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Chez Clarabel
10 décembre 2009

Un cadeau du ciel ~ Cecelia Ahern

Flammarion, 2009 - 350 pages - 19,90€
traduit de l'anglais par Cécile Chartres

un_cadeau_du_cielVous êtes à la recherche d'un conte de Noël ? Lisez ce roman de Cecelia Ahern, sinon passez votre chemin (ou vous risquez une crise de diabète).
Tout commence dans un commissariat de police, le sergent en tête-à-tête avec celui qu'on nomme le garçon à la dinde, va lui raconter l'histoire d'un type - Lou Suffern, une trentaine d'années, fringant jeune loup aux dents longues, toujours entre deux rendez-vous, ambitieux et sans scrupule, à tel point qu'il en oublie sa petite famille, son épouse, leurs deux enfants, en plus de ses parents, sa soeur et son mari, bref Lou est branché sur cent mille volts, pas le temps de souffler, pas le temps de profiter de la vie qu'il se construit.
Sa rencontre avec Gabe, un sans-abri qui squatte en face de son entreprise, va changer la vie de Lou. Il perd quinze précieuses minutes à discuter avec lui, lui offre un café puis lui propose un job. Gabe est un jeune homme étrange, mystérieux, il sait des choses, il anticipe les actes et pensées des autres, il est toujours là où on ne l'attend pas, mais sa présence ne paraît jamais inopportune. Ce type a un don, c'est un cadeau du ciel, se dit Lou, de plus en plus perplexe.
Du côté du lecteur, on se dit que Gabe est un ange. On se gausse, on a le sentiment d'avoir déjà tout compris, c'est bon, emballé, pesé, vendu. Mais ne nous précipitons pas. La couverture est jolie, l'histoire pas bien désagréable à lire, fluide et prenante, d'ailleurs cela se lit très vite, hélas ceci n'enlève pas la sensation que tout reste prévisible, même la fin est agaçante. Du pathos facile et bon marché, tsss. Dommage.
Toutefois, j'ai aussi trouvé que c'était une lecture toute douce, réconfortante, qui vous rappelle combien il faut vivre l'instant présent et prendre le temps de profiter des petits bonheurs de la vie. Il y a la magie de noël, d'où mon avertissement, si vous êtes allergiques aux bons sentiments, filez vite, vous vous êtes perdus entre ces lignes, vous n'avez pas votre place. 
C'est le deuxième livre que je lis de Cecelia Ahern, après La vie est un arc-en-ciel (que j'ai largement préféré !). 

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10 novembre 2009

Paola ~ Vita Sackville-West

Autrement, 2009 - 80 pages - 12€
traduit de l'anglais par Micha Venaille

paolaPaola est une longue nouvelle, qui date de 1932, et qui nous raconte l'histoire de la famille Godavary à l'heure des funérailles de Noble, l'oncle du narrateur, Gervase. Celui-ci a plus de cinquante ans, il vit à Londres et, depuis trente ans, n'a plus jamais remis les pieds dans sa région natale en Ecosse, fuyant ses racines et plus particulièrement sa famille, une bande de dégénérés rustres et sauvages, incapables de franchise et de passion. Gervase lui-même n'est pas un type brillant, il le reconnaît. Son arrivée à la Grange, la demeure du défunt, ne se passe pas sans un certain souffle d'ennui et de lassitude. Son cousin Austen est agacé, il attend la venue de Rachel, sa maîtresse mariée à un autre cousin, en même temps qu'il trépigne d'en finir avec toute cette histoire. Il est le fils aîné, l'héritier en titre, du moins doit-il composer avec l'épouse en secondes noces de son père, une lady italienne qui n'était autre qu'une paysanne, selon le narrateur, et qui a donné naissance à une fille, Paola. Cette dernière apparaît à Gervase comme une flamme dans la nuit, elle est hautaine, directe, pleine de haine envers les Godavary. Un instant, l'homme se reconnaît en elle. Mais la jeune femme dérange, elle est trop explosive, trop spontanée. Son dédain horripile, comme celui de snober volontairement Michael, le frère de Gervase, qui est raide dingue d'elle. En totale admiration, mais muet, transi, crispé. Bref, un rien perturbe le bon ordre de la maisonnée, nous sommes sur le fil du rasoir et l'ouverture du testament, pense-t-on, sera le point d'orgue de l'intrigue. Que nenni. La suite révélera que cette histoire courte n'est en fait qu'un semblant de cocote minute prête à exploser, et ce de façon inattendue et un brin déconcertante.
Connaissant de nom, simplement, Vita Sackville-West, je la découvre donc à travers ce texte, à travers cette histoire de famille constipée qui fonce droit vers un véritable carnage, et c'est un style impeccable et un ton mordant qui se dévoile. J'ai naturellement aimé.
Le paysage de la vallée écossaise, si admirablement dépeinte, et pas forcément en des termes lyriques, participe également au charme de cette histoire... laquelle est peut-être un peu noire lorsque arrive la dernière page.
Belle tentation.
 

8 septembre 2009

Meurtres entre soeurs ~ Willa Marsh

Traduit de l'anglais par Danielle Wargny
Autrement, 2009 - 205 pages - 18€

meurtres_entre_soeursEmmy et Livy sont demi-soeurs. Au lendemain de la guerre, le père de l'une a épousé la mère de l'autre, et tout ce joli petit monde a recréé une famille unie dans une agréable maison dans la vaste campagne de Londres. Un bébé vient souder ce bonheur sans nuages, Rosie, aussitôt considérée comme la petite princesse. Elle  forme le trait d'union d'un amour doux et ronronnant. Mais les soeurs voient rouge, cette petite soeur les agace, elle accapare l'attention des parents, elle est pourrie gâtée et son caractère la rend insupportable. A deux, Emmy et Livy complotent et rêvent de s'en débarrasser. Projet fou de gamines qui ne feraient pas de mal à une mouche... et pourtant l'avenir parle d'une prophétie à faire glacer les sangs chez cette fratrie qui va en voir des vertes et des pas mûres.

Les relations entre Livy, Emmy et Rosie vont empirer. La dernière des filles est une horrible peste, profiteuse et opportuniste, calculatrice, machiavélique. En s'acoquinant avec son double masculin, Rup, surnommé Porcinet (il gloutonne toute la sainte journée !), le couple s'est trouvé, et l'étincelle du mal luit de mille feux.

Le temps passant, il incombera aux soeurs de sauver leurs intérêts, de réfléchir, de se souvenir, d'assembler les morceaux d'un puzzle qui rend chèvre. Emmy et Livy ont tout loupé dans leur vie, elles le doivent à leur cadette, est-ce possible, elles n'en croient pas leurs yeux, hélas Rosie n'est pas avare de nouvelles ruses qui ont pour but de mettre sur la paille les aînées. Plus, toujours plus. Rosie aiguise ses griffes de rapace, elle veut la maison, elle veut les meubles, elle veut l'argent. Elle veut tout, par tous les moyens.

Laissez-vous surprendre, dépassez la vilaine couverture qui n'invite pas à la découverte car ce roman est une pure et exquise comédie noire, comme seuls les auteurs anglais ont le talent de nous offrir. C'est sarcastique, désopilant, agaçant, jusqu'au boutiste et immoral. La monstruosité des personnages comme Rosie, Rup et leur fille Alice nous semble proprement abjecte, malgré cela c'est un régal d'humour caustique. Face à eux, la paire Emmy-Livy présente une bonhommie naïve et touchante, parfois exaspérante, je n'en revenais pas, tant de déconfiture, tant d'innocence confondue, mes aïeux, réveillez-vous ! La fin, cependant, s'achemine sur un malicieux imbroglio... ah ! le goût des bonnes tartelettes aux baies. Tout un poème. N'a-t-on jamais dit que la gourmandise était un vilain pêché ?
Sur ce, régalez-vous sans retenue !

Extraits :

Cette fieffée Pamela parle aux deux filles de la chance qui leur est offerte et elles sont tout excitées. N'ont-elles pas dévoré toutes les histoires de pensionnat d'Enid Blyton ? N'ont-elles pas rêvé de festins nocturnes, de jouer au hockey ? Elles ont hérité des gènes de l'actrice et du pilote de chasse. Elles meurent d'envie d'expérimenter, d'explorer, de tester leurs limites. Elles meurent d'envie de s'éloigner de Mo et Pa et par-dessus tout, de Rosie. Elles supplient qu'on les envoie en pension. Mo est abasourdie et chagrinée de constater qu'Emmy et Liv sont tout à fait prêtes à être séparées. Elles pressentent que le moment est venu de changer de vie. Cela fait quatre ans qu'elles sont interchangeables, Livy et Em, Emmy et Liv. Mo s'est même arrangée pour qu'elles fêtent leur anniversaire le même jour, à égale distance entre les deux dates. Elles vont jusqu'à partager le même gâteau avec le double de bougies. Mo les habille de façon identique, comme si elles étaient jumelles. Elles désirent se libérer de tout cela et affirmer chacune leur personnalité.

(...)

De tous, c'est Rosie la plus heureuse. Elle grandit dans une atmosphère de serre, où lui sont prodiguées adoration et générosité. Tout ce dont Livy et Em ont été privées à cause de la guerre, Rosie en bénéficie, au centuple. En d'autres termes, elle est gâtée pourrie. Pas besoin - comme c'était le cas pour Livy et Em - de stratégies ou de cajoleries pour obtenir ce qu'elle veut. Tout lui tombe tout rôti dans le bec. Elle est blonde aux yeux bleus, comme Pa, souple et mince, comme Mo, mais elle n'a pas du tout hérité de leur douceur et de leur gentillesse. Elle est le croisement de la vieille mère calculatrice de Mo et du vieux père égoïste de Pa. Une combinaison redoutable. (...)
A l'âge de cinq ans, Rosie connaît ses parents sur le bout des doigts et les fait manger dans le creux de sa main. A dix ans, elle pourrait en remontrer à Iago, question rouerie. Lorsque ses soeurs rentrent, aux vacances, elle les observe attentivement. Elle devient championne de stratégie en deux temps trois mouvements. Elle n'a jamais entendu l'expression "diviser pour régner", mais elle sait parfaitement la mettre en pratique.

(...)

9 juin 2009

Les mots des autres ~ Clare Morrall

les_mots_des_autresA sept ans, Jessica Fontaine était une petite fille robuste, charpentée. Grosse d'après ses deux cousins, bien portante d'après sa mère distraite et peu observatrice. Ses yeux bruns où dansait une lueur fiévreuse regardaient droit devant, contrairement à son habitude de les tenir baissés.

Hors du commun, Jessica l'est certainement. D'un naturel discret et renfermé, la petite fille apprécie l'isolement du vaste manoir familial, Audlands, dont le faste a hélas fané au fil du temps. Contrairement à sa mère, Connie, et sa petite soeur Harriet, Jessica n'apprécie guère les parties de chasse au trésor ni les manifestations publiques que ses proches prennent plaisir à organiser. L'enfant se découvre toutefois une passion pour la musique et sort de son mutisme pour exiger de sa mère des leçons de piano.
Etudiante, Jessica a pour amie Mary avant de rencontrer Andrew. C'est un violoniste de grand talent, au charme certain et au tempérament éclatant. Jess tombe amoureuse et accepte de l'épouser. Elle entrevoit tout juste la dépression ronronnante du garçon, ses bouffées d'ennui, son excentricité, le calme avant la tempête. Andrew n'entretient pas de bonnes relations avec sa mère, Miranda, décrite comme une Lucrèce Borgia, mais Jessica est éblouie par sa liaison naissante et opte pour l'aveuglement au lieu de l'inquiétude.
Vingt-cinq ans plus tard, Jessica est divorcée, elle vit avec son fils Joel qui lui rappelle étrangement son père indolent. Et au moment où Andrew manifeste le désir de renouer avec le bon vieux temps en suggérant à son ex-femme de reprendre la vie à deux, Jessica revient sur sa vie écoulée.

Il s'agit du troisième roman de Clare Morrall, après Couleurs où déjà on suivait le portrait d'une femme fragile, délicate et émouvante. Cette fois, Jessica Fontaine a également pour dilemme de composer avec les autres, le regard des autres, ou les mots des autres. Depuis toute petite, on aperçoit déjà qu'elle est à part, mutique, réservée et solitaire. Même sa propre mère s'imagine qu'elle n'est pas "normale" et soupçonne un autisme non déclaré qui fait s'esclaffer son époux. Roland a tout compris de sa fille, elle est intelligente, au-delà de la "normale", et cela la rend particulièrement si différente. Mais Jessica ignore ce genre de considérations, la seule manifestation à une quelconque ouverture s'est trouvée dans la musique. Elle n'avait pas dix ans lorsqu'elle a su qu'il fallait qu'elle apprenne le piano. Cette relation sensorielle n'a peut-être pas affiché son plein épanouissement, car il lui faudra beaucoup de temps, de prise de conscience et d'événements qui agissent en électrochoc pour comprendre que Jessica est à part des autres, dans le bon sens du temps. Aucune crainte de la solitude chez elle, c'est d'ailleurs un besoin, son oxygène. Longtemps étouffée par des parasites, Jessica s'est retrouvée dans le monde embroussaillé des autres, comme elle dit. Se contentant de glisser "ses pas dans le sillage épineux de quelqu'un".

Construit comme un patchwork, le roman passe du temps présent au temps passé, de l'enfance à la vie estudiantine, la vie conjugale et la maternité frustrée. Ainsi se dresse un portrait de femme qui pourrait paraître extravagant - comme souvent dans les romans de Clare Morrall. Mais personnellement je trouve que c'est le genre de lecture qui confine dans une bulle, en 400 pages l'histoire coule tranquillement, cela se laisse lire, c'est fluide, sympathique. J'aime beaucoup. Et c'est intéressant de suivre "l'accouchement" de cette femme, qui a souffert de n'avoir jamais su communiquer avec les autres et qui vivait sa vie parmi le monde comme un confinement perpétuel. Cela peut paraître étrange, or je peux vous garantir que Clare Morrall possède une capacité admirable de vous raconter tout cela sans susciter le moindre soupçon de perplexité.

Fayard, 2009 - 404 pages - 23€
traduit de l'anglais par Françoise du Sorbier

Par contre la couverture anglaise est beaucoup plus jolie ! clare_morrall

19 mai 2009

Rose, sainte-nitouche ~ Mary Wesley

L'an dernier, en 2008, les éditions Héloïse d'Ormesson annonçaient leur intention de republier les romans de Mary Wesley, injustement rangés dans des placards et rendus indisponibles sauf sur le marché de l'occasion, en remettant donc au goût du jour La pelouse de camomille (bientôt repris en poche, en juin).
Promesse tenue avec la parution, en 2009, du roman : Rose, sainte-nitouche (je n'aime pas du tout ce titre ! préfèrez l'original : Not that sort of girl).

rose_sainte_nitouche

Rose vient de perdre son époux, Ned Peel. Inutile de perdre son temps à pleurer sur son sort, elle boucle aussitôt ses valises et part se réfugier dans un hôtel pour ressasser les cinquante années écoulées auprès de son défunt mari. Bien sûr, elle avait tout pour être heureuse : la richesse, le confort, la sécurité, l'amour. Et pourtant son coeur battait pour un autre.
Allongée sur son lit, livrée à la solitude, elle se rappelle donc Rose Freeling, une jeune fille naïve, prude et quelconque, qui était venue chez des amis pour jouer au tennis, en fait pour rencontrer d'autres jeunes gens issus de la bonne société. C'est ce jour-là qu'elle croise pour la première fois Mylo Cooper, alors précepteur du fils de famille. Son destin se lie également à Ned Peel, héritier du majestueux domaine de Stepe, et aux jumeaux Thornby, Emily et Nicholas, deux redoutables rapaces aux dents longues.
Poussée par ses parents, snobs et méprisants, Rose se fiance à Ned et renonce à son grand amour. Mais ceci n'est qu'un début, car notre joli monde évolue dans une drôle d'époque. La guerre éclate. Les alliances sont conclues en quatrième vitesse, les séparations se suivent, les secrets naissent, des liaisons dangereuses se nouent.

L'histoire n'est pas très originale et pourrait rappeler la trame aperçue dans La pelouse de camomille. On retrouve un groupe de personnes, des amis, des connaissances, un microcosme de cette société anglaise atypique, bariolée et guindée, les remaniements irréfléchis qu'entraîne la guerre avec ses années de privation, comme un tourbillon qui s'abat sur tous, pressés subitement de vivre et d'aimer, sans le souci de la bienséance. Au centre, Rose a la réputation d'être douce et effacée, pas ce genre de fille à avoir des soucis, à tromper son mari, à butiner allègrement, si ce n'est dans son jardin. Et pourtant...
Mary Wesley nous offre un roman savoureux, qui s'ingurgite avec délectation. Les dialogues sont piquants, le rythme est sans cesse enlevé, avec des scènes à l'humour irrésistible, comme la nuit de noces ou le rendez-vous dans un petit hôtel miteux en bord de mer. C'est espiègle, légèrement insolent et délicieusement ironique. Les personnages ont beaucoup d'allure, ils sont chics, insouciants, arrogants, mondains, baroudeurs, raffinés ou prétentieux. On adore les détester, le couple Thornby en tête.
Mary Wesley se joue des modes et des conventions, elle montre dans ses romans qu'il ne faut jamais juger sur les simples apparences, révélant aussi son attachement pour des personnages immoraux ou qui agissent comme tel. C'est caustique et adorable, « une dragée au poivre » nous annonce-t-on en couverture.

C'est à l'âge de soixante-dix ans que Mary Wesley publie son premier roman, entamant ainsi une carrière aussi féconde que tardive. Elle est décédée en 2002.

extrait :

- J'ai beaucoup d'affection pour toi, Ned, dit-elle tristement.
- Et moi je t'aime.
- J'ai dit beaucoup d'affection, je n'ai pas parlé d'amour.
La voix de Rose se faisait coupante.
- Je t'ai entendue. C'est important d'avoir de l'affection pour la personne qu'on aime. Moi, je t'aime et j'ai de l'affection pour toi, mon chou.
Rose inspira profondément, puis lâcha précipitamment :
- Je sais que c'est idiot, je sais que j'aurais dû te le dire plus tôt, mais je ne supporte pas qu'on m'appelle mon chou, Ned, ça me rend malade.
 

Editions Héloïse d'Ormesson, 2009 - 464 pages - 22€
traduit de l'anglais par Michèle Albaret

Le présent roman a fait l'objet d'une première publication aux éditions Flammarion en 1990.wesley_mary

 

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11 mai 2009

Cruelle ~ Celia Walden

Anna, 19 ans, quitte Londres pour aller travailler à Paris. Sûre de son charme, elle savoure sa liberté et se lie d'amitié avec Beth, son aînée de vingt ans. Quand Beth tombe amoureuse de Christian, Anna tente de mettre à l'épreuve leur attachement mais se retrouve confrontée aux pouvoirs destructeurs de la séduction.

cruelle

Anna a le charme, l'insolence et la fraîcheur d'une Cécile vue dans Bonjour tristesse. Le roman de Celia Walden n'est pas l'égal de celui de Françoise Sagan, toutefois on y retrouve une narratrice jeune, prête à tout, sûre d'elle et fine calculatrice pour atteindre ses objectifs. Dans Cruelle, Anna est jalouse de la liaison naissante entre Beth et Christian. Pour la première fois de sa vie, et depuis son arrivée à Paris, l'anglaise Anna est tombée sous le charme de la belle irlandaise de vingt ans son aînée, elle est fascinée par son aisance, sa grâce et son intelligence, Anna meurt d'envie de lui ressembler. Aussi, son amourette dérange. En son for intérieur, Anna veut comprendre, se faufiler et s'immiscer dans cette relation. « J’ai toujours pensé que si l’on croit pouvoir obtenir tout ce qu’on veut, en général, on l’obtient. »  Anna est effectivement une jolie fille, qui plaît aux hommes. Pourtant son allure juvénile cache un fond froid et déterminé, une absence totale de conscience... La suite de son plan lui apportera, un peu trop tard, ce qu'on nomme sagesse, maturité et regrets éternels.
Ce roman empreint de sensualité et de rouerie a pour cadre Paris la ville lumière, admirablement décrite, avec ses restaurants, ses boîtes branchées, ses soirées et ses musées, mais aussi ses petits jardins, ses coins et recoins perdus, invisibles à l'oeil nu. C'est magnifique. L'histoire se passe durant l'été, pendant la canicule. La sensualité y est exacerbée, à part égale avec l'innocence. C'est ce mélange d'émotions controversées qui me fait penser à Bonjour tristesse, avec la même issue fatale, cette affirmation lapidaire que, « Tu n'as pas le droit de t'emparer de ce qui peut être la raison de vivre d'une autre. »
Oui, ce premier roman est tout à fait charmant.
Et venimeux. Un peu à l'image de son auteur (journaliste au Daily Telegraph, chroniqueuse à Glamour, Vogue et GQ, elle apparaît régulièrement à la télévision et dans les pages people des magazines). Cf le cliché ci-dessous de la miss et son boyfriend, le sulfureux Piers Morgan... 

JC Lattès, 2009 - 314 pages - 20,90€
traduit de l'anglais par Denyse Beaulieu

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21 avril 2009

Surdouée ~ Nikita Lalwani

« un paysage d'amours et de désirs qui luttaient pour respirer »

surdouee

A voir cette couverture, on est en droit de s'attendre à un livre qui décolle, avec une héroïne prête à s'éclater. En fait, ce n'est pas tout à fait le cas. Surtout au début. A dix ans, Rumi est reconnue surdouée en maths. Ses parents tombent des nues mais n'en perdent pas une miette. Aussitôt un programme d'entraînement intensif est fixé, l'enfant va bosser dur, s'enfermer dans sa chambre ou réviser à la bibliothèque, pas de temps à perdre pour jouer, se lier avec d'autres camarades de son âge, il faut saisir cette chance unique, cultiver ce don. L'objectif : entrer à Oxford avant les quinze ans de la jeune fille.

Cela paraît dingue à lire comme ça, mais ça l'est véritablement ! On compatit avec Rumi, coincée dans ce carcan d'éducation, en ballotage entre ses désirs et son souhait de complaisance. Soumise et obéissante, Rumi ne veut pas décevoir ses parents. Ses derniers ont quitté l'Inde pour s'installer en Angleterre, mais Shreene, la mère, ne s'y plaît pas du tout. Tout va à l'encontre des principes de leur éducation, la femme va de dépit en dépit en constatant que son enfant lui échappe, qu'elle n'a pas les bases essentielles pour rentrer dans le moule, tel qu'on lui a appris dans son pays natal. Et Manesh, le père, ne plaisante pas avec la discipline. Il est intransigeant, n'autorise pas que sa fille perde son temps à lire des oeuvres romanesques (en cachette, dans sa chambre ou à la bibliothèque, Rumi double de ruses).

A quatorze ans, c'est une adolescente en pleine crise hormonale qui brûle d'aimer et d'être aimée. Elle en a soupé des attentes de ses parents, lesquels fondent sur elle des espoirs insensés. Malgré eux, ils rendent leur fille malheureuse et sont trop aveugles pour l'apercevoir. Ils appartiennent à une autre génération et comptent élever leur enfant selon leurs propres valeurs fondamentales, hélas elles ne correspondent pas à l'Angleterre dans laquelle ils vivent et où Rumi grandit chaque jour, s'inspirant de sa culture, de ses modes et ses codes. La jeune fille se détache et ce n'est pas du goût des parents. Toute discussion semble impossible, que faire ?

L'épilogue du roman est poignant, car il vient expliquer les leitmotivs des parents dépassés par le tapage médiatique créé par le phénomène de Rumi, surdouée de quatorze ans qui entre à Oxford. C'est à travers leur façon de vivre qu'ils seront jugés, d'où la dénonciation d'un certain fondamentalisme de part et d'autre. A ce moment-là, oui j'avoue, j'ai ressenti une immense sympathie pour eux, tant ils étaient désarmés (cela survient très tard, hélas). Je soutiens malgré tout le goût de liberté de Rumi, cette jeune fille sympathique, intelligente et cruche à la fois (elle n'y connaît rien à la vraie vie !), elle a bu des litres de sagas à l'eau de rose ou visionné des tonnes de films bollywoodiens, qui évoquent l'amour tel un cliché énorme, mais pas du tout vraisemblable. Toutefois Rumi l'ignore et vit sa vie comme dans ses rêves, c'est totalement incompatible et cela la plonge dans des situations comiques, où elle pense pouvoir tout résoudre grâce à sa logique mathématique (ou en ingurgitant des graines de cumin !).

J'ai pris grand plaisir à lire ce roman, après un début assez lent (toute la première partie, en fait). La suite est un régal d'humour, le portrait d'une adolescente empêchée de vivre une vie ordinaire, parce qu'elle est surdouée et fille d'immigrés indiens, etc. etc. C'est aussi écrit avec beaucoup de sensibilité et une grande justesse, enfin bref j'ai beaucoup aimé !
A conseiller, encore une fois. :)

Flammarion, 2009 - 334 pages - 19€
traduit de l'anglais par Alexandre Boldrini

Lu (un soir, très tard) pour le prix de la révélation littéraire auFeminin.com   logo

 

3 avril 2009

Boomerang ~ Tatiana de Rosnay

 

Mélanie voulait dire quelque chose à son frère, Antoine, lorsqu'elle a eu cet accident de la route. Ils rentraient de Noirmoutier, une escapade surprise pour célébrer les quarante ans de la jeune femme, ils étaient bien, sereins. C'était la première fois qu'ils y retournaient, depuis l'été 73.
A l'époque, Antoine et Mélanie avait dix et six ans. Un an après, ils perdaient leur maman. La très belle Clarisse, brune, une sourire éclatant, une silhouette fluette. Foudroyée par une rupture d'anévrisme. Cette perte a brisé toute une famille qui s'est enfermée dans le secret.

Antoine comprend qu'il n'a jamais soigné les blessures du passé et que son chagrin est resté une plaie béante. Il est aujourd'hui un homme défait, il s'en rend compte. Marié puis divorcé, architecte à Paris, dégoûté par son associé. Toujours amoureux de son ex, jaloux de l'homme qui a pris sa place, et père dépassé par des enfants devenus adolescents. Il subit sa vie plutôt qu'il ne l'entreprend. Il a d'ailleurs le corps lourd et engraissé par quelques kilos en trop.
Et pourtant, à Nantes, vient une rencontre impromptue avec une superbe gazelle brune, élancée, avec des yeux dorés, et qui roule en Harley. Il s'agit de la très crâneuse Angèle Rouvatier.

boomerang

De la passion dévorante, il y aura !
Des secrets de famille, des larmes et des révélations, il y aura encore !
Et un homme, qui tenait debout par miracle, va apprendre à se redresser pour de bon, à camper sur ses deux jambes, à bomber le torse et à ranger sa panoplie de Droopy au placard ! (ouf)
Dans ce roman où on comprend que l'amour donne des ailes, et qu'un simple baiser peut offrir un vrai souffle de vie, Tatiana de Rosnay déjoue les lignes du destin pour permettre à son héros masculin de s'échapper d'une prison et de se libérer de la douleur.

C'est très long, près de 400 pages à parcourir dans un souffle, avec beaucoup de langueur et de mystère pour commencer, puis une vraie tornade émotionnelle vient abattre vos remparts de défense. Comme Antoine, on se prend le boomerang du passé (et de la vie !) en pleine figure, ça fait un mal de chien, surtout quand on comprend que la mort est partout, elle surgit sans prévenir, et pas seulement sous les traits d'une Morticia très sexy. Quel électrochoc aussi ! On saisit vite qu'il faut souffrir pour mieux avancer. Car dès le début, on n'en peut plus de savoir, on ne souhaite plus se contenter des miettes laissées par une image floue et fuyante, celle de Clarisse, tellement fascinante par ses énigmes !

Et plus, encore...

Pendant la lecture du roman, j'ai fredonné deux mélodies, d'abord Angie... puis Comme un boomerang. Parce que, Je sens des boums et des bangs Agiter mon cœur blessé L'amour comme un boomerang Me revient des jours passés C'est une histoire de dingue Une histoire bête à pleurer !

Editons Héloïse d'Ormesson, 2009 - 377 pages - 22€
traduit de l'anglais par Agnès Michaux

c'était sans savoir, mais Laure en parle en même temps que moi !!! ^_^

l'avis de cuné

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A signaler, la sortie en format poche de MOKA : moka

Une émouvante histoire du combat d'une mère pour sauver son fils, plongé dans le coma, après avoir été renversé par une voiture qui a pris la fuite, et cette maman fera tout pour retrouver le coupable (on la comprend !).

J'ai lu ce roman en décembre 2005 (huuuu !) et je me souviens d'un goût de café, le moka... on s'en doute, mais aussi de Depeche Mode. Lisez, vous comprendrez.

Livre de Poche, 2009 - 6,50€

24 février 2009

La locataire - Hilary Mantel

9782070787340Au début on découvre le portrait d'une famille en perte de vitesse. Colin Sidney, le père, se sent juste bon à éponger les dépenses excessives des siens, sa femme Sylvia se préoccupe de son apparence en suivant une hygiène de vie drastique, et les enfants sont des adolescents bruyants, brouillons et passables. Sans savoir pourquoi, Colin se surprend à penser à Isabel Fields, son ancienne maîtresse. Il avait pensé tout quitter pour elle, et puis Sylvia est tombée enceinte, elle n'en a jamais rien su, et la vie a suivi son cours. Tout a l'air un peu banal dans le fond, c'est alors que les choses vont davantage s'éclaircir.
Car nous sommes au 2 Buckingham Avenue, et dix ans auparavant, Colin et Isabel ont été les témoins, malgré eux, d'un drame dans cette maison occupée par les femmes Axton. La mère est décédée, la fille a été internée. Les raisons sont longtemps restées floues, et le chapitre semble avoir été enterré. Erreur.
Muriel est de retour. Personne ne s'en doute. Elle a choisi de se camoufler, de prendre de fausses identités et de se déguiser. Elle agit en douce, mais assez efficacement pour titiller la curiosité du lecteur. Très vite on comprend qu'elle veut se venger - de qui ? pourquoi ? On sait aussi qu'elle a pris en grippe les Sidney et Isabel Fields, son ancienne assistante sociale. Aujourd'hui elle veut récupérer son dû. Seul l'avenir nous dira l'ampleur de sa vengeance, et avec quel machiavélisme son esprit fou et sadique va se mettre en branle.
J'ai particulièrement trouvé ce roman effrayant, froid et implacable. Le personnage de Muriel Axton, décidément brillant, me faisait penser à une Katie Bates prête à tout, qui inspire la crainte de façon sournoise. C'est effectivement un être vicieux, vraiment inquiétant, décrit sans état d'âme. Franchement c'est flippant !
J'ai aussi découvert que ce roman était la suite de C'est tous les jours la fête des mères, qui racontait l'histoire tordue de Muriel Saxton et de sa tyrannique de mère. Toutefois il n'est pas utile de l'avoir lu - pour preuve, moi je ne le connaissais pas et cela ne m'a posé aucun souci - car tout un chapitre dans La locataire revient en détails sur le passé des Axton.
Je trouvais déjà la couverture du roman étrange, la lecture m'a confirmé cette impression. Humour noir, glacial et ambiance austère sont au programme. Tout ceci sonne dérangeant et inconfortable, je ne vous cache pas que c'est vrai, mais atmosphère, atmosphère... quand tu nous tiens, tu nous lies !

« Il sentit les cheveux se dresser sur son cuir chevelu, la chair de poule lui glacer l'échine. Curieux, il s'était toujours figuré que c'était une façon de parler. La communication restait engagée : bourdonnement informe, grésillement de friture. "Mr Sidney ?"
Ce n'était pas une voix connue de lui. Elle semblait venir de très loin. Son timbre lui chatouillait la mémoire avec une familiarité maléfique, comme une vieille manie, un vieux forfait. A nouveau, il perçut le souffle de la respiration, plus lourd, presque pénible, rauque. Il eut d'abord l'impression que son interlocuteur réprimait un rire, un rire triomphant retenu ; puis le ton changea, comme si cette hilarité tournait court, qu'une main étreignait cette gorge. Que pouvait-il bien faire, seul dans cette maison froide et vide ?
»

Editions Joelle Losfeld, 2009 - 295 pages - 25€
traduit de l'anglais par Catherine Richard
   

3 février 2009

Le proscrit - Sadie Jones

51_VDhcpUSL__SS500_Elizabeth Aldridge est une jeune femme moderne. Nous sommes à la fin des années 40. Elle aime les blagues d'un goût douteux, elle boit beaucoup, elle déteste se rendre à l'église et fréquenter les autres épouses de cette bonne société du Surrey. A la place, Elizabeth passe son temps libre avec son fils de 7 ans, Lewis, elle préfère flâner, lire ou discuter avec sa cuisinière, Jane. Avec la fin de la guerre, son mari Gilbert rentre au bercail. L'ambiance change. L'homme entend rétablir la hiérarchie dans son foyer, montrer qu'il est le centre d'intérêt et que son fils doit quitter les jupes de sa mère pour le pensionnat. Trois ans passent, Lewis a dix ans. Sa mère et lui sont toujours inséparables, mais un drame va déchirer cet amour. Lors d'un pique-nique au bord de l'eau, Elizabeth se noie sous les yeux de son fils.

C'est un monde qui s'écroule. Gilbert, qui déjà ne s'accordait pas avec Lewis, le tient pour responsable. Un climat lourd de ressentiment règne à la maison. Et puis Alice fait son entrée, lorsqu'elle se marie avec Gilbert Aldridge, moins d'un an après la mort d'Elizabeth. Lewis, proscrit, s'est déjà isolé dans son chagrin. Il ne laisse pas la moindre chance à la jeune femme de le comprendre, et elle-même se sent incapable de faire le moindre effort. Elle est jeune, totalement naïve aussi. Elle renonce donc très vite à être du moindre secours. « Lewis était pour elle pareil à un oiseau blessé. Et les oiseaux blessés finissaient toujours par mourir. »

Lewis va également s'exclure du groupe des enfants avec lequel il avait coutume de passer toutes ses vacances, il est banni pour un acte de violence que tous condamnent, seule la petite Kit Carmichael cherche à le défendre. Elle sait pourquoi il a agi aussi spontanément, pourquoi il a cassé le nez de cet autre garçon, mais ses cris de protestation sonnent dans le vide. Lewis lui-même préfère le silence, il a trouvé « enfin quelque chose qui le soulagerait » en se mettant à boire. Le garçon a quinze ans, la spirale infernale est lancée. Le début du roman a montré Lewis, âgé de dix-neuf ans, en train de sortir de prison après avoir purgé une peine de deux ans pour l'incendie de l'église de Waterford. Son père lui a mandaté une forte somme d'argent, appelant ainsi à ne pas rentrer à la maison, mais Lewis choisit de revenir.

Ce retour met le feu aux poudres. Dans cette petite communauté régie par les apparences et le conformisme, Lewis, par sa simple présence, met le doigt où ça dérange, débusque les secrets honteux, dénonce les drames où la violence familiale a fait son nid. C'est un personnage remarquable, attachant malgré son caractère taciturne, violent et effrayant. Car il reste le petit garçon blessé, témoin du drame qui a coûté la vie de sa maman. Ok, il s'est renfermé, il ne laisse personne l'approcher ni l'aider, il commet d'énormes erreurs. La vie aussi ne lui a fait aucun cadeau. Heureusement, il y a l'émouvante Kit Carmichael, une jeune fille également au coeur de la tourmente. Depuis son enfance, elle s'est accrochée à Lewis, parce qu'il représentait, à ses yeux, l'héroïsme, la résistance, la bravoure, la plaie à vif. Ce n'est pas un secret pour le lecteur que le père de Kit est un homme violent qui bat sa femme, et plus tard sa fille cadette. Mais à Waterford, on se tait. C'est l'après-guerre, il faut reconstruire et recoller les morceaux fragmentés. C'est difficile, car dans les années 50 la bonne société du Surrey s'accroche à l'illusion de valeurs sûres et irréprochables. Et Lewis est contre l'hypocrisie, on le comprend, il en a été la victime malheureuse.

C'est un premier roman étonnant, émotionnellement fort, mais qui ne cherche pas à vous mettre à plat. On sent le climat lourd, le drame, le manque de la maman, la douleur jamais cicatrisée, l'injustice. Il y a une pointe de nostalgie, derrière le récit, qui est poignante. L'histoire est d'ailleurs racontée en flashback, elle se déploie lentement, elle fait grimper la tension, elle répand la tragédie... or, jamais je n'ai ressenti d'oppression ni d'abattement. Le spleen est efficace, les personnages sont complexes, ce n'est pas une histoire gaie, c'est bel et bien un drame humain, mais bon sang c'est limpide, sensible et juste. J'ai beaucoup aimé. 

Buchet Chastel, 2009 - 377 pages - 23€
traduit de l'anglais par Vincent Hugon
 

« Pourquoi ne peux-tu pas t'entendre avec les autres ? Tu te rends compte à quel point tu es impossible ? »   

 

 

 

 

 

Une bande-annonce a été créée spécialement pour la promo du livre.
C'est intéressant, mais attention aux *spoilers* !

http://www.libella.fr/buchet-chastel/auteurs/jones/video/


Booktrailer - "Le Proscrit", premier roman de Sadie Jones
envoyé par editionslibella

Les droits cinématographiques viennent d'être vendus dans la perspective d'un film par John Madden, le réalisateur de Shakespeare in love.

l'avis de Laurence

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