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Chez Clarabel

15 mars 2007

FBI et les neuf vies du chat - Sophie de Mullenheim

FBI_neuf_vies_du_chatFabien Barthélémy Isthory, plus connu sous le diminutif de FBI, est détective historique. A l'aide de livres anciens et de sa secrète machine à remonter le temps, le VART, il accomplit des miracles dans son bureau 1515 au 110ème étage d'une tour new-yorkaise. Installé depuis deux ans aux Etats-Unis, ce jeune français connaît une reconnaissance florissante, ce qui lui a permis d'embaucher une femme de ménage, la jeune et jolie Marilyn.

La grande aventure rocambolesque de Fabien commence par le plus grand des hasards, après deux voyages dans le temps et un constat aberrant : un chat au pelage bleuté et sans queue semble être un agent déterminant dans le cours des événements historiques. En rencontrant le Pr Colley, maître de conférences sur les chats, Fabien partage ses déductions, auxquelles s'ajoutent les précieuses informations du professeur : ce chat dénommé Cobalt compte neuf vies à son actif, il faut retrouver sa trace pour mieux cerner son incroyable mission.

Sophie de Mullenheim n'en rajoute pas des tonnes pour placer aussitôt son lectorat dans l'ambiance et l'action trépidante. Cette chasse au matou prend une singulière tournure, enrichie par des sauts dans le temps, nous offrant la possibilité de revivre des scènes historiques d'une certaine envergure (la mort de Cléôpatre, le naufrage du Méduse, les contes de Charles Perrault, etc.). L'auteur est très scrupuleuse pour expliquer ses théories et le concept de "détective historique" au bord d'un "VART" plutôt original, mais bien pensé, bien étudié. Les lecteurs pourront ainsi apprécier ce mélange, l'idée n'est nullement rebutante, bien au contraire !
On soulignera cependant le détail qui "dénonce" le roman pour la jeunesse à travers le personnage de Marilyn, franchement un peu niais, qui trouve son patron "trop mignon", "trop craquant". Mais il est vrai que c'est un roman avant tout destiné pour séduire les adolescents, aucun doute possible qu'ils puissent demeurer hermétiques à cet univers nimbé d'investigations, de rebondissements et de vrais instants marquants dans la grande histoire. Voilà une sympathique invitation à plonger le nez dans un manuel sensé et captivant !

Plon jeunesse, 305 pages  (janvier 2007).

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14 mars 2007

La pochothèque : en poche ! #4

Voilà 3 titres parus récemment en poche :

heureux_evenementUn heureux événement, Eliette Abécassis : Ma première impression concernant cette histoire a été que j'ai trouvé la narratrice fort excessive ! Depuis le départ, quand elle souligne combien elle était jeune, belle, intelligente et indépendante, puis comment la maternité l'a transformée en un corps défraîchi, une femme aliénée, désespérée, une mère au foyer !!! Il y a une tendance prépondérante à mettre en balance l'avant et l'après, ce que la grossesse dans sa vie de femme a chamboulé, comme si elle lui tombait tel un cheveu dans la soupe. C'était parfois trop ! L'auteur a réuni chez sa narratrice tous les pendants cauchemardesques d'une femme enceinte, même lors de l'accouchement, et n'en parlons pas après !... Jusqu'à la vie de couple de cette Barbara qui est complètement renversée, autant dire que c'est un vrai calvaire du début à la fin !
DONC je tiens à rassurer les futures mamans qu'il y a, certes, du vrai dans cette histoire, mais qu'elle est également poussée à l'extravagance et à la caricature. Quand je regarde ma propre expérience, en la comparant à celle d'Un Heureux Evènenement, bien entendu je souris, je me retrouve ci et là, je me dis la pauvre, décidément elle a tout collectionné, mais aussi ... euh là, c'est un peu poussé le bouchon un peu trop loin. Enfin bref, je conseille de lire ce livre comme un divertissement et un regard très cocasse sur la maternité. C'est très léger à lire, finalement. Mais connaissant Eliette Abécassis, bien évidemment, l'auteur a une fichue tendance à tout intellectualiser, à trop analyser et à se regarder (un peu, trop) le nombril. Aussi, relax ! être mère c'est galère mais quel boulet formidable un enfant ! (Le livre de poche)

carnaval_monstresLe carnaval des monstres, Anne Sophie Brasme : La particularité de Marica est d'être laide, mais vraiment laide. Elle le sait, et pourtant elle s'imagine être jolie. Surtout quand elle suscite le désir d'un homme, comme Joachim. Mais là, c'est plus compliqué. Car avant de rencontrer le photographe, Marica est littéralement obsédée par le sexe et le désir des autres, essentiellement les jeunes hommes, étudiants de la Sorbonne ou joueurs de tennis. Sa cause est perdue, elle le sait. Aussi elle répond à l'annonce insolite de devenir modèle pour des photographies "à caractère atypique". Car Joachim s'intéresse au laid, au moche, aux monstruosités derrière les façades humaines. Il photographie, dessine, peint et écrit ! Joachim abhore Marica, du moins ce qu'elle représente. Et pourtant il la désire, c'est sans doute ce qui lui paraît détestable et honteux de sa part. Etre attiré par l'ignominie !

Je dois avouer n'avoir pas été complètement emballée. Par moments j'ai peiné, trouvé louche cette relation entre le photographe et son modèle. Les deux partis sont détestables, même si j'ai éprouvé quelque sympathie pour la Marica du début - cynique et faussement légère, consciente de sa difformité, mais revendiquant le même droit à l'amour que les autres ! Après tout, si Joachim couche avec elle, ça veut bien dire quelque chose ? Mais il semblerait que non. Les rapports entre eux deux deviennent lourds, pesants et poisseux. Chacun, finalement, a honte. D'être moche, de prétendre être différent, d'aimer l'hors-norme, d'être affamé d'un amour charnel, non plus sentimental... bref ça devient une spirale angoissante et délirante ! Et même un peu malsaine. Les desseins sont obscurs et inquiétants, déplacés aussi. Et autant l'homme que la femme sont pris dans cette aliénation ! Pour se consoler, disons qu'il y a de belles réflexions sur la perversité et ses rouages insensés, mais le texte est lourd.  (Le livre de poche)

deviances_pocheDéviances, Richard Montanari : Habile et réussi, le scénario tient en haleine, surtout grâce aux chapitres courts qui s'élèvent au nombre de 84 pour ce roman de 470 pages. Cadence soutenue, c'est foncièrement palpitant. L'histoire des meurtres des filles au rosaire est d'une mise en scène diabolique mais dirigée avec maestria par l'auteur de "Déviances". Un roman noir, un thriller de la veine des films les plus glauques où la ville de Philadelphie, livrée aux bandes, aux pervers et à la drogue, devient le parfait théâtre des plus sordides débauches. On comprend alors Kevin Byrne, le flic usé et qui écoute du blues le soir dans sa voiture, pour chasser ses vieux démons et retrouver les fameuses visions susceptibles de l'éclairer sur cette enquête. Sa jeune partenaire Jessica Balzano livre également son propre combat de femme de tête, récemment séparée de son mari elle élève seule sa petite fille et voit son boulot déborder sa vie personnelle... Le lecteur a tous les éléments en main : des crimes horribles, un tueur fou et récidiviste, la police à ses trousses, des enquêteurs perplexes et embringués dans d'autres "déviances", un décor où l'on sent les mauvaises odeurs et l'on rencontre les pires ordures... mais un roman prenant, qui prend aux tripes, agrippe le lecteur, pris dans l'engrenage, impossible de fermer l'oeil. Ce climat d'angoisse et d'incertitude est maintenu jusqu'au bout. Pas mal !  (Pocket thriller)

14 mars 2007

Pas besoin d'avoir des enfants, même si ...

Même s'il m'est très agréable de partager une lecture avec mon enfant, je dois avouer qu'avec ce livre-ci je n'ai pas eu la patience d'attendre et je l'ai dévoré toute seule ! oui, dans mon coin !... Je suis comme ça, moi. Impatiente, égoïste, vilaine mère !... Pour ma défense, il faut savoir que je tenais à tout prix à feuilleter cet album d'Agnès Lacor & Lily Scratchy car j'avais déjà précédemment savouré (et adoré) l'histoire de Juliette de la Chevillette.

firmin_latoucheC'était attendu qu'il y aurait encore une fois un humour dévastateur dans ce livre : Firmin Latouche, un jeune homme très comme il faut. J'ai bien eu raison, c'est désopilant ! Ce travail fait en commun par la joyeuse paire de Agnès Lacor l'auteur & Lili Scratchy l'illustratrice est encore une fois une belle réussite. Imaginez un garçon absolument remarquable, bien sous tout rapport, distingué, aimable et professionnellement accompli, bref la coqueluche des demoiselles qui se pâment d'amour au doux nom de Firmin Latouche. Ce type a tout pour lui, semble soupirer d'ennui le jeune apprenti boulanger, Lucien. Mais son patron, Auguste Pain, proteste, du style "n'oublie pas que nous sommes les artisans du bonheur et ça n'est pas rien" !

Déjà, à cette phrase, j'étais conquise. Artisan du bonheur... c'est joli, non ?

Bref, continuons. Firmin est glorieux et fier de lui. Qui pourrait se douter que cet individu peaufine son style pour atteindre sans relâche la perfection ?! Après sa récente et fulgurante promotion, Firmin a d'ailleurs la ferme intention de ne pas s'arrêter en si bon chemin. Il s'imagine bien prendre la place de son chef, Monsieur Jeanjean, le père de la délicieuse Marie.

La jeune fille va devenir un personnage-clef de cette histoire. Elle est l'amoureuse secrète de Lucien, trop timide pour lui avouer ses sentiments, car Marie est une tête-en-l'air qui ne pense qu'à créer de nouvelles saveurs pour son métier. Firmin aussi va entreprendre cette jeune fille, ne doutant plus qu'elle puisse servir ses savants calculs. Allez hop, un bouquet de lilas, une demande en mariage et ...  Le plan machiavélique est en route. Ne voyez-vous pas les cornes et la queue en fourche se glisser sur la silhouette de Firmin le perfide ?

Ce livre a le format d'une bande-dessinée, avec couverture souple et quelques 64 pages. Il faut accompagner son enfant (6-7 ans) dans le sens de la lecture, lui expliquer qu'on lit d'abord les légendes avant les petites bulles de dialogues. Une fois ce principe entendu, on peut se lancer dans la lecture de cette histoire. Préparez-vous aux gloussements de rire ! Miss C. (très bientôt 7 ans !) a aimé la figure des personnages, leurs douces rondeurs, leurs contours excentriques, leurs expressions singulières et leurs poses théâtrales. C'est du meilleur effet ! A cela, s'ajoute un scénario parfaitement crédible (un vil coquin, une blanche colombe, un amoureux éploré, des parents naïfs et un maître boulanger qui veille au grain...). On y raconte l'immonde tentative de roublardise d'un aigrefin ambitieux. C'est étonnant l'impact soulevé par cette aventure. Moi-même (30 ans, toutes mes dents) j'admets avoir marché dans la combine en m'interrogeant avec sourire sur la suite de cette affaire où s'emmêlent très vite les embroglios de l'amour ! Waouh ! tout ça pour un seul livre ! Je vous le dis : banco !     (Editions Thierry Magnier)

IMGP2303

Suivez le guide & bonne lecture !

13 mars 2007

Des nouvelles qui font du bien !

sainte_ritaVoici un petit livre tout à fait appréciable, à lire en deux coups de cuillère à pot, miam ! Pratique, efficace, divertissant. Il est composé d'une galerie de portraits percutants et plutôt originaux, depuis Josiane, 47 ans, éternelle célibataire et qui commence à s'en mordre les doigts, pitié Sainte Rita, faites quelque chose pour elle !... On passe ensuite à Monsieur Bernard, commerçant prospère d'une boutique d'Un peu de tout, mais qui serre les cordons de sa bourse en attendant de bâtir la maison de ses rêves, avec dix chambres et trois tourelles, attentif au moindre détail, un peu trop vigilant, prenez garde Monsieur Bernard, ça peut sentir le gaz !... On n'oublie pas le portrait d'un couple au bout de "Dix ans de mariage", un coup qui bâille mais s'éparpille dans leurs soirées mondaines, le type qui se croit tout permis et sa douce qui n'en loupe pas une... Aïe ! Un peu de tendresse avec les deux histoires "Le chat" et "L'enclave" : dans la dernière, une vieille femme se réconforte de rester bien au chaud chez elle, bien loin de toutes "ces vies gâchées, ces horreurs, tout ce qui manque et va de pair avec la modernité" ! Portrait très réaliste !
En quelques 110 pages, on apprécie avec douceur ces tableaux qui ne manquent jamais de mordant, ni d'humour et encore moins d'amitié et d'amour. La causticité de Claire Wolniewicz est chic, parfois il aurait été même intéressant de pousser davantage dans leurs retranchements les personnages de ces petites histoires. Mais bon, c'est déjà très bien et surtout cela offre un bon petit moment de lecture. Très léger, tout ça ! C'est bien.

Pocket - 110 pages

scalpelsLa honte, c'est un coup de scalpel, une plaie qui s'ouvre, le sang qui monte au visage, brûle le front et les joues. La respiration et le cœur s'affolent. Une lourdeur insupportable, un recroquevillé général de soi et, comme une pieuvre qui vous fondrait dessus, une solitude atroce. Le temps s'arrête et nous sommes nus devant l'univers qui ricane. Qui n'a pas connu ça ?
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'auteur. Charles Gancel nous renouvelle le miracle du recueil de nouvelles en offrant à travers 10 exemples des situations totalement désopilantes.
Personnellement, je crois que l'histoire "Chouquette" qui ouvre ce recueil est la plus percutante et à pleurer de rire un peu jaune. Chouquette est une tortue minuscule qui a été offerte à une jeune fille pour son anniversaire, un petit repas est donné qui réunit la famille et le petit ami de la demoiselle, or c'est le gueuleton qui vire en joutes oratoires sur fond de convictions politiques et sociales... la tournure de la journée vaut son pesant d'or !
Les autres histoires, étrangement, n'ont plus le même poids. Il y a bien quelques-unes sympathiques et poilantes (God ou Le script par exemple) mais aussi surprenant que celui puisse paraître, les situations souvent racontées dans ces nouvelles ont un peu goût à vous glacer le sang (l'histoire du type qui perd la boule et envoie son poing dans la figure de sa femme, l'oncle incestueux, la bêtise insupportable de l'arrogant, ou le jeune lad et son cheval qui meurt dans sa m**de...).
J'ai un peu trouvé qu'on s'échappait du domaine du drôle pour mettre en situations des scènes où la honte est pire qu'une gêne, elle vous sidère, vous force à chercher un terrier, ou vous semble si pathétique qu'on hésite à en rire.
Dans son 1er recueil (Les Oeufs), Charles Gancel avait été époustouflant et pince-sans-rire. Cette fois-ci, il nous offre un nouveau panel de circonstances cocasses et dérangeantes, à travers lesquelles le comique n'est plus de mise. Avec son titre "Scalpels", il annonce clairement son intention d'être tranchant et radical. Tantôt, ça fonctionne à merveille, tantôt on grince des dents... mais c'est vrai qu'on oublierait presque c'est tout ça, la honte, aussi. Du rire, du malaise, de la déconvenue, du repentir... Buchet Chastel, 180 pages.

oeufsMON AVIS SUR LES OEUFS : Ce recueil, particulièrement corrosif et jubilatoire, nous entraîne dans l'univers de l'entreprise avec sa hiérarchie, son pouvoir, ses ambitions et ses coups bas. Tour à tour, les nouvelles sont surprenantes : comparer les hommes d'affaires à des étalons en rut, portraiturer une jeune employée de banque qui préfère démissionner de peur de se dépraver dans d'obscurs rendez-vous du vendredi soir dans le cagibi de l'imprimante, ou suivre un président harcelé par un mystérieux corbeau poète... Autant d'histoires cocasses, comiques et cruellement jouissives.
Le regard de l'auteur n'épargne personne. Sa fonction de dirigeant d'un cabinet de travail spécialisé dans l'intégration culturelle des grandes entreprises internationales expliquerait son acuité à dépeindre le monde de l'entreprise avec autant de détachement. C'est gentiment moqueur et pervers.
Revisitez le monde du pouvoir, du métier, des entreprises à travers le regard de Charles Gancel, votre vision en sera métamorphosée. Agréablement surprenant, bien écrit, "Les oeufs" rassemble des nouvelles percutantes. A lire.

12 mars 2007

Un après-midi avec Rock Hudson ~ Mercedes Deambrosis

Premier roman que je lis de Mercedes Deambrosis, j'étais curieuse de la découvrir ! Je ne m'étais préparée à rien, je ne m'étais forgée aucune idée inconsciente, et donc j'ai ouvert ce livre avec bonheur.
D'emblée l'écriture est vive et nous entraîne dans un tourbillon. Présentation: Dorita interpelle une ancienne amie du lycée, Carmen, qu'elle vient de croiser par hasard par un glacial après-midi, en ville. Cela fait si longtemps... les bons souvenirs vont refleurir ! Les deux femmes vont prendre un verre et pouvoir parler du bon temps. D'office on lit les traits de ces deux anciennes camarades: l'une est une riche épouse exubérante tandis que l'autre est cramoisie, gênée, légèrement frustrée et balbutiante.. On pressent un tableau caustique et méchamment moqueur. Et puis, à trop se moquer de l'une ou de l'autre, on est mal à l'aise. Finalement c'est trop méchant!.. On perçoit que la situation va mal tourner, la riche fofolle boit trop, se vante trop, et en fin de compte se révèle gourde. Son amie est passive, désolée et déprimée, elle couve un secret qu'on découvre en ricanant. Bref, l'issue de cette histoire ne va pas être toute rose!..
Pour conclure, j'ai bien aimé cette histoire vraiment méchante et trop moqueuse. Car finalement j'ai apprécié ce cynisme et cette perpétuelle dérision. On se doute que les apparences sont trompeuses et que cette mascarade va se terminer en eau-de-boudin. C'est probablement ce qui donne la tournure et le rythme à cette histoire. "Un après-midi avec Rock Hudson" (déjà le titre!... ) est un petit roman -- on le lit en peu d'heures -- qui laisse sa petite trace dans notre coeur.

mars 2004

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12 mars 2007

La nuit retient ses fantômes ~ Shashi Deshpande

Apprenant la mort de sa mère, Saru rentre chez elle, retrouve son père, après quelques quinze années d'absence, d'un départ houleux, fâché avec les siens. Parce que Saru s'est toujours sentie responsable de la mort de son jeune frère, noyé presque sous ses yeux à elle. Donc, responsable de sa mort, reponsable d'être toujours vivante, elle, au lieu du frère chéri. Saru a pris le parti de fuir cette maison où le silence et le ressentiment avaient pris place. Saru a fait des études de médecine, s'est réfugiée à Bombay, a rencontré Manohar, poète charmeur, mais de caste inférieure. Allant une nouvelle fois à l'encontre de sa famille, Saru va épouser Manu/Manohar, avoir deux enfants et devenir médecin, gagnant plus d'argent que son époux, confiné à un poste d'enseignant dans une université de seconde zone...

Shashi Deshpande constitue brique par brique un portrait de femme qui s'est fissuré au fil du temps, depuis une enfance saccagée et meurtrie. Saru représente cette nouvelle femme d'une Inde moderne, contemporaine, la figure d'une femme active, dans sa vie professionnelle et dans le cadre de son épanouissement personnel. Femme, avant tout. Mais son histoire montre combien il est difficile, toujours, de combiner son bien-être intime au paraître de la société, encline au traditionnel et à l'image de la virilité masculine. Saru se dessine d'un chapitre à l'autre, la femme qu'elle est devenue, réfugiée chez son père, traumatisée par son passé, désormais déboussolée dans sa vie de couple. Car les fantômes, la nuit, l'assaillent : il y a celui de son frère, de sa mère mais aussi de son époux, un individu méconnaissable au sein de la couche. Saru tente de panser ses multiples blessures, d'ouvrir un dialogue de sourds avec son père, de comprendre, d'être pardonnée... bref de trouver une voie qui la guidera vers la félicité. "La nuit retient ses fantômes" se révèle vraiment passionnant et montre l'Inde beaucoup plus proche, plus contemporaine et accessible. Loin de l'image traditionnelle et des clichés. Une belle découverte ! (un peu tardive, certes, le roman étant paru en 1980, en édition originale). 

lu en mars 2005

12 mars 2007

Vacances indiennes ~ William Sutcliffe

Du bonheur, ce roman ! Frais, pétillant, drôle et cynique, il nous entraîne aux trousses d'un jeune anglais de 19 ans, Dave, parti trois mois en Inde, avec une compatriote, Liz... Mais avant tout ça, remontons les rouages de la machine : Dave a un meilleur ami, James, qui sort avec Liz. James part huit mois faire le tour du monde, Liz et Dave se rapprochent, deviennent intimes et se fâchent trois jours avant leur départ commun pour l'Inde. Laquelle aventure est particulièrement entreprenante pour Dave, typiquement flegmatique et sacarstique dans l'âme, loin d'être baroudeur de surcroît !

Bref, l'épopée en Inde ne va pas manquer de piquant pour ces deux personnages. Le dépaysement, l'isolement et la solitude se joindront parfois à l'excitation et la rencontre d'une culture différente, la chaleur accablante et les dérivés cosmiques du pays. Aussi ce roman présente de manière délirante les divagations des routards, tous rompus à la lecture du Lonely Planet par exemple, et le psychédélisme souvent stéréotypé, mais pas loin de la réalité, très probablement ! JETEZ-VOUS DESSUS !!! UNE BONNE CLAQUE !!!

lu en mars 2005

12 mars 2007

Au bar de l'Univers - Benoît Luciani

au_bar_de_l_universIl y a de fortes chances que vous connaissiez Benoît Luciani, on le croise parmi les visiteurs de ce blog sous l'appellation : Ben FAPM Member.. FAPM, me suis-je dit ? Kéçako ?? Une secte ? Un mouvement de libération, de déclamation, de solidarité, de machintrucbidulechouette... ? Alors là je lui demande, Cher Benoît Luciani, c'est quoi FAPM ? ...

Sur ce, revenons à ce livre. Oui, ok. C'est un envoi de l'auteur, une demande gentille, délicate ... comme j'aime. Et pourtant je m'étais faite la promesse de résister aux appels des sirènes (mais je n'ai aucune volonté, je suis d'un naturel trop curieux ! !). Mais j'ai d'autres excuses aussi, et là on ne va pas s'étendre, car cela recule l'instant sacré où l'on parle du livre, enfin ! Alors voilà, j'ai reçu Au bar de l'Univers et déjà cela me plaisait. La couverture d'Yves Jamait est chaleureuse, cela vous invite à y entrer et pénétrer dans cet Univers qui s'annonce original et où le désoeuvrement est permis !

J'ai bien fait d'accepter. Oh non, je ne regrette pas du tout cette rencontre. Et c'est avec un enthousiasme sincère et désintéressé que je vous invite à vous procurer ce livre à votre tour. Vous allez m'en remercier ! ... Le hic, c'est que cette lecture est tellement enivrante et incroyable que j'en ai les mots soufflés !

Les mots étaient justes, sans fard, sans détour. Ils exprimaient la pensée exacte, sans artifice. Ils touchaient à chaque syllabe le creux de l'âme.

Oui, Benoît Luciani a la plume sympathique. Il nous présente en de brefs chapitres ses personnages : Hélène, Thomas, Laurence, Maryvonne, Michael, Jean-Baptiste, Marvyn, Manu... Ils ont entre 35 et 55 ans, sont un peu malmenés par la vie, mariés, célibataires, confus, déboussolés, virés, mais tous prêts à faire de ce jour un tremplin pour un lendemain différent. Par une étrange coincidence, ils se donnent tous rendez-vous au Bar de l'Univers le même soir. Leurs silhouettes se croisent, les mains se touchent, les regards s'effleurent... 3 petits tours et puis ça s'en va...

J'ai lu ce livre d'une traite, complètement saoule par ce flux de mots, par cette apparente facilité d'aligner des petites phrases, de créer avec une aisance étourdissante un esprit à ses personnages et de rendre vivant ce roman ! Oui, ceci est une invitation à courir rejoindre ce quartier du 17ème arrondissement pour poser ses fesses sur une banquette du Bar de l'Univers, saluer de la tête Marvyn qui sirote son whisky au bar, sourire aux retrouvailles émouvantes entre un père et une fille, frissonner d'entendre les éclats de voix de deux loups affamés et se demander comment cet autre homme va rebondir après l'annonce de sa compagne...

C'était bruyant comme d'habitude. Il aimait ça. Le bruit. Non, le brouhaha plutôt. Le flot des discussions qui se croisaient, se rencontraient, s'entrechoquaient. Les verres qui claquaient sur les tables, le cliquetis des briquets, le vrillement des pièces sur les marbres des tables. Les regards aussi vagabondaient d'un groupe à l'autre. On se touchait parfois des yeux. On se faisait des promesses impossibles, ou simplement on s'effleurait en se disant que peut-être... dans une autre circonstance.

Benoît Luciani a déjà écrit un 1er roman : Le bruit des hommes (qui me tente bien, désormais !). Et voici son site : Le bruit des hommes . Je vous recommande de lire cette chronique écrite par Christine Spadaccini - c'est diablement bien dit ! D'ailleurs, moi aussi j'ai eu la réflexion ben, dis donc, il a l'air bien ton bouquin, t'as pas levé la tête une seule fois!  Lisez donc, vous comprendrez ! ça fait l'effet d'une petit bulle euphorisante !!! Et c'est dommage que tout ça se termine, là... j'en veux encore un peu ! :)

Hugo roman, 190 pages (mars 2007).

11 mars 2007

Les dimanches de Miss C, Rita et quelques chiens...

Le dimanche, vous faites quoi ?

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Miss C. et son chien ont décidé de consulter les aventures de leurs homologues en papier :

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Le problème, c'est que Rita s'ennuie et son chien Machin passe son temps à dormir. (Miss C. a le même souci !) Elle cherche par tous les moyens à l'entraîner dans des jeux nouveaux et originaux (dompteur de chien obus, coiffeuse, voleuse pourchassée par l'as des chiens policiers, princesse kidnappée par un monstre gluant, dinette de bonbons et cornichons). Mais Machin n'est pas drôle, il ne pense qu'à croiser les bras et ne rien faire du tout. Et puis la journée s'écoule, et voilà ! c'est malin... Une petite histoire qui fait très peur avant de s'endormir, et notre Machin n'a plus l'oeil qui se ferme !! 

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L'album d'Emmanuelle Teyras est une petite merveille de couleur ciel avec des pois blancs, c'est le cahier de vie d'Augustine (petite fille de 3 ans 1/2 qui a un chat du nom de Fernand, des parents, une copine Justine, un meilleur copain Oscar, des grands-parents, une baby-sitter et une maison à Paris). Les dimanches chez Augustine sont toujours l'occasion de faire des tas de choses que la famille n'a pas le temps de faire dans la semaine. Donc, le dimanche, ils vont au marché, invitent des amis, vont à la piscine, pique-niquent au parc, se promènent, font du vélo, cuisinent, vont au cirque, etc. Pas mal du tout, album très riche, coloré et joliment illustré. Miss C. adore !

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Nous, le dimanche, c'est bricolage. Vivement les beaux jours pour courir les vide-greniers ! Bon dimanche à tous...

Le dimanche de Rita & Machin, par Ph. Arrou-Vignod & O. Tallec (gallimard jeunesse) / Mes dimanches, par Emmanuelle Teyras (mango jeunesse)

11 mars 2007

Eurovision, nous voilà !

France : 12 points ! ! !

les Fatals Picards / l'amour à la française

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