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Chez Clarabel

8 juillet 2008

Comme elles, tome 1

Comme elles, c'est l'histoire de deux lycéennes que tout oppose, en particulier leur idée de l'amour. Voilà le pitch de ce manga. Et au début, c'est tout à fait ça. Puis, au fil des pages, l'histoire se délite et devient confuse. Entre les sauts dans le temps, des personnages émergeants, des physiques qui sont fort ressemblants, j'avoue avoir été un peu larguée par le propos.

Ce manga était annoncé comme le nouveau "Nana", quelle erreur !

Ici, il est question d'introspection et de recherche de soi à travers la sexualité féminine. Le ton est empreint de mélancolie et de doutes, on suit les deux filles à travers leurs histoires respectives (l'une progresse à tâtons, l'autre se lance à corps perdu mais se casse les dents) et au milieu il y a leur amitié qui s'évapore dans les airs. Mais je crois que ce qui frappe le plus dans ce manga c'est le réalisme des histoires que vivent les deux filles.

La mangaka fait montre d'une grande maturité, ne berce pas dans les relations triangulaires. C'est très loin d'être tout beau, tout rose. La perception des non-dits, des peurs et de la trahison prend une place prépondérante, de même le manga fait état de la confusion des sentiments, à travers laquelle toute une jeunesse peut se reconnaître.

La lecture du tome 2 me permettra de juger si j'adhère ou non à ce genre inclassable.

Sakura Fujisue

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8 juillet 2008

(lectures de vacances - 1)

marabout, bout de ficelle, selle de cheval... c'est une ritournelle qu'a appris ma fille à l'école et cela n'a strictement rien en commun avec les lectures ci-dessous ; si ce n'est qu'il s'agit d'une maison d'édition que je ne connaissais pas du tout ! Il faut dire aussi, je suis en pleine exploration de la littérature romantique, alias la chick-lit tant décriée. Et je découvre, je découvre ces lectures faciles, plaisantes et qui comblent les heures creuses des vacances farniente ! Personnellement j'aime beaucoup cette initiation...

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Embrouilles à Manhattan a une construction originale, car ce ne sont que des échanges d'emails, des notes de service, des coups de fil ou des extraits du journal intime de l'héroïne qui sont le nerf de l'intrigue.

L'histoire n'est pas follement originale : Kate vient de décrocher un job d'assistante de DRH dans un journal féminin et de larguer son petit ami musicien de rock (Dale). Elle n'a pas de toit et squatte sur le canapé de sa meilleure amie Jen (qui tente d'avoir un bébé avec son mari). Kate ne rêve que de voir sa vie catastrophique prendre un envol idyllique ... un nouveau copain, un appartement au loyer décent et une meilleure considération au travail. Sauf que rien ne se passe comme prévu.

Sa supérieure, Amy Jenkins, presse Kate de mettre à la porte Ida Lopez, employée à la cantine (parce qu'elle refuse de servir des parts de tarte à un dénommé Stuart Hertzog, le fiancé d'Amy). L'affaire prend un vilain tour juridique car Ida attaque le journal pour licenciement abusif, et Kate se trouve mêlée au coeur des débats - accusée de mentir, harcelée par son ex et tapée sur les doigts car ses jupes sont trop courtes !

Mais dans tout ça, elle vient de faire l'heureuse rencontre de Mitchell Hertzog, le frère de Stuart. Il est beau, séduisant, libre comme l'air et drôle. C'est aussi la brebis galeuse de sa famille (huppée, archi guindée et médisante) parce qu'il fait tout son possible pour contrecarrer les projets doucereux de son aîné.

Jugement favorable ! J'entre avec ce livre par la petite porte de l'univers "chick-lit" mais c'est une première approche convaincante ! L'histoire ne manque pas de charme, mais les épisodes sur la famille Hertzog tendent juste à être - un peu - assommants, à force de répétitions. Toutefois, j'ai pris grand plaisir à suivre les aventures drôles et romantiques de Kate, en plus d'une construction originale du roman.

Ce titre m'avait été conseillé par Emjy.

Embrouilles à Manhattan, de Meg Cabot.

Marabout (Hachette Livre), 2006 pour la traduction française. 370 pages. 5,90€

traduit de l'anglais (USA) par Luc Rigoureau - titre vo : Boy meet girl.

Mais que vois-je ?! Il existe un autre livre de Meg Cabot qui se passe déjà au New York Journal : Melissa et son voisin. On retrouve les mêmes personnages déjà entraperçus ci-dessus (Amy Jenkins, Dolly Vargas), le cadre de la vie des employés de bureau, les échanges frénétiques d'emails. Ce livre est en cours de lecture, pour l'heure j'apprécie assez.

J'ai retrouvé l'avis de Cuné, je vous livre son pitch très bien troussé :

Elle, c'est Mel, journaliste « page 10 », celle des potins de star dans un quotidien new-yorkais. Lui c'est John, également journaliste mais aux faits divers dans le canard concurrent. Mel est une brave fille, venue de sa cambrousse, le cœur sur la main. John est un héritier monstrueusement riche qui tente de s'émanciper de sa famille. Ils se rencontrent sur la base d'un mensonge, tombent givrés l'un de l'autre jusqu'au moment où la vérité éclate. La vengeance de Mel sera saignante et follement amusante, mais la famille de John saura trouver les mots pour le rentrer en grâce... (source : cuné)

A suivre, donc. :))

Découverte intéressante avec Arrête de flâner, Cupidon !  : Amélie mène sa vie de célibataire londonienne sans complexes. Elle a 28 ans, elle est créative dans une agence de pub, s'investit beaucoup dans son travail, sort avec ses amis, a parfois des aventures, bref, une vie bien remplie qui ne laisse que très peu de place à la romance.

Un nouveau projet important lui est confié à l'agence : elle doit travailler sur une campagne de pub pour la plus grande entreprise de speed-dating de Londres. Rien de plus difficile pour elle que de se mettre dans la peau de ces célibataires malheureux qui en sont réduits à chercher l'âme soeur en trois minutes.

Il faut pourtant qu'elle et Duncan, son collègue sur le projet, trouvent l'idée parfaite, sans quoi son job en or risquerait de lui filer entre les doigts. Surtout avec l'arrivée du nouveau boss de l'agence, Josh, qui ne lui fera pas de cadeaux si la campagne est un fiasco. Amélie, la mort dans l'âme, se résout à tenter l'expérience du speed-dating ... Elle y rencontre le séduisant Charlie, mais est-ce lui l'homme de sa vie ? Comme le dit Diana Ross, You Can’t Hurry Love, n’est ce pas ? Pas sûr... surtout si l'amour prend des chemins détournés pour arriver jusqu'à elle.

En fait, pas de cache-cache amoureux dans ce livre, pas de l'essence : une héroïne + un type séduisant qui se bouffent du nez en attendant de tomber dans les bras l'un de l'autre. On peine à deviner avec qui Amélie finira le bouquin (j'ai même triché en lisant les dernières pages, je ne voyais rien venir), tant les chemins de l'amour sont vraiment détournés !! Au lieu de ça (= comédie légère et romantique), c'est avant tout un excellent guide du speed-dating, revu et corrigé, version un peu glamour et moqueuse... Voilà tout.
A voir.

 

 

Arrête de flâner, Cupidon ! de Lorelei Mathias

 

Editions First, 2008 - traduit de l'anglais par Florence Bouzinac et Robert Macia.

Par contre, grosse déception avec Sexe, romance et best-sellers... Jack, auteur de romans d'amour à succès, se débrouille plutôt bien côté conquêtes. En général, c'est quand la créature qui partage ses nuits se met à lire l'une de ses œuvres que tout se complique. C'est assez, Jack se met à la diète du sexe jusqu'à retrouver le grand amour.
Mais voilà, un jour débarque Molly, un peu paumée, très obsédée…

Une comédie déjantée qui ne mâche pas ses mots... Oui, mais non. A moins de prendre tout à contre-courant et voir dans ce livre une satire des histoires à l'eau-de-rose, avec des clichés totalement renversés, c'est le garçon qui choisit l'abstinence et la fille est abonnée aux Toxicomanes du sexe... Non, ce n'est pas absurde, c'est fait exprès (???).

Sexe, romance et best-sellers, de Nina Killham.

Marabout, 2006 pour la traduction française (par Raphaële Eschenbrenner).

5 juillet 2008

Ce que je sais - Andrew Cowan

En septembre dernier, les avis sur ce livre n'ont pas tardé à poindre sur la blogosphère, mais le jugement général était assez tristounet. Les lecteurs ont été frustrés et déçus par ce roman ! Du coup, j'y suis allée à reculons, repoussant mois après mois sa lecture. Et me voici donc, presque un an après, avec "le devoir accompli" ! :o) Mon verdict est moins lourd, mais je pense qu'avoir été prévenue d'une déception fort probable a su me blinder (et me préparer au pire ?). Car finalement, j'ai lu, j'ai vu et j'en suis bien rendue !

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La petite histoire : Mike Hannah est un détective privé qui vient juste d'avoir quarante ans. Le même jour, il se blesse au dos et est en partie immobilisé. Assez grisé de coller à la peau du personnage joué par James Stewart dans Fenêtre sur cour d'A. Hitchcock, son film fétiche, notre homme en profite pour rêvasser et faire le bilan de sa vie... morose et routinière. Ce n'est pas le démon de midi qui frappe à la porte, mais la claque retentissante du temps passé à s'ennuyer, à ne pas connaître ceux qui l'entourent et à dormir tous les soirs dans le lit d'une femme qui préfère se confier à son journal intime. Un soir, Mike rêve de son ancienne petite amie qui l'a quitté vingt ans auparavant, cela a pour effet de réveiller ses fantasmes ronronnants... Et encore ? Sa récente rencontre avec Will, l'écrivain, va aussi le pousser dans ses retranchements. L'un et l'autre jouent un jeu de dupes. Le premier l'espionne pour le compte d'une société d'assurances et le deuxième, prudemment mais sûrement, discute et interroge Mike, sur son métier, sa vie, son épouse... Gare au gorille, mes amis !

Voilà grosso-modo ce qu'on peut en retenir. N'attendez pas de ce livre une version romanesque du film d'Hitchcock, peut-être ici retrouve-t-on cette ambiance de quartier confiné et cossu, un microcosme tout à fait indiqué pour l'étude des moeurs de ses voisins (on juge cette pratique douteuse ou malsaine, Mike Hannah se défend de faire son job...). "De toute façon, cette histoire peut, c'est évident, induire les gens en erreur, à cause de ce qu'elle implique par rapport à moi, et à cause de ce qu'elle laisse entrevoir de mon travail. La plupart du temps, je ne vois que des fragments - des instants, des petits bouts, une partie d'un tableau plus vaste, d'histoires plus complexes. Ce que je vois du monde ce sont les ombres, les recoins et les marges."

Je n'ai pas follement aimé ce livre, je n'ai pas détesté non plus. Il figure parmi ces lectures vite ingurgitées, passablement appréciées et dont seul l'avenir déterminera la valeur... J'ai relevé un passage, dans le roman, qui évoque les critiques publiées sur les livres de William Brown, ce nouvel ami qui habite dans le quartier de Mike :

"Il en ressort qu'on l'admire beaucoup pour la qualité de son écriture et la justesse de la peinture qu'il fait de la vie ordinaire, sans éclats. Avec le regard acéré qu'il porte sur la vie ordinaire et l'attention méticuleuse qu'il accorde à chaque détail, il parvient, semble-t-il, à nous révéler sur l'amour, les vérités les plus insaisissables et les plus surprenantes et rend ainsi palpable la qualité particulièrement poignante des instants les plus sereins de notre vie avec les sentiments de triomphe et de regret qui s'y rattachent. Il parvient à le faire, mais cela a un prix : ses livres ne sont pas très exaltants. Ses récits sont généralements lents, parfois à la limite du supportable. Ses sujets sont peu enthousiasmants, voire déprimants. Et alors que sa façon d'accumuler les détails les plus insignifiants donne à ses textes leur authencitié, elle peut aussi conduire à tout un déballage qui encombre la page et pèse sur l'intrigue."

Je trouve, évidemment, que cet extrait pourrait totalement coller au roman d'Andrew Cowan... une auto-critique constructive et un jugement sans appel : "Il risque de devenir prisonnier de son génie de l'ordinaire". (Comme nous tous !)

Editions Joelle Losfeld, 2007 pour la traduction française - 280 pages - 22,50€

traduit de l'anglais par Lazare Bitoun.

D'autres avis : FlorinetteLaurence ...

4 juillet 2008

Chère Anne - Judith Katzir

De passage sur la tombe de celle qui fut son premier amour, la narratrice, Rivi, aujourd'hui âgée de 38 ans, mariée et mère de famille, retrouve le journal écrit pendant son adolescence. C'était un journal qui s'adressait à Anne Franck, au moment où Rivi, privée de l'appui moral de sa famille désunie, avait besoin de se confier. Page après page, l'adolescente mal aimée raconte sa vie quotidienne mais aussi sa passion pour Michaëla, le professeur de littérature qui encouragea sa vocation et lui fit découvrir la beauté, l'amitié et la volupté.

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Devenue romancière à succès, la collégienne d'autrefois s'interroge sur la véritable nature de cette relation singulière : une adolescente que son père ignore, une mère absorbée en elle-même ; l'adolescente trouve une jeune femme, disposée à l'écouter, à l'entourer, à lui dire qu'elle est belle et mérite d'être aimée. La jeune femme, mariée depuis peu, est peut-être amoureuse de sa propre image, de sa jeunesse qu'elle pleure encore, même de l'artiste en herbe qu'elle a identifiée chez la fillette. Puisque cette dernière avait appris très jeune à s'emparer des coeurs au moyen des mots.

"Je n'essaie plus de comprendre, maintenant. Je veux seulement revenir sur ces jours sombres de ma vie, qui sont également les jours les plus lumineux, dépouiller les écorces de la maturité qui se sont accumulées sur moi avec les années, traverser les couches du temps, pour arriver au fond et toucher à nouveau, ne fût-ce qu'un instant, ces eaux limpides. Je les regarde et contemple mon reflet - le visage ardent d'une adolescente, aux yeux rayonnants d'amour."

Cette histoire est incroyablement languide et poétique, elle raconte l'éveil érotique et littéraire d'une adolescente de quatorze ans, avec un double regard : celui de la collégienne, curieux et exalté, celui de l'adulte, hésitant et profondément nostalgique. Le roman est décomposé en quatre parties : la rencontre et l'approche, la séduction et la volupté, les conséquences et les remises en question, et fatalement l'analyse, trente ans après. "La chose la plus importante que j'aie apprise d'elle, c'est la force de la volonté. Chaque aspiration, chaque amour commence par une nostalgie, un rêve, si nous osons désirer quelque chose ou quelqu'un de tout notre être, nous l'obtiendrons finalement, même si cela paraît inaccessible."

En marge de la bienséance, il restera de cette histoire des pages et des pages de tendresse, d'érotisme, de délectation, de lascivité... L'histoire d'amour est décrite à travers le regard innocent d'une adolescente romanesque, un canard à lunettes qui deviendra un cygne altier, comme elle se décrit. (Son compagnon lui reprochera d'avoir nourri là des caquetages romantiques de lycéenne !) Le pouvoir des mots transcende cette liaison scandaleuse et contestable, toutefois je suis demeurée très en retrait du propos et j'ai davantage apprécié la fin du livre, après un début lent et alambiqué. Et quitte à me pousser davantage dans mes retranchements, je crois avoir encore plus estimé la qualité littéraire de ce livre, et un peu moins son histoire, trop alourdie avec ses 350 pages. Avis aux amateurs de passions amoureuses, pas si simples, ce livre est pour vous !

Editions Joelle Losfeld, février 2008 - 350 pages - 22,50€

traduit de l'hébreu par Ziva Avran et Arlette Pierrot.

 

 

3 juillet 2008

Un âge irresponsable - Lavinia Greenlaw

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Il y a des romans que vous regrettez de ne pouvoir entrer dedans, la faute au temps, au soleil, à la saison (aux enfants, dans la rue, qui jouent en s'époumonnant), aux vacances qui pointent etc. C'est un constat flippant et ahurissant : je n'ai pas su aimer ce livre et ça me mine ! Pourtant, Lavinia Greenlaw a le gabarit des auteurs anglophones qui me bottent, me séduisent et me font craquer. Et l'allusion en quatrième de couverture d'une forte influence par la vie et l'oeuvre de Virginia Woolf ne pouvait que me conquérir d'avance... Ah mais oui, le problème (encore un), c'est que j'apprécie plus volontiers les journaux de Virginia Woolf, et moyennement ses romans. D'ailleurs, ce n'est pas quelconque si Lavinia Greenlaw adresse un clin d'oeil à La chambre de Jacob, en choisissant de débuter son histoire par le même incipit : "Alors, bien sûr, il n'y avait plus qu'à partir."

Etait-ce prémonitoire ? J'avais pourtant toutes les clés en main, mais j'ai foncé. Têtue, obstinée, fonceuse et butée... je suis. L'histoire introduit Juliet Clough, issue d'une famille nombreuse et dont les membres ne se supportent pas. Entre eux les scènes de la vie ordinaire, les réunions de famille tournent souvent à l'aigre lors d'échanges verbaux tantôt cruels tantôt sarcastiques. Bref, Juliet prépare une thèse et travaille à mi-temps dans une galerie, laquelle est séparée par une cloison assez fine, à travers laquelle elle perçoit toutes les conversations du voisin. Ce type l'obsède et va très vite la fasciner. Il s'appelle Jacob, il est professeur et écrivain, accuse la quarantaine, il est marié mais en passe de se séparer. La relation n'est pas claire, Barbara est une femme de poids (et de poigne), limite déséquilibrée, et Jacob lui-même est une sorte d'anguille, insaisissable créature qui se glisse dans la vie des gens pour en sortir aussitôt. Très frustrant, donc. Qu'à cela ne tienne ! Juliet et Jacob couchent ensemble, ont une liaison d'attachement et de détachement. C'est très arrangeant, surtout pour nos deux protagonistes, mais déconcertant pour le spectateur (lecteur) extérieur !

Dans la vie de la famille Clough, un drame va survenir avec la mort du frère, Tobias, dans un accident (attentat à la bombe). Cet élément va rejaillir sur l'ensemble de la fratrie mais chacun poursuivra son bonhomme de chemin avec la même candeur et insouciance. Sauf pour Juliet, électron libre, qui va ressentir un malaise profond, être atteinte d'un mal qu'elle ne parvient pas à nommer et décider de partir en Amérique. Je ne peux pas en dire davantage, car j'ai abandonné ma lecture !!! C'est ma très grande faute, j'avoue. J'étais totalement déconcentrée.

Car il y a un potentiel énorme dans ce livre, bourré de charme, de fraîcheur et d'exubérance. Les gestes et les mots des protagonistes sont empreints de cette douce extravagance. Ils ont tous bien du charme. Ils déroutent, captivent, attisent la curiosité. C'est insolite et tendre, comique et dérisoire. Cela ressemble un peu à un incroyable fourre-tout, du genre comédie britannique déjantée, avec la panoplie des personnages loufoques, complètement barrés, qui luttent avec leurs vies. Qu'on s'y trompe pas : ce roman est pointu, guidé de l'oeil avisé et de la plume acérée de Lavinia Greenlaw, révélateurs d'une extrême sensibilité.

Editions Joelle Losfeld, avril 2008 - 305 pages - 21,50€

traduit de l'anglais par Florence Lévy-Paolini.

 

Un âge irresponsable

 

 

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2 juillet 2008

La forêt des maudits - Marcus Sedgwick

L'histoire se passe au début du XVIIe siècle, en Europe de l'Est. Peter et son père Tomas, tous deux bûcherons, traversent la forêt de Chust pour se rendre à l'enterrement de Radu, un autre bûcheron de leur connaissance. Son corps a été retrouvé pendu, le village a aussitôt conclu qu'il s'agissait d'un suicide. Tomas reste circonspect, pointant le doigt sur un détail troublant : le coeur de Radu a été arraché.

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Mais dans ce village perdu au coeur de la Transylvanie, il faut se taire et rentrer dans le rang. Peter et son père vivent dans une cabane, au fond des bois. Ils rendent service, coupent du bois et se tiennent à l'écart des soubresauts qui secouent les habitants de Chust. Car des morts violentes surviennent et entraînent des conséquences irréversibles. Un jeune type prénommé Stefan a été retrouvé assassiné. Selon une coutume ancestrale, le village doit organiser "les noces funèbres". Pour épargner la malédiction qui s'abat sur les morts célibataires, il faut le marier à une fille du village, devant son tombeau ouvert. Après la cérémonie, la fille passe quarante jours de deuil confinée dans un cabanon, à l'orée du bois, sans voir âme qui vive. La fille choisie est Agnès, celle que Peter chérit.

Il va tenter d'interférer dans le jugement des Anciens, à la tête desquels se trouve Anna, une vieille femme au physique repoussant. En comité d'accueil, Peter est vivement repoussé et invité à aller voir ailleurs. Depuis peu, son père et lui dérangent. Tomas est effectivement un ivrogne invétéré et la récente venue des tziganes, qui campent dans la clairière, ne profite pas à la réputation du bougre. On raconte sur lui des tonnes d'histoires, liées à son passé, selon lesquelles Tomas cacherait des trésors inestimables. La caisse sous le lit de son père en est la preuve, même Peter a interdiction de l'approcher !

Bref, en attendant, Agnès est conduite dans sa prison de fortune et est coupée du reste du monde. Peter veut s'assurer qu'elle est en bonne santé mais il découvre alors qu'il n'est pas le seul à lui rendre visite. A la nuit tombée, un individu, se faisant passer pour Peter, se glisse jusqu'à sa fenêtre et lui tend une main froide, en la cajolant d'une voix douce mais qui reste, dans le fond, terrifiante.

Je vous avoue que, sans jamais nommer la source du problème, on comprend bien vite de quoi parle ce roman ! Mais Marcus Sedgwick a eu l'intelligente idée de brasser les contes et vieilles légendes d'Europe de l'Est pour traiter son sujet. Les sources sont fiables, pour un rendu romanesque. L'ambiance est impeccable, sombre, gothique et captivante. Les pages de ce livre se tournent à vitesse folle (les chapitres sont courts, cependant). Peut-être le début est-il vaguement opaque et douteux, mais très vite le lecteur va mordre à l'hameçon et ne lâchera plus son livre ! La forêt des maudits est un roman qui se lit à tous les âges, si le sujet vous plaît, alors n'hésitez pas !

Milan, mars 2007 - coll. Grands Romans - 230 pages. 13€

traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault - titre vo : My swordhand is singing.

C'est Mélanie (Book in) qui, la première, a su me donner envie...

2 juillet 2008

Princesse, dragon et autres salades ~ Marie Vaudescal

Pour écrire une histoire de princesse, il faut une princesse (bien entendu), un dragon (très souvent), quelques princes à l'orée du bois, prêts à chevaucher leur fidèle destrier, pas de crapaud mais de bonnes salades ! Car oui, ce sont bien des histoires à dormir debout et Marie Vaudescal vous en raconte une bien verte, une bien mûre et qui brise tous les mythes en pagaille !

Prenez donc une demoiselle Scarole, une blondinette au caractère bien trempé, qui vit au royaume de Vavassava où la tradition veut que toute princesse soit enlevée lors de son quinzième anniversaire par un redoutable dragon et celui qui parvient à libérer la demoiselle en détresse décroche la timbale avec épousailles, noces et contrat sur long terme (vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants !).

Foin de tout ça ! Scarole est lasse d'attendre que vienne son tour, alors elle met en scène son kidnapping et écrit elle-même une lettre de rançon adressée à son propre père. Puis, barda sur le dos et bottines à crampons aux pieds, la princesse s'en va, accompagnée de sa suite (une demoiselle de compagnie, trois serviteurs et un gnome).

En chemin, tout ne se passe pas très bien et Scarole découvre avec stupeur ce que signifie son prénom... Dépitée et mal dans sa peau, ce qui explique son épouvantable caractère, la princesse se rend chez le dragon où un intendant lui signifie qu'elle est réputée trop peste ambulante pour espérer trouver un sauveur (et ça se confirme : le roi fait courir son émissaire chez tous les princes des alentours mais personne n'accepte la mission qui implique le mariage avec Scarole !).

Bah, finalement l'histoire va plutôt bien se terminer sur une touche originale : le bonheur pointe son nez, mais pas du tout là où on le pensait, et notre princesse met la clef sous la porte en renonçant au mariage, définitivement pas pour elle ! Voilà donc une histoire de princesse (à 8 ans, on ne s'en lasse toujours pas), qui est drôle et pétillante, qui brise les idées toutes faites et révolutionne un peu la tendance. Et tout ceci, sous l'éclairage des illustrations de Magali Le Huche !

Princesse, dragon et autres salades - Marie Vaudescal

Illustrations de Magali Le Huche

Gallimard jeunesse, 2008 - coll. folio cadet.

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Autre petit roman à conseiller pour les demoiselles, du même âge (dès 8 ans) : Princesse Princesse de Rémi Chaurand (Une princesse part en stage pour devenir reine. C'est très drôle et forcément conseillé à toutes celles qui refusent le prout-prout !)

 

1 juillet 2008

Ces petites choses - Deborah Moggach

Il faut croire que les faits divers existent dans le but suprême de sonner l'alarme lorsqu'un cas de négligence sur une personne âgée est relevé et fait ensuite les gros titres dans les journaux !? Scandale, remise en question du système et intervention des plus grands spécialistes, las et éreintés de ressasser toujours les mêmes discours... Il faut mettre en scène la pitié, la misère et faire pleurer dans les chaumières, sentir combien nous sommes immondes et égoïstes avec nos anciens.

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L'histoire ici commence avec la septuagénaire Muriel Donnelly laissée à l'abandon dans un recoin d'hôpital pendant quarante-huit heures. Elle y avait été admise avec plaies, ecchymoses et une probable commotion à la suite d'une chute dans la rue. Deux jours durant, elle resta au service des admissions, sans soins, le sang se coagulant sur ses vêtements. C'est du pain béni pour les journaux populaires qui bondissent et s'emparent du mic-mac avec avidité. (L'histoire apprendra, deux pages plus loin, que la gentille dame ne voulait pas se laisser toucher par des gens de couleur.)

Il existe donc un réel problème en Angleterre : les aînés sont mis à l'écart (représentent un poids), ils manquent de soin et d'attention (sont les boulets de leur famille) et ils méritent de regagner ce respect perdu... Le docteur Ravi Kapoor, une médecin londonien épuisé par son travail, va accepter de collaborer avec son cousin Sonny, qui débarque de Bangalore pour lui soumettre un projet révolutionnaire : ouvrir une chaîne de maisons de retraite en Inde ! Ce sera une institution très 'Vieille Angleterre', où les Britanniques d'âge avancé, déconcertés et parfois même affolés par les conditions de vie nouvelles de leur pays natal, pourront retrouver, au soleil et dans la paix, les moeurs et l'atmosphère de leur jeunesse évanouie.

Allons donc... Ravi n'a qu'une hâte : expédier son insupportable beau-père, Norman, à l'autre bout du monde pour avoir la paix. Allez, oust ! Délocalisons ! Voilà un terme tristement en vogue... L'anglaise Deborah Moggach s'emploie à triturer cette idée en imaginant une société réelle où l'on convierait, avec force vidéos et prospectus alléchants, à signer sur le champ pour un aller direct vers ce Paradis (en toc?). On suit une brochette de septuagénaires en passe de faire le grand voyage, on les découvre veufs et esseulés, avec ce même besoin d'aller de l'avant, de changer d'air et de mordre à l'hameçon. Car finalement, l'aventure au bout du chemin promet d'étranges bonheurs...

C'est satirique, croquignolet, gentil et affectueux. C'est un livre pour détendre et faire rire. Oui, ça marche un peu... mais vite lu, vite oublié. Je n'ai pas été totalement embarquée dans ce délire, suis restée lectrice impassible, ou juste ricané amèrement en suivant ce cher Norman Purse, un vieux satrape aux révoltantes manies, combinant avec un rare bonheur l'égoïsme, le sans-gêne et l'obsession sexuelle sénile. Jamais, ô grand jamais, le roman ne berce dans l'odieux ou l'immonde règlement de comptes. Cela prend à rebrousse-poil des idées arrêtées et guindées, je ne suis pas sûre d'en conclure plus de choses mais Deborah Moggach a sa conscience pour elle : c'est dit, écrit noir sur blanc, et advienne que pourra !

Deborah Moggach est également l'auteur du Peintre des Vanités (ma critique, ici).

Editions de Fallois, 2007 pour la traduction française - Le livre de poche, juin 2008.

roman traduit de l'anglais par Jean Bourdier / titre vo : Theses foolish things.

30 juin 2008

Being - Kevin Brooks

"Je respirais, je mangeais, je buvais, je consommais. Je chiais. Je dormais. Je rêvais. Je souffrais. J'étais sensible aux drogues - alcool, anesthésiant. J'éprouvais des sentiments - bons, mauvais. Des désirs. Je ressentais la fatigue. Je pensais à des choses - bonnes, mauvaises, inutiles. Je n'avais pas envie de mourir. Je riais. Je souriais. Je fredonnais, je sifflais, je bâillais. Je fonctionnais comme un organisme. Mais je semblais être fait de matériaux non organiques... Cela n'avait vraiment aucun sens."

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Suite à une banale endoscopie, un adolescent de seize ans, Robert Smith, est tiré de son anesthésie et surprend une conversation des chirurgiens penchés sur son corps ouvert, tout de plastique et de métal... qu'est-ce que cela signifie ? Quand, au-delà de la douleur, l'ado bondit et surprend l'assistance, l'arme au poing, et parvient à s'extirper de ce cauchemar. Mais qui est-il ? Quelle part cachée sommeille en lui ?

Pas le temps de réfléchir, Robert s'enfuit et se réfugie dans une chambre d'hôtel. Dans la presse du lendemain matin, il apprend qu'il est recherché par la police pour avoir assassiné un médecin ! Ne sachant plus à qui se fier, ignorant encore qui sont ses poursuivants, Robert va taper à la porte d'une certaine Eddi Ray, une faussaire rencontrée par le biais d'une tierce personne, du temps où sa vie était "normale".

Robert a perdu tous ses repères, il hésite à confier son destin entre les mains de cette fille et pourtant il n'a pas le choix et va la suivre jusqu'en Espagne. De fil en aiguille, une attirance physique les pousse l'un vers l'autre. Cela n'éloigne pas la menace, toujours présente, qui bientôt se présentera à leur portillon.

Quelle pression ! Kevin Brooks, très inspiré par les thrillers vus au cinéma, signe là un roman stupéfiant, écrit à l'arraché, d'une plume froide, terriblement implacable. On étouffe littéralement, on suffoque à l'approche des hommes en costards qui poursuivent le jeune Robert Smith (aucun rapport avec The Cure !) ; cette écriture sans état d'âme et sans fioriture est une volonté d'aller de l'avant, toujours plus loin des limites fixées.

On se sent dans ce livre comme dans un univers filmé (on devine une ambition cachée ?). Bref, ce serait presque génial mais le climat trop rigide rend finalement la lecture accablante. Et puis je suis restée sur ma faim, tout ce qui concerne l'état de Robert Smith et son pourquoi restent dans le flou artistique. Robert a été abandonné à la naissance et a grandi dans des familles d'accueil ; le dernier couple, Bridget et Peter Young, n'existe d'ailleurs qu'à travers la citation. La suite du roman ne se base que sur cette sempiternelle question, qui nous taraude tous : qui est Robert Smith ?

Voilà donc un roman à haute portée psychologique, dramatique et dans la veine du véritable thriller, qui lorgne un tantinet sur la science-fiction... On dépasse les rebondissements (nombreux), les scènes qui font de l'adolescent un personnage cruel et menaçant, mais aussi un type dépassé par ce qu'il vient de découvrir, déboussolé et en quête d'un "moi". On obtient alors un roman qui offre une profonde réflexion existentielle sur l'identité, la mémoire, la solitude de ce garçon hors norme. 

La fin ouverte pourrait également inciter à penser qu'une suite est envisageable...

Editions du Rouergue, janvier 2008 - Coll. doAdo noir - 350 pages. 15€

traduit de l'anglais par Ariane Bataille

A été fort apprécié par Melanie (Book in)

29 juin 2008

Frères - Bart Moeyaert

Quatrième de couverture

Une famille de sept garçons, forcément, c'est pas triste. Mais quand on est le benjamin, c'est pas toujours drôle. Bien sûr, on peut se glisser plus facilement dans les cachettes, on a le droit d'aller dans les cabines des filles à la plage, on est toujours le plus mignon et le plus dorloté des enfants. Mais on est aussi celui qui se fait mener en bateau, celui qu'on envoie en éclaireur pour les bêtises et qu'on laisse de côté pour les aventures. On est trop petit pour ceci, pas assez grand pour cela, on ne court jamais assez vite et on ne connaît pas encore assez de choses. Mais on fait partie d'une bande de frères, et ça, c'est pas rien, surtout si on veut être à la hauteur.

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Lorsqu'on est soi-même issue d'une famille de sept enfants, on s'attache inexplicablement aux livres qui parle des fratries, j'ai en tête les livres de Jean-Philippe Arrou-Vignod (L'omelette au sucre, Le camembert volant & La soupe aux poissons rouges) et celui de Dominique-Louise Pélegrin (Le crocodile rouillé).

Frères ne fait pas exception à la règle, on trouve ici 42 courtes nouvelles (ou chapitres) d'inspiration autobiographique (l'auteur ne s'en cache pas, il est le dernier-né d'une famille de sept garçons). Il s'est souvenu de son enfance pour écrire ce roman plein d'humour, fait de tendresse et d'affection. C'est un clin d'oeil aux bons moments vécus au sein d'une couvée, sous le regard bienveillant de papa-à-nous et de maman-à-nous (cette dernière est une coquine, toujours prête à prendre au piège ses bambins qui dévorent à table et ne se rappellent plus du tout ce qu'ils ont ingurgité !).

Il n'y a pas d'intrigue, concrètement. Mais je pense qu'en ouvrant ce livre, ce n'est pas ce qu'on recherche, tant la lecture est reposante et renvoie une image sympathique et qui donne le sourire. De plus, la plume élégante de Bart Moeyaert a été pour moi une belle découverte.

Editions du Rouergue, mars 2008 pour la traduction française - Coll. doAdo - 223 pages, 10€

traduit du néerlandais par Daniel Cunin.

Le site de l'auteur : http://www.bartmoeyaert.com/

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