Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Chez Clarabel

7 mai 2009

Nueva Königsberg ~ Paul Vacca

« Ici, je vis un cauchemar. Je suis tombé dans une communauté du genre des Amish. Oui, ces sectes qui ont arrêté le temps et vivent comme au XVIIIe siècle. Ces fous se sont enfuis de Königsberg où les bombes tombaient du ciel et ont décidé de vivre à la manière de Kant. Oui, Immanuel Kant, l'austère philosophe allemand...
Quand je dis vivre "à la manière de", c'est vivre exactement comme lui. Oui, tu as bien lu : ils ont arrêté le temps en 1771 ! On se déplace en calèche. Exit les transistors, le téléphone, l'eau chaude, les voitures, les cigarettes, le jazz, l'électricité... Et même - excuse ce détail trivial - les toilettes et les bidets !
Il y a une statue de Kant au centre de la communauté. Chaque fois que je passe devant elle, j'ai l'impression qu'il m'épie.
Et puis tu verrais comment on est habillé... Je porte, comme tous les hommes ici, la tenue de Kant : bas, pantalon, chemise à jabot, veste et perruque !
Quant aux femmes, elles ressemblent toutes à des servantes avec leur grande robe couleur taupe, une bagnolette plaquée sur les cheveux. Et pas une once de fond de teint, de rouge à lèvres ou de khôl. Pas vraiment sexy ! Bref, le cauchemar. »

nueva_konigsberg

Vous avez peut-être eu le coeur gros en lisant La petite cloche au son grêle, vous allez sourire et rire en lisant cette aventure philosophico-burlesque, avec dans les rôles de Pangloss et Candide, Botul, le philosophe français, et Sébastien, un jeune zazou des beaux quartiers de la rive gauche. « Pourquoi pas le Paraguay ? » lui a glissé le philosophe, le garçon a dit banco et tous deux ont traversé les océans pour s'installer à Nueva Königsberg, une communauté d'exilés qui revit à l'identique les préceptes de Kant. Un détail risque de mettre en péril cette douce utopie : le sexe. Faut-il ou non le pratiquer, si l'on considère la chasteté légendaire de Kant ? En suivant cette logique, l'avenir de la communauté est vouée à s'éteindre.
En huit causeries, Botul va donc amener les disciples à réfléchir sur les contributions et motions sexuelles ; parallèlement, Sébastien, en plein supplice existentiel, vit une passion nouvelle et naissante avec une maîtresse d'école, portant collerette, fichu et tablier, le verbe en bouche, les idées sûres et arrêtées.

C'est très drôle, et même si je fais allusion à Candide, le texte de Paul Vacca reste beaucoup plus digeste (j'ai détesté Candide !), le contenu philosophique de cette intrigue se boit comme du petit lait, pas besoin de se creuser les méninges. Le comique de situation n'est jamais lourdingue, c'est fin, spirituel, enlevé, cocasse.
J'ai beaucoup aimé !

Philippe Rey, 2009 - 215 pages - 17€

 

A déjà été lu par Lily, Keisha et Cathulu ... & Amanda

Publicité
Publicité
6 mai 2009

Un hiver avec Baudelaire ~ Harold Cobert

hiver_avec_baudelaire

C'est l'histoire d'un homme qui vient de divorcer, perd son logement et son boulot, ne voit plus sa petite fille et finit par se retrouver à la rue. Un résumé qui ne donne pas du tout envie, je le conçois, dans un climat social déjà frileux, c'est normal d'avoir besoin de lire pour se divertir ou chasser les idées noires.
Et pourtant ce serait dommage, vraiment dommage de passer à côté. Il ne s'agit pas du roman de l'année, c'est simplement un rendez-vous émouvant. Très émouvant. Qu'est-ce que j'ai pu pleurer, du début à la fin, je n'arrêtais plus, mais je ne pouvais pas reposer le livre ni le refermer, c'était comme si j'allais tourner le dos au personnage, le laisser dans sa galère, et ça me fendait le coeur.
Donc, gorge nouée et larmes aux yeux, j'ai suivi la descente en enfer de Philippe, qu'une rencontre va permettre de sortir la tête de l'eau. Un jour il croise Baudelaire, un chien au pelage rongé et irrégulier, et grâce à lui le parcours de Philippe va se teinter de jolies couleurs, s'élever pour toucher quelques étincelles de bonheur.
Car c'est un roman sur l'espoir, qui déborde de combativité et de courage. Il plonge sans fard dans le quotidien des plus démunis, en mêlant romanesque et vérité sociale, poésie et âpreté. C'est vraiment triste, cela vous rappelle les histoires de tous les jours, l'équilibre précaire sur lequel repose nos petites vies. Mais heureusement l'histoire montre de belles, belles choses aussi, des gens extraordinaires et la conviction que le chien reste le meilleur ami de l'homme (j'ai d'ailleurs souvent pensé à
Far Ouest le roman de Fanny Brucker).
J'ai beaucoup aimé, même si cela m'a fait énormément pleurer.
Avec un petit goût de boulettes de viande, de conte pour enfants avant de s'endormir et de Charles Baudelaire, car tout poète est immortel.

Editions Héloïse d'Ormesson, 2009 - 270 pages - 19€

La couverture est splendide !

Il faut lire ou relire Le Spleen de Paris ... dont est extrait ce passage intitulé Les bons chiens (en épigraphe du roman de Harold Cobert):

   Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque, le chien dont l'instinct, comme celui du pauvre, du bohémien et de l'histrion, est merveilleusement aiguillonné par la nécessité, cette si bonne mère, cette vraie patronne des intelligences!
   Je chante les chiens calamiteux, soit ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses villes, soit ceux qui ont dit à l'homme abandonné, avec des yeux clignotants et spirituels "Prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur!"2463420849_14f8d898e7

6 mai 2009

La fée coquillette et le croco-baigneur

Par Didier Lévy et Benjamin Chaud

fee_coquillette

J'ai dans le coeur et la tête une comptine, qui dit ceci :

Ah les crocrocro, les crocrocro, les crocodiles
sur les bords du Nil ils sont partis n'en parlons plus
Ah les crocrocro, les crocrocro, les crocodiles
sur les bords du Nil ils sont partis tout est fini

(pour vous la rappeler, cliquez ici)

Je n'aime pas les crocodiles, j'ai été traumatisée quand j'étais petite en regardant les films de Tarzan avec Johnny Weissmuller, il y avait toujours ces vilaines bestioles qui filaient vers un radeau en détresse et croquaient un petit africain, ou s'il survivait celui-ci finissait victime d'un gorille ou d'un lion, c'était récurrent dans Tarzan !

tarzan_l_homme_singe

*****

Bon heureusement dans la Fée Coquillette, nous sommes loin des images sanglantes et tortionnaires ! ;o)

Notre croco a l'oeil sympathique, la gueule fermée et la queue basse ! Son dilemme : il ne sait pas nager, il a peur de l'eau et il ne veut pas que ses camarades l'apprennent. Serviable et attentionnée, la fée coquillette compatit et lui offre un super pédalo rutilant et technique, mais le croco se fâche. Il VEUT apprendre à nager, comment faire ? La fée coquillette non plus ne sait pas. Serait-ce sa première colle dans sa jeune carrière ?

Solution immédiate : se rendre dans la Grande Bibliothèque de la Jungle. Emprunter un manuel de natation. S'exercer sur un tabouret. (Au diable le ridicule !) Suivre à la lettre les consignes. Mais peu à peu toutes sortes de bestioles viennent profiter du spectacle, pouffent et ricanent sans se retenir. Bien entendu le crocodile s'agace. Il peste et il menace. Vous croyez que ça fait peur un croco avec un bonnet de bain sur la tête ? Non.

IMGP6429

Imperturbable fée Coquillette...

L'entraînement va se poursuivre, on rigole toujours autant. Le crocodile, cette immonde créature qui d'habitude sème la terreur, devient le point de mire des petites animaux de la jungle qui s'en donnent à coeur joie. Vengeance, vengeance. Moi aussi, j'ai bien ri. (Je me venge de mes longues années de terreur !) ;o)  Le croco patauge dans une bassine, il a sorti tout l'attirail (bouée, frite, brassards) et la semaine passe, toujours aucun résultat. C'est un gros nul, nous sommes d'accord. La fée coquillette est prête à jeter l'éponge, puis pense qu'un meilleur professeur pourrait aider le croco qui a peur de l'eau. La rencontre est explosive : le crapaud a peur du croco ! La fée coquillette commet une bourde du tonnerre, et là ...

IMGP6424

Il faut découvrir les albums de la fée Coquillette, c'est bourré de couleurs, les couvertures ont des petites paillettes et des étoiles (attraction fatale pour certaines demoiselles !) et les aventures ne manquent ni d'humour ni de rencontres étonnantes. Il faut regarder les détails, surtout la trombine de la fée coquillette, ça vaut le détour !

* Albin Michel jeunesse, 2009 / 12€ *

l'avis de gaëlle

IMGP6432

La fée coquillette figure parmi les personnages fétiches de la maison, au même titre que Pomelo, Rita et Machin, l'inspecteur Lapou, Apolline et M. Munroe, Bogueugueu, Oscar et Arabella, et Zoé tout court ... C'est un cercle très prisé. Pour s'y inscrire, merci de déposer les demandes et de prendre patience.

**********

5 mai 2009

Vendredi soir chez les Becker ~ Alain Teulié

 

vendredi_soirCe sont deux couples que tout oppose : Pierre et Julia, quarante ans, mariés, profs, parfait petit couple bobo ; Tom et Sarah, bientôt trente ans, des losers de première, ils crèchent en banlieue, n'ont jamais un sou en poche et vivent de leurs charmes. Oups, le sujet s'annonce glissant lorsqu'au début du roman, Pierre rentre de sa journée et prévient sa blonde épouse de la venue d'un couple ce soir, comme convenu. La belle Julia est glacée, mécontente, plus du tout partante. L'homme s'est inscrit sur un site de rencontres, sa femme et lui en avaient discuté, ils voulaient assouvir leurs fantasmes, mais l'heure du dégrisement est venu. Les pendules de l'horloge tournent, pendant ce temps le couple s'engage dans une longue discussion.
De l'autre côté, Tom et Sarah ont la même conversation venimeuse, animée par la rancune, la frustration, la jalousie, l'incertitude. Les deux couples ont en point commun de se poser des questions mortifiantes, sur leurs désirs, sur la vie faite de faux-semblants, sur leur rencontre, sur leurs attentes et pourquoi ils en sont arrivés là.
La soirée s'annonce chaude, tendue, explosive.
Si vous pensiez vous rincer l'oeil, laissez courir. Cette soirée d'échangisme met finalement en avant tous les loupés du couple actuel, « une soirée bancale à l'image même d'une vie où les désirs avaient été rarement exaucés, les ambitions peu satisfaites, et les prières lancées vers un ciel sans fin ».
Cela peut paraître très verbeux, et pédantesque. Au contraire, j'ai eu le sentiment de goûter à une pièce de théâtre. La mise en scène est impeccable, offre un miroir de deux couples au bord de la crise de nerfs, avec la perspective d'une soirée qui va chambouler toutes les données. Dans cette atmosphère étouffante, la vision du couple est écornée. Qu'ils soient des intellectuels branchés ou des exclus des cités, les couples d'aujourd'hui ne sont pas jolis à décrypter à la loupe ! Mariage, désirs, argent, fidélité, réussite : ils essaient de voir clair dans tout cela sans y parvenir.
C'est une radiographie dérangeante, qui mêle un humour grinçant à une franche ironie. La tension y est fort perceptible, et tout vole dans les plumes. Pour un résultat effarant.
J'ai bien aimé !

Plon, 2009 - 232 pages - 18€

extrait :

    « Ils vivaient à une époque étrange, où la culture n'était plus la marque de repères et de traditions, mais une incontournable obligation destinée à donner de soi une image valorisante. Autrefois, l'identité faisait la culture. Désormais, c'était la culture qui forgeait une identité. Le résultat, c'était que chacun se forçait à lire des livres, voir des films, courir des expos ou visiter certains pays, juste pour dire qu'ils l'avaient fait. Juste pour avoir l'air d'être quelqu'un de bien. »

5 mai 2009

Lila et les neuf plantes du désir ~ Margot Berwin

Lila Grace Nova, trente-deux ans, divorcée, travaillant dans la pub, emménage dans un appartement totalement aseptisé en plein coeur de New York. Pour chasser la déprime, elle se rend au marché d'en face et rencontre un individu qui lui vend une plante tropicale, l'oiseau du paradis. Il faut l'aimer d'amour et la bichonner pour être payée en retour. Lila s'y emploie avec ferveur. Peu de temps après, elle croise sur son chemin une laverie qui n'en a pas l'apparence, l'endroit croule sous les plantes, le sol est couvert de mousse et une étonnante fougère de feu arbore ses plus belles feuilles derrière la vitrine. Deuxième rencontre déterminante : Armand, propriétaire de la laverie, un homme qui n'a pas d'âge et ose lui parler avec culot, son physique impressionne, ses connaissances sont sans limite, et en cadeau il lui offre une bouture de la fougère. Il faut la mettre dans un verre d'eau tiède, dans le noir total, et attendre. Si des racines blanches apparaissent, alors Lila pourra revenir et obtenir le droit de passage pour admirer le secret d'Armand.

lila_et_les_neuf_plantes

Comme le souligne l'auteur, ce livre est un voyage qui nous transporte du monde de la publicité, à New York, aux forêts tropicales de la péninsule du Yucatàn, des vendeurs de plantes du marché d'Union Square aux curanderos, herboristes, chamans et charlatans, et jusque dans l'esprit des plantes.

Comment rester insensible à cette couverture fraîche et printanière, moi je ne sais pas. J'ai craqué, et au début je n'étais pas mécontente de la découverte. Je lisais avec un plaisir grandissant, je trouvais l'héroïne idiote mais j'enviais secrètement son aventure. En deuxième partie, j'ai commencé à trembler, en pleine jungle mexicaine, j'avais peur de me lasser, j'avais les yeux ronds comme des billes et la moue dubitative par l'amoncellement de circonstances avantageuses pour notre new-yorkaise, cela devenait un chouia trop téléphoné et pourtant j'étais toujours sous le charme.

Au-delà de la fiction (très agréable, il ne faut pas croire le contraire), il y a une importante description des plantes et de leurs vertus, de leurs pouvoirs cachés. Les plantes ont un langage qu'on ne soupçonne pas (du moins, personnellement je l'ignorais, notamment parce que je n'ai pas du tout la main verte !) mais cela n'a pas empêché que je m'y intéresse sans mentir. Les plantes sont vivantes, elles nous parlent et elles savent aussi dégager incroyablement de sensualité et éveiller le désir (à la fin, pfiou la tête vous tourne !). Je ne suis pas surprise que les droits aient déjà été achetés par le cinéma (Julia Roberts serait sur le coup), le roman réunit tous les ingrédients pour une comédie idéale : New York, une célibattante branchée et agaçante, de l'amour, de la trahison, des rencontres, de l'aventure, du mystère, un peu de fantastique... oups non, de la magie et des plantes, des couleurs, des odeurs. J'ai beaucoup aimé !

(Pour l'évasion et la détente, c'est parfait !)

Michel Lafon, 2009 - 305 pages - 17,90€
traduit de l'anglais (USA) par Cécile Dutheil de la Rochère

extrait :

« - Venez avec moi au Mexique. Faites ça pour moi, et pour vous.
- Pour moi ?
- La légende dit que si les neuf plantes sont volées le coupable ne trouvera jamais la paix. Exley est coupable. Et indirectement, vous l'êtes aussi. Pour rompre le sortilège, vous devez rendre les plantes à leur gardien. Je ferai de mon mieux pour vous aider.
- Je n'en doute pas.
- J'ajoute que vous devez également acomplir ce voyage à cause de votre froideur.
- Pardon ?
- Vous êtes froide. Vous êtes une femme froide sous des dehors aimables. Vous êtes une artiste, un génie de l'apparence, une mise en scène permanente d'un personnage doux et naïf, alors que vous êtes distante, froide et calculatrice. Et dans le genre vous êtes excellente. C'est un réel talent, qui nous sera utile à tous les deux au Mexique.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Bien sûr que si, vous voyez. Pensez un peu à la façon dont vous comptiez m'exploiter, moi, un vieux schnock qui bosse dans une laverie. Tout ça pour le fric. Et vous comptiez exploiter mes plantes. Vous vouliez me duper, alors que je vous ai offert un cadeau très spécial, ma fougère adorée. Voilà pourquoi non seulement vous êtes froide, mais sotte. »

Publicité
Publicité
4 mai 2009

Le coup passa si près que le félidé fit un écart ~ Louise Rennison

georgiaMais qu'est-ce que c'est que ce titre !?! Comprenez : le tome 9 de la série du Journal Intime de Georgia Nicolson.
Bonne nouvelle : Georgia est amoureuse, mais le crousti-fondant Masimo est parti en vacances au pays-de-la-mozzarella-et-tomates-à-la. De son côté, la miss est coincée dans une niaise excursion campinguesque sous la houlette de déments certifiés - et Dave la Marrade creuse le sillon sous sa tente. Rosissement de popotin droit devant. Complications amoureuses à venir.
Si, comme moi, vous n'êtes pas du tout coutumière de la jolie prose de Georgia Nicolson, vous risquez d'avoir la caboche en frisette d'implosion !
Drôle, déconcertant, une véritable invention du langage (chapeau la traductrice), le ton est donné. La série de Louise Rennison vaut indéniablement le coup d'oeil pour sa touche d'humour saupoudrée d'un délicieux parfum d'esprit et d'invention, la langue est savoureuse, pas facile du tout de la décoder au départ, mais je compte tout reprendre à zéro ! (J'avais déjà lu le premier livre il y a des lustres !)
Amateurs d'humour, d'adolescence en crise et d'Angleterre (pas forcément les trois mélangés), cette série pourrait vous plaire.

Gallimard, coll. Scripto, 2009 - 254 pages - 9,50€
traduit de l'anglais par Catherine Gibert 

Un tome 10 va sortir en Angleterre le 25 juin : Are These My Basoomas I See Before Me?

Un film existe, adapté par le réalisateur de Bride & Prejudice ou Joue la comme Beckham, il est sorti en Angleterre (2007) mais jamais en France !!! :)) Pour se consoler, on peut acheter le dvd (en vost) ! ;o) georgia_movie

4 mai 2009

Firmin ~ Sam Savage

firminFirmin, ou l'Autobiographie d'un grignoteur de livres.
Firmin est un vrai RAT de bibliothèque. Il est le treizième rejeton d'une portée expulsée un printemps 1961 dans la chaleur d'un sous-sol d'une librairie de Scollay Square, à Boston. Firmin n'est pas un rat comme les autres, il est mou, paresseux, c'est un papivore qui découvre par la même occasion le goût des livres, oui véridique ! C'est un dévoreur de livres, un vrai amoureux des belles pages, des auteurs, et le refuge de Norman Shine, notre bouquiniste, est une aubaine pour lui. Alors que les siens s'en vont mener leur petite vie, au gré de leur indépendance et des aléas de l'existence, Firmin reste seul mais il n'en est pas mécontent.
Le soir, il aime se faufiler jusqu'au cinéma de quartier, le Rialto, où à minuit passé le projectionniste lance quelques films légers qui ravissent les yeux de notre narrateur, Firmin et ses petites Mignonnes... tout un programme !
Mais notre animal à quatre pattes n'est pas un ravi de la crèche pour autant, le temps file, la faim le talonne, la solitude aussi, à force d'avoir parcouru tous les rayons de la librairie, les ouvrages n'ont plus de secret pour lui, et sa relation avec Norman connaît un clash inattendu, très vexant, et qui brise le petit coeur sensible de Firmin.
Avec les années, il n'a pas perdu de sa verdeur ni de son insatiable curiosité, pourtant il est plus amer. Il se décrit comme dépressif, clown grotesque et pervers. Il rêve d'une harmonie sans ombre avec l'humanité, hélas utopique, si ce n'est sa belle rencontre avec Jerry Magoon, un obscur écrivain de SF.
Et dans le quartier, ça bouge. La mairie a lancé un vaste programme de réhabilitation, les boutiques ferment les unes après les autres, c'est la fin d'une belle époque.
Entre cynisme et romantisme, notre rat Firmin nous raconte cette vie baignée par les livres, le plaisir des mots, l'émerveillement des images, la vie rêvée et les fantasmes sans limite. Entendez le double sens littéraire de cette histoire, si lire est ton plaisir et ton destin, ce livre a été écrit pour toi, nous dit d'ailleurs Alessandro Baricco en quatrième de couverture. Firmin, ou celui qui se rêvait Fred Astaire, a un talent hors pair pour raconter ses déboires de rat de bibliothèque, de rat savant et de rat désespéré sans jamais tomber dans le mélo sirupeux. C'est très proche d'un Woody Allen en grande forme, ça frise la dépression et l'amertume, mais ça reste drôle et piquant sans ciller.
J'ai dévoré ce livre en une soirée, je me suis régalée... et pourtant, oui c'est un rat. Je n'aime pas ça non plus, cela ne changera pas ma vision des choses mais on a tous le droit de raconter ses petites misères ! Pour de rire, surtout.

Actes Sud, 2009 - 200 pages - 18€
traduit de l'anglais (USA) par Céline Leroy

Illustrations de Fernando Krahnfirmin_illus

3 mai 2009

Un été à la mer ~ Giuseppe Culicchia

« leisure-time ? qu'est-ce que ça veut dire ? »

unetealamer

C'est l'histoire d'un couple en voyage de noces en Sicile, à Marsala. Luca, quarante ans, y a passé toute son enfance et son adolescence, il y retourne pour la première fois, sur l'insistance de sa jeune épouse, Benedetta, trente ans. C'est l'été, au bord de la mer, il fait très chaud. Et de quoi parle notre couple ? De tout : l'amour dure-t-il toujours, la canicule jamais vue depuis cent cinquante ans, la coupe du monde de foot en Allemagne, l'envie d'avoir un bébé à tout prix, les cheveux qui tombent sur la nuque, les pâtes aux oursins, la lumière verte et la lumière rouge du test tous les matins.

C'est loin d'être un roman de plage, où l'on papote bouche en coeur de l'avenir du couple et de l'amour qu'on rêve éternel. Promis, juré, ce n'est pas ça du tout ! C'est cynique, absurde, amer et nostalgique. Luca retrouve son premier amour, Katja. Elle a une fille de dix-sept ans, qui se promène les seins nus sur la plage. Benedetta pique sa petite crise de jalousie, Luca préfère se cacher derrière son journal ou sa paire de lunettes noires, il se plonge dans sa revue de presse quotidienne, il répond aux coups de fil de sa mère, il refuse de parler du passé. C'est beaucoup pour un seul homme !

Benedetta, de son côté, est obsédée par son envie de tomber enceinte, elle est superficielle, immature et matérialiste. Son bébé, elle le fait presque pour copier sa copine Tarita, qu'elle déteste ! Luca est un paranoïco-hypocondriaque (un mal de tête se transforme en tumeur au cerveau !), il n'a pas l'air dans son assiette, ce retour aux sources lui plombe le moral, et il croise les doigts pour que l'Italie ne gagne pas la Coupe ! Voilà le tableau.

Ce roman, je voulais l'aimer, je voulais même l'aimer très fort, et finalement j'ai d'abord été déçue. Au lieu d'abandonner trop vite, j'ai attendu une semaine avant de m'y replonger. Bien m'en a pris car la deuxième tentative fut la bonne. J'ai réappris à l'apprécier et à sourire aux propos absurdes que s'échange le couple, au bord de la névrose, reconnaissons-le. Car sous la douceur de vivre italienne, le soleil et la mer en décor, il y a un volcan qui s'éveille, des crispations en gestation, des silences, des rancoeurs, des actes manqués, des obsessions, et de la bêtise (beaucoup de bêtise). Ce troisième roman de Giuseppe Culicchia est l'anti-roman de plage par excellence !
A découvrir avec des yeux hallucinés.

Albin Michel, 2009 - 222 pages - 15€
traduit de l'italien par Françoise Brun

2 mai 2009

Midnighters - 1. L'heure secrète ~ Scott Westerfeld

Jessica Day fait sa rentrée au lycée de Bixby en Oklahoma, elle a quinze ans, c'est la petite nouvelle et tous les regards sont braqués sur elle. Elle ne le sait pas encore, mais Rex a cerné qu'elle portait l'Empreinte. Il charge deux de ses camarades de la tester discrètement, afin de déterminer si elle est une des leurs. Les résultats ne sont pas concluants, et pourtant Jessica a quelque chose. Elle fait des rêves étranges, à minuit le monde s'arrête mais elle seule peut continuer d'évoluer dans cette dimension, et enfin des créatures de l'ombre lui sautent dessus, pas besoin de lui faire un dessin pour comprendre leurs intentions !
Jessica fait alors connaissance de la singularité de Rex, Dess et Mélissa. Entre eux, ils se nomment les Midnighters car ils ont en commun d'être nés à minuit, de vivre la vingt-cinquième heure et d'avoir des dons exceptionnels. Jessica comprend qu'elle possède aussi ce truc en plus, reste à savoir lequel.

midnighters

 

Un cinquième 'élément' fait son apparition, le genre rebelle au grand coeur. Ce qui lui importe le plus, s'amuser et ne pas prendre au sérieux la théorie de l'heure secrète. Il ne se mêle pas à la bande de Rex, quelques anicroches dans le passé ont fragilisé leurs rapports, mais on n'en sait pas plus. De son côté, Jessica a le béguin.
Mais cette histoire sentimentale, franchement, on aurait pu s'en passer. Elle n'est pas extraordinaire, plutôt plate et ennuyeuse, pas très mature. Et c'est quasiment un jugement d'ensemble que j'ai failli avoir, tant le début m'est apparu lent et pénible à décoller, sans style véritable, l'héroïne n'est pas sensationnelle, et les autres personnages aussi n'ont pas réussi à faire chavirer mon coeur. C'est bien parce que j'avais déjà lu le trop-plein d'enthousiasme soulevé par cette série que j'ai persévéré, maintenant je me demande si cela n'a pas créé une attente trop forte ! C'est toujours le piège...

Bref, passons. La deuxième partie du roman a su m'offrir un regain d'intérêt et je n'ai plus décroché avant la fin. On connaît le don de Jessica, cela ne signifie pas pour autant que l'histoire est fermée. Des petites allusions ont pointé leur nez, tous nos protagonistes ne seraient pas uniformes, ils ont l'étoffe des superhéros et en même temps ils doivent paraître des adolescents ordinaires, vêtus de noir de pied en cape, obligés de se fondre dans la masse grouillante des lycéens bêtas de Bixby. Cette ville, d'ailleurs, n'a rien en commun avec les autres localités de l'état d'Oklahoma, ce sont les gamins qui le disent, tout y est très bizarre ou trop nul, mais la banalité n'a pas lieu de cité. (On le comprend, vous connaissez beaucoup de repères de Darklings autour de chez vous ?!)

Je me raccroche aux branches comme je peux : je n'aime pas particulièrement les personnages, l'histoire est loin d'être renversante, mais elle est sympathique et riche en rebondissements, alors je tends mon espoir vers cette ambiance énigmatique du monde bleu, sorte de dimension parallèle où se côtoient Darklings et Midnighters (my god, mais dans quel monde sommes-nous !?!), et les tensions existant au sein des Midnighters, qui vont nourrir quelques clashes (non ?). Ce n'est pas possible que tout reste linéaire... je veux des larmes, de la trahison, des mensonges, des coups d'éclat (et du sang ? ne rêvons pas !). Le tome 2 s'annonce déjà (sortie le 7 mai, yes !).

Pocket jeunesse, 2009 - 335 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Guillaume Fournier

d'autres avis : emmyne, aurélie, maijo  (j'en oublie, je pense, oups)

Et je réponds d'avance : non, je n'ai pas encore lu la série Uglies.

 

1 mai 2009

mangamaniac #1

coeur_de_pirate

Tu es plus facile à faire qu'à comprendre et tomber, je n'ai pas pu te prendre
Partir trop loin de toi, j'ai voulu te manquer à tes yeux fins d'exister

Et au sud de mes peines, j'évolue loin de toi
pour couvrir mon cœur d'une cire un peu noire
Que tous les regards lancés à mon égard,
j'ai tenté de voler loin de toi
J'ai tenté de voler loin de toi

Tu es plus facile à suivre, dans la ville qui devient notre plus grande fuite
Et moi, étendue dans ce lit, je contemple ce que je t'ai donné de ma vie

Et au sud de mes peines j'évolue loin de toi
pour couvrir mon cœur d'une cire un peu noire
Que tous les regards lancés à mon égard,
j'ai tenté de voler loin de toi

paroles : coeur de pirate

 

 

 

 

*****

Switch Girl !  (Natsumi Aida)

switch_girlC'est exagéré, totalement grotesque, mais qu'est-ce que j'aime ça ! Ne pas se prendre au sérieux. Être soi-même. Se moquer du regard des autres. Nika est la fille la plus populaire de l'école, superbe, très belle, tirée à quatre épingles, son charisme est dévastateur. Par contre, Nika a un secret, qu'elle partage avec sa meilleure amie : en mode off, notre demoiselle se lâche, à bas la bienséance, l'attitude prout-prout, elle est complètement nature. Méconnaissable, avec ses vilaines lunettes, son survêtement lâche et sa culotte qui bouloche, une tue-l'amour finie !! Et pourtant, un garçon vient de découvrir le pot-aux-roses : Arata, le nouvel élève. Mais lui aussi cultive une double facette : au lycée il porte des binocles à double fond, alors qu'il a un charme fou sans sa panoplie d'enlaidissement. Pourquoi ce cinéma ? Arata est un garçon bizarre, très mystérieux, parfois il est gentil, mais souvent il envoie balader Nika. Schéma classique, mais qui fonctionne à merveille : l'histoire est drôle, surtout burlesque, mais la relation entre les deux promet de belles, belles scènes !!!

Delcourt, avril 2009 - 6,25€
Série en cours, le tome 2 sort en juin. :)

 

 

Lovey Dovey, tome 4 (Aya Oda)

lovey_doveyAvant-dernier épisode de cette série pas transcendante, mais fort sympathique, dans le genre comédie olé-olé rigolote. Cette fois-ci l'histoire insiste sur les tentatives de séparation du couple par leurs ennemis. Toutefois je regrette que tout trouve aussitôt sa solution, le suspense est creux, mais au moins on comprend pourquoi l'amour est interdit dans cette école ! On sent que la série se termine, tant ça piétine, par contre les déclarations entre les deux amants sont toujours aussi enflammées, ça fait plaisir à voir. Et la fin est craquante !
L'éditeur ne le précise pas, mais certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes / prudes
.

Soleil Manga, mars 2009 - 6,95€
Sortie du tome 5 début juin !!! yessss ! :)

Five, tome 1 (Shiori Furukawa)

fiveNouvelle élève, Hina intègre la classe A+ réservée aux cracks et dans laquelle on ne trouve que des garçons, et le fameux club des Five, soit cinq types canons et populaires, les coqueluches du lycée. En tête, Toshi la prend sous son aile et rompt avec son habitude de coureur de jupons. Devenue leur princesse, Hina découvre aussi l'amitié, elle qui a passé toute son enfance ballottée de ville en ville par ses parents.
A première vue, les dessins ne me plaisaient pas du tout, les personnages ont parfois de drôles de tête, mais on s'y habitue. L'histoire est vraiment bien, pas très originale, à prendre comme une bonne comédie sentimentale, et j'aime beaucoup ! Toshi et Hina entretiennent une jolie relation, pour l'instant encore chaste, mais ce jeu du chat et de la souris est aussi très mignon !

Kana, mars 2009 - 4,50€
série en cours, le tome 2 est déjà dispo.

Désir C Max, tome 5 (Ayane Ukyo)

desircmaxDe nouvelles révélations sur les liens familiaux entre Mio, Hinata et Shoei sont donc tombées. L'équilibre est chamboulé, et la jeune fille perd un peu la tête. Shoei se sent blessé mais n'en dit rien, il préfère agir avec force en manipulant l'élue de son coeur. Mio a le coeur pris en étau, Hinata a choisi de passer à l'attaque lui aussi, point d'inceste dans tout ceci, le garçon n'est pas plus son frère que Shoei. L'argent aidant, Shoei et Hinata se livrent un jeu cruel, qui brouille les sentiments de Mio.
La série a relevé la barre, tant mieux, le sujet était devenu glissant et salement pervers, je n'aimais pas trop. Le caractère de Shoei est toujours dérangeant, trop autoritaire et exigeant, c'est parfois écoeurant, par contre c'est à égalité avec ce qu'inspire Hinata, ce personnage, mal défini depuis le début de la série, devient un trublion dans l'intrigue sentimentale, prêt à tout pour séparer les amants.
Attention, l'éditeur le précise en tout petit mais ce manga comporte quelques scènes explicites. A ne pas mettre entre toutes les mains, j'insiste !

Panini Manga, février 2009 - 6,80€
Série terminée en 7 volumes : le tome 6 est déjà disponible, le 7 sort en juin ! :))
 

My first love, tome 1 (Kotomi Aoki)

myfirstloveA huit ans, Mayu et Takuma se déclarent leur amour et promettent de se marier quand ils seront plus grands. A douze ans, ils sont toujours inséparables mais le destin met son grain de sel. Très malade et soigné par le père de Mayu, Takuma apprend, lors de son voyage scolaire, qu'il est condamné à vivre jusqu'à vingt ans. Est-ce pour cette raison que le couple va se séparer au lycée ?
Ce premier tome est long à mettre en place l'histoire, on s'attarde sur l'enfance et l'adolescence des personnages, on comprend la grave maladie du garçon et la dévotion de la jeune fille. C'est un amour très pur et beau qui les lie, précoce aussi, je le conçois, je suis toujours impressionnée par ces histoires d'amour qui grandissent au fil des années, sans faillir, mais c'est de la fiction, ne blablatons pas plus ! Pour l'instant, on ne comprend pas encore pourquoi à l'âge de dix-huit ans tous deux auront rompu. Et c'est simplement dans le tome 2 que l'action décolle !
Mais ce n'est pas grave, ce début est prometteur et me convient tout à fait pour cerner la personnalité du couple. J'avais trouvé la couverture peu engageante, mais les dessins à l'intérieur sont plus jolis (en souhaitant que cela ne change pas pour la suite !).

Soleil Manga, mars 2009 - 6,95€
Série terminée en 12 volumes. Le tome 2 est déjà dispo, le 3 sort en juin.

NB : Utilisez les tags pour davantage d'infos ! ;o)

coeur_de_pirate_2

Publicité
Publicité
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité