Wild, par Cheryl Strayed
J'avais acheté le roman après avoir vu le film que j'avais beaucoup aimé. Il m'a fallu cinq ans pour le déterrer de ma bibliothèque mais je ne regrette absolument pas car j'ai replongé dans cette histoire avec délectation. Pour moi, c'est une lecture stimulante puisqu'elle invite à se dépasser mais aussi à réfléchir. Elle nous amène notamment à croire que rien n'est impossible et qu'on apprend toujours de ses épreuves.
Après la mort de sa mère, la vie de Cheryl part en vrille (séparation, drogue, divorce...). Bref. La jeune femme est au fond du trou quand elle entend parler du Pacific Crest Trail. D'abord une simple curiosité, puis un état d'urgence et quasiment un mode de survie. Cheryl comprend qu'elle doit tout plaquer et s'en va franchir seule 1700 kilomètres de sentiers sauvages, en gageant retrouver un sens à sa vie.
Je précise au passage que je ne suis pas du tout adepte des longs chemins de randonnée et pourtant j'ai beaucoup aimé partager (vivre par procuration) son expérience. Quelle sensation grisante ! On morfle, c'est vrai, mais Cheryl met en avant la solidarité, la gentillesse et la générosité des inconnus qui croiseront sa route de façon incroyable. En plus de ça, son histoire est bouleversante.
Entre la fille brisée au moment de se lancer dans son aventure à la jeune femme apaisée qui examine son parcours... quel exploit ! Cheryl a su transcender son défi pour en faire sa propre quête spirituelle. J'aurais pu souligner des passages entiers tellement je me sentais proche d'elle... Quelle belle rencontre, très inspirante et très forte aussi. Je ne suis pas prête de l'oublier.
10x18 (2014) - traduit par Anne Guitton
⭐⭐⭐⭐.5
Confessions d'une sage-femme, de Diane Chamberlain
Après le suicide de leur amie, Tara et Emerson prennent conscience qu'elles ignoraient tout d'elle.
Ses années à exercer son métier de sage-femme et sa réputation sans tache ont permis à Noelle de tracer une carrière exemplaire. Désormais retirée dans une petite maison qu'elle occupait seule, elle aimait bichonner son jardin et menait une existence discrète.
Raison de plus pour ne pas comprendre son geste. Mais en rangeant ses affaires, ses amies vont réaliser que Noelle avait des tonnes de secrets - des secrets devenus des mensonges au fil du temps.
Leurs révélations sont d'ailleurs émoustillantes pour commencer (un secret de famille en amenant un autre...). J'ai dévoré les premiers chapitres sans m'en apercevoir.
Puis, grosse lassitude à force de cumuler les découvertes improbables et lourdes. D'une intrigue habile à se jouer de la curiosité du lecteur, on glisse dangereusement sur une trame poussive et larmoyante.
N'attendez rien sur l'exercice de sage-femme non plus - Noelle accouchait les femmes à domicile mais se servait de ses prérogatives pour ses cachotteries.
Il y a donc tromperie sur toute la ligne : personnages, ambiance, rythme, promesse de lecture... ça sonne bon au début mais ça s'essouffle pour finir en soupe insipide.
Quelle déception. Sensation d'une lecture en demi-teinte : presque distrayante, presque bouleversante, presque palpitante. Dommage.
Pocket, 2014 - Traduction de Francine Siety pour Presses de la Cité
⭐⭐⭐
Daisy Jones and the Six, de Taylor Jenkins Reid
On m'a vendu du rêve avec ce groupe de rock des années 70 et l'illusion d'évoquer des musiciens ayant vraiment existé. Un tour de passe-passe très habile et qui donne souvent le tournis... Car tout est pour de faux.
La plupart du temps, j'ai malheureusement beaucoup tiqué à l'écoute des banalités et des rengaines qui déchirent tout ce joli monde. Tout d'abord par la faute de Daisy Jones. LE cliché vivant de la nana belle et talentueuse mais affreusement paumée.
Elle prend son pied dans l'alcool et la drogue, ne pense qu'à sa pomme et à son rêve inaccessible. Elle se montre capricieuse et butée. Elle a son idée fixe, le reste elle s'en fout... bof, bof. Autour d'elle, Billy Dunne et ses acolytes ne valent pas mieux.
Tous avec leurs egos trop grands - particulièrement quand le succès est au rendez-vous - tous prompts au sabordage... le bateau coule et on assiste au spectacle avec dépit. La moindre étincelle rend explosive la tension au sein du groupe.
Ou comment des petits riens ou des démons intérieurs peuvent bousiller une trajectoire épatante. Très triste, tout ça !
L'histoire retrace donc les années dorées du groupe avant l'arrêt brutal de leur tournée (et de leur carrière). En revenant sur la légende, une journaliste cherche à éclaircir les raisons incertaines de leur séparation en interviewant les témoins de cette ascension fulgurante.
Ça ne tient qu'à moi mais j'ai beaucoup pensé à The Velvet Underground & Nico - son leader Lou Reed traînait avec ses potes dans des milieux underground, puis la chanteuse et mannequin allemande a rejoint temporairement le groupe pour un album mélancolique et subversif... le succès a été tardif et chacun a repris ses billes sans se douter de l'œuvre culte dont ils étaient dépositaires !
Tout ceci pour dire que ce roman de Daisy Jones & The Six, c'est surtout l'histoire d'une époque, les années 70, ses expérimentations avant-gardistes et ses artistes brisés par leurs propres excès. L'esprit rock-n-roll vu à travers les coulisses... sauf que j'aime avant tout le glamour, le paraître et le mystère derrière une icône.
Au final, c'était pas mal comme lecture (format audio hyper agréable à écouter d'une traite). J'ai bien aimé le principe, la construction est originale et entraînante, le flou plus vrai que nature est saisissant. Par contre j'ai quelques réserves car trop de clichés dans ce portrait ! Cette lecture ayant également été beaucoup trop plébiscitée, je n'ai pas réussi à me mettre au diapason.
©2019 Leduc.s. Traduit de l'anglais par Typhaine Ducellier (P)2019 Audible Studios
- Lu par : Ana Piévic, Marie Bouvier, Tatiana Werner, Alexandre Donders, Bénédicte Charton, Maud Rudigoz
- Durée : 9 h 24
- Avec aussi : Cyril Ondet, Denis Lecoq, Eric Peter, Florian Wormser, François Montagut, Françoise Carrière, Jean-Marie Fonbonne, Victorien Robert
⭐⭐⭐.5
Tout en bas de l'univers, de Joshilyn Jackson
Arf ! Je me suis complètement fourvoyée à propos de ce livre car j'avais imaginé autre chose (trop d'attentes). Au lieu de quoi, j'ai eu affaire à une ambiance pesante et plutôt morose donc vraiment peu réjouissante. Je me déçois moi-même d'avoir anticipé une lecture qui n'était finalement pas destinée à me dorloter ! 🤪
Devenue une avocate reconnue pour ses méthodes sans concession, Paula Vauss a pris sa revanche sur son enfance difficile auprès d'une mère hippie, qui déménageait chaque fois que sa relation sentimentale sentait le soufre. Brimée à l'école, solitaire et malheureuse, la petite Paula a finalement été envoyée dans un foyer pour adolescents au moment de l'arrestation de sa mère (consommation de stupéfiants etc.). Depuis, Paula a tiré un trait sur son passé et se contente d'envoyer un chèque à Kai en refusant tout contact.
Ancrée dans sa routine (boulot et liaison sans lendemain) elle se protège comme elle peut mais comprend qu'un truc cloche le jour où son courrier lui est retourné avec un mot inquiétant. Peu après, elle rencontre un jeune homme qui prétend être son frère et se découvre aussi une petite sœur qui serait embarquée dans les délires de leur mère. Elle embauche son ex (et détective) Zach Birdwine pour mener l'enquête. Là encore, le dossier est en souffrance : personnage torturé et brève aventure qui a marqué le couple... on sent le conflit en suspens et l'amertume qui coule à flot.
Bref. La lecture m'a laissé cette sensation que j'ai trouvée de plus en plus inconfortable au fil des chapitres. D'où ma déception.
HarperCollins, 2017 - Traduit par Maryline Beury
⭐⭐⭐
Hôtel Des Muses, par Ann Kidd Taylor
Un cadre magique pour une histoire d'éternelle seconde chance... c'est ici, un rendez-vous alléchant par ce joli temps printanier. Servez-vous, ça a aussi un effet bénéfique durant le confinement.
Malgré une sérieuse blessure à la jambe, dès son jeune âge, Maeve a toujours nourri une totale fascination pour les requins. D'où son métier (biologiste marine) qui l'amène à parcourir les océans à travers le monde - et une rupture sentimentale qui l'a incitée à s'éloigner le plus loin possible. Pour ses 30 ans, Maeve rentre au bercail et découvre que son frère jumeau va publier un roman, que leur grand-mère a embauché un nouveau cuisinier et qu'il s'agit de son ancien fiancé.
Beaucoup de bouleversements en perspective, de retrouvailles amères, de souvenirs qui remontent à la surface, de cicatrices indélébiles, mais aussi de nouveaux espoirs, de liens inaliénables, de familles formidables et de sens du pardon. Bref. On peut voir venir le scénario... mais peut-être pas le dénouement. Il faut simplement se préparer à une lecture qui privilégie le contexte, l'ambiance, le message... Pour le coup, l'enchantement est garanti.
Autre détail : en lisant les remerciements, j'ai eu la très bonne surprise de découvrir qu'il s'agit de la fille de Sue Monk Kidd auteure du formidable Le secret des abeilles ! Une preuve s'il en est que le talent est dans les gènes. 😄
Calmann Levy, 2017 - Traduit par Christine Barbaste
⭐⭐⭐
Petites Recettes de bonheur pour les temps difficiles, de Suzanne Hayes & Loretta Nyhan
Campagnes américaines, années 40, clichés d'un autre monde... j'ai adoré cette ambiance vintage. Et puis les personnages ont achevé de me convaincre.
Gloria Whiteman et Marguerite Vincenzo font connaissance à travers les lettres qu'elles s'échangent entre janvier 1943 et mai 1945. L'une vit dans le Massachusetts, l'autre en Iowa. Elles sont mariées et mères de famille. Leurs compagnons sont au front. Et elles s'écrivent pour tromper leur solitude et pour dire ce qu'elles ont sur le cœur en ces temps difficiles.
En fait, tout est éclatant dans ce roman ! La jovialité des deux épistolières nous éclabousse et nous imprègne : leurs lettres sont vives, spontanées, animées d'espoir et parfois de blues. Elles aussi se font surprendre par leur élan et développent une amitié exceptionnelle et sans faille, quand l'une est fragile, l'autre bondit avec ses recettes et ses anecdotes pleines de sourires. C'est imparable. Même quand il faut houspiller ou rappeler à l'ordre toute dispersion éventuelle... ça ne loupe pas.
Ce roman est un vrai régal à lire ! Il est d'ailleurs contagieux de bonheur et de tendresse : j'ai ri et j'ai pleuré tout du long (et j'ai adoré ça) ! Quelle classe folle ont ces deux femmes ! Glory et Rita sont formidables, je suis encore émue par cette belle rencontre ! Vraiment. ♥
Pocket (2015)
⭐⭐⭐⭐.5
Tout ce qui nous répare, de Lori Nelson Spielman
Ce matin-là, Kristen n'est pas dans son assiette : elle traîne des pieds pour retourner à l'université et est déçue de prendre le train, vu que sa mère a un rendez-vous professionnel de dernière minute et ne peut plus la conduire comme promis. Agacée, Annie ne comprend pas l'attitude de sa sœur et lui remonte les bretelles en l'incitant à déguerpir au plus vite.
Quelques heures après, Erika apprend qu'un accident de train a causé la mort de sa fille. Tout s'effondre. La mère consternée ne voit pas la détresse de sa cadette et se méprend sur son besoin de discuter. Toutes deux sont débordées par leur culpabilité et supposent qu'elles vont s'accuser mutuellement.
Ce gros malentendu crée donc un malaise et rend leur relation compliquée. Erika s'abrutit de travail pour ne pas faire face à Annie qui finit par quitter la maison. En fait, elle est désormais convaincue que sa sœur n'est pas morte mais qu'elle doit se cacher pour x,y raisons. Dès lors, elle se lance dans une enquête (tendance obsessionnelle) qui va la guider jusqu'en Europe. Ou comment gérer son chagrin et sa propre responsabilité en totale dénégation.
Il faudra du temps pour que mère et fille parviennent à se comprendre et à chasser tout malentendu. C'est d'ailleurs un message anonyme - chasse ce qui te pèse et cherche ce qui t'apaise - qui fera réagir Erika : et si Annie avait raison ? et si c'était à son tour d'entrer en action ? Et d'affronter ses démons (nombreux).
Finalement, ce roman met à plat des années de silence, de souffrance et de traumatisme enfoui. Pour contrer la tornade émotionnelle, Erika et Annie vont puiser au fond de leur colère, couper le cordon, parcourir le globe, retourner à leurs racines, fouiller, bousculer, accepter de lâcher prise. La vérité n'est pas toujours celle que l'on attend mais il suffit d'un drame pour jouer cartes sur table.
Si le début m'a un peu rebutée, la suite de l'histoire a fini par m'emporter. Ce n'est ni par empathie pour les personnages (bof, bof) ni pour l'incongruité de l'histoire qui débloque de vieux conflits ou offre des solutions providentielles (abondance de clichés), c'est seulement pour la petite musique que j'ai succombé. Ça coule tranquille, sans prétention, et ça fait du bien. Parfois je rouspétais ou je levais les yeux au ciel (Annie, par exemple, est immature). Mais j'ai tout englouti comme une crève-la-faim. Hop, même pas honte !
Bon point pour ce roman doucereux et néanmoins apaisant qui permet de chasser les nuages et qui redore un moral en demi-teintes. Tant mieux pour moi.
2018 le cherche midi, pour la traduction française. Titre original : Quote me (P)2018 Lizzie
- Lu par : Catherine Creux
- Durée : 10 h env.
Belle performance de la lectrice : ce livre s'écoute tout seul ! Vraiment très agréable.
Disponible en format poche chez POCKET !
⭐⭐⭐
Ragnvald et le loup d'or (La Saga des Vikings #1), de Linnea Hartsuyker
J'étais en plein sevrage de la série The Last Kingdom lorsque j'ai découvert cette saga. Bim bam boum. Je n'avais même pas encore ouvert le roman que je fantasmais déjà sur les chevelus aux airs farouches, invectivant leurs cris de guerre et parés pour des combats sanguinaires... humm.
C'était avant de savoir que le roman raconterait une version chevaleresque de la vie de Ragnvald Eysteinsson (autrement dit l'ancêtre de Guillaume le Conquérant). Eh oui ! ça vous en bouche un coin. Mais honnêtement on s'en moque un peu quand on se lance dans cette histoire : Ragnvald est d'abord un miraculé, quelconque et anonyme.
Expédié par-dessus bord du bateau qui le ramenait d'une mission victorieuse, le garçon comprend qu'il vient d'être trahi par Solvi et jure de se venger. Son retour provoque évidemment des remous, Ragnvald rumine sa rancœur et accepte de partir au combat auprès de Harald à la Belle Chevelure pour s'enrichir et reconquérir sa ferme et les terres de son père décédé.
Il confie sa jeune sœur Svanhild à son ami d'enfance mais celle-ci tape du pied en protestant contre son sort. Elle aussi ambitionne de s'évader en mer et de faire le plein de conquêtes. Elle n'attend pas son tour et s'éclipse en douce pour suivre sa destinée. Une destinée qui l'amène à recroiser Solvi... dont le charme ténébreux lui avait fait tourner de l'œil avant de réaliser qu'il avait voulu tuer son frère. Passion tourmentée et interdite, nous voilà !
En fait ce roman se lit vite et bien. On visualise chaque scène, on prend part aux conciliabules, on vit au rythme des combats, on s'insurge contre la félonie, on remplit notre jauge en émotions. C'est bouillonnant. Tout ça n'est pas sans défaut non plus. Car il ne faut pas s'attendre à une lecture follement épique et la tentation au sentimentalisme exacerbé est grande (Svandhild nous réserve des moments de grâce qui font lever les yeux au ciel *ironie*).
Ces petites défaillances mises à part, on passe un bon moment à voyager dans le temps auprès des mythiques Vikings qui vont chavirer notre imaginaire affamé. C'est assez excitant comme perspective. La suite est déjà disponible : La Reine des mers.
©2018 Presses de la Cité, pour la traduction française. / Titre original : The Half-Drowned King. Traduit de l’anglais par Marion Roman. (P)2018 Lizzie
- Lu par : Rémi Bichet
- Durée : 20 h 20 env.
Très bonne lecture entreprise par Rémi Bichet : ça vibre, ça souffle, ça transporte vers un univers palpitant... Excellente interprétation, sans surjouer les personnages, les rôles... tout est juste. Cette lecture audio est aussi une bonne contribution à découvrir la Saga des Vikings !
Et pour ceux que ça intéresse, la saison 4 de THE LAST KINGDOM est programmée (vraisemblablement) pour cet été... yeah !!! As 2020 gets underway, Alexander Dreymon (aka Uhtred son of Uhtred) has a message for you. Happy new year, Arselings! #TheLastKingdom
Format poche chez POCKET (2019)
La fille de l'hiver, par Eowyn Ivey
Mabel et Jack ont tout plaqué pour s'installer en Alaska, dans une petite cabane en bois, au milieu de nulle part. Les conditions de vie sont rudes et les désillusions abondent au cours de cet hiver 1920. Le couple se demande s'il ne ferait pas mieux renoncer de cultiver la terre pour travailler à la mine. L'arrivée de leurs rares voisins, les Benson, leur conseillant de tuer un élan et de faire des pancakes au levain en attendant des jours meilleurs, leur redonne finalement de l'espoir. Auraient-ils pu aussi imaginer qu'un simple bonhomme de neige allait bouleverser leur existence ? Ou comment expliquer l'illusion d'un renard et d'une fillette rôder autour de leur maison ? Pour Mabel, fragilisée par ses fausses couches, il ne fait aucun doute que cette apparition est un don de la nature.
Il appartient ensuite au lecteur de succomber ou pas au charme de ce conte, pétri de réalisme magique, qui nous transporte dans une bulle hors du temps. Côté ambiance, on se croirait dans la petite maison dans la prairie, promis, c'est confondant. L'histoire peut sembler étrange et abstraite, alors qu'elle est pleine d'amour et d'abnégation. C'est fascinant. Entre rêve et réalité, on hésite et on se perd facilement. De plus, la nature est magnifique. On découvre une Alaska sauvage et énigmatique, véritable ouverture à voyager et méditer. Ainsi, on oublie tout. On largue les amarres. On chavire. On disparaît dans un méli-mélo onirique. On gobe son pouvoir ensorcelant et mystique. On s'imprègne de sa lumière et on savoure sa poésie. C'était bizarre, mais drôlement beau.
10-18 (2014) - traduit par Isabelle Chapman
titre VO : The Snow Child
Aujourd'hui tout va changer, de Maria Semple
« Allongée ce matin dans mon lit, j'avais mis la barre ridiculement bas : regarder les gens dans les yeux, s'habiller, sourire ! Ça devait être une promenade de santé. Et puis cette crapule de Réalité s'est pointée dans un pick-up devant moi, et s'est mise à me balancer des pastèques en pleine figure. Et il n'était même pas encore treize heures ! »
N'en doutez plus, voilà un roman étonnant ! C'est l'histoire d'une femme mariée et mère de famille, installée à Seattle depuis une dizaine d'années après une vie trépidante à New York et une carrière de scénariste pour un dessin animé à succès. Depuis, ses journées se résument à sortir le chien, préparer le petit-déjeuner et envisager de mettre le point final à son roman graphique entamé depuis des lustres. Ce matin-là, pourtant, rien ne va se dérouler comme elle l'espérait : son mari se cogne la tête contre la table de la cuisine et se fait porter pâle à son cabinet, leur fils Timby se plaint d'avoir mal au ventre et refuse de rester à l'école. Eleanor n'a pas d'autre choix que de l'embarquer pour une journée parfaitement dingue : rendez-vous avec un poète, déjeuner avec un ancien stagiaire, folles emplettes chez Gap, réconciliation autour d'un stand de poissons panés...
Complètement foutraque mais carrément barré ! Une fois qu'on saisit le ton, l'humour, la supercherie, on gobe le tout en gloussant. Eleanor Flood est une héroïne impétueuse, pleine de mauvaise foi, à l'existence brouillonne et loin des clichés attendus. J'ai trouvé incroyable son aventure sur une journée : cela part dans tous les sens et c'est raconté avec malice. J'avoue, j'ai bien aimé.
Traduit par Carine Chichereau pour les éditions Plon / repris en poche 10-18 (2018)
Dans le même style, j'ai récemment lu le roman de Sue Townsend : Dans la peau de Coventry.
Un roman tout aussi déjanté, avec une héroïne qui zigouille son voisin et prend la poudre d'escampette. Elle abandonne son foyer, s'installe à Londres et multiplie les rencontres farfelues. L'histoire est cocasse et exubérante. Une expérience originale, assez marquante avec son humour un peu cash.