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Chez Clarabel

2 septembre 2007

Le dernier train ~ Maria Merce Roca

Un couple fait le bilan de sa vie commune, d'abord la femme Teresa est assez agacée et lasse de l'inertie de son époux. Lui, Andreu, est davantage désespéré et paralysé de lui annoncer sa Grande Nouvelle. Car, en effet, le couple au cours de ses vingt-six ans de mariage n'a pas su accorder ses violons, n'a pas su se comprendre et a même loupé l'éducation de leur fille Clara, qui a préféré claqué la porte du foyer pour vivre sa propre vie. Le roman est décomposé en trois parties, dans lesquelles chacun se justifie, plaide sa cause, expose des faits. L'ambiance est teintée d'acrimonie, d'irritation et de fébrilité. A plusieurs occasions, sur des passages presque communs, le lecteur s'aperçoit que le couple n'était jamais en phase, tant sur le plan professionnel et émotionnel, même leur rupture (annoncée) prend un mauvais goût de bâclé et de dialogue de sourds. "On avait l'air d'un couple heureux" dit la femme, "tu me regardais, tendre et ému, plein de gratitude, de confiance envers moi, et tu me faisais de la peine". Lui répond : "entre toi et moi, il n'y a jamais eu de cri ni de disputes, on ne s'est jamais manqué de respect, on ne s'est pas rendu la vie impossible. C'est pour ça que les gens qui nous connaissent ne vont pas comprendre et diront que c'est inconcevable. On a plutôt formé un joli couple toutes ces années : toi plus sérieuse, moi plus distrait, mais toujours ensemble. Tu as toujours tiré ton épingle du jeu. Moi, je me suis souvent planté." - Et le couple n'en finit pas d'analyser leur parcours conjugal, franchement bancal et décalé. C'est un portrait plutôt réaliste et déchanté, la radiographie des couples de cinquantenaires, habitués l'un à l'autre, ennuyés et blasés, mais bon... Ce roman est tantôt cruel mais il est désespéremment actuel.

septembre 2006

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2 septembre 2007

... Je m'en fous j'veux pas qu'on me remplace ...

... Je m'en fous j'veux pas qu'on me remplace ...

... Oui c'est ça tout simplement : jalouse ...

mademoiselle k  /  emily loizeau

1 septembre 2007

Matantemma - Michel Picard

matantemma"Sa vie était remplie de menues obligations démesurées, de minuscules corvées disproportionnées, auxquelles il lui était rigoureusement impossible de se soustraire. Au moins n'était-elle pas de ces sans-allure qui traînent au lit, laissent aller leur ménage et ouvrent des boîtes pour leur mari ! La représentation qu'elle se faisait d'elle-même requérait sans trêve un incontestable héroïsme, ce qui l'eût bien surprise si on le lui avait dit."

Celle qui est fière de ne pas être une "sans-allure" s'appelle Matantemma. Mise au chômage, cette ménagère accomplie a mis un point d'honneur à rendre sa maison propre, toujours dans un souci excessif, mais de plus en plus obsédant, quitte à inquiéter son époux, Mononclandré, également rendu à une inactivité brutale avec sa pré-retraite. La vie du couple est lisse, engluée dans son ordinaire, rythmée par les tâches domestiques.

Alors, près de 200 pages pour suivre les pérégrinations d'une maniaque du nettoyage ? En fait, le roman de Michel Picard est un chouia plus consistant, car cette vie de petits riens est également une radio du couple à la retraite. Matantemma et Mononclandré, tout deux accusant les soixante ans, nous offrent des moments drôles, bonasses et faussement désespérants. Décrypter le quotidien, d'accord, mais avec un oeil tendre et doux-amer. L'auteur a su truquer le pathétique et offre un portrait plus attendrissant, sincère, très attachant, malgré les tics, les manies et les obsessions. La valse du B.A-BA du ménage peut être étourdissante, lassante. Pourtant, l'émotion est fichtrement bien calée, avec l'air de ne pas y toucher. Elle est là, à fleur de peau, et s'étale sans rougir dans les dernières pages du roman.

Ce livre est une petite découverte qui inspire de la compassion, on ne se moque pas, on n'éprouve jamais de mépris. Au contraire. Il y a des rires, des larmes, c'est surprenant !

Buchet Chastel - 189 pages - En librairie Août 2007 - Illustration : Anne Bénoliel-Defréville.

** Rentrée Littéraire 2007 **

31 août 2007

Paradis andalous - Chantal Pelletier

paradis_andalousLa narratrice partage sa vie depuis douze ans avec Greg, un garagiste rondouillard, rencontré sur les marches du palais de justice à la sortie de leurs divorces respectifs. Le couple habite une maison en bois au milieu des bois, quelque part sur la côte est des Etats-Unis.
Une tempête vient d'arracher les arbres de la forêt et une nouvelle tornade menace de s'abattre sur la région. La narratrice, au chômage depuis des mois, reste la journée chez elle à se ronger les ongles devant la télévision. Lassée, angoissée, elle rêve des paradis andalous promis par son chéri, une fois leur conquête de l'Amérique achevée.
Mais un accident arrive, brutal, inopiné et désemparant.

L'histoire, troublante mais envoûtante, suit donc le monologue de cette femme de 39 ans, coincée dans sa maison en bois, paralysée par l'inquiétude et les rêves, et qui va se prendre d'une frénésie pour le jardinage, après avoir posé les yeux sur la trogne de son jardin.
Lu comme ça, le roman peut paraître bien étrange et peu engageant, pourtant il ne faut pas hésiter à franchir cette couverture exotique, à découvrir le charabia de cette héroïne éplorée, dépossédée, une amoureuse patentée qui n'a pas honte d'aimer un homme trop gros et peu séduisant, énervée après son voisin psychologue, sa copine nymphomane, son fils et sa bruyante famille, son ex-mari, etc.

Quand le drame menace, la femme panique, se rebelle, rêve, complote. C'est un peu bizarre, mais j'ai surtout été captivée par l'écriture de Chantal Pelletier qui, franchement, s'éclate avec les mots, leurs sens, la magie et les délires. Beaucoup de poésie, d'imagerie, vraiment une chouette combinaison de sensualité, d'émotion pour une célébration de l'amour et des cinq sens !
A tenter !

Editions Joelle Losfeld - 128 pages - En librairie le 30 Août 2007.  13.90 €

** Rentrée Littéraire 2007 **

Le site de Chantal Pelletier (à lire : le Journal de bord !)

31 août 2007

Double foyer ~ Christine Avel

Victor est devenu myope très tôt, aussi c'est une véritable aubaine de subir une opération au laser pour lui redonner la vue. Oui, vraiment ? L'homme s'aperçoit, finalement, que "tout ce qui m'était familier jusqu'alors a pris, depuis l'opération, une netteté cruelle" et que "le flou me convient, il me protège des aspérités". Car évidemment Victor a quelques raisons légitimes de regretter son brouillard familier. Désormais il fait face à sa solitude, sa femme et son fils sont partis. Il constate également qu'il n'est pas seul à vivre ce vague à l'âme. Le 14 juillet, il fait la connaissance d'une jeune femme délicieuse mais fragile. C'est la fenêtre ouverte pour de nouveaux espoirs, et pourquoi pas concrétiser ce désir de voler ?...
Victor est matheux, statisticien et empêtré dans l'étude, l'analyse de son existence ordinaire, qui est loin d'être cartésienne. "Double foyer" rend hommage à ces hommes vulnérables, qui se cachent bien souvent derrière des tares, lesquelles les protègent du monde réel. En retrouvant une vue parfaite, Victor perd aussi ses derniers remparts contre la réalité du quotidien. Christine Avel réussit alors à imposer la tendre et douce sensibilité d'un matheux rêveur et casanier. Très attachant, ce premier roman se lit d'une traite. Il procure un plaisir fort agréable !

août 2006

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30 août 2007

Le dernier frère - Nathacha Appanah

Prix Fnac 2007  (document vidéo)

Le_dernier_frere

Soixante ans se sont écoulés mais le passé secoue toujours Raj jusque dans ses rêves. C'est le souvenir de David qui remue notre homme dans sa vieillesse et qui le ramène vers son enfance.
Quelque part dans un camp sur l'île Maurice, Raj a grandi entre ses deux frères et leurs parents, une mère aimante et un père ivrogne et violent. Un jour, un cyclone s'abat sur l'île et décime la famille de Raj. Les survivants décident de s'installer plus au sud, près d'une prison où sont internés des réfugiés juifs. Là Raj va croiser un jeune garçon blond, prénommé David, âgé de dix ans.

L'histoire se tisse autour des souvenirs d'un homme accablé de douleur et de chagrin, rongé par le remords. En contant son enfance, Raj pense faire honneur à la mémoire de David, lui murmurer sa prière de repentir. Et à travers sa narration, c'est une autre terrible vérité que le lecteur découvre : le sort réservé à des réfugiés juifs européens qui ont pris le large pour gagner la Palestine avant d'être refoulés vers Maurice. L'histoire se passe durant la seconde guerre mondiale, mais Raj et les siens n'ont eu connaissance de ce chapitre que bien des années après !

"Le dernier frère" est un drame à part entière, dans un climat de torpeur, dans un théâtre de misère, où les foudres de la météorologie s'abattent sans pitié sur cette parcelle du globe. A travers ses romans, Nathacha Appanah met souvent en avant l'histoire méconnue de son île. Ici il est question des 127 juifs morts en exil à Maurice entre 1940 et 1945. Par la parole de son narrateur septuagénaire, son roman adopte de suite une fatalité glaçante où la tragédie est visqueuse, gluante et désolante. C'est sombre, un peu désespérant. Je n'ai pas su retrouver la poésie si présente dans les livres précédents de l'auteur, ici le ton est un peu plus morose.
Dommage, pour moi. Ce fut un bon livre instructif, mais qui file un sentiment frileux.

Editions de l'Olivier - 210 pages - En librairie le 23 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

Du même auteur : Les rochers de Poudre d'Or (disponible en poche) ; Blue Bay Palace ; La noce d'Anna. Mes avis ont été diffusés sur Amazon ...

30 août 2007

Un bonheur de rencontre ~ Ian McEwan

Un couple d'amants, Mary et Colin, passent un mois de vacances dans une ville étrangère, cerclée de canaux et bordée de palais et d'églises. Cela fait sept ans qu'ils se connaissent, leur amour a lentement pris le cap de la routine, de la passion doucement éteinte. Un soir, ils font la rencontre de Robert, puis de son épouse Caroline. Ce couple est étrange, mystérieux. La femme semble soumise, réduite à subir des réprimandes violentes de son époux, lequel paraît un vil macho aux gros biscotos, fasciné par la figure emblématique de son père, un Homme, un Vrai...
L'ambiance est languide, comme Colin et Mary qui paressent dans leur chambre d'hôtel, sur leur balcon ou sur une terrasse de café. Ils prennent le soleil, s'abrutissent de ne rien faire, à part faire l'amour et se préparer pour sortir. En faisant cette rencontre capitale avec Robert et son épouse, Colin et Mary vont d'abord connaître la sulfureuse spirale de la sensualité retrouvée et de la volupté. Dans l'ombre, Robert et Caroline sont présents, prêts à saisir ce jeu troublant de la séduction et de l'imagination sexuelle : "le rêve ancestral des hommes et des femmes, les uns de faire souffir, les autres de souffrir". C'est une étrange coïncidence à laquelle se résume ce "bonheur de rencontre", faite d'ambivalence, de crainte, de doute et de poussée d'adrénaline. Il y a un jeu de plaisir et de jouissance, contre lequel vient vite s'abattre une carte plus implacable. La fin est violente, elle perturbe le jeu et pousse d'admiration le lecteur face à ce livre écrit avec un sang-froid remarquable par Ian McEwan. Chapeau !

30 août 2007

Et toujours en été - Maïté Bernard

et_toujours_en_eteCe n'est pas une simple balade à bicyclette, entre le père et ses deux filles. Ces dernières l'escortent jusque Toulouse pour l'aider à rencontrer un passeur et le permettre de fuir jusqu'en Espagne. Pourquoi ?
Thomas est aujourd'hui recherché par la police car l'Argentine le réclame, accusé d'un crime commis presque trente ans auparavant. Mais l'homme n'a pas l'intention d'y retourner, il a déjà fui ce pays, chose exceptionnelle, après une arrestation et une série de tortures. Son épouse était alors à ses côtés, mais n'a pas survécu.

L'histoire est racontée de deux façons. D'abord par le périple en vélo à travers le Sud et le long du canal du Midi, aux trousses de Thomas, Ilona et Malena, le récit est une suite joyeuse de durs efforts, de rires, de confidences. Puis il y a le journal de l'aînée, commencée en 1987. Il trace l'histoire plus personnelle d'une fille qui avait dix ans quand elle a assisté à l'enlèvement de sa mère, à Buenos Aires. Elevée par sa grand-mère avant de partir en France, Ilona a réussi à vivre une vie "ordinaire", ponctuée par ses histoires d'amour avec Paco, dont le père avait été arrêté en même temps que le sien. Il y a des liens inextricables, inexplicables aussi.

Bref, d'apparence légère, pétillante et fraîche, l'histoire finalement n'est pas si anodine. Le journal d'Ilona, par exemple, va vite dévoiler le chagrin refoulé de cette jeune femme, sa quête de la vérité, souvent difficile et douloureuse. La fuite en vélo, ensuite, est une échappée belle pour sauver la peau d'un père chéri, mais une preuve aussi, pour lui témoigner ce que ses filles sont capables de réaliser pour lui. Enfin, c'est plus travaillé, plus fouillé et plus réfléchi qu'en apparence. Si l'on se contente de la surface, c'est une lecture facile, très agréable, bien écrite, etc. Mais sous la couche artificielle, se trouvent vraiment une exemplaire histoire d'amour, d'abnégation et une leçon sur l'Histoire plus émouvante encore.
A découvrir !

Editions le Passage - 260 pages - En librairie le 30 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

Notes de l'auteur : Pour ceux que cette période de l'histoire argentine intéresse, je recommande le site nuncamas.org. Pour ceux qui voudraient s'évader sur le canal du Midi, le livre et le site de Philippe Calas, canalmidi.com.

29 août 2007

Habituellement, les mercredis sont les jours

IMGP4605Habituellement, les mercredis sont les jours dédiés aux enfants.

Aujourd'hui je vous propose deux lectures qui ne sont pas destinées à ces derniers mais qui, par contre, en sont l'objet.

Deux romans redoutables, puissants, assez sensibles dans leur propos ... je vous souhaite d'être autant bouleversés que moi !

** La rubrique du mercredi va bientôt reprendre ! Miss C. a de belles choses à vous raconter ... **

29 août 2007

Entre mes mains - Anne Constance Vigier

entre_mes_mainsLe roman n'est pas bien épais, seulement 100 pages, par contre il est lourd et violent. Mais ces sentiments sont latents, ils planent entre les lignes dans le quotidien de ce couple, de cette femme, de cette jeune mère. C'est très, très fort.

La narratrice, âgée de 23 ans, ingénieur en mathématiques, fait la rencontre du premier homme de sa vie, Sylvain, artiste et mélomane. L'amour aidant, ces deux-là vont vivre ensemble, se marier, faire des petits, etc. Le schéma classique. Cependant, l'étouffement fait son nid. La jeune femme est une crispée affective, jamais comblée ou épanouie, nullement soutenue, parmi ses proches ou au boulot, le combat est constant. Il faut qu'elle s'impose, qu'elle ose, mais c'est toujours plus fort qu'elle.
Sa grossesse, par exemple, ne tombe pas au bon moment pour sa carrière ni sa vie de couple. Pourtant, Sylvain et elle sont heureux et préparent l'événement avec impatience, mais sans exaltation. D'ailleurs, ce déni va totalement absorber la jeune maman, vite dépassée par son nourrisson, anéantie par l'impuissance, esseulée et incomprise, mise au pied du mur et abandonnée par son compagnon.
L'histoire ne raconte pas avec les mots crus ce qu'il va se passer, mais l'issue fatale est bel et bien là. Une réalité amère, sinistre et qui donne des frissons partout.

Pour ces raisons, oui le roman est violent, très fort et difficile. Pourtant l'auteur est parvenue à un compromis idéal : livrer les faits, un peu froidement, mais avec une lucidité sans égale, balançant sans cesse l'opinion du lecteur entre la compassion, la compréhension et le blâme. En sortant de cette lecture, à la fois courte mais percutante, il est impossible de juger car l'histoire reflète un peu plus l'immense solitude de la mère. Le sujet rappelle le sentiment d'exclusion et de vulnérabilité qu'exacerbe la maternité et tente de s'inscrire dans un début de tolérance.
A tenter !

Joëlle Losfeld - 100 pages - En librairie le 23 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

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