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Chez Clarabel
12 avril 2019

En poche ! Les Enfants du fleuve, de Lisa Wingate

Les Enfants du fleuve

Memphis, 1939. Alors que leur mère est en plein accouchement difficile, les cinq enfants Foss sont arrachés de leur péniche pour être conduits dans un étrange orphelinat. On leur explique que leur maman est morte et que leur père a renoncé à ses droits parentaux. Les adorables bambins aux boucles blondes sont rapidement exhibés et présentés à des riches familles qui les adoptent les uns après les autres. Rill est l'aînée de la troupe, elle a douze ans et se rebiffe contre cette séparation forcée. Elle ne comprend pas non plus qu'on leur impose de changer de nom et qu'on leur interdise d'évoquer leur vraie histoire. En attendant, la fillette s'accroche pour supporter les conditions difficiles au foyer, les regards libidineux du gardien, les brimades des autres gamins. Leur famille est éclatée mais Rill ne perd pas espoir de sauver sa fratrie.

De nos jours, en Caroline du Sud, Avery Stafford est une jeune avocate à qui tout sourit. Elle vient de se fiancer à son ami d'enfance et se mobilise pour la nouvelle campagne de son père (sénateur) quand elle fait la rencontre d'une vieille dame qui s'émeut à la vue de son bracelet en forme de libellule. Un détail en amenant un autre, Avery va contacter un certain Trent Turner, chargé de remettre un courrier en mains propres à sa grand-mère, laquelle n'a hélas plus toute sa tête. Négociant au mieux, la jeune femme parvient à obtenir les documents qui la poussent à enquêter toujours plus loin sur un héritage familial complexe et inattendu.

Sitôt les premiers chapitres avalés, le temps de replacer chaque personnage dans son contexte, j'avoue que l'histoire n'a pas cessé de me hanter ! On suit avec passion les deux parcours racontés en parallèle, attendant avec fébrilité la collision, car l'intrigue est conduite de longue haleine et remue profondément notre corde sensible. On y découvre aussi le scandale Georgia Tann ou, pendant trente ans, son trafic d'adoptions sous le manteau a fait sa fortune, en volant les plus démunis pour complaire les foyers argentés. Bénéficiant au passage de complicités bienveillantes, son marché juteux n'a jamais été inquiété mais a propulsé de nombreuses familles dans un chaos sans nom.

En somme, cette lecture est excellente ! Elle m'a fait vivre mille émotions et se révèle étonnamment attachante. On se balade ainsi en plein cœur de l'Amérique bon chic bon genre à courir après une histoire invraisemblable, tour à tour romanesque, poignante et passionnante.

POCKET 2019 - Traduit par Aude Carlier

 

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5 mars 2019

En poche ! Sang famille, de Michel Bussi

sang famille michel bussi

Colin Rémy est de retour sur l'île de son enfance, à Mornesey, qu'il a quittée suite à la tragédie familiale survenue dix ans plus tôt. Le garçon souhaite aujourd'hui percer le secret de ses racines. Son oncle et sa tante ayant fait planer le doute quant à la vraie disparition de son père, Colin est persuadé qu'il est toujours en vie, planqué quelque part sur l'île.
Il s'inscrit donc à un camp de vacances, peu avant son seizième anniversaire, et fait la rencontre de Madi et Armand, deux nouveaux camarades qu'il met rapidement dans la confidence. Ils ne le savent pas encore, mais un étudiant en emploi saisonnier à Mornesey, Simon Casanova, vient aussi de se plonger dans l'histoire de la famille Rémy, en fouillant dans les archives des ruines des Sanguinaires et de la folie Mazarin, en même temps que deux détenus en cavale.

Préalablement publié en 2009, Sang famille surprend le lecteur d'aujourd'hui parce qu'il rassemble déjà toutes les obsessions de l'auteur : secrets de famille et quête d'identité, mensonges et faux-semblants. Tout est là. Le roman manque encore de maturation, mais a un petit air frais et printanier, pas désagréable à découvrir.
Riche en rebondissements, l'intrigue est également portée par un souffle d'aventures - avec une chasse au trésor épique - en plus des personnages un peu niais et un zeste de légèreté qui font penser au Club des Cinq. Le bon point revient surtout à l'île (fictive) de Mornesey qu'on croirait réelle tant elle est décrite avec exactitude. Qui n'a pas vérifié sur Google Earth ? Levez le doigt.
Bref. On se laisse finalement prendre au jeu. L'action est présente, l'intrigue fignolée à la truelle, mais ça passe. L'ambiance est vaporeuse et distrayante à souhait. On passe un agréable moment entre le phare des Enchaînés et les ruines de l’abbaye Saint-Antoine... une sensation hors du temps.

Pocket (2019)

[ JEU ] 20 exemplaires de "Sang famille" de @michelbussi à remporter!

Quels secrets entourent le passé du jeune Colin ? Menez l'enquête en totale immersion et récoltez des indices via l'appli web  https://sang-famille.com

 

5 mars 2019

Tout un été sans Facebook, de Romain Puértolas

EN POCHE !

TOUT UN ÉTÉ SANS FACEBOOK

Après cinq étés à croupir dans la petite ville de New York (Colorado), le lieutenant Agatha Crispies jubile à la découverte d'un macchabée : cette enquête pourrait relancer sa carrière et son retour au bercail (NY City). Assistée du taciturne lieutenant MacDonald, elle procède à sa façon et sans formalité. Elle empiète chaque scène de crimes, donuts à la main, pose des questions inutiles, suit des déductions tarabiscotées et sent peu à peu l'influence de son illustre père rejaillir sur elle.

Mais attendez-vous à une comédie policière parfaitement burlesque, avec une héroïne sémillante et rusée. Agatha raffole des acides gras saturés, assume ses grosses fesses, elle est noire et vit dans une ville raciste (New York, Colorado, étant aussi la seule localité du pays à n'avoir aucun réseau internet, un seul feu tricolore et pas moins de 198 ronds-points). Férue de littérature, elle dévore les romans policiers et est actuellement la présidente du plus grand club de lecture des environs (3 membres) !

Le tableau est planté : cocasse, un peu lourd, parsemé d'anecdotes littéraires et de références à la culture pop. La promenade est fantasque, l'action donne le tournis. Mais on passe un délicieux moment, sans prise de tête, avec un dénouement tout aussi farfelu. C'est frais et très distrayant. Je me réjouis déjà de lire la suite annoncée récemment par l'auteur lui-même. 

Le Livre de Poche (2019)

Editeur d'origine : Le Dilettante

25 février 2019

En poche ! La femme à la fenêtre, de A.J. Finn

LA FEMME À LA FENÊTREAnna Frost vit recluse chez elle et passe ses journées à boire du merlot en épiant la vie de ses voisins. Séparée de son mari et de sa fille, elle reçoit régulièrement de leurs nouvelles et les rassure sur sa santé - oui, elle suit scrupuleusement son traitement. Elle s'accroche. Elle est incapable de sortir, de voir du monde, elle a une peur panique dès que son pied franchit le seuil de la porte, mais elle s'accroche. Elle parle à des inconnus en ligne. Elle a également mis sa carrière de psy en berne et regarde des vieux films en noir et blanc à longueur de journée. En bref, Anna n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Sa routine est pourtant chamboulée avec l'arrivée des Russell dans le quartier. Très vite, Anna s'aperçoit que ça ne tourne pas rond dans cette famille et soupçonne le père d'être violent et tyrannique. Un soir, elle surprend le couple en train de se disputer et voit Jane Russell s'effondrer, le corps poignardé. Elle contacte aussitôt à la police, qui lui apprend l'existence d'une autre Jane Russell. La famille fait bloc, accuse Anna d'avoir tout inventé mais celle-ci s'acharne et fouille dans sa tête en vrac.
Pendant 600 pages, on avance ainsi à tâtons et on suit les méandres des pensées d'Anna - embrumées par l'alcool, les médicaments, les phobies et les non-dits. Il n'en fallait pas moins pour brouiller les pistes. On traîne donc pas mal la patte, à se demander ce qu'on fait là, à regarder cette femme errer dans sa propre existence, à s'interroger sur son état mental, à s'encroûter dans sa routine... Cela peut sembler lent et long - oui, ça l'est forcément - mais c'est aussi l'ambiance désirée par l'auteur. Distiller le doute, rendre la narratrice peu fiable, pointer son état borderline, hésiter entre la soutenir ou la blâmer. J'ai finalement opté pour la présomption d'innocence. Portée par ce rythme, j'ai tout gobé et n'ai absolument pas vu venir la fin ! Damned. Une prouesse.
En somme, c'est lourd d'une monotonie pointilleuse, soutenu par un suspense glaçant et nourri d'une tension psychologique ciselée. C'est gros mais assez bon car j'aime énormément les références aux classiques du cinéma qui ont donné le ton en créant une atmosphère façon Hitchcock & co. Une lecture au charme hypnotique, pour sûr.

Parution poche chez POCKET (2019) - traduction par Isabelle Maillet

 

20 février 2019

En poche ! Une fille au manteau bleu - Les valises - Les mille visages de notre histoire - Tortues à l'infini

Une fille au manteau bleu

Amsterdam, 1943. Hanneke sillonne les rues à vélo afin de dénicher au marché noir les marchandises qu'on lui commande. Un jour, l'une de ses clientes lui fait une requête particulière: retrouver une jeune fille juive disparue, avant les nazis. Elle s'appelle Mirjam et porte un manteau bleu.

Loin d'être un énième roman sur le sujet, cette lecture offre surtout la possibilité de découvrir une histoire passionnante, qui puise autant dans l'émotion que dans l'action et le suspense. Avec son héroïne de 18 ans, si juste et imparfaite, par ses choix, ses failles et ses engagements, on se lance dans un parcours bouleversant et inattendu. Il y a d'abord sa quête pour retrouver Mirjam, puis sa prise de conscience des dangers qui rôdent, l'horreur des rafles et des dénonciations, la culpabilité et la rédemption.

C'est un cheminement chaotique, mais poignant, qui emprunte de nombreuses bifurcations, qui fait aussi battre le cœur plus fort et qui noue l'estomac à l'énoncé des enchaînements tragiques et malheureux. En un mot, c'est excellent ! Et c'est à remettre entre les mains des plus jeunes sans délai.

Une fille au manteau bleu, de Monica Hesse

Pôle Fiction (2019) - trad. Anne Krief

 

Les valises

Ce dimanche de 1982, Sarah, quinze ans, se rend en voyage scolaire en Pologne où elle visite avec sa classe le camp d'Auschwitz. Pudique et solitaire, l'adolescente ne s'explique pas le profond malaise qu'elle ressent en découvrant l'amoncellement des valises ayant appartenu aux millions de déportés juifs. Prise de vertiges, elle a des visions de scènes sur un quai de gare où des enfants sont arrachés à leurs parents. Horrifiée, Sarah se ferme comme une huître. Car tout ceci l'amène à réfléchir à ses propres origines. 

L'histoire va vous toucher en plein cœur tant elle est bouleversante. Sarah va brutalement sortir de sa torpeur, remuer ciel et terre pour démêler les non-dits de sa famille, va hélas se heurter à la tragédie. Et au milieu de ce chaos sans nom, Sarah découvre aussi les fulgurances du premier amour. Une relation tendre, farouche et explosive se dessine, forcément stimulée par son besoin de savoir qui elle est, quelles sont ses racines. Un vrai cri du cœur. En somme, c'est tout emmêlé, emberlificoté dans un parcours teinté de rencontres et révélations parfois rapides et improbables, mais qu'importe.

La lecture est entraînante, animée d'une belle sincérité. On en ressort avec le cœur pulvérisé, un sourire heureux et des larmes au coin des yeux. C'est tout bon ! Je recommande fortement.

Les valises, de Sève Laurent-Fajal

Pôle Fiction (2019) - couverture illustrée par Emmanuel Polanco

PRIX CHRONOS 2018 - SÉLECTION DU PRIX DES INCORRUPTIBLES 2017-2018

 

les mille visages de notre histoire

Tout le monde croit connaître Libby Groby, mais personne ne s'est jamais intéressé qu'à son obésité. Elle a longtemps vécu recluse dans sa chambre, cachant son corps et ses angoisses. Cette année, Libby en est sûre, sa vie peut changer ! Tout le monde croit connaître Jack Masselin : lycéen rebelle, sexy et imprévisible. Sous son arrogance, Jack a enfoui un secret douloureux.

Ce deuxième roman de Jennifer Niven, après Tous nos jours parfaits, se veut positif et porteur d'espoir. Il pulvérise les différences, incite à croire en l'impossible, bouscule les barrières, balaye les clichés. Bon point donc pour son engagement, pour l'espoir qu'il inspire, les messages de tolérance, la dénonciation du harcèlement. Ce sont toujours de bonnes intentions.

Reste que la romance qui s'installe n'est pas à la hauteur des attentes. Beaucoup trop classique et délicate. On a en effet une histoire qui se base sur la souffrance du couple à concilier ses différences, à surpasser ses problèmes. Mais on retombe vite dans le superficiel et le scepticisme. Ne nous leurrons pas : Libby et Jack appartiennent à deux univers diamétralement opposés. J'aurais aimé croire en leur histoire, mais voilà... ça me semble surréaliste. C'est dommage car j'avais trouvé le début du roman tellement engageant : l'échange des points de vue donne du rythme à la lecture. Tant pis. 

Les mille visages de notre histoire, de Jennifer Niven

Pôle fiction (2019) - trad. Vanessa Rubio-Barreau

 

Tortues à l'infini pole fiction

Prise dans la spirale vertigineuse de ses pensées obsessionnelles, Aza n'avait pas l'intention d'enquêter sur la disparition du milliardaire Russell Pickett. Mais c'était compter sans sa meilleure amie Daisy et une récompense de cent mille dollars. Aza renoue alors avec le fils Pickett, Davis. L'improbable trio devient inséparable et va trouver en chemin d'autres mystères et d'autres vérités, comme celles de la résilience, de l'amour et de l'amitié indéfectible.

Voilà un roman très touchant, très fort, sans réelle action mais tellement juste et attachant. On y trouve encore et toujours des jeunes gens fragiles et délicats, des adolescents jouer les funambules sur une corde raide. On les sent fébriles et en détresse, parés du besoin de trouver leur place ou de comprendre le monde qui les entoure. Ce sont des mômes déstabilisants. Des adolescents qui essayent d'être des amis à la hauteur, des enfants obéissants, des élèves studieux, des amoureux flamboyants. Ce regard que pose John Green sur la jeunesse est égal à lui-même - lucide, tendre et sans détour - même s'il y ajoute une pointe d'excentricité et de complaisance. Toutefois, c'est drôlement bon et franchement attendrissant.

J'ai aimé vivre dans la tête d'Aza, comprendre ses raisonnements et toucher du doigt sa logique implacable. John Green a d'ailleurs avoué s'être inspiré de son propre vécu et son expérience de la maladie pour donner à Aza une note authentique et poignante. Cette sincérité est réelle. On ressent toute l'émotion de cette histoire comme si elle nous est personnellement dédiée. Gros big up aussi à la complicité entre Daisy et sa fidèle “Holminette” - je me sentais bien en leur présence !

Tortues à l'infini, de John Green

pôle fiction (2019) - trad. Catherine Gibert

 

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29 novembre 2018

En poche ! Le Bois des Ombres, de Barbara Dribbusch

le bois des ombres

À la mort de sa grand-mère, Anne Südhausen , sa seule héritière, s'installe dans sa petite maison à Innsbruck, pour faire du tri dans ses affaires, et découvre ainsi une dizaine de vieux cahiers d'écolier, griffonnés au crayon, se révélant être les journaux intimes de Charlotte.

Durant l'hiver 1943, cette dernière a fait un séjour dans un sanatorium psychiatrique, le Bois des Ombres, un établissement privé dirigé par le Docteur Carl Amberg. Charlotte était trop bouleversée par la mort de son frère jumeau, ses parents l'avaient donc envoyée se faire soigner dans les montagnes. Le lieu d'aspect rudimentaire offrait des méthodes de thérapie hors normes, basées sur les tâches domestiques et les activités artistiques. Charlotte y côtoyait une communauté bigarrée et attachante, hantée par ses propres fantômes, et néanmoins auréolée de nombreux mystères.

De son côté, Anne apprend à mieux connaître sa grand-mère en plongeant dans un chapitre de sa jeunesse qu'elle ne soupçonnait pas. Personne dans la famille n'avait jamais évoqué son existence. Une vraie énigme enfin mise à jour. Toutefois, cette découverte semble également compromettante car Anne se rend compte que deux carnets ont été subtilisés dans la maison et rares sont les personnes qui en avaient connaissance - une voisine, une amie de sa grand-mère, une femme de ménage et un neurobiologiste rencontré dans l'avion. Saisie de paranoïa, Anne s'enferme chez elle mais poursuit son enquête... 

Comment ne pas succomber au pouvoir de ce livre qui rassemble tous mes ingrédients fétiches ! Quelques pages ont suffi pour capturer mon intérêt et m'inciter à suivre avec avidité cette histoire captivante. Secrets de famille, fantômes du passé, contexte historique pernicieux et troublant, faux-semblants et suspense s'entrechoquent avec intelligence et font de cette lecture une très agréable surprise. S'il fallait chipoter un tout petit peu, je viserais la fin beaucoup trop lisse et hâtive à mon goût. Mais le roman n'en est pas moins réussi ! Il vous happe dans ses filets et vous propose une intrigue romanesque sombre et fascinante. Parfois bouleversante. Résolument captivante. À découvrir sans attendre.

Les Escales éditions, 2017 - Traduit de l'allemand par Jean Bertrand

 

« La guerre. On en revient toujours là, n'est-ce pas ? Les années ont beau passer, on ne peut y échapper. »
24 juillet 2018

En poche ! À sa place, d'Ann Morgan

à sa place ann morgan

Helen et Ellie sont sœurs jumelles. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau, mais ont des tempéraments opposés. C'est toujours Helen qui mène la danse et qui embarque Ellie dans son imagination foisonnante. Un jour, elle décide de tromper leur mère et d'inverser leurs rôles. Helen devient Ellie, et vice versa. Seulement, à la fin de la journée, Ellie refuse de reprendre sa place et laisse sa sœur pédaler dans la semoule pour prouver le contraire. Leur mère, obnubilée par sa nouvelle relation sentimentale, n'y voit que du feu et envoie balader les fillettes dans leur chambre. Le temps passe, Ellie a embobiné tout le monde, même les copines d'Helen lui tournent le dos. Celle-ci est en train de basculer dans le terrier du lapin blanc en une lente et longue chute vertigineuse. C'est un cauchemar qui se referme sur elle, car Ellie a toujours traîné une réputation d'enfant à problèmes. C'est donc à Helen de les gérer et d'en supporter le poids. Plus elle prétend ne pas être celle qu'on s'imagine, plus son entourage doute de sa santé mentale et la repousse en ne supportant pas ses accès de colère. La spirale infernale ne s'arrête plus, chamboulant également le lecteur ébahi. Comment une mauvaise blague a pu tourner au vinaigre ? Devenues adultes, les sœurs sont toujours les victimes de leur manège. Helen a sombré dans l'alcool, la drogue et la débauche. Elle vit dans un petit appartement insalubre et a coupé les ponts avec sa famille. Elle découvre, un jour, que sa sœur se trouve à l'hôpital dans le coma. Le mari de celle-ci a remué ciel et terre pour la retrouver et toque à sa porte, désespérément. L'heure de la vengeance a enfin sonné ? 

Avec une accroche aussi efficace, j'ai parcouru les premières pages du livre à une vitesse folle ! Je me sentais absorbée par cette démonstration de duperie et de pure divagation, sans aucune limite pour résorber le flux ou remettre le train sur les rails. Au contraire, le roman nous entraîne dans le déraillement complet d'une mascarade malsaine, sous couvert d'une complicité sourde et aberrante. C'est uniquement dans les dernières pages du livre qu'on se rend compte de l'énormité du subterfuge. En attendant, la guerre des nerfs est implacable. On assiste au naufrage familial avec effarement, on s'interroge, pourquoi et comment l'une part à la dérive sans que l'autre réagisse... Le scénario est franchement redoutable, car diabolique. Certaines scènes sont assez injustes et dures à encaisser, mais elles suivent une logique glaciale, laquelle découle de l'esprit retors de l'auteur. Pour un premier roman, l'effet est dévastateur ! C'est effroyable, et néanmoins fascinant.

Pocket (2018) - Traduit par Karine Lalechère pour les éditions Presses de la Cité

 

10 juillet 2018

En poche ! Emporter nos rêves, de Vanessa Diffenbaugh

emporter nos reves

Letty a toujours fui ses responsabilités de maman, laissant à ses parents le soin d'élever ses deux enfants, Alex, quinze ans, et Luna, six ans. Mais lorsqu'ils décident de rentrer au Mexique couler une retraite paisible, Letty doit soudainement renoncer à ses vieilles habitudes - adieu les soirées alcoolisées, à s'oublier dans des étreintes sans lendemain, Letty doit désormais penser à nourrir ses enfants, s'assurer qu'ils sont en sécurité quand elle part au boulot et envisager pour eux un meilleur avenir. Serveuse dans un restaurant, situé dans un aéroport, elle ressasse avec amertume son parcours chaotique, entre rendez-vous loupés et mauvaises décisions prises. Comme ne jamais avouer sa grossesse au père de son fils, Wes Riley, voulant remettre à plus tard l'annonce et reculant toujours plus loin l'échéance. Quinze ans plus tard, Letty ignore que son garçon a finalement retrouvé sa trace et rôde autour de sa maison. L'heure de la raison a donc sonné pour la jeune femme, qui décide de changer son fils de lycée pour réussir dans ses études... Mais Alex aimerait sauver sa petite copine, Yesenia, contre la violence de son école et la menace d'être expulsée - la jeune fille vit en situation illégale sur le sol américain -  quitte à prendre des risques insensés. Pour Letty et sa famille, la paix des ménages n'est pas encore au coin de la rue !

J'ai été agréablement surprise par cette lecture, entamée sans attente précise, me fiant simplement au nom de l'auteur et à la promesse d'un rendez-vous de douceur et d'émotion. Le contrat a été pleinement rempli - on suit l'histoire d'une jeune femme paumée, qui va remettre sa vie sur les rails et entraîner ses proches dans ce grand élan d'espoir et d'optimisme. On lit tout ça avec beaucoup de complaisance et d'attendrissement. Les personnages sont en effet attachants, cabossés, écorchés mais vrais. Leur histoire s'écrit en toute simplicité, sans pathos, sans sentimentalisme exacerbé. C'est une belle leçon d'abnégation, riche en tendresse et pleine d'espérance. Un joli roman sur la poursuite du bonheur coûte que coûte.

Pocket (2018) - traduit par Isabelle Chapman

 

10 juillet 2018

En poche ! Tu avais promis que tu vivrais pour moi, de Carène Ponte

TU AS PROMIS QUE TU VIVRAIS POUR MOI

Inconsolable depuis la mort de Marie, sa meilleure amie depuis l'enfance, Molly a la surprise de recevoir un mystérieux paquet contenant douze lettres à découvrir mois après mois. Une façon pour la défunte de motiver notre héroïne à se lancer de nouveaux défis et vivre enfin la vie qu'elle mérite. Pour l'heure, Molly est serveuse à Paris et vit avec Germain, un gentil garçon, adorable et prévenant... mais tellement plat et ennuyeux. Pas vraiment le candidat idéal aux yeux de Marie qui a toujours rêvé d'un John pour son amie. Sur une idée de la disparue, Molly part donc en weekend à Grenoble pour s'initier au ski. Sur place, elle répond spontanément à une annonce, devient prof de danse et plaque tout pour s'installer dans les montagnes. Sa décision en effraie plus d'un - sa mère, son amie Viviane, son fiancé - mais Molly a désormais la certitude d'être à un tournant de sa vie. 

Ce court roman est efficace par son rythme, son effervescence, son dynamisme et son optimisme à toutes épreuves. C'est plein d'espoir et d'entrain là-dedans, le tout laisse peu de place à l'atermoiement. C'est aussi réconfortant et chaleureux et ça fait un bien fou. On se passionne vite à suivre Molly dans ses prises de risque, à suivre son audace et à partager sa bonne humeur. Concrètement, il règne une ambiance guillerette non dénuée de charme et de légèreté... même si le propos demeure trop succinct et artificiel, avec de nombreuses scènes surjouées (la romance en tête) et une sensation de situations téléphonées assez banales. L'histoire met finalement à l'honneur l'amitié féminine, la belle communion des âmes fragilisées, leur souffle conjoint à affronter les aléas de la vie et se construire un nouveau destin. À envisager, donc, comme une lecture digestive, sans prétention. Ses effets bienfaisants sont certes avérés.

Tu avais promis que tu vivrais pour moi, de Carène Ponte

Pocket (2018)

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7 juin 2018

En poche ! Ma vie (pas si) parfaite, de Sophie Kinsella / Rendez-vous au cupcake café, de Jenny Colgan

☆☆☆ Retrouvez chez POCKET deux lectures savoureuses (légères & drôles) pour accompagner ce mois anglais ☆☆☆

ma vie pas si parfaite

 

Katie a toujours rêvé de Londres, quitter sa campagne du Somerset pour mener la vie trépidante d'une citadine branchée, courant après le temps, alternant les dîners chics, les bars à cocktails ou les derniers bistrots à la mode. En vrai, Katie loue une chambre minuscule dans un quartier éloigné du centre, elle économise chaque penny pour boucler ses fins de mois, elle galère tous les matins pour arriver à l'heure au boulot, se lisse les cheveux et porte des talons hauts qui lui donnent des ampoules aux pieds. Elle voue une admiration sans borne pour sa patronne, la divine Demeter Farlowe, qui incarne à ses yeux un modèle de réussite qu'elle souhaiterait reproduire. Hélas, celle-ci la vire sans mettre les formes. La pauvre Katie doit rentrer chez son père, en pleine création d'un glamping à la ferme. Le projet va étonnamment connaître un formidable essor. Les clients se bousculent, Katie oublie ses tracas mais ne désespère pas de retourner à Londres avec un nouveau contrat en poche. C'est là que Demeter, son ancienne patronne, arrive à Ansters Farm... en quête d'authenticité. Mais Katie songe déjà se venger. 

Le plan concocté pour assouvir sa vengeance va s'avérer cocasse et complètement dingue. On visualise chaque scène, on glousse et on applaudit des deux mains. C'est légèrement moqueur, même si l'histoire rappelle aussi que la vie rêvée est un mythe absolu et que la vie réelle s'apprécie à sa juste valeur. On retrouve donc dans ce roman toute la fraîcheur de Sophie Kinsella, son style impayable et sa belle mécanique à nous embarquer dans une bonne comédie distrayante. On a une pure lecture de détente, avec une galerie de personnages sympathiques, une histoire sans grande surprise, mais où l'on s'y sent merveilleusement bien. On a aussi la sensation de se fondre dans le décor, de croiser des amis et de papoter en toute insouciance. En bref, c'est du Sophie Kinsella chaleureux, doux et réconfortant. #loveisallyouneed

 

Pocket, 2018 - Trad. Daphné Bernard {My Not So Perfect Life }

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☆☆☆ ☆☆☆ 

 

 

rendez vous au cupcake café

 

Autre valeur sûre : Jenny Colgan !

Après avoir perdu son boulot et compris que sa liaison avec son patron était vouée à l'échec, Issy Randal décide de se tourner vers la pâtisserie, sa grande passion. Particulièrement experte en cupcakes, Issy réfléchit à la création d'un salon de thé en plein cœur de Londres. Très vite, elle parvient à s'entourer des bonnes âmes charitables pour l'épauler dans ce projet insensé. Tout va s'enchaîner miraculeusement. Issy fait fi des épreuves et voit son rêve devenir réalité en un clin d'œil. Le Cupcake Café ouvre ses portes, non sans l'aide de Pearl, une maman célibataire hyper dynamique, et du séduisant banquier, Austin, de plus en plus conquis par le charme de la jolie pâtissière, sans oublier les précieuses recettes de son grand-Pa à goûter sans complexe !

C'est une vraie promenade gourmande et chaleureuse qui est vendue aux lecteurs. Place aux espoirs fous, aux miracles et à la magie, ici tout sonne merveilleusement providentiel. Issy rencontre les bonnes personnes aux bons moments. Elle se relève de chaque coup dur avec brio et sourire. Elle semble vivre dans une petite bulle de bonheur et entourée de bienveillance. En bref, c'est une avalanche de sucre et de miel dans le monde des Bisounours. Mais je n'en attendais pas moins et j'ai été ravie de cette parenthèse enchantée. L'histoire est mignonne, les personnages sont tous attachants et forment une brigade de choc indispensable au bon déroulement de cette comédie. C'est onctueux, doux, fleur bleue. Alerte #feelgood droit devant. 

Pocket (2018) / Trad. Anne Rémond

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