Stage Beauty
Dans le Londres du XVIIème siècle, Edward « Ned » Kynaston est la « femme » la plus célèbre d'Angleterre. A cette époque, les femmes n'ont pas le droit de jouer sur scène, situation dont Ned profite, faisant usage de sa beauté et son habileté à interprété avec Brio les grands rôles de femmes. Mais le roi Charles II, las de voir toujours les mêmes comédiens dans les mêmes tragédies, décrète, que les femmes auront dorénavant le droit de monter sur scène et que les hommes ne pourront plus interpréter des rôles féminins. Cette décision royale bouleverse la vie de Ned qui perd sa position privilégiée de « femme » la plus désirable de Londres. Entre en scène, Maria, l'habilleuse de Ned, qui devient une vedette instantanée.
Stage Beauty rappelle un certain Shakespeare in love... Mais toute comparaison s'arrête vite là ! Dans le film de Richard Eyre, Claire Danes et Billy Crudup se donnent la réplique, avec en toile de fond la pièce "Othello". Ce couple de jeunes acteurs n'a rien à envier à Gwyneth Paltrow et Joseph Fiennes, loin de là ! Et puis, il y a davantage d'espièglerie et de transparence concernant le milieu du théâtre de ce 17ème siècle anglais. Les femmes étaient interdites sur scène... qu'importe, les hommes pouvaient se travestir et faire bondir les coeurs de toute assistance. Comme ce fut le cas pour l'incomparable Kynaston (décrite comme la plus belle femme d'Angleterre par Samuel Pepys). La révision de cette loi va finalement conduire au "chômage" bon nombre d'acteurs, comme Kynaston. Et celle qui dans l'ombre se pâmait du rôle de Desdemone, se verra briller sur les devants de la scène... en la personne de Maria (Mrs Hughes), auparavant humble costumière de Kynaston. Bref, au lieu de jouer au chat et à la souris entre ces deux-là, le réalisateur Richard Eyre a tourné sa caméra vers le contexte de l'époque (société frivole, qui s'ennuie) et montre sans complaisance l'ambivalence de Kynaston, paralysé d'attirance pour les deux sexes (et encore ?). Dans Stage Beauty, aucune mièvrerie, mais une fin un peu trop compassée, et un casting talentueux, dont Ruppert Everett en Charles II grandiloquent !
vu en février 2006
La Madone des Sleepings - Maurice Dekobra
Londres, dans les années 20. La fantasque et ravissante Lady Diana Winham fait couler beaucoup d'encre par son exubérance, sa beauté et ses frasques amoureuses. Veuve et proche de la ruine, elle entreprend de détourner les racontars mondains en dansant nue pour un spectacle de bienfaisance. Lady Diana a une idée pour renflouer ses caisses et confie à son secrétaire, le Prince Gérard Séliman, la mission de se rendre à Berlin pour corrompre quelques responsables bolchéviques et récupérer l'autorisation d'exploiter ses champs de pétrole en Géorgie. Mais cela se corse : le responsable Varichkine tombe fou amoureux de la belle Lady Diana, au grand dam de la maîtresse officielle, l'égérie rouge, Irina Mouravieff.
Duel de tigresses, conflits politiques et batifolages entre Londres, Berlin, le Caucase et l'Ecosse... "La Madone des Sleepings" est un roman qui cabriole follement. Mais qui est cette Madone ? « Elle est veuve, ravissante, ruinée et reçoit environ sept cent trente invitations à dîner chaque année. Elle danse nue dans les œuvres de bienfaisance et ne cesse de voyager. On la surnomme La Madone des Sleepings. » C'est Lady Diana, une vraie icône de mode, l'élégance personnifiée, un tempérament de feu, qui s'enhardit aux plus extravagantes démonstrations pour braver la bonne société à laquelle elle appartient, mais la ruine imminente la rend folle, prête à accepter un mariage arrangé pour sauver les faux-semblants. La jalousie rageuse de son ennemie, Irina Mouravieff, va mettre en péril la vie du dévoué Prince Séliman. Ce dernier est à Londres depuis six mois, chassé impunément de New York par une épouse en furie et bafouée (l'anecdote ne manque pas de soulever quelques sourires !), et est devenu le secrétaire gentleman de la belle sans toucher un pécule. Séliman et Lady Diana ne sont pas amants, juste très liés par une affection réciproque.
Bref, les aventures de cette Lady Diana, contées par un Prince Séliman aux abois, relèvent d'une grande imagination. L'auteur, Maurice Dekobra, est un grand reporter et un traducteur des romans de Defoe, London et Twain. Il faut d'ailleurs préciser que ce roman a été publié pour la première fois en 1925 et a reçu un accueil débordant d'enthousiasme pour ce roman romantique, intrépide, drôle et croquignolet ! C'est merveilleusement écrit, fruité et délicieux, savamment moqueur, jamais méchant et une ôde sans égal pour une galante britannique, chic et effrontée, impudique et sans morale, malgré tout adorable ! J'ai été conquise par ce roman, par cette histoire pleine de rebondissements, par les personnages fougueux, redoutables et romanesques en diable ! "La Madone des Sleepings" ne doit plus tomber dans les oubliettes et a eu cette aubaine de revenir sur le devant de la scène. Emparez-vous très vite de cette Lady Diana conquérante, du Prince Séliman en chevalier servant, et des troubadours, louves et autres Messaline qu'on croise au fil des pages ! Juste pour conclure : "La Madone des Sleepings n'a pour auréole que le cercle vicieux de ses caprices et pour chapelle que les chambres de luxe des grands palaces..." Divin !
Mercredi, jour des enfants
Un malheur vient d'arriver à la petite Julie : elle ne retrouve plus Pilou, son doudou préféré. Aucune trace du Pilou dans toute la maison, même ses camarades sont stupéfaits de cette disparition ! Son frère Tom lui suggère alors d'appeler la fameuse Hortense, la petite fée détective ! .. Aussitôt dit, aussitôt fait. Hortense arrive chez les enfants et mène son enquête. Mission d'interrogations, recoupement des preuves et Hortense passe à l'action : elle arpente la maison de long en large, aidée de sa loupe elle traque les indices et retrouve Gomez son fidèle assistant au laboratoire. Mission impossible pour notre petite fée ?... A découvrir dans cet album rose framboise ! Hortense la fée est une poupée mignone à croquer - sa "maman" Claire Gaudriot a un joli coup de pinceau qui rend admiratrices les lectrices comme Clara ! ... Voici ce qu'elle affectionne dans ce livre :
(le labyrinthe d'Hortense ! )... :-)
Hachette Jeunesse
Echappées de lectures
(...) Ah ! comme elle savait prendre ma sympathie à la glu de sa séduction !... Chère Diana.... Je n'éprouvais pour elle nul désir malséant, mais je l'aimais vraiment comme une soeur, une soeur au cerveau déséquilibré, à peine responsable de ses actes, incapable de discerner le bien du mal. Je l'aimais avec l'indulgence qu'il faut avoir pour une créature de luxe, pour une femme différente des autres, échappée au gabarit de la norme.
Pourquoi devrions-nous classer toutes les femmes d'après quelques modèles courants exposés au bazar de la Destinée ? La Femme Fatale, la Femme Froide, la Femme Honnête, la Femme Légère ? Quel naturaliste orgueilleux oserait affirmer les caractères spécifiques d'une femme froide qui, demain, sera légère sans transition, ou d'une femme fatale qui, un jour, brûlera ses armes sur le seuil de l'honnêteté ?
J'ai beau fouiller avec mon scalpel les fibres fugaces de son âme désaxée, je ne parviens pas à situer Diana dans l'un des plans de l'éthique moderne. Elle est le produit d'un duc libertin marié avec une Ecossaise sentimentale et romantique, nourrie de Walter Scott, élevée sur les rives élégiaques des lochs aux eaux tranquilles. Sa grand-mère maternelle fut une remarquable femme d'affaires, qui menait ses highlanders à la baguette, dans son domaine de Laurencekirk, et son grand-père paternel fut une gentilhomme-poète apprécié à Edimbourg, qui exprimait, en des ballades archaïques, la nostalgie de son coeur. Diana a hérité tout cela... La logique, quand elle le veut, ne lui est pas étrangère, à moins que ses sens ne l'asservissent quand la lune du mois synchronise la tension électrique des nuages et le pouvoir grisant d'un parfum. Affranchie des contingences morales, elle vit sa vie, égoïste jusque dans ses gestes généreux, cruelle et bonne, voluptueuse à froid, puérile, rouée, selon les heures, selon le diapason de ses désirs, selon les impulsions non prévisibles d'une fantaisie toujours en éveil. (...)
La Madone des Sleepings, Maurice Dekobra - Zulma.
Vues sur la mer - Hélène Gaudy
Une femme arrive dans un hôtel et demande une chambre avec vue sur la mer. Elle est seule. Elle s'appelle Jeanne.
Cette scène va se répéter à plusieurs reprises, en sept chapitres. Toujours une chambre d'hôtel, mais jamais la même, jamais les mêmes conditions (climatiques, géographiques, etc.). Mais à chaque fois, il s'agit d'une Jeanne qui fuit, qui échappe à un homme. Pourquoi ? C'est en fait si peu important de deviner ou comprendre pourquoi cette femme décide de se réfugier dans une chambre d'hôtel. Après tout, c'est son droit. Car l'aspect le plus intriguant, finalement, du roman est l'enchaînement des chapitres qui répétent la même scène : Jeanne arrive dans une chambre d'hôtel. L'autre éclairage va finalement venir des seconds rôles, des acteurs de l'ombre comme le réceptionniste, la serveuse, ou une famille en vacances. C'est par eux que la vérité éclate ou déjoue l'évidence qu'avait crue détecter le lecteur. « Jeanne et les autres personnages se rencontrent, se rapprochent, se perdent d'une façon qui se ressemble sans se ressembler tout à fait ». Ainsi soit-il.
« Vues sur la mer » est un premier roman réussi, il a été écrit par une jeune auteur de moins de 30 ans, Hélène Gaudy. Elle a su atteindre une exigence fort maîtrisée dans la construction de son roman. C'est à la fois original et habile. Elle a, de plus, réussi à pénétrer la solitude, celle d'une amoureuse ou d'une délaissée, celle du couple ou dans le coeur d'un enfant. Ce n'est pas seulement un roman, « Vues sur la mer » peut se lire comme un recueil de nouvelles. Les chapitres scandent un tempo mystérieux autour d'une trame faussement simple. Et l'auteur use du principe des bribes de phrases pour accélérer la fausse inertie de son histoire. En bref, un roman à conseiller pour encourager les débuts (prometteurs) de son auteur !
Les Impression Nouvelles
- Le roman d'Hélène Gaudy figure dans la 2ème sélection du Prix Médicis !
Index de la rubrique Mercredi, jour des enfants
(L'index est en panne d'actualisation, mea culpa !!!)
Un petit récapitulatif des titres évoqués tous les Mercredis par Miss C. :
- 24 petites souris et la neige de Noël, par Magdalena & Nadia Bouchama
- A l'orée des fées, par Lenia Major & Cathy Delanssay
- Abo le minable homme des neiges, par Agnès Desarthe
- Arlequin serviteur de deux maîtres, par Goldoni, adapté par Sylvia Lulin
- Au loup tordu ! par Pef
- Bertille Bonnepoire a le cafard, par Magali Le Huche
- Boreal Express, Chris Van Allsburg
- Camomille, par Enric Larreula & Roser Capdevila
- Firmin Latouche, par Agnès Lacor & Lily Scratchy
- Je m'appelle Pauline, par Claudia de Weck
- John Cerise, par Alan Mets
- Juke-Box, par David Merveille
- Juliette de la Chevillette, par Agnès Lacor & Lily Scratchy
- Harry et Lulu, par Arthur Yorinks & Martin Matje
- Hortense, par Claire Gaudriot
- La fée rousse à lunettes, par Pakita
- La fièvre du mercredi après-midi, par Didier Lévy & Thomas Baas
- La maison hantée, par Jan Pienkowski
- La maison toute de travers, par Sylvie Misslin & Magali Le Huche
- La première fois que je suis née, par Vincent Cuvelier & Charles Dutertre
- La princesse Lâtchi Mâ, par Louise Heugel
- La tempête, par Florence Seyvos & Claude Ponti
- Le carnet secret des fées, par Betty Bib
- Le Congrés des Sorcières, par Sylvie Auzary-Luton
- Le dimanche de Rita et Machin
- Le noël de Franklin, par Paulette Bourgeois & Brenda Clark
- Le piège à fées, par Marie Sabine Roger
- Le sapin de Monsieur Jacobi, par Robert Barry
- Le soldat rose
- Le voleur de lettres, par François Caradec
- L'histoire qu'on lit au bord du lit, par Sylvia Plath
- Les cacatoès, par Quentin Blake
- Les frères chats, par Agnès Desarthe & Anais Vaugelade
- Les origimots, par Claude Duneton
- Les pâtes de Francesca, par Sophie Cottin / Francesca Arbogast Albanese / Amandine Piu
- Les roses anglaises, par Madonna Richie
- Lili, capricieuse petite sorcière, par Marie Christine Barou & Marie Dubois
- Lili Coquelicot, ou la fabrique du bonheur, par Christine Palluy & Aline Bureau
- Lulu Grenadine en tutu, par Laurence Gillot & Lucie Durbiano
- Mary la penchée, par Schuiten & Peeters
- Mémoires de griot, par Siré Camara & Anne Boscher
- Mes dimanches, par Emmanuelle Teyras
- Petite Princesse, le coup de foudre, par Florence Langlois
- Pourquoi Violette est devenue une sorcière, par Grégoire Solotareff & Nadja
- Princesse Parfaite, Zoé et la coquetterie, par Jacques Beaumont, Fabienne Blanchut & Camille Dubois
- Rita et Machin, par Jean Philippe Arrou-Vignod & Olivier Tallec
- Rita et Machin à l'école, par Jean Philippe Arrou-Vignod & Olivier Tallec
- Valentine Day (sélection pour les enfants)
- Yolande aime les habits à la folie, par Sophie Jansem
La Solution Esquimau - Pascal Garnier
C'est l'histoire d'un roman où Louis, le personnage central, décide de tuer sa mère pour récupérer l'héritage. Puis, il décide d'accomplir le même acte de "bon débarras" pour les parents de ses amis. Hop, ni vu ni connu. Il adopte là la Solution Esquimau : "il tue les parents comme les Esquimaux abandonnent leurs vieux sur un morceau de banquise, parce que c'est naturel, écologique, bien plus humain et beaucoup plus économique que de prolonger leur interminable corvée dans des mouroirs sinistres". C'est également l'histoire de l'auteur de ce roman, un certain Pierre (le mensonge n'est pas loin...). Il est réfugié dans une maison sur la côte normande, reçoit la visite d'une petite amie, d'une adolescente fugueuse, de voisins privés de télévision, et d'un meilleur ami qui est passé à l'acte. Comme Louis !
"La Solution Esquimau" est paru pour la première fois en 1966 aux éditions Fleuve Noir. C'est une excellente idée de la part de Zulma de remettre à l'honneur ce titre franchement hilarant, décapant, immoral et sombre. Humour noir garanti, c'est vrai. Les épisodes entre Louis et son auteur s'adressent quelques messages en écho, mais leur point commun au final est cette désolation permanente : deux paumés, deux déchets célibataires, vie sociale égale zéro. Le roman piétine, l'écrivain tente de puiser l'inspiration dans l'expérience sinistre de son meilleur ami, mais l'entreprise salvatrice de ce dernier inquiète son campagnon. "Je ne suis pas un héro d'un de tes bouquins", lui dit-il. Comment se sortir de ce guépier ?.. Comment rattraper le Louis du roman dans le roman ? La Solution n'est pas si évidente. A ceci, s'ajoute l'impression de flou, de confusion permanente, où fiction et création s'emmêlent les filets. Parfaitement déconcertant, donc forcément intéressant, le roman de Pascal Garnier mérite une révision en toute innocence, le sourire au coin des lèvres...
Zulma
Index des auteurs du blog
Ici vous trouverez la liste des auteurs présents sur ce blog. J'essaie de maintenir cette liste à jour ! Mea Culpa, la chose ne tient plus depuis de longs mois ! ... L'index accuse des oublis, des manques. Tentez votre chance avec le moteur de recherche ou les tags ! :))
- Rafael ABALOS
- Milena AGUS
- Louisa May ALCOTT
- Cookie ALLEZ
- Paul AUSTER
- Jean Baptiste BARONIAN
- Vaikom M. BASHEER
- Germaine BEAUMONT
- Frank BEDDOR
- Dorine BERTRAND
- Véronique BEUCLER
- Evelyne BLOCH-DANO
- Jean Philippe BLONDEL
- Paul BOURGET
- Sylvie BRIEN
- Geneviève BRISAC / 52 ou la seconde vie
- Frédéric BRUN
- Hervé BRUNETIERE
- Truman CAPOTE
- Natalie CARTER
- Claire CASTILLON
- Arnaud CATHRINE
- Sorj CHALANDON
- Jean Yves CHAPERON
- Pierre CHRISTIN
- Gabrielle CIAM
- Eoin COLFER
- Laurie COLWIN
- Dominic COOPER
- Laurence COSSE
- Delphine COULIN
- Delphine COULIN - Les traces
- Mark CRICK
- Frank DARCEL
- Marie DARRIEUSSECQ
- Kavita DASWANI
- Maurice DEKOBRA
- Joseph DELANEY
- Philippe DELERM * La tranchée d'Aranberg *
- Christian DE METTER
- Constance DELAUNAY
- Regis DESCOTT
- DIASTEME
- Chitra B. DIVAKARUNI
- Hélène DORION
- Renate DORRESTEIN
- Christophe DUFOSSE
- Courtney ELDRIDGE
- JM ERRE
- Amanda EYRE WARD
- Marie FERRAN
- Bernard FOGLINO
- Timothée de FOMBELLE
- David FONTAINE
- Karine FOUGERAY
- Gisèle FOURNIER
- René FREGNI
- Esther FREUD
- Charles GANCEL
- Pascal GARNIER
- Romain GARY
- Hélène GAUDY
- Vanessa GAULT
- Danièle GEORGET
- Brigitte GIRAUD / l'amour est très surestimé
- Frank GIROUD
- Julia GLASS
- Anne GOSCINNY
- Kerry GREENWOOD * Cocaine et tralala * Trafic de haut vol *
- Jens Christian GRONDAHL
- Lola GRUBER
- Arnaud GUILLON * Hit-parade *
- Sophie GUILLOU
- Kirsty GUNN
- Hubert HADDAD
- Michèle HALBERSTADT
- Béatrice HAMMER
- Tobia HILL
- Alice HOFFMAN
- Arnaldur INDRIDASON / La femme en vert / La voix
- Sophie JABES
- Fabienne JACOB
- Isabelle JARRY / millefeuille de onze ans
- Hervé JUBERT
- Maylis de KERANGAL *Dans les rapides* / La vie voyageuse
- Carolyn KEENE (t1 : nancy drew)
- Pablo KRANTZ
- Nicole KRAUSS
- KRESSMANN TAYLOR
- Margaret LAURENCE
- Olivier LARIZZA
- Leena LEHTOLAINEN
- Michèle LESBRE
- Hervé LE TELLIER
- Claudine LE TOURNEUR D'IZON
- Marie Magdeleine LESSANA
- Sue LIMB
- Catherine LOCANDRO
- Erlend LOE
- Benoît LUCIANI
- Alison LURIE
- M.I. McALLISTER
- Ian McEWAN
- Cécile MAINARDI
- MAITENA
- Laurent MARECHAUX
- Javier MARIAS
- Héléna MARIENSKE
- Danielle MARTINIGOL (t1 : les abîmes d'autremer) * t2 : L'envol de l'Abîme * t3 : L'appel des Abîmes
- Bénédicte MARTIN
- Xavier MAUMEJEAN
- Katarina MAZETTI
- Maria MERCE ROCA
- Renaud MEYER
- Vincent MEYER
- Bertrand MEYER-STABLEY
- Arthur MILLER
- Isabelle MINIERE romans / La première marche
- Max MONNEHAY
- Cyril MONTANA
- Richard MONTANARI
- Rosa MONTERO (La fille du cannibale)
- Rosa MONTERO - La folle du logis
- Christopher MOORE (Le lézard lubrique de Melancholy Cove)
- Christopher MOORE (Le sot de l'ange)
- Ulysse MOORE
- Brian MORTON
- Kate MOSES
- Jean Claude MOURLEVAT
- Sophie de MULLENHEIM
- Catel MULLER
- Marie NDIAYE
- Tove NILSEN
- Gaelle NOHANT
- Jean-Pierre OHL
- Véronique OLMI
- Emmanuelle PAGANO
- Thomas PARIS
- Emmanuelle PESLERBE
- Cypora PETITJEAN-CERF * Le musée de la sirène * / Le corps de Liane
- Anne PERRY * La disparue de Noël * Le voyageur de Noël *
- Zoyâ PIRZAD
- Arnauld PONTIER
- Guillaume PREVOST
- Michel QUINT
- Pascale QUIVIGER
- Lucy Daniel RABY
- Murielle RENAULT
- Nicolas RICHARD
- Jorn RIEL
- Céline ROBINET
- Nicolle ROSEN
- Tatiana de ROSNAY
- Anna ROZEN (encore) / Vieilles peaux
- André François RUAUD
- SAKI
- Constance de SALM
- Michel SCHNEIDER
- Philippe SEGUR
- Danzy SENNA
- Caroline SERS
- Diane SETTERFIELD
- Dani SHAPIRO
- Valérie SIGWARD
- Sarah SINGLETON
- Isabelle SOJFER
- Gunnar STAALESEN
- Frank TURNER HOLLON
- Jean Louis UGHETTO
- Emmanuelle URIEN
- Fred VARGAS * L'homme aux cercles bleus * L'homme à l'envers * Debout les morts *
- Grazia VERASANI
- Enrique VILA-MATAS
- Philippe VILAIN
- Mélanie VINCELETTE
- Ornela VORPSI
- Winifred WATSON
- Anne WIAZEMSKY / Jeune fille
- Béatrice WILMOS
- Claire WOLNIEWICZ
- Virginia WOOLF
Le cryptographe - Tobias Hill
L'histoire se passe à Londres en 2021, mais c'est une très légère supposition d'un roman d'anticipation. Anna Moore est inspectrice des impôts, c'est une jeune femme de 36 ans, célibataire, encore attachée à son ancien amant et mentor, Lawrence. Celui-ci, désormais à la retraite, tente de la mettre en garde contre le nouveau dossier dont elle est en charge : celui de John Law, autrement dit le Cryptographe, l'ingénieur de la nouvelle monnaie virtuelle (c'est là le point avant-gardiste !). Mais le dilemme entre le Fisc et John Law se règle instantanément, sans rechigner. La rencontre entre Anna et John fait des étincelles, l'homme est auréolé des fantasmes que sa situation de multimilliardaire entretient et la jeune femme est impressionnée. Elle cherchera à le revoir et leurs entretiens se passeront à chaque fois avec cette électricité dans l'air. Anna s'introduira dans le bunker familial et rencontrera Anneli, l'épouse de John, et leur fils Nathan. Les secrets sont perceptibles, mais Anna est autrement intriguée.
Quelques mois plus tard, la presse annonce que le système monétaire de John Law est en banqueroute, un virus est en passe de tout raser de la planète. Le monde est en crise, mais John Law a mystérieusement disparu. La police considére Anna comme impliquée dans l'affaire et lui demande de collaborer et de retrouver Law.
Ce roman est étrangement séduisant.. Mais pour moi, le seul aspect qui pêche est l'implication d'une nouvelle économie et d'une monnaie virtuelle, soit le Soft Gold, système paré de longues tentatives d'explications (auxquelles je n'ai pas été sensible, ni réceptive), de la cryptographie, de la corruption du code, des processus transactionnels, du mécanisme du portail, etc. Je n'ai pas tout compris clairement, mais ce n'est pas le plus important car j'ai trouvé que le roman avait d'autres qualités à défendre. Cela repose sur cette étrange fascination exercée par la famille Law sur Anna Moore, sur la relation naissante et balbutiante entre la jeune femme et le cryptographe. "C'est un simple désir, pas comme de l'amour, rien d'aussi compliqué que ça. Ou bien c'est comme un premier amour. Comme une obsession." Le couple de John et Anneli représente la grâce, la beauté, la richesse et le mystère. C'est là qu'intervient la comparaison à Gatsby de Fitzgerald : un microcosme élégant mais trompeur, un certain statisme dans les rapports, la séduction ambivalente... Le roman est assez lent, même si l'histoire se passe en deux ans. On n'a pas l'impression du temps qui passe, mais il règne un indescriptible pouvoir d'ensorcellement, un petit côté rétro dans les personnages alors que l'histoire est en 2021 ! Rien de futuriste, non pas du tout. Ce roman de Tobias Hill est plus une pénétration de l'âme humaine, secrète et pernicieuse, de l'art de duper, de paraître et de cultiver son jardin. Le tout sur un fond d'intrigues financières et de chasse à l'homme. Etonnant, vraiment.
Rivages
Une fenêtre sur l'Hudson - Brian Morton
Nora, une jeune nouvelliste de trente-cinq ans, a cessé d'écrire. Ses textes, inspirés des expériences de ses proches, lui ont valu de se brouiller avec eux. Pourtant, elle ne peut se résoudre à renoncer à sa vocation. Un soir d'insomnie, elle appelle le seul être qui puisse la comprendre : Isaac, l'homme qu'elle a quitté cinq ans auparavant. Ce dernier, photographe, traverse lui aussi une crise : il a perdu l'inspiration.
Brian Morton vient de signer un roman à la fois simple et prenant. C'est une histoire de sentiments, de rapprochements entre deux êtres qui pensaient être faits l'un pour l'autre. Les obstacles pour leur belle idylle sont d'ordre artistique, ils sont tous deux au pied du mur et l'essor de Nora fait vaciller le statu-quo d'Isaac. Ils sont complices, se croyaient invicibles, et pourtant... une nouvelle peut tout ruiner. S'ajoute aussi la maladie de Billie, la tante de Nora, le dernier pilier de la jeune femme. La perte de celle-ci fait tout voler en éclats, Nora et Isaac se retrouvant soudainement face à face, pour de vrai. Pas facile, même s'ils pensaient bien se connaître, avec le temps. Ce roman est magnifiquement écrit, il y a peu d'élans, beaucoup d'introspection, et une mine d'anecdotes littéraires pour chaque circonstance. Une petite pépite !
Belfond