre image de la société japonaise, où l'on marginalise hâtivement ceux qui sont en-dehors des clous. 

C'est un roman riche et distrayant, un autre œil sur la planète, qui lorgne sur cet univers nippon si particulier, mais dont le pouvoir de fascination reste sans égal... 

 

Traduit par Jean-Baptiste Flamin pour les éditions Presses de la Cité (13 Kaidan)

Treize marches | Livre audio

Texte lu par Jean-Marie Fonbonne pour Audible FR (durée : 10 h) - avril 2016

En exclusivité sur Audible - uniquement disponible en téléchargement

 

Un thriller au suspense savamment distillé. Une plongée angoissante dans le système judiciaire japonais. Saisissant.

30 juin 2016

Bilan du mois : Juin 2016 ♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪

Spring time by Vintage blue

🌺.🌺  Nos lectures du mois  🌺.🌺

 

🌺 L'accro du shopping a une sœur, de Sophie Kinsella  ♥♥♥♥

🌺 Déclic Mortel, d'Anthony Horowitz  ♥♥♥♥

 

🌺  Comme si c'était toi, de Mhairi McFarlane  ♥♥♥½

🌺 Après toi, de Jojo Moyes  ♥♥♥½

🌺 Les rêves sont faits pour ça, de Cynthia Swanson  ♥♥♥½

 🌺 Quand j'étais Jane Eyre, de Sheila Kohler  ♥♥♥½

🌺 Le Diable de la Tamise, d'Annelie Wendeberg  ♥♥♥½

 

🌺  Le Temps des métamorphoses, de Poppy Adams  ♥♥♥

🌺 Pique-Nique à Hanging Rock, de Joan Lindsay  ♥♥♥ 

🌺 Journal de Mr Darcy, d'Amanda Grange  ♥♥♥

🌺 Retour à Whitechapel, de Michel Moatti  ♥♥♥

🌺 La Couleur du lait, de Nell Leyshon  ♥♥♥

 

🌺 Le Journal d'Aurore, de Marie Desplechin & Agnès Maupré  ♥♥♥♥

🌺 Le Pays qui te ressemble, de Fabrice Colin  ♥♥♥♥

🌺 Comment j'ai écrit un roman sans m'en rendre compte, d'Annet Huizing  ♥♥♥♥

🌺 Les Aventures rocambolesques de l'oncle Migrelin, par Elzbieta  ♥♥♥♥

🌺 Léo Sacrin : Mémoires catastrophiques pour collégiens du futur, de L.A. Campbell  ♥♥♥♥

🌺  Erik Vogler et les Crimes du Roi blanc, de Beatriz Osés  ♥♥♥½

🌺 Half Bad (série en 3 tomes), de Sally Green  ♥♥♥

 

3 abandons : Touch, de Claire North / Ténèbres sur Jacksonville, de Brigitte Aubert / Le Chirurgien, de Tess Gerritsen

 

30 juin 2016

#Jeu littéraire : Vintage Mystery Cover Scavenger Hunt 2016

Petit mise au point pour notre fabuleuse chasse au trésor ! ;-)

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Rappel, si vous êtes d'humeur joueuse, avec un peu de temps devant vous, le blog US MY READER'S BLOCK  propose une chasse au trésor originale à tous les amateurs de romans policiers. Elle dresse ainsi une liste d'objets à retrouver sur les couvertures de livres lus durant l'année, une seule référence par indice, et avec une prédilection pour les bouquins vintage. ;-)

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 Les principaux éléments de la liste : 

un squelette  -  un fantôme  -  un couteau  -  un cercueil  -  une statue  -  un oiseau  -  un chandelier  -  un bateau  -  un objet cassé  -  une peinture ou une photographie  -  une infirmière  -  un téléphone  -  une cigarette ou une pipe  -  une main de squelette  -  un crâne  -  une maison hantée (ou qui fait peur)  -  une bouteille de poison  -  une horloge ou une montre  -  un animal  -  une voiture ou un camion  -  un escalier  -  une machine à écrire  -  du matériel de pêche  -  un cimetière  -  un jeu de cartes  -  un roux  -  une araignée ou une toile d'araignée  -  une corde  -  un revolver   -  un corps  -  une bibliothèque ou un livre  -  un chat  -  un avion  -  une décoration de Noël  -  un policier  -  un appareil photo  -  une loupe  -  une pierre tombale  -  la lune  -  une lampe-torche  -  une brunette   

Bonne chasse !

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Ont déjà été épinglés : 

👮 un instrument de musique : Cartes sur table d'Agatha Christie (piano)  [#
👮 des taches de sang : Le Meurtre de Roger Ackroyd, d'Agatha Christie  [#
👮 un plan d'eau : Mort sur le Nil, d'Agatha Christie  [#

👮 un chapeau : Dix petits nègres, d'Agatha Christie   [#
👮 une blonde : Le crime de l'Orient-Express, d'Agatha Christie  [#
👮 un globe terrestre ou une mappemonde : Destination inconnue, d'Agatha Christie  [#
👮 une silhouette sombre  : L'Aiguille creuse, de Maurice Leblanc [#
👮 un verre ou une bouteille : Déclic mortel, d'Antony Horowitz  [#
👮 une ville : Le Diable de la Tamise, d'Annelie Wendeberg  [#
👮 un château ou des ruines : Quand j'étais Jane Eyre, de Sheila Kohler  [#
👮 un décor de campagne : Pique-nique à Hanging Rock, de Joan Lindsay  [#
👮 des bijoux : Liaisons secrètes, de Patricia Wentworth   [#] 
👮 un chien : Sirius, de Jonathan Crown
👮 une main tenant une arme : Un tueur sous la pluie, de Raymond Chandler   [#]
👮

 

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30 juin 2016

Les Piliers de la Terre : Ellen, de Ken Follett

Les piliers de la terre Tome 1 Ellen

En 2015, j'avais pour objectif personnel de lire ou relire plusieurs sagas mythiques, dont Game of Thrones, Angélique Marquise des Anges, Le Chardon et le Tartan & La Bicyclette Bleue. Je grossis mon effectif, pile pour conclure le Mois Anglais, en incluant la célèbre série de Ken Follett, Les Piliers de la Terre, publiée en VF en 1990, et adaptée en feuilleton télévisé en 2010. Tempus fugit. ^-^ 

Cette saga nous transporte donc dans le Sud de l'Angleterre du XIIe siècle où vont se croiser des destinées toutes étroitement liées, et parfois même inconsciemment, autour d'un projet de cathédrale. Il y a d'abord Tom le Bâtisseur, son épouse, Agnès, enceinte jusqu'aux yeux, et leurs enfants, Alfred et Martha. Suite à l'arrêt brutal du chantier sur lequel Tom était embauché, notre homme est contraint de repartir sur les routes pour nourrir les siens. Les ennuis s'enchaînent lorsque sa femme décède en couches, lui laissant un fils qu'il choisit d'abandonner près du bûcher. À peine le temps de se retourner qu'il rencontre la magnifique Ellen, laquelle vit en hors-la-loi dans la forêt avec son fils Jack. Tom et Ellen cèdent à une pulsion charnelle et décident de faire un bout de chemin ensemble. Leur aventure les conduira sous la protection du prieur Philip, un homme foncièrement bon et généreux, dont la seule ambition est de développer Kingsbridge et d'y construire une cathédrale. D'une rigueur morale exemplaire, notre homme d'église trace sa route sans roublardise et atteint habilement ses objectifs. Il ira même jusqu'à déjouer la duplicité de son supérieur, l'évêque Waleran Bigod, de mèche avec la perfide Regan Hamleigh, dont le physique repoussant est compensé par un machiavélisme démesuré. Cette femme est redoutable. Elle va par exemple venger son fils William, rejeté par lady Aliena, fille du comte de Shiring, en infligeant à leur famille une déchéance cuisante. La vie d'Aliena n'est plus qu'un chaos sans fin, mais la demoiselle, aussi farouche que déterminée, refuse de courber l'échine face à ses tortionnaires et jure de rendre coup pour coup.

Bref. Vous l'avez compris, cette lecture parle de pouvoir, de gloire, de sainteté, d'amour, de passion, de vie, et même de survie. L'intrigue est dense et palpitante, avec des rebondissements nombreux et inattendus. Elle est également conduite de façon magistrale, entrelaçant plusieurs combinaisons et autant de personnages, sans jamais nous égarer (c'est souvent le cas avec les grosses sagas, dopées par un enthousiasme débordant). Ici, c'est fascinant comme c'est simple et d'une fluidité appréciable, tout en maintenant du rythme, du suspense, de l'émotion. Cette épopée romanesque ne démérite pas la réputation qui la précède. J'avoue avoir eu une certaine défiance au moment de m'y lancer... alors que j'avais tort, car c'est tout simplement captivant. Présentée comme une flamboyante fresque historique, la lecture ne nous trompe pas. Elle nous plonge dans une Angleterre moyenâgeuse avec un grand réalisme et enflamme notre imaginaire sans ciller... Une vraie prouesse. 

Stock / Mai 2005 pour la présente édition de 478 pages ♦ Traduction de Jean Rosenthal (The Pillars of Earth)

♦ La deuxième partie, en 596 pages (en cours de lecture)

Les piliers de la terre Tome 2 Aliéna

Pour compenser avec l'édition du Livre de Poche, de 1056 pages, écrites en caractères minuscules

 

29 juin 2016

Le Pays qui te ressemble, de Fabrice Colin

Le Pays Qui Te Ressemble

Engluée dans le chagrin et le deuil depuis un an, la famille Farrow est au bord du gouffre. On recense ainsi « un frère génial mais triste comme l'hiver, incapable d'exprimer ses sentiments. Un père aimant et 100% paumé. La définition même de la grand-mère indigne. Et maintenant, cette boule de poils blanc acajou qui s'était reconnue en notre désespérance. Nous avions de quoi être fiers. »

Il est plus que temps de larguer les amarres ! Marilyne, la grand-mère fantasque et rock-n-roll, prend les devants en embarquant tout ce petit monde à bord d'un camping-car pour une mission très spéciale, une mission secrète visant à guérir leur cœur brisé. Cette mission consiste à tracer les anciennes petites copines du père pour leur faire passer un test en douce. L'une d'elles est probablement la mère biologique des jumeaux de quinze ans, Lucy et Jude. Peu avant de mourir, leur maman d'adoption leur a fait jurer de retrouver leurs racines, sans éveiller les soupçons de leur père. Ce dernier broie du noir. Depuis un an, il vit dans sa bulle, écoute des heures durant tous les albums des Beatles, souffre en silence, pleure, maugrée et s'apitoie sur son sort. Il accepte néanmoins de se joindre à la troupe pour parcourir les routes de France et de Navarre... Direction Rome, puis Montreux (en Suisse), avant de faire escale à Bruxelles, puis Oxford, et ce n'est pas tout !

Quelle folle épopée ! A priori le voyage ne ressemble à rien. Lucy, son frère Jude, leur père Noel et la grand-mère Marilyne avalent des kilomètres, se posent à peine, s'éparpillent, courent après des objectifs aussi vagues qu'illusoires. De plus, leur parcours est jalonné de rencontres improbables et de situations burlesques, auxquelles on pourrait facilement n'accorder aucun crédit, mais c'est justement parce que cela ressemble à une cavalcade turbulente et invraisemblable qu'on adhère sans moufter. La famille est complètement décalée, drôle, vive, pétillante, derrière les couches de détresse et de larmes, et puis l'aventure gagne aussi en profondeur et en émotion. Le mélange est bien dosé, très réussi, pour une lecture dynamique, sensible et enjouée comme j'aime. Un super road-trip à se réserver pour les vacances !

Albin Michel, coll. Litt' / Septembre 2015

Magnifique couverture de Léa Chassagne qui annonce la couleur du roman !

 

28 juin 2016

Comment j'ai écrit un roman sans m'en rendre compte, par Annet Huizing

Comment j'ai écrit un roman sans m'en rendre compte

Katinka a treize ans et a pour voisine une romancière excentrique, Lidwine, qui accepte de lui apprendre à écrire un roman en échange de quelques heures de jardinage. En réalité, Katinka en a gros sur le cœur. Sa maman est morte quand elle avait trois ans. Ses souvenirs s'effacent. Au tournant de l'adolescence, Katinka se sent désemparée, abandonnée et perdue. Depuis, son papa a rencontré la pétulante Dirkje, qui s'accommode à merveille à leur façon de vivre, sans jamais chercher à remplacer l'absente. Celle-ci occupe encore beaucoup leurs pensées. Et le fait d'en parler évoque toujours le manque, la perte, le chagrin.

De fil en aiguille Katinka livre ainsi son histoire entre tendresse et émotion, humour et fantaisie, bonheur et détresse. Elle nous raconte sa famille boiteuse, qui avance en se serrant les coudes, qui trébuche souvent mais qui se relève tout le temps, ses journées passées dans le jardin de sa voisine, à boire du thé ou à parler de la vie, de son travail, d'écriture... Tous les conseils prodigués par Lidwine sont précieux, on y découvre les trucs, les astuces, mais aussi la perspective, l'écriture sensuelle, le temps présent, les souvenirs au passé.

Katinka réalise qu'écrire un livre n'est finalement pas une mince affaire ! Ses pages sont toutes gribouillées de feutre rouge et de ratures, qui l'aident néanmoins à progresser et à débroussailler ses pensées foisonnantes. Car Lidwine va également aider la jeune fille à éclaircir ses émotions, à force de ressasser ses idées, celle-ci se sent de plus en plus submergée par ce qu'elle éprouve. Et l'on découvre une histoire poignante, très belle, juste, sincère, avec des personnages attachants et affectueux. 

À découvrir pour toutes ces raisons, en plus d'être un bon exercice de style où l'on décortique habilement l'art (pas si simple) d'être romancier et d'écrire un livre. 

Traduit du néerlandais par Myriam Bouzid pour les éditions Syros, avril 2016

27 juin 2016

L'Invocateur - Livre 1 : Novice, de Taran Matharu

Novice Invocateur

Fletcher vit à Pelt, un petit village tranquille, où il est apprenti-forgeron chez un gros bonhomme attachant, qui le traite comme son fils. Le garçon est orphelin et ne sait rien de ses origines, mais a bénéficié d'une éducation pointilleuse, en apprenant à lire et à écrire, contrairement aux jeunes de son âge, qui vivotent ou chassent dans les bois. 
Fletcher aspire à un avenir sans relief, mais doit composer avec un gosse de riche, Didric Cavell, qui se comporte en fourbe et en tyran. Le garçon rêve d'une vengeance dans les règles de l'art, laquelle surviendra par l'intermédiaire d'un grimoire ayant appartenu à un invocateur.
Et là, notre jeune héros découvre l'univers des démons et des incantations. Seule une poignée d'élus est capable de se plonger dans de tels ouvrages et procéder aux rituels d'usage. Fletcher tente sa chance... et bingo ! Une salamandre apparaît et fait immédiatement corps avec lui, en se scotchant à sa gorge pour ne plus en déloger. 
Après, les choses se compliquent pour lui. Provoqué par Didric, le garçon se défend en semant le chaos. Il n'a plus d'autre choix que de fuir et va ainsi faire la rencontre providentielle du capitaine Arcturus qui l'envoie à l'Académie Vocans. Cette école accueille tous les jeunes invocateurs, désireux de servir l'Empire, pour ensuite prêter leurs savoirs à la guerre qui sévit dans tout Hominum. 
Une nouvelle vie s'offre à Fletcher, avec son lot d'amitiés fusionnelles (le nain Othello et la jolie elfe Sylva) et ses conflits inéluctables. Les enjeux politiques prennent également de l'ampleur, les pions prennent place sur l'échiquier, le compte à rebours est lancé...
Ce premier tome est handicapé par son rôle introductif où tout un univers et des personnages doivent être présentés. Cela casse un peu le rythme, même si la lecture n'en demeure pas moins entraînante dans son genre. Le scénario est suffisamment bien ficelé pour intriguer le lecteur et l'inviter à tourner les pages pour connaître la suite.
Cette série a réussi à créer son identité, tout en réunissant les codes du genre de l'heroïc fantasy auquel elle se rapporte. On se croirait dans du Tolkien vulgarisé, mais pas seulement. Ajoutez une très belle couverture, illustrée par Malgorzata Gruszka, et vous vous surprenez à plonger dans un ailleurs captivant !
Une lecture pleine de promesses, qui révèle aussi un jeune auteur, né en 1990, dont le texte publié sur Wattpad a rapidement remporté un gros succès. Le monde de l'édition bouge... De nouvelles tendances émergent. À suivre, donc. ^-^

Traduit par Blandine Longre (The Novice : Summoner) pour les éditions Hachette, Mars 2016

27 juin 2016

Half Bad : Quête Noire, de Sally Green

Half Bad 3

L'heure du dénouement est arrivé ! L'Alliance des sorciers libres a essuyé une sévère raclée, les pertes sont nombreuses et Nathan se sent responsable du carnage. Il a été trahi et a soif de vengeance. Il a donc fait de la lutte son combat personnel et devient incontrôlable. Il part en roue libre, prend tous les risques, tue à tour de bras, ne ressent aucun remords.

Nathan n'est plus une bête traquée, mais un véritable prédateur. Toutefois, cette propension au mal effraie Gabriel, qui sent son ami s'éloigner et tomber dans la folie obsessionnelle. Les blagues, les câlins, les promesses n'ont plus lieu d'être. Gabriel tape du poing sur la table. Pourtant, Nathan le rassure - blessé, pas perdu. Leur leitmotiv.

Ce refrain va guider l'essentiel de leurs missions et devenir leur étoile du berger. D'ailleurs, Nathan a établi un nouveau plan pour s'opposer au Conseil des sorciers blancs - il veut retrouver une vieille et puissante sorcière, Ledger, qui détient la moitié d'une amulette pouvant assurer l'invicibilité.

Mais le temps presse, les chasseurs ne lâchent rien et multiplient leurs efforts pour traquer les survivants et pulvériser leurs camps. Nathan voient ses amis tomber, faillir, hésiter. La tension monte d'un cran et annonce des retrouvailles ardentes entre les ennemis. Toute la communauté des sorciers est sens dessus dessous. Les cœurs s'emballent et présagent un final bouleversant ! 

Ce dernier tome est plus court que les précédents (il est allégé de quelques 25 pages). Par conséquent, la narration est plus mordante, plus efficace. On y trouve aussi beaucoup d'intensité et d'émotion. Des choix douloureux, des sacrifices, des renoncements, des abnégations et des liens inaliénables. La fin est cependant discutable, car elle casse l'image d'une série rock-n-roll qui refusait le mélo. On retombe là dans le basique, le déjà-vu. C'est un peu dommage.

De toute manière, la série a globalement oscillé entre le bon et le moins bon, elle a renouvelé le genre de la sorcellerie et proposé un thème original, elle a aussi abordé des sujets sensibles et poignants, autour de l'amour filial et l'homosexualité, mais a manqué de rigueur pour relater ce parcours délicat. Un roman honorable pour une série inégale, d'où une certaine frustration après la lecture des 3 tomes.

Publié chez Milan, mai 2016 - Traduit par Marie Cambolieu (Half Lost)

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