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Chez Clarabel

20 juin 2016

L'Accro du Shopping a une sœur, de Sophie Kinsella

Petit bond dans le temps avec cet épisode qui nous ramène dix ans en arrière ! ^-^

L’accro du shopping a une soeur

Sitôt son mariage célébré, Becky s'est envolée pour une lune de miel romantique, à travers le monde. Dix mois plus tard, de passage au Sri Lanka, où elle se découvre une communion céleste avec son chakra, Becky ressent le blues du pays et obtient de son délicieux mari de rentrer avant l'heure. Lors de son escale à Milan, elle fait ainsi la rencontre d'un type très riche, désireux de travailler avec la société de Luke, qui soudoie la jeune épousée en lui obtenant le sac à main de ses rêves. C'est LE petit orteil glissé dans l'engrenage infernal...

Ses déboires avec ses achats compulsifs ne sont plus que de lointains souvenirs ? Que nenni. Au fil de ses voyages, Becky n'a jamais loupé une bonne occasion de faire flamber sa carte bancaire, en envoyant fissa ses achats à Londres. Dès son retour, le convoi des transporteurs ne manquera pas donner le tournis... mais quelle bidonnade ! Car Becky, aussi futile soit-elle, est une héroïne impayable. Sans annoncer à ses proches son arrivée anticipée, elle débarque aussitôt chez les uns et les autres, imaginant des retrouvailles festives, avant de tomber des nues. Ses parents sont distants, vraisemblablement préoccupées, son amie Suze est débordée par ses jeunes enfants et vampirisée par une nouvelle connaissance, la très distinguée Lulu. Le petit univers de Becky s'effondre, la déprime se rapproche à grands galops. Comble du comble, elle se découvre une sœur, débarquée de nulle part, avec laquelle elle rêve déjà d'une osmose parfaite, sauf que Jessica est très, très différente de Becky, pour ne pas dire aux antipodes de celle-ci. Leur rencontre au sommet vaut pourtant son pesant d'or. Le vrai choc des cultures. Et là, sincèrement, on s'attache à Becky, pourtant légère et superficielle, mais profondément humaine et généreuse, tandis que Jess se révèle froide et intransigeante. Il faudra compter sur une escapade en pleine campagne, avec une ascension vertigineuse sur des chemins escarpés, en sandalettes à paillettes (pourquoi pas ?) et une détermination farouche pour briser la glace entre ces deux-là. Quelle farce !

Ce quatrième tome est aussi jubilatoire que les autres livres de la série. Ceci dit, en tant que fan absolue des aventures de l'inénarrable Becky Bloomwood, mon avis manque totalement d'objectivité. ^-^ Cela n'en reste pas moins un épisode plein d'humour, de situations ubuesques et délirantes, avec une héroïne au charme ravageur, qui nous surprend continuellement et qui déploie aussi des ressources cachées et ingénieuses sur des sujets impensables (lancer un piquet de grève contre l'implantation d'un centre commercial... eh oui ! on croit rêver). Une lecture follement cocasse et enlevée. ♥☼

Traduit par Daphné Bernard (Shopaholic and Sister) pour les éditions Belfond, 2006

Repris chez Pocket, juin 2007 - Relooking des couvertures (2016) : Delphine Dupuy

 

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# Mois Anglais 2016 : Écrivain contemporain 

 

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18 juin 2016

Dear You, épisode 1 d'Emily Blaine

Dear_You_4

Audiolib offre le premier épisode de la saga Dear You d'Emily Blaine lu par Jessica Monceau !

Laissez-vous embarquer par les aventures sentimentales de Kat, concierge du célèbre palace Peninsula... A 25 ans, sa vie sentimentale se limite aux petites annonces du New Yorker. Mais un nouveau client arrive à l’hôtel Peninsula où elle travaille : secret et charismatique, pourquoi semble-t-il s’intéresser à elle ?

Les aventures de Kat se déclinent par épisode tous les mercredis jusqu'au 27 juillet. 

Clarabel, recommanderiez-vous le titre Dear you : Épisode 1 à un ami ? 

C'est encore tôt pour recommander ce titre ! Il s'agit d'une courte introduction, qui ne dure que 1 h 38. C'est peu, mais suffisant pour planter le décor et les personnages.

Kathleen est une héroïne lambda, célibataire, loin de sa famille, avec peu d'amis pour lui tenir compagnie, elle consacre tout son temps au boulot et file droit pour satisfaire la riche clientèle du palace où elle est employée. Andrew Blake, lui, veut imposer sa puissance et son assurance, mais honnêtement je l'ai trouvé un parfait cliché sur pattes, avec ses mystères et ses failles en devenir, donc peu convaincant.

L'histoire, pour l'instant, n'accroche pas non plus le lecteur à ses écouteurs. C'est très agréablement lu par Jessica Monceau, mais la ligne générale est assez classique. Il n'y aura pas de grande surprise à attendre dans l'histoire et son dénouement, je suppose. Aussi, je pousserai sans doute la curiosité pour lire la suite, selon mon planning et mes envies, mais rien n'est encore joué ! ^-^

Texte lu par Jessica Monceau (durée : 1h 38) pour Audiolib, juin 2016

>> disponible en téléchargement gratuit sur Audible

Dear you : Épisode 1 | Livre audio

17 juin 2016

Le Diable de la Tamise, d'Annelie Wendeberg

Le diable de la tamise

Au cours de l'été 1889, le Dr Anton Kronberg, bactériologiste de renom, est appelé pour confirmer les traces suspicieuses de choléra sur une victime retrouvée morte dans la Tamise. Sur place, il y fait la rencontre de l'excentrique Sherlock Holmes, personnage nerveux et insupportable, qui lui inspire aussitôt une aversion épidermique. Il faut dire que le détective a mis à jour le secret inavouable de Kronberg en une poignée de mains et un simple coup d'œil. Anton Kronger est en vérité une femme, Anna. D'origine allemande, où les études de médecine sont interdites aux femmes, puis exilée à Harvard, pour enfin exercer ses talents à Londres, Kronberg dupe son entourage depuis de longues années, mais au prix d'une incroyable mise en scène entourée de mille précautions. Elle a également choisi de vivre dans un quartier misérable, où elle s'y cache et mène son existence non-conformiste. Chaque nuit, elle tombe le masque et redevient Anna, infirmière à la coupe de cheveux peu conventionnelle, qui se faufile dans le dédale des rues puantes et crasseuses pour retrouver son amant, un crocheteur irlandais, et pour soigner les plus malchanceux. Son quotidien n'est pas sans risques, Anna en a conscience, malgré un moral d'acier et un tempérament de feu, elle redoute la découverte de sa vraie nature et de finir en prison. En attendant, notre affaire de macchabée va prendre un nouveau tournant pour remonter la piste d'un étrange réseau de trafics humains, sous couvert de servir les besoins de la science (un vaccin contre le tétanos), avec les dérives inhérentes aux ambitions dévorantes.

Difficile pour moi d'apprécier pleinement ce roman qui emprunte la figure de Sherlock Holmes mais en lui prêtant une posture effacée et pleine de retenue. Ce n'est pas le Sherlock que l'on sait ! Après, c'est un personnage secondaire, prêtant assistance au Dr Kronger, figure autrement plus complexe à cerner et à apprécier... Ces deux-là jouent un drôle de jeu entre attirance et répulsion, besoin de bousculer l'autre et prouver qui est le meilleur, un concours d'ego assez pesant au démarrage, car les deux parties se jaugent et font grincer des dents. Que d'arrogance !! Puis, ça se tasse car l'histoire finit par les convaincre que l'union fait la force, qu'une femme peut être dotée d'un cerveau aussi tonique que celui d'un homme, qu'il y aura toujours l'inégalable Irene Adler, et désormais Anna Kronberg, remarquable pour son habileté au déguisement et sa vivacité d'esprit ! Toutefois, la perspective d'un trouble amoureux a failli me perdre. Pensez donc... Un mythe se meurt ! “Ses lèvres avaient la douceur de la soie. Tout à coup, mon cœur si peu raisonnable quitta ma poitrine pour aller s'installer dans la sienne. Je me demandais s'il avait remarqué le poids supplémentaire.” C'est niais, non ? Huhuhu. Mis à part ces petits détails, le livre se lit vite et bien. L'intrigue criminelle n'est pas époustouflante, mais reproduit efficacement une ambiance, un contexte, des enjeux médicaux etc. Bon point pour le décor. Je ne suis pas convaincue par l'esquisse des personnages, mais je reste curieuse de la suite de leurs aventures, ce roman étant le premier d'une trilogie.

Traduit par Mélanie Blanc-Jouveaux, pour les éditions Presses de la Cité (The Devil's Grin) - mai 2016

 

#Mois Anglais 2016 : Sherlock Holmes

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16 juin 2016

Les Rêves dans la Maison de la Sorcière, de Mathieu Sapin & Patrick Pion, d'après Lovecraft

Les rêves dans la maison de la sorcière

Étudiant en mathématiques, Walter loue une chambre de bonne chargée d'une histoire bien noire, puisque, deux siècles plus tôt, la vieille sorcière Keziah Mason y avait vécu en semant l'effroi et le scandale. Loin de paniquer, le garçon est intrigué par cette légende. Il est, de plus, convaincu d'avoir développé une sensibilité quasi surnaturelle, comme de percevoir plus que nettement les cavalcades des rats qui envahissent le grenier de la maison, ou de ressentir l'influence malfaisante qui gravite autour de lui. Walter va d'abord mettre son agitation sur le compte de sa fatigue, de la surcharge de travail et de la pression à l'université. Puis il réalise que ses rêves eux-mêmes vont outrepasser les bornes de la raison. Comme si la sorcière cherchait à entrer en contact avec lui.

Adaptée d'une nouvelle de H-P Lovecraft, cette bande dessinée impose un univers remarquable d'angoisse et d'épouvante. On y découvre un personnage qui fait des rêves hallucinatoires, de plus en plus effrayants, voire déstabilisants pour sa santé mentale, et qui ne cessent de l'aspirer dans la fameuse quatrième dimension (également le sujet de ses recherches). Mathieu Sapin a puisé du texte original toute la sève de ce récit fantastique méconnu pour permettre à Patrick Pion d'en dessiner la folie douce et l'affolement du garçon prisonnier de ses lubies paranoïaques et obsessionnelles. La technique des pages en noir et blanc, glissées exprès pour illustrer les nuits cauchemardesques de Walter, vient justement trancher avec l'opacité de la BD aux teintes crépusculaires. On tremble tout du long, entre peur et perplexité face à la chute implacable du héros qui sombre dans un délire poignant. Mais on absorbe tout en tournant les pages avec fébrilité. La lecture procure quelques frissons, elle séduit aussi pour son sens de la poésie et surprend pour son goût du morbide. Amateurs d'étrange et de surnaturel, cette plongée sensationnelle mérite bien qu'on y perd ses repères à tenter de décrypter la symbolique des rêves et leur emprise sur nos vies, au risque d'atteindre le point de non-retour et de basculer dans le gouffre des enfers. Une lecture terrible et saisissante !! 

“Étaient-ce les rêves qui avaient engendré la fièvre ou bien la fièvre qui avait engendré les rêves...”

Rue de Sèvres, Juin 2016

16 juin 2016

Maudit manoir, Cocktail de saveurs, de Paul Martin & Manu Boisteau

Maudit Manoir

Drôle de quotidien au Maudit Manoir ! Entre les tâches ménagères, les factures à payer, le frigo à remplir, les expériences scientiques à conduire, nos monstres assaisonnent toutes les situations ordinaires à leur sauce (excessive et abominable).

C'est souvent beurk, proche de l'impensable, comme la visite médicale de Hans, qui se plaint d'un petit mal de dent, et qui va être décortiqué de fond en comble, tripes et boyaux à l'air... erk ! Notre ami n'aura plus que ses yeux pour pleurer.

Heureusement, le ton général est à l'humour. Dracunaze, Bernard le loup-garou, le professeur Von Skalpel, l'Horreur des marais, Céleste le fantôme et la baronne Béatrice se débattent pour résoudre leurs problèmes d'intendance et font souvent preuve d'une imagination débordante.

De l'art de faire place nette, de recycler les rats de laboratoire en terrine aux herbes, de tester l'instinct du ventre (avec pizza à l'appui), de trouver le voleur de porcelaines, de jouer au cerf-volant, de débusquer dans l'annuaire la formule qui transforme le plomb en or, de réparer la fuite du toit ou de déblayer la neige devant la porte... 

Les situations saugrenues s'enchaînent dans des séquences courtes, efficaces et irrésistibles. L'univers dépeint est bariolé, un peu criard, les créatures sont laides et vilaines. Une lecture simple, mais impayable. On se marre bien chez les monstres du manoir ! 

Casterman, juin 2016

 

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16 juin 2016

Black Sands unité 731, de Tiburce Oger & Mathieu Contis

Black Sands

Tiburce Oger se fait scénariste pour le dessinateur Mathieu Contis, au service d’un thriller glaçant, inspiré de faits réels de la Seconde Guerre mondiale.

Alors que la guerre fait rage entre le Japon et les USA, des marines débarquent sur une île paumée du Pacifique, avant de se faire massacrer par une entité inconnue. Peu de temps après, un torpiller américain sera également coulé par un sous-marin japonais, laissant une poignée de rescapés. Ces derniers vont échouer sur la même île, pour rapidement déchanter. C'est avec eux qu'on va alors pénétrer dans la touffeur de cette jungle mystérieuse et pleine de dangers... Attention les yeux ! Palpitant dans le rouge. Émotions fortes garanties.

Car sur cette île, des zombies surgissent de nulle part, des civils sont séquestrés et livrés à des expériences dans un centre de recherches tenu par la Tokeitaï, la gestapo  japonaise ! Au cœur de ce méli-mélo improbable, un homme - Joseph Grégovitkz - va s'acharner pour lutter contre le destin et dynamiter ce projet fou. 

L'univers très sombre et opaque de la BD accentue l'orientation énigmatique et un peu glauque de l'intrigue. Les couleurs crépusculaires aussi viennent plomber l'ambiance. On avance à l'aveuglette dans l'histoire et on sursaute à chaque coin de page. C'est terrifiant, bien rendu. Une lecture qui tient en haleine et qui interpelle par son aspect authentique des faits rapportés (puisque inspirés de la réalité). 

Rue de Sèvres / Mars 2016

15 juin 2016

Quand j'étais Jane Eyre, de Sheila Kohler

QUAND J’ÉTAIS JANE EYRE

Au chevet de son vieux père, qui se remet doucement d'une opération risquée des yeux, Charlotte trouve le temps long et sent son esprit divaguer vers des bouts d'idées qui amorcent le début d'un nouveau roman. En s'inspirant de son expérience, pauvrette et maigrichonne, et de son entourage, restreint et condamné aux psychoses innombrables, Charlotte élabore un roman ambitieux, promu à devenir un grand classique, mais il lui faudra encore patienter deux ans pour savourer pleinement le produit de son labeur. En attendant, on suit notre héroïne dans son existence terne et monotone, d'abord à Manchester, puis dans le petit presbytère de Haworth, où elle passe tout son temps à écrire avec ses sœurs, Emily et Anne, tandis que leur frère Branwell succombe à ses délires obsessionnels et son penchant pour l'alcool. Le quotidien chez les Brontë est terriblement austère, empesé par les échecs, les doutes, les refoulements. Sans doute cette accumulation de frustrations donna lieu à cette verve romanesque et flamboyante présente dans les livres des sœurs Brontë. Toujours est-il que Charlotte, Emily et Anne contenaient en elles une passion et une violence qui ne demandaient qu'à s'exprimer, d'où leur prose déchaînée dans leurs romans, et pourtant si longtemps incomprise aux yeux de leurs contemporains. Il n'y a qu'à relire Les Hauts de Hurlevent pour sentir cette sauvagerie et l'impudeur des sentiments, déchirés entre la haine et la vengeance, et saisir ce qui a offusqué les critiques et les lecteurs de l'époque. Ou plonger dans Jane Eyre pour y aspirer l'étroitesse d'un avenir sans horizon, l'angoisse de l'amour naissant et le désespoir d'une passion bafouée après la découverte de la tromperie. Ce court roman de Sheila Kohler retrace le portrait remarquable d'une famille composée de trois talentueuses jeunes femmes, condamnées à une existence sans éclat (filles de pasteur, vivant à la campagne, vouées au célibat), et qui vont se consacrer religieusement à l'écriture, avec la conscience aigüe de maintenir leurs projets dans le secret (d'où leurs pseudonymes, Currer, Ellis et Acton Bell, pour brouiller les pistes de leur sexe). Sheila Kohler a su s'imprégner de cette ambiance pour nous livrer un roman original et authentique, qui nous convie dans une ronde des souvenirs sincères et émouvants, où l'on prend conscience des ambitions et des espoirs déçus de ces jeunes femmes, de leur ténacité et de leur prodigiosité à avoir su sublimer le tragique de leurs vies en œuvres d'un romantisme fougueux. Un vrai coup de maître ! 

Traduit de l’anglais par Michèle Hechter pour Quai Voltaire / La Table Ronde (2012)

Repris chez 10/18 Littérature Étrangère, Août 2013

 

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#Mois Anglais 2016 : Victoriens anglais

 

14 juin 2016

Une braise sous la cendre, de Sabaa Tahir

Une braise sous la cendre

« Je vais te dire ce que je dis à chaque esclave qui arrive à Blackcliff : la Résistance a tenté de pénétrer dans l'école un nombre incalculable de fois. Si tu travailles pour elle, si tu contactes ses membres, et même si tu y songes, je le saurai et je t'écraserai. »

Autrefois l'Empire était partagé entre les Érudits, cultivés, gardiens du savoir, et les Martiaux, armée redoutable, brutale, dévouée à l'empereur. Mais les soldats ont pris le dessus, et désormais quiconque est surpris en train de lire ou d'écrire s'expose aux pires châtiments. Dans ce monde sans merci, Laia, une érudite de seize ans, devenue esclave par choix (pour sauver son frère), et Elias, un soldat d'élite, pressenti pour devenir empereur, vont croiser leur destin et écrire le début de cette saga flamboyante !

Ouhlala ! Avalanche d'émotions à prévoir. Cette lecture est palpitante, du début à la fin. D'ailleurs, l'immersion est immédiate : on plonge dans un univers sombre, effroyable et poignant. L'endoctrinement des plus jeunes, les tortures, les coups, l'absence de réaction... ce monde sans pitié s'étale sous nos yeux sans fard, sans filtre. C'est sidérant. L'introduction est longue exprès pour mieux imprégner le lecteur, cela laisse aussi à l'histoire du temps et de l'espace pour s'installer : personnages, créatures, enjeux. On prend note, on lit, on écoute et on patiente. C'est finement joué, le suspense est palpable et nous tient en haleine. On retrouve aussi des éléments issus des thèmes de la fantasy, mais aussi de la dystopie. Un savant mélange qui rend cette lecture alerte et entraînante. Personnellement j'ai beaucoup aimé. J'ai tout de suite accroché aux personnalités du trio vedette, tout en force, sensibilité, tendresse, courage et arrogance. Des liens déjà se nouent, des cœurs qui battent en rythme et des penchants probables mais incertains se dessinent... Triangle amoureux, certes. Mais triangle amoureux pertinent et bénéfique au pep's de l'intrigue. ^-^ On n'oublie pas les enjeux politiques, la toile de fond inéluctable et féroce, qui accentue l'orientation opaque et inquiétante de la série. C'est très, très bon. Énigmatique, sinistre, rigoureux, dramatique et impressionnant. Un début en fanfare ! Il me tarde de connaître la suite (prochainement disponible en novembre 2016) ! ☺

Traduit par Hélène Zylberait pour les éditions PKJ. (Pocket Jeunesse) - Octobre 2015

14 juin 2016

Ses griffes et ses crocs, de Mathieu Robin

Ses griffes et ses crocs

Invitée à passer leurs vacances dans un chalet perdu en pleine montagne, la famille Coogan débarque avec leurs amis pour un séjour de détente, vivement conseillé pour calmer les crises d'angoisse de leur fils Marcus.
Or, très vite, un climat hostile et électrique s'installe entre eux. Anika et son mari se déchirent pour des querelles stupides. Lia, l'aînée, en profite pour semer la zizanie. Adolescente instable, au caractère fort et boudeur, elle se comporte comme une effrontée.
Marcus, sous calmant, n'en reste pas moins fragile, prêt à exploser. Son premier réflexe avait été de demander à partir. Les lieux ne lui inspirent aucune confiance. Le cadre de la nature environnante le terrifie, sans expliquer pourquoi.
Habitués à ses troubles, ses parents ont balayé ses protestations, lui assurant que ces vacances leur seraient bénéfiques à tous !
Marcus va finalement oublier ses mauvais pressentiments et chercher du réconfort dans la lecture. Il trouve ainsi un ouvrage sur une légende indienne, mais se voit confisquer le livre sans explication.
Inutile d'alimenter sa psychose avec des contes populaires... 
Et puis un jour, ses parents et leurs amis partent en randonnée. Le temps passe... Le garçon va se faufiler dans leur chambre pour retrouver son bouquin. Le reste de l'histoire va alors basculer dans l'innommable.
Jusqu'à la fin, on ignore à quelle sauce l'histoire va nous manger. Entre thriller fantastique et récit initiatique, le roman nous malmène avec dextérité et jubile in petto. C'est super angoissant, bien écrit, planté dans des paysages fascinants, qui font voyager dans les grands espaces américains, en donnant l'illusion d'une échappée. Cela tient aussi toutes ses promesses pour nous tenir en haleine, pour donner du champ à toute interprétation et autres spéculations. On sait en préambule que la suite va être rude et implacable... Alors installez-vous et bonne lecture ! 

Actes Sud Junior, Juin 2015

« Impossible de savoir combien de temps s'est écoulé. Dehors la lumière a changé. Le visage de Marcus est éclairé par un crépuscule rouge presque irréel. Un bruit sourd et massif se répète. Encore sous l'effet du médicament, Marcus émerge difficilement. Il a du mal à se redresser sur le lit. Il entend simplement ce lourd martèlement qui se rapproche, comme un bruit de pas, mais des pas de géant tant le sol tremble. Puis, plus rien, le silence. Marcus essaie de se lever pour aller à la fenêtre mais la tête lui tourne, il retombe sur le lit. Il appelle sa sœur, mais personne ne lui répond. Il crie à nouveau et tend l'oreille. La réponse qu'il reçoit n'est pas celle escomptée : un hurlement rauque, monstrueux, résonne dehors. La marche reprend, pesante, colossale, si proche que la vitre de la fenêtre vibre à chaque enjambée. Marcus, tétanisé, aperçoit par la fenêtre les cimes des arbres bouger à l'horizon, écartés comme de vulgaires buissons. Et si la légende disait vrai ? La Bête arrive droit sur lui ! »

 

14 juin 2016

Erik Vogler et les Crimes du Roi Blanc, de Beatriz Osés

Erik Vogler

Erik Vogler passe pour un adolescent excentrique et monomaniaque, avec ses petites lubies, ses manies, ses tics et ses tocs. Sa grand-mère Berta de Grasberg a beaucoup de mal à supporter ses bizarreries. Pourtant, c'est chez elle que le garçon devra passer ses vacances, au lieu d'un voyage à New York avec son père. Erik est très contrarié lorsqu'il arrive à la campagne et s'installe dans sa petite chambre poussiéreuse. Son séjour va être un calvaire. De plus, le garçon et la grand-mère ne cachent pas leurs sentiments réciproques à subir cette cohabitation sous la contrainte.

Le premier soir, par un nuit d'orage, Erik est surpris par une panne de courant au moment de prendre sa douche. Au même instant, il aperçoit un fantôme derrière la fenêtre et croit mourir de peur. Les jours suivants, d'autres indices lui font tourner la tête (une pièce d'un jeu d'échecs qui apparaît et disparaît, la sonate de Schubert qui s'enclenche sans raison, une page d'un poème de Goethe qu'il trouve dans ses affaires...). Inutile d'attendre de sa grand-mère un quelconque soutien. Au lieu de ça, Erik finit par comprendre qu'ON cherche à lui adresser un message et va s'intéresser aux récents faits divers. Chez lui, à Brême, une jeune fille de son âge, Sandra Nadel, a été retrouvée assassinée, mais son criminel court toujours. Erik va donc chercher à résoudre l'énigme.

Ce fantastique petit bouquin se lit d'une traite, tant il nous happe dans son histoire au suspense efficace. Les personnages aussi ne manquent pas de mordant et cassent la routine d'une osmose familiale idyllique. Erik Vogler est un garçon assez triste, solitaire, enfermé dans des mimétismes qui lui ôtent toute spontanéité, attaché à des petits gestes snobs (sa coiffure impeccable, ses chaussures de marque, sa tenue de rigueur, son eau plate à température ambiante qu'il commande tous les jours au café...). Sa grand-mère va vicieusement perturber ses habitudes, lui servir des soupes froides, des plats peu appétissants, lui présenter un voisin, Albert Zimmer, un prétentieux imbattable aux échecs.

C'est ainsi que ce trio improbable nous convie à suivre leurs aventures cocasses et palpitantes dans ce petit roman qui croque aussi bien leurs portraits avec humour sans alléger l'attente anxieuse et le climat angoissant de l'histoire. D'autres livres existent en version originale. Ce serait sympa de les voir traduits pour retrouver ce jeune héros hors du commun ! 

Traduit du castillan par Anaïs Goacolou (Erik Vogler y los crímenes del rey blanco) pour Hachette, mai 2016

 

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