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Chez Clarabel

18 juin 2007

Voir les jardins de Babylone ~ Geneviève Brisac

Ce quatrième roman de Geneviève Brisac reprend les mêmes personnages des histoires précédentes : dans "Voir les jardins de Babylone" on retrouve Nouk qui approche de la trentaine, elle est maman d'un bébé (Eugenio) et vit avec Berg. L'histoire de Nouk démarre lorsqu'elle apprend qu'elle fait partie de l'échantillon pour une enquête sur la vie sexuelle des Françaises. D'abord réticente, Nouk va progressivement se confier et raconter ses premières amours, souvent catastrophiques, avortées ou saugrenues. Car Nouk est une ancienne partisan de la révolution, elle a fait Mai 68, adhéré aux groupes féministes, revendiqué des changements radicaux, manifesté, rédigé des tracts etc.. Insidueusement, ses idées sont tout aussi provocantes, anti-bourgeoises: ne jamais déclamer son amour, être dans le doute perpétuel de trouver le bon amoureux, ne pas se marier, tout se dire dans le couple etc. Car au fil de ses aveux, Nouk va introspectivement analyser ses sentiments, sa vie et son amour pour Berg et au fil des chapitres l'amertume va poindre...
Ce roman de Geneviève Brisac est assez amer, pour conclure. Portrait sans complaisance d'une jeune femme, de sa vie amoureuse, de ses loupés, ses manques et ses incertitudes. Car Nouk est compliquée comme sa vie : est-elle une bonne mère, son bébé est-il idiot, Berg est-il l'homme de sa vie. S'ajoutent ses questions sur son implication au sein de son groupe des Adélaïdes, ses amitiés, sa vie alentour, etc. "Voir les jardins de Babylone" est un peu sonneur de cloches. C'est une histoire qui remue les consciences, qui remue les idées fixes et qui révise les idées des années soixante et soixante-dix. Au final, c'est un petit peu décevant même si l'écriture est toujours parfaitement maitrisée, sarcastique, fantasque et critique à souhait. Le texte est joyeusement parsemé de chansons, souvent pas très connues. "Voir les jardins de Babylone" est grinçant mais un peu trop alambiqué. J'ai hâte d'ouvrir "Week-end de chasse à la mère" pour découvrir la suite des aventures de Nouk et d'Eugenio.

juin 2004

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18 juin 2007

Jean-Paul Dubois : ce que j'ai bien aimé

kennedy_et_moiSamuel Polaris est un écrivain qui n'écrit plus. Pourquoi ? il doute, mais encore ? Il a quarante-cinq ans, il est marié à une femme orthophoniste, Anna, père de trois enfants. Mais concernant ce petit noyau familial, Samuel se sent étranger, exclu, "locataire dans un hôtel". Sa vision du monde et de la société environnante est cynique, sinistre et dérisoire. Samuel tourne tout en ridicule, son inactivité, l'adultère de sa femme, son rendez-vous râté chez le dentiste...

Et puis, un jour, en tête-à-tête avec son psychothérapeute, Samuel va faire "la rencontre de sa vie" ! Une montre, ayant appartenu au président Kennedy peu avant son assassinat, va réveiller chez cet homme des élans de résurrection ! Car cette montre, finalement, il la lui faut à tout prix !

En ouvrant ce livre, on peut trembler aux premières lignes de la confession de cet homme qui est complètement largué. "Hier, j'ai acheté un revolver" commence l'histoire. Le doute s'installe : l'homme serait-il suicidaire ou assassin prémédité ? Et puis le doute n'est plus permis. Jean-Paul Dubois mène la danse et son lecteur droit au but.

Personnellement j'ai été instantanément sous le charme. Ma soeur pourra dire que c'est "encore un livre de déprime", et pourtant moi j'aime ça ! Pas le glauque, la morosité, etc. Mais la magie du style, la litanie de cet homme perdu, ses mésaventures médicales et cocasses, sa causticité à critiquer le Système. Même si le personnage est fondamentalement antipathique, l'auteur a su l'entourer d'un charisme fou. Samuel Polaris charme, envers et contre tout. Certes, il se regarde trop le nombril, affiche une complaisance affligeante, une indolence répugnante, mais cet homme pense, réfléchit et c'est singulièrement bien dit, bien mûri !

"Kennedy et moi" est un roman fascinant, qui se lit très vite, et qui dresse un portrait non consensuel de l'homme dans sa quarantaine ! Mais l'épouse, Anna, a aussi sa part belle et c'est bien égal !

202 pages / points


tous_les_matins_je_me_lveOn reprend dans ce roman de JP Dubois le personnage de l'écrivain dilettante dans son quotidien excentrique au coeur de sa maison, bâtie de ses propres mains, et de sa famille, son épouse Anna et leurs trois enfants. Si vous avez déjà lu "Kennedy et moi", vous aurez un certain goût de déjà-vu avec "Tous les matins je me lève". Et pourtant ce roman est paru huit ans avant l'autre !

Mais les personnages ne sont pas totalement les mêmes; ici l'écrivain s'appelle Paul Ackerman. Il est sur le point de boucler son huitième roman, mais au commencement de cette histoire Ackerman est victime d'un accident de voiture. Dans la pagaille, il perd sa voiture chérie, une Karmann cabriolet. Et c'est ainsi qu'il devient propriétaire, presque dans la foulée, de l'anglaise Triumph, qui vrombit et freine capricieusement.

En fait, dans "Tous les matins je me lève" Jean-Paul Dubois nous fait l'exploit de raconter les aventures d'un type totalement ordinaire : il ne se passe rien de sensationnel chez lui ! Les quelques épisodes autour d'un ou deux camarades semblent davantage agrémenter l'étoffe du roman plutôt que l'enjôliver. Ces quelques croquis sont proches de l'accessoire ! Et pourtant j'ai du mal à en vouloir à l'auteur car je me suis une nouvelle fois passionnée pour cette histoire banale d'un type quelconque. Son style me fascine et me charme littéralement.

Et puis Dubois possède aussi un certain humour ironique dans sa façon de voir les adolescents, les assureurs, les groupies blondes et les chameaux ! Il laisse voguer en toute allégresse son imagination farfelue, essentiellement dans les rêves d'Ackerman (qui devient champion de rugby ou de golf, ou parvient à voler) ! Un bon roman à découvrir.

212 pages / points


poissonsEn personnage central, Zimmerman est un type paumé, du genre quelconque et à la vie monotone (encore et toujours !). Il est journaliste aux pages sportives, spécialiste de la boxe. Il a trente ans, il vit seul, sa mère est morte dix ans auparavant et son père a disparu dans la foulée. Il entretient une relation acrobatique avec une collègue, Rose. Mais rien ne semble l'ancrer davantage dans cette existence routinière. Jusqu'au jour où il se fait aggresser par un inconnu, qu'un colosse vient tambouriner à sa porte chaque soir, vociférant son nom et l'ordre d'ouvrir sur le champ. Ce "monstre" semble surgir du passé, comme pour rendre des comptes. Il faut en finir, pour Zimmerman. Il faut tuer le passé !

"Les poissons me regardent" met toujours en scène un héros ordinaire décalé et dépressif, en agonie avec la vie quotidienne. Le roman est toutefois plus amer et plus glauque, les retrouvailles de Zimmerman avec son passé sont teintées de compétitions de boxe, de courses hippiques et de beuveries gerbantes qui se concluent dans des taxis. Pour le coup, c'est un peu écoeurant. Mais Dubois ne sature pas, c'est impressionnant. Ce roman bref se conclue à l'arraché et les aventures de Zimmerman peuvent mettre k-o, pourtant ça se boit comme du petit lait !

192 pages / points


une_ann_e_sous_silencePaul Miller, quarante ans, était marié à Anna jusqu'à l'incendie volontaire de leur maison, provoqué par cette épouse silencieuse et pleine d'acrimonie. Loin d'éprouver chagrin ou remords, Paul va vivre dans un petit appartement où il y rencontre des voisins détonnants : les soeurs Niemi, un vieux médecin solitaire et un prêtre lubrique. Il exerce aussi des petits boulots (distribuer des journaux ou tondre des pelouses). En bref, la vie de cet homme est des plus sordides, lamentables mais drôle !

Face à tant de débandade et de dérision, Paul ne se démonte jamais et livre au lecteur ses pensées les plus abracadabrantes. D'Anna, il reconnaît qu'elle était "une folle" qui a bousillé son semblant de vie. De ses fils, ce sont tour à tour des anguilles, des blattes et des orphelins !

Paul est insensible, cynique et tourmente ses voisins (un peu). Son machiavélisme avec le prêtre Joseph Winogradov est une ingéniosité en rouerie et perversité. Personnellement, j'en ris ! Pour le reste, on peut reprocher à l'histoire d'être glauque et plombante. Pourtant, j'aimerais qu'on fasse le tri dans le portrait de cet homme : ses fantasmes, ses obsessions ou sa vengeance sur "la folle" révèlent un personnage sarcastique et débonnaire, conscient de ses faiblesses, inapte d'accomplir le moindre mal.

"Je suis fatigué de toutes ses luttes improductives. Je ne possède pas la fureur et les vertus d'Anna. Je ne vais pas au bout des choses. Je n'aurais jamais été capable d'être bourreau. Je peux tourmenter une âme, je suis incapable de couper une tête." Toutefois, il réussira à garder le silence, jusqu'au bout ! Prêt à rendre chèvre son psychiatre, ses voisins ou ses fils. Paul se régale, seul, dans sa tête, même la toute dernière phrase tire le sourire. Voilà pourquoi j'ai pas mal aimé ce roman !

183 pages / points


je_pense_a_autre_chosePaul Klein se trouve à Jérusalem, interné dans un hôpital psychiatrique. Comment, pourquoi ? Ses confidences sur papier vont ouvrir la porte à un secret de famille. Paul se croit l'otage de son frère jumeau, Simon. Jusqu'alors, la vie de Paul était limpide, chaotique, mais simple. Il a été marié à Anna, le couple a eu deux enfants, il était spécialiste en météorologie, menait une petite vie idyllique près de Toulouse. Puis il est parti à la conquête de Montréal, aux trousses d'une chasseuse d'ouragans. D'un autre côté, Simon, son frère, semble l'avoir toujours jalousé, du moins lui a toujours reproché d'avoir renié ses origines juives. La brouille entre les jumeaux va durer des années, aidée par l'exil de Simon à Jérusalem, pour un même internement.
Alors ?.. Que s'est-il passé dans l'existence de Paul Klein pour être tombé si bas ?

Autour du personnage de Paul Klein, on s'attache à une kyrielle de caractères secondaires, qui sont autant d'éléments nécessaires au portrait du héros et de son histoire ! La relation entre Paul et son frère, ou Paul et les deux femmes de sa vie, et même Paul et son beau-père, est à chaque fois maîtrisée, aiguisée, jamais tirée à gros traits, tantôt cynique, cruelle ou malicieuse. Dubois est au plus juste ! Poilant, honnête, touchant et captivant !

Dans "Je pense à autre chose", on retrouve (pour ma part) du bon, du vrai, du grand Jean-Paul Dubois ! Celui que j'ai aimé dans des romans comme "Kennedy et moi". Une nouvelle fois l'auteur s'attache à la formule payante de chapitres courts et incisifs, et à une saga familiale teintée de suspense et d'humour. C'est tout bon, j'ai dévoré !

265 pages / points

  • A suivre : Vous plaisantez, monsieur Tanner

18 juin 2007

Jean-Paul Dubois : ce que je n'aime pas

prends_soin_de_moiDans un couloir de maternité, Paul Osterman se prend à la tête à réfléchir sur le sens de sa vie et, notamment, sur sa présence en ces lieux. L'homme est un terrorisé de naissance, sujet à l'hypocondrie depuis le décès brutal de son père, et paralysé par l'engagement.

Il faut dire aussi que ses liaisons sont désopilantes. Deux femmes sont donc l'objet de ses souvenirs : Julia de Quincey et Rebecca Crown. Elles sont toutes deux autoritaires, exigeantes et intransigeantes, elles ont également en commun de saboter le moral de Paul Osterman, de le réduire en charpie, pauvre petite chose abusée sexuellement et émotionnellement par le dogmatisme de ces maîtresses.

Evidemment, il est difficile de s'apitoyer sur le sort de cet homme qui, à l'approche de la quarantaine, voit défiler sa vie avec une passivité affligeante ! Il est donc impossible de s'attacher à ce panel de personnages, c'est terriblement désolant.

Etant une inconditionnelle de Jean-Paul Dubois, appréciant son univers et ses talents de romancier, j'éprouve toute l'objectivité permise pour afficher un dégoût pour ce livre. Plus j'avançais dans ma lecture, et plus j'étais effarée du renoncement qui s'opérait en moi. Non, "Prends soin de moi" ne figurera pas parmi mes lectures préférées... loin de là !

Robert Laffont, 1993 - 210 pages - Points


parfois_je_ris_tout_seulPrésentation de l'éditeur
Un électricien victime de fous rires intempestifs perd son travail. Une femme renonce à son fantasme d'amant viril et charbonneux de peur de salir son tailleur beige. Un écrivain brise en mille morceaux, à la fin de chaque livre, le siège sur lequel il l'a écrit...

Avec ce livre-ci, j'ai carrément failli abandonner ma lecture ! La faute est que j'ignorais qu'il s'agissait, en fait, de chroniques écrites en 150 pages (une page pour chaque, grosso modo).

Dans ce livre, je n'ai pas du tout retrouvé l'esprit ni le style de Dubois. J'ai même parfois trouvé qu'on penchait dangereusement dans le vulgaire !

Il est vite temps de passer à autre chose pour oublier cette erreur de parcours !

Robert Laffont, 1992 - 150 pages - Points.


la_vie_me_fait_peur"La vie me fait peur" remplit les mêmes lignes de contrat qu'un bon roman populaire, où l'on suit la saga de la famille Siegelman. Des pionniers en matière de caravaning et tondeuses ! Cette histoire, donc, se passe essentiellement lors du vol France - Miami où est confiné Paul, quadragénaire fraîchement licencié par sa propre épouse ! Ce voyage, en fait, il l'entreprend un peu pour se blottir "sous les jupes" de son père, exilé dans le Sud des Etats-Unis pour une retraite dorée. Histoire de se plaindre d'une telle traitrise, de la débâcle de l'entreprise familiale, d'un égarement d'un homme paumé, largué par la vie depuis de nombreuses décennies !

Au fil des chapitres, un peu comme le décompte des heures, de l'avion qui glisse dans le ciel au-dessus des contrées américaines, Paul fait un bilan de vie guère potable, souvent teinté du souvenir ému d'une mère exceptionnelle et d'un père exubérant et follement dynamique. Son adolescence, sa crise de la vingtaine, son mariage avec Vivien, ses tentatives professionnelles... Paul ne tente jamais de sauver sa peau, il se livre à nu. Toutefois, en tant que lectrice passionnée par l'écrivain Dubois, j'avoue que cette contemplation d'un homme ordinaire, en guerre avec lui-même, est lassante et complaisante. Je ne m'y suis pas sentie embarquée, un peu touchée, mais les longs exposés autour de l'industrie de la tondeuse ont fini de me laisser sur le bas côté !...

236 pages / points


si_ce_livre_pouvait_me_rapprocher_de_toiUn homme de quarante-six ans, Paul Peremulter, vient de divorcer et décide de quitter la ville de Toulouse pour un périple aux Etats-Unis qui le conduira depuis le sud jusqu'au nord du pays, dans les bois québecois, sur les traces de son père, porté disparu en plein lac, il y a des années. Depuis Miami à La Tuque (Québec), le parcours de cet homme est cocasse, humble et fouille des sentiments profondément ancrés depuis la perte de ce père, Fulbert. Car bien sûr, Paul va recevoir un bien étrange héritage de cet homme que, finalement, son entourage connaissait très peu !

"Si ce livre pouvait me rapprocher de toi" emprunte des nouveaux sentiers et semble inscrire l'auteur comme un "écrivain américain". L'amour des espaces immenses, des bois, des lacs, de la pêche... J'ai, pour ma part, éprouvé moins d'attrait pour l'itinéraire de ce quadragénaire. Il décide un matin de "changer de vie" mais c'est monotone. Sauf pour les amoureux des histoires "naturelles".
Quand un fils part sur les pas de son père, il s'aventure à ouvrir des boîtes de Pandore. La boucle sera-t-elle bouclée en bout de parcours ? On lui souhaite, du moins je m'attendais à davantage de recherches cyniques, d'humour et de dérision, propres au style de l'auteur. Mais c'est clair que ce roman est complètement différent des autres, mais moi je n'y suis pas sensible.

210 pages / points

17 juin 2007

ça ne peut plus durer ! ~ Marie Le Drian

Ce roman est vraiment très drôle et touchant par sa particularité de faire causer la vieille Léontine, une sacrée grand-mère qu'on a emmené sans son avis dans une maison de troisième âge. Pour son entourage elle commence à perdre la boule, mais Léontine s'y refuse et dans son long monologue elle explique au lecteur que cela ne prouve rien du tout, qu'elle a les idées claires et précises et qu'elle ne doit pas rester dans cette Maison, mais retourner chez elle... Comme ils ont tous l'air sourds d'oreille, Léontine va s'appliquer à être une vieille dame modèle, pour qu'ils se rendent tous compte de leur erreur et qu'elle n'a pas sa place avec ce troupeau de séniles et grabataires...
Léontine va nous embarquer dans sa vie de tous les jours, une vie dans une maison de retraite, et de découvrir qu'on ne s'y ennuie pas, qu'il s'y passe de bien polissonnes choses !...
"ça ne peut plus durer" est un roman drôle et touchant, parfois une pointe d'humour masque une certaine gravité de la situation. C'est très plaisant et distrayant à lire.

juin 2004

17 juin 2007

Sirène ~ Marie Nimier

Marine, jeune fille au prénom d'eau, est une sirène. Celle des légendes, celle qui, un jour, s'efface car trop fragile et éphémère. A seulement vingt ans, Marine décide de les rejoindre, au fond de la Seine. Très soigneusement, la jeune fille prépare son grand voyage, lave la vaisselle, astique les sols et écrit une lettre pour Bruno. Avec application. "Je vais me couler sirène, adieu."
L'on plonge ensuite dans l'histoire de Marine, sa rencontre avec Bruno, ce sculpteur qu'elle aime. Et ses souvenirs d'enfance. Traumatisants, qui ont marqué à vif la jeune fille et expliquent son parcours, cette issue irrémédiable. "Sirène", premier roman de Marie Nimier, raconte toutes ces jolies choses. C'est le monde de l'enfance avec ses légendes, ses rêves, ses espoirs et fatalement ses déceptions, ses blessures. Les amours inconstantes. Par goût et par jeu, les personnages de Marie Nimier ont un oeil vers les nuages et l'autre rivé sur ce qui les environne. C'est peut-être le décalage entre leurs pensées et le monde extérieur qui leur donne cette apparence d'anges écorchés. Ils semblent détenir un secret que l'auteur va malheureusement chercher à révéler. Le voile se lève sur des regrets: les chimères n'appartiendraient-elles qu'aux enfants?

Un merveilleux et bouleversant petit roman, tendre malgré les apparences. Marie Nimier possède une très jolie plume et révèle un monde à la fois proche du rêve, des légendes et de la réalité.

juin 2004

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17 juin 2007

Anatomie d'un choeur ~ Marie Nimier

Bien avant le film de Jugnot, Marie Nimier avait écrit un très drôle roman sur un choeur : l'histoire des rencontres, des conflits, des idylles entre 80 choristes qui s'aiment, se jalousent, se haïssent et pourtant ne feront qu'une seule voix le soir du concert. L'intrigue épouse le rythme à trois temps des répétitions de la Marche funèbre pour la Mort d'un Nénuphar.
On découvre d'abord la figure passionnée du chef, Thomas Morhange, hanté par le désir de révéler au public l'oeuvre de son arrière-grand-père, compositeur inspiré dont les contemporains ne retinrent que la fin pittoresque : il mourut écrasé par sa bibliothèque. En contrepoint, l'univers chaotique des manigances de l'administrateur et de sa complice, plus intéressés par les bruits de couloir que par la musique. Et surtout, un grand amour avec sa menue monnaie de compromissions, de chantages, mais aussi le timbre clair de ses fous rires, lorsque les lumières s'éteignent dans l'escalier et qu'il impossible de résister.

En bref, un roman désopilant à lire pour se gausser sans fin devant les aventures de ces choristes fort sympathiques !!! Marie Nimier avait fortement déçu avec sa "Nouvelle pornographie" mais lisez ses premiers romans, ils sont détonnants !

juin 2004

17 juin 2007

C'est la fête des papas !!!!

Chhhttt !

16 juin 2007

Fille de la tempête - Béatrice Bottet

fille_de_la_tempeteAttirée par cette très belle couverture de Gianni de Conno, je me suis intéressée à cet ouvrage de Béatrice Bottet qui raconte la légende d'Is (ou Ys), la ville engloutie, très célèbre en Bretagne, où elle est née, et partie intégrante de la tradition orale depuis des siècles.

C'est l'histoire du roi Gradlon, parti à la conquête des pays du Nord, qui tombe sous le charme de la reine Malgwen et l'enlève pour rentrer au pays. Mais une malédiction frappe le navire, une tempête s'abat sur l'équipage et Malgwen meurt en donnant naissance à une petite fille, Dahut, fille de la tempête.

Choyée par son père, mais méprisée par le conseiller du roi, le moine Corentin, Dahut demande donc à Gradlon d'édifier une ville rien que pour elle. Sortie des eaux, Is devient ainsi le royaume du plaisir, de la fête et de la fleurette. Mais Dahut s'attire les foudres de Corentin, qui la prévient de la vengeance de Dieu. Or, à cette époque, la princesse voue un culte aux croyances païennes (fées, elfes, esprits de la forêt...).

Dans la ville d'Is, barrée par des portes contre les eaux qui l'entourent, un navire se présente avec à son bord un bel étranger. Il tourne la tête de la princesse Dahut, annonçant le drame qu'on connaît.

Je ne connaissais pas du tout la légende de la ville d'Is et j'ai donc été captivée par cette histoire sur les terres celtiques, montrant le clivage entre la naissance de l'Eglise chrétienne et la religion païenne. Il donne aussi de l'ampleur à une figure féminine passionnante : Dahut est une princesse belle, intelligente et indépendante. Elle s'oppose avec panache à l'Eglise mysogyne, incarnée dans cette histoire par les moines Corentin et Guénolé.

L'histoire aborde timidement les thèmes du bien contre le mal, n'apportant pas un avis tranchant. De plus, le roman se termine sur une note mélancolique avec une Dahut devenue sirène qui se demande pourquoi elle seule a survécu et s'il y avait vraiment quelque chose à expier. Un brin philosophique, donc, "Fille de la tempête" est un joli roman qui taille une légende avec un lyrisme convaincant.

Casterman, coll. Epopée - 155 pages - illustrations : Daniel Maja - couverture : Gianni de Conno. 7.90 euros

15 juin 2007

Virginie, une histoire qui sent la colle Cléopâtre - Kek

virginieAu départ était un site internet (qui existe toujours), puis c'est devenu un album édité aux éditions Delcourt, une version avec plus de dessins, un épilogue et d'autres surprises. Son jeune auteur Kek ne manque pas de verve, il se rappelle son amour d'enfance, Virginie, qui a quitté leur ville de Dunkerque pour Grenoble à l'âge de neuf ans. Le temps passant, Kek n'a jamais oublié Virginie et tente le coup de la retrouver ! Cette histoire "qui sent la colle Cléopâtre" cultive l'humour et le bon esprit sans non plus tomber dans l'absurdité. Il y a des clins d'oeil, des dessins honnêtes et un discours actuel, parfois grossier, mais cela inspire toujours le comique.
A découvrir !

C'est ma petite soeur qui avait dégoté ce site : Virginie, une histoire qui sent la colle Cléopâtre

Editions Delcourt, coll. Shampooing - 45 pages - 7.90 euros.

15 juin 2007

A la brocante du coeur - Robert Cormier

A_la_brocante_du_coeurC'est l'histoire d'un homicide sur une petite fille de 7 ans et d'un garçon de 12 ans, son camarade de jeux, qui devient le principal suspect des enquêteurs. Pour le coincer, les détectives font appel au célèbre Trent, redoutable dans ses interrogatoires et dont la réputation annonce le succès de l'affaire, bien vite bouclée.
Du moins, le pensent-ils tous.
Au coeur de cette machine infernale, il y a un adolescent de 12 ans, dépassé par les événements, qui clame son innocence et se débat avec détresse contre toute implication criminelle.

Le noyau du roman se base donc sur le tête-à-tête entre Trent et le gamin. L'ambiance est lourde, la tactique de l'enquêteur est perfide, si bien détaillée que le lecteur en découvre tous les rouages avec effroi.
Le suspense est intenable, car l'auteur a su fonder son histoire sur ce climat. Il est même diablement vicieux car on devient incapable de cerner la vérité du faux, puisque les doutes commencent de plus en plus à nous envahir !
Oui, ce roman est redoutable. Froid, impitoyable et écoeurant. Il place la justice américaine sous un halo peu valorisant. Les jeunes lecteurs français pourront se sentir étrangers à l'appareil outre-atlantique, mais nullement indifférents à la monstruosité de la manipulation et du carnage engendré par la prétention et l'ambition dévorante.
A lire, absolument.

L'Ecole des Loisirs - 153 pages. Janvier 2003 - 9.20 euros - Traduit de l'américain par Hélène Misserly.

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