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Chez Clarabel

29 mai 2008

La passion Brando - Diane de Margerie

Quatrième de couverture

Quelle est la vraie nature d'Agnès, cette gouvernante qui écrit à son employeur après avoir été licenciée ? Se sent-elle frustrée par son obsession pour Marlon Brando, dont il écrit la biographie ? Et pourquoi Julie, sa belle-fille, dont Agnès avait la garde, a-t-elle disparu ? Autant de questions auxquelles elle croit pouvoir répondre dans cette lettre haletante, à la fois réquisitoire et enquête concernant le passé.

La_passion_Brando

Ce roman raconte, d'après le monologue d'une gouvernante renvoyée, les affres de la passion et de la jalousie. Agnès écrit à son ancien employeur une lettre coup-de-poing pour se venger. Condamnée par l'épouse d'avoir été trop proche des enfants qu'elle chérissait, elle prétend connaître mieux que la famille ce qui est arrivé à Julie, leur fille, qui a disparu. Non contente de détailler en long, en large et en travers sa complicité avec Julie et son frère jumeau, Agnès met aussi le doigt sur le dysfonctionnement du couple trop pris dans ses activités, la mère étant une reporter réputée et le père complètement absorbé dans sa biographie de Marlon Brando. Brando, l'Acteur mythique... Une carapace sans faille, une armure blindée et un mystère personnifié. Une déchéance, aussi. Agnès persifle et se moque de son employeur. Selon elle, il est imprégné de cet halo incandescent, il se brûle les ailes et passe à côté de sa vie. Dans ce livre, finalement, Brando n'est qu'un bouc émissaire, il renvoie à cette passion aveuglante derrière laquelle le biographe s'est calfeutré. "Vous vous abreuvez à l'image de votre Idole comme à une source, mais l'image reste entière, brumeuse comme un mythe, un mythe qui se nourrit de vous au lieu de vous nourrir. Vous ne saurez jamais qui est Marlon Brando faute de vraiment le devenir. Vous êtes condamné à n'être que vous-même." La narratrice reste, cependant, une énigme quant à sa réelle motivation en endossant ce rôle de Diane vengeresse. Est-ce la frustration, la jalousie ou la rancoeur et l'amertume qui l'animent ? Un roman chaotique, au charme subtil, qui clame une sentence affligeante : cet homme s'est planté sur toute la ligne. A voir.

Albin Michel, 2008 - 172 pages - 14,50€

 

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28 mai 2008

Cherche auteur désespérément - Debra Ginsberg

 

Quatrième de couverture

Angel Robinson a l'impression de vivre un rêve. Elle qui ne jure que par les livres vient de décrocher un poste d'assistante dans la plus célèbre agence littéraire des Etats-Unis. Mais elle découvre rapidement qu'il faut composer avec une patronne hystérique, des collègues lunatiques et des auteurs capricieux. Elle réussit pourtant, grâce à son sens littéraire hors pair, à se rendre indispensable et repère plusieurs projets intéressants. Un en particulier : le roman d'un auteur anonyme, livré chapitre par chapitre. Angel tombe sous le charme au gré des envois du mystérieux écrivain. Jusqu'au jour où elle comprend que le texte s'inspire de sa propre vie... Un éloge pétillant des plaisirs de la lecture, un roman jubilatoire qui séduira tous les amoureux des livres.

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J'ai été désappointée par ce roman avec lequel je n'ai pas eu la bonne approche. Je m'attendais très sincèrement à une bulle de légèreté, une bluette sympathique et distrayante, sur fond de milieu éditorial implacable. Un croisement entre The nanny et Le diable s'habille en Prada. En vrai, je n'ai rien trouvé de tout ça. La critique sur les agents littéraires est acerbe et sans pitié, la Lucy Fiamma du livre est une Cruella Denfer qui porte bien son surnom. La narratrice, Angel, apparaît un véritable ange tombé du ciel (et des nues), lorsqu'elle se trouve propulsée dans ce monde où l'on déniche les talents (rares), où l'on rembarre les écrivaillons (chiants et nombrilistes) et où un manuscrit représente une succession de chiffres, non plus un engouement véritable. Non, nous ne sommes pas au pays des Bisounours, les amoureux des livres risquent d'être fort décontenancés (d'où mon sentiment mitigé).

Très vite, j'ai plutôt ressenti un sentiment d'étouffement, une ambiance proche de la claustrophobie (là, je ne me gêne pas pour reprendre la propre critique d'Angel Robinson qui reçoit le fameux manuscrit anonyme, qui lui inspire ce sentiment de malaise, avant de comprendre que c'est plus pernicieux et pervers). En fait, voici un livre qu'il faut présenter comme étant à double tranchant - un regard froid et repoussant sur le monde éditorial, et l'intrusion manifeste des agents littéraires, surtout aux USA - et une oppression ascendante sur la personne d'Angel, notre héroïne. Confrontée à la lecture d'un manuscrit non signé, quasiment harcelée par emails signés du Grand Romancier, la jeune femme se sent vite menacée et dépassée par son job. Finalement j'ai plus adhéré à cette intrigue, au côté machiavélique du mystère entourant l'auteur anonyme. C'est un leitmotiv pour terminer le roman, sans quoi j'aurais très vite abandonné la partie. Lu sur le pouce, savouré sans plus et... comble de tout - à mes yeux - offrant une dimension toute plate aux personnages, qui manquent de charisme ou de grâce, que sais-je ?, ce livre de Debra Ginsberg aurait gagné en ampleur s'il avait su brasser un peu d'humour et de facétie. Tant pis ! 

Presses de la Cité, 2008 pour la traduction française - 365 pages - 20€

traduit de l'anglais (américain) par Alice Delarbre - titre vo : Blind submission

L'avis (plus enthousiaste) de Cuné 

27 mai 2008

Dix minutes avant l'amour - Christine Kerdellant

Quatrième de couverture

Elles sont trois : il y a Johanna, la trentenaire plus mante que religieuse, Éléonore, la psy quinquagénaire qui a appris à parler la langue dis hommes, et, entre les deux, conseillée par ses copines, Ingrid, une photographe romantique sur le point de vivre une passion, et de trouver, peut-être, derrière l'aventure, la révélation d'elle-même - de quoi commencer à vivre enfin. Trois femmes qui se ressemblent et se nuancent, se disputent et s'amusent : c'est qu'elles cherchent toutes l'amour avec un grand A. Mais sont-elles d'accord sur sa définition ? Faut-il croire que les hommes aiment ce qu'ils désirent, alors que les femmes désirent ce qu'elles aiment ? Et surtout, l'amant idéal peut-il encore être célibataire ? Cette question, l'héroïne tâchera d'y répondre, de coup de coeur en coup de blues, avec l'espoir sur la ligne d'horizon. Un roman drôle et lucide sur les relations hommes-femmes. Un manuel de survie pour (ré)apprendre à dire Je t'aime.

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Ne boudez pas votre plaisir ! Voici un roman tout à fait sympathique, qu'on lit en deux jours à tout casser et qui sait divertir sans ruiner les neurones, ni donner mal au crâne ! Trois jeunes femmes aiment se retrouver et papotent sur l'amour, les hommes et leurs attentes. Leurs avis divergent, l'une veut consommer et jeter au petit déjeuner, une autre est mariée depuis vingt ans et vilipende les amants d'aujourd'hui qui se flagellent à force de nourrir trop d'illusions pêchées dans les comédies romantiques, façon Titanic. La troisième, notre narratrice, est plus modérée, un peu romantique mais aguerrie par un divorce houleux. Elle a trente-sept ans et une fille en âge d'être lycéenne. Elle rencontre l'homme idéal, c'est le coup de foudre mais il lui avoue être marié.

Faut-il voir dans ce livre un guide sur les nouvelles relations hommes-femmes ? Non, je ne pense pas. Ou chacun son avis. Personnellement je veux encore être bercée par des illusisons dérisoires mais doucereuses. Nos trois nanas sont plutôt redoutables, ne vous retrouvez jamais avec elles dans un restaurant ou à la caisse d'un supermarché, par exemple ! (L'obsession de la diététique de Johanna est crispante !) Dans ce roman, elles s'adonnent à un passe-temps exclusivement féminin : disserter des heures sur une relation, naissante ou attendue. Elles formulent des théories à prendre à la légère -selon moi-, du genre : Sortir avec un Modigliani, rentrer avec un Rodin (je vous laisse cogiter là-dessus !) ou bien : Les hommes aiment ce qu'ils désirent, les femmes désirent ce qu'elles aiment. Cela fait un peu psychologie de magazine féminin, mais je m'en moque car j'ai franchement apprécié cette lecture, que j'ai trouvée agaçante et exagérée, mais délicieuse malgré tout. La fin, particulièrement, a su m'émoustiller car elle a ressaisi mon intérêt qui commençait à flancher. Je n'ai pas trouvé que ce livre était le pendant français de Sex and the City, comme j'ai pu le lire ci ou là - halte aux clichés faciles et/ou vendeurs ! Personnellement, je ne me suis pas retrouvée dans ces trois femmes, mais il y a un point que je ne conteste pas avec elles : le chocolat, lui, ne déçoit jamais ! N'est-ce pas ?

Robert Laffont, 2008 - 353 pages - 20€

 

Extrait : Lorsqu'on tombe sur ce genre de platitude dans un roman, on le referme en vérifiant que personne ne vous a vu l'ouvrir. Et pourtant ! C'est la loi de l'espèce. En état de délire amoureux, l'être humain est sensible aux mots sucrés et enflés comme des barbes à papa. Et pas seulement les femmes, qui s'en cachent moins. Tout le monde aime les signes tangibles d'intérêt de l'autre : le petit papier glissé sous l'oreiller, le coup de fil pour dire "Je suis heureux que tu existes", les baisers interminables et les sourires béats de complicité. Ensuite, c'est selon : certains assument et d'autres pas. Une seule règle : ne pas le dire, ne pas l'écrire et ne surtout pas le lire. Dans les vrais romans, une grande passion se termine par la folie, la mort ou le mariage. Les happy ends, c'est bon pour la chick-lit (les romans à l'eau de rose) ou la littérature américaine (on lui pardonne tout, vu ses tirages). Dans les dîners en ville, mieux vaut porter en étendard le cynisme de Christine Angot ou l'ironie de Besson (Patrick, s'entend). A lire, assurément, c'est plus drôle. Mais à vivre ? Que celle (ou celui) qui n'a jamais vécu sa (ses) phrase(s) sucrée(s) avec délectation me jette sa première lettre d'amour à la tête.

26 mai 2008

Une ombre, sans doute - Michel Quint

Quatrième de couverture

Un homme arrive dans un village du Nord. Ses parents se sont suicidés. Il n'en connaît pas la raison. Commence alors une quête aux souvenirs. Flash-back : nous sommes pendant la Seconde Guerre mondiale, les parents du narrateur viennent de se rencontrer. Ambiance d'un atelier de couture où les ouvrières chantent, aiment et pleurent leurs amours défuntes. Tout est prétexte à oublier les noirceurs de la guerre. Arrive un espion anglais qu'il faut cacher, mais un Allemand n'est pas loin qui peut mettre en péril cet élan généreux.

une_ombre_sans_doute 

 

 

C'est encore une fois un roman remarquable, écrit par Michel Quint qui nous offre, au-delà d'une histoire émouvante et très fouillée, un style hors pair. J'aime son style, j'aime son genre d'emberlificoter les lettres et les mots, ça court sur le papier et ça roule sur la langue... j'adore ! On n'invente pas une telle écriture, on la sent et on la respire, ça fait du bien d'avaler des goulées pareilles et ça vous brise tous les carcans et les règles bien établies.

L'histoire, parlons-en, est une pelote de noeuds qui court durant des années, depuis la fin des années 30 jusqu'à nos jours. Le narrateur, de retour dans un village du Nord, a appris la mort de ses deux parents, à moins de vingt-quatre heures d'écart, et découvre ensuite qu'ils se sont suicidés. Un employé de mairie, un ami d'enfance, à vrai dire, constate également que le prénom de notre homme, George, est écrit sans S et qu'il faut deux témoins pour attester son identité. La situation est risible, mais pourquoi pas ? Il rencontre Augusta, une ancienne amie de la famille, qui va lui confesser des révélations importantes sur les siens. Cela s'est passé pendant l'occupation des allemands, dans leur petit coin perdu, à la campagne et dans un atelier de couture. Il y avait Valentine et Paul, les parents du narrateur, et Rob, l'espion anglais qui était tombé fou amoureux de Valentine... Tout le monde n'a pas la graine d'être un héros, on le sait, mais l'humanité est surprenante car elle est capable de briller ou de cracher par sautes d'humeur.

Plus qu'une vérité sur les origines d'un homme, qui semble immunisé contre le chagrin, le roman ouvre les portes d'un placard rempli de fantômes. Tous les acteurs de ce théâtre de boulevard, un peu aigre, sortent des mémoires et revivent devant nos yeux. Le passé reprend forme, le narrateur voit ses personnages et leur vie, non comme un modeste spectateur ou témoin de l'histoire, mais tel un spectateur assis au premier rang. "Je laisse voleter et s'ordonner des mots lointains et proches, je m'écoute venir du fond du temps. J'ai cinquante-neuf ans depuis peu et je ne sais plus qui je suis. Sinon le roman d'inconnus en quête d'auteur. Peut-être la littérature n'est rien d'autre que cela, un destin lu à rebours, corrigé, cette invention de soi qui devient la seule réalité. J'ai tiré une chaise vide à mon côté, vous n'avez qu'à vous installer."

Avec Michel Quint, il faut juste tendre l'oreille et écouter. Il vous raconte une histoire qui prend son temps, avec des personnages qu'on apprécie, malgré leurs faiblesses ou leur part d'ombre. Il n'y a pas d'héros dans ce livre, juste des êtres désespérés et capables (coupables?) d'accomplir des actes fous et insensés. Si c'est pas de l'amour derrière tout ça, c'est quoi alors ?

Editions Joelle Losfeld, 2008 - 207 pages - 16€

Extrait :

Personnellement, j'ai une petite tendresse pour les filles de l'atelier de couture, "Elles ne sont pas maquillées cinéma, elles ont leur âge, du bourrelet à la taille et la poitrine sans illusions, mais leur chair n'est pas triste, elles exhibent des anatomies de vamps, une lingerie de quatre sous visible aux jours des broderies, ou effrontées nues sous la robe fluide, et puis permanentées à la diable, le cheveu en rebellion, mais toutes elles ont fière allure, se pavanent avec des mines, fument des cigarettes, les lèvres en cul de poule, valsent lentement, menton levé, roulent de la hanche et battent des cils. Et elles chantent en se tenant les mains, ou seules, les yeux perdus par-delà les fenêtres..."

25 mai 2008

Julie & Julia : sexe, blog et boeuf bourguignon - Julie Powell

 

Quatrième de couverture

Une jeune New-Yorkaise bientôt trentenaire, lasse d'enchaîner des boulots sans intérêt, décide de reprendre sa vie en main. S'emparant du vieux livre de cuisine de sa mère, L'Art de la cuisine française de Julia Child, elle s'invente un projet dément : réaliser les 524 recettes du livre... En un an ! Dans sa cuisine minuscule ! Avec un humour dévastateur et une pointe de folie, elle nous raconte ses pérégrinations de cuisinière, sa crise de la trentaine, sa mère envahissante, sa meilleure amie nymphomane... De réussites triomphantes en purs désastres, de crises de larmes en dîners alcoolisés, elle poursuit sa route pavée de mottes de beurre. Et s'aperçoit un jour que sa vie a changé.

Julie___julia

Que de clichés sur cette couverture : le sous-titre et le bandeau orange faisant mention de Bridget Jones... Pitié ! Ce livre ne mérite pas de s'abaisser à cette foire du marketing pour attirer l'oeil du lecteur, je pense que l'histoire est elle-même bien alléchante et assez fournie en délices à venir. Il s'agit donc de l'épopée romancée d'une new-yorkaise ordinaire, Julie Powell, âgée de vingt-neuf ans et mariée à un type plutôt sympa, cette nana s'ennuie dans sa vie et décide de se lancer un défi en réalisant en un an les 524 recettes du livre « L'art de la cuisine française » de Julia Child. Elle ouvre un blog pour rendre compte de cette expérience assez déjantée, surtout aux yeux de ses proches (sa mère, en premier lieu !). Et aussi incroyable mais vrai, cette folie rencontre un joli succès auprès du public et, au fil du temps, les média viennent sonner à sa porte et réclament des reportages qui vont lui attirer une gentille gloire (publier un roman, par exemple). En France, on commence à goûter à ce phénomène de « blogbook » (un livre à partir d'un blog), mais aux USA il semblerait que Julie Powell soit devenue une véritable référence. Gros succès pour son projet, même estime pour son livre, etc. De vous à moi, il n'y a pas de recette miracle. Ce récit autobiographique est léger et spontané, bourré d'auto-dérision (la jeune femme a un oeil assassin sur ses tentatives, ses motivations ou même son rapport avec son blog et ses bloteurs, les lecteurs de son blog). Jamais elle ne triche, c'est un constat drôle et délirant et qui ne sert pas à rien, car cela la booste dans sa vie personnelle (après de longs atermoiements, passagers). Ce regard qu'elle porte sur notre relation avec la nourriture, la cuisine et la bonne chère est touchant, très vrai. Personnellement je ne suis pas une fondue des longues heures passées aux fourneaux, mais ce livre a su me surprendre et me donner - presque - envie de m'y mettre. Je trouve, cependant, que Julie/Julia ont un fort penchant pour les plats lourds, riches en beurre (slurp) et les abats, en plus quelques chapitres sont bien gratinés (la torture du homard, par exemple) et soulèvent un peu le coeur... Mais je suis une petite joueuse, ça ne compte pas !

Editions du Seuil, Mai 2008 pour la traduction française - 344 pages - 19,90€

traduit de l'anglais (américain) par Claudine Richetin -

titre vo : Julie & Julia, 365 days, 524 recipes, 1 tiny apartment kitchen.

Le nouveau blog de Julie : http://juliepowell.blogspot.com

A noter, aussi : Un film est en projet de tournage, avec Meryl Streep dans le rôle de Julia Child et Amy Adams (cf. Il était une fois) dans celui de Julie Powell. Réalisé par Nora Ephron. (source)

 

^^ Bonne fête à ma maman !!! ^^

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23 mai 2008

Un Monde sans rêves - Nicola Morgan

un_monde_sans_r_vesDans un futur proche, au coeur de la société anglaise, le libre arbitre a été totalement effacé de la conscience des humains, désormais divisés en Citoyens ou en Exclus, ceux qui refusent l'implant d'une puce dans leurs cerveaux pour inhiber toutes émotions. Imaginez une vie sans imagination, pré-programmée, sans la possibilité de rêver, d'espérer ou d'étonner. Un monde sans rêves. Dans cette Cité, la fiction a été interdite, l'émotion proscrite et l'espérance totalement évanouie. Pourtant, il y a les résistants, avec le Poète et Milton parmi les têtes pensantes. Le premier a choisi de s'exiler à Balmoral et recueille les nouveaux-nés que lui confie son camarade qui vit dans les tunnels de la Cité. Plus qu'un meilleur cadre de vie, le Poète offre à ces enfants une motivation pour boucler un projet élaboré de longue date. Et seize ans plus tard, trois adolescents, Livia, Marcus et Tavius, sont rappelés auprès de Milton pour venir en aide à la communauté des Exclus, frappée par une épidémie de peste.

J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman, totalement transportée dans cet univers que je pensais implacable et difficile de prime abord. Je me suis trompée, car j'ai découvert, certes, un monde terne et figé, où les Gouvernants aspirent les expressions de vie chez les Citoyens. Et ceux qui refusent une totale soumission, les Exclus, doivent endurer une vie clandestine et misérable dans les souterrains. Malgré tout cela, l'ambiance de ce livre n'est pas du tout glauque. L'oppression régnante et l'injustice flagrante poussent à encourager nos trois jeunes "soldats" à accomplir leur mission quasi désespérée (se rendre à la Tour centrale pour corrompre le système en place). C'est entre leurs mains que repose l'avenir de leur société, il leur faudra du courage et de l'intelligence, en plus de la bravoure pour affronter les Pols, cette milice qui abat de sang-froid tous les récalcitrants. Et je vous garantis une bonne dose de tension et de rebondissements, ça se lit très vite, c'est prenant. Ce roman de science-fiction n'est pas un produit pur jus, il élabore des théories mais ne s'embarque pas dans des phénomènes étranges et difficilement explicables. C'est simple, l'explication de la fin est même époustouflante, voir très séduisante. Cette histoire a pour atout majeur d'être truffée de clichés littéraires, parfois même c'est la clef pour résoudre l'énigme de ce Monde sans rêves. Oui, ce roman est totalement surprenant, vraiment enthousiasmant.

Albin Michel, 2008 - Coll. Wiz - 230 pages - 12€

Traduit de l'anglais par Raphaële Eschenbrenner. Titre vo : Sleepwalking.

 

A également été lu par Mélanie

22 mai 2008

L'orphelinat des âmes perdues, tome 1 : Photo hantée - Stefan Petrucha & Thomas Pendleton

Photo_hanteeAu coeur d'une forêt noire, dans une propriété envahie d'herbes mortes, se dressait un manoir georgien à cinq étages. Imposant et inoccupé, la plupart de ses vitres brisées, il semblait s'accrocher aux nuages lourds qui tourbillonnaient dans le ciel de plus en plus sombre. En équilibre sur les colonnes, une corniche triangulaire portait à sa base des lettres à demi effacées : Orphelinat Lockwood, un nom tombé dans l'oubli, inutile, puisque le bâtiment, à l'image de ses anciens pensionnaires, paraissait désormais abandonné.

Quand la nuit et la pluie tombaient de concert, quand le vent et le tonnerre faisaient trembler les murs, les ténèbres qui régnaient dans les chambres éventrées prenaient une dimension merveilleuse, grandiose. Plus profondes que l'orage, plus profondes que la nuit qui s'avançait, elles enveloppaient absolument tout : les meubles couverts de moisissures, les jouets pourris et les livres d'école, le passé, la déchéance, et jusqu'aux rares plantes qui, au fil des ans, s'étaient infiltrées en ces lieux.

Mais les ténèbres ne sont jamais parfaites. Un petit cercle de lumière jaune se découpait dans l'énorme escalier du hall principal, telle une tache d'encre sur une feuille blanche. Le cercle lumineux descendait les marches une par une, d'abord lentement, puis de plus en plus vite, comme si, une fois sûr d'être seul, il sentait le besoin d'accélérer...

Quatre silhouettes se retrouvent la nuit pour échanger des histoires, après le lancement de précieux osselets. Ce soir, c'est le tour d'Anne. De sa bouche, va sortir le conte terrifiant de l'âme perdue de Mandy.

Lycéenne sans histoire, Mandy a tout ce dont une adolescente de dix-sept ans peut rêver : l'amitié, l'amour, l'ambition, le monde à ses pieds... Toutefois, le meurtre sauvage d'une camarade de son école, Nicolette Bennington, vient semer la panique dans la petite ville d'Elmwood. Mandy et ses amies sont terrorisées. La police n'a aucune piste, tente de mener son enquête efficacement, tandis que l'hystérie collective enfle.

Mandy cherche à revoir son mode de vie en réfléchissant au sort de cette pauvre Nicki, dont le corps a été atrocement mutilé par ce type qu'on surnomme très vite le Sorcier. Dans le même temps, elle commence à recevoir des SMS anonymes, des emails menaçants, puis elle rencontre un jeune lycéen, Kyle, sur internet et correspond avec lui sur de nombreux tchats. Le climat de suspicion à Elmwood entraîne deux phénomènes : une méfiance excessive et/ou un besoin de décompresser en se lançant vers l'inconnu. Mandy opte pour un mélange des deux. La photo reçue sur le champ, à sa demande, rassure la lycéenne : Kevin a l'air tout à fait normal.

Quelle atmosphère ! Le prologue, déjà bien mystérieux, fait doucement pénétrer le lecteur dans un univers hors du temps avec ces quatre petites filles, Anne, Mary, Daphné et Shirley, qui errent dans un orphelinat désaffecté. Ambiance très 19ème siècle, un peu gothique, avec esprit fantôme et soirée au coin du feu à se raconter des histoires qui font peur. Et effectivement, ce premier conte des âmes perdues est absolument flippant.

Du moins, il ne nous surprend pas non plus car on devine très vite une part de l'intrigue. C'est simplement dans l'orchestration et la mise en scène de cette histoire qu'on retient notre souffle. On suit une lycéenne ordinaire, scotchée à ses machines modernes (ordinateur, portable, internet) qui la relient au monde extérieur (tchater avec ses amis), et c'est par le recours de ce portail ouvert sur le monde, à travers ces outils de conversation et ces sources d'amusement que le mal va s'immiscer.

Cette utilisation du banal pour distiller le doute puis l'horreur est une idée peu révolutionnaire mais efficace pour installer un climat inconfortable, nimbé de malaise et d'angoisse. Les dernières pages, par exemple, sont saisissantes. Avec une économie du détail, les auteurs ont su toucher en plein coeur de la cible. Et ce qui nous attend dépasse de très loin nos plus folles imaginations !

Editions du Masque, 2008. Coll. Msk, destinée aux 12 ans et plus. 210 pages. 10€

Traduit de l'anglais (américain) par Alexandre Boldrini. Titre vo : Lurker.

 

 

Bande-annonce trouvée sur le site officiel : http//wickeddead.com

Le livre 2 est déjà disponible : Ecoute...

21 mai 2008

Pink Diary, la fin !

pink_diaryOn peut dire que ce tome 8 fut très attendu ! Il signe en effet la fin de la série Pink Diary, découverte quelques mois plus tôt. Je n'en pouvais plus de cliquer comme une malade pour connaître sa date de sortie, sans cesse repoussée et jamais définie. Ce fut une rude guerre avec mes nerfs ! Mais la patience fut hautement récompensée, car ce tome 8 boucle admirablement cette série qui n'a jamais cessé de m'étonner.

Pensant avoir trouvé le bonheur auprès de Sei, Kiyoko est cependant saisie de doutes car son petit ami est de plus en plus absent, se tient à distance et ne donne quasiment aucune nouvelle. Pour ne pas la rassurer, Sophia, la colocataire et meilleure amie de Sei, est la détentrice d'un terrible secret, qui pourrait avoir une influence importante pour le jeune couple. Kiyoko va donc chercher refuge auprès de Tommy, l'ancien camarade de jeux et le grand amour de son adolescence. Et c'est vrai qu'elle se sent bien auprès de lui, qu'elle renoue avec un sentiment du passé. Mais cela a pour conséquence d'embrouiller notre jeune héroïne, soudain prise en sandwich entre son amour pour Sei et son attirance pour Tommy. Il faut qu'elle fasse un choix, et surtout qu'elle apprenne de la bouche de Sei s'il est toujours amoureux d'elle ou ne souhaite plus la voir.

Quel chemin parcouru depuis le premier tome, où Kiyoko découvrait avec désarroi que son ancien grand amour est de retour dans la même ville et le lycée fréquenté par la jeune fille, de retour aussi avec une petite amie qu'il va quitter, à cause d'un chantage exercé par une ravissante peste. Les conséquences de cette histoire vont être franchement dramatiques. Je n'en dis pas plus, car j'ai souvent souligné la plongée en eaux troubles de la série, aux accents assez graves, malgré les pointes d'humour.

Ce tome 8 renoue avec l'intrigue initiale : Kiyoko et Tommy. Aujourd'hui, ils sont proches, prêts à franchir le cap. L'occasion leur est offerte, mais la jeune fille a grandi et réalise que s'accrocher au passé est une planque. Ce qui compte désormais, c'est son histoire avec Sei, qui souhaite partir loin d'elle. De jolies scènes fort romanesques sont à prévoir, de même les situations opposant les deux prétendants sont également source de ravissement, d'humour et de frémissements. Yeaaaah, j'ai particulièrement aimé ! J'ai apprécié aussi l'épilogue, la boucle est bouclée, une nouvelle page s'écrit. C'est toujours difficile de tirer un trait, de quitter des personnages qui ont su nous émouvoir et nous toucher, mais le souvenir d'une belle rencontre demeure.

Clap de fin.

Editions Delcourt, 2008. 180 pages.

Bon plan pour découvrir cette série : Delcourt vient de publier un pack tomes 1 et 2 pour le prix d'un seul (7,50 €) !

21 mai 2008

Dix-huit baisers plus un - Rachel Corenblit

dix_huit_baisersAlex, un adolescent de dix-sept ans, a tenté de mettre fin à ses jours. En 19 chapitres, assez courts, le roman va nous expliquer pourquoi. Quel est le secret d'Alex ? Elles sont nombreuses, les filles, à l'avoir connu, croisé, embrassé. Mais aucune n'a su percer la couche et deviner le drame qui se jouait chez lui. Alex, ce garçon qu'on trouve trop grand, trop maigre, trop blond, trop pâle, trop mal fringué, trop largué, trop mignon quand même. « Alex, c'est le type même du gars qu'on ne voit pas. Il ne s'imprime pas sur la rétine. C'est qu'il est trop transparent, trop invisible, trop minuscule même s'il est trop grand. » Ses copines de lycée, sa jeune voisine de palier amoureuse de lui, une enseignante, un médecin, sa mère dépressive ou sa grand-mère qui dévoile le secret familial vont toutes intervenir à travers des témoignages sans fard. Le roman n'est pas tendre, pas très gai non plus, parfois assez cru, surtout quand les jeunes filles évoquent le sexe et un peu l'amour. Car, au bout du compte, on en revient toujours là : au goût des baisers, au besoin d'aimer et d'être aimé(e) ; en somme ce livre sonne comme un appel (de détresse?) d'un ado en manque de tendresse. Un gros besoin d'amour filtre derrière ce désespoir et sauve toute morosité ambiante.

Rachel Corenblit a publié aux éditions du Rouergue Shalom salam maintenant et l'Amour vache.

Editions du Rouergue, 2008. Coll. doAdo - 128 pages - 7,50€

20 mai 2008

Vampire Knight (pour oublier, un peu, Edward...)

Présentation de l'éditeur
À l'Académie Cross, internat réputé, la Night Class n'est composée que de beaux et brillants élèves. Mais derrière leur apparence de lycéens ordinaires, se cachent en réalité... des vampires !! Yûki et Zero sont tous deux des Gardiens, chargés de protéger ce secret. Yûki, convaincue d'une coexistence pacifique possible entre humains et vampires, prend son rôle très au sérieux... Alors que Zero nourrit une haine féroce contre ceux qu'il voit comme des monstres.

Vampire_knight

Reçu dans le cadre du swap littérature jeunesse, ce tome 1 de Vampire Knight est une spéciale dédicace d'une toquée à une autre, j'ai nommé Lamousmé, brillante libraire, totalement mordue du bel Edward, personnage ô combien charismatique (ahem) d'une série qu'on ne présente plus !

Pour essayer (je dis bien, essayer) d'oublier sexy Edward, je vous conseille la lecture de ce manga qui pourra vous consoler de votre addiction affligeante, car tenace. Lamousmé a vu juste, pour moi. J'ai simplement adoré cette mise en bouche ! Cette histoire d'académie où cohabitent humains et vampires (les premiers l'ignorent !) est une idée géniale ! On retrouve cette idée de clan avec nos vampires tous plus beaux les uns que les autres, intelligents, supérieurs, sans cesse à la frontière de la tentation. Et c'est la jeune et pétulante Yûki qui veille au grain (un pacifisme absolu, sinon rien !). Cette fille a été sauvée, dix ans auparavant, de la morsure d'un vampire par un autre vampire, le bien nommé Kaname Kuran. Ce type est une présence irréelle à lui tout seul, il dégage un magnétisme et provoque le frisson du plaisir, de l'attirance et du danger.

C'est grosso modo la donne générale dans ce manga, le mélange de la fascination et de la répulsion. On n'assiste pas à des chamailleries entre les uns et les autres, il y a un travail de "retenue" pour nos assoiffés sanguinaires (qui compensent la chasse par la prise de pilules spéciales) et la surveillance des Gardiens est redoutable. D'ailleurs, Yûki est aidée de Zero dans sa mission éprouvante (veiller jour et nuit au bon équilibre). Ce dernier est mystérieux et très secret ; recueilli quatre ans plus tôt, après le massacre de sa famille par des vampires, le garçon voue une haine viscérale pour les buveurs de sang. Mais le garçon est habité par une hostilité encore plus féroce, qu'on découvre brutalement. Le personnage, déjà fort intriguant, prend une dimension encore plus attrayante.

Parce qu'il faut bien reconnaître que se trouve dans cette série une grande, grande sensualité !!! Où figure l'interdit, se trouvent aussi le goût du risque et l'envie. Et puis Yûki est au centre de ce qui ressemble fort à un (futur) triangle amoureux - la jeune fille a noué des liens, malgré elle, avec Kuran et Zero. Cela annonce de somptueux face-à-face, de quoi nous laisser langue bien pendante, j'en frétille d'avance !

Merci, merci très chère Lamousmé ! (pour le colis, etc.)

 

Vampire knight : Volume 1 - Auteur : Matsuri Hino

Panini manga, juin 2007 pour la traduction française.

Série en cours, au Japon. Cinq tomes disponibles en France (le 6ème paraît courant juillet 08).

NB : Oui, je vais vous présenter ce fameux colis ... j'ai bien gambergé à son sujet, à votre tour d'attendre un pitit peu ! ;o)

A consulter : Un monde magique (Un site sur la mangaka Matsuri Hino)

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