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Chez Clarabel

21 septembre 2008

^Avant-première : roman coup de coeur ^

Il y a deux-trois ans, j'étais lectrice pour France Loisirs. Cela consistait à recevoir des manuscrits en v.o et de renvoyer des notes de lecture. Facile ! Dans l'ensemble, j'ai toujours eu une bonne pioche. Mais un jour, j'ai eu LA révélation de l'année et je suis très contente de vous apprendre que le roman est enfin proposé dans le catalogue de France Loisirs, en avant-première :

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Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates

(en vo : The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society)

Son histoire :

Janvier 1946. Tandis que Londres se relève péniblement des drames de la guerre, Juliet se demande quel va bien pouvoir être le sujet de son prochain roman. Lorsqu'elle reçoit une lettre d'un habitant de Guernesey, cette petite île anglo-normande oubliée, lui parlant d'un cercle littéraire et de tourtes aux pelures de pommes de terre, la curiosité de Juliet est piquée.
Au fil des lettres qu'elle échange avec les habitants - aussi fantasques qu'attachants - de Guernesey, Juliet découvre l'histoire d'une petite communauté sans pareille sous l'Occupation et le destin héroïque et bouleversant d'Elizabeth, une femme d'exception...

Rédigé sous la forme épistolaire, ce roman se lit d'une traite. C'est savoureux ! Au début, on pense vaguement à Helene Hanff et son 84, Charing Cross Road pour très vite l'oublier ! C'est encore mieux ici. On s'embarque rapidement dans une aventure insulaire, à Guernesey, au sein d'une communauté bougrement attachante. Ses habitants ont connu la guerre, en plus de leur isolement. Bien entendu ils se sont serrés les coudes, ont trouvé le moyen de se divertir en créant un cercle littéraire pour parler de leurs lectures. Mais en fait ses réunions servaient d'alibi pour des actes de résistance (han-han). Je n'en dis pas plus !

Vous allez adorer !

La page de présentation sur le site de France Loisirs (avec extrait)

Et pour celles & ceux qui me trouvent abominablement injuste (tout le monde n'est pas adhérent !), je ne peux que vous conseiller la lecture en anglais (ce site, play.com, propose le livre au prix de 11,49€  ICI ). Sinon le roman va paraître chez Nil en avril 2009.
Traduction de l'anglais par Aline Azoulai-Pacvon et c'est très bien rendu !

Avé, les lecteurs ! 

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20 septembre 2008

^ Les petits bobos de la vie ^

Certains d'entre vous se posent des questions sur la rubrique de Miss C. Que devient-elle ? La demoiselle, du haut de ses 8 ans, aurait-elle remisé ses lectures et autres conseils pour d'autres plaisirs terrestres ? Non. Non. La Miss lit toujours, ce n'est peut-être pas son occupation numéro 1 mais ça lui prend quelques trente minutes de son précieux temps, au moment du coucher, avant l'extinction des feux. Il faudra vous parler de ce qui la touche désormais, ce qui trouve de plus en plus grâce à ses yeux (le genre série kitsch, avec paillettes en couverture, le must !). Plus tard, ok.

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Pour le moment, nous allons vous présenter cette petite découverte, qui s'est offerte à nous. C'est une collection chez Grasset jeunesse, qui porte bien son nom : Les petits bobos de la vie.

Ce sont des petits livres, assez fins et joliment illustrés. Ils traitent de sujets qui touchent les bambins, cela part du divorce des parents à la maladie, l'exclusion due à une particularité physique ou l'absence du papa dans le quotidien de l'enfant... La collection compte 8 titres à ce jour, et voici les deux petits derniers.

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Ce sont deux sujets qui me touchaient. Et pour mieux en parler, je crois que nous allons verser dans la digression et ouvrir la porte de mon vrai chez-moi pour expliquer l'importance de ces livres. Dans le premier, T'es plus ma copine, on suit l'histoire de la petite Sarah qui s'est fâchée avec sa meilleure amie Catherine. Ce sont maux de ventre au matin, déconcentration à l'école, solitude et ennui qui se préparent pour la fillette. Elle cherche à renouer le dialogue avec Catherine, mais celle-ci la boude. C'est fini, t'es plus ma copine, patati patata.

Non ce n'est pas dramatique. Mais à 7 ans, par exemple, c'est la fin du monde ! J'en sais quelque chose. La Miss C. a une grande-excellente-meilleure amie de la Terre - Amélie. Elles sont inséparables depuis la maternelle. Elles ne se ressemblent pas, n'ont pas le même tempérament, et au début j'avais le sentiment que ma fille avait le plus besoin de cette amitié car Amélie abusait de réactions capricieuses (du genre, t'es plus ma copine) qui minaient le moral de la Miss. Je ne savais pas gérer la situation, elle non plus. Je voulais la dédramatiser mais mes ~ 30 ans et ses 5 ans ne faisaient pas bon ménage. Parce qu'elle ne comprenait pas pourquoi une fois sur deux son amitié avec Amélie était remise en question. (Oui, pourquoi ?) Cela lui tenait à coeur, tandis que moi je lui disais que ce n'était pas bien grave (et je me trompais).

Aujourd'hui le problème est résolu : Miss C. et Amélie sont toujours des meilleures amies, il y a moins de tension entre elles, ou alors la Miss sait mieux les appréhender. Elle a gagné en assurance aussi, voire même en ascendance sur sa copine. Mais la phrase-qui-tue (t'es plus ma copine) a été parmi nos préoccupations durant les années scolaires de Grande Section et CP... Je suggère donc ce petit livre, pour les mamans qui sont à leur tour confrontées au souci ! Parce que vous allez vite comprendre que nous ne sommes que des courges, aux yeux de nos rejetons, devant une situation si puérile à nos yeux, mais si cruciale / vitale aux leurs !!! ;o)

Le deuxième titre est plus grave, je rigole moins. Mon chien est mort raconte la perte de l'animal domestique. Le petit garçon est malheureux, la nuit il pense à son chien, il est triste et ses parents cherchent à le consoler. Ce n'est pas facile non plus. Les saisons passent et l'enfant parvient à faire son deuil, à passer devant la tombe de son chien sans avoir envie de pleurer. Cette histoire est racontée avec des dessins uniquement, comme si ça se passait de commentaire. Il suffit de regarder, de réfléchir et de tracer sa propre logique qui conduit à la bonne conclusion.

Je ne vais pas vous cacher que c'est un sujet qui me hante. J'ai déjà perdu un chien, la Miss avait 3 ans 1/2.  Ce n'est pas elle qui a été frappée de chagrin, mais moi. Elle est un peu passée à côté, aussi. Ce n'est pas sa faute, elle n'avait pas grandi avec et c'était trop tard pour tisser un semblant de relation entre les deux. Mais moi j'ai eu mal. Maintenant nous avons un autre petit chien, la sauvage Anette, parure fauve & noir, oreilles dressées comme des orbites à l'appel du yaourt. Cette fois-ci, il y a un vrai quelque chose entre l'animal et elle - une paire de sottes, en clair ! C'est marrant à voir. (Lisez Rita & Machin, par exemple, vous comprendrez !!!!) J'espère juste que ce livre sera utilisé le plus tard possible !

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A bientôt les lecteurs pour d'autres aventures en livres !  :) 

Dr Eric Englebert / Illustrations de Claude K. Dubois
Collection Lampe de poche 7 ans et +
Série "Les Petits Bobos de La Vie"

T'es Plus Ma Copine / Mon Chien est Mort

48 pages, Illustrations couleur, couv. brochée - 5,90€

19 septembre 2008

Twist - Delphine Bertholon

Une fillette de onze ans est enlevée sur le chemin de l'école. Pendant cinq ans, la petite Madison Etchart ne donnera aucun signe de vie. Elle s'est évaporée. Une Volvo noire a croisé son chemin, et zou. Plus rien. Les enquêteurs ignorent tout des circonstances, une cellule de crise est créée mais les maigres pistes aboutissent à des désillusions. A la longue, les parents de Madi se renferment mais ne veulent pas perdre espoir. Pour sauver sa peau, la mère écrit de longues lettres à l'absente, qu'elle ponctue d'un "N'oublie jamais que je t'aime", et se promet de les brûler le jour où sa fille rentrera.

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L'attente commence, terrible et épuisante. Frustrante, aussi. Les proches veulent se serrer les coudes, mais les nerfs sont à fleur de peau. On se heurte et se blesse pour une pécadille. On se reproche les manques, les loupés et tout le tintouim. On se raccroche aux quelques branches existantes. Stanislas, le petit voisin de dix ans son aîné, était le béguin de Madi et son prof de tennis. Ce samedi du kidnapping, il avait rendez-vous avec la jeune fille mais a annulé pour une histoire de coeur sans lendemain. Pour lui aussi, le temps va compter. Exilé à Paris pour ses études, il va rencontrer la fille au tee-shirt trop grand (Louison), aussi fascinante qu'agaçante. Il tombe éperdument amoureux d'elle, tandis qu'elle le mène par le bout du nez. Il pense mourir d'amour quand Madison refait la une des journaux.

Cette gamine intelligente et futée a croupi dans un terrier chez R., celui qu'on ne nomme pas. Il est son bourreau, son trait d'union pour la survie, il incarne la haine et l'affection, de manière ambiguë (cher syndrome de Stockholm!). On connaît son calvaire par les livres qu'elle griffonne avec rage et désespoir. Ce sont ses béquilles, qu'elle cache du regard de l'homme qui la séquestre.

L'écriture est ce qui sauve nos trois personnages, un instinct de survie pour compenser l'impuissance et éloigner la détresse. Ne jamais baisser les bras, à aucun moment. Madison a prouvé que lire et écrire avaient été ses deux planches de salut, même si l'incertitude et l'effroi ont aussi été ses compagnons d'infortune. Cette histoire, inspirée d'un fait divers, sait admirablement échapper au témoignage délirant et larmoyant du cauchemar qui frappe une famille par la disparition d'un enfant. On ne lâche aucune larme, c'est formidable !

J'avais personnellement peur de tomber dans une emphase déplacée, un climat malsain et éprouvant - en tant que jeune maman. J'ai eu l'agréable surprise de lire une histoire passionnante, écrite avec justesse et élégance. Le récit de la petite Madison, notamment, se révèle étonnant, charmant, plein d'humour et d'ironie. On côtoie ses heures de captivité, pas toujours drôles non plus, mais on échappe à toute névrose, toute affliction. C'est une lecture que je conseille, pour sa vitalité et son message d'espoir. Cela parle d'attente et d'amour, à un sens très large !

 

Twist

JC Lattès, août 2008 - 428 pages - 18€

L'avis de Solenn, enthousiaste aussi


Michel Field / Delphine Bertholon : Twist
envoyé par hachette-livre

18 septembre 2008

New Wave - Ariel Kenig & Gaël Morel

 

 

Ce livre est né d'un projet cinématographique : New Wave, téléfilm écrit et réalisé par Gaël Morel pour Arte. L'idée était simple : partir du scénario pour en faire un roman, une forme d'adaptation à l'envers. Et c'est Ariel Kenig qui fut approché pour participer à ce projet et rendre "une copie" singulière, personnelle et aussi indépendante du film. - A lire en préface, pour s'en convaincre.

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L'histoire est celle d'une adolescence en province, dans les années 80. Eric entre en 3ème au collège, il n'est plus dans la classe de son ami Thomas mais fait la rencontre de Romain, un garçon hors du commun. Indépendant, sûr de lui, il affiche un look punk, c'est également un passionné de musique, il compose et chante dans son coin, bref cette amitié nouvelle pourrait donner des ailes à Eric. Lui-même a une histoire familiale assez lourde, il n'est pas heureux chez lui, et seul son frère aîné trouve grâce à ses yeux. C'est ce qui le lie à Romain, cette vénération pour le grand frère, qui est, dans les deux cas, engagé dans l'armée.

L'ambiance du roman est assez morose, proche du spleen. Cette histoire aboutira d'ailleurs à une tragédie, laquelle se révélera retentissante à la toute dernière ligne du roman. En refermant ce livre, on reste coi. Aussitôt on reprend les bonnes feuilles en mettant le doigt sur les détails qui nous avaient échappés. Et là, plus de doute possible.

On ne traite plus en surface d'une énième chronique d'amitié entre adolescents désespérés mais on aborde un vrai récit dramatique, avec son lot de cache-misère et ses malheurs en sourdine. C'est absolument flippant, et notamment spectaculaire dans les portraits des familles. Anna, la mère de Romain, est grandiose. Elle aime d'amour fou son rejeton, elle est entière, envahissante, curieuse et menaçante...

"Les mains dans l'évier, elle reconnut l'énormité du temps qu'elle consacrait, aveugle, à ce que d'autres mères appelaient effort, mais qui ne représentait à ses yeux qu'un moyen de prouver la totalité de son amour, de résister à l'ennui ainsi qu'à la déchéance qu'implique dans de nombreux cas l'inactivité, ou encore de prolonger cette jeunesse qui ne lui appartenait plus, cet heureux sentiment d'une maternité pleine que l'ambition de Romain, forcément, blesserait un jour." 

 

New Wave reste un projet écrit à quatre mains, un peu trop cerclé sans doute. A l'instant où le lecteur décolle, le soufflé retombe aussitôt car la dernière page se tourne. C'est juste un peu dommage, il aurait fallu étirer ce climat éthéré avant de nous lâcher brutalement dans le vide. Cela participe au choc et à la fascination mais ça provoque implicitement une légère frustration, ce sentiment agaçant qu'il manque un petit quelque chose...

A noter : une play-list est disponible en fin de roman si vous souhaitez rembobiner la musique du film (que de la new wave, bien sûr !) ...

Achetez New Wave !

Flammarion, août 2008 - 190 pages - 16€

Diffusion du téléfilm le 19 septembre sur Arte :

http://www.leblogtvnews.com/article-22100152.html

17 septembre 2008

Le passager de l'orage - Claire Gratias

Le roman commence par cette simple phrase : "Jonathan L. venait tout juste de décider de larguer sa petite amie le jour où il rencontra Katherin Bets pour la première fois." Je ne sais pas vous, mais moi j'ai trouvé que ça s'annonçait plutôt bien. Tout de suite, on pressent le climat décisif et mystérieux qui s'installe autour du personnage de l'écrivain. Jonathan a dix-sept ans, il vit avec ses parents à Cotteville. L'été approche et l'adolescent trouve un petit boulot : devenir le secrétaire particulier de Mme Bets. Cette dernière vient de louer Cotte House, une maison réputée maudite, avec son aspect très 19ème siècle et ses légendes de fantômes et autres esprits frappeurs. Un vrai décor de cinéma, avec frissons garantis !

La relation entre Katherin et Jonathan est aussitôt placée sous le signe de l'intelligence et de l'échange. Le garçon vit sous son toit, il partage sa "petite cuisine" d'écrivain et profite de son temps libre pour bouquiner. C'est dans Moonfleet qu'il tombe en apnée, fort d'être estourbi par cette lecture qui le prend au dépourvu. Jonathan est en transe. Souvent il se trouve plonger dans des rêves hallucinatoires et se réveille en nage. Est-il devenu une cible de choix pour la légende de Cotte House ? Katherin également est en proie aux démons des nuits blanches et de la panne d'inspiration. Que se passe-t-il dans cette maison ?

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La deuxième partie du roman est franchement excellente ! Le début est plutôt lent, plus accentué sur l'adolescent et ses problèmes sentimentaux et familiaux. On trépigne un peu d'entrer dans le vif du sujet, voilà pourquoi on soupire d'aise d'arriver à Cotte House. Le pressentiment est bon, aussitôt l'atmosphère change. J'ai aussi eu l'impression que l'auteur - Claire Gratias - s'était franchement amusée à écrire cette histoire. J'en tiens pour preuve le facétieux épilogue, qui remet tout à plat ! Impossible de ne pas se creuser les méninges après avoir tourné la dernière page. Le lecteur reste pantois. Fichtre alors !

Ce roman noir, destiné aux adolescents dès 13 ans, pourra interpeller tous les amateurs de suspense. Sa principale force repose essentiellement dans l'aura délicieusement inquiétante de Cotte House ! A découvrir.

Le passager de l'orage

Syros, coll. Rat Noir - 272 pages - 12€

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16 septembre 2008

Remember me - Claire Delannoy

C'est l'histoire d'une femme qui ne sait plus qui elle est, ni ce qu'elle cherche. Elle est de retour à Paris, avec en poche des adresses et quelques noms. Un soir, elle rencontre en boîte de nuit - au Remember - Vincent, un photographe qui craque pour elle. Une autre fois, elle se lie d'amitié avec Myriam au cours de la promenade de son chien. Elle croise des silhouettes qui ne lui disent rien, mais elle n'a qu'un instinct : fuir, toujours.

Elle s'envole au Québec et s'installe dans un chalet, près d'un lac. Elle y vit aux côtés d'Henry, autre ami commun de sa copine Carla, qui s'est évaporée. L'homme est prévenant, attentif et lui éclaircit ses souvenirs brumeux. Elle le suit pour un voyage à San Francisco, est submergée par les vagues du passé qui reviennent dans un va-et-vient étourdissant. Elle s'appelle Ana, elle a parcouru le monde, elle a aimé un homme - Marco - et sa vie a été en danger, d'où son traumatisme. Aujourd'hui c'est Vincent qui la recherche en publiant une annonce géante en première page du New York Times.

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Du charme, du mystère, de la séduction, des pointillés, des ombres, des grands discours, un cri d'amour, une âme perdue et désespérée... que dire encore ? Au début, le roman fait passablement maniéré et diffus. En choisissant de ne pas lire la quatrième de couverture, on ne devine pas tout de suite quel est le problème de l'héroïne. Ana paraît fragile, elle relève juste de maladie mais on n'en sait pas plus. C'est progressivement que la petite musique se met en marche et cela fonctionne plutôt bien.

Par chapitres courts, d'une plume évanescente et lumineuse, l'histoire s'écrit en s'envolant. Les pages défilent à vitesse folle, on n'a qu'une envie : connaître le secret d'Ana, découvrir son passé, comprendre les raisons de son amnésie. Le résultat est curieux, presque inexplicable. C'est subtil, et j'ai beaucoup aimé. 

Editions Léo Scheer, septembre 2008 - 173 pages - 16€

 

15 septembre 2008

Les graffitis de Chambord - Olivia Elkaim

Hector est le petit-fils d'Isaac Rosenwicz, libraire parisien, installé dans un appartement des Feuillantines avec sa femme Miriam et leurs deux fils, Aron et Simon. Avec l'entrée en guerre, Isaac choisit de quitter sa famille pour suivre sa maîtresse, Dora, chargée d'une cargaison de tableaux d'art qu'elle va cacher à Chambord. Un réseau se crée, avec d'autres juifs résistants.

Nous sommes en 2006 et Hector vient de recevoir une enveloppe d'un vieux conservateur juif qui prétend avoir connu son père, Simon. Ce dernier avait publié neuf romans tous les six ans avant de cesser d'écrire après la mort de sa femme, Sarah. Pour Hector, son père est resté un mystère, une ombre fuyante. Il partait souvent, sans raison apparente. Le garçon restait seul avec sa mère, qui n'était pas très bavarde non plus. C'était une famille réservée et crispée par les ravages causés par le passé. Les Rosenwicz ont connu la guerre, l'amour, la perte et en ont gardé les cicatrices.

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Par cette histoire, pleine de charme et de secret, Olivia Elkaim nous livre un roman-chorale sur trois générations et parle ainsi de la mémoire et de l'oubli avec pudeur et émotion, mais sans commisération ni pathos. Il y a un judicieux assortiment entre les drames personnels et la réalité historique (Chambord et ses graffitis nous rappellent que les murs parlent). C'est important car on découvre l'histoire avec ce savant dosage d'énigmes à découdre, dans une ambiance empreinte de bouleversement et un décor baroque. On ne résiste pas à tourner les pages pour soulever les dessous de ce drame familial, connaître un peu qui sont les protagonistes, leurs rôles et les incidences.

Voici un extrait qui me touche et qui donne une idée d'ensemble de cette lecture :

"Le groupe Chambord s'est formé ainsi, un peu par hasard, un peu par affinités, par maladies, par épaules déboîtées, par exils successifs, par insomnies incurables, par jalousies et par amour, par peur de la solitude et des bruits de la guerre". 

Les graffitis de Chambord

Grasset, août 2008 - 273 pages - 16,90€

14 septembre 2008

Faux-père - Philippe Vilain

 

 

Le narrateur est un homme qui s'ennuie. Il collectionne les conquêtes, trouve dans l'acte d'amour un trompe-l'oeil et voit filer le temps mollement, sans emballement. Sa rencontre avec la jolie italienne Stefania bouleverse sa léthargie, pimente son quotidien par des aller-retour entre Turin et Paris, bref il n'est pas follement amoureux de cette jeune femme mais il savoure le temps passé auprès d'elle. Quand la belle lui annonce être enceinte, c'est un coup de massue sur la tête. Jamais l'homme n'avait envisagé d'être père, et aussitôt il est saisi d'angoisses, de rejet et de réflexions mesquines envers cette grossesse subie.

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Dans ce livre, Philippe Vilain exprime le point de vue masculin d'un couple qui attend un enfant. Souvent ce sujet est abordé d'après la femme, Faux-Père apporte un regard différent, moins versé dans le sentiment. Cet homme refuse l'enfant à naître mais n'arrive pas à l'exprimer ni à évoquer l'avortement. En face de lui, Stefania s'épanouit, inconsciente et aveugle, naïve aussi. C'est dans son Journal que l'homme fait part de ses doutes et nombreuses questions. Il n'est pas tendre, emploie des termes virulents ("Cet enfant que Stefania attendait, qu'elle avait décidé seule de se faire faire, ne me concernait pas. Pouvais-je considérer ce viol comme une preuve d'amour ?"). Bref, il est embarqué dans une espèce de mascarade, il joue un rôle - selon lui - mais ne sait pas jusqu'où tout ceci va le conduire.

Philippe Vilain est un auteur que j'apprécie beaucoup (Paris, l'après-midi ; L'été à Dresde). Il aborde avec Faux-Père tout ce qui oppose l'homme et la femme dans leur désir d'enfant. Le sujet est glissant, le type goujat et la fille assez cruche, mais le classicisme de la situation pourra opérer son attrait.

Faux-père

Grasset, septembre 2008 - 112 pages - 11,90€

Lire le début 

 

 

L'été, le critique littéraire est plus que jamais à la peine. Pas moyen de s'abandonner aux délices de ses voisins de piscine ou de serviette de plage. Au lieu de se plonger comme tout le monde dans Millenium ou le dernier Fred Vargas, il doit se coltiner un des 681 romans ( ou 652, je ne sais plus ) de la rentrée littéraire. Cette année, j'ai décidé de faire l'impasse: je suis moi-même très occupée à écrire. J'ai donc demandé à ma toujours pétulante complice Anne Eveillard de me donner, en avant-première, son coup de cœur de la rentrée. Dans un Saint-Germain des Prés transformé en désert par la précoce transhumance de tout le petit monde parisien de l'écriture vers l'île de Ré, la Corse et le Lubéron, on se retrouve dans la cour au charme provincial de L'Hôtel de l'Abbaye. Anne est si enthousiaste que je me laisse tranquillement envoûter par le charme étrange et cruel du « Faux-Père » de Philippe Vilain. Vendu ! Quand je quitterai mon ordi pour ma chaise longue, si je ne lis qu'un roman, cet été, ce sera celui-là...

http://www.irenefrain.com/blog_click.php?id=93

13 septembre 2008

Son absence - Justine Augier

J'ai peiné à lire ce roman, je crois même qu'il s'agit de ma première déception dans cette rentrée littéraire. L'histoire avait de quoi me plaire : un vieil homme né en 1933 à Vienne, devenu écrivain public, est chargé par les proches et la famille d'écrire la vie de l'absent, à partir de photos, journaux, carnets, cassettes, etc. Parmi ses dossiers, il a été happé par le cas d'Aria, une jeune fille portée disparue depuis trois ans. Son portrait ressemble à une peinture idéalisée tant l'écrivain porte aux nues cette femme mystérieuse. Et Aria apparaît alors telle une figure qui voudrait friser la perfection, même si au fond c'était une personne sans cesse sur la corde raide, fragile et sensible. Elle était tombée amoureuse de Raphaël, l'objet de ses désirs. A cherché à toujours remettre en question cette attirance, y travaillant sans cesse, avec soin et beaucoup d'angoisse. Cela a eu raison de sa vulnérabilité... (Je ne sais pas la fin. Mea culpa : j'ai abandonné à la moitié du roman.)

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J'ai vite été déstabilisée par ce récit, par l'écriture très stylisée et par l'image d'Aria qui reste cependant dans le flou. Son étude n'est qu'esthétique, guère profonde. On ne sait rien d'elle, juste de la surface, de la sensation et de l'émotion. C'est peu pour une histoire qui se présente comme l'écriture des restes de vie, cela n'a pas la même vocation. Aria n'est pas touchante, tout juste compliquée. Je n'ai pas su être embarquée par cette histoire, peut-être n'ai-je pas su déceler la beauté derrière cette grande sophistication qui se trouve chez Justine Augier. Cela reste du domaine de la perception personnelle, et là ça ne me parle pas. Ceci n'est que son premier roman, mais l'écrivain promet de peaufiner d'autres histoires pour mieux nous (me) convaincre.

Son absence

Stock, août 2008 - 170 pages - 16,50€

12 septembre 2008

Dessous, c'est l'enfer - Claire Castillon

L'homme est un âne. C'est ce que nous raconte l'héroïne de Claire Castillon. C'est une jeune femme écrivain, qui est agacée par celui qui partage sa vie. Souvent elle le méprise, lui trouve une tête de grenouille et prend sur elle de ne pas trop le repousser. Mais c'est plus fort qu'elle. Ses efforts sont contrebalancés par ses propres souvenirs d'enfance. Elle était une petite fille coincée entre la vieille et sa mère - une génération de femmes qui a mis à l'honneur de respecter l'homme aimé et de n'être que soumission. On a pourtant bien du mal à y croire, en replongeant dans la bassine des souvenirs de la demoiselle...

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Claire Castillon est folle, oui c'est une vérité entendue. Depuis son premier roman publié (Le Grenier) elle n'a jamais cessé de raconter des histoires tordues, avec des héroïnes amoureuses et fragiles, mais pleines de caractère aussi. C'est une « experte en contes cruels » selon Le Monde des livres ; elle seule est capable de créer un univers sur la corde raide, hanté de personnages proches de la psychopathie. Généralement je ne supporte pas ce qui touche à la démence et aux comportements déséquilibrés dans une histoire, mais Claire Castillon est bien l'une des rares romancières à ne pas m'inspirer ce dégoût.

Toutefois, j'ai eu du mal à entrer dans ce tableau familial acide et féroce : la vieille est grincheuse, le vieux vicieux, la mère égoïste et la petite mal embouchée. Adulte, elle est devenue une jeune femme difficile et pleine de sarcasmes, nourrie d'exemples ayant pour vocation d'humilier les hommes. Elle ne sait pas aimer, voilà tout son héritage ! Elle ne veut plus de l'âne et lui préfère l'homme à la pomme d'Adam, parce que "l'amour ça se fabrique tout entier, alors on choisit bien avant d'aimer le bon".

Derrière cette accumulation de petitesses et autres récriminations, Dessous, c'est l'enfer traite de l'incapacité d'aimer, de la vie de couple, de la maternité, des rapports intergénérationnels et de la vieillesse. C'est franchement hostile à toutes niaiseries, très moqueur aussi. On a du mal à adhérer à toute cette méchanceté, même si l'humour, en surface, sauve un peu les meubles. Est-ce assez ?

Fayard, août 2008 - 230 pages - 17€

Le site de l'auteur : http://www.clairecastillon.com/

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