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Chez Clarabel

25 janvier 2010

Le temps de la vengeance - R.N. Morris

10/18 Grands Détectives, 2010 - 440 pages - 8,90€
traduit de l'anglais par Bernard Cucchi

temps_de_la_vengeanceCe deuxième titre de la série des Mystères de Saint-Pétersbourg confirme tout le bien que j'avais pensé du premier, L'âme détournée. Nous retrouvons le magistrat Porphiri Pétrovich, assisté pour la première fois de Pavel Pavlovich Virginsky, un personnage déjà croisé dans le précédent volume dans des circonstances plus ou moins houleuses. Tandis que la ville étouffe sous une chaleur insoutenable, le canal empeste et les mouches envahissent les bureaux, le magistrat est appelé sur une horrible affaire de double homicide. Une mère et son fils ont été empoisonnés avec des chocolats, la scène est particulièrement dégoûtante et la douleur infligée aux victimes ne nous est d'ailleurs pas épargnée. Le mari est logiquement suspecté, il s'agit d'un docteur Martin Meyer, un éminent expert en toxicologie. Inutile de s'emballer car l'affaire n'est pas encore pesée, le fait qu'un colonel ait été assassiné dans son appartemment puis un alcoolique tombe raide dans la rue vient relancer cette étrange affaire, qui baigne dans les scènes de carnage et qui révèle les pires vicissitudes de l'âme humaine.
Nous étions déjà vaccinés avec L'âme détournée, mais nous renouvellons l'expérience avec ce Temps de la vengeance. C'est sombre et poisseux, particulièrement peu amène pour décrire l'humanité dans ce qu'il y a de plus sordide et abject. Et pourtant l'histoire n'est jamais totalement glauque ou répugnante, en dépit de la description très poussée des crimes et des morts violentes. L'ambiance de cette série policière est tout simplement captivante, servie par des personnages  aux particularités bien définies - Porphiri est un détective débonnaire, qui prend le temps de réfléchir au lieu d'agir, son nouvel assistant Virginsky s'enflamme avec ses grandes théories révolutionnaires, vite calmées par son supérieur, lequel rappelle le devoir de réserve et de service au tsar. Le duo fonctionne plutôt bien, révélant certaines facettes d'humour et de légèreté chez Porphiri, ce qui n'est pas pour déplaire au lecteur, car cela soulage la tension ressentie tout au long de la lecture. La plongée dans cette Russie du 19° siècle est âpre, le contraste entre les classes est vivement traité, les prémices de la révolution commencent donc à apparaître, mais ceci ne relègue jamais au second plan la trame principale, qui est bien évidemment l'intrigue policière, car tout est bien ficelé, inquiétant et seulement mis à jour dans les dernières pages !
En bref, cela reste une folie vengeresse parfaitement bluffante et brillante à découvrir.

 

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23 janvier 2010

Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti ~ Judy Blundell

Gallimard jeunesse, 2010 - 288 pages - 12,00€
traduit par Cécile Dutheil de la Rochère

Être adulte, était-ce ça ? S'obliger à faire ce qu'on n'avait aucune envie de faire, avec un simple haussement d'épaules ?

ce_que_jai_vuNew York, 1947. Evie vit dans le Queens avec sa mère et Joe. Lorsque ce dernier reçoit un coup de fil insistant, il décide de partir en vacances en Floride. A Palm Beach, ville fantôme où seul un petit hôtel minable est ouvert, les Spooner vont lier connaissance avec un autre couple, les Grayson, et un ancien soldat qui a connu Joe en Europe, Peter Coleridge. Evie tombe immédiatement amoureuse de lui, elle a quinze ans, elle est naïve et a toujours vécu dans un cocon, elle voue une vraie fascination pour sa mère, Bev, qui est belle comme Lana Turner. A côté, Evie se sent comme le vilain petit canard, quelconque, transparent jusqu'à ce que Peter l'aborde, l'invite à danser, lui sourit, propose de la balader dans sa voiture et l'embrasse.

Les semaines passent sous un soleil accablant. Les Spooner n'en peuvent plus mais sont comme électrisés par l'ambiance. Ils repoussent leur départ, Evie s'en moque car elle ne veut pas se séparer de Peter. Et pourtant, le tableau des vacances cache aussi des zones de turbulence - les Grayson joueraient un double jeu, Joe est de plus en plus nerveux, Bev s'embellit sous le soleil et s'absente chaque jour pour apprendre le golf, Peter est terriblement beau, séduisant, charmeur mais c'est une bombe à retardement.

Sous ce climat lourd et pesant, la tension monte, donne du suspense au récit, lequel va très mal se terminer, mais le lecteur s'en rend compte tout seul, au fur et à mesure que l'histoire avance, l'amertume gagne du terrain, les masques tombent, certaines révélations apparaissent, les confiances se perdent, et au milieu Evie se prend la plus grande claque de sa vie. Son passage à l'âge adulte résonnera comme une lente tombée du haut d'un ravin, tant elle comprendra qu'autour d'elle il n'y a que duperie, mensonge et trahison. C'est ahurissant, et le décor de l'après-guerre apporte aussi son lot en dramaturgie et autres horreurs à dévoiler, c'est franchement flippant et hallucinant. La voix d'Evie devient encore plus poignante et magnifique, on partage longtemps cette dualité qui naît en elle, en même temps que la tragédie va fragiliser son petit monde.

C'est un roman à lire d'une traite, écrit dans un style proche des films noirs d'après-guerre, classique et envoûtant, aussi amer qu'un chocolat. Une atmosphère à laquelle j'ai été très sensible.

22 janvier 2010

Far from You ~ Lisa Schroeder

far_from_youFirst Simon Pulse paperback edition January 2010
355 pages

Mom got cancer

Cancer sucks.

She died.

Dad remarried.

The end.

Malgré l'impression donnée par ces quelques lignes, non ce livre n'est pas du tout déprimant ! On suit l'histoire d'Alice qui vit très mal la mort de sa mère, qui ne parvient pas à faire son deuil et qui ne supporte pas le nouveau bonheur de son père avec l'arrivée du bébé. Entre Victoria, la belle-mère, et elle, c'est le silence radio. Aucune connivence. Pas un mot, pas un geste. Respect total, même si chez Ali cela se manifeste plus intérieurement, par une envie de hurler, de claquer la porte, de fuir, d'écrire des chansons tristes, de se plaindre, de se sentir seule et incomprise. Ali trouve refuge auprès de sa meilleure amie Claire, de son petit copain Blaze, de sa musique et son culte à l'église tous les dimanches. Elle croit aux anges, car elle pense que sa mère veille ainsi sur elle.

Pendant les fêtes de Thanksgiving, toute la famille se rend chez les parents de Victoria. L'ambiance n'est pas très joyeuse, Ali fait la tête et son père doit rentrer plus tôt pour son travail, Victoria, le bébé et elle vont donc rentrer toutes seules en voiture. C'est alors qu'une tempête de neige les surprend et les coince en pleine campagne. 

L'histoire est toute simple, mais très belle, écrite en vers, comme le précédent livre de Lisa Schroeder, I heart you, You haunt me, et une nouvelle fois l'émotion est au rendez-vous, insaisissable et pourtant palpable. J'aime beaucoup le principe d'écriture en vers, c'est comme dire en peu de mots l'essentiel, cela touche instinctivement et l'impact devient donc plus fort.

Memories
fall
like
snowflakes
upon
my dreams.

Me and Mom,
a piece of art,
a promise,
a hug.

Me and Dad,
a thousand tears,
a bouquet,
a loss.

Me and Blaze,
an autumn day,
a walk,
a kiss.

Me and Claire,
a flowing skirt,
a song,
a fight.

Je me souviens avoir lu son premier livre avec cette sensation de frissons sur tout le corps, l'histoire était tellement bouleversante en plus ! Ce deuxième livre ne renferme pas la même intensité émotionnelle, c'est dilué autrement mais c'est aussi très touchant. Alice est une jeune fille qui souffre du mal de mère, elle est en pleine crise, c'est un sujet difficile et douloureux, pourtant le personnage n'est jamais imbuvable. C'est toute la délicatesse de l'auteur - dessiner des caractères sensibles et authentiques, envers lesquels on ressent beaucoup d'amour, de compassion ou d'admiration. On tombe amoureux de tous les personnages, on les aime d'amour, c'est tout !

Toute la partie où Alice est bloquée dans la voiture, à cause de la neige, est un moment où j'ai été surprise, un peu tenue par le suspense, même si je ne croyais pas trop à une fin malheureuse, et aussi intriguée par ces passages qui flirtent avec le fantastique, l'apparition de l'ange, entre rêve ou réalité, fantasme ou délire, c'est un léger flottement dans le livre et ce n'est pas ce qui m'a le plus noué l'estomac, j'avoue, pourtant c'est une partie essentielle, qui permettra à Victoria et Alice de mieux se comprendre, d'abord, et ensuite qui permettra à Alice de dire un dernier au revoir à sa maman. Bon, c'est vrai qu'il y a eu un moment ou un autre où j'avais un sourire béat et un tout petit peu la gorge nouée. (Non ! je n'ai pas pleuré.)

Une dernière mention spéciale pour Blaze, sexy boy, he rocks so bad !
Big. Sigh.

challenge Lire en VO - 8

LireEnVo

21 janvier 2010

Les Demoiselles du Palais-Royal ~ J. Esther Singer

Seuil, 2009 - 288 pages - 12€
illustrations de Natacha Sicaud

Les_demoiselles_du_Palais_RoyalCette série historique pour les lectrices de 12-14 ans est absolument fraîche, divertissante et très agréable à lire. Elle s'inscrit dans la veine des Annie Pietri (Les Orangers de Versailles) et Anne-Marie Desplat-Duc (Les Colombes du Roi-Soleil). L'histoire se passe sous la Régence, en 1718. Les héroïnes sont quatre cousines issues de la bonne société - les jumelles Henriette et Héloïse de Gaumont, et les soeurs Bertrade et Blanche de Pontivy. L'histoire raconte comment Héloïse et Henriette vont, un peu malgré elles, devenir les espionnes à la solde du Régent et déjouer le complot contre le jeune roi Louis XV.
L'auteur s'est attachée à beaucoup détailler le contexte historique en plus des personnages avec un soin proche de la pédagogie. C'est d'ailleurs juste l'infime défaut que je pourrais lui reprocher, ce souci de présenter pénalise légèrement la fluidité du romanesque. Les héroïnes sont charmantes, les situations qu'elles vivent sont peu crédibles et l'inéluctabilité des intrigues nous sautent vite aux yeux. Néanmoins, cela reste un bon moment de lecture, j'ai beaucoup aimé l'écriture de J. Esther Singer, la légèreté des demoiselles et leurs traits terriblement typés (l'une est frivole, l'autre se passionne pour l'étude, encore une autre est pieuse et la quatrième totalement transparente !).
On retrouve dans ce livre les qualités et défauts du genre, car la série se veut à la fois instructive et distrayante. On brasse les complots, les soupirants, les projets de mariage, l'ordre de la Mouche-à-miel, les morts mystérieuses et l'exil avec la même évidence, ou limpidité. Je me répète, mais j'ai trouvé cette série absolument charmante ! Et la couverture est bien jolie.
A signaler la parution rapprochée des deux tomes suivants : le deuxième en mars 2010 et le troisième cet automne.

 

21 janvier 2010

L'incroyable voyage de Jeanpoté ~ J.M. Trewellard

illustrations de Ian Beck
Pocket jeunesse, 2009 - 210 pages - 12,50€
traduit par Sidonie Mézaize

voyage_jeanpot_Voilà un petit roman charmant, drôle et merveilleusement illustré par des ombres chinoises, à conseiller aux lecteurs dès 8-9 ans, même si 200 pages de lecture peuvent rebuter certains, l'aisance et la clarté d'écriture dans ce récit, très largement illustré en plus, noiera facilement le poisson.
L'histoire est celle de Jean, un garçon d'écurie rêveur et amoureux de la belle princesse, mais Jean est maladroit et empoté, on le surnomme Jeanpoté pour se moquer de lui et le garçon ne le supporte plus. Il voudrait prouver qu'il a l'étoffe d'un chevalier, et l'occasion va hélas se présenter lorsqu'il assiste au kidnapping de la princesse par un nuage noir magique. Le roi envoie ses meilleures troupes pour sauver sa fille, tandis que Jean doit rester au château. Il décide alors de constituer sa propre troupe de vaillants héros - Truffe, le chien et Dolly, le cheval - pour retrouver lui-même sa princesse.
Un petit détail, en passant : dans l'histoire, les animaux parlent ! Truffe est un éternel bougon qui appelle Jean à plus de prudence, Dolly est placide, gentille et confiante. Tous les trois ne sont pas impressionnants, pas très forts, pas très bien équipés non plus, mais ils vont prouver que ce ne sont pas simplement les armes qui font la force. En route, ils vont s'allier avec d'autres compagnons - une loutre, un cochon, une vache, une souris, une alouette et un renard. Et de fil en aiguille, ils commencent à dresser le portrait du ravisseur de la princesse - des ailes, des griffes... Brrr. La fin de la mission va mettre à l'honneur la bravoure et l'intelligence de Jean, lequel aura toutes les raisons du monde pour ne plus être appelé Jeanpoté après cette aventure, ou sire Jeanpoté s'il vous plaît !
C'est sans nul doute un bon petit roman qui traite d'amitié et de camaraderie, avec un zest d'humour, de très belles illustrations et une histoire qui fleure bon le conte façon les musiciens de Brême (pour le côté, animaux qui parlent et qui partent à l'aventure).

 

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20 janvier 2010

La voix du diable ~ Sylvie Brien

Gallimard jeunesse, coll. Hors-Piste, 2010 - 160 pages - 8,50€

voix_du_diablePetite frustration en découvrant ce quatrième tome des enquêtes de Vipérine Maltais, l'illustrateur n'est plus Gianni De Conno mais Nicolas Thers, et j'avoue que cette couverture n'a plus le même charme, ça manque. Dommage.
Heureusement le contenu du roman est toujours égal à lui-même : notre petite élève du couvent Sainte-Catherine est appelée à la rescousse pour résoudre la mort d'un journaliste, Honorius Sarfato, qui a été retrouvé raide dans un bain public. Direction, donc, la ville de Québec et les yeux de Vipérine sont éblouis ! Accompagnée de sa grand-tante, qui va réceptionner le contenu de son petit soulier (un side-car Harley Davidson !) à la barbe de tous, Vipérine va mener son enquête et résoudre l'affaire comme à son habitude - en un final digne des romans d'Agatha Christie, puisqu'elle réunit tous les suspects et expose les faits point par point avant la sentence implacable !
Je suis une lectrice passionnée et enthousiaste des enquêtes de Vipérine Maltais, j'apprécie l'écriture de Sylvie Brien, l'ambiance de ce Québec des années 1920, les réflexions pertinentes et les flèches bien senties des demoiselles contre l'époque qui refusent liberté et droits à la femme, en cela je suggère aussi aux lectrices de se pencher sur la série de Nancy Springer avec Enola Holmes, la pseudo petite soeur du grand détective.
C'est une série intelligente, avec du suspense, des personnages hauts en couleur et très attachants, un peu d'humour, beaucoup de répartie, les filles mouchent facilement les garçons trop insolents, la prise de conscience de l'injustice quant à l'éducation des demoiselles prend d'ailleurs de plus en plus de place, c'est très bien, et en même temps l'intrigue policière est présente, pas un temps mort, de l'action sympathique, la bonne soeur en side-car dans les rues de Québec, par exemple, c'est vraiment drôle ! Enfin, c'est un rendez-vous toujours appréciable, mais j'aimerais qu'on repêche Gianni De Conno pour ses illustrations, c'était un plus qui ne comptait pas pour des prunes, merci !

 

19 janvier 2010

Les Tartines au kétcheupe ~ Marie-Sabine Roger

Ce matin, je suis drôlement pas content. J'ai raté mon dessin animé, et maman m'a pas fait mes tartines.

tartines_au_ketcheupeOuhlala, comment vous parler de ce petit roman ? Petit par la taille, petit en pages, seulement 95, mais costaud en émotion, en message caché, en tout ce qu'il représente sans jamais nommer. Mes aïeux, c'est terrible ! Cela commence presque innocemment, c'est l'histoire d'un petit bonhomme, Nicolas, qui est en maternelle. C'est une petite terreur, il tient tête à la maîtresse, il fait peur à ses camarades pendant la récré, il ne travaille pas, il ne fait que ce qu'il veut, il gribouille au lieu de dessiner, il est le champion toutes catégories en indiscipline, et pourtant la maîtresse avec ses grosses lunettes soupire, sourit et lui ébouriffe les cheveux (et ça aussi, ça l'agace !). Nicolas est un enfant qui déborde d'énergie, c'est aussi un rêveur, il aime se perdre dans sa tête et se raconte des histoires avec Petit Toiseau et Fourmisseau, d'ailleurs ce sont ces dialogues qui commencent à mettre la puce à l'oreille, parce que la véritable histoire de Nicolas n'est vraiment pas rose. Chez lui, ça crie, ça hurle, ça tape, ça vole, il le dit franchement : c'est lui le champion du monde de vol sur baffe. (Sic) Les adultes ont l'estomac retourné, on le sent bien, mais notre petit champion ne s'en mord pas les doigts pour autant, il est d'une insouciance salvatrice et c'est tant mieux, son frère d'ailleurs lui dit : T'as drôlement de la chance, d'être petit. Tu fais rien qu'à t'amuser. Comment vous dire, donc ? Ce roman a tout pour être insurmontable, difficile, terrible et injuste, frustrant aussi parce que c'est une montagne d'impuissance qu'on nous envoie en pleine figure, mais malgré tout c'est un roman qui reste drôle, détaché, léger, attachant parce que ce petit narrateur haut comme trois pommes nous donne une leçon de vie qui nous désarme en même temps qu'elle nous charme.
Ce livre a été édité pour la première fois par Nathan en 2000.

-> on se retrouve,  Mel (complètement bidonnée) +  Gaelle  (qui le juge indispensable)

DACODAC AU ROUERGUE, 2010 -  95 pages - 6,50

J'aime beaucoup la couverture !

18 janvier 2010

Envoûtement ~ Carrie Jones

City Editions 2009 pour la traduction française
Publié aux USA sous le titre Need par Bloomsbury
traduit de l'anglais par Philippe Vigneron
380 pages - 17,90€

envoutementDepuis la mort de son père, Zara  a sombré dans une grave dépression. Incapable de lui redonner le goût de vivre, sa mère choisit donc de l'envoyer chez sa grand-mère à Bedford dans le Maine. C'est une petite ville plantée à l'orée de la forêt, il y fait très froid, il y neige très souvent et l'accueil qu'on lui réserve est extraordinairement hystérique (ou frise l'excentricité). Du moins, c'est ce que la jeune fille perçoit, complètement engourdie par sa tristesse et ses phobies qu'elle collectionne à la pelle. Elle ne se plaît pas à Bedford, elle en veut à sa mère, elle traîne un bourdon gros comme une noix, malgré tout le lycée lui apparaît chaleureux et convivial, sentant bon le sirop d'érable, et tous les garçons sont grands, beaux, athlétiques et portent des bottes sans paraître nigauds.

Et puis, il y a cet homme au capuchon noir qui semble poursuivre Zara. La première fois, c'était à Charleston, le jour de la mort de son père. Au début, elle pensait que c'était son imagination, puisqu'elle était totalement à côté de la plaque. Et puis, à peine arrivée dans le Maine, Zara est surprise de le revoir avec sa grand-mère, qui lui apprend dans la foulée qu'un lycéen vient de disparaître et qu'il serait plus prudent pour Zara de ne pas sortir seule le soir ni de se rendre dans la forêt. Un midi, au lycée, la jeune fille surprend encore cet inconnu qui la pointe du doigt. Pourquoi elle, que lui veut-il, les questions commencent à tourbillonner dans la tête mais les réponses risquent de ne pas être à la hauteur de ses espérances.

Ce roman a été une vraie bonne surprise (je m'attendais tellement à être déçue) ! Le style est plat et parfois affreux, je ne sais pas si c'est la faute d'avoir lu le roman en français (mais servir le verbe kiffer par exemple, non vraiment ça ne le fait pas !), l'histoire encore une fois n'est pas nouvelle, c'est un condensé de tout ce qu'on commence à connaître, d'ailleurs c'est une approche déplorable de décréter que ce livre a de l'ADN de twilight, les éditeurs devraient comprendre que les lecteurs de plus en plus se méfient des comparaisons, et ainsi nous épargner l'affreux bandeau rouge et ce titre, non vraiment...

Les amateurs du genre apprécieront de renouer avec un univers de créatures fantastiques doublé d'une intrigue avec romance, action, suspense, tension et émotion à la clef, en sachant que ce n'est pas ce qui manque en ce moment ! Non, je ne me lasse pas, je fais le tri, je lis, je ris, je zappe, j'exulte, je râle, je soupire et puis j'oublie. Ce roman de Carrie Jones est tout simplement agréable, distrayant, facile à lire. C'est du guilty pleasure, ni plus ni moins !

La suite : Captivate (vient de sortir aux USA).

the Dark Side challenge - 2

the_dark_side_challenge

16 janvier 2010

Deadly Little Secret ~ Laurie Faria Stolarz

A Touch novel #1

deadly_little_secretPublished by Disney * Hyperion Book, 2008 - 252 pages.

Ce qui va suivre va probablement vous rappeler une certaine histoire archi connue : sur le parking de l'école, Camelia est sauvée in extremis par un inconnu alors qu'une voiture fonçait droit sur elle. Ce type lui touche le ventre puis s'enfuit. Trois mois plus tard, Camelia le retrouve dans son lycée. C'est le nouvel élève, il s'appelle Ben et il a une réputation affreuse. On raconte qu'il aurait poussé sa petite amie du haut d'une falaise, horreur ! Seule Camelia lui accorde le bénéfice du doute, elle tente de l'approcher pour le remercier de lui avoir sauvé la mise mais Ben la repousse et prétend que ce n'était pas lui, qu'elle se trompe. Vlan.

En cours de sciences, que retrouvons-nous ? Camelia et Ben, partenaires de labo ! Cela devient horriblement bateau, cette histoire de biologie au lycée. Nos jeunes ados américains n'ont-ils pas d'autres endroits pour se croiser, se toucher, se gêner, s'interpeller, se regarder du coin de l'oeil, s'horripiler, ou que sais-je. C'est passablement TOUJOURS la même histoire. Mais ne nous fâchons pas.

Donc, Ben et Camelia partagent la même paillasse. Ils se tiennent à distance, même si la demoiselle ne comprend pas pourquoi il la fuit à ce point. Et puis, arrive un léger incident lors d'une manipulation de produits chimiques et LE contact a lieu. Ben a posé la main sur Camelia, et alors là ... mazel tov ! Quelques jours après, son comportement change et il propose à Camelia de sortir ensemble. Malgré les conseils de ses amis de refuser et fuir ce type, elle s'y précipite et ne sera pas au bout de ses peines !

En parallèle de cette semi romance balbutiante, nous suivons aussi les pensées d'un tordu qui traque Camelia. Fou amoureux, il prend des photos d'elle, glisse les clichés dans sa boîte aux lettres, lui envoie des cadeaux et lui téléphone le soir. Qui est-il, que veut-il. Impossible de le savoir, car cet individu devient progressivement menaçant par son insistance. Camelia est en pleine panique, doit-elle se méfier de Ben qui vient de lui annoncer qu'elle est en danger de mort. Est-ce lui l'inconnu qui la harcèle ? Soudainement, la vie de Camelia prend un tour plus sombre et vraiment flippant. Même dans sa maison, elle ne se sent plus en sécurité, elle ne sait plus à qui faire confiance, et Ben a une attitude inquiétante, c'en est trop, elle choisit de se tenir à l'écart. La menace, alors, devient plus oppressante.

Voilà un vrai roman à suspense, teinté d'un zest de fantastique, alors qu'aucun réel élément surnaturel n'intervient ! ... C'est le flip total, l'angoisse de partager la vie de cette lycéenne qui soudainement perd pied, tombe amoureuse, se découvre en danger, se méfie de son petit copain puis doute de tous ses acquis. Le lecteur est lui-même dans la confidence du maniaque, à surprendre ses pensées, sans jamais se douter de sa réelle identité. Plusieurs intervenants dans l'histoire ont la légitimité d'être suspectés, autant dire que le final est assez bluffant !

J'ai bien aimé, même si je reconnais que ce roman n'est nullement original. Actuellement cela devient difficile de trouver une histoire sans élément déjà lu ou déjà vu, même si la plupart du temps c'est assez innocent et - j'imagine - accidentel. Je me suis faite cette réflexion alors que j'étais plongée dans ma lecture, j'étais à mi-parcours et soudain j'ai soupiré. Certains trouveront la relation entre Ben et Camelia absolument poignante, c'est vrai qu'au début j'avais un bon a priori sur ce garçon, du charme, du mystère, et seul contre tous, j'adore ça !!! Mais à la longue, leur histoire de je-t'aime-mais-c'est-impossible-entre-nous-car-trop-compliqué a aussi fini par me planter un couteau dans le coeur. Allons, allons mes agneaux, vous n'allez pas me servir la même sauce ? ... Bah si.

Sur ce, je lirai très probablement la suite, Deadly Little Lies,  car Laurie Faria Stolarz s'est révélée à moi avec sa série Bleu Cauchemar - dont le premier tome m'avait moyennement emballée, par contre j'ai beaucoup aimé le deuxième : Blanc Fantôme. Cela signifierait qu'elle est - pour moi - l'auteur de la deuxième fois ! ... Allez, j'y crois. :))

Verdict : Deadly Little Secret est un bon roman, que j'ai pris plaisir à lire. Cependant, rien n'est nouveau non plus dans ce livre.

challenge Lire en VO - 7

LireEnVo

15 janvier 2010

La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique ~ Martin Page

 

Avec un titre pareil, le roman de Martin Page nous fait sourciller et sourire gentiment. Alors donc, c'est quoi cette farce ? Il faut l'ouvrir pour le croire et, s'appuyant sur les écrits de l'auteur, il faut donc s'attendre à un texte fou, incontrôlable et pourtant bien sage, bien réaliste, tout à fait possible et envisageable, et fatalement pas si tordu que ça !

Qu'on explique le commencement : une dame de soixante-dix ans reçoit un coup de matraque sur la tête, elle tombe dans les pommes et est hospitalisée en urgence. L'autre souci, c'est qu'il s'agit de Fata Okoumi, une femme d'affaires en visite à Paris, elle est très riche, influente et noire. L'affaire fait grand bruit et le maire de Paris est dans ses petits souliers. Il convoque toute sa clique pour calmer le jeu, pour préparer des discours pompeux et ennuyeux pour rétablir l'ordre et le respect, pour cirer les pompes de la victime et lui présenter toutes les excuses afin d'effacer cette bavure policière. Est donc désigné à cette mission notre narrateur, Mathias, quarante ans, une vie de patachon, célibataire, sans famille, sans enfant, sans animal de compagnie.

Il se rend au chevet de Fata Okoumi et tombe sous le charme. Elle est sonnée, elle balbutie quelques mots... elle souhaite faire disparaître Paris. Qu'est-ce que cela signifie ? Mathias n'a pas le temps d'en savoir plus qu'il est poussé vers la sortie, puis d'autres événements vont l'écarter toujours plus de Fata Okoumi, et lui reste seul avec cette terrible confession, sans queue ni tête. A partir de là, sa vie ne va plus vouloir se ranger dans sa petite case. C'est presque l'anarchie pour ce fonctionnaire qui s'est toujours tenu à distance des dossiers qu'il traitait, c'est bien la première fois qu'une telle masse s'abat sur sa tête ! ...

En quelques 200 pages, le roman va donc nous balader dans Paris, la ville lumière, la ville des philosophes, Paris, la ville faite pour la pluie et la neige, comme le souligne Mathias. Cette brutale confession de Fata Okoumi va prendre un sens aberrant dans la vie de cet homme, à qui soudainement des révélations vont lui être apportées, pas sur un plateau d'argent, car il lui en faudra du temps et des balades et des petits déjeuners dans le lit à se demander mais qu'est-ce qu'elle veut, ... bref c'est un roman que je n'arrive pas à qualifier, mais que j'aime parce qu'il est insensé, attachant, touchant, juste, mélancolique et rêveur. C'est aussi un roman qui parle d'amour et de sentiments, des émotions et d'accouchement, car Mathias va renaître et enfin réaliser que cette femme, Dana, qu'il voit toutes les semaines dans une chambre d'hôtel, depuis des mois, selon un rituel immuable et limite flippant, donc cette femme est bel et bien LA femme et qu'il n'est jamais trop tard pour se l'avouer !

Un autre roman de Martin Page vient de paraître en poche, chez points : Une parfaite journée parfaite. De quoi faire le plein pour découvrir cet auteur hors normes, dont j'ai d'abord appris à apprécier les écrits pour la jeunesse.
Voilà tout pour aujourd'hui, amis lecteurs !

disparition_paris Editions de l'Olivier, 2010 - 215 pages - 16,50 €

 

       une_parfaite_journ_e_parfaite  en poche ! 

   

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