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Chez Clarabel

8 mars 2011

Teaser Tuesday #10

TuesdayteaserUn pas trop à droite et c'était la chute. Oonaa le savait. Elle se retenait à l'appui de la fenêtre qu'elle venait d'enjamber. La corniche sur laquelle elle essayait d'avancer ne mesurait pas plus de six ou sept centimètres de large. A peine de quoi poser son pied. Douze mètres plus bas, c'était la cour et ses larges dalles de pierre grise. Et là, à cinquante centimètres devant elle, son Echarpe blanche ondulant doucement dans la brise du soir.
Aerkaos - Jean Michel Payet

Plus rien ne serait comme avant, Pandora en avait bien conscience. Elle était allongée sur son lit et savait que le léthium qui se diffusait dans ses veines commençait de faire effet : bientôt son corps et son esprit ne lui appartiendraient plus. Il lui fallait agir vite et avaler l'antidote avant d'être gagnée par le sommeil. Une nouvelle fois, elle eut une pensée reconnaissante pour la personne qui avait glissé "par hasard" un lot de capsules-réveil dans la poche de sa salopette. Elle lissa entre ses doigts le petit médaillon porte-bonheur qu'elle portait autour du cou : elle ne se rappelait pas s'en être séparée un seul jour depuis sa naissance. Et c'était tout ce qu'elle emporterait avec elle. Cet unique lien qui la reliait à ses parents et lui permettrait peut-être de les retrouver un jour.
Le cas Rubis C. - Gaël Bordet

Au commencement, nous étions neuf. Nous étions jeunes, lorsque nous sommes partis, presque trop jeunes pour avoir des souvenirs.
Presque.
On m'a raconté que la terre avait tremblé, que les cieux avaient retenti d'éclairs et d'explosions. Nous étions dans cette période de deux semaines durant laquelle les deux lunes sont visibles aux deux extrémités de l'horizon. C'était un temps de fête, et au début, on a pris ces explosions pour des feux d'artifice. Mais ce n'en était pas. Il faisait doux, et une brise légère remontait de l'eau. On me répète toujours le temps qu'il faisait : la douceur de l'air et la brise légère. Je n'ai jamais compris quelle importance ça pouvait avoir.
Numéro Quatre - Pittacus Lore

La nuit dernière, tout mon univers s'est écroulé. Je suis maintenant en fuite, talonnée par la peur.
On mène tranquillement sa vie, dans sa propre réalité, et, tout à coup, un évènement inattendu vient bouleverser à jamais cette harmonie. Cela vous est-il déjà arrivé ? On voit ou on entend quelque chose et, soudain, tout ce qu'on est, tout qu'on se trouve en train de faire, tout cela se brise en milliers d'éclats acérés, à l'image de ce qu'on vient de comprendre avec amertume.
C'est ce qui m'est arrivé la nuit dernière.
J'étais à Londres. Avec des amis, comme d'habitude. Nous étions de sortie, comme d'habitude.
Immortels - Cate Tiernan

Je savais que cette fête serait nulle. C'est presque toujours le cas. Pourtant, j'étais partagée entre la peur et l'excitation, j'avais l'impression d'avoir un petit oiseau au creux de l'estomac, qui battait des ailes et tentait de se nicher sous ma cage thoracique.
J'ai pris un bain, exfolié ma peau, rasé mes jambes, mis du lait hydratant, puis j'ai essayé de discipliner mes cheveux. Quelques jours auparavant, j'avais eu une expérience désastreuse avec une paire de ciseaux. D'abord, sur la boîte de teinture, il était écrit : "Nuit étoilée" : j'espérais qu'une fois l'opération terminée (après avoir taché de noir toutes nos serviettes de toilette), je ressemblerais à l'héroïne mystérieuse d'un film français, le genre de fille qui a plein d'amants et passe sa vie à débattre du sens de la vie dans les cafés. En réalité, j'avais l'air d'une sorcière gothique. Bref, j'ai fini par couper quinze centimètres de cheveux et je me suis retrouvée avec une coupe courte ébouriffée qui rappelait davantage Amélie Poulain qu'Emily Strange. Et encore, avec la bonne lumière.
Au coeur de ma nuit - Sarra Manning

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8 mars 2011

Le mort qui flotte entre deux eaux, c'est moi.

IMG_2963Quatrième et dernier tome de la série.
Que dire ? Je crois que je me suis lassée de cette série. Je la trouve classique et tristement banale. Un peu pimentée de suspense, avec un zest de crimes et une mêlée de psychopathes pour relever la sauce, la recette ne laissera pourtant pas un goût inoubliable.
Six mois ont passé depuis la disparition de Jacob. Lucy est totalement à l'ouest. Contre toute attente, elle a obtenu une bourse d'études pour une prestigieuse université. Elle comprendra pourquoi lorsque le recteur cherchera à la rencontrer et lui demander un service.
Lucy fait de nouveau des cauchemars, elle est convaincue qu'on cherche à lui expliquer que Jacob n'est pas mort. Il faut qu'elle vienne en aide à "une jeune fille mélancolique pour sauver le garçon", dixit la voix de ses rêves.
Ce que je vous raconte en quelques lignes s'étale en fait sur plusieurs chapitres, tout ça pour dire que le roman souffre de longueurs et de redondances. Le constat est là : quatre tomes plus tard, le schéma narratif ne varie pas. Le suspense ne suffit plus, puisqu'on sait à quoi s'en tenir. C'est dommage.
Je garderai donc le souvenir d'une série imprégnée d'influence cinématographique, mais dont le ton général est demeuré un peu trop plat. De plus, la bande de potes de Lucy m'a franchement manquée dans ce dernier tome, sans oublier Jacob. Côté positif, j'ai aimé toutes les références à la magie, sa diversité et l'interprétation qu'elle a su offrir au cours de l'histoire.

Rouge Souvenir - Laurie Faria Stolarz
Albin Michel, coll. Wiz (2010) - 325 pages - 13€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec

7 mars 2011

Treize ans aujourd'hui. Enfin ! C'est la fin de l'enfance.

IMG_2960Présenté comme étant le premier roman pour ados de Nancy Huston, ULTRAVIOLET est une fine galette de 80 pages, au contenu prenant et grisant, avec beaucoup de charme et une plume au style sûr et envoûtant.
Nous sommes dans l'Ouest canadien, poussiéreux et accablé par la canicule, en juillet 1936. Le pays connaît une grave crise économique, les paysans crèvent la faim et Lucy fête ses 13 ans. Elle reçoit un journal qui deviendra non seulement son confident mais avant tout le témoin de ce délicat passage qui existe entre l'enfance et l'adolescence.
La jeune fille est en effet curieuse, fonceuse mais timorée. Elle se pose mille questions qu'elle garde pour elle, elle se sent incomprise, remet en question la foi héritée par son éducation (son père est pasteur) et envisage l'avenir avec incertitude. Elle en a assez de vivre dans un trou perdu, aux ambitions étriquées, Lucy rêve d'un changement dans sa vie.
Il surviendra par la venue d'un jeune médecin, Bernard Beauchemin, dont le passé transpire l'odeur du scandale. Lucy est attirée, son corps aussi manifeste ses premiers émois, ce sont les premières palpitations et autres douleurs dans le bas-ventre, en somme la chenille est en train de quitter sa chrysalide.
Il règne une atmosphère lourde et électrique, où subsiste un semblant de torpeur, au centre de laquelle la jeune adolescente se trouve empruntée et plus trop à sa place. Sa confession se veut à la fois pudique et impertinente, drôle et spirituelle, parfois immature et capricieuse. C'est un vrai régal, hélas bien trop court !

Ultraviolet - Nancy Huston
Editions Thierry Magnier (2011) - 80 pages - 8€
illustration de couverture : Claude Cachin

6 mars 2011

C'est moi qui décide quand tout commence et quand tout s'arrête.

IMG_2931David, un passionné d'informatique, est convié à un entretien d'embauche au sein d'une prestigieuse firme de conception de jeux sur console. L'occasion est trop belle, le garçon est excité, il a devant lui du temps libre et en profite pour se reposer dans sa chambre d'hôtel. Lorsqu'il se réveille, il découvre avec panique qu'il a loupé l'heure de son rendez-vous. La stupeur le gagne encore, en réalisant qu'il se serait bel et bien présenté devant ses recruteurs et aurait décroché le poste.
Premières sueurs froides. Notre adolescent songe avec effroi à Richard, son ami de toujours. Il l'a croisé à l'aéroport, c'était la première fois depuis des années. Ils étaient inséparables durant l'enfance, puis David a pris ses distances. Un mot, aussi, leur colle à la peau : Avelion.
Je laisse volontairement planer le doute. Tant de mystère imprègne cette histoire. David, se confiant à son Journal, nous relate son ascencion au sein de son entreprise, non sans mal car un supérieur lui tanne le cuir. Miraculeusement, ce type disparaît de la circulation. Le garçon devient suspect aux yeux de son entourage, mais il se défend du mieux qu'il peut. Au fond de lui, il sait. Il croit. Richard n'est pas étranger à tout ça.
Ce dernier se dérobe, mais ne comptez pas sur lui pour partir vivre sa propre vie. Richard et David sont liés. Serait-ce son double ? son ami imaginaire ? Toutes les spéculations volent et on ne sait plus ce qu'il faut penser. Mais la machine est en route et on comprend que l'un et l'autre vont se livrer une guerre terrible si l'un ose ne plus dépendre de l'autre. L'atmosphère est lourde, la manipulation terrible et irrémédiable. Les derniers chapitres dressent un peu les cheveux sur la tête, tout s'emballe. C'est une course folle, plus besoin de chercher la vérité, nous sommes happés par cette quête et confondus par toutes les suggestions. L'histoire est angoissante, l'issue glaçante.

L'ami de toujours - Xavier Mauméjean
Flammarion (2011) - 278 pages - 10€

4 mars 2011

Pomelo d'amour ♥

Je suis capable d'entrer en mode hystérique dès qu'il est question d'un éléphanteau sous son pissenlit. Aussi, le p'tit dernier Pomelo mis en scène pour illustrer les contraires ne peut que m'enchanter ! Je vous arrête tout de suite, ce n'est pas banal comme album, pas du tout un recensement classique et vu et archi vu du pile ou face. Non, non, ici c'est beaucoup plus dingue, doux, fou, délirant. Inventif et farfelu. Du concentré de bonne humeur et de pêche et de sourire banane. Le mieux, c'est de le feuilleter. En silence.

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 ♥ Pomelo et les Contraires ♥ - Benjamin Chaud & Ramona Badescu
Albin Michel (2011) - 11,50€

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4 mars 2011

On peut voler sans être voleur, mentir sans être menteur, et finir chez les fous sans en être un.

IMG_2927Ce fut bien agréable de prendre des nouvelles de Malo, même si son existence a connu du changement et qu'elle n'est toujours pas de tout repos. Le voici désormais agent secret, chargé de missions gentilles mais qui commencent à l'ennuyer, jusqu'au jour où il va s'infiltrer chez un duc qui sera retrouvé pendu. Malo est aussitôt arrêté et jugé coupable du vol d'un diamant. Expédié au bagne, Malo nous fait vivre un plan incroyable même si - personnellement - j'ai trouvé le tout un peu long et lassant.
J'ai beaucoup aimé les nouveaux personnages de ce deuxième livre - Moïra de Feuillère, en tête. Et Nini Guibole, rien que pour le nom ! C'est un petit roman fort sympathique, truffé d'arguche encore une fois, on y prend goût ou on tique. J'étais partagée, je ne saurai l'expliquer (peut-être parce qu'il n'y avait plus l'effet de nouveauté). Par contre, les révélations finales ont su m'alpaguer, l'intrigue se solde avec habileté et beaucoup de tact. Je n'étais pas au bout de mes surprises et c'est sur cette impression avenante que j'ai fermé le livre.

Malo de Lange, fils de Personne - Marie Aude Murail
Neuf de l'Ecole des Loisirs (2011) - 250 pages - 10,00€
illustration de couverture : Yvan Pommaux

Découvrir :

 

3 mars 2011

C'EST UN LIVRE !

J'adore cet album !

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Le match opposant l'électronique au format papier est ouvert - mais les hostilités ne sont pas violentes. C'est gentil, ça taquine, ça pointe du doigt les excès, les tics, les modes. L'âne est un geek, le singe lui pardonne. Un livre, c'est un livre ! Ne transpire aucun désir de diabolisation, bien loin de là. Les réflexes de l'âne font sourire, et qui ne se retrouve pas ? Nous sommes des damnés de l'électronique, mais le format papier, palpable et indéfinissible pour le plaisir procuré, oui ça se passe de commentaire.

Le livre, vu comme un refuge. Comme un bonheur simple, à l'état pur. Une valeur sûre.
L'album de Lane Smith glisse un message discret, qui se veut drôle et percutant. Cela passe comme une lettre à la poste, c'était là son but. Point barre.

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C'est un livre ! - de Lane Smith
Gallimard jeunesse (2011) - 11,00€ 

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nouvelle saison du challenge de Sophie

3 mars 2011

Ciel voilé, brouillard. Faible visibilité.

Le_Caveau_deJe ne sais pas si vous connaissiez  Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazetti. C'est une histoire d'amour fou entre un agriculteur et une bibliothécaire. Tout les sépare, mais ils s'aiment et sont attirés l'un par l'autre, envers et contre tout. Ils vont rompre, se retrouver, impossible de s'oublier. Benny va vivre en couple avec une autre, Désirée veut un bébé. Et nous avons Le Caveau de famille ...

Ô ma douleur ! J'ai failli déprimer en lisant cette suite. Et pourtant, c'est facile de s'y retrouver, on parle de vie de couple, de vie de famille, de concessions et autres compromis qui vous flinguent, des envies et des manques, des frustrations qui s'accumulent et qui rendent le coeur lourd et amer... Mais qui a envie de lire ça ? Pas moi. 

240 pages qui me rappellent la vraie vie ou ce qu'on nous assomme dans les reportages tv - non merci ! Sans compter que je suis un peu contre les idées du roman... la vie de couple tue l'amour, la vie de famille l'enterre. Au secours ! Je ne sais pas vous dire à quel point ce bouquin m'a dérangée. J'en avais de plus en plus marre et j'étais pressée d'en finir.

Il faut dire aussi que j'avais totalement craqué pour Benny et Désirée, il y a cinq ans. J'avais espéré pour eux des lendemains meilleurs et des rêves impossibles à réaliser. Bref, je les voulais heureux. Je pensais qu'en bravant les barrières qui les enfermaient chacun de leur côté, ils seraient parvenus à être plus forts que tout. Il n'en est rien ! J'ai comme l'impression que ce roman, en plus du reste, veut me convaincre que les opposés s'attirent mais qu'ils ne peuvent pas être heureux. Hop, total échec.

Et puis ce n'est même pas drôle. C'était un point fort du précédent roman, mais là j'ai trouvé que c'était essentiellement acerbe et donc démoralisant. En somme, je suis déçue et très triste parce que c'est désormais l'image qu'il va me rester du couple de Benny et Désirée. Vision d'un couple qui partage le même toit, alors qu'ils sont devenus des étrangers l'un pour l'autre - bleh.

Le Caveau de Famille - Katarina Mazetti
Gaïa (2011) - 237 pages - 20€
traduit du suédois par Lena Grumbach

Voici des extraits :

Il y a la partie joyeuse et qui fait sourire ...

- Tu pourras faire ce que tu veux dans notre chambre, à part faire monter des messieurs ! ai-je dit.
J'avais encore à l'esprit le malaise qui s'était installé la dernière fois que je m'étais mis en tête d'égayer un peu la pièce.
- Si tu la veux entièrement blanche et sans rideaux avec un lit d'hôpital en tube d'acier pour toi, n'hésite pas ! Et une lampe de chevet, bien sûr, mais l'extinction des feux est à dix heures ! Tout ce que je demande, c'est de garder mes bonnes vieilles couvertures de cheval et mes oreillers crottés, et un petit tabouret dans un coin pour poser mes vêtements.
- Dix heures ? a-t-elle dit d'une voix assez pointue.
- Après tu liras avec une lampe de poche sous la couverture. Je me lève à cinq heures et demie, moi.
Elle pouffa.
- Tu sais, c'est comme ça que les livres sont les meilleurs !
Voyez, un petit nuage de perturbation qu'on a réussi à dissiper en bonne intelligence. C'était prometteur pour l'avenir. Ce qu'on est obligé de supporter, on peut tout aussi bien apprendre à l'aimer.

Et puis le reste...

(...) je n'aurais pas échangé la Crevette même contre Julia Roberts. Elle est toujours mon amour impossible, ma Crevette désespérante dans ses savates qui font cloc cloc, du vomi de bébé sur l'épaule et des cheveux tellement emmêlés qu'on dirait qu'elle s'est coiffée avec un pétard... Elle ne s'est jamais mise en quatre pour son apparence avant, ce n'est pas avec notre mariage qu'elle a commencé, pourrait-on dire. L'autre jour quand elle s'est fâchée tout rouge seulement parce que je suis entré dans la cuisine chercher des tenailles, elle a même commencé à délirer sur de la thérapie familiale, alors je me suis dit que là, tu rêves ma petite Crevette, si je t'ai prise dans la barque, je te mènerai à bon port, même si je dois t'amarrer au banc de nage. Et d'ailleurs, comment tu trouverais le temps d'aller chez un thérapeute, toi qui te plains de ne même pas avoir le temps d'aller au cinéma ?
- Je me demande si tu m'as jamais aimée, a-t-elle reniflé quand je me suis permis quelques commentaires sur son planning ce jour-là. En tout cas, il est évident que tu ne m'aimes plus. Tu ne me vois que comme une stagiaire incapable qui serait en apprentissage chez toi.
Comment ça, "aimée", qu'est-ce qu'elle veut dire ? Les femmes parlent d'amour et se rappellent les anniversaires de mariage et la Saint-Valentin et elles se pendent à votre cou et demandent si vous les aimez. Bengt-Goran, lui, il a acheté de nouvelles jantes à Violette et moi, putain, j'ai quand même construit la véranda !
Je crois qu'il en va de l'amour des hommes comme de l'infarctus des femmes. Il n'est jamais détecté, parce qu'il a de tout autres symptômes ! 

2 mars 2011

Les yeux aux ciel

IMG_2623C'est l'histoire d'une famille qui se retrouve pour l'anniversaire du patriarche. Quelques jours dans la grande demeure près d'une plage bretonne. Un par un, les enfants, devenus à leur tour des parents, arrivent avec leurs valises trop lourdes. Des valises qu'ils videront au compte-goutte, mais pas pour plomber l'ambiance. C'est incroyable ce que quelques jours passés ensemble vont finalement déclencher chez les uns et les autres.
Achille, l'aîné issu d'un premier mariage, reproche à son père d'avoir été délaissé et confié à l'éducation rigide de sa mère. Il n'aurait pourtant suffi d'un seul geste pour qu'il plaque tout et se réfugie dans le cocon créé par Marianne, la nouvelle épouse de Noé.
Et pourtant, Marianne est une femme sèche et peu maternelle. Excentrique à ses heures. Elle a lancé de gros travaux pour restaurer la maison. Petit à petit, tous les souvenirs s'effacent. C'est un bien pour un mal, car trente ans plus tôt, un drame a eu lieu. Et cette absence pèse encore.
Merlin, l'éternel vagabond, en est encore fortement marqué. Il cherche continuellement à se racheter. Sa conduite passée lui vaut toujours la méfiance et les sarcasmes de ses proches. Il a par exemple confié sa fille, Scarlett, à ses parents. Aujourd'hui il aimerait la "reprendre", mais cette déchirure est mal vécue.
Lena, la soeur aînée, s'estime malheureuse et au bout du rouleau. Sa vie d'épouse et de mère ne l'enchante plus. Elle se sent éteinte. Stella, la cadette, est spectatrice de son vague à l'âme, mais n'ose pas l'aborder pour l'encourager à davantage de confidences. Elle-même n'est pas venue le coeur léger, elle aussi a peur de grandir et ne se retrouve plus dans sa relation actuelle.
Et ainsi, mis bout à bout, les histoires de cette famille nous touchent et nous prennent par la main. Il règne une belle et délicate ambiance, sous ce climat breton, ensoleillé et ronronnant. C'est doux, réconfortant. Un nid douillet, même si les fantômes font leur sieste. Il n'y a pas de portes qui claquent, pas de révélations qui font mal, pas de gifles qui sifflent dans l'air. C'est davantage dans l'introspection que les membres de cette famille vont se bousculer, et personnellement cela m'a vraiment plu.
J'ai beaucoup aimé cette ambiance que j'ai trouvée chaleureuse et tendre, même derrière le dépit et l'amertume. C'est un roman sur les secrets de famille qui ne revendique aucune prétention, et je l'aime pour ça.

Les yeux au ciel - Karine Reysset
Editions de l'Olivier (2011) - 190 pages - 17€
EN LIBRAIRIE LE 3 MARS.

2 mars 2011

Birth Marked : Rebelle

RAPPEL : la sortie en VF du roman de Caragh M. O'Brien, parce qu'il est bon et fort, parce que je l'aime et parce que j'y pense encore, parce qu'il ne fait pas beaucoup de bruit, parce qu'il mériterait de s'imposer.

Traduit de l'anglais (USA) par Hélène Bury

IMG_2615Birth Marked nous plonge dans une ambiance sombre, poussiéreuse, amère et inquiétante. C'est l'histoire de Gaia Stone, seize ans. Elle a suivi l'exemple de sa mère en devenant sage-femme. A son tour, elle aide les femmes à accoucher et prend leurs bébés pour les confier à l'Enclave. C'est son devoir. Elle est jeune et déjà mature pour son âge, pourtant elle ne remet pas en question le principe du bien et du mal. Elle a deux frères aînés qui vivent derrière les murs, au coeur de la cité plus riche et prospère, loin de Wharfton où vit la population plus modeste. Sa mère lui a appris à tatouer chaque bébé en leur mémoire, tout en offrant une tasse de thé aux parturientes. Et ainsi va la vie.

Puis, un soir, en rentrant chez elle, Gaia découvre le Sergent Grey venu lui annoncer l'arrestation de ses parents. Ils seraient suspectés de trahison, la jeune fille tente de défendre leur honneur et refuse de se plier à l'interrogatoire. Ses soucis ne font que commencer, mais qu'importe, il est temps d'agir et Gaia décide de franchir clandestinement le Mur.

La suite de l'histoire ne cesse de surprendre, de secouer, de terrifier et d'abasourdir. C'est lourd, c'est fort mais c'est bon. Il y a à la fois un calme apparent et un suspense tendu au cordeau, l'action ne manque pas, de plus il n'est pas rare de tomber sur des rebondissements au détour d'une page. L'auteur a su cultiver une tension permanente, c'est captivant.

Gaia elle-même est une héroïne attachante, qui manque totalement de confiance en elle. Une cicatrice mange une partie de son visage, depuis toujours elle a enduré les réflexions, les regards et les moqueries. Elle se sent monstrueuse, aussi elle s'est réfugiée dans son travail, solitaire et malheureuse, pour ne plus y penser. Espoir vain. En débarquant au coeur de l'Enclave, elle attire aussitôt l'attention. Son physique, d'abord. Et aussi ses choix de vie et de survie. Gaia Stone devient une héroïne, à l'image d'une Katniss Everdeen, car sans le savoir, sans le vouloir, elle va représenter l'espoir et devenir un symbole d'insoumission.

J'ai aimé aussi la romance, pudique et balbutiante, qui naît au fil des chapitres. Pour une fois, le coup de foudre ne s'impose pas. Les deux personnages sont face à face, ils ne se comprennent pas et parfois se déçoivent, toutefois le lien existe, se tisse doucement mais sûrement. D'ailleurs, les dernières pages nous renvoient cruellement à nos foyers, en nous plombant le coeur. Quelle déchirure. La suite - en VO - est annoncée pour NOVEMBRE 2011. Il semblerait que l'édition française suivra de près, avec une probable parution du tome 2 cet automne, en plus du titre déjà  révélé (et c'est tout un programme) : Bannie !

A noter : l'édition française avec son ruban autour du roman - une très chouette idée !

Birth Marked : Rebelle - Caragh O'Brien
Mango (2011) - 397 pages - 18€
traduit de l'anglais (USA) par Hélène Bury

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