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Chez Clarabel

13 avril 2010

Souvent femme varie.

Livre relu en français (merci Anne !) et j'ai absolument adoré.

hush_hush

J'avais envie de redonner une chance à ce roman, parce que la couverture me fascinait et parce qu'il n'y avait pas de raison que je reste insensible au charme des anges et des déchus. J'ai toujours pensé qu'entre un livre et le lecteur, c'était une affaire de rencontre. Et quand ce n'est pas le bon moment, c'est fatal. En bien ou en mal. Puisque l'occasion m'a donc été donnée de le lire en français, j'ai dit banco et ... hmmm !!!!!!

Bon sang de bon sang. J'ai failli passer à côté d'un vrai phénomène. Sueur froide. Frissons sur tout le corps. Ohlala. Quelle buse, mais quelle buse ! J'ai relu ce livre en état de transe, mais complètement ! Je me maudissais d'avoir tilté avec un train de retard, même si j'ai de bonnes excuses. Le principal, maintenant, c'est d'être complètement accro et de reconnaître que ce roman est le champion des papillons dans le ventre. Yes.

Qu'est-ce que cela cache ? ... Patch. (Vapeurs)

- Grand, ténébreux et énervant.
Et désagréablement insondable. Les yeux de Patch étaient deux sphères opaques. Ils absorbaient tout, sans rien trahir. D'ailleurs, je ne voulais pas vraiment en savoir davantage sur son compte, ce que j'avais pu voir me suffisait largement.
Ou plutôt... si. A vrai dire, ce que j'avais vu me plaisait beaucoup. Ses bras sveltes, longs et musclés, les épaules larges, mais décontractées, et ce sourire... amusé et enjôleur. J'essayais sans succès de me convaincre, d'ignorer ce qui devenait peu à peu irrésistible.

Patch est un personnage irrésistible. Comme Nora, la lectrice succombera à son charme de bad boy peu fréquentable. Avec son aura ténébreuse, son mystère combiné à un vent de panique, ce garçon transpire l'interdit et le danger mais qu'est-ce qu'il est attirant !

Depuis un an, depuis l'annonce brutale de l'assassinat de son père, Nora est particulièrement vulnérable, méfiante et craintive avec tout ce qui sort du cadre ordinaire de son existence. En rencontrant Patch, son nouveau partenaire de bio, elle sent qu'elle doit rester sur ses gardes. Patch est arrogant, séducteur et dégage une part sombre qui fait peur. Et comme par un fait étrange, la vie de Nora est en train de basculer dans un précipice : elle se sent suivie, menacée, elle a des hallucinations, croise régulièrement un individu masqué.

Ce sont beaucoup de coincidences fâcheuses et Nora doute de plus en plus. Attirée par Patch, elle se sent aussi mal à l'aise en sa présence. Chercherait-il à la rendre folle pour mieux la perdre ? !

J'ai été littéralement transportée, j'ai adoré chaque passage où Nora et Patch sont ensemble, les échanges sont brillants, il y a de l'humour, beaucoup d'humour, et puis de la sensualité, c'est très TRES sexy, mais chaste. L'histoire n'est pas originale, par contre l'ambiance est sombre et angoissante, ce qui rend le récit captivant. Cette deuxième fois, j'ai été ensorcelée ! Tentez l'aventure.

Hush, Hush ~ Becca Fitzpatrick
Le Masque, coll. MsK (2010) - 350 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) par (l'excellente) Marie Cambolieu

J'avais été agacée par la multiplication des *grin* dans le texte original. C'est typique de Patch, ce garçon *grin* constamment. En français, la traductrice a heureusement cherché à varier ce mode d'expression, tout en restant fidèle au personnage. Bravo, et merci.

La suite !

Crescendo
Release Dates:  US - November 16,   UK - October 14

 

crescendo_becca_fitzpatrick

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12 avril 2010

Personne ne revient des Enfers.

Jack_Perdu_et_le_royaume_des_ombres_de_Katherine_MashNe serait-ce point une couverture illustrée par Benjamin Lacombe ? Si, si.
Est-ce sa faute si j'ai voulu découvrir ce roman ? Oui, un peu. Beaucoup.
Et j'aime quand le hasard se révèle si profitable car j'ai beaucoup apprécié Jack Perdu et le royaume des ombres.
C'est l'histoire d'un garçon de quatorze ans, Jack, qui vit avec son père à New Haven sur le site de l'université de Yale, où son père enseigne l'archéologie. Sa mère est décédée huit ans plus tôt, alors qu'elle était à New York et qu'un échafaudage s'est écroulé sur elle. Son absence pèse beaucoup à la maison, d'autant plus que c'est un sujet inabordable. Son père est trop triste d'y repenser et ne veut plus en entendre parler. Soit.
Un jour qu'il se promène le nez plongé dans Ovide, car Jack est un passionné de lettres classiques, il ne voit pas la voiture au moment de traverser et se fait renverser avec un beau vol plané. Le garçon s'en sort sans un bleu, mais son père préfère l'envoyer chez un médecin à New York pour plus de sécurité.
Le docteur Lyons le trouve en pleine forme, se contente de le prendre en photo avec un vieux Polaroid, merci, au revoir. Retour à la case Grand Central où son train l'attend. C'est alors que Jack fait la connaissance d'une écolière qui se prénomme Euri. Elle l'invite à le suivre, lui proposant de visiter les sous-sols de la gare. Jack accepte.

A ce stade, cinquante pages ont déjà été lues. C'est le feu vert pour aller encore plus loin, pour découvrir ce qui attend Jack au-delà du quai soixante et un. Le royaume des ombres, on s'en doute. Mais quel est-il ? J'ai envie de laisser le doute flotter. Envie de vous livrer à la totale inconnue - comme moi, au départ. Envie de vous inviter à prendre la corde et de suivre le chemin. N'ayez aucune crainte, la plongée sera sans douleur, juste excitante et pleine d'enchantement. Car au bout du tunnel, la découverte est riche, vraiment étonnante, avec ses théâtres, ses bars, ses bibliothèques et ses clubs des poètes disparus. Règne aussi un soupçon d'interdit et de menace - Cerbère, le chien à trois têtes, et son Gourdin de maître sont toujours dans les parages pour mettre la main sur les resquilleurs. Car, Jack a pénétré un monde censé être invisible aux yeux des mortels. Ce sont les Enfers de New-York. Pourquoi, comment. C'est énorme à expliquer. Une seule chose compte : Jack a enfreint les lois du royaume souterrain dans le seul but de retrouver sa mère, Anastasia.

C'est un roman vraiment passionnant, qui revisite l'histoire d'Orphée et Eurydice, en s'appuyant sur d'autres anecdotes issues de la mythologie grecque, en plus de quelques emprunts à la poésie (John Donne, Emily Dickinson, Dylan Thomas et même Tennessee Williams). Ce fut une plaisante et enthousiasmante découverte, qu'illustre à merveille la couverture de Benjamin Lacombe.

Une suite a été publiée en 2009 (sortie USA) : The Twilight Prisoner. Une traduction française est-elle envisagée ?

Jack Perdu et le royaume des ombres ~ Katherine Marsh
Albin Michel, coll. Wiz (2008) - 250 pages - 12€
traduit de l'anglais (USA) par Luc Rigoureau

A partir de 14-15 ans.

 

11 avril 2010

... try not to fall into the ocean or get run over or anything, all right ?

IMGP7362Pas franchement emballée par ce roman graphique, illustré par Young Kim, je ne m'épancherai pas sur les bons et mauvais aspects de cette lecture, pour ma part je n'ai pas été sensible aux illustrations, j'ai trouvé les décors bâclés et autres détails récurrents, comme la petite goutte de sueur sur Bella, absolument rédhibitoires. L'histoire est fidèle à l'oeuvre originale, nullement influencée par les films, les personnages, par exemple, ne ressemblent pas aux acteurs. Par contre, soit ils sont trop beaux ou ne collent pas avec le fruit de mon imagination (les Cullen sont loupés). Cela restera le sempiternel souci de chercher à mettre en image une histoire qui appartient au domaine du fantasme. Il y aura constamment des lecteurs sur le carreau. Donc, contentez-vous des romans.  (Et faites-vous votre propre film dans la tête.)

Sur cette brève note, il me faut dénoncer d'autres romans graphiques à paraître (une nouvelle mode ? ). Chat échaudé craint l'eau froide, paraît-il. Que nenni. Je sens en moi une forte poussée de fièvre curieuse, en dépit des risques encourus. C'est tout le drame de ma vie ! A surveiller, donc : The Mortal Instruments, la série de Cassandra Clare, CLIC  ou Blue is for nightmares de Laurie Faria Stolarz, CLAC .

Twilight: v. 1: The Graphic Novel - Young Kim (mars 2010)
Et pour ceux qui l'ignoraient, ce premier volume ne raconte qu'une partie du roman, soit jusqu'au chapitre de la clairière.

Quelques  clichés ...

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challenge Lire en VO - 15 LireEnVo

 

10 avril 2010

aRIAne l'aRAIgnée

IMGP7352Ariane l'araignée est triste, malheureuse et déboussolée. Témoin de l'assassinat sauvage de sa famille, elle a longtemps erré pour trouver des solutions à son problème : elle est laide, laide à faire peur, et ceci explique pourquoi on cherche à l'écrabouiller sans état d'âme. Ariane attend beaucoup du professeur Lucanus, l'éminent spécialiste de la métamorphose. Elle espère qu'il la réconcilie avec son image, qu'il la fasse se sentir mieux dans sa peau. Pour cela, elle opte pour une solution radicale : devenir une coccinelle (ravissante bestiole dorlottée par les enfants et qui, paraît-il, porte bonheur !). Mais est-ce si facile de changer d'apparence ? Peut-on tout effacer et prétendre à une vie meilleure, simplement parce qu'on gomme les imperfections extérieures, ou disons celles qui nous empoisonnent l'existence ? ...

Le dicton du roman : Accepte-toi d'abord tel que tu es ! C'est vrai qu'en envisageant pour héroïne de l'histoire une araignée, l'auteur ne faisait pas dans la dentelle ! Comment s'attacher la sympathie des lecteurs avec cette abominable petite chose ? C'était fortiche de sa part d'oser et d'aller à rebrousse-poil des idées reçues ! Aussi, Ariane n'est finalement pas vilaine, elle est touchante et attachante, injustement jugée sur son apparence, alors que souvent les humains oublient l'importante mission qu'accomplissent les araignées dans les maisons ! (Ahem) Dépassant ma peur farouche des arachnides, j'ai donc picoré cette histoire avant de m'y perdre complètement. C'est de plus joliment illustré par Delphine Bournay et cela vous introduit en douceur et avec intelligence dans le petit monde des insectes. Vraiment très TRES joli !

Ariane l'araignée ~ Pascale Chadenat
illustrations de Delphine Bournay
Mouche de l'école des loisirs (2009) - 86 pages / 8,00€

10 avril 2010

Knock ! knock ! knock ! Who's there ?

IMGP7343L'inspecteur Lapou est de retour ! Sourire banane sur le visage.

Dans le potager, ça sent pourtant le grabuge depuis l'arrivée du melon. Il est snob, se croit le plus beau, le plus fort. Les légumes sont agacés et se plaignent auprès de Lapou. Or, la situation dégénère et notre inspecteur se voit contester son rôle. Accusé d'être couard et menteur, il est dénigré par ses compères qui lui tournent le dos et élisent le melon nouveau chef du potager. Quel retournement de situation ! Mais n'est-il pas dit : aux grand maux, les grands remèdes ? A la fin, Lapou ne met pas de gants pour remettre de l'ordre dans le potager. Nom d'un petit melon ! Ce n'est pas une cucurbitacée qui mènera la danse.

Un ton décalé et plein d'humour, des illustrations naïves et colorées, un inspecteur qui ne perd jamais son flegme, ou si peu, des légumes à l'honneur et une bonne petite recette qui boucle la lecture ... Les enquêtes du potager sont une collection imparable de Bénédicte Guettier. (Oui, je suis amoureuse de l'inspecteur Lapou. Ma fille me charrie, la vilaine.)

Le melon prétentieux ~ Bénédicte Guettier
Gallimard jeunesse, coll. giboulées, 2010 - 7,00€

*****

Les_fabuleuses_pochesAutre instant de bonne humeur à partager, grâce à Quentin Blake. Les fabuleuses poches d'Angélique Brioche est un album de couleurs, de facétie, d'inventivité, de chaleur, de poésie et d'imagination. Angélique Brioche est un personnage étonnant grâce au manteau qu'elle porte. Ce n'est pas un manteau ordinaire, il est cousu de poches, des dizaines, des centaines de poches, lesquelles contiennent des chapeaux pour les chèvres, des mouchoirs assortis, des parapluies, des maillots de bain, des canards, des bateaux, des glaces, de la menthe à l'eau, des passoires, des râpes à fromage... bref les poches d'Angélique Brioche sont fabuleuses. Chaque page nous réserve son lot de surprises ! Et les illustrations de Quentin Blake, pour couronner le tout... Soupirs.

Les fabuleuses poches d'Angélique Brioche de Quentin Blake
Gallimard jeunesse, coll. giboulées, 2010 - 12€

 

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10 avril 2010

Mon immeuble avait toujours été très calme.

IMGP7346Un immeuble trop calme voit arriver un énorme camion de déménagement avec son lot de petits, gros et grands cartons. Puis le nouveau voisin fait son entrée : c'est un chien ! Très vite, les parents de la narratrice font la fine bouche. Ils n'apprécient pas cet intrus et lui trouvent tous les défauts de la terre. Heureusement, la petite fille le trouve charmant. Les jours passent et ne cessent d'accueillir des nouveaux arrivants dans cet immeuble qui se repeuple d'étonnantes personnalités. Mais les parents font toujours la grimace. Les éléphants sont trop bizarres, le crocodile trop mielleux et souriant ... cela cache forcément quelque chose. Aussi suspicieux se montrent ses parents, aussi compatissante se révèle la fillette. Un jour, prenant conscience du comportement de sa famille, elle n'hésite pas à poser la question à ses voisins.

" Vous ne trouvez pas ça bizarre que mes parents vous trouvent bizarres ? "

"C'est tes parents qui sont bizarres !"

" Ils nous regardent de haut en bas ", s'est plaint le chien.

" Toujours avec un air supérieur ", ont dit les éléphants.

" Et ils n'ont même pas dit merci pour les cadeaux ", a ajouté le crocodile blessé.

N'est finalement pas meilleur voisinage celui qu'on pensait !

L'album traite de la tolérance avec un ton joyeux et plein d'humour, soutenu par des illustrations aux teintes colorées de rouge, de rose et de bleu. Très joli ! C'est vrai, je m'attendais à autre chose, au vu du titre et de la couverture, mais je n'ai pas été mécontente de la surprise non plus.

Mon voisin est un chien ~ Isabelle Minhos, Madalena Matoso
éditions thierry magnier, 2010 - 13€

9 avril 2010

Banal certes, mais il vient de Chine, et un timbre chinois a une valeur négociable dans une cour de récréation.

Chaque quinzaine, Fengfeng lui envoie tous les petits mots qu'il lui a écrits. Ce sont des miettes de sa vie qui, mises bout à bout, font une lettre. Ce soir, il la termine :

Grand-mère, aujourd'hui, on  a souhaité l'anniversaire de maman avec un énorme gâteau à la crème, et avant, on avait dîné au restaurant de papa. Et aussi, maman est allée se faire friser les cheveux, et ça lui va très bien. Tu vois qu'on s'amuse tous les trois ! Fais bien attention à ta santé ! Fengfeng

Et plus tard, dans le carnet jaune, il note, en tout petit :

Maman s'est fait faire des boucles si raides que je trouve ça affreux, et toi, grand-mère, tu détesterais aussi, j'en suis sûr ! Papa avait imaginé lui offrir une machine à faire des nouilles ! Il est pas fichu de lui faire plaisir ! Tout ça me rend triste.

Miettes_de_lettres_de_Anne_ThiollierArrivé depuis trois ans en France avec ses parents, Fengfeng a le mal du pays en pensant à sa grand-mère. Il lui écrit des lettres où il édulcore son quotidien, faisant passer sa nouvelle vie merveilleuse et idyllique, mais en cachette, il tient un carnet secret où il raconte la réalité : solitude, dépaysement, incompréhension, clivage culturel et générationnel. Fengfeng est un garçon obéissant, un très bon élève qui a su rattraper son niveau et égaler les meilleurs, c'est un exemple et pourtant il se sent mal dans sa peau. A l'école, il n'a pas d'amis. Il reçoit même des menaces et des insultes le traitant de chinetoque. Il n'en parle pas à ses parents, lesquels ont aussi leurs propres secrets. Sa mère travaille comme une malade sur sa machine à coudre et son père rentre tard du restaurant où il est employé et passe ses soirées à l'extérieur sans plus d'explications. La vie à Paris n'est vraiment pas rose ! Fengfeng ne veut pas faire de peine à sa grand-mère, la faisant mijoter dans sa douce illusion d'une vie en carton pâte. En vrai, Fengfeng n'a jamais quitté son quartier du XIII°, il ne connaît pas la Tour Eiffel, son quotidien est toujours englué dans un sectarisme figé et rien, absolument rien, ne laisse présager d'un lendemain meilleur.

Anne Thiollier a écrit un roman qui raconte comment on se sent dans la peau d'un jeune immigré, totalement déphasé par le choc culturel. La personnalité de Fengfeng est très attachante. Au départ, le garçon est calme, obéissant, il pose des questions mais il n'ose pas encore contester l'autorité parentale. Un peu grâce à ses rencontres, et à son amitié avec un camarade de classe, Fengfeng va comprendre le monde qui l'entoure, comprendre qu'il peut s'affirmer et faire face à la réalité sans voir son univers s'effronder, c'est un garçon intelligent et jalousé car il réussit là où d'autres échouent. Il comprendra aussi que certains connaissent un sort affligeant à cause de l'esclavagisme ou de la clandestinité, et que sa propre culture chinoise peut également briser certaines familles (pour des histoires de clans ou de mariage). Le roman se termine sur une note d'espérance et de foi en la vie qui fait plaisir à lire.

La dernière phrase : Et le bouillon pour les pâtes commence à embaumer la pièce.

Miettes de lettres ~ Anne Thiollier
Seuil jeunesse, coll. chapitre (2010) - 172 pages - 8,50€
illustration : Barroux

A partir de 11 ans.

 

9 avril 2010

Les bonnes maisons sont celles qui absorbent les joies, les peines, les disputes, les réconciliations, les souvenirs ...

si_on_rentraitLa maison, lieu de rêverie, de fantasme, de jalousie, refuge, port ou tempête, la maison parle de ses habitants, ce qu'ils sont ou qu'ils aimeraient être. Objet de convoitises, il s'y tisse bien des amours et bien des haines.
Un Noël particulier, une invitée encombrante, un voisin impossible, des héritiers cupides, des propriétaires branchés déco, voici une série de nouvelles nostalgique, féroce, drôle, dont le point commun est d'avoir pour pivot une maison.
Si on rentrait... à la maison, ce recueil évoque, avec humour, des situations bien connues de chacun d'entre nous : héritage, partage, souvenirs d'enfance, secret de famille... (quatrième de couverture)

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de nouvelles et cela me fait toujours plaisir de *tomber* sur un recueil dont la qualité m'enchante du début à la fin.  Ici, place à des histoires courtes, saissantes, drôles ou dramatiques. Place à des histoires où la maison occupe une place importante - une maison familiale, remplie de souvenirs, une maison anonyme ou un gîte de bienvenue. Autour, s'orchestrent des vies avec des personnages qui nous sont proches, qui nous ressemblent. Souvent j'ai été surprise, j'ai éclaté de rire ou j'ai eu la petite boule au ventre (très peu, j'avoue). Le propre de ce recueil est plus de nous séduire, de nous toucher. L'une des plus belles histoires s'intitule Maison de famille. Elle raconte le poids des secrets et du passé, la sensation d'étouffement d'une femme, une allemande mariée à un français. Longtemps elle a fait peu de cas de ses origines, mais un Noël en famille a tout bouleversé, a renvoyé les uns et les autres vers le miroir de la vérité - bonne ou pas bonne à dire. Comment confronter les idées de certains avec la réalité des autres, comment assumer des héritages qui pèsent trois fois le poids d'un homme ? ... De belles idées sont donc suggérées, un beau portrait de femme aussi est mis à jour. Cette nouvelle termine le recueil et c'est un bonheur de tourner la dernière page sur ce sentiment de félicité.

Ceci ne doit pas vous enfermer dans l'illusion que la gravité règne en force dans ces histoires, bien au contraire. On trouve aussi de la légèreté, de l'humour et de la cocasserie. De l'exagération aussi. Toutes les nouvelles ne sont pas égales, j'ai été plus sensible à certaines qu'à d'autres. Mais je garde un beau souvenir de bien-être et de qualité de ce recueil. Un instant partagé avec pudeur et douceur. Pas facile à partager, je le conçois, et j'ai fait du mieux que je pouvais... Ma lecture a été une affaire d'émotions intimes, c'est tellement bon quand ça vous arrive. Cela ne se raconte pas.

Si on rentrait ~ Véronique M. Le Normand
éditions thierry magnier, 2010 - 107 pages - 16€

 

8 avril 2010

Je me présente : Big Foot, seulement depuis trois jours, parce que jusque-là je m'appelais Odette !

ODETTE_OU_LES_TRIBULATIONS_D_UNE_PIGEONNEOdette ou les tribulations d'une pigeonne est un roman absolument irrésistible !
Lu d'une traite, témoin de grands éclats de rire et de sourires attendris, ce livre se veut frais, drôle, attachant, sérieux et généreux. C'est beaucoup et pas du tout prétentieux, car la barre est tenue haute, la dragée aussi. Je ne vous raconte pas les nombreux passages qui m'ont donné du baume au coeur, j'étais souvent poilée de suivre les élucubrations de cette pigeonne rebaptisée Big Foot par une fillette qui vient de lui sauver la vie et qui s'imagine qu'elle est de sexe masculin, avant de rectifier et de songer qu'elle est en fait un pigeon homosexuel...
Bref Odette est une pigeonne au rythme de vie plutôt pépère, mais sa rencontre avec Clara va la catapulter vers une brillante carrière de pigeon-voyageur. Sa mission : retrouver la grand-mère de l'enfant. Mamie Pomme séjourne en effet dans un établissement où Clara n'a pas le droit de se rendre. Et pour cause : sa mamie souffre de la maladie de la petite bulle qui, en atteignant son cerveau, lui fait carrément perdre la tête. Clara ne le sait pas encore, Odette le découvre avec des yeux ahuris, notre pigeonne s'est engagée dans une galère, pense-t-elle, mais c'est plus fort qu'elle et elle va s'investir auprès de la grand-mère et de la petite-fille en les aidant à être le trait d'union d'une relation très forte.
Comment trouver les mots qui expliquent sans faire peur ?
Sans le savoir, ce roman a fait tilt. Il répond aussi à une autre question abordée dans le roman d'Agnès de Lestrade, Mon coeur n'oublie jamais. Donc, oui on peut parler de la vérité, de toute la vérité, avec les plus jeunes, aborder les sujets qui fâchent, dire les choses sans peur et sans maladresse car les enfants ne sont pas des demeurés non plus !
Grâce à Odette la pigeonne, qui est la narratrice de l'histoire, tout nous apparaît plus simple, plus vrai, plus poétique et plus drôle, sans dénaturer l'importance de la maladie.

Alzheimer. On dirait le nom d'un général des armées ou un gros mot dans une langue étrangère mais en fait c'est comme un ver dans une pomme, qui grignote tout sur son passage, jusqu'au trognon !
Dans le cas de Mamie Pomme, le ver mange sa mémoire petit à petit et il n'y a rien qui puisse l'arrêter. A en croire papa, un jour elle ne se souviendra de rien, ni de lui, ni de moi... et un jour encore plus loin, elle oubliera même de respirer !
Il dit que c'est très triste de la voir quand elle a des crises d'oubli et que c'est pour cette raison qu'il n'a rien voulu me dire... pour m'éviter d'avoir de la peine.

(...) Je trouve ça plus que nul, parce que Mamie Pomme et moi, on s'aime tellement fort, que rien que de se voir, on a tous les souvenirs qui nous reviennent en tête ! Mais papa dit que c'est plus compliqué que cela. C'est marrant quand les adultes restent sur leurs positions, ils les légitiment toujours par : "c'est plus compliqué que ça !" comme si j'étais trop débile pour comprendre ! Moi ce que j'en dis, c'est qu'il se trompe et que Mamie Pomme aussi se trompe et que si papa ne veut pas m'emmener la voir, je continuerai à lui écrire parce que mes lettres l'obligent à se souvenir et que ça rend plus difficile le chemin de cette saleté de bestiole qui lui mâchouille le cerveau et que personne, pas même les médecins, ne peut se rendre compte de tout l'amour qu'il y a entre elle et moi ... Et qu'elle m'a toujours dit que c'était une force et qu'avec ce cadeau-là, on pouvait tout affronter...

Cet extrait n'est qu'un petit aperçu, assez vague, il ne rend même pas compte de l'humour qui est très présent dans le récit. Car Odette est une pigeonne qui vous réconcilie avec l'espèce volatile, vous ne regarderez plus les pigeons du même oeil, croyez-moi ... Et les lois de la physique vous apparaîtront également d'une autre extrême nécessité (dans un sens).

Le roman se conclut sur le manifeste des personnages imaginaires - une dernière petite lubie d'Odette qui règle ses comptes avec Mamz'elle Je-sais-tout (l'auteur).

Odette ou les tribulations d'une pigeonne ~ Lili Pissenlit
illustré par Marie-Claire Roux
éditions MiC_MaC (2009) - 138 pages -  7,50€

avait été conseillé par Gawou (merci !)

 

8 avril 2010

Tall Jack, emmène-moi.

IMGP7348A lire comme ça, l'incantation semble sortir d'un film d'horreur ! Et c'est presque cela.
Tall Jack, emmène-moi. Ou Malice, la bd maudite. Ce sont des mythes, passés sous le manteau, qui évoquent un univers proche de la légende urbaine. Malice n'existerait que dans les rêves les plus fous, et Tall Jack ne serait qu'une farce pondue un matin par un petit plaisantin.
Oui, d'accord. Mais tout ceci excite l'imagination et fait naître une véritable légende.
Aussi, lorsque Luke met la main sur LA bd interdite - Malice - son sang ne fait qu'un tour. Il continue d'enfreindre les règles en la lisant - des planches où règne une atmosphère étrange et horrible - et il met en scène le rituel pour appeler Tall Jack. Ce soir-là, dans sa maison plongée dans l'obscurité, rien ne se passe. Néanmoins, Luke est rongé par la peur et les doutes. Ses amis, Seth et Kady, se font du souci et apprennent très vite pourquoi. Mais trop tard, car Luke disparaît sans laisser de traces.
L'enquête commence - Seth va retrouver la librairie où son ami Luke a plongé en enfer, puis va accomplir le cérémonial maudit tandis que Kady servira d'agent sur le terrain.

Tout paraît très confus à expliquer, mais l'univers de Malice est proprement sombre, mystérieux et envoûtant. Je comprends la fascination qu'elle exerce sur les adolescents, alors qu'elle est à double tranchant. Malice est un monde parallèle d'où on ne revient jamais complètement indemne. Si seulement on en revient... Car il faut survivre contre les abominations lancées par Tall Jack. Le pire, on le découvre grâce à un procédé ingénieux, c'est de lire en direct sur les planches de bande dessinée le funeste destin que vivent ceux qui ont franchi la limite. De découvrir donc ce qui est arrivé à Luke et ce que va connaître Seth à son tour.

Palpitations assurées !

Quand j'évoque un procédé ingénieux, c'est en rapport avec l'esthétisme de l'ouvrage. Un petit prodige à lui tout seul ! La couverture, d'un beau rouge sanglant, montre en relief le redoutable personnage de Tall Jack. A l'intérieur, le roman flirte avec des pages de bande dessinée. Au sens le plus strict, le lecteur est donc véritablement plongé dans l'histoire. Cette mise en scène participe activement à capturer l'intérêt et à nous condamner à lire jusqu'au bout cette histoire de fantasy sombre et terrifiante. A conseiller aux jeunes amateurs d'histoires à sensations.

le site : http://www.malice-lelivre.com/

Malice ~ Chris Wooding
illustration de Dan Chernett
traduit de l'anglais par Faustina Fiore
Casterman, 2009 - 410 pages - 14,95€

La suite RAVAGE devrait paraître au printemps 2010. La série est en deux tomes.

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