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Chez Clarabel

26 mars 2009

L'office des vivants ~ Claudie Gallay

office_des_vivantsIl règne dans cette maison en haut de la montagne une atmosphère de vide - vide affectif, vide matériel, vide intellectuel. Le Père est bourru, il travaille quand ça lui chante, s'occupe des bêtes et de la terre, mais ne ramène pas souvent le pain pour nourrir les bouches. La Mère le maudit de l'avoir engrossée une troisième fois, elle se porte mal et doit rester alitée.
Marc et Simone sont deux gosses que rien ne bouleverse, ils roulent leur bosse, jouent dans la cour, ne se lavent pas souvent, ont des poux dans les cheveux, parfois ils se rendent à l'école, quand le temps le permet, la route est longue et le climat sec et glacial.
Pas loin, il y a aussi le grand-père qui passe son temps à sucer ses pastilles et la grand-mère Coche qui est avare comme un rat. Pas facile de lui soutirer une tranche de pain nappée de confiture !
Tout se mérite dans cette vie étriquée.
Un jour, un bébé est déposé sur le pas de la porte. C'est la petite de Mado, qui était fille de ferme et qui a fait perdre la tête au Père. Un matin elle est partie avec les économies de la famille, elle n'est plus jamais revenue. Elle a déposé un cadeau quelques mois après, et c'est comme ça que Manue a fait son entrée.
La gamine n'est pas du tout désirée dans ce foyer. Seul Marc s'est épris de l'enfant, il veille sur elle, coiffe sa chevelure de sauvageonne et s'est juré de la protéger pour l'emmener loin de cette misère quand ils seront grands.

A lire comme ça, on pourrait croire que ce roman est poisseux, écoeurant, limite insoutenable. Mais non ! Claudie Gallay sait soutenir notre regard, elle raconte son histoire sans ambages, son écriture âpre et dépourvue d'artifices donne lieu à un miracle. Elle évoque une misère affective, des personnages cabossés et laids, un environnement qui écarte la tendresse, et encore... l'amour tente de percer, de façon brutale, mal embouchée ou impuissante. Car ce roman reste gris, froid, implacable.
On dit de cette famille qu'elle a le mauvais oeil, et qu'elle récolte ce qu'elle sème. Et pourtant, en tant que lecteur, on se sent incapable de ressentir le moindre accablement, la plus petite compassion ou l'idée de jugement. On n'est pas épargné pour autant, ça cogne, ça fait mal mais c'est si bien écrit qu'on ne décroche pas.
Il s'agit du tout premier roman de Claudie Gallay, publié aux éditions du Rouergue en 2001. Il était indisponible depuis longtemps, cela me trottait de le lire, surtout que Laure m'avait donné envie ... la patience est enfin récompensée : sortie en poche, chez Babel. A ne pas louper !
Et j'aime beaucoup la couverture ! En vrai, elle est encore plus bouleversante.

Babel, 2009 - 224 pages - 7,50€

l'avis de Pagesàpages

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25 mars 2009

Effleurés ~ Isabelle Bauthian & Sylvain Limousi

effleuresÊtre un garçon qui aime l'ordre, le classement, la définition, la logique. La sécurité, selon Christophe. Pas la transparence, ni l'ennui. Jusqu'au jour où il va faire la connaissance de Fleur. Elle est insouciante, légère, hippie, bouffonne, libre, rigolote. 
Peut-on parler d'avenir lorsqu'on n'est pas sur la même longueur d'ondes ? lorsqu'une relation d'un soir s'éternise dans la durée d'abord, dans la qualité ensuite ? Vous sentez que cette fille vous apporte beaucoup, mais qu'elle devrait aussi se fondre un peu à votre image.
Terrible dilemme du couple qui cherche à forger l'autre selon ses attentes... ou non, disons qu'on cherche à plaire pour les autres, pour le regard qu'on pose sur nous ? S'enticher d'une fille à problèmes, l'aimer à perdre la raison, ne pas l'admettre, oser pour elle ce qu'on n'imaginait pas, et tout perdre ?
C'est une histoire ordinaire, qui comprend mieux qu'elle n'évoque ce que l'amour, en général, pousse les hommes et les femmes à accomplir pour briller, ou pour exister. On s'effleure plus souvent, croyant se toucher. C'est dans l'air du temps.
En bref, une belle histoire pleine de sens. A lire.

Effleurés, par Isabelle Bauthian & Sylvain Limousi
Dargaud, 2008 - 72 pages - 12,50€

A rapprocher avec la lecture de Ruptures d'Andi Watson (ça et là, 2008)

Quelques clics :::  les premières pages à consulter sur le site de l'éditeur - le blog d'isabelle bauthian

24 mars 2009

Un temps fou - Laurence Tardieu

« J'écrirai mon amour pour vous, non pour le rêver, mais pour m'en envelopper. Pour le faire vivre. »

 

 

laurence_tardieu

« Je vais revoir l'homme qui m'a désarmée toute une nuit, celui que j'aurais suivi à l'aube jusqu'au bout du monde, jusqu'au bout du temps. Très simplement je me serais levée et je l'aurais suivi, le reste n'aurait plus existé, le reste se serait annulé, d'un coup, comme enseveli sous la neige. »

Il y a six ans, la narratrice - Maud - a passé toute une nuit auprès d'un homme avec qui il ne s'est rien passé, sauf un courant électrique, un frisson d'attirance, la certitude absolue d'avoir croisé l'autre moitié d'un tout. Mais au matin, chacun est parti de son côté et la vie a filé doux. C'est en recevant son coup de fil, six ans après, que Maud comprend son manque de lui, la longue absence, le poids du désir et la conviction intime d'avoir peut-être manqué quelque chose. Cet homme aux yeux gris est cinéaste, il propose un déjeuner car il a envie de travailler avec elle. Elle est romancière, depuis huit mois elle n'arrive plus à aligner le moindre mot, c'est la page blanche. Leurs retrouvailles permettent de débloquer la panne, de même tous deux constatent en silence que leur attirance est toujours aussi vivace. Maud est mariée et mère d'une petite fille, mais elle tend son corps vers lui, impatiente et gourmande, prête à tout.

Ce roman parle d'une femme, d'un homme, de leur désir et de la vie qui s'échappe.
C'est très difficile d'en dire plus, d'abord parce que c'est un livre qu'il faut lire pour comprendre, il se suffit ainsi, en dire quelques mots serait très maladroit. Et puis, c'est au fond une trame assez lente, pleine d'introspection, où on aborde la pudeur des sentiments, l'émotion d'avoir saisi l'imperceptible et où on se glisse dans la peau d'une femme forte de sa sensualité, à l'écoute de ses désirs et ses sensations.
C'est beau, c'est vrai, parfois un peu long, j'ai trouvé. L'écriture de Laurence Tardieu fait toujours des merveilles, elle touche instantanément, elle comprend ce qui s'entend, ou se vit. Elle trouve les mots justes, elle cerne avec brio ses personnages, lesquels peuvent parfois nous ressembler. C'est remarquable, et à chaque fois un plaisir de découvrir un nouveau roman de cet auteur !

« Qu'y a-t-il de plus intime que la lecture ? Ce chuchotement qui nous atteint au plus profond de nous, comme si, tout autour, une nuit accidentelle était tombée sur le monde et l'avait rendu silencieux. Soudain, il n'y a plus rien. Il n'y a plus que le texte, qui résonne en nous. »

Stock, 2009 - 236 pages - 17€   

23 mars 2009

Un soir, j'ai divorcé de mes parents ~ Rachel Hausfater

un_soirSuite au divorce de ses parents, qu'il a beaucoup de mal à digérer, le jeune narrateur prend la décision de divorcer de ses parents. C'est sa façon à lui de manifester son mécontentement, mais aussi d'exprimer son chagrin. Il passe en revue deux parents divorcés qui ne ressemblent plus à la famille d'avant. De dépit en consternation, le garçon comprend qu'il n'a plus sa place, qu'il doit la trouver ailleurs. Il choisit de se réfugier dans la chambre de bonne de ses grand-parents, un week-end sur deux. En secret.
Toutefois cette liberté a aussi un goût amer, c'est un coup pour son moral. Comment passer ces journées sans adultes ? 
Beaucoup de réflexion dans ce court roman qui traite du divorce et des enfants de divorcés, "Un soir, j'ai divorcé de mes parents" raconte le parcours d'un adolescent qui se cherche, qui choisit de s'éloigner pour mieux se trouver. Son histoire est celle d'un enfant qui doit quitter brutalement le nid douillet, qui doit accepter la décision de ses parents et apprendre à vivre avec. Un divorce, ça fait grandir un peu trop vite, ça détruit, c'est une fin et ça tue aussi.
Mais heureusement, après on reconstruit, on recommence, on renaît. On aime ailleurs, et on aime encore. Le message est positif, même si le procédé peut paraître un peu excessif et exubérant (vivre seul dans une chambre de bonne, mener son petit cirque dans le dos des adultes). Disons que souvent cela m'est apparu trop profond dans la bouche d'un adolescent, trop mûri dans la tête d'un môme en détresse. A la fin, par exemple, ses discours avec ses parents sonnent incroyablement consciencieux, tellement adultes, alors qu'il s'agit tout de même d'un lycéen. Je ne sais pas. Il y a comme un fossé entre le fictif et le réel, sur tout ce qui touche le narrateur, sa parole et ses pensées. Cela me semble moyennement crédible.
Au moins cette histoire a pour vertu de faire réfléchir, je ne sais pas si un adolescent s'y retrouvera forcément, et même si j'apprécie personnellement beaucoup le style de Rachel Hausfater, je trouve qu'ici le texte manque parfois d'un léger plus (j'aurais préféré qu'on passe plus de temps avec Madeleine, cette voisine âgée qui recueille le garçon les soirs de blues, lui sèche ses larmes, lui offre du thé et des gâteaux, ou même avec Alma, sa petite fée de liberté).
Quelques frustrations, donc... mais ce n'est pas méchant.
J'attends vos retours avec une certaine curiosité !

Thierry Magnier, 2009 (achevé d'imprimer dans une chambre de bonne) - 115 pages - 7,50€ 

22 mars 2009

Pour donner envie ?

« Quand on arrive, on dit ouf. On dit enfin. On se sent rescapé de la route. Survivant. Des dizaines de morts en un week-end, et des blessés, des estropiés de la vie... pas nous, pas moi.
Pas cette fois ; c'est toujours ça. Pourtant... l'autoroute, les accidents, les fous du volant... ce n'était pas l'occasion de se tuer qui manquait. On l'a échappé belle, en un sens. Et dire qu'il faudra repartir, refaire le chemin dans l'autre sens. Braver tous les dangers, l'autoroute, les accidents, les fous du volants ; survivre peut-être ; peut-être pas.
Alors autant en profiter, maintenant qu'il est temps. On se dit ça tous les ans : c'est les vacances, profitons-en.
D'abord appeler maman. Elle se fait du souci, vous savoir sur la route, mes enfants, je ne vis plus ; s'il vous arrivait quelque chose, ce serait terrible pour moi. Pour moi aussi, maman. Si je mourais, ce serait terrible. Irréversible, pour ainsi dire. Je ne m'en remettrais pas, moi non plus... On le pense dans sa tête, mais on ne le dit jamais à maman. On lui dit : Ne t'inquiète pas, je te passerai un coup de fil en arrivant.
Donc on le fait. Maman est rassurée qu'on soit vivant ; ça se comprend.
On pose les bagages. On prend possession de la location. On regarde partout. On apprivoise l'endroit. Ce sera chez moi pour un mois. Drôle d'idée.
D'un coup ça nous tombe dessus. On se rappelle pourquoi on a choisi d'aller si loin. La chaleur. Avoir chaud, on est là pour ça. L'hiver est si long par chez nous, si gris. On veut du chaud et du soleil. De la lumière. Et ne rien faire.
(...)
Voilà, on s'habitue. La chaleur, le soleil, la mer. Ne rien faire. Pour changer, parfois on va à la piscine ; mais ça ne change pas. On se baigne, on bronze ; on bronze, on se baigne ; ou inversement.
(...)
A force de chaleur, allongé, les yeux fermés, on oublie d'oublier. Alors on prend de grandes résolutions ; des résolutions pour la rentrée. Si on rentre.
Arrêter de fumer, arrêter de boire, arrêter de se coucher tard, arrêter de manger des cochonneries... on a toujours des choses à arrêter. Arrêter de penser à ce qu'il faut arrêter ; on y repensera au nouvel an. Si on est encore vivant.
En attendant, en profiter.
(...)
»

- les vacances

Extrait de Maison Buissonière d'Isabelle Minière (éditions delphine montalant)

Merci Laure pour le prêt !  (lisez son avis!)

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21 mars 2009

Il n'y a pas de petits lecteurs !

 

 

 

Ça va valser - Guillaume Guéraud

ca_va_valserLe grand-père Léonine est un phénomène : il a soixante-dix neuf ans, c'est un ancien révolutionnaire, il a connu le Mexique, l'Argentine, la Chine et il a braqué des banques pour aider la guerilla du Che. Aujourd'hui, rangé et veuf, il vit auprès de sa famille qu'il pousse à partager sa passion de la danse. En fait, grand-père Léonine est champion de valse. Chaque année, il se rend au concours national, avec son beau smoking et sa partenaire de danse, qu'il juge trop bourgeoise. Cette fois-ci, un problème se pose : le rendez-vous a lieu à Vesoul, ce n'est pas la porte à côté et sa famille chipote. Trop long voyage, un peu barbant, etc. Le grand-père râle, menace, insiste. Ses proches cèdent et le voyage se prépare. Mais le trajet tourne vite en cauchemar, car grand-père Léonine a une attaque. La fin du rêve ? On se retrouve dans un service de soins intensifs, les nerfs à vif et on partage les sentiments de la famille. C'est qu'on a fini par l'aimer, Léonine ! Il est bourru, il a du caractère et il est vif, mais à soixante-dix-neuf ans c'est trop jeune pour partir. Ce ne serait pas juste, du moins. En quelques 40 pages, Guillaume Guéraud est parvenu à nous dessiner un portrait attachant d'un bonhomme extraordinaire, ancien révolutionnaire, gangster, pilleur de banque,  grand-père Léonine a vécu mille vies dont il régale son petit-fils (et le lecteur par la même occasion !). C'est un petit texte drôle et enlevé comme un pas de danse, nous avons également trouvé que les mots compliqués étaient bien expliqués (goulag, nazi, le Che...). D'ailleurs les figures révolutionnaires ne manquent pas ! 
Très accessible pour les 6-9 ans.

Thierry Magnier, coll. Petite poche, 2009 - 48 pages - 5€

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Le baiser à moustaches, de Jean-Michel Payet
illustrations de Nicolas Ryser

baiser_a_moustachesLe baiser à moustaches est un petit texte audacieux et original, car le narrateur - qui se dévoile à la fin du premier chapitre - n'est pas commun. Gregor fréquente le même collège que Coraline dont il est éperdument amoureux. Mais il n'ose pas se déclarer. Son meilleur ami Apo va lui donner des conseils pour obtenir un baiser, qui pourrait rompre le charme.
En fait, Gregor est un rat. Il pense que sa famille et lui étaient des humains auparavant et qu'ils ont été transformés par un sort, il ne s'en rappelle plus très bien. Autour de lui on pense qu'il est un peu fou car ses propos sonnent plus comme des divagations. Mais Apo le soutient, il a cru comprendre qu'un baiser pouvait transformer l'animal en être humain, pourquoi ne pas tenter sa chance ? Apo et Gregor se rendent donc chez Coraline, l'aventure est périlleuse, notre narrateur est pataud et timoré. Chez sa dulcinée, le plan d'Apo tombe à l'eau lorsque les deux amis découvrent le gros matou de la jeune fille ! 
L'amour donne vraiment des ailes, car Gregor va accomplir des miracles, comme prendre sur lui et se rendre dans le Grand Cloaque où se nichent les horribles rats noirs. Il espère retrouver la précieuse bague en améthyste qui appartenait à la grand-mère de Coraline et qui est tombée dans les égouts. Peut-être sera-t-il récompensé pour ses efforts et sa témérité !
La fin est mignonne, car elle est inattendue. L'histoire aussi ne manque pas de rebondissements, et les ratons ont un capital sympathie qui les rendent presque craquants ! (Le baiser, à la fin... brrr !)
Un texte assez dense, abordable pour les lecteurs confirmés dès 7-8 ans.

Une première version de cet ouvrage a paru en 2007 dans le magazine DLire.

Milan poche, cadet +, coll. tranche de vie, 2009 - 62 pages - 5,90€

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Pas de vacances pour Kiki ! - Bruno Heitz

kiki_2Le lecteur retrouve la famille de Kiki le hamster. Cette fois-ci, sa jeune maîtresse et ses abominables parents cherchent à partir en vacances pour pas cher. Une idée germe dans les pauvres cerveaux de ces géniteurs bêtes et méchants : profiter de l'hospitalité du correspondant de leur fille.
De l'art de confondre Dol en Bretagne et Dole dans le Jura.
De l'impertinence avec un hamster qui ronge tout ce qu'il trouve, qui vit caché dans un tiroir et qui envoie des mails codés en pleine nuit.
Des illustrations simples, en noir et blanc, très épurées.
De l'humour, surtout, pour croquer des personnages râleurs et glandeurs, et une petite fille qui prend la poudre d'escampette pour se réconcilier avec son "corresse".
A glisser dans une poche, cette BD a un format microscopique, et c'est sympa comme petite histoire ! A lire sous plusieurs degrés, petits et grands vont apprécier.

Thierry Magnier, Petite Poche BD, 2009 - 5€

20 mars 2009

J'aimerais tant te retrouver ~ Fanny Brucker

fanny_brucker_2Claire, Rose et Nicolas ont en commun ce besoin de fuir, de s'enfermer dans leur coquille, de se protéger et de chercher. Quoi ? Le bonheur, l'amour, la sécurité. C'est ça, et plus encore.
Claire a quitté son compagnon car elle ne supportait plus cette vie qu'elle menait avec les enfants d'une autre et où elle ne trouvait plus sa place. Rose a perdu son mari et s'est réfugiée dans sa maison qui ressemble à un ranch, elle mène une existence tranquille, coupée du reste du monde. Nicolas vient d'apprendre qu'il n'est pas le père de l'enfant de sa partenaire, cela réveille sa blessure secrète : être un orphelin, né sous X. Il a choisi de placarder une petite annonce dans les journaux locaux de Rochefort pour retrouver sa mère. Quarante ans après.
En Charente Maritime, ces trois âmes en peine vont se croiser, se toucher, se comprendre et bouleverser tout lecteur qui va vouloir s'intéresser à leurs histoires. Forcément, l'attirance est totale, la séduction imparable. Il y a un charme indéniable derrière ces parcours, les personnages sont remplis de générosité. Ils sont bancals, ont besoin de raccomoder leurs cicatrices, portent un regard lucide et triste sur ce qui les entoure.
Mais c'est poignant, c'est très beau, raconté avec justesse, sans pathos. On sent comme une famille de bras cassés qui se serre les coudes parce qu'ils ont compris qu'ensemble c'est tout, et la beauté des paysages, la chaleur derrière les rapports humains, l'espoir de se tendre vers un inconnu meilleur rendent forcément ce roman tendre et attachant.
Inutile de préciser que j'ai beaucoup aimé. Voici typiquement le genre de lecture réconfortante, qui inspire mille pensées et qui provoque milles soupirs. J'en avais vraiment besoin, j'ai franchement savouré !
« Cet endroit était merveilleux comme un dessin d'enfant. Un dessin qu'elle avait fait, ou qu'elle avait vu, elle ne se souvenait plus. Séjourner ici revenait à s'installer dans un livre. Un album aux grosses pages en carton colorées, avec des animaux partout dont on retient les noms, des fleurs, un arrosoir, des pommes rouges et des papillons. »

JC Lattès, 2009 - 334 pages - 18€

l'avis de Cathulu

Premier roman de Fanny Brucker : Far-Ouest  (JC Lattès, 2008)

19 mars 2009

La ferme du crime ~ Andrea Maria Schenkel

ferme_du_crimeUne ferme située dans un village de Bavière devient le théâtre de crimes abominables commis sur les membres d'une même famille : le patriarche, sa femme, leur fille et ses deux jeunes enfants. Les Danner n'étaient pas aimés, ils vivaient reclus et avaient leurs petits secrets qui provoquaient jalousie et convoitise dans le voisinage, mais est-ce que ça peut expliquer une telle férocité ? Et puis, les enfants ? On murmure partout que ce ne peut être que le geste d'un maniaque, ou d'un monstre qui passait par là, mais ce n'est pas possible que ce soit l'un d'eux. Il règne alors dans le village une ambiance glaciale, où la suspicion et la peur ont trouvé leurs marques.

Quelques années se sont écoulées, l'affaire avait fait grand bruit dans les journaux, pour autant le coupable n'a jamais été mis derrière les barreaux. Mais impossible d'oublier pareille histoire. Dans la réalité, un fait divers semblable a secoué l'opinion publique dans les années 20, et l'auteur Andrea-Maria Schenkel s'en inspire pour raconter son histoire, mais en la plaçant dans les années 50.

Et c'est un livre qu'on avale en une lampée, il est construit comme celui de Truman Capote (De sang-froid), car ce sont les témoins qui racontent toute l'histoire, lentement, progressivement. Il y a un vrai suspense, on tourne chaque page avec avidité, les chapitres sont courts, chaque témoignage apporte sa petite pièce au puzzle, et on en voit de toutes les couleurs ! C'est un excellent roman, noir de chez noir, et qui tient en haleine. On VEUT savoir, on est pris dans l'engrenage, et on ne lève pas le nez avant d'avoir tourné la dernière page.

La Ferme du crime a été classé meilleur roman criminel du printemps 2006 par les libraires allemands. C'est tout à fait mérité !

Actes Sud, coll. Actes Noirs, 2008 - 157 pages - 15€
traduit de l'allemand par Stéphanie Lux

Disponible en édition poche, collection Babel noir, dès le 1er Avril 2009 !

18 mars 2009

En cage - Kalisha Buckhanon

en_cageJ'ai pour habitude de choisir mes livres au hasard, de ne pas connaître l'histoire et de ne pas lire la quatrième de couverture. Je laisse place au petit bonheur la chance, je ne juge pas forcément sur la couverture, car pour cette fois c'est un peu loupé, mais je m'en remets à la magie de la première phrase. Ici : « Baby, la première chose qu'il faut que je sache, c'est si tu crois que j'ai tué mon père. » Oh ? Je ne sais pas vous, mais moi cela m'a plu !  Et j'ai voulu en savoir plus.

Ecrit sous forme épistolaire, ce premier roman de Kalisha Buckhanon raconte une histoire d'amour entre deux adolescents de Harlem. L'histoire débute en janvier 1990, Antonio vient d'être incarcéré pour le meurtre de son père. Sa petite amie Natasha lui répond en lui jurant son attachement profond et indéfectible. Leurs premiers échanges se résument ainsi, de longues tirades enflammées, des promesses, de l'espoir et la confiance en la justice, car Antonio plaide des circonstances atténuantes (son père battait sa mère). De son côté, Natasha continue sa routine, dans un foyer où ce n'est pas rose tous les jours (son père est mort dans un incendie, et son beau-père n'est qu'un imbécile à l'esprit étriqué). En plus, elle est montrée du doigt, c'est la petite copine du mec en taule, à Harlem la tendresse n'a pas droit de cité.

Pourtant, ce n'est pas moche, pas pénible, pas gonflant à lire. Certes, l'argot roule des mécaniques, mais en toute logique, car nos deux amoureux n'ont jamais quitté New York, ils ont poussé à l'ombre des blocs de ciment et des tags sur les murs, dans un quartier-ghetto livré à lui-même. C'est pour eux la routine, cependant ce n'est pas une raison de baisser les bras. Avec cette tuile qui leur arrive, Antonio et Natasha prennent conscience qu'il faut se battre pour décrocher une étoile. Chacun de leur côté, ils vont foncer : Antonio reprend ses études et n'a plus honte d'afficher son amour des livres, Natasha s'est inscrite dans un programme spécial, qui lui offrira l'opportunité d'aller à Paris, puis de s'inscrire en fac.

Le temps passe, les émotions grandissent, les sentiments aussi. Antonio et Natasha deviennent des jeunes adultes, et sans le vouloir, ils n'ont plus les mêmes envies, les mêmes attentes. « Maintenant je sais que là, dehors, à distance d'avion, l'univers est immense et moi je veux le voir. » déclare Natasha, qui a besoin d'air. La correspondance va s'étendre sur dix ans, avec des hauts et des bas. Leur amour va-t-il résister à toutes les épreuves ? 

J'ai été heureuse de découvrir ce roman, surprenant d'authenticité. Il se lit d'une traite, il ne mâche pas ses mots, et la fin est belle, pas du tout mielleuse. Ce n'est pas un conte de fées, c'est même poignant parce que certaines vérités éclatent au bout de dix ans, et c'est là qu'on prend la mesure du sacrifice, de la vie qui joue des tours. Et puis le titre, "En Cage", peut avoir plusieurs significations. Enfin c'est bouleversant, ça vous prend aux tripes et cela va rester une lecture qui comptera beaucoup !

NB : les Editions du rouergue vous livrent les premières pages du livre, au format PDF   

Rouergue, coll. doAdo Monde, 2009 - 252 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Elodie Leplat

17 mars 2009

Chasseur d'orages - Elise Fontenaille

chasseur_doragesAprès quinze années passées aux côtés de son extraordinaire grand-père, John, photographe des phénomènes orageux, qui vient de mourir d'une crise cardiaque en pleine mission, Herb doit retourner vivre avec son père, un 'logger', qui habite le quartier le plus chic de Vancouver. L'adolescent se sent mal, inadapté, encombrant. Il n'a qu'un but : partir, et dans le même temps il en profitera pour répandre les cendres de son grand-père sur le site des Lightning Fields à Santa Fe. En chemin, il rencontre trois étudiants des Beaux-Arts, la brunette Mina, la voluptueuse Blondie et l'irrascible Moon.

Leur voyage réunit toutes les particularités d'un guide du routard de la côte ouest américaine, en plus d'être un roman à la gloire d'une Amérique métissée, écolo et décontractée. On y parle musique, on y parle art, on y parle nature, on y parle liberté et indépendance. En clin d'oeil à Kerouac, l'histoire se passe sur la route, à bord d'un van, on traverse des paysages splendides, comme le parc des Joshua Trees (et oui, ce n'est pas seulement le nom d'un album !).

Par cette perpétuelle soif de découvertes, d'informations et d'appréciations, le livre se déguste. Le seul souci, en ce qui me concerne, c'est la trop grande facilité dans certains détails - tout coule de source, tout devient une évidence, tout paraît inévitable, écrit quelque part, fait exprès pour la rencontre. Aucun effort vain, d'ailleurs aucun véritable effort, à mon sens. Cette dégoulinade de providence peut agacer, mais après tout c'est loin d'être de la pure complaisance aussi. Les coincidences sont ici pour nourrir une intrigue facile, qui séduira le lectorat adolescent, par ailleurs fortement conquis par l'ambiance rock'n roll du roman. Une histoire passionnante, sans aucun doute.

Rouergue, coll. doAdo, 2009 - 96 pages - 6,50€

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joshua_tree_cover

bah oui, les voilà ... et avec eux, dans le fond, le parc national des Joshua Trees !
en ce temps-là, U2 était pour moi LE  groupe, mais depuis l'écoute, très ennuyeuse, de leur dernier album, je suis déçue !!!!!!

 

 

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